Projet de loi relatif à la sécurité routière et aux infractions
LANIER (Lucien)
RAPPORT 341 (98-99) - Commission mixte paritaire
Tableau comparatif au format Acrobat .
N° 1580
|
N° 341
|
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale Annexe au procès-verbal de la séance du 6 mai 1999.
le 6 mai 1999.
RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE (1) CHARGÉE DE PROPOSER UN TEXTE SUR LES DISPOSITIONS RESTANT EN DISCUSSION DU PROJET DE LOI portant diverses mesures relatives à la sécurité routière et aux infractions sur les agents des exploitants de réseau de transport public de voyageurs,
PAR M.
RENÉ DOSIÈRE, PAR M. LUCIEN LANIER,
Député. Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de
:
Mme Catherine
Tasca, députée
, présidente ;
M. Jacques
Larché, sénateur
,
vice
-
président ;
MM. René Dosière,
député ;
Lucien Lanier,
sénateur, rapporteurs.
Membres titulaires
: MM. Jean-Pierre Baeumler, Jean-Claude
Lemoine, Alain Ferry, Gilbert Biessy, Roger Franzoni,
députés
; MM. Patrice Gélard, Daniel
Hoeffel, Paul Girod, Jacques Mahéas, Robert Bret,
sénateurs
.
Membres suppléants
: MM. Daniel Marcovitch,
René Mangin, Armand Jung, Jacques Fleury, Jacques Floch, Michel Bouvard,
Dominique Bussereau,
députés
; MM. Guy Allouche,
Robert Badinter, Guy Cabanel, Jean-Patrick Courtois, Pierre Jarlier, Charles
Jolibois, Jean-Pierre Schosteck,
sénateurs
.
Voir les numéros :
Assemblée nationale
: 1
re
lecture :
825,
1153
et T.A.
222.
2
e
lecture :
1385, 1452
et T.A.
264.
Sénat
: 1
re
lecture :
302, 358
et
T.A.
109
(1997-1998).
2
e
lecture :
118, 192
et T.A.
67
(1998-1999).
Transports routiers
MESDAMES, MESSIEURS,
La commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les
dispositions restant en discussion du projet de loi portant diverses mesures
relatives à la sécurité routière et aux infractions
sur les agents des exploitants de réseau de transport public de
voyageurs s'est réunie le jeudi 6 mai 1999 au Palais-Bourbon.
Elle a tout d'abord procédé à la nomination de son bureau
qui a été ainsi constitué :
Mme Catherine Tasca, députée, présidente ;
M. Jacques Larché, sénateur, vice-président.
La Commission a ensuite désigné : ;
M. René Dosière, député,
M. Lucien Lanier, sénateur,
comme rapporteurs, respectivement pour l'Assemblée nationale et le
Sénat.
Après avoir rappelé que, malgré son intérêt,
ce texte ne réglait pas toutes les difficultés liées
à l'insécurité routière, M. René
Dosière, rapporteur pour l'Assemblée nationale, a estimé
souhaitable que la commission mixte paritaire parvienne à un accord,
faisant valoir qu'un grand nombre de dispositions avaient d'ores et
déjà été adoptées dans les mêmes
termes par les deux assemblées.
Abordant les dispositions restant en discussion, il a indiqué que
l'Assemblée nationale avait supprimé l'article 7 bis pour
des raisons d'opportunité, la majorité des députés
n'étant pas opposée sur le fond au dispositif proposé. Il
a fait valoir que cet article posait des problèmes de cohérence
avec l'article 7, adopté conforme par les deux assemblées, qui ne
prévoit de dépistage de la présence de stupéfiants
qu'en cas d'accident mortel. Il a rappelé que l'objectif
recherché par le Gouvernement était de rassembler un certain
nombre de statistiques permettant de mieux appréhender les effets de la
drogue au volant. Il a donc estimé nécessaire de s'en tenir aux
seuls accidents mortels, les tests de dépistage n'étant, de
l'aveu même de nombreux spécialistes, pas encore au point et a
jugé un peu prématuré le dispositif proposé par le
Sénat.
Concernant l'article 15, qui pose le principe d'un contrôle des
infrastructures, il a rappelé que la rédaction actuelle, qui
limite ce contrôle aux seules infrastructures nouvelles et prévoit
un délai d'application de trois ans, tenait compte des réactions
suscitées par le texte initial, d'application plus large. Tout en
faisant observer que le délai de trois ans permettrait d'organiser la
nécessaire concertation avec les élus locaux, il a reconnu que ce
dispositif avait néanmoins suscité de nombreuses
réticences parmi les associations d'élus.
S'agissant enfin de l'article 14 relatif au marquage des véhicules
à deux roues non motorisés, qui n'a pas la même
portée que les deux articles précédents, il a
indiqué que les divergences étaient essentiellement formelles, le
Sénat mettant en exergue, à juste titre, le caractère
réglementaire de cet article. Il a estimé qu'il constituait
néanmoins un signal fort à l'égard des cyclistes,
manifestant la volonté de lutter plus efficacement contre le vol.
Après avoir observé que la sécurité routière
était un secteur en évolution permanente, M. Lucien Lanier,
rapporteur pour le Sénat, a estimé que le projet de loi
discuté aujourd'hui était déjà
dépassé. Il a rappelé que le dépôt de ce
texte au Sénat datait de plus d'une année et fait valoir que le
retard ainsi accumulé avait permis aux différentes oppositions de
monter en puissance et de contribuer à atténuer l'impact du texte
dans l'opinion publique. Il a regretté que le projet de loi
privilégie la répression, de plus en plus difficile à
appliquer, au détriment de la prévention qui fait pourtant
l'objet d'une politique volontariste chez certains de nos voisins. Il a ainsi
cité l'exemple de centres de formation automobile qui donnent autant
d'importance à l'enseignement d'un comportement citoyen qu'à la
conduite elle-même. Il a enfin estimé que le Gouvernement ne
pourrait pas, dans un avenir proche, faire
Evoquant le problème du dépistage des stupéfiants, il a
rappelé que la question des moyens s'était déjà
posée lors de la répression de la conduite sous l'empire d'un
état alcoolique, les pouvoirs publics de l'époque ayant
créé une infraction sans que les moyens de dépistage
à leur disposition aient la précision des tests actuels. Il a
estimé logique que la conduite sous l'empire de stupéfiants soit
réprimée comme celle sous l'empire d'un état alcoolique,
ajoutant qu'il était paradoxal de ne pas sanctionner la drogue au
volant, alors que le dopage dans le cadre de compétitions sportives
faisait l'objet d'une répression sévère. Il a
néanmoins reconnu que les textes actuels permettaient d'ores et
déjà de sanctionner de manière générale
l'usage de stupéfiants.
S'agissant des infrastructures, il s'est déclaré opposé au
contrôle proposé sans concertation préalable par l'article
15, soulignant qu'il n'existe actuellement aucune norme minimale de
sécurité. Il a fait valoir que ce dispositif avait des
conséquences économiques et juridiques difficiles à
évaluer et qu'il risquait en particulier de rendre les élus
locaux pénalement responsables d'accidents auxquels ils seraient
étrangers. Il a rappelé que des progrès
considérables avaient été accomplis en matière de
sécurité des infrastructures, les collectivités locales y
consacrant des sommes importantes. Tout en réaffirmant son opposition
à l'adoption d'une disposition législative contraignante, il a
estimé en revanche possible de demander au Gouvernement d'organiser une
concertation avec les collectivités locales sur cette question.
M. Jacques Larché, vice-président, a fait part de son
hostilité à l'article 15, soulignant que la notion
d'infrastructure nouvelle était floue puisqu'on ne savait pas si elle
s'appliquait uniquement aux nouvelles constructions routières ou
également aux travaux d'aménagement. Après avoir
rappelé le caractère purement réglementaire de la
disposition relative au marquage des bicyclettes, il s'est interrogé sur
ses modalités d'application et a observé qu'il était en
tout état de cause possible d'adopter une telle mesure par
décret.
Après avoir regretté la multiplication des dispositions
réglementaires dans les textes législatifs, M. Lucien
Lanier, rapporteur pour le Sénat, a observé que le marquage des
deux-roues s'apparentait à la marque fiscale, autrefois obligatoire pour
ces véhicules.
Observant que le fait d'avoir introduit une telle disposition dans le projet de
loi était un moyen d'interpeller le Gouvernement sur un problème
précis, Mme Catherine Tasca, présidente, a cependant
estimé qu'il ne fallait pas multiplier le vote de dispositions
réglementaires et a donc proposé la suppression de l'article 14.
M. Jean-Claude Lemoine a estimé que l'article 7 bis n'allait
pas suffisamment loin, considérant que le dépistage de substances
stupéfiantes devait être autorisé même en l'absence
d'accident. Après avoir indiqué que les tests de dépistage
étaient aussi fiables que l'éthylotest pour certaines substances,
il a fait valoir qu'il n'était pas logique d'admettre leur
efficacité pour les accidents mortels et de contester celle-ci pour les
autres accidents. Il s'est déclaré défavorable à
l'article 14, soulignant que les deux assemblées avaient
déjà supprimé, pour cette raison, un certain nombre de
dispositions d'ordre réglementaire, ainsi qu'à l'article 15.
M. Michel Bouvard s'est également opposé aux articles 14 et
15, estimant que ce dernier article risquait d'entraîner une
multiplication des mises en cause de la responsabilité pénale des
élus locaux. Après avoir évoqué une directive
européenne de 1991, qui prévoit l'absence de délivrance ou
de renouvellement d'un permis de conduire à un conducteur toxicomane, il
a estimé que l'absence de sanctions spécifiques en cas de
conduite sous l'empire de stupéfiants serait mal comprise par nos
concitoyens.
Après avoir rappelé que l'article 14 concernait des millions de
Français, M. René Mangin a assuré que le marquage des
vélos était très bon marché. Il a indiqué
qu'il accepterait le retrait de l'article en échange d'assurances
précises du Gouvernement sur ce point, tout en insistant sur
l'importance de cette question.
M. Armand Jung a regretté la hiérarchie qui semble exister
entre les différents utilisateurs de la route, les piétons et les
cyclistes, qui sont pourtant souvent victimes d'accidents mortels, étant
relégués au second plan. Après avoir rappelé que
rien n'interdisait au législateur d'adopter un dispositif sur le
marquage des vélos, il a fait valoir que le risque de vol était
l'un des principaux obstacles au développement de ce mode de transport.
Mme Catherine Tasca, présidente, s'est interrogée alors sur
l'efficacité d'un tel marquage.
M. Charles Jolibois a considéré que l'article 15
était dangereux et rédigé en outre de manière
ambiguë. Evoquant le marquage des deux roues, il a observé qu'il
existait d'autres moyens pour assurer la sécurité des jeunes
cyclistes. A propos des dispositions relatives aux stupéfiants, il a
souligné la nécessité de mettre en place une règle
cohérente avec la notion de mise en danger de la vie d'autrui et s'est
déclaré en conséquence opposé à un
dépistage limité aux seuls conducteurs impliqués dans un
accident mortel.
Après avoir regretté le caractère essentiellement
répressif du projet de loi, M. Jacques Mahéas a
considéré qu'il était déjà
dépassé dans la mesure où il ne prenait pas en compte les
nouveaux moyens de locomotion que sont les motoneiges, les scooters des neiges
ou les rollers. Il s'est opposé à l'article 14, observant que, si
le marquage était réellement efficace, il devrait être
généralisé à tous les équipements
susceptibles d'être volés, ainsi qu'aux articles 7 bis et 15.
M. Jean-Pierre Baeumler a estimé souhaitable de s'en tenir au
dispositif proposé par le Gouvernement sur le dépistage des
substances stupéfiantes. Après avoir rappelé que les
infrastructures étaient un élément essentiel de la
sécurité routière, il a considéré que la
question de leur contrôle devait être posée, même si
une large concertation préalable semblait nécessaire avant
l'adoption de mesures contraignantes. Il a enfin jugé nécessaire
de mener des actions de sensibilisation auprès du grand public, qui ne
paraît pas encore bien mesurer l'importance des comportements individuels
dans les accidents de la route.
Après avoir fait valoir que le marquage obligatoire de tous les
véhicules en Belgique n'empêchait pas la multiplication des vols,
M. Patrice Gélard a observé que cette disposition relevait,
en tout état de cause, du pouvoir réglementaire. Il a
regretté que l'article 15 ait été adopté rapidement
sans concertation préalable. Il a déploré la distorsion
qui existe entre la répression de la conduite sous l'empire d'un
état alcoolique et celle de la conduite sous l'empire de
stupéfiants, alors même que les effets sont dans les deux cas
quasiment identiques. Tout en reconnaissant que le dispositif proposé
à l'article 7 bis n'était pas forcément la
réponse la plus adaptée, il a estimé indispensable
d'adopter des mesures permettant d'éviter les accidents de voiture du
samedi soir dus à la consommation de stupéfiants et il a
jugé insuffisant l'article 7 qui ne prévoit de dépistage
qu'en cas d'accident mortel.
M. Jacques Larché, vice-président, a indiqué qu'en
l'état actuel des textes, une personne conduisant sous l'empire de
stupéfiants pouvait être poursuivie pour mise en danger de la vie
d'autrui.
M. Paul Girod a estimé qu'il était choquant de ne
prévoir de dépistage qu'en cas d'accident mortel immédiat
et d'exclure celui-ci pour les accidents entraînant la mort dans les
jours qui suivent. Il a en outre tenu à souligner que l'obligation de
dépistage en cas d'accident mortel n'interdisait pas, sur instruction du
procureur de la République, un dépistage en cas de simple
accident corporel.
M. Lucien Lanier, rapporteur pour le Sénat, a constaté qu'il
existait une certaine unanimité pour supprimer l'article 15. Sur
l'article 7 bis, il s'est déclaré sensible aux arguments
évoqués en faveur de sa suppression, le dépistage de
stupéfiants ne pouvant notamment être assimilé à
celui de l'alcool. Il a par ailleurs rappelé que le code de la
santé publique permettait déjà de sanctionner les
personnes pour usage de stupéfiants.
M. René Dosière, rapporteur pour l'Assemblée
nationale, a souligné l'importance d'un accord entre les deux
assemblées sur ce projet de loi sensible qui permettrait ainsi de
témoigner de l'unanimité de la représentation nationale.
Rappelant que le dépistage de stupéfiants avait avant tout pour
objectif d'améliorer les connaissances scientifiques en la
matière, il a observé qu'il était dès lors inutile
de le prévoir pour tous les accidents. Il a néanmoins reconnu que
le dispositif proposé n'était qu'une mesure transitoire
destinée à préparer l'adoption de mesures
répressives comparables à celles qui existent en matière
de conduite sous l'empire d'un état alcoolique. Il s'est enfin
engagé à demander au ministre de mettre en place le marquage des
vélos par décret.
La commission mixte paritaire est parvenue à un accord en supprimant les
articles 7 bis, 14 et 15, seules dispositions restant en discussion.
*
* *
En conséquence, la commission mixte paritaire vous demande d'adopter les conclusions reproduites à la suite du tableau comparatif ci-après.
CONCLUSIONS DE
LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
.. .. .. ..
Section 5
Dispositions relatives à l'instauration d'un
dépistage
systématique des stupéfiants pour les
conducteurs
impliqués dans un accident mortel
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
Article 7 bis
Supprimé.
Section 6
Dispositions diverses
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
.. .. .. ..
Article 14
Supprimé.
Article 15
Supprimé