N°
300
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 7 avril 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, APRÈS DÉCLARATION D'URGENCE, relatif à l' épargne et à la sécurité financière ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur.
TOME I
Exposé général et examen des articles
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros :
Assemblée nationale (11
ème
législ.
) :
1244
,
1420
et T.A.
265
.
Sénat : 273
(1998-1999).
Banques et établissements financiers. |
EXPOSÉ GÉNÉRAL
Mesdames, Messieurs,
Le projet de loi relatif à l'épargne et à la
sécurité financière comporte deux parties qui recouvrent
en réalité trois volets :
- la première partie porte
réforme du statut des caisses
d'épargne et
de prévoyance
(premier volet) ;
- la deuxième partie est relative à la
sécurité
financière,
elle prévoit la création de trois
systèmes de garantie
: dépôts, titres,
portefeuilles d'assurance (deuxième volet) et réforme le statut
des
sociétés de crédit foncier et des obligations
foncières
(troisième volet, rattaché au
deuxième en ce que ces obligations sont sécurisées).
Sur la quasi-totalité des thèmes importants traités par ce
projet de loi, la commission des finances a déjà pris des
positions de fond.
Liste des travaux antérieurs de la commission
"
La mise en place du marché unique des services
financiers
", rapport d'information n° 578 - 1993/1994 - Philippe
Marini.
Rapport sur la proposition de résolution présentée en
application de l'article 73
bis
du règlement par
M. Jacques Genton sur la proposition de directive du Conseil visant au
renforcement de la surveillance prudentielle des établissements de
crédit, des compagnies d'assurance et des entreprises d'investissement
(directive " post BCCI "). n° 87-1993/1994 - Philippe
Marini.
"
Les paradoxes du développement régional
",
rapport d'information n° 44 - 1994/1995 - Jean Arthuis, Paul
Loridant, Philippe Marini.
"
Les Codevi : une nécessaire remise en ordre
",
rapport d'information n° 298 -1994/1995 - Philippe Marini, Paul
Loridant.
Rapport sur la proposition de loi de M. Alain Gest sur l'utilisation du
Codevi au profit des collectivités locales n° 169 - 1995/1996
- Philippe Marini.
"
Banques : votre santé nous intéresse
",
rapport d'information n° 52 - 1996/1997 - Alain Lambert.
Rapport sur la proposition de résolution de Mme Marie-Claude Beaudeau
et les membres du groupe communiste, républicain et citoyen, tendant
à créer une commission d'enquête sur la situation du
Crédit foncier de France n° 93 - 1996/1997 - Alain Lambert.
Proposition de loi relative à la détermination des taux
d'intérêt de l'épargne administrée n° 301
- 1996/1997 - Alain Lambert, Paul Loridant, Philippe Marini
(1)
.
Proposition de loi relative au statut et à l'activité des
caisses d'épargne et de prévoyance et portant création
d'un premier livret bancaire n° 387-1996/1997 - Alain
Lambert
(1)
.
"
Assurons l'avenir de l'assurance
", rapport d'information
n° 45 - 1998/1999 - Alain Lambert.
(1) Les propositions de loi, non rapportées, n'engagent que leurs
auteurs. Elles sont toutefois pour l'essentiel la transcription fidèle
des positions prises dans les rapports " Codevi " et
" Banques ".
A ces travaux, s'ajoutent divers votes et amendements à l'occasion de
textes à l'objet plus vaste : projet de loi portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier de 1994 (rapport de
M. Jean Arthuis), DDOEF de 1996 et 1998 (rapports de MM. Alain
Lambert et Philippe Marini), projet de loi de modernisation des
activités financières de 1996 (rapport de M. Philippe
Marini).
Les propositions soutenues par votre rapporteur et votre commission sur le
présent projet s'inscrivent dans la droite ligne de celles que votre
commission a constamment réaffirmées.
Utile à de nombreux points de vue, le projet de loi relatif à
l'épargne et à la sécurité financière
souffre d'ambiguïtés et reste souvent au milieu du gué. A
défaut de lui faire atteindre la berge, votre commission des finances a
tenté de le clarifier, et de le faire progresser.
I. LA RÉFORME DES CAISSES D'ÉPARGNE ET DE PRÉVOYANCE
Attendue depuis plusieurs années, le projet de réforme des caisses d'épargne et de prévoyance marque, après celles de 1983 et 1991, un nouveau progrès vers la pleine insertion de cet acteur majeur dans le paysage bancaire français. Le projet reste toutefois très en-deçà de ce que l'on pouvait espérer.
A. UN PROGRES INDÉNIABLE
La réforme des caisses d'épargne comporte quatre aspects très positifs.
1. L'adoption d'un statut coopératif
Sous
réserve des dispositifs particuliers qui resteront applicables aux
caisses d'épargne et de prévoyance, le projet de loi met un terme
à la longue période au cours de laquelle elles ont vécu
sous un statut
sui generis
pour les faire intégrer la famille de
la coopération, relevant de la loi du 10 septembre 1947, ainsi que
votre commission l'avait proposé.
Ainsi prend également fin l'anomalie dénoncée à
maintes reprises de l'absence de propriétaire pour les caisses
d'épargne, anomalie en grande partie à l'origine de leur faible
rentabilité et des distorsions de concurrence qu'elles pouvaient faire
subir à l'ensemble des établissements de crédit, du fait
de l'absence de contrainte de rémunération des fonds propres.
A l'issue d'un processus de mutualisation, les caisses d'épargne seront
possédées -certes indirectement, problème sur lequel votre
rapporteur reviendra- par des sociétaires aux premiers rangs desquels se
situeront leurs partenaires habituels : leurs clients, les
collectivités locales, leurs salariés.