PJ loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BOURDIN (Joel), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 3 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- I. ÉVOLUTION DES CONCOURS PUBLICS À L'AGRICULTURE ET À LA FORÊT
- II. L'EXÉCUTION BUDGÉTAIRE
- III. PRÉSENTATION DES CRÉDITS DEMANDÉS POUR 1999
- IV. LES OBSERVATIONS DE VOTRE COMMISSION
- LES MODIFICATIONS DE CRÉDITS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 3
AGRICULTURE ET PÊCHE :
Rapporteur spécial
: M. Joël BOURDIN
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
I. ÉVOLUTION DES CONCOURS PUBLICS À L'AGRICULTURE ET À LA FORÊT
A. L'EFFORT BUDGÉTAIRE GLOBAL DE L'ÉTAT ET DE L'UNION EUROPÉENNE
1. Présentation générale
La
présentation du budget du ministère de l'agriculture s'accompagne
chaque année, en annexe du projet de loi de finances, de celle de
l'ensemble des dépenses bénéficiant à l'agriculture
et à la forêt. Cette présentation permet ainsi de comparer
l'évolution des crédits du ministère avec celle des
financements en provenance d'autre sources.
Le tableau présenté ci-après fait apparaître pour
1999 une hausse de
0,76 %
de l'ensemble des concours publics (+ 1,41 %
hors BAPSA).
Il apparaît pour 1999, que sur un
montant total de 173 milliards de
francs
, le ministère de l'agriculture et de la pêche
contribuera à hauteur de 59 %, les autres ministères de 2-3 %
et l'Union européenne de 39 %.
Si l'on raisonne hors BAPSA (sur un montant de 101 milliards de francs), ces
pourcentages deviennent : 30 % pour le ministère de l'agriculture
et de la pêche, 4 % pour les autres ministères et 66 % pour
l'Union européenne.
Récapitulation des dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la forêt
(en millions de francs) |
1998 |
1999 |
Evolution (%) |
Ministère de l'agriculture et de la pêche : |
101 349,86 |
102 090,96 |
+ 0,73 % |
* Budget général (hors pêche) |
35 502,36 |
33 360,46 |
- 6,03 % |
* BAPSA 1( * ) |
63 580,00 |
66 448,00 |
+ 4,51 % |
* Comptes spéciaux du Trésor 2( * ) |
2 267,50 |
2 282,50 |
+ 0,66 % |
Autres ministères : |
4 098,99 |
4 197,03 |
+ 2,39 % |
* Recherche |
3 660,90 |
3 746,67 |
+ 2,34 % |
* Intérieur |
355,57 |
365,55 |
+ 2,81 % |
* Travail |
82,52 |
84,81 |
+ 2,78 % |
Estimation des dépenses agricoles de l'UE bénéficiant à la France |
66 337,00 |
66 812,00 |
+ 0,72 % |
TOTAL |
171 785,85 |
173 099,99 |
+ 0,76 % |
TOTAL hors BAPSA 3( * ) |
99 881,95 |
101 292,99 |
+ 1,41 % |
Source : Projet de loi de finances pour 1999.
2. Présentation par agrégat
Une
présentation par agrégat permet de dégager, pour 1999, les
observations suivantes :
1- les concours publics relevant de
l'agrégat 01
(dépenses bénéficiant à aux activités
agricoles productives) représentent
44 %
du total des
dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la
forêt.
Les concours européens
en représentent
84
%
et le budget du ministère de l'agriculture et de la pêche 15
%. En effet, ces dépenses concernent pour une grande part la mise en
oeuvre de la politique agricole commune (PAC) assurée par les offices
agricoles.
2- les concours publics relevant de
l'agrégat 05
(dépenses de protection sociale et de solidarité)
représentent
43 %
du total des dépenses
bénéficiant à l'agriculture et à la forêt. Le
BAPSA en représente 90 % et le budget du ministère un peu moins
de 10 %.
3- les concours publics relevant de
l'agrégat 04
(recherche et
enseignement) représentent
6,5 %
du total des dépenses
bénéficiant à l'agriculture et à la forêt. Le
budget du ministère en représente 63 % et le budget de la
recherche (INRA, CEMAGREF) 34 %.
4- les concours publics relevant de
l'agrégat 07
(services
généraux) représentent près de
4 %
du total
des dépenses bénéficiant à l'agriculture et
à la forêt. Le budget du ministère en représente
près de 99 % : il s'agit des dépenses de fonctionnement du
ministère.
5- les concours publics relevant de
l'agrégat 03
(espace rural
et forêt) représentent
2,5 %
du total des dépenses
bénéficiant à l'agriculture et à la forêt.
Les concours européens
en représentent
37 %
et le
budget du ministère, 31 %.
6- les concours publics relevant de
l'agrégat 02
(industries
agricoles et agro-alimentaires) représentent
0,5 %
du total des
dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la
forêt. Ils proviennent pour
une moitié de l'Union
européenne
et pour l'autre du ministère.
A titre d'information, l'agrégat 06 (pêche) 4( * ) représente 0,2 % du total des dépenses bénéficiant à l'agriculture, à la forêt et à la pêche. Il est financé pour une moitié par le ministère et pour l'autre par l'Union européenne.
Ces
données permettent de souligner la
part majeure occupée par
les crédits européens dans le financement de notre
agriculture
:
1- hors BAPSA, ils représentent 66 % des sources de financement ;
2- dans trois agrégats sur six, l'Union européenne est le
premier financeur des dépenses agricoles.
3. Montant des concours publics par exploitation
Une évaluation des concours publics par exploitation peut être obtenue en rapportant le montant des concours publics à l'agriculture productive (agrégat 01) au nombre d'exploitations françaises 5( * ) .
Montant moyen des concours publics par exploitation
Année |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Concours par exploitation (en francs) |
90 200 |
93 400 |
105 000 |
104 418 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche.
L'augmentation observable dans le tableau ci-dessus résulte
principalement de deux effets :
1- la diminution du nombre d'exploitations et l'agrandissement des
exploitations pérennes,
2- le remplacement en 1992 du soutien des prix par des aides directes assises
sur les structures de production (hectares, têtes de bétail)
6(
*
)
.
En 1997, les exploitations françaises ont reçu en moyenne
environ 104.000 francs de concours publics
. De fortes disparités
entre régions sont observables, comme le montre le tableau
ci-après ; elles s'expliquent par la nature des productions et la
taille des exploitations.
Montants des concours publics moyens par exploitation en 1997, selon les régions
(en francs)
Région |
Montant |
Région |
Montant |
Ile-de-France |
288.000 F |
Pays-de-Loire |
97.000 F |
Picardie |
270.000 F |
Limousin |
93.000 F |
Champagne-Ardennes |
178.000 F |
Midi-Pyrenées |
92.000 F |
Centre |
165.000 F |
Bretagne |
79.000 F |
Bourgogne |
156.000 F |
Basse-Normandie |
74.000 F |
Nord |
143.000 F |
Corse |
66.000 F |
Haute-Normandie |
142.000 F |
Alsace |
64.000 F |
Lorraine |
133.000 F |
Aquitaine |
63.000 F |
Poitou-Charentes |
124.000 F |
Rhône-Alpes |
52.000 F |
Auvergne |
102.000 F |
Languedoc-Roussillon |
50.000 F |
Franche-Comté |
98.000 F |
Provence-Alpes-Côte d'Azur |
44.000 F |
Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche.
4. La dépense fiscale en faveur de l'agriculture
Votre
commission, comme la Cour des comptes
7(
*
)
,
estime que la présentation des concours publics à l'agriculture
dans le " bleu " est incomplète ; en particulier, elle ne
prend pas en compte les effets budgétaires (en moindres recettes) des
mesures fiscales prises en faveur des agriculteurs que ce soit :
1- sous forme de dépenses budgétaires directes non inscrites
à ce budget,
2- sous forme de prélèvements sur les recettes de l'Etat au
bénéfice des collectivités locales au titre de diverses
exonérations,
3- ou encore sous forme de dépenses fiscales proprement dites.
Comme dans ses rapports précédents, votre commission souhaite
" progresser vers une meilleure connaissance de la dépense fiscale
en agriculture ". Une analyse détaillée serait
nécessaire pour donner un contour plus précis à la notion
de " dépenses en faveur de l'agriculture ".
Le fascicule " Voies et moyens " annexé à la loi de
finances pour l'année n donne une estimation de la dépense
fiscale en n-2 et n-1. En 1997, 31 mesures ont été
recensées pour un coût de plus de 6 milliards (alors même
que 13 de ces mesures n'avaient pu être chiffrées).
Quelques dépenses fiscales en faveur de l'agriculture 1997 et
1998
Mesure (en millions de francs) |
1997 |
1998 |
Impôt sur le revenu - Aide spécifique à l'investissement |
640 |
730 |
Impôt sur le revenu - Abattement sur bénéfices pour les jeunes agriculteurs |
150 |
150 |
Impôt sur le revenu - Régime fiscal des stocks à rotation lente |
250 |
250 |
Impôt sur le revenu - Admission en déduction du revenu imposable de cotisations |
100 |
80 |
Impôt sur le revenu - Déduction accélérée des intérêts de certains emprunts |
10 |
10 |
Impôt sur le revenu - Mode d'évaluation d'immobilisations amortissables |
190 |
190 |
Impôt sur le revenu - Régime forfaitaire bois et forêts |
530 |
530 |
ISF - Exonération bois et forêts |
85 |
85 |
ISF - Exonération biens ruraux |
55 |
55 |
ISF - Exonération parts de GFA |
15 |
15 |
Droits d'enregistrement - Exonération bois et forêts |
130 |
130 |
Droits d'enregistrement - Exonération biens ruraux |
330 |
330 |
Droits d'enregistrement - Exonération parts de GFA |
130 |
130 |
Taxe sur les salaires - Exonérations employeurs non assujettis à la TVA |
310 |
320 |
TVA - Imposition à taux réduit de certains produits à usage agricole |
280 |
260 |
TVA - Imposition à taux réduit des éléments constitutifs des aliments pour le bétail |
160 |
160 |
Source : Fascicule " Voies et Moyens " annexé au projet de loi de finances pour 1999.
B. LES CONCOURS DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
Selon
une étude financée par le ministère de l'agriculture et de
la pêche et publiée en juin 1998, les aides des
collectivités locales à l'agriculture, aux industries
agro-alimentaires et à la formation s'établissent en 1995
8(
*
)
à
5,2 milliards de francs
qui se répartissent comme suit :
1-
3.025 millions de francs pour les
conseils régionaux
(56 % pour la formation, 32 % pour l'agriculture productive et 12 % pour les
industries agro-alimentaires et la promotion) ;
2- 2.221 millions de francs pour les
conseils
généraux
(89 % pour l'agriculture productive, 7 % pour
les industries agro-alimentaires et la promotion et 4 % pour la formation).
En 1995, les aides locales représentent
20 % des aides
nationales
hors FEOGA, ce qui est très significatif.
Enfin, la Cour des comptes estime qu'il " faut tenir compte des produits
en provenance des prélèvements imputables à la
parafiscalité agricole
". En 1998, 29 taxes parafiscales
dans le secteur de l'agriculture pouvaient être dénombrées,
perçues au profit de 21 organismes, pour un montant de 1,5 milliard de
francs.
II. L'EXÉCUTION BUDGÉTAIRE
A. PRINCIPALES DONNÉES SUR L'EXÉCUTION 1997
1. Les modifications administratives
Principales données sur l'exécution 1997
|
En millions de francs |
% Crédits votés |
Crédits votés
|
36 033,53
|
100 %
|
Modifications
administratives
|
8 017,77
|
22 %
|
Source : Rapport de la Cour des comptes.
Les modifications administratives ont porté en 1997 sur
22 % des
crédits votés
9(
*
)
. En
particulier, on peut remarquer l'importance :
1- des annulations de crédits (1,5 milliard de francs) ;
2- des reports de l'année précédente (plus de 3
milliards de crédits
10(
*
)
) : le
budget de l'agriculture est l'un de ceux qui ont connu en 1997 les reports les
plus élevés. Cette situation s'explique par l'importance des
projets dont la gestion est pluriannuelle et par le caractère tardif des
rattachements de crédits communautaires ;
3- des répartitions de crédits (près de 3 milliards de
francs) : le budget de l'agriculture est l'un de ceux qui ont connu en
1997 les montants de crédits répartis les plus
élevés, en raison notamment de l'existence du chapitre 44-53
11(
*
)
qui fonctionne comme un chapitre
réservoir où sont inscrits globalement les crédits
destinés aux offices agricoles ;
Il faut regretter que
l'insuffisance sélectivité de la
régulation budgétaire
intervenue en 1997 sur le budget de
l'agriculture, puisque des compléments de dotation sur des chapitres qui
avaient subi des annulations ont été nécessaires.
2. L'utilisation des crédits
•
Le budget de l'agriculture a fait l'objet de 3,64 millions de francs de
dépassements de crédits
.
• La
consommation des crédits des dépenses
ordinaires
est particulièrement
forte
, de l'ordre de 98 %.
Cette situation s'explique pour le titre IV par l'importance de la part de ces
crédits qui est versée à d'autres organismes
chargés de la gestion (BAPSA, CNASEA, offices agricole). Au contraire,
dans certains chapitres du titre III on remarque une sous-consommation
12(
*
)
qui conduit dans certains cas à des
reports récurrents qui peuvent représenter plus de quatre fois la
dotation initiale
13(
*
)
.
• La
consommation des crédits de paiement
des titres V et
VI est particulièrement
faible
: 78 % au titre V en 1997
(contre 89 % en 1996) et 56 % au titre VI
14(
*
)
.
A une question de votre commission, le ministère a répondu que
" des réajustements ont été opérés sur
les dotations en crédits de paiement, en tenant compte des besoins
réels ".
• Le budget de l'agriculture présente des
taux d'affectation de
ses autorisations de programme
particulièrement
faibles
.
Cette situation conduit la Cour des comptes à mettre en doute la
validité des dotations allouées à ce
ministère.
3. Remarques diverses sur la gestion
•
Certaines dépenses de rémunération étaient
financées par des
recettes extrabudgétaires
, ce qui
constitue une pratique budgétaire contraire à la décision
du Conseil constitutionnel du 29 décembre 1994
15(
*
)
. A une question de votre commission, le
ministère a indiqué que leur budgétisation était,
selon les cas, réalisée, prévue dans le projet de loi de
finances pour 1999 ou encore à l'étude.
• Le ministère de l'agriculture était en 1997 le seul
ministère a avoir conservé des
dettes
vis à vis de
La Poste. A une question de votre commission, le ministère a
indiqué que sa dette à l'égard de La Poste
s'élevait, au 30/09/1998, à 0,8 million de francs et concernait
exclusivement le factures de l'année en cours : le ministère
a donc réglé la quasi-totalité de la dette qui le
concernait.
• La Cour avait relevé l'existence d'un article " Mission de
gestion des aides "
sans relation avec l'objet du chapitre
auquel
il était rattaché (" Centres de
responsabilité "), aux seules fins de pouvoir avoir recours au
report intégral dont bénéficiait le chapitre de
rattachement. A une question de votre commission, il a été
indiqué que ce chapitre a été supprimé et que
l'article en question figure désormais au chapitre
" Dépenses diverses non
déconcentrées ".
B. PRINCIPALES DONNÉES SUR L'EXÉCUTION 1998
Concernant l'exécution du budget au premier semestre
1998, plusieurs remarques peuvent être faites :
1- dès janvier 1998 (arrêté du 16 janvier 1998), les
annulations de crédits
ont porté sur 74 millions de francs en
dépenses ordinaires, 3 millions de francs en crédits de paiement
et 6 millions de francs en autorisations de programme ; à l'automne
1998,
90 millions de francs
de francs avaient été
annulés (à comparer avec le 1,5 milliard de francs annulé
en 1997) ;
2- par les arrêtés des 20 janvier, 18 mars et 30 mars, 406
millions de francs de
dépenses ordinaires ont été
reportés
; le solde est intervenu par arrêté du 2
juin (495 millions de francs).
3- par les arrêtés du 20 janvier et du 20 mars, 1.513 millions de
francs de
dépenses d'investissement ont été
reportés
; le solde est intervenu par arrêté du 15
avril (450 millions de francs).
C. LE RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES SUR LE BUDGET DE L'AGRICULTURE ENTRE 1994 ET 1997
Dans
son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année
1997, la Cour des comptes a consacré une " monographie " au
budget l'agriculture entre 1994 et 1997.
La Cour fait les constations suivantes :
1- le budget de l'agriculture, qui représentait 3 % du budget
général en 1994, n'en représente plus que
2 %
en
1997 ;
2- la structure budgétaire a été simplifiée et
stabilisée ;
3- les fonds de concours ont pris une importance accrue depuis 1994 (11,5 %
des crédits nets en 1994 et 18 % en 1997) ;
4- la globalisation des crédits relatifs aux moyens de fonctionnement
du ministère a été mise en place en 1991 ; mais les
avantages escomptés ont été largement
perturbés
par la régulation budgétaire
(notamment les opérations
de gels et d'annulation de crédits) ;
ð Votre commission se montrera attentive à ce que les propositions
et enseignements formulés par la Cour des comptes trouvent une
traduction dans l'exécution des lois de finances pour 1999.
III. PRÉSENTATION DES CRÉDITS DEMANDÉS POUR 1999
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A titre liminaire, il faut noter que des modifications de nomenclature budgétaire sont intervenues depuis l'an dernier. Désormais, ce projet de budget compte 44 chapitres au lieu des 57 de 1998. Cette réduction du nombre de chapitres s'explique par la constitution de dotations par grandes actions.
1. Un budget en baisse apparente de 6 %
Le
budget de l'agriculture et de la pêche n'a pas été
présenté comme prioritaire par le Gouvernement, qui
privilégie dans le budget général pour 1999 : la
justice, la sécurité et la lutte contre l'exclusion.
Atteignant
33,55 milliards de francs en 1999
(soit
2,4 %
des
crédits des budgets civils
16(
*
)
), le
budget de l'agriculture et de la pêche
diminue de 6 %
par rapport
à 1998, affichant
la plus forte baisse tous fascicules
budgétaires confondus.
Cette diminution s'explique par la
réduction de 2,9 milliards de
francs de la subvention d'équilibre accordée au BAPSA
. En
effet, les recettes de ce budget annexe issues de la TVA et de la compensation
démographique devraient fortement augmenter en 1999, permettant la
réduction du montant de la subvention d'équilibre
17(
*
)
.
Hors subvention d'équilibre et participation de l'Etat au financement de
l'allocation aux adultes handicapés (AAH), le budget de l'agriculture
s'établit à
28,2 milliards de francs
, en
augmentation
de 3 %
par rapport à 1998.
2. Evolution des crédits par titre
Le
budget de l'agriculture et de la pêche est un budget principalement
tourné vers
l'intervention
(titre IV) :
67 % des
crédits
(dépenses ordinaires et crédits de paiement)
lui sont consacrés.
Compte tenu de la suppression prévue de 100 emplois en 1999,
les
effectifs budgétaires
du ministère s'élèvent
à 30 237 personnes, en baisse de - 0,33 % par rapport à 1998.
Votre rapporteur tient à rappeler que les services du ministère
et de ses établissements publics sont largement
délocalisés en province : 8 % seulement des agents
concernés travaillent à Paris intra muros, 5 % dans la petite
couronne et 87 % en province. Le mouvement de délocalisation se poursuit
avec notamment la concrétisation de la délocalisation du Centre
national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles
(CNASEA) à Limoges qui devrait constituer, en dépit des
difficultés rencontrées en 1998, une priorité du
ministère pour l'année 1999.
Le tableau ci-après appelle les remarques générales
suivantes :
1-
les moyens des services
(titre III)
augmentent de
+ 4,99
%
du fait de l'augmentation des charges de personnel (en dépit de la
suppression de 100 emplois) et des crédits de fonctionnement ;
2-
les dépenses d'intervention
(titre IV)
baissent de plus
de 10 %
en raison de la diminution de l'action sociale (diminution de la
subvention au BAPSA et participation nulle de l'Etat à la garantie
contre les calamités agricoles) ; en revanche l'action
économique (+ 3,21 %) et surtout l'action éducative (+ 6,77
%) voient leurs crédits augmenter ;
3- les dépenses en capital
(crédits de paiement)
diminuent de 7,80 % : la plupart des chapitres diminuent, à
l'exception des crédits de deux chapitres qui augmentent
(investissements réalisés par l'Etat pour l'enseignement
technique agricole public et subventions d'investissements accordées
à la recherche).
Montants des crédits par titre et évolution |
||||
(en millions de francs) |
Crédits votés pour 1998 |
Crédits demandés
|
Évolution
|
|
Dépenses ordinaires (DO)
Titre III -
Moyens des services
Total
DO
Titre V -
Investissements exécutés par l'Etat
Total CP |
9744,10
|
10230,65
|
+ 4,99 %
|
|
Total DO + CP |
35688,19 |
33546,75 |
- 6,00 % |
|
Autorisations de programme (AP)
Titre V -
Investissements exécutés par l'Etat
Total AP |
80,90
|
86,90
|
+ 7,42 %
|
Source : projet de loi de finances pour 1999.
B. QUELQUES DONNÉES DE COMPARAISON EUROPÉENNE
A la demande de votre rapporteur, les services du ministère lui ont fourni des éléments concernant les budgets de l'agriculture de trois de nos principaux partenaires européens : le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie.
1. Le budget du ministère de l'agriculture au Royaume-Uni
Ce
budget se présente en deux parties :
1- les dépenses de l'office d'intervention et les aides PAC qui
représentent entre 2/3 et 3/4 du budget global. En 1998, ces
dépenses se sont établies à 25 milliards de francs.
2- les dépenses résultant de la seule politique du Gouvernement
qui s'élèvent en 1998 à 7,4 milliards de francs.
Au total, le budget global s'est donc établi autour de
32,4
milliards de francs
, en baisse en 1999 pour deux raisons principales :
- diminution du soutien lié à la crise de l'encéphalite
spongiforme bovine ;
- volonté de diminuer le montant global du budget de
l'agriculture.
2. Le budget du ministère fédéral de l'agriculture en Allemagne
Ce
budget, qui représente
2,5 % du total des ministères en
1998
s'établit à
39 milliards de francs de
crédits
. Il comprend trois parties :
1- une première partie (
78 %
du budget) qui regroupe
essentiellement la
politique sociale agricole (68 %
), la détaxe
carburant agricole (7 %), la pêche (0,6 %), les organisations
internationales (0,5 %), les matières premières renouvelables
(0,4 %).
Cette partie augmente de + 1,2 % en 1999 (+ 20 % pour la pêche et + 9 %
pour l'assurance).
2- une deuxième partie (
15 %
du budget) est consacrée
au programme d'action commune Etat fédéral - Länder,
établi pour trois ans, avec pour objet l'amélioration des
structures agricoles et la protection du littoral. Il correspond à un
co-financement moyen de 60 % des dépenses engagées par les
Länder.
Cette partie, qui avait baissé de plus de 20 % en 1998, augmente de 5
% pour 1999.
3- une troisième partie (
7,5 %
du budget) regroupe les
crédits pour l'organisation nationale de marché (2,4 %), les
services ministériels et instituts de recherche fédéraux
(4,9 %) ainsi que les mesures d'urgence.
3. Le budget du ministère de l'agriculture en Italie
Ce
budget ne représente qu'une très faible part des crédits
nationaux alloués à l'agriculture en raison d'
une large
délégation de compétences donnée aux
régions
.
Le budget de ce ministère, hors fonctionnement, s'élève en
1998 à environ
10,7 milliards de francs
. Il est prévu
qu'il diminue en 1999 à 9,9 milliards de francs et en 2000 à 7,4
milliards de francs.
Il se compose de quatre grands types de dépenses :
1- les dépenses qui requièrent une disposition
législative (58 %) ;
2- un chapitre d'interventions et aides diverses (35 %) ;
3- un chapitre d'investissement (5 %) ;
4- un chapitre de financement annuel au titre des lois pluriannuelles (4 %).
C. PRINCIPALES PRIORITÉS DU BUDGET 1999
Pour son
budget 1999, le ministre a énoncé
quatre priorités
,
qui sont en cohérence avec celles affichées dans le cadre du
projet de
loi d'orientation agricole
dont ce budget devrait
permettre la mise en oeuvre.
Elles demeurent toutefois des priorités " classiques ",
où l'on retrouve globalement les priorités annoncées pour
1998
18(
*
)
.
Votre commission tient à rappeler que sa position sur le budget du
ministère de l'agriculture et de la pêche pour 1999 qui comprend
de nombreuses dispositions budgétaires en relation avec le projet de loi
d'orientation agricole, ne préjuge en rien des positions qui seront
prises par le Sénat sur ce texte en janvier prochain.
1. Le financement des contrats territoriaux d'exploitation (CTE)
Mesure
phare du projet de loi d'orientation agricole adopté en première
lecture à l'Assemblée nationale, les CTE sont
destinés :
- " à rémunérer les exploitants pour les services non
marchands qu'ils rendent à la collectivité en matière de
préservation et d'amélioration de l'environnement naturel,
- et à appuyer l'orientation des exploitations vers des modes de
production favorables à l'emploi, à l'équilibre des
activités sur les territoires et à la qualité des
produits ".
Une ligne budgétaire spécifique
19(
*
)
leur est consacrée avec le
" fonds de
financement des CTE "
doté de
300 millions de francs
pour 1999, auxquels devraient s'ajouter 150 millions de francs de
crédits européens (en cofinancement pour les CTE qui s'inscriront
dans les actions éligibles aux fonds structurels), soit un total de
450 millions de francs
pour la première année. Par ailleurs,
les services du ministère indiquent que le CTE " constituera une
priorité lors de la préparation des contrats de Plan Etat -
régions qui couvriront la période 2000-2006 ".
Pour les 2/3 de la dotation escomptée (
300 millions de francs
inscrits au budget du ministère
), l'abondement de ce fonds de
financement en 1999 est opéré par
redéploiement de
crédits existants
. En effet,
1- 140 millions de francs proviennent du fonds de gestion de l'espace rural
(FGER) qui disparaîtra ;
2- 45 millions de francs, des dotations affectées aux opérations
groupées d'aménagement foncier (OGAF) ;
3- 100 millions de francs, des crédits des offices ;
4- et 15 millions de francs, du fonds d'installation en agriculture (FIA).
Evolution des différentes lignes budgétaires
concernées
(en millions de francs) |
LFI 98 |
projet de loi de finances 99 |
% 99/98 |
CTE |
0 |
300 |
- |
OGAF |
45,23 |
0 |
- 100 % |
Offices |
3 059 |
2 959 |
- 3,3 % |
FIA |
160 |
145 |
- 9,4 % |
FGER |
140 |
0 |
- 100 % |
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche.
Compte tenu des délais d'adoption de la loi d'orientation agricole, les
CTE ne commenceraient à être mis en place qu'au cours du second
semestre 1999. En outre, le dispositif ne devrait prendre sa pleine ampleur
qu'à l'issue de la réforme de la politique agricole commune (PAC)
qui devrait permettre de financer les CTE qui s'inscriront dans les actions
éligibles aux fonds structurels par la voie du produit de la modulation
des aides PAC.
ð Votre commission tient à souligner que
le financement
du
dernier tiers (150 millions de francs d'aides PAC) par des aides communautaires
demeure aléatoire
: le projet de réforme de la PAC,
qui fait l'objet de négociations difficiles, constituera un enjeu
décisif pour le financement de ces contrats.
2. La formation et l'installation
a) Enseignement, formation et recherche (+ 6 %)
Les
crédits demandés pour l'enseignement, la formation et la
recherche en 1999 s'établissent à
6,86 milliards de francs
en dépenses ordinaires, en
augmentation de 6 %
par rapport
à 1998. L'année 1998 avait déjà connu une hausse de
ces crédits de + 4,9 %.
• Les crédits consacrés à
l'enseignement agricole
public et privé
s'établissent à 3,84 milliards de
francs, en augmentation de + 6,4 %.
180 emplois (dont 115 emplois d'enseignants) seront créés dans
le secteur de l'enseignement public pour accompagner l'augmentation des
effectifs d'étudiants dans l'enseignement agricole. En outre, 1000
emplois jeunes sont prévus.
Le fonds social lycéen, créé en 1998 et destiné aux
élèves issus de familles défavorisées, voit ses
crédits passer de 7 à 10 millions de francs, en augmentation de +
43 % pour 1999. Les bourses sont également revalorisées de
l'ordre de 4 %.
• Les crédits publics consacrés à la
recherche
dans les secteurs agricole et agro-industriel
s'élèvent en 1999 à 5.042 millions de francs, en hausse de
2 % par rapport à 1998. L'essentiel de cette dotation va aux grands
établissements publics de recherche.
Votre commission se félicite de la mise en place le 18 septembre
dernier d'un comité de coordination des sciences du vivant,
destiné à coordonner les actions de neuf organismes de recherche
(dont l'INRA
20(
*
)
, le CEMAGREF
21(
*
)
, l'IFREMER
22(
*
)
et le
CIRAD
23(
*
)
).
b) Installation des jeunes
L'objectif
fixé par le ministère
est
de 10
000 installations aidées
de jeunes agriculteurs en 1999
24(
*
)
.
ð Pourtant l'effort budgétaire ne semble pas à la
hauteur de cette annonce. En effet les deux principales lignes
budgétaires ne semblent pas être des lignes prioritaires :
1- les crédits de la dotation aux jeunes agriculteurs (DJA) sont
simplement reconduits à 645 millions de francs ;
2- le fonds d'installation en agriculture (FIA) créé en 1998
qui s'établit en 1999 à 145 millions de francs, a perdu
près de 10 % de ses crédits, 15 millions de francs étant
redéployés vers le fonds de financement des contrats territoriaux
d'exploitation ;
3. La sécurité et la qualité alimentaires
La crise de la vache folle et le développement de la culture des plantes transgéniques ont imposé un effort accru dans le domaine de la sécurité et de la qualité alimentaires. Les crédits dans ce domaine augmentent ainsi de 10,5 % en 1999.
a) L'agence française de la sécurité sanitaire des aliments (AFSSA)
En mai
1997, un rapport de notre collègue Claude Huriet, intitulé
" Renforcer la sécurité sanitaire en France " avait
dénoncé la mauvaise mesure des risques alimentaires. Ce rapport
est à l'origine de la
loi du 1
er
juillet 1998
instituant
l'agence française de la sécurité sanitaire
des aliments
, établissement public placé sous la triple
tutelle des ministres de la Santé, de l'Economie et de l'Agriculture et
dont les missions concernent l'évaluation scientifique des risques dans
le domaine alimentaire.
Cette nouvelle agence devrait fonctionner à partir de 1999. 50 emplois
sont créés et une dotation de 35 millions de francs est
prévue (dont 1/3 à la charge du ministère de l'agriculture
et de la pêche, soit 11,7 millions de francs).
En outre, les moyens
du Centre national d'études
vétérinaires et alimentaires
(CNEVA, 201 millions de francs
en 1999), appelé à s'intégrer dans l'agence et à
être géré par elle, sont revalorisés de 5 %.
ð Le nouvel ensemble disposera globalement d'une enveloppe de moyens de
près de 210 millions de francs.
b) Les services déconcentrés
Dans le
cadre de la mise en place du service public de l'équarrissage, 40 postes
sont créés et les moyens des services vétérinaires
sont en augmentation de 14,6 %, à 50 millions de francs.
Le contrôle des plantes transgéniques (la biovigilance)
bénéficie de la création de 45 postes et d'une
augmentation de plus de 50 % des moyens qui lui sont consacrés (53
millions de francs).
c) La promotion des signes de qualité
Les
crédits affectés à la promotion des signes de
qualité sont majorés de 16 % (soit 19 millions de francs) et ceux
de l'Institut national des appellations d'origine (INAO) de 6 %, à 76
millions de francs
25(
*
)
.
Il faut noter que la promotion de la qualité est constitue l'un des
grands thèmes du projet de loi d'orientation agricole.
Evolution de différentes lignes budgétaires
concernées
(en millions de francs) |
LFI 98 |
PLF 99 |
% 99/98 |
Protection et contrôle sanitaire des végétaux |
35 |
53,45 |
52,7 % |
Lutte contre les maladies des animaux |
278,6 |
285 |
2,3 % |
CNEVA 26( * ) |
168,1 |
178,02 |
5,9 % |
AFSSA 27( * ) |
0 |
11,7 |
- |
Promotion de la qualité |
88,4 |
95 |
7,5 % |
Sélection animale et identification des animaux |
106,2 |
124 |
16,8 % |
TOTAL |
676,3 |
747,17 |
10,5 % |
Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche.
4. La revalorisation des retraites
Cette orientation trouve sa traduction dans le projet de BAPSA pour 1999 28( * ) .
IV. LES OBSERVATIONS DE VOTRE COMMISSION
A. LA DISPARITION DU FONDS DE GESTION DE L'ESPACE RURAL (FGER)
Le FGER, créé par la loi du 4 février 1995 pour l'aménagement et le développement du territoire, a pour objet, selon l'article L. 112-16 du code rural 29( * ) , de contribuer " au financement de tout projet d'intérêt collectif concourant à l'entretien ou à la réhabilitation de l'espace rural, en priorité ceux auxquels les agriculteurs ou leurs groupements sont parties prenantes ". Plus de la moitié des actions conduites dans le cadre du FGER concernent les actions de débroussaillage, d'entretien des haies et d'amélioration de l'abord des lieux habités.
1. La disparition du FGER dans le " FF-CTE "
L'an
dernier, votre rapporteur avait souhaité que la loi d'orientation
agricole reprenne le dossier des procédures d'aménagement rural
et garantisse ainsi l'avenir du FGER.
Pourtant, le projet de loi de finances pour 1999 prévoit
la
disparition du FGER
au sein du nouveau " fonds de financement des
contrats territoriaux d'exploitation " (CTE). En effet, ses
crédits, 140 millions de francs, sont redéployés vers ce
fonds qui est doté de 300 millions de francs, et la ligne
budgétaire du FGER est désormais supprimée.
Cette situation ne constitue que l'un des épisodes de l'existence
mouvementée du FGER depuis sa création en 1995. Il convient de
rappeler les épisodes précédants :
1- le FGER avait déjà failli disparaître en 1997
(dotation nulle dans le projet de loi de finances, finalement portée
à 150 millions de francs par les deux assemblées) ;
2- il a fait, chaque année, l'objet de nombreuses annulations de
crédits qui étaient symboliquement choquantes (mais
compréhensibles, compte tenu, d'une part, du montant des crédits
reportés disponibles et, d'autre part, du niveau de consommation des
crédits) ;
3- à l'automne 1997, le ministre avait annoncé que " la
sauvegarde du FGER " constituerait une de ses " priorités pour
1998 " ;
4- il disparaîtra de facto au 31 décembre 1998. Le projet de loi
de finances pour 1999 redéploie ses crédits dans le fonds de
financement des CTE. Selon les informations recueillies par votre commission,
les opérations déjà engagées en 1998 au titre du
FGER seraient toutefois menées à leur terme et soldées en
1999.
Evolution budgétaire du FGER (1995-1999)
(en millions de francs)
Année |
LFI |
Evol. n/n-1 (%) |
Crédits annulés |
Crédits annulés / LFI (%) |
Crédits n-1 reportés |
Crédits ouverts |
Crédits consommés |
1995 |
500 |
- |
164 |
33 % |
- |
335 |
51 |
1996 |
388 |
- 22 % |
170 |
44 % |
284 |
502 |
199 |
1997 |
150 |
- 61 % |
145 |
97 % |
303 |
308 |
181 |
1998 |
140 |
- 7 % |
10 |
7 % |
127 |
257 |
- |
1999 |
0* |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
* 140 millions de francs redéployés vers le nouveau fonds de financement des CTE
2. La fin de la lancinante question de la mission du FGER
L'article 38 de la loi d'orientation de 1995, devenu
l'article L. 112-16 du code rural prévoyait à l'origine que le
FGER " contribue au financement de tout projet d'intérêt
collectif concourant à l'entretien ou à la réhabilitation
de l'espace rural. Il doit être en priorité affecté aux
agriculteurs ou à leurs groupements ".
Défendant la conception d'un " FGER agricole ", l'article
123 de la loi de finances pour 1997, voté par l'Assemblée
nationale, modifiant l'article L. 112-16 du code rural, disposait que le
FGER contribue à financer des projets " dont les agriculteurs ou
leurs groupements sont partie prenantes " (exclusivité).
Revenant à la conception d'un " FGER rural ", l'article 66 de
la loi du 2 juillet 1998 portant DDOEF a repris la rédaction initiale de
l'article, en supprimant l'exclusivité des financement aux projets
présentés par les agriculteurs ou leurs groupements et en leur
accordant une simple
priorité.
Avec la disparition du FGER, cette définition des missions devient
obsolète. Toutefois, votre commission tient à faire remarquer
que le basculement des crédits de l'ancien FGER dans le fonds de
financement des CTE revient à une conception " exclusivement
agricole " et constitue un nouvel errement dans la définition
précise de la destination de crédits d'un montant compris, selon
les années, de 150 à 300 millions de francs.
Votre commission rappelle qu'il est proposé dans le projet de loi pour
l'aménagement et le développement durable du territoire de
créer
un fonds de gestion des espaces naturels (FGEN
), distinct
du fonds de financement des CTE mais qui pourrait peut-être le
compléter sur le volet " espace rural - non agricole "
30(
*
)
et doté pour 1999 de 164 millions
de francs.
B. L'ESPACE RURAL, LA FORÊT ET LA PÊCHE
1. Les crédits consacrés à l'espace rural et à la forêt
Les dépenses relatives à l'espace rural et à la forêt (agrégat 03) représentent 2,5 % des concours publics à l'agriculture. Elles sont financées pour un tiers par le ministère de l'agriculture et de la pêche.
a) La diminution des crédits consacrés à l'espace rural
Hors FGER, forêt et hydraulique agricole, les crédits consacrés à l'aménagement et au développement rural sont en forte réduction chaque année comme le montre le tableau ci-après.
Evolution des dotations réservées à l'aménagement et au développement rural
|
1997 |
Prévisions 1998 |
Perspectives 1999 |
Montant total * (en millions de francs) |
126,4 |
118 ,3 |
86,3 |
Evolution n/n-1 (en %) |
- |
- 6,4 % |
- 27 % |
* lignes
budgétaires : 44-80 article 21 ; 44-80 article 50 ; 61-44
article 20 ; 61-84 article 10.
Source : ministère de l'agriculture et de la pêche.
b) L'évolution des crédits relatifs à la forêt
Le
financement de la politique forestière s'opère par
l'intermédiaire du budget général et celui du Fonds
forestier national (FFN), compte spécial du Trésor
alimenté par une taxe prélevée sur divers produits
forestiers.
Pour 1999, globalement les crédits augmentent de 2,2 %.
En effet,
plusieurs chapitres bénéficient de hausses de crédits,
notamment :
- les crédits déconcentrés liés à la
production forestière et à la sauvegarde de l'espace forestier
(chapitre 44-92 article 20, + 7,8 %) ;
- la contribution de l'Etat aux frais de gestion des forêts des
collectivités assurée par l'ONF (chapitre 44-92 article 70, + 3,3
% à 875 millions de francs) ;
- les crédits affectés à la restauration des terrains de
montagne (notamment les autorisations de programme augmentent de 20 %) ;
- l'Inventaire forestier national voit ses dotations progresser de 5,8 %
à 30,87 millions de francs.
Engagements totaux (budget de l'Etat et FFN)
(en millions de francs)
Engagements totaux |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
Evol. n/n-1 (%) |
PLF 1999 |
Evol. n/n-1 (%) |
Montant, évolution |
1 757,94 |
1 692,77 |
- 3,7 % |
1 729,46 |
+ 2,2 % |
Source : Ministère de l'agriculture et de la
pêche.
ð La discussion de la prochaine loi d'orientation forestière,
annoncée pour 1999 et la signature d'un contrat de plan Etat/ ONF
devraient permettre de remettre à plat les crédits
budgétaires consacrés à la forêt.
c) La situation financière du FFN
A la
suite de la réforme de la taxe forestière en 1991, le FFN a connu
une baisse brutale de ses recettes annuelles qui se situaient entre 700 et 800
millions de francs en moyenne et sont tombées après 1991 à
environ 400 millions de francs, en dépit de mesures de redressement
prises en 1994 et 1995 à l'initiative du Sénat. Le relais n'a pu
être que partiellement pris par le budget de l'Etat, en raison des
efforts de rigueur budgétaire.
La situation financière du FFN continue de préoccuper votre
commission. Le problème de l'affectation d'une ressource pérenne
au FFN, étudiée par le précédent Gouvernement dans
le cadre de sa loi d'orientation agricole, n'est pas encore résolu.
Le rapport de notre collègue à l'Assemblée nationale
Jean-Louis Bianco, intitulé " La Forêt : une chance pour
la France " et remis le 25 août dernier au Premier ministre,
préconise, afin de financer l'effort de compétitivité et
d'emploi demandé à la filière - bois, " une mise
à niveau du FFN ". Deux solutions sont envisagées
(l'aggravation de la taxe pesant sur la filière étant
exclue) :
1- un effort budgétaire de l'Etat ou de l'Union européenne
selon le principe " prescripteur - payeur ",
2- ou une ressource nouvelle.
ð La prochaine loi d'orientation forestière, qui devrait s'inspirer
des propositions contenues dans ce rapport, sera peut-être l'occasion
pour le Gouvernement actuel d'apporter une solution à cette
situation.
2. Les crédits consacrés à la pêche
La
pêche a été introduite dans les attributions du
ministère de l'agriculture en 1993. Depuis 1994, les crédits
destinés à ce secteur sont passés de 120 à 186
millions de francs en 1998.
Les dépenses liées à la pêche (agrégat 06)
représentent seulement 0,2 % des concours publics à
l'agriculture, financé pour moitié par le ministère et
pour l'autre par l'Union européenne.
En 1999, les dotations bénéficiant au secteur de la pêche
sont globalement
reconduites à 190 millions de francs, en hausse de
0,25 %
: 151 millions de francs de dépenses ordinaires, 39
millions de francs en crédits de paiement (et 40 millions de francs en
autorisations de programme).
Le montant des crédits affectés à la pêche maritime
se répartitissent sur trois chapitres :
1- chapitre 36-22 " Subvention à divers établissements
publics " article 14 " Institut français de recherche pour
l'exploitation de la mer (IFREMER) " : 3,296 millions de francs ;
2- chapitre 44-36 " Pêches maritimes et cultures marines -
subventions et apurement FEOGA " : 147,6 millions de francs ;
3- chapitre 64-36 " Pêches maritimes et cultures marines -
Subventions d'équipement " : 38,7 millions de francs.
Evolution des différentes lignes budgétaires concernées
(DO et CP)
(en millions de francs) |
LFI 98 |
PLF 99 |
% 99/98 |
IFREMER 31( * ) |
3,3 |
3,3 |
0 % |
Interventions en faveur des entreprises de pêche et de cultures marines |
22 |
52 |
136,4 % |
OFIMER 32( * ) |
125,13 |
95,6 |
- 23,6 % |
Modernisation et développement des entreprises de pêche et de cultures marines |
18,1 |
18,1 |
0 % |
Organisation des marchés |
20,6 |
20,6 |
0 % |
TOTAL |
189,13 |
189,6 |
0,25 % |
Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche.
C. L'AGRO-ALIMENTAIRE
1. Les crédits consacrés aux industries agro-alimentaires
Ils représentent 0,5 % des concours publics à l'agriculture (agrégat 02), financés pour moitié par le ministère de l'agriculture et de la pêche.
a) Les crédits du ministère de l'agriculture et de la pêche
L'essentiel des crédits consacrés aux industries
agro-alimentaires se trouvent au
chapitre 61-61
" Développement du stockage, de la transformation et de la
commercialisation des produits agricoles et de la mer ", couramment
appelé " crédits de politique industrielle ".
Il est
doté en 1999 de 154,5 millions de francs de crédits de
paiement (en baisse de 10,8 %)
33(
*
)
:
1- les articles 10 et 20 " Amélioration des conditions de
stockage , de transformation et de commercialisation " (il s'agit des
interventions relevant de la prime d'orientation agricole (POA)
34(
*
)
) sont dotés en
105,7 millions de francs
(en baisse de 10,8 %)
35(
*
)
;
2- l'article 30 " Abattoirs publics " est doté de
10,2
millions de francs
(en baisse de 11,1 %) ;
3- l'article 80 " Crédits déconcentrés pour
l'environnement et la compétitivité des entreprises ",
comprend une dotation contractualisée dans le cadre des contrats de plan
Etat-Régions de
23,8 millions de francs
(en baisse de 10,6
%) ;
4- l'article 90 " Actions de restructuration " est doté de
14,8 millions de francs
(en baisse de 10,7 %).
L'examen de l'évolution des crédits de ce chapitre depuis 1995,
montre une diminution constante (voir tableau ci-après).
Evolution des crédits du chapitre 61-61 en LFI depuis 1995
(en millions de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
|||||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
61-61 |
225,6 |
217,9 |
207,8 |
192,8 |
173,5 |
188,6 |
150,2 |
173,2 |
150,2 |
154,5 |
ð
Globalement on observe donc un déclin des aides au secteur des
industries agro-alimentaires
, lié au recul plus
général des aides à l'industrie. Mais il faut remarquer le
maintien en 1999 du montant des autorisations de programme sur ce chapitre, qui
avaient beaucoup diminué les années précédentes.
D'autres postes sont consacrés en tout ou en partie aux industries
agro-alimentaires :
1- le chapitre 44-53 article 50 " Restructuration des abattoirs
publics " doté de
8,72 millions de francs
(comme en
1998) ;
2- et le chapitre 44-53 article 90 " Autres actions " doté
pour 1999 en ce qui concerne les actions diverses en faveur des industries
agro-alimentaires, de
0,4 million de francs.
Rappelons que les industries agro-alimentaires seront concernées par les
efforts du ministère faits en matière de sécurité
alimentaire en 1999. D'autre part, il convient de noter la création,
dans le cadre du projet de loi d'orientation agricole voté en
première lecture à l'Assemblée nationale, d'un Conseil
supérieur des exportations agricoles et alimentaires ainsi que celle
d'un fonds de valorisation et de communication pour la promotion des produits
agricoles
36(
*
)
.
b) La politique menée par le Gouvernement en matière de distribution des aides
Depuis
quelques années, compte tenu de la nécessité d'une aide
minimale d'origine nationale pour l'obtention du concours du FEOGA et de la
relative faiblesse des dotations inscrites au budget de l'Etat, la
quasi-totalité des aides aux industries agro-alimentaires provenant du
ministère de l'agriculture et de la pêche est
réservée aux dossiers présentés par les entreprises
qui sont en droit d'obtenir une
intervention complémentaire du fonds
européen
: les autres dossiers ne peuvent plus recevoir d'aide
pour leurs investissements.
Le Gouvernement estime que le secteur des industries agro-alimentaires est
généralement capable de réaliser ses investissements sans
aide extérieure et que ce sont les seules industries de première
transformation des productions agricoles, le plus souvent à faible
marge, qui ont besoin de concours publics.
Cette position pose un
problème d'égalité dans la
distribution des aides publiques aux entreprises
car les PME
agro-alimentaires ne bénéficiant pas des aides du
ministère de l'agriculture ne sont pas éligibles au régime
d'aide mis en oeuvre par le ministère de l'industrie pour les autres
PME.
ð Le ministère de l'agriculture affirme que des démarches
sont entreprises pour remédier à cette situation.
c) Les crédits consacrés à la recherche publique en matière agro-alimentaire
L'effort
public en faveur de la recherche agronomique et agro-alimentaire se fait
essentiellement
37(
*
)
par l'intermédiaire
du
BCRD
(budget civil de la recherche et du développement
technologique) qui comporte les dotations du ministère de l'Education
nationale, de la recherche et de la technologie et les moyens affectés
au ministère de l'agriculture et de la pêche.
Le budget de la recherche publique agro-alimentaire peut être
estimé à environ
1 milliard de francs
; l'effort de
recherche dans le secteur privé avoisine les 2 milliards de francs, soit
environ le double.
2. Les actions de promotion à l'exportation
a) Le nécessaire soutien aux exportations agro-alimentaires
Le
commerce extérieur agro-alimentaire français a enregistré
un solde excédentaire excellent de
64,3 milliards de francs en
1997
(en hausse de 30 % par rapport à 1996). Ce
développement des exportations a concerné presque tous les
secteurs
38(
*
)
: la production a crû
dans chacune des branches des industries agro-alimentaires à l'exception
du tabac. La situation est restée excellente au cours des premiers mois
de 1998, mais un fléchissement s'est ensuite fait sentir en raison de la
persistance de la crise asiatique.
Comme votre commission des finances l'avait souligné dans son rapport
de 1998, ces bons résultats à l'exportation ne reposent pas
seulement sur quelques grands groupes ou entreprises à taille
internationale mais sur une
multitude de PME
et d'exploitations
individuelles pour lesquelles l'accès à ces
débouchés est largement conditionné par le soutien public
et l'action dans un cadre collectif.
Dans le secteur agro-alimentaire, on recense en effet 15.670 entreprises
exportatrices parmi lesquelles 2.100 réalisent un chiffre d'affaires
égal ou supérieur à 10 millions de francs.
b) L'évolution des crédits budgétaires
La
dotation budgétaire aux actions de promotion, inscrite au
chapitre
44-53 article 30 " Actions de promotion "
, est en
régression constante depuis de nombreuses années.
Or, pour 1999, elle s'établit à
167,9 millions de francs
,
en
augmentation de 6,3 %
par rapport aux crédits votés en
1998 (157,9 millions de francs) mais en stabilité parfaite par rapport
à la dotation effectivement perçue en 1998 (167,9 millions de
francs).
C'est
la SOPEXA
(Société pour l'expansion des ventes de
produits agricoles et alimentaires) qui bénéficie de la majeure
partie de ces crédits (82 % en 1998)
39(
*
)
. Elle contribue à la promotion des
exportations françaises et au développement des
débouchés extérieurs de ces produits. Cet organisme,
créé en 1961 à l'initiative du ministère de
l'agriculture et du centre français du commerce extérieur (CFCE)
et d'organisations agricoles, est financé à hauteur de 25 %
par le ministère, et pour plus de 45 % par des financements publics
(autres ministères, Union européenne, offices agricoles et CFCE).
Evolution des ressources 1993-1997
(en millions de francs)
|
Subvention du ministère (et évolution) |
Total des ressources (et évolution) |
1993 |
177 112 |
493 353 |
1994 |
180 800 (+ 2,1 %) |
565 659 (+ 14,7) |
1995 |
176 500 (- 2,4 %) |
614 469 (+ 8,7 %) |
1996 |
165 300 (-6,3 %) |
610 024 (- 0,7 %) |
1997 |
155 983 (- 5,6 %) |
610 679 (+ 0,1 %) |
La
subvention pour la SOPEXA devrait s'établir en 1999 à
138
millions de francs,
en hausse de 10 millions de francs par rapport à
1998 après plusieurs années de baisse.
Une
mission d'inspection
menée en 1997 par l'Inspection
générale des finances et l'Inspection générale de
l'agriculture a conclu
au bon fonctionnement de la SOPEXA.
ð Actuellement, la SOPEXA négocie un
contrat de plan sur cinq
ans
avec l'Etat dans lequel sera contractualisée sa dotation
budgétaire. Cette négociation devrait être l'occasion de
clarifier les priorités de la SOPEXA.
D. L'INSTALLATION EN AGRICULTURE
La politique de l'installation en agriculture a pour objet d'aider le jeune agriculteur dans le financement de la reprise ou la création d'une entreprise agricole et de faciliter la transmission des exploitations.
1. Une panoplie de mesures
Les deux
principaux instruments de cette politique sont la dotation jeune agriculteur
(DJA, 645 millions de francs en 1999) et les prêts à moyen terme
spéciaux à taux bonifiés (enveloppe de 5 milliards de
francs de prêts à l'installation pour 1999), mais une vaste
panoplie de mesures financières, fiscales et sociales est consentie en
faveur de l'installation des jeunes.
Parmi les
mesures financières
, on retient :
- la dotation d'installation " jeune agriculteur " (DJA)
40(
*
)
;
- le prêt global d'installation (1994) ;
- la bourse de l'Etat versée aux jeunes réalisant le stage
pratique de 6 mois préalable à l'installation de jeunes
agriculteurs (1992).
A l'échelon des régions et des départements, des
programmes financés par le FIA (Fonds pour l'installation en
agriculture) complètent ce dispositif.
Les
mesures fiscales
sont principalement issues de la loi de finances
rectificative pour 1991 qui a profondément aménagé
certains régimes fiscaux :
- le régime d'exonération partielle des droits de succession pour
les biens ruraux loués par bail à long terme et les parts de
GFA ;
- le régime de transmission des biens à titre gratuit ;
- le régime d'acquisition d'immeubles ruraux par les jeunes
agriculteurs ;
- le dégrèvement de la taxe foncière sur les
propriétés non bâties ;
- le dispositif d'abattement applicable aux bénéfices
imposables ;
- la correction de l'effet fiscal sur les sommes reçues par les
bailleurs de biens ruraux au titre de l'avance sur les fermages.
La principale
mesure sociale
en faveur de l'installation des jeunes
agriculteurs concerne l'exonération partielle des cotisations sociales.
Il faut également noter que la DJA produit un " effet de
levier " qui permet d'accéder à d'autres avantages
(prestations logement, prestations familiales sous conditions de ressources,
etc.).
2. Une évaluation difficile
Il est
difficile d'évaluer le montant moyen global des aides consenties aux
jeunes agriculteurs qui s'installent. Toutefois, à la suite d'un audit
portant sur la période 1988-96, la Cour des comptes a
évalué :
- à
360 000 francs
l'aide moyenne pour un jeune agriculteur qui
s'installe ;
- à
550 000 francs
le coût global d'une installation pour
la collectivité.
La Cour s'est également interrogée sur l'efficacité
économique de l'ensemble des aides à l'installation et a
encouragé les pouvoirs publics à conduire des études
d'évaluation de la politique de l'installation. En particulier, le
ministre s'est engagé lors de la discussion de ce budget à
l'Assemblée nationale a effectuer un bilan du FIA.
Au seul plan de ses résultats et en faisant abstraction de son
coût, le bilan des actions engagées semble toutefois relativement
positif :
- dix ans après leur installation, le taux de cessation
d'activité des jeunes agriculteurs aidés n'est que de 5,8
%
41(
*
)
;
- en 1997, selon les chiffres de la Mutualité sociale agricole, plus de
13 000 exploitants de moins de 40 ans se sont installés
42(
*
)
;
- entre 1992 et 1997, le nombre de dossiers d'aide à l'installation (DJA
ou prêts) ayant reçu un avis favorable en commission
départementale ne cesse d'augmenter, pour atteindre 9 113 en 1997.
Toutefois, sur le premier semestre 1998, le CNASEA
43(
*
)
note une baisse sensible du nombre des dossiers
d'installation des jeunes agriculteurs. Cette situation peut s'expliquer par
l'attentisme des candidats à l'installation face aux négociations
engagées au niveau de la PAC et de l'OMC et par l'impact de la
réforme du régime de préretraite intervenue en 1998
44(
*
)
qui restreint le champ d'application des
préretraites
45(
*
)
.
E. LES CALAMITÉS AGRICOLES
La ligne
budgétaire consacrée à l'indemnisation des
calamités agricoles
46(
*
)
est
vide en
1999
: 225 millions de francs en 1998 et 0 en 1999, en raison d'un
niveau élevé de trésorerie (1,5 milliard de francs fin
juin) qui devrait permettre de faire face aux besoins en 1999.
Toutefois, le
ministre s'est engagé lors de l'examen de ce budget à
l'Assemblée nationale à abonder cette ligne en cas de
nécessité
47(
*
)
.
Par ailleurs, le développement de l'assurance-récolte est, selon
le ministère, un " objectif souhaitable ". En particulier, le
projet de loi d'orientation agricole tel qu'adopté en première
lecture à l'Assemblée nationale prévoit qu'un rapport sur
ce sujet devra être réalisé.
LES MODIFICATIONS DE CRÉDITS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Les
majorations de crédits non reconductibles relatives au budget de
l'agriculture et de la pêche concernent le
titre IV pour 2,186
millions de francs
et le
titre VI pour 2,5 millions de francs
.
Au titre IV
, ces majorations de crédits concernent :
- le chapitre 43-23 article 30 " Actions de formation et actions
éducatives en milieu rural - Animation en milieu rural " pour 0,27
million de francs,
- le chapitre 44-53 article 30 " Interventions en faveur de l'orientation
et de la valorisation de la production agricole - Actions de promotion "
pour 0,166 million de francs,
- le chapitre 44-70 article 30 " Promotion et contrôle de la
qualité - Promotion de la qualité alimentaire " pour 0,02
million de francs,
- le chapitre 44-80 " Amélioration du cadre de vie et
aménagement de l'espace rural " :
. article 21 " Interventions pour l'aménagement rural " pour
1,53 million de francs,
. article 30 " Interventions spéciales dans les zones agricoles
défavorisées " pour 0,1 million de francs,
. article 40 " Potentialités de l'appareil de production
agricole " pour 0,1 million de francs.
Au titre VI
, ces majorations de crédits concernent le chapitre
61-44 article 20 " Aménagement de l'espace rural et de la
forêt - Amélioration du cadre de vie et développement
rural " pour 2,5 millions de francs en crédits de paiement et en
autorisations de programme.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 28 octobre 1998 sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à l'
examen
, sur le
rapport
de
M. Joël Bourdin
,
rapporteur spécial
des crédits du ministère de
l'
agriculture
et de la
pêche,
inscrits dans le projet de
loi de finances pour 1999.
Un large débat s'est alors engagé à la suite de
l'intervention du rapporteur spécial, au cours duquel
M. Jean-Pierre Demerliat
a évoqué la question de
la délocalisation du CNASEA (Centre national pour l'aménagement
des structures des exploitations agricoles) à Limoges.
M. Roland du Luart
a souhaité connaître avec plus de
précision les concours des collectivités territoriales à
l'agriculture et à la forêt. En outre, il a suggéré
que le rapport budgétaire donne un écho aux propositions du
rapport sur la forêt de M. Jean-Louis Bianco.
Remarquant que les effectifs du ministère diminuaient de cent
emplois
, M. Auguste Cazalet
s'est étonné que les
dépenses de personnel augmentent de 5 %.
M. Bernard Dusseau
,
rapporteur pour avis
des
crédits consacrés aux industries agro-alimentaires à la
commission des affaires économiques
, s'est réjoui de
l'augmentation de ces crédits dans le projet de budget pour 1999.
Considérant l'augmentation des moyens de certains établissements
de recherche et de la nouvelle agence de la sécurité sanitaire
des aliments,
Mme Marie-Claude Beaudeau
a demandé au
rapporteur spécial s'il estimait que ces crédits étaient
suffisants. Elle a également souhaité avoir des précisions
sur la " ressource pérenne " qu'il était
envisagé d'affecter au FFN.
M. Gérard Braun
s'est inquiété de la
diminution continue des crédits destinés à la montagne. Il
a également souhaité que le rapporteur spécial lui
fournisse quelques éléments d'information sur la question du
ramassage du lait. Au sujet du financement des contrats territoriaux
d'exploitation, il s'est inquiété de la disparition des
crédits destinés aux opérations groupées
d'aménagement financier (OGAF) et a désiré savoir ce qu'il
adviendrait des opérations engagées. Enfin, considérant
que la ligne budgétaire " participation à la garantie contre
les calamités agricoles " ne bénéficiait d'aucun
crédit pour 1999, il a demandé au rapporteur spécial si la
réflexion sur l'assurance-récolte se poursuivait.
M. Roger Besse
a souhaité bénéficier
d'éléments d'information concernant la modernisation des
bâtiments d'élevage en zone de montagne.
M. André Vallet
a tenu à connaître les
crédits destinés au reboisement de la forêt
méditerranéenne.
Evoquant la crise porcine,
M. François Trucy
s'est
demandé quelles solutions pouvaient être envisagées dans ce
secteur.
M. Michel Moreigne
a évoqué la question de la
place du patrimoine rural dans les programmes de l'enseignement
supérieur agricole.
Enfin,
M. Alain Lambert
,
président
, a
souhaité que, dans le rapport budgétaire, des
développements soient consacrés aux crédits SOPEXA
(Société pour l'exploitation des ventes des produits agricoles et
alimentaires), afin de donner suite aux observations antérieures de la
commission des finances, ainsi qu'à la question de la sous-consommation
des aides communautaires au développement rural.
En réponse aux différents intervenants,
M. Joël Bourdin
,
rapporteur spécial,
s'est
engagé à apporter les nombreux éléments ponctuels
d'information demandés par les commissaires et, dans certains cas,
à enrichir son rapport des sujets proposés. Plus
particulièrement, il a rappelé, à l'attention de
M. Jean-Pierre Demerliat, que la délocalisation du CNASEA
à Limoges était une priorité du Gouvernement pour 1999.
En réponse à M. Roland du Luart, il a
précisé que les chiffres disponibles sur les aides des
collectivités locales à l'agriculture, et cités dans sa
présentation, provenaient d'une enquête de 1995, dont la
complexité expliquait qu'elle ne soit entreprise que tous les trois ans.
A M. Auguste Cazalet, le rapporteur spécial a répondu
que l'augmentation des dépenses de personnel s'expliquait par toute une
série de mesures parmi lesquelles : l'application du protocole
Durafour, le transfert des moyens de fonctionnement du BAPSA au
ministère, la politique de résorption de l'emploi précaire
ainsi que l'accord salarial dans la fonction publique.
Au sujet de la question de la poursuite des OGAF engagées, qui avait
été évoquée par M. Gérard Braun,
M. Joël Bourdin
,
rapporteur spécial
, a
indiqué que les opérations engagées en 1998 dans le cadre
du FGER, dont les crédits disparaissaient, seraient poursuivies puis
soldées en 1999. Il a estimé qu'il en serait vraisemblablement de
même pour les OGAF.
Il a souligné à l'attention de
M. André Vallet que
les crédits destinés au Conservatoire de la forêt
méditerranéenne restaient stables à 62 millions de francs.
En réponse à M. François Trucy,
M. Joël Bourdin,
rapporteur spécial
, a rappelé que la production porcine
était, traditionnellement, très cyclique. Il a indiqué que
la crise actuelle était une crise de surproduction européenne
face à laquelle des mesures nationales et communautaires avaient
été mises en place.
La commission, sur proposition du rapporteur spécial, a
adopté
les
crédits
de l'
agriculture et de la
pêche
.
1
Cotisations, subvention
d'équilibre et
AAH non comprises.
2
Il s'agit du Fonds forestier national (FFN), du Fonds national de
développement des adductions d'eau (FNDAE) et du Fonds national des
haras et activités hippiques.
3
Pour éviter les doubles comptes, on soustrait
également la subvention de l'Etat et le remboursement de l'AAH au BAPSA.
4
Non inclus dans les résultats présentés qui
ne retracent que les dépenses bénéficiant à
l'agriculture et à la forêt, hors pêche.
5
Tel qu'enregistré par le Service central d'études et
enquêtes statistiques
6
En 1993, le montant moyen s'est établi à plus de 102
000 francs par exploitation, en raison de la coexistence des nouvelles aides
directes et de la persistance des dépenses liées aux anciens
dispositifs de soutien des prix.
7
Dans son Rapport sur l'exécution des lois de finances pour
l'année 1997, publié en juillet 1998, p. 337.
8
En raison de sa lourdeur et de son coût, cette étude
ne peut être réalisée que tous les trois ans.
9
Cela est inférieur à la situation exceptionnelle de
1996 (25 % des crédits avaient été affectés), mais
reste supérieur aux années précédentes (10 % en
1995 et 13 % en 1995).
10
Avec en particulier un report de 300 millions de francs portant
sur le chapitre du FGER.
11
" Interventions en faveur de l'orientation et de la
valorisation de la production agricole ".
12
82 % par exemple pour la 4
ème
partie :
" Matériel et fonctionnement des services ".
13
Voir rapport de la Cour des comptes, p. 128.
14
Cette situation est imputable à la faible consommation
d'un chapitre qui représente les ¾ du titre VI . Ce chapitre
61-83 " Cofinancement de l'Union européenne au titre des objectifs
1, 5a et 5b et au titre de l'Instrument financier d'orientation de la
pêche " n'a supporté des paiements qu'à hauteur de 48
%.
15
Celle-ci dispose que les règles d'unité et
d'universalité budgétaires font obstacle à ce que des
dépenses, qui présentent un caractère permanent (agents de
l'Etat), ne soient pas prises en charge par le budget ou soient
financées par des ressources que celui-ci ne détermine pas.
16
Ce pourcentage était de 2,6 % en 1998.
17
Pour plus de détails, se reporter à l'annexe
n° 42 relative au budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA).
18
Notamment l'installation, l'enseignement et les retraites.
19
Chapitre 44-84 (nouveau).
20
Institut national de la recherche agronomique (INRA).
21
Centre national du machinisme agricole des eaux et des
forêts (CEMAGREF).
22
Institut français de recherche pour l'exploitation de la
mer (IFREMER).
23
Centre de coopération international en recherche
agronomique pour le développement (CIRAD).
24
A comparer avec les 9 204 installations aidées
réalisées en 1997.
25
Notamment pour le fonctionnement du futur quatrième
comité de l'INAO.
26
Centre national
d'études vétérinaires et
alimentaires.
27
Agence française de la sécurité sanitaire
des aliments.
28
Cette " priorité " est développée
dans l'annexe n° 42 relative au BAPSA.
29
Rédaction telle qu'issue de l'article 66 de la loi du 2
juillet 1998.
30
Il avait été question, lors de la
préparation du projet de loi pour l'aménagement et le
développement durable du territoire, de redéfinir les missions du
FGER. Finalement, il a été décidé de maintenir le
FGER sous le contrôle du ministère de l'agriculture et de
créer un autre fonds, destiné à financer les espaces
naturels.
31
Institut français de recherches pour l'exploitation de la
mer.
32
Office interprofessionnel des produits de la mer.
33
Les autorisations de programme prévues à ce
chapitre sont stables en 1999 à 150,18 millions de francs.
34
Les dossiers d'investissement d'un montant inférieur
à 10 millions de francs font l'objet d'une procédure
déconcentrée au niveau des régions et la dotation
affectée à ces dossiers a été
contractualisée dans le cadre des contrats de plan Etat-Région.
35
En 1997, le nombre de dossiers primés en POA nationale ou
déconcentrée s'élève à 303, soit environ 117
millions de francs d'aides nationales pour soutenir 1 579 millions
d'investissement.
36
Toutefois ce fonds ne bénéficie actuellement
d'aucun financement.
37
Le BCRD a représenté 97 % des crédits
publics de recherche dans le domaine agricole en 1996.
38
En particulier les exportations de vins et spiritueux ont cru de
18 % et celles de produits laitiers de 10 %.
39
Les autres bénéficiaires de ces crédits sont
le Centre français du commerce extérieur (CFCE, 12 %), le
Comité des expositions de Paris pour l'organisation du Salon de
l'agriculture (4 %) et l'Association pour le développement des
échanges internationaux de produits et techniques agro-alimentaires
(ADEPTA, 1 %).
40
Il s'agit d'une aide en capital dont le montant moyen varie entre
82 700 et 171 700 francs selon la zone géographique.
41
Etude du ministère de 1995.
42
Il s'agit de nouveaux exploitants relevant de l'AMEXA
nouvellement inscrits en 1997 assujettis au régime agricole ; ils
bénéficient ou non d'aides à l'installation telles que la
DJA.
43
Centre national pour l'aménagement des structures des
exploitations agricoles.
44
Décret n° 98-311 du 23 avril 1998 qui restreint la
préretraite aux seuls agriculteurs en difficulté, contraints de
cesser leur activité pour des raisons économiques ou
d'invalidité.
45
Les crédits budgétés au ministère de
l'agriculture au titre des préretraites passent de 657,5 millions de
francs en loi de finances initiale pour 1998 à 555 millions de francs
dans le projet de loi de finances pour 1999, soit une baisse de 15,6 %. Or,
celles-ci avaient permis entre 1995 et 1997 l'installation de jeunes sur plus
de 400 000 hectares.
46
Chapitre 46-33 " Participation à la garantie contre
les calamités agricoles ".
47
Voir Journal officiel du 12 novembre 1998, p. 8802.