N° 408
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 28 avril 1998
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE APRÈS DÉCLARATION D'URGENCE, portant diverses dispositions d'ordre économique et financier ,
Par M. André JOURDAIN,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean-Pierre Fourcade, président ; Jacques Bimbenet, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Claude Huriet, Bernard Seillier, Louis Souvet, vice-présidents ; Jean Chérioux, Charles Descours, Roland Huguet, Jacques Machet, secrétaires ; François Autain, Henri Belcour, Paul Blanc, Mmes Annick Bocandé, Nicole Borvo, MM. Louis Boyer, Jean-Pierre Cantegrit, Francis Cavalier-Benezet, Gilbert Chabroux, Philippe Darniche, Mme Dinah Derycke, M. Jacques Dominati, Mme Joëlle Dusseau, MM. Alfred Foy, Serge Franchis, Alain Gournac, Louis Grillot, André Jourdain, Jean-Pierre Lafond, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jean-Louis Lorrain , Simon Loueckhote, Jean Madelain, Michel Manet, René Marquès, Georges Mazars, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Olin, M. André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
727
,
781
et T.A
. 115
.
Sénat
:
373
et
413
(1997-1998)
|
|
Politique économique . |
TRAVAUX DE LA COMMISSION
Réunie le mardi 28 avril 1998, sous la
présidence de M. Jean-Pierre Fourcade, président, la commission a
procédé à
l'examen
du
rapport pour avis
de
M. André Jourdain
sur le
projet de loi
n° 373
(1997-1998), adopté par l'Assemblée
nationale, après déclaration d'urgence, portant
diverses
dispositions d'ordre économique et financier.
M. André Jourdain, rapporteur pour avis,
après avoir
rappelé que ce projet de loi comportait un certain nombre d'articles
modifiant le code du travail et de la sécurité sociale, a
formulé trois observations générales.
Il a souligné en premier lieu que la majorité des articles
intéressant la commission portait sur le titre premier du projet de loi
relatif à la simplification des formalités administratives et
sociales incombant aux petites et moyennes entreprises (PME). Il a
rappelé le coût financier important de ces formalités pour
les entreprises et il a approuvé l'objectif poursuivi de simplification.
Il a ensuite indiqué qu'il ne lui semblait pas très pertinent
d'insérer de telles dispositions dans un DDOEF. Il a regretté que
le Gouvernement n'ait pas présenté un projet de loi sur la seule
question de la simplification administrative, en incluant des dispositions
relatives à la simplification des relations entre les administrations et
les usagers. Il a observé que la procédure d'urgence, imputable
aux dispositions sur le passage à l'euro, aurait pu ainsi être
évitée. Il a observé, en outre, qu'un projet de loi
spécifique à la simplification aurait pu comporter un
exposé des motifs plus détaillé, ou une annexe, permettant
de mieux apprécier la cohérence de l'ensemble du dispositif de
simplification proposé par le Gouvernement, comprenant des mesures
législatives et des mesures réglementaires.
Il a rappelé enfin que les articles du titre premier portant
dispositions relatives à la simplification administrative avaient fait
l'objet d'une discussion vive à l'Assemblée nationale et il a
indiqué que les modifications proposées n'allaient pas toujours
dans le sens de la simplification.
Abordant l'examen des dispositions sur lesquelles porte plus
particulièrement sa saisine pour avis, la commission a tout d'abord, sur
proposition de son rapporteur, donné un avis favorable à
l'adoption sans modification de
l'article premier
(harmonisation de
l'assiette des contributions dues par les employeurs au titre de la formation
professionnelle continue).
A
l'article 5
(simplification de la gestion des emplois occasionnels),
après une intervention de
M. Guy Fischer
souhaitant que la
simplification ne se transforme pas en déréglementation, la
commission a adopté un amendement du rapporteur tendant
à
prévoir une consultation des employeurs intéressés dans le
cadre d'une extension du guichet unique à d'autres secteurs que celui du
spectacle vivant.
La commission a donné un avis favorable à l'adoption sans
modification de
l'article 6
(suppression de la déclaration
d'embauche et de licenciement aux caisses primaires d'assurance maladie).
A
l'article 7
(suppression de l'obligation de tenue du livre de paie),
après une intervention de
M. Dominique Leclerc
rappelant la
nécessité de prévoir un délai, la commission a
adopté un amendement du rapporteur prévoyant que, lorsqu'ils sont
tenus par une personne extérieure à l'établissement, le
délai de production des bulletins de paie est de quatre jours.
La commission a donné un avis favorable à l'adoption sans
modification des
articles 8
(aménagement des règles de
prescription applicables aux pénalités de retard) et
9
(délai d'inscription des créances sociales au profit du
tribunal de commerce ou du tribunal de grande instance).
Puis, sur proposition de
M. André Jourdain, rapporteur pour avis,
la commission a adopté un amendement proposant un
article additionnel
après l'article 11
, prévoyant une exonération de
cotisations sociales sur les indemnités des élus des chambres
consulaires. Un amendement réservé aux seuls élus des
chambres de métiers avait été adopté par la
commission des finances de l'Assemblée nationale, avant d'être
rejeté en séance. Le rapporteur a fait état d'une
situation juridique complexe, montrant une inégalité entre les
différentes chambres consulaires et entre les différentes
catégories d'élus. Il a observé que cette
exonération se justifiait en raison de l'effort consacré par ces
élus, sur leur temps de travail, au développement de la
démocratie professionnelle.
Egalement sur proposition de son rapporteur, la commission a adopté un
amendement proposant un
article additionnel après l'article 24
,
prévoyant un arrondi à l'euro le plus proche pour les assiettes
et les cotisations de sécurité sociale, à l'instar de la
règle posée à l'article 22 pour les impôts et les
taxes.
S'agissant de
l'article 45
et de l'amendement de suppression
présenté par le rapporteur sur cet article,
M. Jean
Madelain
a souhaité rappeler, en tant que rapporteur pour avis du
budget de la formation professionnelle, que l'Association de gestion du fonds
des formations en alternance (AGEFAL) disposait de fonds importants et qu'elle
avait été ponctionnée déjà à deux
reprises. Or, il a expliqué que ces fonds étaient affectés
au financement de contrats de qualification et qu'il n'était pas
possible de supprimer le financement de contrats déjà
engagés. En conséquence, il s'est déclaré favorable
à l'amendement de suppression présenté par le rapporteur.
M. André Jourdain, rapporteur pour avis,
a précisé
que le Gouvernement était resté flou sur l'utilisation de ces
crédits, une partie restant affectée à l'alternance, une
autre permettant de financer le plan textile.
M. Jean-Pierre Fourcade, président,
a considéré que
la présence d'un tel article n'était pas convenable dans un
projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et
financier.
A l'issue de ce débat, la commission a adopté l'amendement de
M. André Jourdain, rapporteur pour avis,
tendant à
supprimer
l'article 45
.
M. André Jourdain
,
rapporteur pour avis
, a rappelé
que
l'article 55
revenait pour partie sur une disposition votée
par le Sénat à l'initiative de la commission des Affaires
sociales lors de la discussion du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1997. Il a déclaré que sur la
forme, il lui semblait préférable qu'une disposition votée
dans une loi de financement de la sécurité ne soit
modifiée ou abrogée que lors d'une autre loi de financement. Sur
le fond, il a proposé à la commission un avis favorable à
l'adoption de cet article, dans un souci de ne pas pénaliser les
entreprises dynamiques, même si la distinction opérée entre
les entreprises créées depuis plus ou moins quinze ans
était sujette à débat.
M. Jean Chérioux
a tenu à rappeler que la disposition
votée en 1996 avait pour objet de financer une provision pour des
dépenses, souvent en cours d'année, liées à
certaines thérapeutiques ou à la mise en place
d'opérations de santé publique nouvelles.
M. Jean-Pierre Fourcade, président,
s'est également
interrogé sur le bien-fondé de la distinction entre les
entreprises créées depuis plus ou moins de quinze ans. Il a
observé en outre que l'article 76 de la loi de finances pour 1998
crée un nouveau dispositif, permettant une exonération
complète de cotisations sociales pour les créateurs d'entreprises.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé de donner un
avis favorable à l'adoption de cet article.
Mesdames, Messieurs,
Lors de sa réunion du 8 avril 1998, votre commission des Affaires
sociales a décidé de se saisir pour avis du projet de loi portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier (DDOEF) et
d'examiner les différentes dispositions du projet de loi modifiant le
code du travail et le code de la sécurité sociale, ainsi que
l'article 45 portant prélèvement sur l'Association de gestion du
fonds des formations en alternance (AGEFAL).
La simplification des formalités administratives incombant aux petites
et moyennes entreprises n'est pas un souci nouveau. La gestion des
procédures administratives est souvent une lourde charge pour
l'entreprise ; la complexité de ces mêmes procédures
constitue un frein réel à l'emploi. La Commission pour la
simplification des formalités (Cosiform) en a chiffré le
coût pour les entreprises à 60 milliards.
Une mission a été confiée par le Premier ministre, le 19
août 1997, à M. Dominique Baert, député du Nord,
afin de dresser le bilan des contraintes administratives pesant sur les PME, et
d'identifier les solutions susceptibles d'alléger ces contraintes. Une
mission de plus, pourrait-on dire, tant la liste des rapports sur le sujet est
longue. Mais le rapport a tenu à prévenir cette critique, en
présentant un dispositif opérationnel.
" Cinquante-cinq
mesures concrètes pour changer l'environnement des PME
" ont
été proposées, autour de douze thèmes distincts.
Parmi ces douze thèmes, deux ont retenu particulièrement
l'attention de la commission des Affaires sociales : le thème
numéro 2
" Simplifier radicalement les formalités
sociales
" et le thème numéro 5 "
Rendre le
droit du travail plus abordable
".
Les mesures proposées par le rapport Baert ont été
étudiées par le Gouvernement. Nombre d'entre elles ont
été retenues. Des mesures complémentaires y ont
été adjointes. Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat
aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat, a
présenté 37 mesures, le 3 décembre 1997, en Conseil des
ministres.
Certaines de ces 37 mesures nécessitent des adaptations
législatives. Elles ont été présentées par
M. Dominique Strauss-Kahn et Mme Marylise Lebranchu le 25 février 1998,
dans le cadre du présent projet de loi portant diverses dispositions
d'ordre économique et financier. En effet, le titre premier de ce projet
de loi est consacré aux " dispositions relatives à la
simplification administrative ", comprenant 11 des 47 articles
originels.
Votre rapporteur souhaite formuler, à titre liminaire, deux observations
générales.
La première observation porte sur le champ exact de l'expression
" simplification administrative ". Le Gouvernement a choisi
d'inclure
dans un DDOEF des dispositions relatives à la simplification
administrative des seules relations entreprises/administrations. Il aurait
été souhaitable qu'une démarche plus ambitieuse soit
adoptée, consistant à regrouper dans un seul projet de loi toutes
les dispositions relatives à la simplification administrative, qu'il
s'agisse des relations entre les entreprises et les administrations ou d'une
manière plus large des relations entre les usagers et les
administrations. Le ministère de la fonction publique, de la
décentralisation et de la réforme de l'Etat prépare un
projet de loi se donnant notamment pour objectif
" d'améliorer
le traitement des demandes des usagers par les administrations
".
Ce
nouveau projet de loi reprendra probablement des mesures proposées dans
le projet de loi portant diverses mesures de simplification administrative,
déposé le 23 mai 1997 par le précédent
gouvernement
1(
*
)
. Le choix de
présenter un projet de loi spécifique sur la simplification
administrative aurait en outre probablement permis de se dispenser de la
procédure d'urgence qui caractérise l'examen de ce texte.
La deuxième observation porte sur l'absence de vue d'ensemble. Les
dispositions proposées dans le présent projet de loi apparaissent
à la fois modestes et peu lisibles, au regard des travaux
préparatoires que sont le rapport de M. Dominique Baert ou les
mesures présentées par Mme Marylise Lebranchu. En fait, plusieurs
dispositions réglementaires qui vont être prises sont très
importantes. L'objectif d'un bulletin de paie en trois lignes pour les
très petites entreprises, et qui simplifiera non pas le calcul mais la
présentation du bulletin, est une des mesures-phare du rapport Baert.
Cette mesure se concrétisera par un ou plusieurs décret(s). Des
dispositions seront appliquées au cours de l'année 1998, d'autres
en 1999. En clair, nous examinons quelques dispositions, qui paraissent bien
modestes par rapport aux ambitions du rapport Baert, sans avoir ni la
compréhension, ni la maîtrise du dispositif d'ensemble. Bien
évidemment, le Parlement n'examine par nature que les mesures
législatives. Mais le Gouvernement aurait pu présenter dans son
projet de loi soit un exposé des motifs plus détaillé,
soit une annexe récapitulant l'ensemble des mesures adoptées.
Le projet de loi a été examiné par l'Assemblée
nationale les 31 mars, 1
er
avril et 2 avril derniers.
L'ampleur des modifications apportées au texte a toutefois
été limitée par le recours, sur l'initiative du
Gouvernement, à une deuxième délibération. Les
DDOEF sont -par nature- des textes fourre-tout. "
Leur
irremplaçable fonction cathartique
"
2(
*
)
, selon l'expression audacieuse du
rapporteur général à l'Assemblée nationale, M.
Didier Migaud, touche ici pleinement ses limites.
En définitive, votre commission des Affaires sociales saisie pour avis
du projet de loi a procédé à l'examen des articles 1, 5,
6, 7, 8, 9 et 55 (nouveau), modifiant les codes du travail ou de la
sécurité sociale ainsi que de l'article 45 relatif au
prélèvement sur l'AGEFAL.
Les amendements qu'elle vous propose d'adopter visent à lever toutes les
ambiguïtés qui pourraient aller à l'encontre du souci de
simplification. Elle vous propose en outre l'adoption de deux articles
additionnels : l'un après l'article 11, relatif à
l'exonération de cotisations sociales pour les indemnités des
élus des chambres consulaires ; l'autre après l'article 24,
relatif à la possibilité d'arrondir à l'euro le plus
proche le montant des cotisations et des assiettes de sécurité
sociale.
Sur l'article 45, elle réitère sa position constante, à
savoir le danger de prélever des ressources sur l'AGEFAL et vous propose
un amendement de suppression.