N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
LOGEMENT SOCIAL
Par M. Jacques BIMBENET,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Jean-Pierre Fourcade,
président
; Jacques Bimbenet, Mme
Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Claude Huriet, Bernard Seillier,
Louis Souvet,
vice-présidents
; Jean Chérioux, Charles
Descours, Roland Huguet, Jacques Machet,
secrétaires
;
François Autain, Henri Belcour, Paul Blanc, Mmes Annick
Bocandé, Nicole Borvo, MM. Louis Boyer, Jean-Pierre Cantegrit, Francis
Cavalier-Benezet, Gilbert Chabroux, Philippe Darniche, Mme Dinah Derycke, M.
Jacques Dominati, Mme Joëlle Dusseau, MM. Alfred Foy, Serge Franchis,
Alain Gournac, André Jourdain, Jean-Pierre Lafond, Pierre Lagourgue,
Dominique Larifla, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jean-Louis Lorrain
,
Simon Loueckhote, Jean Madelain, Michel Manet, René Marquès,
Serge Mathieu, Georges Mazars, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Olin,
MM. Sosefo Makapé Papilio, André Pourny, Mme Gisèle
Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Martial Taugourdeau,
Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
24
)
(1997-1998).
Lois de finances.
TRAVAUX DE COMMISSION
I. AUDITION DU MINISTRE
Réunie le
mercredi 29 octobre 1997
, sous
la
présidence de M. Jean François-Poncet,
président de la commission des affaires économiques d'une part,
et de M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des
affaires sociales d'autre part, puis de M. Jean Huchon,
vice-président,
la commission des affaires économiques
conjointement avec la commission des affaires sociales a procédé
à
l'audition de M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au
logement,
sur le
projet de loi de finances pour 1998.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
s'est
félicité de la croissance de son budget (+ 6,7 %) qui
s'élève à 47,7 milliards de francs pour 1998,
rappelant qu'il fallait en outre prendre en compte la diminution du taux de TVA
sur la réhabilitation et la rénovation du logement social. Il a
indiqué que cette progression des moyens publics avait permis l'adoption
de mesures fortes et significatives qu'il jugeait équitablement
réparties.
Le ministre a fait valoir qu'en ce qui concerne les locataires,
c'étaient près de 3,5 millions de francs
supplémentaires qui seraient consacrés aux aides personnelles et
aux familles les plus en difficulté, puisque les crédits
budgétaires des aides personnelles au logement, qui intéressent
six millions de ménages, passaient de 29,7 milliards à
33,2 milliards de francs, soit + 11,5 % ; cette augmentation
intègre l'actualisation qui interviendra au 1er juillet 1998
après celle mise en oeuvre le 1er juillet 1997.
Il a fait remarquer de plus que pour assurer le droit au logement des
ménages en difficulté et aider les associations qui
hébergent à titre temporaire des personnes
défavorisées, 450 millions de francs avaient
été inscrits au budget du logement alors qu'ils
résultaient auparavant de la taxe sur les surloyers. Ainsi, le fonds de
solidarité pour le logement est doté de 340 millions de
francs et l'aide temporaire bénéficie d'un crédit de
110 millions de francs.
Il s'est félicité de ce que la ressource en faveur des aides
personnelles au logement ait été à la fois
sécurisée par une inscription sur le budget de l'Etat des
crédits en faveur des plus défavorisés et très
fortement augmentée.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a, ensuite,
indiqué que les entreprises du bâtiment allaient également
bénéficier de mesures nouvelles en 1998 puisque l'abaissement du
coût de la TVA de 20,6 % à 5,5 % représente pour
les opérations nouvelles 1,4 milliard de francs en année
pleine à partir de 1999 et déjà 800 millions de
francs en 1998 compte tenu du décalage dans le remboursement de la TVA.
La contrepartie demandée aux organismes HLM sera négociée
en termes d'activité et d'emplois.
A propos de la construction sociale,
M. Louis Besson, secrétaire
d'Etat au logement,
a regretté que depuis plusieurs années,
le nombre annoncé de prêts locatifs aidés (PLA) soit
très supérieur à la réalité
budgétaire. Ainsi, pour 1997, 50.000 PLA et 30.000 PLA
très sociaux (PLA-TS) étaient prévus, alors qu'en
réalité, à peine 15.000 PLA-TS ont été
mis en oeuvre.
Il a fait valoir que, pour 1998, parallèlement à la
réduction du taux de TVA sur la réhabilitation sociale, les
autorisations de programme de la ligne fongible PLA-PALULOS passaient de 2,6
à 2,9 milliards de francs, ce qui allait notamment permettre de
diversifier la gamme des PLA-TS pour les rendre accessibles aux familles les
plus modestes. Ainsi, 10.000 PLA-TS feront l'objet d'une majoration et
seront destinés aux familles qui cumulent divers handicaps sociaux les
excluant de l'accès aux logements HLM. Sur cette opération
évaluée à 1 milliard de francs environ, il s'agit, a
souligné le ministre, de mobiliser les acteurs locaux :
collectivités locales, associations et organismes HLM.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a
ajouté qu'un contingent de 10.000 PLA-TS serait consacré
à des projets de reconstruction-démolition, en soulignant que le
coût de ces opérations devait être suffisamment pris en
charge par les pouvoirs publics, afin que les loyers fixés dans les
logements reconstruits ne soient pas augmentés. Il a indiqué que
plusieurs conseils généraux s'étaient montrés
intéressés par ce financement, qui permet la requalification du
patrimoine bâti collectif, notamment dans les zones urbaines les plus
difficiles, et il s'est déclaré très favorable à
des solutions de cofinancement.
Il a présenté alors la répartition des 80.000 PLA
programmés pour 1998 entre 45.000 PLA neufs, 5.000 PLA
acquisition-amélioration, avec une subvention de 5 %,
20.000 PLA-TS avec une subvention de 8 % sur le neuf et 12 %
pour l'acquisition-amélioration et 10.000 PLA-TS
bénéficiant d'un taux majoré de subvention de 20 %
pour les familles rencontrant de graves difficultés d'insertion.
Le ministre a considéré que son budget soutenait également
le parc immobilier privé, puisque les crédits de l'agence
nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) étaient
portés à 2,2 milliards de francs, soit une hausse
de 200 millions de francs et que ceux de la prime à
l'amélioration de l'habitat (PAH) passaient de 600 à
800 millions de francs.
Il a également souligné que les particuliers désirant
effectuer des travaux dans leur résidence principale
bénéficieraient d'un crédit d'impôt au titre des
dépenses d'entretien et de revêtement de surface égal
à 15 % des dépenses dans la limite d'un plafond de
8.000 francs pour un couple marié, soit un coût fiscal de
l'ordre de 1 milliard de francs. Cet avantage constitue, a
précisé le ministre, une solution alternative à une
réduction du taux de TVA rendue impossible par la réglementation
européenne. Cette mesure devrait également
bénéficier aux personnes non assujetties à l'impôt
sur le revenu des personnes physiques, sous forme d'un remboursement
plafonné sur facture acquittée.
Le ministre a jugé que les ressources nouvelles mobilisées pour
le budget du logement en 1998 allaient très au-delà du coup
d'arrêt indispensable à la dégradation financière et
budgétaire du logement social et permettaient d'agir sur l'ensemble du
champ, tant sur les aides à la pierre que sur les aides à la
personne et de renforcer la justice sociale tout en soutenant l'activité
de construction.
Il s'est ensuite dit préoccupé par la fragilité de
l'actuel système de financement du prêt à taux zéro,
qui repose sur une convention, d'une durée de deux ans seulement, avec
les collecteurs de la participation des employeurs à l'effort de
construction. Cette convention, a-t-il fait valoir, expire fin 1998, alors
même que les crédits de paiement s'élèveront encore
à 3,5 milliards de francs en 1999 dans l'hypothèse
-hautement improbable- où le prêt à taux zéro serait
supprimé au 1er janvier 1999. Il a indiqué que les
modalités du resserrement du dispositif autour des seuls
primo-accédants souhaité par le ministère des finances
avait été précisé sur demande de son
ministère, afin que ne soient pas exclus les demandeurs d'un prêt
ayant revendu un bien depuis plus de deux ans ou justifiant d'une obligation de
mobilité professionnelle.
Puis,
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a
constaté que le mécanisme de l'amortissement
accéléré était maintenu en 1998 et qu'il ne
coûterait que 200 millions de francs cette année là,
en raison de l'écart de deux ou trois ans existant entre l'achat d'un
logement locatif neuf et la première année de loyer, puisque les
programmes se vendaient en état futur d'achèvement. Bien que
l'avantage fiscal expire à l'issue de l'année 1998, son
coût s'étalera jusqu'au début des années 2000.
Une concertation s'engage actuellement avec les professionnels et les
associations de locataires afin de mettre en place un système durable,
et d'élaborer un statut du bailleur privé. Les aides publiques
aux bailleurs seraient consenties en contrepartie d'engagements de
modération sur les loyers, 4 à 5 millions de logements
étant potentiellement concernés. L'appui de l'Etat serait acquis
aux bailleurs acceptant un conventionnement et les aides seraient
composées, soit d'un soutien à l'investissement, soit d'un
mécanisme garantissant les loyers conventionnés. Le ministre a
rappelé qu'il existait un précédent : la loi du
6 juillet 1989, qui avait créé un dispositif
équilibré, durable pour l'investisseur et le locataire. Ce texte,
a-t-il souligné, n'a pas été remis en cause depuis huit
ans, et a même donné lieu à un accord entre les
associations de bailleurs et de locataires, qui ne s'étaient jamais
entendues jusqu'alors.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a
indiqué que, du fait du transfert aux communes des compétences en
matière d'urbanisme, le budget de l'urbanisme inscrit en loi de finances
était d'environ 251 millions de francs, l'Etat ne conservant sa
mission qu'en ce qui concernait les agences d'urbanisme, les
établissements publics d'aménagement, et le financement des
" porter à connaissance " lors de l'élaboration des
plans d'occupation des sols.
Le ministre a observé que le mouvement continu d'urbanisation
s'accompagnait d'un processus de dévalorisation urbaine que les communes
ne pouvaient pas juguler à elles seules. Il a estimé que seul
l'Etat était susceptible de leur apporter une aide en la matière,
mais observé que la loi de finances présentée au Parlement
ne traitait pas de cette question depuis plusieurs années.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des affaires
sociales
, a déclaré en réponse au propos liminaire de
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement, qu'il était
très intéressé par le programme de démolition et de
reconstruction de logements sociaux très abîmés. Il a
souhaité par ailleurs interroger le ministre sur la relance des
logements bénéficiant du prêt locatif intermédiaire
(PLI) en faisant observer que nombre de ménages qui souhaitaient quitter
le parc HLM, sans avoir les moyens de se loger dans le secteur libre, ne
trouvaient pas de solution intermédiaire.
En réponse à M. Jean-Pierre Fourcade, président de la
commission des Affaires sociales,
M. Louis Besson
a
déclaré que les PLI ne donnaient pas entière satisfaction
; il a fait observer que certains prêts locatifs aidés (PLA)
tenaient le rôle de logements intermédiaires en contradiction avec
leur vocation première.
Le ministre a souhaité que les logements privés
conventionnés, dont le nouveau statut serait défini
prochainement, jouent le rôle de logements intermédiaires entre
les PLA et le secteur libre.
A
Mme Josette Durrieu
,
rapporteur pour avis de la commission des
affaires économiques pour les crédits de l'urbanisme
, qui
l'interrogeait sur les restructurations qui affectaient la direction de
l'aménagement, du foncier et de l'urbanisme (DAFU),
M. Louis
Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a répondu qu'à
la suite des réformes intervenues en 1996 et 1997, la DAFU avait perdu
une large partie de ses compétences tant au profit du ministère
de la culture qu'au bénéfice du ministère de
l'environnement, et que sa principale activité était aujourd'hui
de gérer les contentieux de l'Etat. Il a précisé
qu'à la suite d'un rapport du délégué à la
modernisation Gilbert Santel, il était prévu de fusionner, le
1er janvier 1998, la direction de l'habitat et de la construction
(DHC) et la DAFU. Il a indiqué qu'un large dialogue social avec les
personnels avait permis d'obtenir un consensus sur cette réforme, qui
était de nature à faire une place aux préoccupations
relatives à l'habitat dans la politique de l'urbanisme.
Mme Josette Durrieu
a ensuite interrogé le ministre sur
l'état d'avancement des six directives territoriales
d'aménagement (DTA) actuellement en préparation et lui a
demandé si, dans le cadre de leur élaboration, l'administration
envisageait de modifier la législation applicable à la
création d'unités touristiques nouvelles (UTN) en zone de
montagne, compte tenu du grand nombre de contentieux auxquels cette
législation donnait lieu.
Le ministre lui a répondu que les six DTA en cours
d'élaboration avaient un cadre géographique suffisant pour
légitimer une action de l'Etat, qui permettrait de faire
prévaloir l'intérêt national, et que l'on tiendrait compte
des problèmes posés à l'occasion de l'élaboration
de ces documents pour la rédaction de DTA applicables à d'autres
régions du pays.
En ce qui concerne les difficultés d'application de la
législation relative aux UTN, le ministre a indiqué qu'il
était prêt à étudier les adaptations
nécessaires pour éviter les contentieux, et il a rappelé
qu'à la suite d'un arrêt de la cour administrative d'appel de
Bordeaux sur une affaire relative à une UTN, l'Etat s'était
pourvu en cassation. Il a estimé que l'arrêt du Conseil d'Etat
permettrait de faire le point sur ce qu'il conviendrait de modifier dans les
textes afin d'éviter, à l'avenir, les contentieux.
Mme Josette Durrieu
a ensuite regretté que bon nombre de
conseils d'architecture d'urbanisme et de l'environnement (CAUE) connaissent
des difficultés financières du fait de l'insuffisance des
ressources tirées de la taxe départementale dont le produit leur
est destiné. Elle s'est interrogée sur l'opportunité
d'accroître l'assiette de cette taxe ou de créer un système
de péréquation entre départements. Elle a souhaité
une extension des compétences des CAUE aux questions relatives à
la protection de l'environnement et du paysage.
Le ministre a indiqué que le produit de la taxe additionnelle à
la taxe locale d'équipement dont bénéficiaient les CAUE
s'était élevé à près de 220 millions de
francs en 1994, que son montant était de 228 millions de francs en
1995 et que ce produit connaîtrait probablement une légère
hausse. Il a estimé qu'il était difficile d'étendre
l'assiette de la taxe sans accroître le coût de la construction, et
il a estimé qu'un tel accroissement n'était actuellement pas
souhaitable. Il a jugé qu'une péréquation de la taxe
était difficilement envisageable, compte tenu de la faiblesse des sommes
en cause, ce d'autant plus que la taxe n'avait pas été
instituée par tous les départements.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis de la commission des affaires
sociales,
a posé trois séries de questions à M. Louis
Besson, secrétaire d'Etat au logement.
Dans un premier temps, après avoir fait observer que la baisse du taux
de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) applicable aux travaux
effectués dans les logements sociaux devrait relancer la
réhabilitation,
M. Jacques Bimbenet
s'est interrogé sur le
champ d'application de la disposition et sur la nature des travaux
concernés. Il a souhaité savoir si la disposition recouvrait,
comme le demandaient les organismes d'habitation à loyer
modéré (HLM), l'ensemble des travaux qui relevaient des charges
payées par le propriétaire. Après avoir constaté
qu'une partie importante du parc privé occupé par des
ménages modestes nécessitait également des travaux de
rénovation, il a demandé si une évaluation du coût
net d'une extension du dispositif à tout ou partie du parc privé
avait été réalisée.
Dans un deuxième temps,
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis de
la commission des affaires sociales,
a fait observer que l'enquête
réalisée au premier semestre 1997 par les organismes HLM et les
services du secrétariat d'Etat au logement sur l'occupation des HLM
montrait que les revenus des locataires étaient en baisse. Il a
souhaité, à ce propos, connaître les actions que le
ministre pourrait mener pour favoriser une meilleure " mixité
sociale " qui permettrait que ces logements ne deviennent pas des
lieux
d'exclusion. Il s'est interrogé dans cet esprit sur la
possibilité d'une action en faveur des jeunes ménages actifs,
ceux-ci étant actuellement sous-représentés.
Dans un troisième temps, concernant les dispositions relatives au
supplément de loyers de solidarité,
M. Jacques Bimbenet,
rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales,
a
considéré que la distinction opérée dans les
plafonds de ressources entre actifs et inactifs était une source
d'inégalité qui frappait particulièrement les demandeurs
d'emploi et les retraités. Il s'est interrogé sur la
possibilité d'une redéfinition de la catégorie de
" conjoint actif " de manière à inclure notamment les
demandeurs d'emploi indemnisés.
En réponse aux questions de M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis de
la commission des affaires sociales,
M. Louis Besson, secrétaire
d'Etat au logement,
a déclaré que l'enveloppe affectée
à la baisse du taux de TVA était évaluée à
près de 1 milliard de francs et qu'elle devait être
comparée au 1,4 milliard de francs affectés aux primes
à l'amélioration des logements à usage locatif et à
occupation sociale (PALULOS). Il a considéré que
l'interprétation large avait prévalu comme le souhaitaient les
organismes HLM. Concernant l'extension de la disposition au parc privé,
le ministre a rappelé qu'une directive européenne limitait
l'application du taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée
(TVA). Il a toutefois considéré que dans le cadre du nouveau
statut de bailleur privé, le Gouvernement aurait à s'interroger
sur une extension de ce dispositif au nouveau secteur conventionné.
Le ministre a confirmé la baisse des revenus des locataires
évoquée par M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis de la
commission des affaires sociales, et le problème de " mixité
sociale " qui pourrait en découler. Il a insisté sur
l'importance des mesures favorisant la solvabilité des locataires
à travers, notamment, la revalorisation des aides. Il a
déclaré que la moitié des ménages occupant un
logement HLM ne disposait pas de revenus supérieurs à un salaire
minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) et que 80 % ne disposaient
pas d'un revenu supérieur à deux SMIC, ce qui constituait, selon
lui, le signe d'une progression de la précarité dans notre
société.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a
déclaré partager le sentiment de M. Jacques Bimbenet, rapporteur
pour avis de la commission des affaires sociales, qu'une action en faveur des
jeunes ménages était nécessaire. Il a fait part de
discussions en cours avec l'Union nationale des Fédérations
d'organismes HLM pour trouver des mesures correctrices qui pourraient prendre
la forme d'un relèvement des plafonds.
Concernant le supplément de loyer de solidarité, le ministre a
reconnu qu'il existait un problème qui devait être résolu.
Il a annoncé que le rapport d'application prévu par la loi du 4
mars 1996 serait remis au Parlement avant la fin de l'année et que les
comités départementaux de l'habitat seraient invités
à délibérer du problème.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a
considéré que des mesures correctrices pourraient être
décidées à la suite de ces consultations.
Concernant les comités départementaux de l'habitat,
M.
Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des affaires
sociales,
a tenu à faire remarquer qu'il pourrait être
également intéressant de prendre l'avis des conférences
locales du logement.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a
acquiescé en faisant observer que le niveau de l'agglomération
pourrait être pertinent en province.
M. William Chervy, rapporteur pour avis de la commission des affaires
économiques pour les crédits du logement,
a demandé au
ministre quel serait le montant de la revalorisation de l'APL annoncée
pour le 1er juillet 1998. En ce qui concerne le prêt à
taux zéro, il a souligné les risques de segmentation du
marché immobilier si les conditions d'accès étaient revues
de façon trop restrictive et a fait valoir l'importance d'un dispositif
de sécurisation afin d'éviter l'apparition de nouveaux cas de
surendettement liés à l'accession sociale.
Il a demandé au ministre de faire le point sur le mécanisme du
surloyer en l'interrogeant sur l'utilisation des fonds et sur l'avenir de la
taxe sur le surloyer.
Enfin, il a souligné les difficultés rencontrées en
province, pour se loger en HLM, par de nombreux fonctionnaires dont les
ressources dépassent les plafonds fixés.
Lui répondant,
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a confirmé le principe d'une revalorisation de l'APL au
1er juillet 1998, selon les paramètres prévus par les
textes en vigueur et qui ne seront connus qu'à cette date.
Il a déclaré partager l'avis du rapporteur sur les risques
induits par les restrictions apportées au dispositif du prêt
à taux zéro et a appelé de ses voeux la mise en place d'un
mécanisme pérenne dès que les difficultés de
financement seraient résolues.
S'agissant de la mise en oeuvre d'un dispositif de sécurisation en
matière d'accession sociale, il a rappelé ce qui avait
été fait dans ce domaine, notamment par les
sociétés de crédits immobilier. Soulignant qu'à la
différence de ce qui existait pour les PAP, il n'était pas
possible de racheter un " logement prêt à taux
zéro " à l'aide de crédits PLA, il s'est
déclaré ouvert à une réflexion sur ce thème.
En ce qui concerne l'utilisation des fonds perçus au titre du surloyer,
le ministre a indiqué qu'en dehors du produit de la taxe
évaluée à 270 millions de francs ce qui est
inférieur de 50 % aux prévisions, les 530 millions
restant étaient librement utilisés par les offices d'HLM. Il a
évoqué, à ce sujet, une piste de réflexion sur la
mise en place d'un système de péréquation type DSU-HLM
auquel contribueraient les organismes dont le patrimoine est situé hors
des zones urbaines sensibles.
A propos des difficultés de logement des fonctionnaires, il a
observé que les PLA ne pouvaient pas financer la construction de
logements de fonction.
M. Marcel-Pierre Cleach
est intervenu pour rappeler tout
l'intérêt du dispositif du 1 % logement pour boucler des
programmes de construction ou aider les salariés à se porter
acquéreurs. Il a jugé que si, malgré les engagements du
Gouvernement pris au moment de l'adoption de la loi sur l'Union
d'économie sociale du logement, le prélèvement
exceptionnel de la collecte était pérennisé, les
conséquences au plan local ne manqueraient pas d'être importantes.
Il a souligné également en ce qui concerne le secteur
privé immobilier, la nécessité, pour la puissance
publique, de définir des règles du jeu claires et durables, afin
de redonner confiance aux investisseurs potentiels. Il a demandé au
ministre par quel type de conventions, il entendait restaurer ce climat de
confiance.
M. Alain Vasselle
s'est interrogé sur les garanties que pouvait
apporter le Gouvernement au Parlement et aux professionnels du bâtiment
quant au caractère pérenne des mesures adoptées en faveur
de la réhabilitation. Il a fait observer que trop souvent les
dispositions étaient modifiées en cours de route au
détriment des professionnels.
Par ailleurs,
M. Alain Vasselle
a souhaité savoir si
l'implantation de logements sociaux en milieu rural demeurait une
priorité. Il s'est interrogé également sur le projet de
taxation de logements vides auquel il a déclaré ne pas
adhérer.
Il a par ailleurs souhaité obtenir des assurances de la part du
secrétaire d'Etat pour que les crédits de l'agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat (ANAH) ne servent pas à financer des
dépenses sans relation avec sa vocation.
M. Alain Vasselle
a enfin souhaité savoir si la politique de bail
à réhabilitation serait poursuivie.
M. Jean François-Poncet, président,
est intervenu pour
souligner toute la complexité du problème de la vacance dans
l'immobilier et pour déclarer que l'instauration d'une taxe
d'inhabitation pourrait présenter un intérêt surtout en
milieu rural.
M. André Vézinhet
a déclaré être
très satisfait par les propos tenus par M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement, il a souhaité néanmoins que
soient revus les mécanismes de financement du fonds de solidarité
logement et, en particulier, la participation du parc privé. Il a fait
observer que les problèmes dans les copropriétés
étaient souvent proportionnels à la qualité de leur
gestion. Il s'est déclaré d'accord avec les observations du
rapporteur sur le nécessaire relèvement des plafonds de
ressources pour certains locataires afin d'assurer une bonne mixité
sociale.
M. André Vézinhet
s'est également interrogé
sur la possibilité de fiscaliser le prélèvement dit du
1 % logement pour assurer sa pérennité. Il a insisté
sur la nécessité d'un effort de réhabilitation des
" coeurs " de ville et de village. Il a enfin considéré
qu'il était nécessaire de promouvoir une politique d'urbanisme au
niveau de l'agglomération à travers les dispositions que
prévoyait la loi d'orientation sur la ville (LOV) qui permettait
d'obliger des communes à accueillir des logements sociaux.
Mme Odette Terrade
s'est félicitée des orientations
retenues dans le projet de loi de finances pour 1998, mais s'est
inquiétée des effets de la diminution des subventions PALULOS sur
la trésorerie des organismes HLM.
M. Guy Fischer
a déclaré que l'abandon du financement du
FSL par le mécanisme du supplément de loyer de solidarité
était une bonne chose avant de s'interroger du devenir des fonds ainsi
perçus.
Il s'est également interrogé sur les zones de
réhabilitation urbaine et sur le devenir de la copropriété
sociale.
Répondant à ces intervenants,
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement,
a redit sa volonté de voir
défini par la loi un statut du bailleur privé et un secteur
privé conventionné ce qui conforterait des mesures prises en
faveur de bailleurs privés jusque là éparses et
dépourvues de logique d'ensemble.
Le ministre a confirmé la politique d'implantation de logements sociaux
en milieu rural. Il a rappelé que l'implication des conseils
généraux constituait une garantie de développement de ces
programmes. Par ailleurs, le ministre a considéré que toute
disposition d'urbanisme, qui permettrait que les villes et les campagnes soient
habitées, était souhaitable.
Il a fait observer qu'il y avait un débat sur la taxation des logements
vacants en faisant remarquer que les origines de la vacance étaient
multiples.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a
cité les propriétés en indivision et le fait que certains
bailleurs étaient impécunieux, mal informés ou encore
inquiets quant au paiement des loyers. Il a considéré qu'un
effort d'information associé au nouveau statut de bailleur pourraient
améliorer la situation permettant de réserver la remise en cause
de l'exonération de la taxe d'habitation pour cause de vacance aux cas
irréductibles.
Il a reconnu, avec
M. Roger Rinchet
, que les financements publics
étaient parfois insuffisants pour équilibrer des
opérations lourdes de restauration de bâtiments anciens
situés en centre-ville, alors même que les propriétaires
privés étaient prêts à céder leur bien
à un office HLM volontaire pour effectuer les travaux.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement,
a
considéré que l'engagement des partenaires sociaux dans le
financement du logement devait être préservé. Il a
considéré qu'il représentait un gage de
pérennité au contraire de la fiscalisation qui n'écartait
pas le risque d'une réduction des crédits.
Le ministre a déclaré que les crédits de l'ANAH seraient
préservés et que le bail à réhabilitation serait
poursuivi, notamment à l'occasion de l'examen de la nouvelle loi contre
l'exclusion qui devrait, sur ce point, modifier certaines dispositions de la
loi du 31 mai 1990.
Le ministre a souligné l'action du FSL qui a permis d'aider 450.000
familles et d'éviter des milliers d'expulsions. Il a
déclaré que le nombre des contributeurs serait augmenté et
que des discussions étaient en cours avec les Associations pour l'emploi
dans l'industrie et le commerce (ASSEDIC) et la Caisse nationale d'allocations
familiales (CNAF) pour qu'ils puissent augmenter les moyens du FSL.
Il a considéré qu'un bilan des plans de sauvegarde des
copropriétés dégradées serait réalisé
et que des mesures seraient prises en coordination avec le garde des sceaux,
notamment à travers l'examen de la loi de 1965. Il a souhaité que
des opérateurs nouveaux, comme les acteurs HLM coopératifs,
puissent être associés à la gestion des
copropriétés. Le ministre a évoqué l'idée
d'un système de redressement qui s'inspirerait de celui en vigueur pour
les entreprises en difficulté.
En réponse à une question de
M. Guy Fischer
, le ministre a
déclaré que ses services examineraient avec attention le
problème particulier que ce dernier a évoqué concernant
les copropriétés des Minguettes. Il a considéré que
la politique en faveur des " coeurs " de ville et de
village devait
être poursuivie et qu'un certain consensus tendait à se
dégager pour l'application des dispositions de la loi d'orientation sur
la ville de manière à assurer la diversité de peuplement
des milieux urbains.
En ce qui concerne les subventions PALULOS, le ministre s'est
déclaré partisan d'une réflexion approfondie afin d'aller
au-delà de l'amélioration du niveau moyen de la subvention
résultant de la diminution de la TVA et de parvenir à une
politique plus ciblée pour concentrer les aides à la pierre sur
des opérations lourdes qui permettent de faire effectivement baisser les
charges locatives.
S'agissant de l'affectation de la taxe sur le surloyer, le ministre a
confirmé la suppression du compte d'affectation spéciale
correspondant et a souligné que son éventuelle remise en cause ne
porterait pas atteinte au bon fonctionnement du fonds de solidarité
logement (FSL). Il a déclaré attendre le bilan de l'application
de cette taxe pour décider, en toute connaissance de cause, des
modifications à apporter au dispositif, qui pourraient permettre
l'instauration d'actions de solidarité entre les organismes HLM.
M. Jean-Marc Pastor
ayant dit son souhait de voir inscrit à
l'ordre du jour du Sénat la deuxième lecture de la proposition de
loi tendant à organiser la lutte contre les termites, le ministre s'est
dit favorable à une telle inscription.
II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le
mardi 4 novembre 1997
, sous la
présidence de
M. Jean-Pierre Fourcade
, la commission a
procédé à
l'
examen du rapport pour avis de
M. Jacques Bimbenet
sur le projet de loi de finances pour 1998
(logement social).
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a déclaré
qu'à périmètre identique, le montant des crédits
budgétaires en faveur du logement devait s'élever à 47,7
milliards de francs lorsque l'on considérait les crédits
affectés au budget général et aux comptes d'affectation
spéciale, soit une hausse de 6,4 % par rapport à la loi de
finances initiale de 1997. Il a également noté que le seul
montant inscrit en budget général (dépenses ordinaires +
crédits de paiement) était en baisse de près de 1,3 %
à 39,833 milliards de francs.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a rappelé que le
ministre avait défini quatre priorités à son action qui
privilégiaient des objectifs complémentaires : une augmentation
des aides à la personne en réponse à la baisse des revenus
des locataires, une baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour
les travaux dans les logements sociaux, la poursuite de l'effort de
construction et une relance de l'activité dans le bâtiment.
Le rapporteur pour avis a estimé que la philosophie
générale de ce budget était donc largement inspirée
par un souci d'améliorer la solvabilité des ménages les
plus défavorisés et d'améliorer l'offre de logements
sociaux collectifs en quantité comme en qualité, à travers
l'effort de réhabilitation et de construction. Il a toutefois
regretté que la poursuite de la politique d'accession à la
propriété semblait marquer le pas alors qu'elle répondait
à un souhait des Français et qu'elle constituait un
élément indispensable pour permettre une " meilleure
fluidité de la chaîne du logement " ; par ailleurs, il a
estimé que les intentions du Gouvernement en matière de logement
des personnes les plus en difficulté restaient encore à
préciser.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
est alors revenu sur les
quatre priorités du Gouvernement.
Il a rappelé que la première action consistait en une
actualisation et une revalorisation des aides au logement : l'aide
personnalisée au logement (APL), l'allocation de logement social (ALS)
et l'allocation de logement familial (ALF) étant augmentées dans
leurs montants pour un coût total qui s'élevait à 2,925
milliards de francs.
Le rapporteur pour avis a souligné que le budget pour 1998 des aides
personnelles au logement s'élevait ainsi à 32,65 milliards
de francs, en augmentation de 9,8 % par rapport à la loi de
finances initiale pour 1997.
Il a toutefois observé une double tendance qui se caractérisait
par une augmentation du nombre de bénéficiaires de ces aides et
une baisse des revenus de ces bénéficiaires. Il a souhaité
replacer la hausse des crédits décidée par le ministre
dans le cadre du contexte économique marqué par une moindre
solvabilité des ménages du fait notamment de la progression du
chômage.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a tenu à faire
observer que le budget du secrétariat d'Etat au logement jouait un
rôle indispensable d'amortisseur de la dégradation de la situation
sociale, qui ne pouvait être ignoré.
Le rapporteur pour avis a déclaré que la deuxième action
concernait la réduction du taux de la TVA de 20,6 % à
5,5 % pour les travaux de réhabilitation, de transformation et de
rénovation des logements sociaux. Il a rappelé que le
secrétariat d'Etat avait estimé que cette mesure
équivalait à une réduction de 12 % du coût des
travaux. Le rapporteur pour avis a considéré que cette
disposition devrait avoir un impact sur l'effort de réhabilitation. Il a
noté que cette mesure était applicable aux opérations de
réhabilitation qui bénéficiaient actuellement d'une
subvention sous la forme d'une prime à l'amélioration des
logements à usage locatif et à occupation sociale (PALULOS), aux
opérations de production de logements locatifs dans l'ancien
(acquisition-amélioration) et aux rénovations financées
sur fonds propres. Il a fait observé que cette disposition s'inspirait
de celle prévue dans la loi de finances pour 1997 qui avait
réduit de 20,6 % à 5,5 % le taux de TVA sur les travaux
neufs en supprimant les subventions budgétaires
précédentes affectées à ces travaux.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a déclaré
qu'à la suite de la mesure de l'année dernière, cette
baisse uniformisait pour les bailleurs sociaux le régime de la TVA sur
les travaux et consacrait, avec un taux de 5,5 %, l'ensemble du champ du
logement social comme un bien de première nécessité. Pour
tempérer cette appréciation favorable, il a souligné
qu'une baisse brutale du taux de TVA dans un contexte marqué par une
reprise économique pourrait donner lieu à une hausse des prix des
prestations tout autant qu'à une augmentation du volume des travaux. Par
ailleurs, il a estimé que cette disposition pourrait accentuer le
clivage entre les logements sociaux et les logements intermédiaires qui
ne bénéficiaient pas du même dispositif.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a déclaré que
la troisième décision du Gouvernement consistait en une
augmentation des subventions au logement social pour un montant de
233 millions de francs en autorisations de programme. Il a
considéré que les objectifs étaient identiques à
ceux fixés l'année dernière, soit un total de
80.000 logements financés par les prêts locatifs aidés
(PLA) comprenant 50.000 PLA ordinaires et 30.000 PLA-très
sociaux (PLA-TS). Il a rappelé que les PLA-TS étaient des
logements très sociaux, dont les loyers étaient plafonnés
à 80 % de celui des PLA ordinaires, et qui étaient
réservés à des ménages ayant des revenus
inférieurs à 60 % des plafonds de ressources. Le rapporteur
pour avis a considéré que ce surcroît de moyens
correspondait à une réévaluation budgétaire des
coûts unitaires de subvention des PLA-TS. Il a souligné que le
ministre avait décidé un programme spécifique de
10.000 PLA-TS parmi les 30.000 qui devraient bénéficier
d'une subvention majorée dont le taux serait porté à
20 % afin de répondre aux besoins des ménages qui ne
rencontraient pas seulement un problème de ressources, mais
également des difficultés d'insertion. Par ailleurs, le
rapporteur pour avis a fait part d'un programme de 5.000 PLA
" reconstruction-démolition ". Il devrait s'agir, selon lui,
de PLA bénéficiant de la TVA à taux réduit (PLA
" fiscaux ") et subventionnés à hauteur de 50.000
francs afin de démolir les logements sociaux vétustes. Il a
précisé que les collectivités locales devraient être
associées à ce programme.
Puis,
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a indiqué que la
quatrième action décidée par le Gouvernement
intéressait la réhabilitation. Il a considéré que
l'objectif était ambitieux puisque le financement de
120.000 réhabilitations de logements sociaux avait
été annoncé. Il a souligné que cet effort de
réhabilitation bénéficierait des taux réduits de la
TVA et d'une subvention maintenue au taux de 10 %. Il a noté par
ailleurs qu'un effort sensible était prévu pour la
réhabilitation des logements privés, les crédits de
l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) qui
bénéficiaient aux propriétaires bailleurs privés
étant augmentés de 200 millions de francs pour être
portés à 2.200 millions de francs ; de même, il a
déclaré que les crédits destinés à la prime
à l'amélioration de l'habitat (PAH), qui
bénéficiaient aux propriétaires occupants à
ressources modestes, augmentaient pour atteindre 800 millions de francs.
Le rapporteur pour avis a observé qu'un crédit d'impôt de
15 % (à concurrence de 8.000 francs pour un couple) ou un
remboursement des sommes correspondant pour les personnes non imposables
était institué pour trois ans, pour les particuliers (locataires
et propriétaires occupants) effectuant certains travaux à
l'intérieur du logement (entretien et revêtements).
Comme pour l'action précédente en faveur de la construction de
logements sociaux, il a considéré que les objectifs
étaient assez proches de ceux de l'année dernière mais que
leur faisabilité budgétaire avait été
améliorée.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a constaté que des
limitations significatives avaient été apportées au
dispositif du prêt à taux zéro. Il a rappelé que ce
dispositif avait été institué en octobre 1995 en
remplacement des prêts aidés à l'accession à la
propriété (PAP) et des mesures fiscales qui y étaient
attachées et qu'il permettait de financer des opérations de
construction ou d'acquisition d'un logement neuf ou
d'acquisition-amélioration d'un logement existant de la part de
personnes de condition modeste. Il a déclaré que ce dispositif
était très important pour permettre l'accession à la
propriété de personnes de condition modeste même si des
risques liés au surendettement ne pouvaient être
écartés.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a estimé que le
Gouvernement n'avait pas supprimé le dispositif, mais que l'on sentait
bien qu'il n'était plus une priorité, de même que
l'ensemble des formes de logements intermédiaires. Il a noté que
les autorisations de programme baissaient de 700 millions de francs
(- 6 %) par rapport à 1997 pour un volume attendu de
110.000 prêts, soit une baisse de 10.000 unités. Il a
déclaré que cette baisse était la conséquence de la
restriction apportée au champ des bénéficiaires des
prêts à taux zéro à travers la limitation aux
primo-accédants, alors que par ailleurs, la durée des prêts
devrait être réduite de même que la marge des
prêteurs. Le rapporteur pour avis a considéré que le
Gouvernement avait choisi de restreindre l'accès au dispositif pour
limiter son impact budgétaire, les mesures d'économies
étant estimées à 1,2 milliard de francs. Il a
insisté sur les effets indésirables de cette décision.
Bien que la non-éligibilité des demandeurs d'un prêt ayant
revendu un bien ait été écartée dans les cas
où la vente remonte à plus de deux ans ou dans le cas
d'obligation de mobilité professionnelle, il lui est apparu que ces
restrictions constituaient une nouvelle contrainte imposée aux jeunes
ménages qui ne pouvaient accéder dans de bonnes conditions ni aux
logements des organismes d'habitations à loyers modérés
(HLM) ni aux logements du secteur libre dans les centres-villes. De plus, il a
déclaré que des progrès en termes de sécurisation,
attendus depuis plusieurs mois, ne se concrétisaient pas dans ce projet
de budget. Le rapporteur pour avis a estimé qu'il existait sur cette
mesure un risque que le Gouvernement aille à rebours des souhaits de la
majorité des Français qui souhaitait privilégier des
logements individuels à des logements collectifs.
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a regretté que cette
disposition restrictive s'accompagne d'une absence d'action en faveur du
secteur intermédiaire. Il a observé par ailleurs que la baisse du
taux de TVA pour la réhabilitation ne s'appliquerait pas au secteur
intermédiaire, alors que certains de ces immeubles auraient besoin
également de nombreux travaux, cette différence de traitement
risquant d'accentuer les divergences entre les logements ex-HLM et les
logements intermédiaires qui pouvaient accueillir des publics
semblables, notamment les jeunes ménages qui cherchaient à se
loger en centre-ville.
Concernant le logement des personnes les plus défavorisées,
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis,
a considéré
que des progrès avaient été réalisés en
termes de moyens mais qu'il manquait encore, à son sens, un plan
d'action global tel qu'il avait été entrepris par le
précédent Gouvernement lors de la préparation de la loi de
cohésion sociale. Il a déclaré que le Gouvernement
travaillait un texte analogue et que la commission attendait ses propositions
avec impatience. Il a souligné que des éléments avaient
été rassemblés dans le quatrième rapport du Haut
Comité pour le logement des personnes défavorisées paru en
juillet 1997.
En conclusion,
M. Jacques Bimbenet, rapporteur pour avis
, a
déclaré qu'il croyait avoir démontré que ce budget
présentait quelques points forts, indéniables, qui devaient
être nuancés lorsque l'on prenait en compte la restructuration des
comptes qui réduisait la réalité de l'effort
budgétaire consenti. Il lui a semblé que ce projet de budget
était favorable au logement social. Il a remarqué par ailleurs
qu'aucune des grandes réformes mises en oeuvre par le
prédécesseur de M. Louis Besson, M. Pierre-André
Périssol, n'avait été remise en cause ; il a
cité l'application du taux réduit de TVA au logement neuf et la
réforme des aides personnelles.
Il a fait observer néanmoins que sur de nombreux points, le ministre
faisait preuve d'un certain optimisme et que l'on pouvait être
réservé sur sa capacité à tenir certains de ses
objectifs, notamment à la vue des perspectives économiques.
Le rapporteur pour avis a toutefois estimé, malgré ces quelques
observations, que la commission pourrait, concernant ce budget, s'en remettre
à la sagesse du Sénat en assortissant son avis de remarques
concernant la nécessité de préserver à l'avenir les
modes d'accession à la propriété des Français les
plus modestes. Il a estimé que le débat en séance publique
serait l'occasion pour le ministre de préciser ses projets pour obtenir,
le cas échéant, l'approbation du Sénat.
En réponse à M. Alain Vasselle,
M. Jacques Bimbenet,
rapporteur pour avis
, a confirmé qu'il insisterait sur la
nécessité d'augmenter les fonds affectés à l'ANAH
et d'affecter le produit de la taxe sur les surloyers au logement social. Il a
également souhaité que la réflexion sur le bail à
réhabilitation et à construction soit poursuivie.
M. André Vézinhet
a fait observer que le budget du
secrétariat d'Etat au logement comprenait des avancées
considérables et qu'il avait tout lieu de s'en féliciter. Il a
déclaré que le produit de la taxe sur les surloyers devrait
effectivement être réservé dans le budget pour une
affectation aux dépenses du secteur du logement social. Il a
estimé que la réalisation de l'objectif de 80.000 logements PLA
demandait une mobilisation des collectivités locales. Il a
considéré que le prêt à taux zéro
était pour l'essentiel maintenu.
Mme Joëlle Dusseau
a estimé que ce budget marquait le choix
du redressement et de la continuité. Elle a souligné que le choix
d'un " recentrage " du prêt à taux zéro
était bon et que la priorité donnée au logement social
était capitale.
M. Jean-Pierre Fourcade, président,
après avoir
déclaré qu'il partageait le sentiment du rapporteur pour avis qui
proposait de s'en remettre à la sagesse du Sénat, a
consulté la commission sur les crédits de ce ministère.
La commission a décidé de
proposer au Sénat de s'en
remettre à la sagesse sur les crédits du secrétariat
d'Etat au logement pour 1998
.