II. LA DOTATION DE L'ARMÉE DE TERRE EN 1998

Le projet de budget de la défense s'élèvera, en 1998, à 238,2 milliards de francs, contre 243,3 en LFI 1997, soit une diminution de 3,2 % en francs courants, qui atteint 4,6 % en francs constants, compte tenu de l'objectif gouvernemental de hausse des prix pour 1998 (+ 1,4 %). Hors dépenses de pensions (soit l'agrégat pertinent au regard des prescriptions de la loi de programmation militaire), les crédits se montent à 184,7 milliards de francs, contre 190,9 en LFI 1997 (réduction de 3,3 % en francs courants et de 4,7 % en francs constants).

Cette évolution d'ensemble négative affecte différemment les dépenses ordinaires et les crédits d'équipement : alors que les premières connaissent, hors dépenses de pensions, une progression apparente de 1,5 %, limitée à 0,5 % à structures constantes, les crédits d'équipement accusent, également à structures constantes, une chute de 8,7 % par rapport à 1997 (soit 7,7 milliards de francs en moins) liée à l' " encoche " perpétrée dans l'application de la loi de programmation, sous prétexte de contribution à l'effort général de réduction de dépenses publiques.

En 1998, les crédits de l'Armée de terre représenteront 25,96 % de l'ensemble du budget de la défense, soit une proportion stable par rapport à 1997 (25,74 %), qui atteste de la relative uniformité des " coupes " pratiquées lors de la préparation du budget. Les 47,946 milliards de francs qui constitueront la dotation de l'Armée de terre en 1998 se situeront en effet, à l'instar du total du budget de la défense, en net retrait par rapport aux moyens alloués en 1997 : - 2,3 % en francs courants, et - 3,7 % en francs constants.

S'agissant des dépenses ordinaires , le taux d'évolution s'établit à 2,3 % en francs courants et à périmètre constant 5( * ) , soit une augmentation en francs constants de 0,9 %.

Les crédits d'équipement, a contrario, sont en retrait de 10,8 % par rapport à la dotation de 1997 et de 11 % par rapport à ce qu'aurait dû être la deuxième annuité de la loi de programmation . Un tel décalage n'est pas acceptable.

A. UN TITRE III PERMETTANT LA MISE EN OEUVRE DE L'ANNUITÉ 1998 DE LA PROFESSIONNALISATION

Il convient de rappeler l'ampleur des contraintes qui, pendant la période de transition, pèseront sur le titre III du budget de la défense et, au premier chef, sur celui de l'Armée de terre, avant d'aborder l'analyse des moyens inscrits dans le projet de budget pour 1998 au titre des dépenses ordinaires.

1. Un pari audacieux mais cohérent : réaliser la professionnalisation à titre III stable en francs constants

La loi de programmation 1997-2002 repose sur le pari de procéder à la professionnalisation en stabilisant les dépenses militaires.

L'objectif est donc de financer la professionnalisation, qui implique inéluctablement une hausse des dépenses liées aux rémunérations, sans pour autant faire dériver le titre III. Il s'agit de couvrir l'augmentation des frais de rémunérations et des charges sociales induites par le recours à un effectif accru de professionnels, au moyen des économies attendues de la réduction du format sur les dépenses de fonctionnement.

La dotation consacrée aux rémunérations et aux charges sociales de l'ensemble du Ministère de la Défense passera ainsi de 77,7 milliards de francs en 1997 à 80,4 milliards de francs en 1998. La part de cette dotation dans l'ensemble du titre III du budget de la défense est, d'ores et déjà, passée de 74 % (en 1996) à 78 % (en 1998) 6( * ) . D'où la nécessité, inscrite dans la loi de programmation, de parvenir à réduire de quelque 20 % les crédits consacrés au fonctionnement courant de l'ensemble du budget de la défense. Entre 1997 et 1998, conformément à la dynamique prévue par la programmation, ces crédits baisseront ainsi de 5 %, parallèlement à la diminution du format des armées.

Les contraintes budgétaires qui pèseront plus particulièrement sur l'Armée de terre pendant la période de transition tiennent essentiellement à trois facteurs :

- c'est cette armée qui assumera l'essentiel des mutations induites par le passage de l'armée mixte vers l'armée professionnelle : l'extinction rapide de la ressource appelée induira, en effet, une diminution de 41,4 % des effectifs militaires des forces terrestres entre 1996 et 2002 ;

- c'est elle, de même, qui supportera la plus lourde part des restructurations, pour des raisons évidentes liées à son reformatage complet, parallèlement à la suppression du service militaire dans ses formes actuelles ;

- l'Armée de terre devra, enfin, pendant la période de transition, supporter les coûts induits par la professionnalisation (rémunération d'un effectif croissant d'engagés), et par les restructurations ( poursuite de l'entretien des emprises libérées par les formations dissoutes ou transférées, tant que ces immeubles ne seront pas vendus), tout en continuant à faire face aux dépenses liées aux structures d'une armée qui demeurera mixte jusqu'en 2002.

La conduite de la professionnalisation à titre III constant implique donc, spécialement pour l'Armée de terre, sur laquelle pèse l'essentiel de cette réforme, une gestion particulièrement rigoureuse des crédits de fonctionnement, afin que les contraintes inhérentes à la période de transition n'altèrent pas les capacités opérationnelles des forces terrestres

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page