CONCLUSION

Par leur hétérogénéité, les crédits de l'ancienne section commune se prêtent mal à une analyse d'ensemble. On peut toutefois remarquer que globalement, et une fois neutralisés les effets des changements importants opérés dans la nomenclature budgétaire, ces crédits suivent une évolution comparable à celle de l'ensemble du budget de la Défense pour 1998, à savoir, une légère progression des dépenses ordinaires, en dépit de mesures d'économies rigoureuses sur les crédits de fonctionnement courant, et un fort recul des dépenses d'équipement, très inférieures au niveau résultant de l'application de la loi de programmation.

De manière générale, les motifs de satisfaction dans le domaine des services communs sont rares. On peut se féliciter de l'accroissement des effectifs des services de renseignement, même si les moyens matériels affectés à ces mêmes services ne suivent pas la même tendance. De même, il faut reconnaître l'ampleur des réformes entreprises par la délégation générale pour l'armement, dont il faut souhaiter la réussite tant cet organisme pèse de manière décisive sur la politique d'équipement des armées. Tout au plus peut-on constater que la remise en cause de la loi de programmation, du moins de son échéancier de financement, brouille la vision claire et cohérente des programmes d'armement que la DGA entend par ailleurs promouvoir.

Au titre des motifs d'inquiétude, votre rapporteur retiendra tout d'abord l'évolution défavorable des crédits du service de santé, dont le fonctionnement sera désormais majoritairement tributaire des recettes, par définition aléatoires, tirées de l'activité hospitalière de ses établissements. Cette orientation paraît peu opportune au moment où le service de santé opère une profonde transformation de son organisation et doit faire face au départ des nombreux appelés du contingent exerçant des fonctions médicales.

La réduction des crédits affectés à l'espace est elle aussi inquiétante, car elle traduit l'incertitude qui pèse sur la poursuite des programmes spatiaux d'observation, et surtout du satellite radar Horus, du fait des réticences de plus en plus perceptibles de nos partenaires allemands. La possibilité pour la France, et pour l'Europe, d'acquérir un ensemble complet et cohérent de moyens d'observation spatiale capable de garantir une véritable autonomie stratégique reste encore incertaine.

C'est certainement dans le domaine de la dissuasion nucléaire que réside l'essentiel des aspects négatifs de ce projet de budget, en ce qui concerne l'ancienne section commune. Le recul des crédits du nucléaire -près de 13 %- est beaucoup plus fort que celui de l'ensemble du budget de la défense, si bien que l'on va très au-delà de la réduction programmée des dotations, telle que l'avait prévue la loi de programmation. Par rapport aux grands objectifs définis en 1996 pour l'avenir de la dissuasion nucléaire, qui demeure l'élément fondamental de la stratégie de défense, les réductions de crédits entraîneront des décalages et des retards dans la réalisation des programmes. Cette orientation, si elle se confirmait dans les budgets à venir, ne serait pas compatible avec la poursuite des deux grands objectifs assignés à notre dissuasion : moderniser et renouveler nos deux composantes, mener à bien le programme de simulation, garant de la fiabilité, de la sûreté et donc de la crédibilité à long terme de nos forces nucléaires. Il est clair que si à partir de 1999, la dissuasion nucléaire ne retrouvait pas le niveau de crédits prévu par la loi de programmation, ces objectifs ne pourraient qu'être revus à la baisse, avec les conséquences que cela impliquerait sur le niveau de notre appareil de défense. Dans le domaine du nucléaire plus que dans tout autre, le non-respect de la loi de programmation constitue un signe très inquiétant, qui, aux yeux de votre rapporteur, rend ce projet de budget de la défense pour 1998 inacceptable.

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