AVIS n° 87 Tome XXI - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - TECHNOLOGIE DE L'INFORMATION ET POSTE


M. Pierre HERISSON, Sénateur


Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 Tome XXI - 1997/1998

Table des matières






N° 87

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME XXI

TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET POSTE

Par M. Pierre HÉRISSON,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis Minetti, vice-présidents ; Georges Berchet, William Chervy, Jean-Paul Émin, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat, Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut , Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni, Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 230 , 305 à 310 et T.A. 24 .

Sénat : 84 et 85 (annexe n° 11 ) (1997-1998).

Lois de finances.

Mesdames, Messieurs,

Le changement de gouvernement s'est traduit par une fusion des fascicules budgétaires " Industrie " et " Poste, télécommunications et espace ". Désormais, les crédits de la poste et des télécommunications ne sont donc plus individualisés, mais fondus au sein de ceux du ministère de l'industrie, tandis que la politique de l'espace relève désormais du ministère chargé de la recherche, auxquels sont rattachés les crédits correspondants. Les modifications de structure gouvernementale ont donc eu des conséquences importantes en termes de périmètre budgétaire.

Les dotations demandées pour la poste et les télécommunications s'élèvent à 2,643 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour 1998, soit, à structure constante, une légère diminution, de 0,2 % , par rapport à 1997.

Au-delà de l'analyse des évolutions budgétaires, votre commission est attentive à la très profonde mutation en cours du secteur postal et de celui des télécommunications. L'irruption des nouvelles technologies, l'internationalisation des échanges et l'ouverture à la concurrence constituent en effet des chocs auxquels les deux opérateurs que sont la Poste et France Télécom ont été inégalement préparés . La réforme, opérée par le précédent Gouvernement, du secteur des télécommunications, bien qu'inaboutie en ce qui concerne le régime de paiement de la taxe professionnelle de France Télécom, a en effet doté cette entreprise des armes nécessaires pour affronter le jeu concurrentiel, alors que de lourdes menaces pèsent encore sur l'avenir de La Poste.

CHAPITRE 1ER -

DES ÉVOLUTIONS BUDGÉTAIRES CONTRASTÉES

Le nouveau fascicule budgétaire " Industrie " isole un agrégat (l'agrégat n° 5) consacré aux crédits relatifs à la Poste et aux Télécommunications, pour un montant de 2,633 milliards de francs. Si on y inclut les pensions civiles de l'Autorité de Régulation des Télécommunications (ART), pour 10 millions de francs, on arrive à un total de 2,643 milliards de francs, répartis de la façon suivante :

Les crédits sont en légère baisse, de 0,2%. Toutefois, cette diminution résulte de deux mouvements contradictoires : une augmentation des dotations affectées aux télécommunications et une baisse du soutien de l'Etat au secteur postal.

La consolidation des organismes issus de la réforme du secteur des télécommunications : le groupe des écoles de télécommunications, l'ART et l'agence des fréquences voient leurs moyens accrus.

l'enseignement supérieur des télécommunications, qui est à la charge de l'Etat depuis la loi du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications, est doté de 443 millions de francs au total (+ 6,8%), dont 441 millions pour l'Ecole nationale supérieure des postes et télécommunications.

L'ART , autorité administrative indépendante chargée de la régulation du secteur des télécommunications, reçoit au total 91,7 millions de francs (en incluant ses charges de pension fondues au sein de la dotation globale industrie), en augmentation de près de 30 %.

Les dépenses de personnel de l'Autorité s'élèvent au total à 54,7 millions de francs, en augmentation de 17,3 %. Le projet de budget prévoit la création de quatre emplois supplémentaires . La dotation de fonctionnement de l'organisme est en très forte augmentation (+ 56,6 %), à 37 millions de francs. Cet accroissement est lié au déménagement prévu de l'Autorité, qui devrait quitter le 20 avenue de Ségur pour s'installer dans de nouveaux locaux, ainsi qu'à la montée en charge des activités dont l'ART a reçu la compétence, avec le rapprochement de l'échéance du 1er janvier 1998 qui marquera l'ouverture du secteur à la concurrence.

L'augmentation des moyens de cet organisme est donc significative, comme il est indiqué ci-dessous :



L'Agence nationale des fréquences (ANF), établissement public créé par la loi précitée du 26 juillet 1996, chargé de la gestion du spectre de fréquences, est dotée de 196 millions de francs au total, soit une baisse de 3 %. Ses crédits de fonctionnement augmentent de plus de 10 %, de 130 à 144 millions de francs, en partie sous l'effet de la création de 25 emplois . En revanche, les crédits d'investissement diminuent de plus d'un quart, pour s'établir à 52 millions de francs (en crédits de paiement), en partie à cause de la non-reconduction d'une dotation accordée l'an dernier pour des travaux immobiliers.

La dotation de la Commission supérieure du service public de la Poste et des Télécommunication (CSSPPT) est en légère régression (- 2 %), à 1,5 million de francs, dont 1,3 million de moyens de fonctionnement et 0,2 millions de dépense informatique et télématique.

Une somme de 55 millions de francs (comme en 1997) est consacrée aux organismes internationaux spécialisés et aux cotisations à l'Institut européen de normalisation des télécommunications.

En ce qui concerne les crédits relatifs aux autoroutes de l'information, la fusion des fascicules budgétaires " Industrie " et " Poste et Télécommunications " a eu pour conséquence la disparition de l'article 20 du chapitre 66-01, " actions de recherche et de développement dans le domaine des autoroutes de l'information ", qui retraçait l'effort de l'Etat pour soutenir le développement de projets et d'expérimentations dans ce domaine. Ces crédits sont désormais intégrés à l'article 80 du chapitre 66-01, intitulé " Electronique et société de l'information ". Une dotation de 150 millions de francs (en autorisations de programme) est prévue à ce titre, en stagnation par rapport à la loi de finances initiale pour 1997.

Si les dotations consacrées aux télécommunications sont en augmentation, c'est l'inverse qui se produit pour le secteur postal.

La baisse de l'aide de l'Etat au transport postal de la presse

L'article 7 de l'actuel contrat de plan de la Poste prévoyait un maintien du soutien de l'Etat au transport de la presse de 1995 à 1997. La dotation de l'Etat a donc été stable sur cette période, à 1,9 milliards de francs. Or, la dotation prévue pour 1998 n'est plus que de 1,850 milliard de francs, en baisse de 2,6 %.

Rappelons que l'aide de l'Etat au transport et à la distribution de la presse ne représente qu'une partie du coût total, estimé à 5,5 milliards de francs par an. La Poste supporte le solde, soit près de 3,6 milliards de francs 1( * ) par an.

Ce désengagement de l'Etat est une décision unilatérale du Gouvernement, sans lien avec le récent accord entre la presse et la Poste, ni avec la négociation actuelle du futur contrat de Plan entre l'Etat et la Poste.

Une réflexion globale et approfondie sur la politique française d'aide au transport de la presse s'avère nécessaire. Aussi, un désengagement unilatéral de l'Etat, annoncé à la sauvette, au détour d'une décision budgétaire, ne saurait-il remplacer l'indispensable " remise à plat " qui s'impose. Votre commission souhaite au contraire que cette question soit évoquée dans le cadre, plus approprié, de la négociation du futur contrat de plan de La Poste, sans que la loi de finances ait hypothéqué au préalable les chances d'un juste règlement de ce dossier.

On trouve, d'ailleurs, récemment formulées dans le remarquable rapport d'information de notre collègue Gérard Larcher 2( * ) , sept propositions pour améliorer le système actuel de l'aide au transport de la presse, parmi lesquelles figurait la nécessaire garantie d'un financement stable de la part de l'Etat :

LES MOYENS D'OPTIMISER L'AIDE POSTALE À LA PRESSE

1. En finir avec les controverses : établir la vérité des coûts ;

2. Poursuivre dans la voie du ciblage de l'aide sur la presse d'opinion ;

3. Développer des relations commerciales avec les autres éditeurs ;

4. Alléger les charges de La Poste soutenant davantage le portage à domicile ;

5. Etudier la préservation de la deuxième tournée postale dans la capitale pour la presse du soir ;

6. Assurer un suivi externe de la qualité ;

7. Veiller à garantir la pérennité de la contribution de l'Etat au financement du transport de la presse.

Source : " Sauver La Poste, devoir politique, impératif économique ".

Ce rapport marquant la crainte qu'après 1997, date de la fin de l'actuel contrat de Plan, la contribution de l'Etat au transport de la presse ne fonde " comme neige au soleil " si son montant ne se voyait pas précisé clairement dans le nouveau contrat de plan.

Il affirmait " qu'un silence du contrat de Plan sur ce point essentiel risquerait fort d'entraîner que, au lieu de s'alléger comme prévu, la charge que supporte l'opérateur [postal] au titre de la presse reste constante, voire s'alourdisse [...].

C'est pourquoi il disait sa volonté " que les intentions du Gouvernement en ce domaine soient rapidement et clairement énoncées ".

Le projet de loi de finances pour 1998 montre que cette crainte est plus que jamais d'actualité. Le Gouvernement a beau jeu d'affirmer qu'en raison des gains de productivité réalisés par La Poste, malgré la baisse de 50 millions de la dotation de l'Etat, le taux de couverture par l'Etat de la charge du transport postal de la presse augmentera entre 1997 et 1998. Il n'empêche que ce désengagement est un symbole particulièrement malheureux, à l'heure où une véritable réflexion sur l'avenir de La Poste s'impose.

CHAPITRE II -

LES TÉLÉCOMMUNICATIONS À L'HEURE DE LA CONCURRENCE

La libéralisation du secteur des télécommunications sera totale au 1er janvier 1998 pour les pays européens . Conséquence de cette mutation historique et aboutissement d'un processus engagé il y a plus de dix ans, des cadres réglementaires nouveaux se mettent en place dans les pays membres de l'Union européenne où le statut des opérateurs nationaux est bien souvent adapté à la nouvelle donne concurrentielle.

I. LA LIBÉRALISATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS EN EUROPE AU 1ER JANVIER 1998

A. UN MARCHÉ EUROPÉEN HARMONISÉ ET LIBÉRALISÉ

1. Une démarche européenne marquée du sceau de la continuité

Depuis la parution en 1987 du livre vert européen sur le développement du marché commun des services et des équipements de télécommunications, la marche de la communauté vers l'ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications a été continue . De nombreuses décisions, prises par les instances communautaires, ont en effet prévu une libéralisation, d'abord partielle, puis appelée à se généraliser et à toucher l'ensemble des activités de ce secteur à partir du 1er janvier 1998. Les principales étapes de ce processus sont rappelées dans l'encadré suivant :

LES ÉTAPES DE L'OUVERTURE DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
À LA CONCURRENCE

1984 Décision d'engager l'élaboration d'un Livre vert sur le rôle des télécommunications dans la construction européenne

1986 Adoption de l'Acte unique européen

1987 Publication par la Commission européenne du Livre vert sur les télécommunications européennes

16 mai 1988 Directive instaurant la concurrence pour les terminaux (dont postes téléphoniques)

7 décembre 1989 Sous présidence française : décision du Conseil des Ministres européens d'ouvrir progressivement à la concurrence la plupart des services de télécommunications, sous réserve des droits exclusifs et spéciaux sur le service téléphonique entre points fixes et sur les infrastructures publiques

28 juin 1990 Directives " ONP " et " services ", instaurant la concurrence pour les services de télécommunications, hors service téléphonique

1er janvier 1993 Concurrence sur les services de transmissions de données

16 juin 1993 Décision du Conseil des Ministres européens de généraliser la concurrence sur tous les services de télécommunications à compter du 1er janvier 1998

17 novembre 1994 Décision du Conseil des Ministres européens de généraliser la concurrence sur les infrastructures à compter du 1er janvier 1998

16 janvier 1996 Directive instaurant la concurrence sur les services mobiles (libéralisés depuis 1987 en France)

13 mars 1996 Directive modifiant la directive " services " pour fixer le calendrier et les conditions de la généralisation de la concurrence

1er juillet 1996 Concurrence sur les infrastructures alternatives

1er janvier 1998 Concurrence sur le service téléphonique ouvert au public et l'établissement des infrastructures sous-jacentes

2. Les principes de la libéralisation

Comme le rappelle la communication de la Commission européenne du 29 mai 1997 3( * ) , trois principes ont dès l'origine été définis pour ouvrir ce secteur à la concurrence.

L'ouverture des secteurs sous monopole

Depuis 1988, l'ensemble des secteurs situés sous monopole a progressivement été ouvert à la concurrence.

La fourniture des équipements terminaux a été libéralisée en 1988, suivie par la fourniture des services à valeur ajoutée, des services de transmission de données aux réseaux d'entreprises et aux groupes fermés d'utilisateurs, par la directive " Services " 4( * ) de 1990.

Le processus a été achevé par l'adoption ultérieure de quatre directives 5( * ) modifiant la directive " services " et libéralisant :

- la fourniture des services et équipements de communications par satellites (" directive satellite ") ;

- l'utilisation des réseaux câblés de télévision pour la fourniture des services libéralisés (" directive câble ") ;

- enfin, la fourniture des services et infrastructures de téléphonie vocale (" directive pleine concurrence " du 13 mars 1996). Toutefois, cette directive donne la possibilité aux États dont les réseaux sont moins développés ou plus petits d'obtenir des reports (de 2 à 5 ans) pour la libéralisation totale. Les Etats concernés sont le Luxembourg, le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et la Grèce.

L'harmonisation du marché européen

Sur proposition de la Commission, la législation européenne a établi un cadre réglementaire harmonisé pour tous les Etats membres , qui repose sur " des principes communs d'accès aux réseaux et services, sur un cadre réglementaire commun et sur des normes harmonisées en matière de services et de technologies " 6( * ) .

Un cadre général d'accès, fixant des règles techniques, des principes de tarification et des conditions d'utilisation a été adopté dès 1990. En 1992, des dispositions relatives à la fourniture harmonisée des lignes louées ont été arrêtées. La directive de 1995 sur la téléphonie vocale étend ces règles d'accès et d'usage, notamment au réseau téléphonique public fixe et au service de téléphonie vocale et elle définit les éléments fondamentaux d'un service universel des télécommunications.

Ce mouvement d'harmonisation progressive se poursuit encore à l'heure actuelle, puisque des propositions ont été présentées pour modifier premièrement la directive " ONP cadre " pour y inclure une obligation concernant l'indépendance des autorités nationales de réglementation, et deuxièmement, les directives ONP " lignes louées " et " téléphonie vocale " en vue de les adapter à un environnement libéralisé. Il est prévu que l'adaptation des directives " lignes louées " et " ONP cadre " pourra être approuvée à la fin 1997. La position commune sur l'adaptation de la directive " téléphonie vocale " a déjà été approuvée par le Conseil en mars 1997. Par ailleurs, le texte final d'une directive sur l'interconnexion a été adopté. Il définit les règles régissant l'accès aux capacités de transmission, l'accès aux services à des conditions équitables, et en particulier l'interconnexion pour tous les opérateurs et prestataires de services sur la base des principes ONP. Une directive " Licences " prévoyant un cadre communautaire d'octroi de licences aux nouveaux opérateurs a été adoptée le 10 avril 1997. Une décision relative à l'établissement de conditions d'octroi harmonisées pour les systèmes de communications personnelles par satellite a aussi été arrêtée. Une directive relative à la confidentialité et à la protection des données doit définir, sur la base de règles communes et de normes convenues, des principes régissant la confidentialité des communications utilisant les réseaux ou les services publics.

L'application des règles de concurrence

Enfin, la Commission européenne a précisé 7( * ) les modalités d'application au secteur des télécommunications des règles de concurrence et de contrôle des concentrations, défini notamment aux articles 85 et 86 du traité de Rome.

L'adoption de ces nombreux textes a peu à peu modifié le paysage réglementaire des Etats membres.

3. Une mise en oeuvre progressive dans les Etats membres

La Commission européenne a récemment dressé un bilan détaillé, au 15 septembre 1997, de la mise en oeuvre de la réglementation européenne en matière de concurrence 8( * ) . Elle juge " encourageants les progrès considérables enregistrés dans la transposition de la réglementation et estime que si les efforts combinés se poursuivent, la communauté aura franchi un cap décisif au 1er janvier 1998 ". Toutefois, certains pays ont encore des progrès à faire pour respecter l'échéance fixée pour l'ouverture à la concurrence.

Les principales conclusions de la Commission sont rappelées dans l'encadré suivant :

BILAN DU DEGRÉ D'OUVERTURE À LA CONCURRENCE DES PAYS EUROPÉENS

Le bilan de la préparation de l'ouverture à la concurrence des pays européens est encourageant, mais mitigé. Certains pays, parmi lesquels la Belgique, tardent en effet à prendre les mesures nécessaires :

Ouverture des monopoles

La Belgique est le seul pays qui n'a pas encore transposé la directive sur l'abolition des droits exclusifs sur la téléphonie vocale. Ce pays a simplement transmis un projet de mesures à la Commission européenne. Tous les autres pays (sauf ceux bénéficiant d'un délai transitoire et qui ouvriront leur marché après le 1er janvier 1998 : Espagne, Grèce, Luxembourg, Portugal et Irlande) ont incorporé la directive " pleine concurrence " dans leur droit national. S'agissant de l'abolition des interdictions pesant sur les services déjà libéralisés utilisant d'autres infrastructures et sur l'interconnexion directe des réseaux mobiles, trois pays sont en retard : la Belgique, l'Espagne et l'Italie (ces deux derniers uniquement pour les services déjà libéralisés).

Cadre réglementaire

Seuls sept pays (Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Finlande, Suède et Royaume-Uni) parmi les onze états membres tenus de notifier des procédures d'octroi de licences pour la téléphonie vocale et l'infrastructure sous-jacente se sont exécutés et un autre (la France) doit encore notifier des procédures supplémentaires. Les principales exigences en matière d'octroi de licences (énoncées dans la nouvelle directive " licences ") ont été transposées par cinq Etats membres (Danemark, Allemagne, Finlande, Suède et Royaume-Uni). Tous les autres ont adopté certaines dispositions (Grèce, France, Italie, Luxembourg, Autriche, Portugal) ou disposent de projets correspondants (Belgique, Espagne et Pays-Bas).

La directive " interconnexion " impose aux autorités réglementaires nationales d'assurer la publication des termes et conditions d'interconnexion, au plus tard le 1er juillet 1997. Seuls huit Etats membres ont rempli cette obligation (Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Autriche, Finlande et Royaume-Uni). Les tarifs d'interconnexion (mais non les conditions et termes) ont été publiés par le Portugal. Pour ce qui concerne l'obligation de comptabilisation des coûts (c'est-à-dire les méthodes qui permettent d'assurer l'orientation des tarifs d'interconnexion en fonction des coûts), seuls les organismes en place dans sept Etats membres ont rempli leurs obligations : Danemark, Allemagne, Espagne, France, Italie, Autriche et Royaume-Uni.

La Commission relève par ailleurs que des mesures ont été prises dans pratiquement tous les Etats membres pour garantir la disponibilité de numéros (les numéros doivent être en nombre suffisant pour être attribués à tous les acteurs du marché qui en ont besoin). Seule la Grèce n'a pas encore pris de disposition pour garantir la disponibilité des numéros pour les mobiles. En outre, onze Etats membres ont défini les obligations de service universel dans leur législation alors que dans la quasi totalité des autres pays (Espagne, Luxembourg et Portugal) des projets sont prêts ou certaines dispositions sont déjà en place. Seule la Grèce n'a encore rien prévu. Pour ce qui est du financement du service universel , seule la France a pris des dispositions pour instaurer un mécanisme dès le 1er janvier 1998 et deux autres pays (Allemagne et Autriche) ont prévu des mécanismes conditionnels. Six Etats ont estimé qu'un tel mécanisme n'était pas nécessaire. L'Italie a adopté certaines dispositions et la Belgique et l'Espagne ont transmis des projets de mesures. Trois Etats ont une dérogation (Grèce, Irlande et Portugal).

Les dispositions pour le rééquilibrage des tarifs (leur adaptation en fonction des coûts réels), ou des plans prévoyant une élimination progressive des tarifs non " rééquilibrés " après 1998, sont établis dans douze Etats membres. Trois Etats n'ont pris aucune disposition à cet égard : la Belgique, la Grèce et les Pays-Bas.

La libéralisation des télécommunications est donc déjà engagée dans la majorité des pays européens, comme le détaille un tableau récapitulatif fourni en annexe.

La commission européenne a, en outre, récemment ouvert des procédures d'infraction contre sept Etats membres de l'Union, pour les pousser à transposer plus rapidement la réglementation communautaire.

B. L'ACCORD MONDIAL D'OUVERTURE DES TÉLÉCOMMUNICATIONS

L'ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications n'est pas qu'un phénomène européen. Au contraire, la libéralisation de ces services a acquis une ampleur mondiale.

C'est ainsi qu'un accord important a été conclu dans le cadre de l'organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève le 15 février dernier, portant sur l'ensemble des services de télécommunications (sauf les matériels -l'accord ne concerne pas non plus les marchés publics qui ont fait l'objet d'un accord séparé, dit " AMP ", accord sur les marchés publics). Il entrera en vigueur au 1er janvier 1998. Le projet de loi n°421, autorisant l'approbation du quatrième protocole (services de télécommunications de base) annexé à l'accord général sur le commerce des services, qui doit ratifier cet accord de l'OMC sur les télécommunications, a été adopté en première lecture par l'Assemblée nationale le 20 novembre dernier.

La principale conséquence de cet accord international sera d'améliorer considérablement l'accès au marché des pays signataires (69 gouvernements). Ceci était capital pour les opérateurs français et européens en général, dans la perspective de la libéralisation du secteur au plan communautaire au 1er janvier 1998. Sans cet accord, les opérateurs originaires de pays tiers, et notamment les plus puissants d'entre eux, auraient tiré profit de la libéralisation européenne et auraient pu venir concurrencer les opérateurs français et communautaires sur leurs propres marchés, sans que ceux-ci puissent faire de même sur les marchés tiers. Le premier effet de l'accord sera donc d'assurer un équilibre en termes d'ouverture de marchés. C'est pourquoi la France, ainsi que ses partenaires de l'Union européenne, ont toujours activement agi en faveur de sa conclusion, qui bénéficiera largement à leurs opérateurs.

Au-delà de cet aspect, déjà considérable, l'accord de l'OMC offrira également des garanties réglementaires aux opérateurs une fois qu'ils auront pris pied sur les marchés étrangers. Parmi ces garanties, et pour ne faire référence qu'aux plus importantes, on peut citer celle du " traitement national ", qui assurera qu'un opérateur français sera traité sur un marché étranger de façon " non moins favorable " qu'un opérateur local. On peut également citer la clause de la nation la plus favorisée, qui garantira à un opérateur français de n'être pas moins bien traité qu'un opérateur originaire d'un autre pays (ce qui est important notamment dans le cas où deux pays auraient passé des accords préférentiels).

L'accord du 15 février offrira aussi aux opérateurs, à partir du 1er janvier 1998, d'importantes garanties en matière de transparence de la régulation , de conditions d'octroi des licences (en termes de délais et de critères pris en compte), ou encore en termes d'interconnexion , qui constituent autant de conditions absolument nécessaires à une implantation effective sur un marché étranger dans le secteur des services de télécommunications.

Par ailleurs, les dispositions de l'accord général sur le commerce des services, qui s'appliquent à l'accord de février, auront pour effet de limiter les possibilités d'actions bilatérales ou unilatérales, arme employée à maintes occasions par l'autorité de régulation américaine des télécommunications.

La France devra, naturellement, elle aussi, offrir ces mêmes garanties aux opérateurs originaires de pays tiers ; mais ceci est déjà prévu dans le cadre réglementaire et législatif adopté en 1996, ainsi que dans les directives communautaires, qui contiennent des garanties de cette nature, dont les opérateurs extra-communautaires auraient de toutes façons bénéficié. Du point de vue français et européen, cet accord était donc non seulement souhaitable mais absolument nécessaire.

Votre commission se félicite donc de sa conclusion.

C. LA FRANCE PRÊTE POUR LE RENDEZ-VOUS DE 1998 ?

1. Une réforme en grande partie aboutie

a) Le cadre réglementaire de l'ouverture à la concurrence désormais clarifié

Le précédent gouvernement, et notamment le Ministre François Fillon, à qui votre commission rend ici hommage, a su préparer notre pays à ces échéances.

Votre commission avait longuement détaillé, dans son avis budgétaire de l'année passée, la réforme de la réglementation française en matière de télécommunications, intervenue en juillet 1996, par le vote de la loi précitée de réglementation des télécommunications et de la loi relative à l'entreprise nationale France Télécom.

Cette réforme a été achevée, ces douze derniers mois, par la mise en place des nouvelles structures institutionnelles prévues par la loi et par la parution des décrets d'application les plus importants des nouvelles dispositions législatives.

Le volet institutionnel de la réforme du secteur des télécommunications s'est traduit par la mise en place de :

- l'Autorité de Régulation des Télécommunications précédemment évoquée, qui est chargée d'assurer le bon fonctionnement du marché et de la concurrence. Elle dispose des services nécessaires à ses missions notamment au travers des transferts effectués à partir de l'ancienne administration des postes et télécommunications ;

- l'Agence nationale des Fréquences précitée, qui est chargée de la prospective, de la planification, des contrôles et des actions internationales dans le domaine des fréquences ;

- le groupe des écoles de télécommunications, établissement public regroupant les écoles de formation supérieure dans le domaine des télécommunications qui ont été séparées de France Télécom et placées sous le contrôle de l'Etat ;

- l'entreprise nationale France Télécom, avec un nouveau statut qui sera détaillé plus loin ;

- la direction de la poste et des télécommunications, allégée et réorganisée par rapport à l'ancienne direction générale.

Le cadre réglementaire a été complété par la parution des décrets les plus importants, définissant :

- les clauses-types devant figurer dans les cahiers des charges des opérateurs pour les principales licences. La visibilité est donc bonne pour les nouveaux entrants qui pourront se voir délivrer dès 1997 les licences nécessaires à l'exercice des activités ouvertes à la concurrence en 1998.

- les conditions de l'interconnexion . Le décret concerné et le catalogue tarifaire de France Télécom précisent les conditions techniques et économiques suivant lesquelles les opérateurs s'interconnecteront et la façon dont les concurrents pourront utiliser le réseau de France Télécom, comme le détaille l'encadré suivant :

L'INTERCONNEXION

L'interconnexion des réseaux a pour objet de permettre à tout abonné de tout opérateur de communiquer avec l'ensemble des abonnés de l'ensemble des opérateurs. Il s'agit donc d'une des questions essentielles dès lors que le marché est concurrentiel. L'article L. 34-8 du code des postes et télécommunications, modifié par la loi de réglementation des télécommunications du 26 juillet 1996 prévoit que " les exploitants de réseaux ouverts au public font droit, dans des conditions objectives, transparentes et non discriminatoires, aux demandes d'interconnexion des titulaires d'une autorisation délivrée en application des articles L. 33-1 et L. 34-1 ".

Les conditions techniques et financières de l'interconnexion entre deux opérateurs sont fixées dans une convention signée dans un cadre bilatéral . Toutefois, deux textes importants, publiés au premier semestre 1997, précisent le cadre général de l'interconnexion en France :

- le décret sur l'interconnexion du 3 mars 1997, pris en application de l'article L. 34-8 du code des postes et télécommunications ;

- le catalogue d'interconnexion de France Télécom, approuvé le 9 avril et le 30 juillet 1997 par l'Autorité de régulation des télécommunications.

D'après ce catalogue, établi en fonction des coûts de France Télécom, les prix moyens d'interconnexion qui seront appliqués aux opérateurs nouveaux entrants en 1998 varieront suivant la nature de l'appel (intra-commutateur de raccordement d'abonné, simple transit, double transit) de 6,09 centimes par minute à 17,57 centimes par minute.

L'ART peut être saisie des différends qui naîtraient de l'interconnexion.

- les conditions de financement du service universel . Le décret du 13 mai 1997 a précisé le mode de calcul du coût du service universel et les modalités de répartition de cette charge entre les opérateurs. La loi a en effet prévu que les nouveaux entrants participent financièrement aux coûts engendrés par les obligations de service public. Contribuent au financement du service universel les opérateurs de réseau ouvert au public et les fournisseurs de service téléphonique au public ; la contribution de chacun est évaluée au prorata de son volume de trafic téléphonique .

Rappelons que les coûts liés au service universel des télécommunications comprennent les éléments suivants :

- les obligations de péréquation tarifaire (péréquation géographique et déséquilibre historique de la structure des tarifs de France Télécom, voir l'explication au II B 3 b ci-après) ;

- une offre de tarifs spécifiques pour certaines catégories d'abonnés (composante sociale) ;

- la desserte du territoire national en cabines téléphoniques ;

- le service de renseignements et d'annuaire universels .

L'évaluation du coût du service universel repose sur la méthode dite des " coûts nets évitables ". Elle consiste à calculer le coût résultant des obligations supplémentaires entre deux comportements de l'opérateur de service universel :

- un comportement correspondant à la situation où l'opérateur supporte l'obligation de service universel ;

- un comportement correspondant à la situation où l'opérateur ne supporte pas d'obligation de service universel, c'est-à-dire le comportement d'un opérateur obéissant à une logique strictement commerciale, dans le cadre des obligations de droit commun.

A l'exception des obligations de péréquation tarifaire correspondant, d'une part aux obligations de péréquation géographique, et, d'autre part, au déséquilibre résultant de la structure courante des tarifs téléphoniques, le service universel est financé par un fonds géré par la Caisse des dépôts et consignations . Pendant une phase transitoire, les obligations de péréquation tarifaire sont financées à travers une charge additionnelle à la charge d'interconnexion.

Pour 1997, le coût du service universel assuré par France Télécom a été évalué à 4,8 milliards de francs environ, charge répartie entre tous les opérateurs (y compris France Télécom) au prorata de leur trafic. Le groupe France Télécom recevra 3 millions de francs des autres opérateurs au titre du déséquilibre des tarifs et 34 millions de francs au titre de la péréquation géographique.

L'ART a récemment évalué 9( * ) le coût du service universel en 1998 , à 6,043 milliards de francs :

LE COÛT DU SERVICE UNIVERSEL EN 1998

- Coût lié au déséquilibre de la structure courante des tarifs téléphoniques de France Télécom (composante transitoire) : 2,242 milliards de francs ;

- Coût de la péréquation géographique : 2,717 milliards de francs .

Ces deux composantes donneront lieu à une charge de 1,8 centime par minute de communication pour les nouveaux entrants, soit 70 millions de francs versés à France Télécom.

- Coût de la péréquation sociale : 921 millions de francs .

- Coût de la desserte du territoire en cabines : 163 millions de francs .

- Coût de l'annuaire universel et du service de renseignements universels : l'ART a estimé que la charge nette correspondante était nulle.

Ces trois composantes donneront lieu à des versements à un fonds de la Caisse des Dépôts qui sera ensuite reversé à France Télécom, pour 25 millions de francs.

TOTAL : 6,043 milliards de francs

Source : ART

France Télécom devrait donc recevoir en 1998 environ 95 millions de francs de ses concurrents , au titre de leur participation au financement du service universel assuré par l'opérateur historique en vertu de la loi.

b) Des incertitudes qui demeurent

Si le nouveau paysage français des télécommunications s'est globalement mis en place de façon rapide et satisfaisante, deux sujets appellent toutefois une attitude plus réservée de votre commission, qui souhaite à cet égard émettre un souhait et formuler un regret.

Le souhait de votre commission concerne la libéralisation des techniques de cryptologie , et il est celui d'une mise en application plus rapide des dispositions de la loi de réglementation des télécommunications.

En effet, ce texte a, dans son article 17, significativement assoupli le régime d'utilisation de ces techniques qui sont une des clés essentielles du développement du commerce électronique puisque le chiffrement des messages permet de sécuriser les paiements et d'authentifier les signatures.

Pour les applications nécessitant un fort niveau de sécurité (commerce électronique entre entreprises par exemple), la loi prévoit la liberté totale d'utilisation des algorithmes, sous réserve de recourir aux services d'une tierce partie de confiance agréée, dépositaire des clés de chiffrement. Ce compromis permet aux utilisateurs d'assurer à leurs échanges un très fort niveau de sécurité et de donner à l'Etat la possibilité de mener les actions judiciaires nécessaires à la sécurité des citoyens.

Malgré les enjeux économiques considérables qui s'attachent au développement du commerce électronique, cette disposition n'est toujours pas entrée en vigueur, le Gouvernement faisant savoir que le décret d'application définissant les conditions d'exercice de l'activité des tierces parties de confiance est en cours de notification à la Commission européenne, tout comme celui définissant les conditions d'autorisation. Votre commission engage vivement le Gouvernement à faire aussi vite que possible pour faire entrer en vigueur un assouplissement essentiel de la réglementation .

En outre, pour les applications nécessitant un niveau plus faible de protection, le Gouvernement a déclaré vouloir libéraliser, par arrêté, le régime d'utilisation des algorithmes peu complexes (moins de 40 bits). Votre commission le soutient dans cette démarche, qui tarde à se concrétiser, malgré les annonces faites en août par le premier ministre à l'université de la communication d'Hourtin 10( * ) .

Le regret de votre commission concerne les modalités d'application de la nouvelle réglementation du droit de passage des opérateurs de télécommunications sur le domaine public routier.

L'article 11 de la loi de réglementation des télécommunications et le décret du 30 mai 1997 ont en effet adapté le régime d'occupation du domaine public au nouveau cadre concurrentiel (nouveaux articles L. 47 et L. 48 du code des postes et télécommunications).

Contrairement au régime auquel était antérieurement soumis France télécom, des droits de passage devront désormais être acquittés par les opérateurs pour l'occupation du domaine public :

- sur le domaine public non routier (par exemple, antenne dans un clocher d'église), les opérateurs bénéficient d'une faculté de passage, instaurée par convention, qui donne lieu au versement d'une redevance dont le montant est libre mais doit être " raisonnable et proportionné à l'usage " et égal pour tous ;

- sur le domaine public routier (voies et trottoirs), les opérateurs disposent d'un droit de passage, dans la mesure où cette occupation n'est pas incompatible avec l'affectation routière du domaine.

Le décret précité a précisé les conditions d'application de cette disposition légale. Il a mis en place un système de délivrance implicite de la permission de voirie, en cas de non-réponse de la collectivité dans un délai de deux mois. Il a aussi fixé le montant maximal de la redevance annuelle à :

- 150 francs par kilomètre d'artère pour le passage de câbles en sous-sol ou en aérien ;

- 1.000 francs pour les antennes et 2.000 francs pour les pylônes ;

- pour les autres installations, 100 francs par m² au sol.

Or, ces sommes sont très inférieures à celles qui étaient évoquées préalablement à l'élaboration du décret.

Notre collègue M. Jean-Paul Delevoye, par ailleurs président de l'Association des Maires de France, a exprimé récemment la déception de nombre d'élus locaux et leurs inquiétudes sur ce nouveau régime juridique, dans une question 11( * ) orale au Gouvernement, lors de la séance publique du 28 octobre 1997 :

EXTRAITS DE LA QUESTION ORALE SUR LES DROITS DE PASSAGE (ARTICLES L.47 ET L.48 DU CODE DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS) SÉNAT, SÉANCE DU 28 OCTOBRE 1998

M. Jean-Paul Delevoye " (...) ma question porte sur les conditions de mise en oeuvre des articles L. 47 et L. 48 (...) par le décret du 30 mai 1997 (...).

Tout d'abord, il a eu pour effet d'abaisser (...) -de un franc à 15 centimes le mètre- la redevance maximale annuelle (...)

Ensuite, le décret a introduit la notion d'artère dans le droit français (...) [qui] est, à l'évidence, insuffisamment précise (...)

Enfin (...) dans un souci de préservation de l'intégrité du domaine public, il est regrettable que les opérateurs (...) puissent bénéficier d'une autorisation tacite (...) "

M. Christian Pierret " (...) S'agissant de la redevance maximale annuelle(...) le montant de 1 franc par mètre envisagé lors de l'élaboration du projet de décret (...) avait été retenu de manière à correspondre (...) à un montant global de l'ordre de 150 millions de francs (...). Compte tenu d'une erreur d'évaluation dans les données fournies par France Télécom, en 1996, sur la longueur totale du réseau, une révision du montant par mètre a été nécessaire, en mars 1997 (...). Ce montant a donc finalement été ramené à 150 francs par kilomètre linéaire, permettant d'atteindre toutefois un montant global (...) de 250 millions de francs.

Dans le même temps, (...) il a été introduit une disposition selon laquelle (...) les redevances (...) évoluent, au 1er janvier de chaque année, proportionnellement à l'évolution de l'indice du coût de la construction (...) ".

Votre rapporteur pour avis regrette que ce point de la réglementation n'ait pas fait l'objet d'une concertation suffisante puisque sa mise en oeuvre, qui ne résulte pas d'un accord des différents points de vue en présence, a mécontenté non seulement certains élus mais aussi certains opérateurs.

Il apparaît donc souhaitable d'envisager une modification de ce régime, qui pourrait intervenir au vu d'une première année d'application du décret précité.

En conclusion sur ce point, malgré ces deux bémols, votre commission note avec satisfaction que notre pays sera prêt pour l'échéance de janvier 1998 et que le cadre réglementaire de la concurrence est d'ores et déjà en place en France.

Elle salue l'effort considérable -et quelque peu inhabituel- réalisé par l'administration pour rendre applicables 12( * ) , dans des délais très courts, les deux lois du 26 juillet 1996 précitées.

D'ailleurs, la concurrence est déjà une réalité dans certains domaines, tel que celui de la téléphonie mobile.

2. Les prémices de l'ère concurrentielle

a) La poursuite de l'explosion du marché de la téléphonie mobile

Votre rapporteur soulignait déjà dans son avis budgétaire sur le budget de 1997 combien l'ouverture du troisième réseau de téléphonie mobile à la mi-1996 avait permis de stimuler ce marché et de le faire entrer vraiment dans le jeu concurrentiel, au bénéfice du consommateur. Cette réalité n'a fait que se confirmer en 1997.

S'agissant notamment du développement des services de cartes prépayées de téléphones mobiles, votre rapporteur pour avis rappelle son attachement, à titre personnel, à l'instauration d'une obligation d'abonnement -même gratuit- auprès d'un opérateur, dans un souci d'authentification des personnes titulaires de téléphones portables.

L'augmentation de la pénétration du téléphone mobile en France

Alors que la France comptera fin 1997 plus de 4 millions d'abonnés au téléphone mobile, les perspectives de croissance de ce marché restent importantes.

En effet, si le marché européen a crû de 56 % en 1996, avec 12,5 millions de nouveaux abonnés, sur un total de 35 millions, le taux moyen de pénétration de la radiotéléphonie n'a atteint que 9,2 % fin 1996, alors que certaines études 13( * ) estiment qu'il devrait atteindre 21,5 % en l'an 2000 et 32 % en 2005.

Les marges de progression restent donc très importantes . Cette analyse s'applique tout particulièrement à la France, où le taux de pénétration, de 4,2 % en 1996, est passé à 7,4 % en septembre 1997, et devrait, selon les mêmes sources, atteindre 17,4 % en 2000 et 28,5 % en 2005 (soit 16,7 millions d'abonnés environ, quatre fois plus qu'aujourd'hui), comme le montre le tableau suivant :

TAUX DE PÉNÉTRATION DU TÉLÉPHONE MOBILE

1996

1.07.1997

2000 (estimé)

2005 (estimé)

France

4,2 %

6,15 %

17,4 %

28,5 %

Suède

28,5 %

29,91 %

45,7 %

56,9 %

Allemagne

6,9 %

7,9 %

19,1 %

29,6 %

Royaume-Uni

11,8 %

12,62 %

19,4 %

25,6 %

Italie

11,0 %

14,35 %

23,4 %

33,1 %

Etats-Unis

16,3 %

n.c.

n.c.

n.c.

Japon

15,6 %

n.c.

n.c.

n.c.

Source : ART, France télécom mobiles, Salomon Brothers

Les services mobiles et l'aménagement du territoire

Votre commission s'est toujours montrée très soucieuse de faire bénéficier les zones reculées de notre territoire des progrès technologiques. Aussi, lors du vote de la loi de réglementation des télécommunications, avait-elle soutenu une disposition visant à exempter partiellement du financement du service universel ceux des opérateurs de téléphonie mobile qui prendraient, dès octobre 1997, l'engagement d'une couverture plus dense des zones les moins peuplées de notre territoire.

Votre commission se félicite de la mise en oeuvre de cette disposition qui a conduit à l'engagement, pris récemment par les opérateurs concernés, d'affecter l'équivalent des sommes dont ils ont été exemptés à ce titre à l'accroissement de leur zone de couverture.

Aujourd'hui encore, il demeure souhaitable d'étendre la couverture géographique de ces services (et non seulement leur couverture en termes de population).

Les informations communiquées par le Gouvernement permettent de mesurer les efforts qui restent à accomplir dans ce domaine. Peut-on se satisfaire d'un taux de couverture géographique de 70 %, qui laisse à l'écart près d'un tiers de notre territoire ? Le constat actuel est en effet le suivant :

COUVERTURE DÉMOGRAPHIQUE ET GÉOGRAPHIQUE DES OPÉRATEURS MOBILES

Pays

Couverture démographique

Couverture géographique

Numérique

Analogique

France

94 % (2 W)

97 % (2 W car-kit)

98 % (8 W)

98 %

70 % (2 W)

82 % (2 W car-kit)

89 % (8 W)

Suède

96 %

-

-

Allemagne

95 % ; 99 %

100 %

99 % en analogique

Royaume-Uni

96 % ; 98 %

98 %

-

Italie

96 % ; 92 %

96,5 % ; 95 %

75 % en numérique

76 % en analogique

Sources Europe : questionnaire postes d'expansion économique de juin 1997 et rapport KPMG Mobile Review, novembre 1996

Sources France : cartes de couverture commerciale Printemps-Eté 1997 et modélisation Sagatel


Sans doute la couverture totale du territoire français par des réseaux de téléphonie mobile ne pourra-t-elle être assurée que grâce aux services de communications personnelles par satellites. A ce titre, les développements actuels sont prometteurs.

Les projets de couverture satellitaire

S'appuyant sur des constellations de satellites en orbite basse ou moyenne, les services de communications personnelles par satellite fourniront à l'échelle planétaire, dès le tournant du siècle, des services de télécommunications pouvant être réceptionnés sur des terminaux portatifs. La gamme des services offerts sera équivalente à celle des réseaux mobiles terrestres : téléphonie, télécopie, radiomessagerie, transmission de données bas débit.

Si ces systèmes ne seront pas adaptés à une utilisation à l'intérieur des bâtiments, ou dans les grandes villes, en revanche, ils seront en mesure d'assurer la desserte des zones rurales non couvertes par les services mobiles terrestres actuels.

Ils serviront donc avant tout de compléments aux réseaux cellulaires terrestres : les clients pourraient utiliser des terminaux " bi-modes " qui, en cas de non-couverture par le réseau terrestre recherché en priorité, se connecteront automatiquement sur le réseau satellitaire (qui aura un coût plus élevé).

Il existe de nombreux projets de téléphonie mobile par couverture satellitaire. Les quatre premiers à entrer en service seront probablement Iridium, Globalstar, ICO et Odyssey. Les lancements des satellites Iridium ont commencé en mai 1997, l'ouverture commerciale du service étant prévue en septembre 1998. Globalstar doit mettre ses premiers satellites sur orbite fin 1997 et procéder à l'ouverture commerciale de son service en janvier 1999. ICO et Odyssey annoncent quant à eux un lancement commercial en l'an 2000.

A noter qu'une seconde génération de services satellitaires permettant cette fois un accès multimedia, devrait apparaître au début du 21e siècle ; les projets les plus avancés sont Teledesic de Microsoft et Mc Caw, Skybridge d'Alcatel et Celestri de Motorola.

Votre commission se réjouit de l'espoir dont ces projets sont porteurs pour l'espace rural. Elle demande aussi au Gouvernement de veiller à ce que le projet " Skybridge " se voie attribuer les fréquences nécessaires à sa mise en oeuvre, dans le cadre de la négociation actuelle à Genève sur l'attribution internationale des fréquences par l'Union internationale des Télécommunications.

b) Une deuxième vie pour le câble ?

Une technologie qui ne touche qu'un foyer sur 10

Si 6,7 millions de prises de raccordement au câble ont été installées en France depuis le démarrage du plan câble en 1982, seulement 2,2 millions de foyers sont actuellement abonnés au câble, générant un chiffre d'affaire de 2,5 milliards de francs en 1996.

La progression des abonnements se stabilise à 15 % par an depuis deux ans. Peu de prises nouvelles sont installées car les principaux câblo-opérateurs ont arrêté leurs investissements. Le taux de pénétration (foyers abonnés/prises installées), qui est en augmentation, atteint en 1996 un taux de 32,2 %. Au total, en tenant compte du fait que 31 % des foyers sont raccordés au câble, on peut dire qu'un " foyer télévision " sur 10 est abonné au câble.

Les câblo-opérateurs se répartissaient le marché, en janvier 1997, de la façon suivante : Lyonnaise communications est premier avec 28 % des abonnés, suivi par la Compagnie générale de vidéocommunication, avec 22,9 % des parts de marché, puis par France Télécom, avec 26 % des parts de marché (18,3 % pour France Télécom Câble et 7,7 % pour TDF).

L'offre de nouveaux services

Dès avant l'adoption de la loi de réglementation des télécommunications précitée, l'expérimentation de nouvelles offres de services sur le câble, notamment dans le cadre des projets " Autoroutes de l'information " du ministère délégué à la Poste et aux télécommunications, avait fait entrevoir la perspective d'une redynamisation possible des réseaux câblés.

L'accès à Internet sur le câble a ainsi été expérimenté dans différents sites par les principaux cablo-opérateurs.

Votre rapporteur pour avis, qui a eu l'honneur de co-rapporter le récent rapport du Sénat 14( * ) sur l'entrée de la France dans la société de l'information, estime d'ailleurs que le câble pourrait jouer un rôle important pour la pénétration d'Internet dans les foyers puisque la facturation y est, selon les contrats actuellement proposés, indépendante du temps de connexion et que le service s'y caractérise par des débits beaucoup plus élevés que par le réseau téléphonique, ainsi que par une meilleure qualité.

Les principales expérimentations de la fourniture de nouveaux services sur les réseaux câblés, parmi lesquelles celle, très innovante, de notre collègue Jean-Marie Rausch à Metz, sont présentées ci-dessous :

QUELQUES EXPÉRIMENTATIONS DE L'ACCÈS À INTERNET SUR LE CÂBLE

Des expérimentations ont eu lieu à Paris (7e arrondissement), au Mans, à Annecy, à Strasbourg, à Nice, à Metz et à St Quentin en Yvelines. D'autres sites seraient bientôt concernés : Orléans, Lyon, Marseille, les Hauts-de-Seine, l'Hérault. Voici quelques exemples :

Paris (Lyonnaise Câble)

Dans le cadre du projet MultiCâble, Lyonnaise Câble a expérimenté un accès haut débit à Internet par modem câble en connexion avec des ordinateurs personnels sur le réseau câblé de la ville de Paris. L'expérimentation s'est limitée au 7e arrondissement avec un panel de 200 utilisateurs et a débuté courant 1996. Elle a été interrompue en mars 1997 en raison du différend avec France Télécom (voir ci-après).

Nice (Compagnie Générale de Vidéocommunications)

L'expérimentation menée par la Compagnie Générale de Vidéocommunication sur son réseau câblé de Nice a débuté à la fin de l'année 1996 et se poursuit toujours. Le panel d'utilisateurs retenu par l'intermédiaire de la Sofres comprend 200 personnes. Le prix de l'abonnement, volontairement attractif dans le cadre de l'expérimentation, est de 150 francs par mois, le modem câble ayant été prêté gracieusement, moyennant un dépôt de garantie.

Cette expérimentation dépasse le simple accès à Internet (web, courrier électronique, forums) et propose un ensemble de services locaux : diffusion de bandes annonces et d'affiches en haute définition de films ; état du trafic routier par retransmission en temps réel de caméras vidéo sur sites ; journal de France 3 à la demande ; bulletin météorologique national et local ; accès aux cours de la bourse (partenariat Les Echos et SBF) ; catalogues FNAC et Nouvelles Frontières ; accès à des applications sur CD-rom en paiement à la séance ; accès aux informations du serveur Internet de la ville de Nice ; service d'envoi de fax.

Saint-Quentin-en-Yvelines (France Télécom Câble)

L'expérimentation vise à tester sur le plan technique un service d'accès à Internet sur le câble. Le panel de test devait compter 200 personnes, mais il sera sans doute étendu en raison de l'afflux des demandes (300).

L'abonnement est proposé à 324 francs par mois, se décomposant en 90 francs de location du modem câble, 190 francs d'abonnement au service accès Internet et 44 francs de service antenne. L'offre est exclusivement réservée à des particuliers.

Metz (France Télécom Câble sur réseau TDF)

L'expérimentation a débuté le 6 novembre dernier. Elle permet d'accéder à Internet au moyen d'un téléviseur câblé et non d'un microordinateur équipé d'un modem. Il s'agit d'une première mondiale .

Le coût pour l'utilisateur de cette expérimentation serait, dans un premier temps, de 270 francs par mois (180 frs pour la location du boîtier, du clavier et de la souris et 90 frs d'abonnement au câble). Au-delà de l'accès Internet, les services locaux disponibles seront :

- avec la ville de Metz : site web de la ville, catalogue médiathèque (réservation d'ouvrages sur plusieurs sites, interface avec le système de gestion de la bibliothèque), réservation de places de théâtre, forum urbanisme ;

- avec le Républicain Lorrain : journal en ligne, accès aux archives, segments vidéo sur les faits divers locaux, gestion de profil utilisateur ;

- avec TF1 : téléachat (catalogue en ligne avec paiement différé), commandes de cassettes vidéo, journaux de 13 heures et 20 heures à la demande, jeux en ligne (partenariat avec le prestataire de service Shaman).

Mais le développement de telles offres, pourtant favorisé par l'adoption de la loi précitée du 26 juillet 1996, a failli être hypothéqué par un différend surgi entre les sociétés Paris TV Câble et Compagnie générale de vidéocommunications d'une part et France Télécom d'autre part, concernant les conditions tarifaires et techniques de la fourniture d'accès à Internet respectivement sur le réseau parisien et sur 18 réseaux câblés régionaux.

Saisie du différend sur le fondement de l'article L. 34-8 du code des postes et télécommunications, l'ART a arbitré le 11 juillet 1997 et permis aux sociétés exploitantes de proposer Internet aux 3 millions d'abonnés potentiels.

L'Autorité a décidé que les conventions conclues entre France Télécom et les deux câblo-opérateurs pour l'exploitation des réseaux devraient être modifiées afin de permettre la fourniture de l'accès à Internet sur les réseaux câblés concernés.

Paris TV Câble et la Compagnie Générale de Vidéocommunication assureront le financement et l'exploitation des routeurs du réseau câblé et en seront propriétaires.

France Télécom conduira les travaux nécessaires à la mise à niveau des réseaux en vue de la fourniture d'accès à Internet, aux frais des câblo-opérateurs. Ces derniers supporteront en outre les frais de maintenance du réseau, évalués à titre provisionnel à 5 % des frais de mise à niveau.

La rémunération annuelle qui devra être versée à France Télécom est évaluée à environ trois francs par prise raccordable, ce qui représente environ 4,5 millions de francs pour le réseau parisien et un montant similaire pour les 18 réseaux de la Compagnie générale de Vidéocommunication.

En ce qui concerne les services de téléphonie sur le câble , la société Lyonnaise câble, notamment, travaille au développement d'une offre en ce sens à Annecy. L'achat d'un boîtier modem de 3.000 francs devrait permettre l'accès, via le câble, à la téléphonie, aux services du réseau numérique à intégration de services (RNIS) et à Internet.

Votre commission se félicite de l'apparition de ces nouveaux services qui peuvent permettre de dynamiser la pénétration commerciale du câble et sont propices à une meilleure acclimatation des nouvelles technologies dans notre pays, qui tarde à profiter des formidables opportunités qu'offrent ces dernières.

c) L'organisation progressive de la concurrence sur le service téléphonique entre points fixes

Résultat de l'arrivée programmée de la concurrence au 1er janvier 1998, la constitution d'opérateurs alternatifs à France Télécom s'accélère.

Ainsi en est-il du trafic téléphonique entre points fixes, jusqu'alors monopole de France Télécom. Au 1er janvier 1998, lorsqu'un abonné composera un numéro en commençant par faire le 0, qui est dès aujourd'hui le premier chiffre de la numérotation actuelle, il confiera l'acheminement de son appel, qu'il soit local ou longue distance, à son opérateur local (c'est-à-dire presque toujours France Télécom).

Mais pour ses communications longue distance et internationales, il pourra choisir un autre opérateur , en remplaçant le 0 par un préfixe désignant ce dernier.

Ce mécanisme, qui sera mis en place dans la plupart des pays européens, est rendu possible par l'attribution récente, par l'ART, d'un préfixe de numérotation à ceux des futurs opérateurs de transport longue distance qui se sont déjà engagés à déployer et à exploiter un réseau national et à assumer des obligations de couverture du territoire.

Deux premiers tirages au sort 15( * ) desdits préfixes, intervenus en septembre et au début du mois, ont abouti aux choix suivants :

- France Télécom a opté pour le 8 ;

- Netco (Bouygues Télécom) a choisi le 9;

- Telecom Development (SNCF et Cégétel) a choisi le 7;

- Siris (consortium Unisource) a choisi le 2 ;

- Omnicom a choisi le 5.

Ce système devrait permettre un développement rapide de la concurrence pour le trafic longue distance.

II. LA MUTATION DES OPÉRATEURS HISTORIQUES

A. LA TRANSFORMATION DES OPÉRATEURS EN EUROPE ET DANS LE RESTE DU MONDE

La réforme du secteur des télécommunications en Europe a été accompagnée d'une mutation des opérateurs historiques, visant à adapter leur statut au cadre concurrentiel et à l'internationalisation très marquée de ce secteur.

Une ouverture partielle du capital de l'opérateur dominant a ainsi été engagée dans de nombreux pays. Les exemples les plus frappants de cette évolution, nullement imposée par la réglementation européenne -qui ne prend pas parti sur le régime de propriété du capital- mais qui découle plutôt de la nécessité de se préparer au cadre concurrentiel, sont l'ouverture du capital de Deutsche Telekom en novembre 1996 de France Télécom et Telecom Italia en octobre 1997.

Mais ces trois pays n'ont pas été seuls à connaître une telle évolution, comme le détaille l'annexe 2 du présent rapport, qui retrace les changements intervenus en Europe et dans les autres régions du monde.

B. L'ACHÈVEMENT DE LA RÉFORME DE FRANCE TÉLÉCOM

Le souhait de votre commission, exprimé notamment dans son rapport d'information : " L'avenir de France Télécom : un défi national 16( * ) ", ainsi que lors des débats relatifs à la loi précitée du 26 juillet 1996, de voir France Télécom dotée d'un capital, ouvert minoritairement à l'extérieur, afin de conférer à l'opérateur les armes nécessaires au combat concurrentiel, a enfin été réalisé par l'actuel Gouvernement, avec moins d'un semestre de retard par rapport au calendrier établi par le précédent Gouvernement.

Loin de fustiger inutilement la palinodie des opposants d'hier au changement de statut, votre commission se félicite que la réforme mise en place par M. François Fillon ait ainsi pu être menée à son terme naturel, l'ouverture partielle du capital de l'opérateur
.

Elle note avec une satisfaction toute particulière le fort taux de souscription des personnels de l'entreprise qui ont souscrit pour 69,5% d'entre eux à l'offre publique de vente des actions France Télécom : économiquement indispensable, la mutation de l'opérateur s'est ainsi trouvée socialement légitimée.

1. Le nouveau statut de l'entreprise nationale

France Télécom est désormais une " entreprise nationale " soumise à la législation sur les sociétés anonymes, sous réserve des spécificités suivantes :

En application de l'article 49 de la loi du 2 juillet 1990, modifiée par la loi du 26 juillet 1996 relative à l'entreprise nationale France Télécom, les statuts initiaux de France Télécom ont été déterminés par décret en Conseil d'Etat. Ils pourront à l'avenir être modifiés dans les conditions de droit commun des sociétés anonymes.

Aux termes de l'article 10-1 de la loi du 2 juillet 1990 modifiée, la composition du Conseil d'administration de France Télécom est régie par des règles spécifiques. La loi précitée du 26 juillet 1996 y a prévu, conformément aux voeux de votre Haute Assemblée, une représentation des actionnaires minoritaires au Conseil d'Administration de l'entreprise , auquel siègent également les représentants des salariés.

En application de l'article 23-1 de la loi du 2 juillet 1990 modifiée, l'Etat peut s'opposer à la cession des éléments d'infrastructure des réseaux de télécommunications nécessaires à la bonne exécution par France Télécom des obligations de son cahier des charges, et notamment à la continuité du service public.

La représentation collective du personnel de France Télécom relève d'un régime spécifique établi par la loi précitée du 26 juillet 1996, qui exclut le comité d'entreprise et prévoit notamment la mise en place d'un comité paritaire qui tient lieu de comité d'entreprise et dont l'objet est d'assurer l'expression collective des intérêts du personnel.

La même loi relative à l'entreprise nationale France Télécom a fait du dialogue social une ardente obligation pour l'entreprise. France Télécom a conclu le 9 janvier 1997 un accord collectif avec quatre des six syndicats nationaux concernant, notamment, la politique d'embauche, les horaires de travail et la gestion des carrières. Il prévoit des horaires de travail flexibles, l'ouverture des agences le samedi et en soirée et, plus généralement, une meilleure adaptation des horaires de travail aux besoins. Deux syndicats, la CGT et SUD, n'ont toutefois pas signé cet accord.

Un nouveau cahier des charges de France Télécom a été élaboré, qui porte principalement sur les conditions de fourniture du service public et plus précisément sur :

- la fourniture du service universel,

- les tarifs et leur contrôle,

- la transparence des offres et de leurs conditions d'élaboration,

- les relations avec les utilisateurs,

- les relations financières entre l'Etat et l'entreprise,

- la prise en compte des besoins du territoire.

Suite à la réforme de l'opérateur, le nouveau cahier des charges a été allégé des missions qui sont du ressort de l'Etat , comme par exemple la contribution à la réglementation et à la normalisation ou l'enseignement supérieur des télécommunications.

Certaines obligations de l'opérateur, comme les critères à satisfaire pour l'obtention d'une licence, ou les conditions d'interconnexion, relèvent désormais du cadre réglementaire applicable à tous les acteurs et non plus du seul cahier des charges de l'opérateur.

Enfin, le cahier des charges a été allégé des interventions et contrôles de l'Etat relatifs à la gestion de l'opérateur, devenus inadaptés à son nouveau statut :

- la commission consultative des marchés est supprimée ;

- France Télécom n'est plus soumise à l'examen du conseil de direction du fond de développement économique et social, pour ce qui concerne ses investissements et financements, ni à celui de la commission interministérielle de coordination des salaires ;

- le contrôle a priori des ministres chargés de l'économie et des télécommunications sur les cessions et acquisitions supérieures à 300 millions de francs est supprimé.

De même, France Télécom n'est plus soumis à l'établissement d'un état prévisionnel des recettes et des dépenses.

2. L'ouverture du capital

L'hypothèque qui pesait, au lendemain des élections législatives, sur la réforme de l'opérateur engagée par M. François Fillon -fermement soutenu par votre commission- a été levée le 8 septembre dernier par MM. Dominique Strauss Khan et Christian Pierret qui, faisant part des conclusions du rapport confié le 17 juillet 1997 à M. Michel Delebarre, ont annoncé la mise sur le marché d'une partie du capital de l'opérateur, réalisé selon le calendrier suivant :

CALENDRIER DE L'OFFRE PUBLIQUE DE VENTE
DES ACTIONS DE FRANCE TÉLÉCOM

- Annonce par le Gouvernement de la poursuite de l'ouverture du capital le 8 septembre ;

- Annonce de la fourchette de prix et début des réservations le 22 septembre ;

- Fixation du prix définitif des actions le 6 octobre ;

- Vente des actions entre le 7 et le 14 octobre ;

- Première cotation à Paris et New York le 20 octobre.

Chacun le sait, l'offre à prix ferme des actions de France Télécom a séduit 3,8 millions d'actionnaires . L'opération a rencontré, auprès de tous les publics : particuliers ; salariés ; institutionnels, le succès que l'on sait, dont votre commission se félicite vivement.

Le nombre de souscripteurs internes de l'entreprise a atteint 128 000 personnes , dont 10 000 retraités et anciens salariés et 118 000 actifs. Plus de deux actifs sur trois ont souscrit à l'opération, témoignant ainsi de leur adhésion à l'avenir de l'entreprise. En 1993, les mouvements sociaux d'opposition au changement de statut mobilisaient 75% des personnels. Aujourd'hui, la donne est inversée et près de 70% des personnels participent au capital de l'opérateur.

A l'issue de ce processus, la répartition du capital de France Télécom est la suivante :

Source : direction du trésor

Le Gouvernement garde les trois quarts du capital de France Télécom. Rappelons que la Constitution 17( * ) et la loi imposent une détention majoritairement publique du capital. Les salariés possèdent 2,5% de leur entreprise, et le public détient 22,5% de cette dernière.

Souhaitant voir poursuivie cette évolution positive de l'opérateur, votre commission soutient le projet d'échange de 7,5 % du capital avec Deutsche Telekom, qu'elle juge conforme à l'intérêt de France Télécom, dans un environnement de plus en plus globalisé.

Elle souhaite, en outre, que les conditions préférentielles de souscription des actions de France Télécom, réservées aux personnels de l'entreprise, soient étendues aux anciens agents de la direction générale des télécommunications, partis en retraite avant 1991, qui, bien qu'ayant contribué à la réussite de cette entreprise, n'ont pas pu en bénéficier, la loi du 26 juillet relative à l'entreprise nationale France Télécom ne l'ayant pas prévu.


Le ministre de l'économie s'était engagé, lors de sa conférence de presse du 8 septembre dernier, à remédier à cette situation en étendant à ces personnels les conditions favorables dont ont pu bénéficier les autres salariés et anciens salariés.

Votre commission soutient cette démarche et souhaite qu'elle aboutisse. L'article 31 du projet de loi de finances rectificative, recemment déposé par le Gouvernement, propose d'ailleurs d'insérer un article 32-2 nouveau à la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de la poste et des télécommunications, qui vise à étendre aux agents retraités ces conditions préférentielles, avec effet rétroactif.

3. Les résultats et les tarifs de France Télécom

a) Des résultats satisfaisants

L'introduction en bourse d'une fraction du capital de l'opérateur a donné lieu à la publication de résultats semestriels pour 1997 qui montrent sa bonne santé financière :

RÉSULTATS DU PREMIER SEMESTRE 1997

(en milliards de francs)

30/06/97

30/06/96

Evolution (%)

Chiffre d'affaires consolidé

76,8

75,1

+ 2,3

Résultat opérationnel courant

16,6

16,9

- 1,1

Résultat net part du Groupe

8,9

6,3

+ 41,3

Source : France Télécom

Le chiffre d'affaires consolidé de France Télécom au 30 juin 1997 s'établit à 76,8 milliards de francs, en progression de 2,3 % par rapport au premier semestre de 1996. Cette progression s'explique par l'augmentation du trafic téléphonique (+ 5,8 % au premier semestre 1997) et par la poursuite du rythme soutenu de développement des produits de la téléphonie mobile (Itinéris a enregistré une progression de 55,9 % de son chiffre d'affaires en un an, avec un doublement du nombre d'abonnés).

Le résultat opérationnel courant est en léger fléchissement (-1,1 %) et s'établit à 16,6 milliards, contre 16,9 milliards l'an dernier, en raison, principalement, de l'impact des baisses de tarifs destinées à favoriser la croissance de trafic téléphonique.

Le résultat net part du Groupe s'élève, quant à lui, à 8,9 milliards de francs, soit une augmentation de 41,3 % par rapport à la même période de l'année 1996. Cette très forte progression est pour l'essentiel due à la plus-value nette de 1,1 milliard de francs réalisée sur la cession des parts détenues par France Télécom dans Cofira.

L'endettement de France Télécom, " soulte " 18( * ) comprise, est en diminution de 3,7 milliards de francs par rapport à la même période de l'année 1996.

Au titre de la " soulte ", France Télécom a versé à l'Etat 20 milliards de francs, partiellement financés par émission d'emprunts obligataires et par emprunts bancaires. Le solde, à verser au cours du second semestre 1997, s'élève à 17,5 milliards de francs.

La dette financière nette (hors soulte) a, en revanche, progressé de 23 % pendant la même période.

Les investissements opérationnels sont en léger recul par rapport à 1996, à 11,6 milliards de francs (-4,7 %), signe que les besoins d'investissements sont moindres dans un réseau totalement modernisé ; ils sont en revanche en forte progression dans le domaine des mobiles et dans celui des nouveaux services aux entreprises.

Les investissements financiers incluent, pour leur part, la prise de participation de 51 % dans l'opérateur ivoirien CI-TELCOM pour 1,05 milliard de francs.

L'opérateur a donc fait preuve de sa capacité d'adaptation. Votre commission note en particulier avec satisfaction le règlement du problème des retraites des fonctionnaires , pris en charge, conformément aux propositions de l'excellent rapport d'information précité de notre collègue Gérard Larcher sur l'avenir de France Télécom, par l'Etat, en contrepartie du versement par l'opérateur en 1997 d'une rémunération exceptionnelle de 37,5 milliards de francs, dont la moitié a déjà été acquittée par France Télécom.

Mais France Télécom quittera en 1998 le " cocon " monopolistique et l'arrivée de la concurrence doit continuer à être préparée, notamment par la mise en oeuvre de l'obligation de rééquilibrage tarifaire fixée par la loi précitée de réglementation des télécommunications.

b) La poursuite du rééquilibrage tarifaire

Dans le cadre du monopole, France Télécom demandait, pour des raisons historiques, des prix relativement élevés pour les communications à longue distance et des prix en deçà des autres pays -et inférieurs aux coûts- pour l'abonnement résidentiel et -dans une moindre mesure- les appels locaux. Cette situation n'est plus tenable dans un cadre concurrentiel.

Aussi, la loi précitée de réglementation des télécommunications a-t-elle fixé l'impératif d'un ajustement des prix et des coûts de l'opérateur . En conséquence, le rééquilibrage des tarifs, entamé, doit se poursuivre dans les trois ans à venir, puisque la loi fixe le terme du 31 décembre 2000 pour cet ajustement.

L'article L. 35-3 du code des postes et télécommunications dispose en effet que " le déséquilibre résultant de la structure actuelle des tarifs téléphoniques au regard du fonctionnement normal du marché sera résorbé progressivement par l'opérateur public, avant le 31 décembre 2000, dans le cadre de baisses globales des tarifs pour l'ensemble des catégories d'utilisateurs " .

Deux baisses de tarifs sont ainsi à nouveau intervenues en 1997 (4 mars et 1er octobre). L'évolution des tarifs téléphoniques de France Télécom depuis trois ans est la suivante :

Parallèlement, le prix de l'abonnement principal a été progressivement relevé et un abonnement à prix modéré a été créé en 1997 pour les faibles consommateurs (notamment les personnes âgées).

Le rééquilibrage tarifaire est amené à se poursuivre.

Pour les communications nationales longue distance, après la baisse de 20 % environ du 1er octobre 1997 et le passage à la tarification à la seconde, une baisse de près de 30 % est prévue pour 1998, en deux étapes. Le prix des communications internationales baissera quant à lui d'environ 20 % en 1998, après une baisse de 17 % en octobre 1997. Cette tendance se poursuivra ensuite jusqu'à l'an 2000, à un rythme plus modéré.

Par ailleurs, le réajustement du prix des abonnements portera au plus tard en l'an 2000 le prix de l'abonnement téléphonique principal à 65 francs hors taxes par mois, niveau qui est réputé correspondre, d'après les travaux du groupe dirigé par M. Champsaur, à l'équilibre du marché.

Une convention tarifaire portant sur la période 1997-2000 a été signée au début du mois de novembre dernier par les ministres de l'économie et de l'industrie et M. Michel Bon.

Cette convention confirme que, globalement, les tarifs du service universel devront avoir baissé en francs constants d'au moins 9 % par an, en moyenne, entre 1997 et 1998. Au cours des deux années suivantes, la baisse se poursuivra à un rythme de 4,5 % en moyenne.

4. Un motif de satisfaction : l'apurement des impayés des ministères

Votre commission avait fermement dénoncé, dans ses avis budgétaires sur les précédentes lois de finances, les impayés de l'administration à l'égard de France Télécom, atteignant, à la fin de 1996, la somme de 2,5 milliards de francs.

Sur cette somme, un montant de 500 millions de francs représentait toutefois l'encours normal des factures, compte tenu des délais de règlement (2 mois). La dette des administrations à l'égard de l'opérateur pouvait donc être ramenée à cette date à 2 milliards de francs, dont 800 millions remontaient à la période antérieure à 1992, en partie contractés sous le régime du budget annexe des postes et télécommunications.

Bien que largement dénoncée par votre commission, cette situation n'avait été réglée par aucun des gouvernements successifs.

Parmi les principaux débiteurs de l'opérateur public figuraient le ministère de l'intérieur (1,1 milliard de francs), le ministère de l'équipement (390 millions) et le ministère des affaires étrangères (160 millions), même si les montants annoncés par France Télécom font l'objet de diverses contestations des ministères.

Un accord global de règlement de cette dette a enfin été conclu par le précédent Gouvernement au cours de l'année 1997 afin de mettre fin à cette situation.

Votre commission salue cet acte de responsabilité politique qui était indispensable
. L'Etat ne peut en effet soumettre l'opérateur aux règles du marché sans respecter, en ce qui le concerne, le plus élémentaire principe de paiement d'un service rendu.

Cet accord tient compte des contestations formulées par les différents ministères et conduira à un règlement par l'Etat de 1,2 milliard de francs sur 4 ans pour aboutir à un apurement total de cette créance. L'abandon de créances de 800 millions de francs consenti par France Télécom est pratiquement sans impact (80 millions de francs) sur les comptes de l'opérateur public, compte tenu de la provision passée à cet effet dans les comptes 1996. La dette résiduelle portera intérêt au taux de 3 % à compter du 1er janvier 1998. Le calendrier des versements de l'Etat conduira cependant à limiter les intérêts versés à l'entreprise au montant maximum de 50 millions de francs. Les premiers paiements interviendront dès 1997 et les crédits correspondant pour 1998 ont été prévus parmi les moyens de fonctionnement de chacun des ministères.

Afin de ne pas pénaliser les ministères qui ont fait des efforts pour réduire ou apurer leur dette, la mise en oeuvre d'un plan d'apurement ministère par ministère a en effet été retenue, de préférence à un règlement à partir du budget des charges communes tel que l'avait initialement envisagé France Télécom. Les départements concernés par ce plan d'apurement sont : l'Intérieur, les Affaires étrangères, la Mer, l'Equipement et les Transports, l'Education nationale, la Défense, les DOM-TOM, la Recherche, l'Agriculture, les Affaires sociales (Santé), la Culture et la Justice. Des conventions devront être conclues pour déterminer les modalités pratiques de versement.

C. UNE ANOMALIE BUDGÉTAIRE INCOMPATIBLE AVEC LE NOUVEAU CADRE CONCURRENTIEL : LE RÉGIME DE VERSEMENT DE LA TAXE PROFESSIONNELLE DE FRANCE TÉLÉCOM

1. Une position constante de votre commission, encore renforcée par l'ouverture à la concurrence

La loi du 2 juillet 1990 avait prévu l'application, à partir du 1er janvier 1994, à La Poste et à France Télécom de la fiscalité de droit commun, en substitution des prélèvements forfaitaires antérieurement pratiqués.

L'article 21 de cette loi a assujetti La Poste et France Télécom aux taxes foncières et à la taxe professionnelle, tout en consentant à La Poste un abattement de 85 % de ses bases d'imposition, en contrepartie de ses contraintes de desserte du territoire national et de participation à la politique d'aménagement du territoire, ce qui limite sa contribution à 300 millions de francs annuels.

Cependant, dans le même temps, ce texte prévoit que le produit de ces taxes locales (plus de 5 milliards de francs) et, en particulier, celui acquitté par France Télécom, est affecté au budget de l'Etat !

L'argumentation traditionnellement développée par le Gouvernement pour justifier la destination incongrue du produit de ces taxes locales est la suivante : puisqu'à l'origine La Poste et France Télécom constituaient un budget annexe qui donnait lieu à des prélèvements au profit de l'Etat, l'assujettissement des exploitants aux impositions locales ne justifiait pas une attribution des ressources correspondantes aux collectivités locales puisqu'aucun transfert de charges ne lui était associé en contrepartie.

En outre, l'administration fiscale fait valoir que les collectivités locales perçoivent, par l'intermédiaire du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, la différence entre le produit des taxes locales versé à l'Etat par les exploitants et la valeur actualisée du produit de ces taxes constaté en 1994, soit 766 millions de francs en 1997 et environ 1,3 milliard de francs en 1998.

Cette argumentation ne convainc pas votre commission, qui dénonce depuis plusieurs années ce qu'elle considère comme une anomalie budgétaire. Le produit d'une imposition locale doit en toute logique alimenter le budget des collectivités et non celui de l'Etat. Votre rapporteur pour avis avait d'ailleurs déposé un amendement à la loi de réglementation des télécommunications tendant à attribuer cette ressource aux collectivités locales. Cet amendement avait reçu un avis favorable de votre commission. Il avait été retiré au vu de l'engagement en séance 19( * ) du ministre de l'époque de revoir le système actuel de perception de ces taxes.

Votre rapporteur pour avis a d'ailleurs récemment fait part de sa position sur ce point au secrétaire d'Etat à l'Industrie 20( * ) , M. Christian Pierret.

L'irruption de la concurrence dans le secteur des télécommunications ne fait que renforcer la position de votre commission et confirme le caractère inadapté du système actuel de perception de la taxe professionnelle de France Télécom.

Se pose en effet un problème de distorsion de concurrence entre opérateurs de télécommunications , à la défaveur de France Télécom. En effet, les concurrents de l'opérateur public disposeront d'un atout supplémentaire, dans leur stratégie d'implantation, celui de la perspective de recettes nouvelles pour les collectivités, atout dont sera privé France Télécom.

Ces recettes, qui pourront pour de nombreuses communes s'élever à plusieurs millions de francs, ne pourront qu'entrer en ligne de compte lorsque les municipalités auront à choisir un prestataire de services de télécommunications ou un opérateur de réseau câblé.

Il est donc nécessaire de changer le régime actuel de perception de cette taxe, comme un nombre croissant de nos collègues y incline.

2. Un point de vue de plus en plus largement partagé

Si votre commission fait preuve sur le sujet du régime de versement de la taxe professionnelle de France Télécom d'une constance que ses rapports successifs ne démentent pas 21( * ) , de plus en plus nombreux sont ceux des parlementaires qui se rallient à sa position.

Sans parler des associations d'élus, les commissions des finances et de la production et des échanges de l'Assemblée nationale ont exprimé leur opposition à ce système lors de la discussion du présent projet de loi de finances pour 1998 :

LA POSITION DES COMMISSIONS CONCERNÉES DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE

La commission des finances a examiné le 14 octobre dernier le rapport de M. Edmond Hervé, rapporteur spécial, sur les crédits de la Poste et des télécommunications.

Le rapporteur spécial " s'est déclaré favorable à l'alignement sur le droit commun du régime de paiement de la taxe professionnelle par France Télécom qui l'acquitte aujourd'hui à l'Etat et non pas directement aux collectivités locales " (extrait du bulletin des commissions de l'Assemblée nationale, n° 9, page 1264).

La commission de la production et des échanges a examiné le 5 novembre le rapport pour avis de M. Gabriel Montcharmont, qui a observé que " le caractère dérogatoire du régime de la fiscalité directe locale de France Télécom (...) créée une distorsion de concurrence en défaveur de l'entreprise nationale dans la mesure où une collectivité locale confrontée à des propositions d'investissement de France Télécom et d'un opérateur privé aura tendance à choisir ce dernier dans un souci de bonne gestion de son budget " (extrait du rapport n° 310, tome VIII de M. Gabriel Montchamont, AN).

Une proposition de loi 22( * ) déposée par le député André Santini et plusieurs de ses collègues vise à restituer aux collectivités les impôts locaux supportés par La Poste et France Télécom.

En outre, l'amendement n° 433 au projet de loi de finances pour 1998, présenté par notre collègue député M. Jean-Pierre Balligand (groupe socialiste), visant à restituer ce produit d'imposition locale aux collectivités a tout d'abord été adopté le 17 octobre dernier par l'Assemblée nationale , malgré l'opposition du Gouvernement, qui a dû recourir à une deuxième délibération pour que ce dispositif soit rejeté.

Il apparaît donc que le Gouvernement ne pourra faire longtemps l'économie d'une réforme souhaitée par nombre d'élus, siégeant sur des bancs divers et ardemment désirée par votre commission.

3. Les propositions de votre commission

a) Une amélioration du sytème : la proposition du rapport sur l'avenir de La Poste

Le remarquable rapport d'information précité de notre collègue Gérard Larcher sur La Poste a proposé une solution qui permettrait de corriger cette distorsion fiscale actuelle tout en participant, dans un cadre qui associerait les élus, à l'indispensable modernisation du réseau postal :

LA PROPOSITION DE VOTRE COMMISSION

RAPPORT DE M. GÉRARD LARCHER " SAUVER LA POSTE : DEVOIR POLITIQUE, IMPÉRATIF ÉCONOMIQUE "

" Ce détournement par l'Etat du produit de taxes locales , dont l'essentiel est constitué par la taxe professionnelle de France Télécom, est condamnable, et a été dénoncé à maintes reprises par le Sénat, par votre rapporteur, par M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis du budget des Postes et télécommunications et par l'ensemble des associations nationales d'élus, en particulier l'Association des maires de France (AMF).

Cette dernière s'est, ces derniers temps, attachée à traduire cette condamnation dans une proposition de loi et son Président, M. Jean-Paul Delevoye, sénateur du Pas-de-Calais, s'est rapproché de votre rapporteur pour examiner avec lui les conditions dans lesquelles le mécanisme imaginé par l'AMF pourrait notamment aider à la revitalisation de l'espace rural. Les travaux de l'association qu'il préside conduisent en effet -idée remarquable de pertinence- à envisager la constitution d'un Fonds national de développement local abondé pour partie par le produit de la taxe professionnelle de France Télécom.

C'est de cet échange de vues qu'a découlé la proposition qu'est amené à vous faire votre rapporteur. (...)

Cette proposition a un triple objet :

Mobiliser 60 % du produit total de la taxe professionnelle versée par France Télécom (4,3 milliards en 1995) en faveur des territoires ruraux et urbains en difficulté (zones urbaines sensibles et territoires ruraux de développement prioritaire) ;

Réserver au moins 20 % de ce dernier montant (c'est-à-dire au moins 12 % du produit total, soit 520 millions de francs en 1995) à la modernisation et à la dynamisation du réseau de La Poste dans les départements dont plus de la moitié du territoire est composé de zones de revitalisation rurale instituées par l'article 42 de la loi " Pasqua " du 4 février 1995 ;

Garantir le contrôle des élus sur l'emploi des ressources non directement perçues par les communes en imposant que ces ressources soient gérées par un Fonds où les élus détiendraient autant de sièges que les représentants de l'Etat. "

b) Le règlement du problème : l'adoption du régime de droit commun

L'effacement de ce qui constitue à la fois une pomme de discorde entre l'Etat et les collectivités locales et une distorsion de concurrence entre opérateurs - qui sait d'ailleurs si elle résisterait à une éventuelle saisine des instances communautaires par une association de consommateurs, d'élus ou un opérateur ?- ne pourra être réalisé qu'avec la perception par les collectivités de cet impôt local. Certes, des contreparties doivent être négociées. Mais il apparaît de plus en plus que cette solution est non seulement logique, mais aussi inévitable.

Le Gouvernement envisageait une telle réforme dans le cadre de la révision d'ensemble de la fiscalité locale annoncée pour 1998. Votre commission pour avis se méfie de tels engagements, souvent pris mais rarement tenus par les Gouvernements successifs. Elle souhaite néanmoins que cette promesse se concrétise au plus vite.

III. LA FRANCE ET LES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION

La mutation du secteur des télécommunications est loin d'être achevée. L'avénement de la technologie numérique, qui unifie les domaines de l'informatique, de l'audiovisuel et des télécommunications et les techniques de compression qui permettent le transport des données n'ont en effet pas fini de porter tous leurs fruits. La récente prise de contrôle de MCI par Worldcom montre quelle pourrait être l'évolution future de ce secteur et ouvre des perspectives nouvelles, notamment en matière de téléphonie sur Internet.

Votre rapporteur pour avis est conscient des enjeux qui s'attachent au développement des nouvelles technologies dans notre pays. Le rapport précité de la mission commune d'information du Sénat " Maîtriser la société de l'information : quelle stratégie pour la France " qu'il a eu l'honneur de rapporter 23( * ) a d'ailleurs présenté le potentiel d'activités et d'emplois que représentent ces technologies, dont on estime qu'elles sont responsables du tiers de la croissance américaine de ces dernières années.

Permettant le développement du commerce électronique, dont les études prospectives indiquent qu'il devrait s'ancrer dans le quotidien du XXIème siècle, les technologies de l'information sont aussi la clé d'une plus grande démocratisation du savoir et de gains de productivité significatifs pour les entreprises, sans parler de l'amélioration possible des relations entre l'administration et l'usager -surtout pour les chefs d'entreprises- si les téléprocédures se développent et permettent d'effectuer les démarches administratives depuis son ordinateur.

Le retard français en matière d'équipement informatique des ménages et de raccordement à Internet est en train de se combler. Ce mouvement positif doit être accompagné et encouragé par les pouvoirs publics, comme a su le faire, qu'il lui en soit ici rendu hommage, le Président du Sénat, M. René Monory.

L'Association des Maires de France a récemment signé avec France Télécom une convention de partenariat prévoyant un accès gratuit à Internet pour les 1000 premières communes qui en auront fait la demande.

Votre Haute Assemblée contribue, à sa mesure, à la promotion de ces nouvelles techniques, par un important travail d'information, détaillé dans l'encadré ci-dessous, mais aussi par son action, caractérisée cette année par une journée portes-ouvertes d'initiation à Internet (le 25 octobre dernier), par l'enrichissement de son site Internet (www.senat.fr), reconnu comme un des plus complets et des plus innovants sites publics français, et par l'édition d'un CD-Rom, plusieurs fois primé.

LES RAPPORTS D'INFORMATION DU SÉNAT SUR LES NOUVELLES TECHNOLOGIES

L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques :

- M. Pierre Laffitte : " La France et la société de l'information : un cri d'alarme et une croisade nécessaire " ;

- M. Franck Sérusclat : " Les nouvelles techniques d'information et de communication : de l'élève au citoyen ". Un autre rapport est en préparation ;

- M. Claude Huriet : " Les images de synthèse et le monde virtuel : techniques et enjeux de société ".

Les autres structures :

- M. Alain Gérard : " Multimédia et réseaux dans l'éducation : un présent pour l'avenir " ;

- MM. Alain Joyandet, Alex Türk et Pierre Hérisson : " Maîtriser la société de l'information : quelle stratégie pour la France ? "

- M. René Trégouët est chargé d'une étude sur les technologies de l'information et la société française ;

- Notre collègue député M. Patrice Martin-Lalande est auteur d'un rapport sur " le développement d'Internet en France ".

Mais il faut aller bien plus loin. Le chantier de la migration des services du minitel vers Internet a été ouvert. La commercialisation prochaine par des industriels français de terminaux hybrides (téléphone et accès Internet) va également dans le bon sens.

M. Lionel Jospin a annoncé à Hourtin le 25 août dernier la mise en place d'un plan français pour les nouvelles technologies d'ici la fin de l'année. D'ores et déjà, la mise à disposition de terminaux connectés à Internet est prévue dans 1.000 bureaux de poste et les crédits de 1998 du ministère de l'Industrie comprennent 50 millions de francs destinés à la formation des chefs de petites entreprises aux technologies de l'information. Un plan de raccordement des écoles à Internet sera parallèlement mis en oeuvre par M. Claude Allègre.

Votre commission engage vivement le Gouvernement à poursuivre l'effort nécessaire de promotion des nouvelles technologies dans notre pays.

CHAPITRE III -

LA POSTE EN PÉRIL

Le rapport précité de votre commission et du groupe d'études sur l'avenir de la Poste et des Télécommunications, auquel votre rapporteur pour avis a l'honneur d'appartenir, a si remarquablement et si complètement traité le sujet de l'avenir de la Poste qu'il ne semble pas utile de s'étendre à nouveau trop longuement, dans le présent avis, sur ce point.

Votre rapporteur pour avis souhaite néanmoins dresser un bref bilan de la situation de l'opérateur, avant d'indiquer les principales menaces qui pèsent sur son avenir et de rappeler les propositions formulées par votre commission pour répondre à ces défis.

I. LA POSTE : ACTIVITÉ ET SITUATION FINANCIÈRE

A. L'ACTIVITÉ COURRIER ET FINANCIÈRE

L'activité courrier représente 63 milliards de francs du chiffre d'affaire de l'opérateur, contre 20 milliards pour les services financiers.

1. Le courrier

Notons que l'analyse de l'activité courrier pour l'année 1996 24( * ) est faussée par deux événements exceptionnels : la suppression de la franchise postale à partir du 1er janvier 1996 et l'impact des grèves de décembre 1995 qui ont conduit à un " stock " écoulé en début d'année 1996.

En 1996, la correspondance a enregistré une hausse globale en volume de 2,5 % (baisse de 3,6 % en 1995), avec un écart important entre le taux de croissance de la lettre ordinaire (+ 2,8 %) et celui de l'écopli (+ 15,2 %), dû au transfert du trafic en franchise postale vers l'Ecopli. Toutefois, si l'on considère l'évolution de la correspondance et des plis de service en franchise, hors paquets ordinaires et journaux, on constate une diminution de trafic de 3,55 % entre 1995 et 1996.

Le Postimpact
(publicité adressée) augmente en volume de plus de 1,5 % (- 2,8 % en 1995) et le Postcontact (publicité non adressée) ne progresse que de 5,6 %, contre + 6,8 % l'année précédente. Avec un taux de progression de + 4,3 %, la prospection commerciale reste toujours le principal moteur de croissance de l'activité courrier.

La messagerie chute, à 302,2 millions d'objets, contre 307,5 millions en 1995, sur un marché extrêmement concurrentiel où les prix pratiqués sont en diminution constante.

L'érosion tendancielle de l'activité courrier se poursuit donc, comme l'indique le graphique ci-dessous :

Source : La Poste

2. Les services financiers

Le chiffre d'affaires de l'activité financière de La Poste est de 20 milliards de francs. Ils se décompose de la façon suivante :

1994

1995

1996

Rémunération des fonds des comptes chèques postaux déposés au trésor

7.827

8.676

7.796

Rémunération de l'épargne

7.390

7.822

8.304

dont

Rémunération des livrets A et B

4.107

4.327

4.298

dont

Produits d'épargne boursière

1.394

1.049

904

dont

Produits d'assurance

815

1.131

1.308

dont

Rémunération des autres épargnes

1.074

1.315

1.794

Autres produits

3.498

3.509

2.394

dont

Services rendus

805

782

1.212

dont

Mandats

999

967

993

dont

Commissions sur opérations et autres

1.694

1.760

1.859

Produit des clientèles financières

18.715

20.007

20.164

Chiffre d'affaires de la Poste

81.162

81.524*

83.830

Part des services financiers dans le chiffre d'affaires

23,1 %

24,5 %

24,05 %

* montant à structure 1996

Source : La Poste

La diminution de la part des services financiers dans le chiffre d'affaires de La Poste entre 1995 et 1996 résulte notamment de la diminution de la rémunération des fonds des comptes chèques postaux (- 880 millions de francs), du fait de la chute des taux d'intérêt à court terme. Le taux moyen annuel perçu par La Poste est ainsi passé de 5,8 % à 5,02 % entre 1995 et 1996. La formule de rémunération prévue par le contrat de plan prévoit un taux plancher de rémunération, qui aurait été atteint en 1996 si un dispositif de " sécurisation " (contrats d'échange de taux), couvrant la durée du contrat de plan, n'avait été mis en place, permettant de relever le niveau du taux plancher de 0,25 point environ.

La part de marché des services financiers de La Poste par rapport aux banques est de 9,6 % en 1996, en léger recul par rapport à 1995. La Poste recueille 11,5 % des dépôts à vue des Français, 22,3 % de leur épargne liquide et 8,6 % de leurs contrats d'assurance. Les services financiers de La Poste concernent 28 millions de clients, pour un encours total de 909 milliards de francs.

B. LES RÉSULTATS DE LA POSTE

La santé financière de l'opérateur postal reste fragile.

En 1996, le résultat d'exploitation du groupe La Poste a atteint 981 millions de francs. Le résultat courant était déficitaire de 571 millions de francs et le résultat après impôt déficitaire de 614 millions de francs. En 1995, le résultat net était négatif de 1,125 milliards de francs.

Les projections élaborées à partir des 9 premiers mois d'activité de 1997 aboutissent à envisager : un chiffre d'affaires de 85,5 milliards de francs, supérieur de 600 millions de francs aux prévisions initiales ; un résultat d'exploitation de 1,5 milliard de francs, supérieur aux prévisions initiales, un résultat net avant impôt positif, de 107 millions de francs, en progression de 400 millions de francs par rapport à l'état prévisionnel de recettes et de dépenses initial, qui indiquait une perte probable de 293 millions de francs.

Ce redressement par rapport aux prévisions est lié à une relative progression du chiffre d'affaires courrier et colis, qui s'explique par la reprise de l'activité économique, mais également par une augmentation de plus de 80 % de la gamme " prêt à poster ", grâce aux produits diligo et aux enveloppes pré-timbrées, ainsi que par une augmentation de 112 millions de francs du produit des plis électoraux. Le chiffre d'affaires des clientèles financières est également meilleur que la prévision initiale, grâce aux bons résultats de l'épargne ordinaire et de l'assurance. Toutefois, le niveau des charges est également supérieur au montant initialement prévu, ce qui modère la satisfaction que l'on peut tirer de ce redressement.

Ces données chiffrées ne sauraient en effet masquer l'ampleur des défis auxquels est aujourd'hui confrontée La Poste.

II. LES PRINCIPALES MENACES

A. LE PROBLÈME DU FINANCEMENT DES RETRAITES DES FONCTIONNAIRES DE LA POSTE

Contrairement à France Télécom, La Poste finance le montant intégral des retraites des anciens postiers fonctionnaires d'Etat. Cette charge est amenée à s'accroître considérablement dans les années à venir , conduisant à une véritable asphyxie de l'opérateur, comme le détaille l'encadré suivant :

LES CHARGES DE RETRAITE DE LA POSTE

Le principe inscrit dans la loi de 1990

La Poste rembourse intégralement à l'Etat la charge des pensions versées à ses anciens agents fonctionnaires.

La Poste participe aux mécanismes de compensation et surcompensation entre régimes.

Pour ses agents non fonctionnaires, La Poste verse comme tout employeur des cotisations patronales libératoires de droit commun.

Les masses financières en jeu (chiffres 1996)

(1) Pensions versées aux fonctionnaires retraités : 13,0 Mdf

(2) Cotisations versées par les fonctionnaires actifs : 2,4 Mdf

(3) = (1) - (2) : Complément à la charge de La Poste : 10,6 Mdf

(4) Charge au titre de la compensation/surcompensation : 2,0 Mdf

(5) = (3) + (4) : Coût des retraites des fonctionnaires pour La Poste : 12,6 Mdf

Soit 41 % de la masse actuelle des traitements indiciaires bruts.

Perspectives d'évolution

L'évolution de cette charge est très étroitement liée à l'évolution de la démographie, caractérisée par un double phénomène de rapide croissance de la population retraitée (sortie des générations entrées dans les années 60) et de diminution du nombre des actifs (réduction des effectifs fonctionnaires).

La population des retraités devrait passer de 150.000 actuellement à 170.000 en 2001, 220.000 en 2010 et 245.000 en 2015.

Pour sa part, la charge de compensation et surcompensation a commencé à décroître depuis 1995, pour les mêmes raisons démographiques qui désormais réduisent les transferts de La Poste aux autres régimes.

Au total, la charge des retraites des fonctionnaires, pour La Poste, devrait s'accroître de 600 millions de francs par an à compter de 1998. Si rien n'est fait, en 2015 la charge financière supportée par La Poste du fait des retraites sera équivalente à la masse des traitements des fonctionnaires en activité !

Source : Audition de M. Christian Pierret devant la Commission des Affaires économiques le 8 octobre 1997 et rapport précité de M. Gérard Larcher.

B. LE CHOC DE LA CONCURRENCE

1. La directive postale européenne

La libéralisation des services postaux est d'ores et déjà programmée au niveau communautaire. Si, aujourd'hui, 57 % du chiffre d'affaires est réalisé sous monopole, cette part devrait se réduire à 37,5 % dès 1998, voire à 25 % en 2003 en cas de libéralisation du publipostage et du courrier transfrontalier.

Rappelons que la directive européenne en cours d'adoption sur les services postaux organise une ouverture progressive du marché postal européen autour des principes suivants :

- la directive garantit l'existence d'un service universel commun à tous les pays de l'Union européenne, fondé sur la qualité et l'accessibilité du service (points de contacts, nombre de jours de distribution, tarifs abordables) ainsi que sur une garantie d'offre de produits minimale (lettres jusqu'à 2 kilos, colis jusqu'à 10 kilogrammes, envois recommandés) ;

- la directive retient l'existence des services réservés à l'opérateur en charge du service universel pour compenser les charges qui en résultent et garantir son équilibre financier et sa pérennité. Ces services réservés délimitent le périmètre maximal du monopole de l'opérateur postal en charge du service universel. La concurrence s'exercera sur les autres services postaux.

Si aujourd'hui toutes les lettres relèvent, en droit français, du monopole de La Poste, demain ce monopole ne s'étendra plus qu'à celles d'entre elles qui auront un poids inférieur à 350 grammes et un prix d'affranchissement inférieur à 5 fois le tarif de base.

Mais le cadre réglementaire européen fixé par la directive en cours d'adoption est susceptible d'évoluer à l'avenir et il est à craindre que la perspective d'une plus large libéralisation, qui a pu être écartée jusqu'à présent, ne devienne dans les cinq ans à venir une réalité .

La menace de la concurrence est d'autant plus réelle que le monopole de La Poste est d'ores et déjà détourné par la pratique abusive du " repostage " par certaines postes européennes.

2. La pratique du repostage

Certaines postes étrangères ont utilisé les failles d'un accord postal international pour pratiquer, à leur avantage, un véritable détournement du courrier. Le détail de ce système, qu'il qualifie de " brigandage ", se trouve dans le rapport d'information précité de votre commission sur l'avenir de La Poste.

Rappelons seulement que cette pratique a occasionné un manque à gagner d'au moins 600 millions de francs pour la poste en 1996.

C. L'INSUFFISANCE DE LA CONTREPARTIE DES CHARGES D'INTÉRÊT GÉNÉRAL DE LA POSTE

Le rapport d'information précité de votre commission s'est livré au calcul des charges nettes -c'est-à-dire des charges non compensées par une contrepartie financière- incombant à La Poste du fait de ses missions d'intérêt général, ce qui lui a permis de dresser le constat suivant, établi à partir des estimations les plus couramment admises pour 1996 :

LES CHARGES NETTES DÉCOULANT DES MISSIONS D'INTÉRÊT GÉNÉRAL

Participation à l'aménagement du territoire (poids des charges découlant du coût d'entretien d'un réseau immobilier pour partie peu fréquenté)

3,2 milliards de francs/an

Contribution au transport et à la distribution de la presse

3,6 milliards de francs/an

Guichet bancaire des plus démunis (livret A utilisé comme un compte courant)

1,3 milliards de francs/an

TOTAL

8,1 milliards de francs/an

D'après ce calcul, la Poste assumerait donc, sur ses seules ressources, plus de 8 milliards de francs de charges non compensées, liées à ses missions d'intérêt général.

En ce qui concerne la présence postale sur le territoire, la perspective, toute proche, d'une libéralisation partielle des services postaux ainsi que l'urgence des autres menaces qui pèsent sur l'opérateur diminuent la pertinence du moratoire instauré en 1993 -à la satisfaction de votre commission pour avis- sur le nombre de points de contact postaux (17.000 environ).

Il apparaît, en effet, de plus en plus clairement qu'une redynamisation du réseau est indispensable. Est-il raisonnable de faire financer par La Poste les quelque 2.000 points postaux qui ont moins d'une heure d'activité par jour, voire les 3.000 points de contact -soit 18 % du réseau- qui ont moins de deux heures d'activité par jour ?

Il faut revoir la politique de présence postale et pour ce faire votre rapporteur juge nécessaire que l'opérateur propose lui même des solutions aux élus locaux, l'actuelle politique de regroupement intercommunal de l'immobilier ayant montré ses limites.

Les expérimentations doivent être mises en place pour favoriser le redéploiement du réseau, et en particulier celles qui permettent de développer le service postal mobile, comme le préconise le récent rapport, précité, de votre commission.

III. LES PROPOSITIONS DE VOTRE COMMISSION

Votre commission a proposé de nombreuses solutions pour préparer l'opérateur postal aux mutations de son environnement et assurer une prise en charge plus équitable des charges qui, aujourd'hui, l'empêchent d'évoluer.

LES PROPOSITIONS DU RAPPORT D'INFORMATION DE VOTRE COMMISSION " SAUVER LA POSTE : DEVOIR POLITIQUE, IMPÉRATIF ÉCONOMIQUE "

1. Initiatives internationales relevant des pouvoirs publics :

- lutter contre le repostage par une " amicale pression " sur les gouvernements des pays où agissent les reposteurs et, éventuellement, par des mesures de rétorsion menées de manière concertée, avec d'autres pays européens victimes de cette pratique ;

- proposer la création d'un timbre à valeur unique pour le courrier entre les Etats membres : l'euro-timbre, assis sur un fonds de péréquation postale européenne.

2. Développer une stratégie internationale d'alliances en préparant une alliance avec la poste allemande et en réfléchissant, sur cette base, à un rapprochement franco-allemand avec l'un des grands opérateurs mondiaux de la messagerie.

3. Adopter, avant fin 1998, une loi d'orientation postale traduisant, dans notre législation, non seulement les dispositions de la directive européenne mais aussi un grand nombre des propositions avancées ci-après.

4. Statut de La Poste :


- la privatisation est exclue ;

- sa sociétisation , c'est-à-dire sa transformation en entreprise nationalisée sous forme de société anonyme détenue par l'Etat, n'apparaît pas indispensable , mais le débat doit rester ouvert , dans la perspective de la réalisation d'alliances internationales.

5. Définir un service public ambitieux :

- utiliser les marges de flexibilité qu'offre la future directive postale en définissant un périmètre du monopole du courrier aussi étendu que permis et en créant parallèlement un fonds de compensation destiné à compléter, en tant que de besoin, le financement du service universel ;

- faire mieux respecter le monopole en créant un corps d'inspecteurs assermentés de La Poste et en renforçant vigoureusement les sanctions pénales prévues en cas d'atteinte à ce monopole ;

- confier à La Poste l'habilitation publique de la certification postale électronique restant à établir.

6. Le réseau de La Poste :

- il doit être modernisé et dynamisé, par des idées innovantes, pour mieux revitaliser les territoires ;

- il doit sortir du moratoire rendu désormais inutile par la loi " Pasqua " du 4 février 1995 ;

- le réseau immobilier doit être valorisé par une démarche centrée sur l'intensification locale des besoins des hommes et des territoires, par une transformation des guichets les moins fréquentés en points d'appui de démarche commerciale à domicile, par la recherche de nouveaux partenariats publics, par l'examen de l'intérêt d'une polyactivité postale, par l'augmentation des ventes ;

- le réseau immobilier doit être reformaté et renforcé par un service postal mobile , à l'exemple de ce qui est actuellement en oeuvre en Allemagne ;

- les partenariats entrepreneuriaux doivent être multipliés, tant au niveau national que local, pour développer les canaux de contact avec la clientèle et aider les petits commerces ruraux ;

- la loi d'orientation postale déjà préconisée doit définir des objectifs en termes de temps d'accès au service postal, d'une part, en fixant les distances maximales entre tous points d'une catégorie de territoires donnée et une antenne postale fixe et, d'autre part, en établissant des discriminations positives en faveur des zones les moins favorisées ;

- les responsabilités postales des élus locaux doivent être confortées au travers des schémas départementaux des services publics, des agences postales communales et par l'adaptation aux réalités locales des orientations de la future loi postale ;

- le soutien financier de l'Etat doit être assuré en maintenant les abattements fiscaux de La Poste, en versant une subvention d'équilibre et en affectant une partie du produit de la taxe professionnelle de France Télécom à un Fonds géré de manière paritaire par les élus et l'Etat, permettant de mobiliser plus de 2,5 milliards de francs par an pour la redynamisation des zones urbaines et rurales en difficultés, dont au moins 500 millions de francs par an seront consacrés à la modernisation et à la dynamisation du réseau de La Poste, dans les départements dont plus de la moitié du territoire est composé de zones rurales classées comme très vulnérables ;

- les élus locaux doivent être garantis qu'il n'y aura pas de " marché de dupes " en renforçant la relocalisation de services de La Poste dans les zones rurales et en organisant des " tables-rondes " Poste-élus permettant d'ouvrir le dialogue et d'explorer ensemble les voies de l'avenir.

7. L'aide postale à la presse :

- dépasser les paradoxes qu'elle a engendrés : elle coûte cher et satisfait peu de ceux auxquels elle est attribuée, elle ne garantit pas nécessairement une délivrance optimale de l'information à l'opinion, elle ne répond plus aux ambitions politiques qui l'ont inspirée et n'obéit pas pour autant à la rationalité économique ;

- établir la vérité des coûts (selon le présent rapport le coût du transport postal de la presse se situe vraisemblablement dans une fourchette de 6,5 à 6,75 milliards de francs plutôt qu'autour de 7,5 milliards) ;

- poursuivre dans la voie du ciblage sur la presse d'opinion ;

- développer les relations commerciales avec les autres éditeurs ;

- alléger les charges de La Poste en portant de 15 millions en 1997 à 90 millions en 1998, l'aide au portage des journaux à domicile et ce en utilisant à due concurrence le produit de l'impôt sur les recettes publicitaires des supports hors médias en cours d'instauration au Parlement ;

- enfin, étudier la préservation de la deuxième tournée postale dans la capitale pour la presse du soir, assurer un suivi externe de la qualité et veiller à garantir la pérennité de la contribution de l'Etat au financement du transport de la presse.

8. Conforter les compétences financières de La Poste :

- maintenir le cadre juridique actuel en refusant la banque postale, en développant une comptabilité analytique aux résultats invulnérables à la critique en ayant bien conscience que si cette exigence pouvait être satisfaite, il faudrait se résoudre à une filialisation dans le cadre du statut public de La Poste ;

- confirmer le périmètre actuel des services financiers en appliquant la loi de 1990, toute la loi de 1990 , rien que la loi de 1990, tout en veillant cependant à ne pas ébranler le marché par des actions commerciales brutales ;

- maintenir le duopole de la collecte du livret A : en s'opposant à sa banalisation et en affirmant clairement dans la loi la mission de cohésion sociale accomplie par La Poste.

9. Clarifier les relations financières entre l'Etat et La Poste dans le cadre du prochain contrat de plan :

- réfléchir aux moyens permettant à La Poste de mieux couvrir les coûts de la collecte des CCP ;

- réfléchir au mode rémunération des fonds de la Caisse Nationale d'Epargne ;

- traiter de l'éventuel assujettissement de La Poste à la TVA lors de la discussion de la loi d'orientation postale ;

- envisager la suppression du droit de timbre, impôt archaïque.

10. Les retraites de postiers :

- traiter le problème pour 1998 sans sacrifier les postiers au culte du 3 % de déficit public ;

- trouver une solution définitive en ajustant les charges de retraites de La Poste sur le prélèvements sociaux de droit commun ;

- gager la soulte que La Poste acquitterait à l'Etat et à la collectivité des contribuables sur une meilleure continuité du service public postal.

11. Assurer la continuité du service public postal


- respecter préalablement à toute grève, un préavis d'une durée minimale, comme l'impose la loi ;

- mettre le délai de ce préavis à profit pour engager des négociations ;

- en cas de blocage de ces négociations, recourir à un médiateur ;

- maintenir le réseau B qui fiabilise les infrastructures ;

- mieux indemniser les entreprises clientes du préjudice subi du fait d'une grève.

12. Mobiliser les personnels

- améliorer la communication interne à l'entreprise pour faire, par un dialogue interactif, faire prendre conscience aux postiers de la réalité des dangers, et leur donner la visibilité indispensable à leur mobilisation au service de l'entreprise et du pays ;

- confirmer la priorité donnée à la formation aux nouveaux métiers ;

- développer une politique ambitieuse de stages des cadres de La Poste dans d'autres entreprises publiques mais aussi dans le secteur privé ;

- embauche davantage de cadres issus d'entreprises privées ;

- développer des formules d'intéressement du personnel à la bonne marche de l'entreprise.

13. Doter La Poste d'une stratégie résolument offensive :

- retrouver le chemin de la croissance en améliorant la performance sur les marchés traditionnels, en conquérant de nouveaux marchés, en développant les services à valeur ajoutée et en appliquant trois maîtres mots à l'égard des clients : partenariat, réactivité, responsabilité ;

- maîtriser l'évolution des charges et améliorer la productivité.

14. Toujours placer l'intérêt national au coeur des réflexions à mener et de l'élan à créer.

Votre commission souhaite que ces propositions soient prises en compte lors de l'élaboration du texte de loi futur qui devra intervenir pour transposer la directive européenne en cours d'adoption sur les services postaux, texte dont votre commission désire qu'il soit une vraie loi d'orientation postale, ambitieuse pour La Poste.

*

* *

Suivant les conclusions de son rapporteur, la commission a décidé de donner un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés aux technologies de l'information et à La Poste dans le projet de loi de finances pour 1998.

EXAMEN PAR LA COMMISSION

Au cours de sa réunion du mardi 25 novembre 1997, sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Pierre Hérisson sur les crédits consacrés aux technologies de l'information et à La Poste dans le projet de loi de finances pour 1998.

M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, a indiqué que les crédits demandés pour 1998 pour La Poste et les télécommunications s'élevaient à 2,64 milliards de francs, mais que la modestie de ce budget ne devait pas occulter l'important tournant que représentait l'année 1998 en matière de télécommunications, avec l'ouverture totale à la concurrence dès le 1er janvier.

Le rapporteur pour avis a souligné que le budget demandé pour 1998 reflétait une réalité contrastée puisque, si l'Etat augmentait son soutien au secteur des télécommunications, il diminuait en revanche le montant des crédits attribués au secteur postal.

Pour les télécommunications, le projet de budget proposait, a souligné le rapporteur, de renforcer les moyens alloués aux organismes issus de la réforme de ce secteur : le groupe des écoles de télécommunications recevra une dotation de 443 millions de francs, en hausse de 6,8 % ; l'Autorité de régulation des télécommunications recevra une dotation de 91,7 millions de francs, en hausse de près de 30% ; l'Agence nationale des fréquences sera dotée de 196 millions de francs, en baisse de 3 % ; la Commission supérieure du service public de La Poste et des télécommunications recevra 1,5 millions de francs, en baisse de 2 %; les organismes internationaux bénéficieront d'une dotation inchangée de 55 millions de francs.

M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, a rappelé que l'ouverture à la concurrence des télécommunications, programmée par les directives européennes, devenait progressivement une réalité en Europe, la Commission européenne ayant récemment précisé que tous les pays, sauf la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande et le Luxembourg -pays disposant de délais supplémentaires- avaient adopté les changements réglementaires nécessaires, la Belgique tardant toutefois à le faire.

Il a noté avec satisfaction le fait que, grâce à l'accord international signé par 69 pays, le 15 février dernier, dans le cadre de l'organisation mondiale du commerce (OMC), la réciprocité de l'ouverture à la concurrence serait assurée aux entreprises européennes. Il a estimé que les télécommunications ne pouvaient, en effet, plus être gérées dans un cadre strictement national, la France ne représentant qu'un pour cent de la population mondiale.

Le rapporteur pour avis a jugé que la France était prête à affronter l'échéance du 1er janvier 1998 et que la mutation de France Télécom était achevée. Ne souhaitant pas fustiger le comportement des opposants d'hier au changement de statut, qui sont aujourd'hui les défenseurs de l'ouverture du capital, il s'est réjoui de l'aboutissement, avec seulement un semestre de retard, de la réforme engagée par M. François Fillon, qui a conduit à ce qu'entrent au capital de l'entreprise, le 20 octobre dernier, pour 22,5 %, des particuliers et investisseurs institutionnels et, pour 2,5 %, des salariés et anciens salariés de l'entreprise, l'Etat conservant 75 % du total. Il a considéré que la forte participation des personnels à l'offre publique de vente des actions de France Télécom était un succès considérable, puisque le nombre de souscripteurs internes s'élevait à 128.000 personnes, soit près de 70 % des actifs, alors que les grèves de 1993 avaient réuni la même proportion (75 %) d'opposants internes au changement de statut de l'entreprise. Il a estimé que ce renversement de situation sanctionnait la réussite de la communication interne menée par France Télécom.

M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, a souhaité que les personnels de l'ancienne direction des postes et télécommunications ayant pris leur retraite avant 1991 puissent -comme le prévoit d'ailleurs la loi de finances rectificative pour 1997- bénéficier des conditions favorables d'acquisition des actions accordées aux autres personnels de France Télécom. Il a, en outre jugé indispensable à la projection internationale de France Télécom l'échange de participation envisagé avec Deutsche Telekom.

Le rapporteur pour avis s'est félicité du règlement de la question des impayés des ministères à l'égard de France Télécom, pour un montant atteignant 2 milliards de francs à la fin de 1996, situation régulièrement condamnée ces dernières années par la commission. Saluant cet acte de responsabilité politique de l'ancien Gouvernement, il a indiqué que les sommes en jeu seraient remboursées progressivement, l'opérateur abandonnant toutefois 800 millions de francs de créance.

M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, a émis deux critiques concernant l'organisation nouvelle du secteur des télécommunications. Il s'est déclaré insatisfait de la nouvelle réglementation des redevances relatives au passage sur le domaine public des collectivités locales, que devront dorénavant acquitter les opérateurs. Il a, de plus, vivement critiqué le régime de paiement actuel, à l'Etat, de la taxe professionnelle de France Télécom, qu'il a jugé manifestement inadapté à la concurrence. Rappelant ses prises de positions antérieures, il a réaffirmé sa détermination sur ce sujet. Il a estimé que, France Télécom étant devenue une société anonyme de droit commun, cette entreprise devait, en conséquence, se voir appliquer le même régime de paiement que ses concurrents. Insistant sur les difficultés rencontrées, pour les implantations d'équipements -notamment pour le réseau hertzien-, par l'opérateur historique, du fait de ce qui était, à son sens, une distorsion de concurrence, il a fait valoir que l'entreprise devait être soutenue pour amener son actionnaire à changer cette situation. Evoquant l'action engagée par l'Association des maires de France (AMF) sur ce sujet, il a jugé intéressante la proposition récemment formulée par son président, M. Jean-Paul Delevoye, mais il a considéré que la question ne pouvait être réglée définitivement que par l'assujettissement de France Télécom au régime de droit commun de versement de cette taxe.

M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, a rappelé que le remarquable rapport de M. Gérard Larcher avait identifié les principales menaces qui assombrissaient l'avenir de La Poste. Parmi ces dernières, il a incité sur le poids des charges de retraite pour l'opérateur, qui, d'actuellement 12 milliards de francs par an, s'accroîtrait de 600 millions de francs par an, pour atteindre, en 2015, l'équivalent de la masse des traitements des fonctionnaires en activité.

Il a constaté que le projet de loi de finances ne prévoyait en rien le règlement de cette question, pourtant urgente. Il a dénoncé ce qui était, à son sens, une " fuite en avant ".

Evoquant la question du transport postal de la presse, le rapporteur pour avis a déploré que le projet de loi de finances prévoie de réduire de 1,9 milliard à 1,850 milliard de francs la participation de l'Etat à son financement.

M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, a noté que, malgré l'impact des grèves de décembre 1995, qui avaient fait perdre à La Poste la totalité de ses clients situés à La Défense, un rétablissement des comptes financiers de l'opérateur s'était pourtant effectué en 1997.

Soucieux du maintien de la présence postale sur le territoire, le rapporteur pour avis a jugé que les crédits prévus au projet de loi de finances ne permettraient pas l'indispensable modernisation du réseau de La Poste.

Répondant à M. Jean Huchon, qui l'interrogeait sur le montant des impayés des ministères à l'égard de France Télécom, M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, a précisé que l'apurement de cette dette, décidée par le Gouvernement précédent, s'accompagnait d'une obligation pour l'avenir de paiement en temps et en heure par les administrations, indispensable dans le nouveau cadre concurrentiel.

M. Jean François-Poncet, président , s'est étonné de la négociation par les ministères d'un abandon de 800 millions de francs de créance de la part de France Télécom, jugeant que ce procédé était plutôt l'apanage d'une société en faillite que celui d'un État.

M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, a précisé que l'avis défavorable qu'il proposait à la commission d'émettre quant à l'adoption des crédits consacrés aux technologies de l'information et à La Poste n'était pas la conséquence des évolutions budgétaires stricto-sensu, mais découlait bien plutôt des réserves que l'amenaient à formuler le régime de versement à l'Etat, de la taxe professionnelle de France Télécom, le problème de la réglementation des droits de passage sur le domaine public et la question de la baisse du soutien de l'Etat au transport postal de la presse.

A M. Francis Grignon, qui l'interrogeait sur le développement de la commercialisation des produits d'assurance par La Poste, le rapporteur pour avis a précisé qu'en la matière, le statu-quo prévalait, les gouvernements successifs s'évertuant à ne rien changer au périmètre des activités postales, contrairement à ce qui était observé dans d'autres pays -comme la Suède- où la modernisation des opérateurs postaux avait déjà été engagée.

M. Jean François-Poncet, président , a estimé que, pour La Poste, comme cela avait été le cas pour la SNCF, on avait tendance à différer " l'opération du malade " jusqu'à ce que ce dernier devienne " inopérable ".

Un échange de vue s'est ensuite instauré entre MM. Jean Huchon et M. Pierre Hérisson, rapporteur pour avis, sur la question des implantations de pylônes par les trois opérateurs de téléphonie mobile et sur les conséquences qui en découlaient pour les recettes des collectivités locales.

Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés aux technologies de l'information et à La Poste dans le projet de loi de finances pour 1998 , le groupe socialiste votant pour son adoption.

ANNEXE N° 1 -

ÉVOLUTION DE LA RÉGLEMENTATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS DANS L'UNION EUROPÉENNE

















Etat membre

Stade de la libéralisation des télécommunications

Allemagne

Libéralisation complète prévue pour le 1er janvier 1998

La loi de réglementation des télécommunications du 25 juillet 1996 a libéralisé les infrastructures alternative et a prévu le dispositif requis pour libéraliser l'ensemble des infrastructures et la téléphonie vocale au 1er janvier 1998.

Trois licences ont été octroyées pour la fourniture de la téléphonie vocale, ainsi que de nombreuses licences pour l'établissement et l'exploitation de réseaux publics de télécommunications pour la fourniture de services de télécommunications à l'exception de la téléphonie vocale.

Les communications mobiles et par satellites sont libéralisées depuis 1989.

Les services vocaux et de transmission de données pour les groupes fermés d'utilisateurs sont libéralisées depuis 1989.

Les services vocaux et de transmission de données pour les groupes fermés d'utilisateurs sont libéralisés depuis 1993.

Autriche

Libéralisation complète prévue pour le 1er janvier 1998

01.04.94 : libéralisation des équipements terminaux, des services de transmission de données, services à valeur ajoutée et services par satellites.

1995 : GSM : 2 licences ont été attribuées (téléphone mobile).

01.01.969 : libéralisation des services de télécommunications fournis sur réseaux câblés, hors téléphonie vocale.

- un appel d'offres a été lancé pour l'attribution d'une licence DCS 1800 5FIN 1997°

- Libéralisation des infrastructures alternatives au 1er juillet 1997 (loi de réglementation des télécommunications de 1997)

Belgique

Jusqu'à présent, le secteur des télécommunications n'a été que partiellement libéralisé, par étapes :

03.91 : libéralisation des terminaux et services à valeur ajoutée

Création de l'IBPT.

09.96 : libéralisation effective des mobiles.

Un décret royal adopté le 28 octobre 1996 a transposé l'obligation de libéralisation des infrastructures alternatives et permis l'utilisation du câble pour la fourniture de services de télécommunications libéralisés.

Danemark

Libéralisation complète depuis le 1er juillet 1996.

Quatre licences DCS 1800 (téléphone mobile) ont été attribuées en mars 1997.

Espagne

La libéralisation de la téléphonie vocale et de l'ensemble des infrastructures doit intervenir le 30 novembre 1998 au plus tard (délai supplémentaire).

Un décret royal en date du 7 juin 1996 lève les restrictions relatives à l'utilisation des infrastructures alternatives à des fins de prestation de services de télécommunications libéralisées.

Finlande

Marché totalement libéralisé depuis 1994.

L'un des marchés les plus ouverts à la concurrence : environ 70 opérateurs de télécommunications en Finlande.

Le processus de libéralisation a commandé en 1985, avec la libéralisation des services de transmission de données et services aux entreprises. En 1990, le champ libéralisé s'est élargi aux mobiles, avant la libéralisation complète en 1994.

France

La loi n°96-659 du 26 juillet lève les restrictions à l'établissement et/ou exploitation de tous réseaux de télécommunications pour la prestation de services libéralisés et établit le dispositif requis pour libéraliser l'ensemble des infrastructures et la téléphonie vocale au 1er janvier 1998.

Un certain nombre de licences d'infrastructures alternatives ont déjà été attribuées.

Grèce

Bénéfice d'un délai supplémentaire pour la libéralisation des infrastructures alternatives jusqu'au 31 décembre 2000 pour l'ensemble des infrastructures et la téléphonie vocale.

Irlande

A obtenu un délai supplémentaire pour la libéralisation des infrastructures alternatives au 1er juillet 1997, et pour la libéralisation des infrastructures et la téléphonie vocale au 1er janvier 2000.

Italie

Libéralisation complète prévue pour le 1er janvier 1998.

La loi de réglementation des télécommunications adoptée le 17 juillet 1996 a libéralisé les infrastructures alternatives.

Principaux services libéralisés :

- les services de transmission de données, GSM, services vocaux aux entreprises et groupes fermés d'utilisateurs ont été libéralisés par une loi de mars 1995.

- La loi de décembre 1996 a notamment transposé en droit italien la directive " Réseaux câblés ".

Luxembourg

Le Luxembourg a obtenu un délai additionnel de six mois pour la libéralisation des infrastructures et de la téléphonie vocale au 1er juillet 1998.

Les infrastructures alternatives ont été libéralisées le 1er janvier 1997.

Pays-Bas

Les mesures libéralisant les infrastructures alternatives ont été adoptées le 15 juillet 1996. L'ensemble des infrastructures et la téléphonie vocale ont été libéralisées le 1er juillet 1997.

Portugal

A obtenu un délai supplémentaire pour la libéralisation des infrastructures alternatives au 1er janvier 2000 pour l'ensemble des infrastructures et la téléphonie vocale.

Royaume-Uni

Marché totalement libéralisé depuis fin 1996. Avait déjà libéralisé à partir de 1982 la téléphonie vocale et l'ensemble des infrastructures, à l'exception des infrastructures internationales, libéralisées en 1996.

Suède

Marché totalement libéralisé depuis les années 80. Le marché suédois des télécommunications est l'un des marchés européens des télécommunications les plus ouverts à la concurrence.

Source : Secrétariat d'Etat à l'Industrie

ANNEXE N° 2 -

TRANSFORMATION DU STATUT DES OPÉRATEURS HISTORIQUES DE TÉLÉCOMMUNICATIONS

























PAYS

OPÉRATEUR

STATUT

FUTUR

Allemagne

Deutsche Telekom

Devenue société de droit privé à capitaux publics en janvier 1995 (State Inc. CO.). Etat 74 %. Opération d'ouverture du capital réalisée par augmentation du capital en novembre 1996.

Projet : placement auprès de la Kreditanstalt für Wiederaufbaus d'une partie des actions de DT détenues par le gouvernement fédéral pour un montant de 10 milliards de DM en 1997 et 15 milliards de DM en 1998.

Australie

Telska

100 % public

L'ouverture d'un tiers du capital est envisagée au cours de 1997.

Autriche

Post und Telegraph Verwaltung

Administration

Etat 100 %

N.A.

Belgique

Belgacom

SA depuis 1994

Etat : 50,1 %

Vente de 49,9 % du capital au consortium Ameritech (37 %) - Singapore Telecom (28 %) signature en décembre 1995.

Entrée dans le capital finalisée en juin 1996.

Canada

Sociétés commerciales à capitaux privés

Danemark

Tele Danmark

Holding State Inc. CO. depuis novembre 1990.

Vente de 49 % du capital en avril 1994.

Etat : 51 %

Ouverture complémentaire du capital envisagée

Espagne

Telefonica

Société anonyme à capitaux entièrement privés .

Offre publique de vente par l'Etat de 12 % du capital le 4 octobre 1995 (pour un montant de 1,5 milliards de $)

(Les précédentes tranches dataient de juin 1985 et septembre 1986.

Les 20 % restant ont été vendus début 97 pour 4,6 milliards de dollars.

Reste en suspens la cession par l'Etat de ses parts (23,8 %) dans Tisa, filiale international de l'opérateur.

Etats-Unis

Sociétés commerciales à capitaux privés.

Finlande

Telecom Finland

+

49 compagnies téléphoniques locales réunies en association

Société par actions depuis le 1er janvier 1994.

Contrôlé à 100 % par l'Etat

Sociétés locales, privées

N.A.

France

France Télécom

Ouverture minoritaire du capital - Etat 77 %

SA au 1er janvier 1997

L'Etat a l'obligation légale et constitutionnelle de détenir plus de la majorité du capital.

Grèce

OTE

Statut d'entreprise légale définie par la loi 217/1993.

Propriété de l'Etat à 94 %.

OTE a mis 6 % de son capital sur le marché en mars 1996.

Le gouvernement grec a décidé en avril 1997 la vente de 10,7 % supplémentaires pour un milliard de dollars environ.

Irlande

Telecom Eireann

SA depuis 1992.

Propriété de l'Etat à 80 % après la vente de 20 % du capital à un consortium constitué de KPN et Telia en juin 1996

Le consortium KPN/Telia dispose d'une option d'achat de 15 % supplémentaires d'ici juin 1999.

Italie

Telecom Italia

SPA depuis août 1994

Société de droit privé à majorité publique :

STET : 56,5 %

IRI : 2,83 %

La privatisation de la STET, après sa fusion avec Telecom Italia en juillet 1997 est intervenue en octobre 1997 pour un montant de 7,5 milliards de dollars environ.

Japon

NTT

Public à 63 %, privé à 37 %.

L'Etat a l'obligation légale de conserver au moins un tiers du capital

Luxembourg

Administration des P et T

Propriété de l'Etat

N.A.

Norvège

Telecom

100 % public

Nouvelle-Zélande

NZTC

100 % privé

Le gouvernement néo-zélandais détient une " kiwi-share "

Pays-Bas

KPN (Koninkelijke PTT Nederland)

Sociétisation en 89 puis en juin 94, première étape de la privatisation : vente de 30 %, deuxième tranche de privatisation, de 25 %, qui a fait de KPN une société à capitaux majoritairement privés en octobre 1995.

L'Etat ne détient plus que 45 % du capital de KPN, mais garde un droit de regard grâce à son " action spéciale ". (seul cas, à ce jour, de privatisation Poste et Télécom en une société unique).

Une troisième tranche est prévue pour 97/98.

Portugal

Portugal Telecom

Société par actions depuis 1992.

State Inc. CO depuis janvier 1995.

Avril 1995 : vente de 30 % du capital pour un montant de 1,2 milliard de $.

Vente à Telefonica de 1 % du capital et à BT de 1,5 % du capital en avril 1997.

Le reste est détenu par l'Etat .

26 % du capital doit être mis sur le marché d'ici à la fin 1997.

Royaume-Uni

BT

Première tranche de 50 % en décembre 1984, deuxième tranche en novembre 1991 (22 %), troisième tranche en juillet 1993 (22 %).

100 % privé .

Le gouvernement britannique a renoncé à sa Golden Share en juillet 1997.

Singapour

Singapore Telecom

Privatisation partielle en 1993 et 1996.

Une troisième tranche de privatisation prévue dans les trois prochaines années.

Suède

Telia

Société anonyme à capitaux publics.

Propriété de l'Etat à 100 %

Ouverture du capital prévue pour fin 1997 ou en 1998.

Suisse

PTT Suisse

100 % public

Le gouvernement suisse a annoncé la vente de 49 % du capital de PTT Suisse en 1998, pour environ 3,9 milliards de dollars.

Source : Secrétariat d'Etat à l'Industrie



1 Comme l'indique le rapport précité, ces estimations financières font l'objet de contestations, malgré la récente mission effectuée sur ce sujet par les inspections des finances et des postes et télécommunications.

2 " Sauver La Poste : devoir politique, impératif économique ", Sénat n° 42, 1997. Rapport de M. Gérard Larcher au nom de la Commission des Affaires économiques et du groupe d'études sur l'avenir de la Poste et des Télécommunications.

3 Com. (97) 236 final, communication sur la mise en oeuvre de la réglementation en matière de télécommunications.

4 Directive de la Commission du 28 juin 1990 relative à la concurrence dans les marchés des services de télécommunications.

5 Directive 94/46/CE de la Commission, du 13 octobre 1994, en ce qui concerne en particulier les communications par satellite, directive 95/51/CE de la Commission, du 18 octobre 1995, concernant la suppression des restrictions à l'utilisation des réseaux câblés de télévision pour la fourniture de services de télécommunications déjà libéralisés, directive 96/2/CE de la Commission du 16 janvier 1996 en ce qui concerne les communications mobiles et personnelles, directive 96/19/CE de la Commission, du 13 mars 1996, concernant la réalisation de la pleine concurrence sur le marché des télécommunications.

6 Communication de la Commission précitée.

7 Communication de 1996 sur l'application des règles de concurrence à l'accès aux réseaux de télécommunications.

8 Communication au Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et social et au Comité des régions sur la mise en oeuvre de la réglementation en matière de télécommunications : première mise à jour.

9 Ces évaluations présentent un caractère prévisionnel. Les montants définitifs ne seront arrêtés qu'en 1999 et donneront lieu à un ajustement des contributions perçues.

10 Le 25 août 1997, le premier ministre a annoncé un " plan nouvelles technologies " pour la France ainsi qu'une libéralisation de la cryptologie faible.

11 Sénat, séance du 28 octobre 1997, Journal officiel (compte-rendu intégral), pages 3040 et 3041

12 Bien que la loi de réglementation des télécommunications ne soit encore que partiellement appliquée, comme cela a déjà été dit.

13 d'après l'ART, France Télécom mobile et Salomon Brothers.

14 " Maîtriser la société de l'information : quelle stratégie pour la France ? " décision commune d'information sur l'entrée dans la société de l'information, Sénat n° 436,

15 Les préfixes disponibles étant en nombre limité, l'ART procède à un tirage au sort pour leur attribution.

16 De notre collègue Gérard Larcher au nom de la Commission des Affaires économiques, Sénat, 1995-1996.

17 Plus précisemment le préambule de la Constitution de 1946.

18 Contribution exceptionnelle de 37,5 milliards de francs, due à l'Etat en 1997 au titre du régime de retraite des fonctionnaires, mise en place par la loi de réglementation des télécommunications, conformément aux propositions du rapport d'information de votre commission : " L'avenir de France Télécom : un défi national ".

19 Séance du 6 juin 1996, Journal officiel, compte rendu intégral des débats du Sénat.

20 Lors de son audition à la commission des affaires économiques le 28 octobre dernier.

21 Le récent et remarquable rapport de notre collègue Gérard Larcher " Sauver la Poste : devoir politique, impératif économique " qualifiait d'ailleurs ce système de " détournement " (page 289).

22 n° 283, Assemblée nationale, annexe au procès-verbal de la séance du 17 novembre 1997.

23 Ainsi que MM. Alex Türk et Alain Joyandet, sous la présidence de M. Pierre Laffitte

24 Derniers chiffres communiqués


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