C. LES PORTS ET LA PÊCHE
Depuis les mesures de décentralisation, les actions de
l'Etat en matière d'infrastructures portuaires pour la pêche sont
limitées aux ports d'intérêt national.
Pour les ports qui sont restés de sa compétence, la politique de
l'Etat en matière d'accueil du trafic généré par la
pêche maritime poursuit trois objectifs :
- assurer de bonnes conditions d'accueil aux navires (profondeurs
suffisantes, plans d'eau correctement protégés, linéaire
d'accostage adapté aux nécessités du débarquement
du poisson et à celles du stationnement de la flottille) ;
- veiller à ce que le concessionnaire de l'outillage public mette
en oeuvre des équipements de superstructure permettant d'assurer le
débarquement et la vente du poisson dans de bonnes conditions de
coût et de qualité du service ;
- mettre en oeuvre sur la zone portuaire les dispositions domaniales
offrant les garanties nécessaires aux opérateurs privés
qui interviennent dans le négoce et la transformation des produits de la
pêche.
Au cours des dernières années, l'évolution
défavorable des stocks de poissons a entraîné une baisse
importante des apports, surtout sensible pour la pêche
industrielle : ainsi entre 1985 et 1996, les tonnages de poisson vendus en
criée ont chuté de 32 % à Boulogne, de 59 %
à Lorient et de plus de 24 % à Concarneau. Depuis le
début des années 1990, à la baisse des apports s'est
ajoutée celle des prix qui, toutefois, se sont redressés dans la
plupart des ports en 1996.
Les recettes perçues par les ports ont diminué, alors même
que d'important programmes de modernisation sont nécessaires pour mettre
en conformité avec les normes sanitaires européennes.
Malgré la chute des apports de la pêche industrielle, Boulogne
reste le premier port de pêche français avec notamment une zone de
transformation des produits de la mer où sont traitées
300.000 tonnes de poissons par an. Mais les apports de poissons
débarqués, pour plus de la moitié par la pêche
artisanale, ne représentent qu'une toute petite partie des volumes
traités, l'essentiel arrivant par la route. Ainsi, en 1996, les apports
de poissons vendus en criée de Boulogne ont atteint 57.694 tonnes
(- 8,6 % par rapport à 1995) pour un prix moyen de
9,8 francs par kilogramme (+ 8,92 % par rapport à 1994).
La plus grande partie du programme de mise en conformité des
installations de la zone de Capécure avec les normes sanitaires
européennes est maintenant achevée.
Deux opérations ont été inscrites au contrat de plan
Etat-région : l'extension de la gare routière de
marée et la modernisation du bassin Loubet (ouvrages mobiles, mise aux
normes sanitaires). Après l'incendie du 24 septembre 1994, la gare
routière de marée a été intégralement
reconstruite pour pouvoir accueillir à nouveau les mareyeurs et les
transporteurs routiers. Cette reconstruction a été
financée par les indemnités de l'assurance et les subventions
accordées par la DATAR et la Direction des Pêches, et
réalisée concomitamment à l'extension prévue dans
le contrat de plan.
Malgré le plan de restructuration mis en oeuvre en 1993, après la
perte de l'essentiel du trafic Transmanche et le transfert de la
réalisation des deuxième et troisième bâtiments
d'ateliers de mareyage à un syndicat mixte, afin de diminuer la charge
des investissements supportés par le concessionnaire, la situation
financière de la concession n'a pu être
rééquilibrée en raison du niveau de son endettement.
L'Etat a donc décidé de verser, cette année, au
concessionnaire une subvention exceptionnelle de 30 millions de francs
destinée à financer les opérations indispensables au
maintien des outillages et à rembourser, par anticipation, une partie de
la dette.
En 1996, les apports de poisson vendus en criée à Dieppe ont
continué à décroître : ils ont atteint 4.260
tonnes (- 4,2 % par rapport à 1995) pour un prix moyen de
12,46 francs par kilogramme (- 16 % par rapport à 1995).
Afin de mettre le centre de pêche en conformité avec les normes
sanitaires européennes, le concessionnaire poursuit sa modernisation,
engagée depuis deux ans et financée à hauteur de 50 %
par des subventions du FEOGA et des collectivités locales.
Cherbourg
Le port de Cherbourg, qui accueille des navires de pêche artisanale, a
été relativement épargné par la crise. En 1996, les
apports de poissons vendus en criée de Cherbourg, qui avaient
sensiblement progressé de + 16,7 % en 1995, ont atteint
7.868 tonnes (- 4,7 % par rapport à 1995) pour un prix
moyen de 10,95 francs par kilogramme (+ 3,14 % par rapport
à 1995).
La modernisation du port de pêche engagée il y a trois ans est
maintenant achevée. Elle a été complétée par
la construction, cette année, d'une unité de production de glace
(dont le montant s'élève à 3 millions de francs et
dont le financement est couvert à hauteur de 50 % par des
subventions). Ce nouvel équipement, qui remplacera l'actuelle
unité devenue obsolète, améliorera la qualité du
service offert aux pêcheurs.
La situation financière du port de pêche s'est sensiblement
dégradée au cours des dernières années.
Malgré le plan de redressement qu'il a mis en oeuvre en 1994, le
concessionnaire parvient difficilement à rembourser la dette souscrite
pour financer l'opération de modernisation.
Saint-Malo
Après une progression exceptionnelle enregistrée en 1995, les
apports de poissons vendus en criée de Saint-Malo ont, à nouveau,
diminué en 1996 et atteint 3.857 tonnes (- 21,08 % par
rapport à 1995) pour un prix moyen de 11,48 francs par kilogramme
(+ 1 % par rapport à 1995).
La situation financière du port de pêche est mauvaise. Alors
qu'elle était tout juste équilibrée à la fin des
années 1980, elle s'est rapidement dégradée sous
l'effet de la diminution des apports et du poids de la dette souscrite pour
financer l'opération de modernisation de la criée
réalisée en 1990-1991. La capacité d'autofinancement
devenue négative ne permet plus de rembourser les emprunts et
l'équilibre financier du port de pêche est assuré par des
avances du port de commerce, les deux ports étant réunis au sein
d'une même concession.
Brest
A la demande de la CCI, concessionnaire du port de commerce, une concession de
pêche a été créée à Brest et
l'aménagement d'une criée a été
réalisée en 1991-1992 afin d'offrir aux pêcheurs
fréquentant le port de meilleures conditions de commercialisation de
leurs produits.
En 1996, quatrième année de pleine activité de la
criée, les apports de poissons ont enregistré un net recul et
atteint 872 tonnes (- 38,3 % par rapport à 1995) pour un
prix moyen de 21,9 francs par kilogramme (+ 9,5 % par rapport
à 1995).
La situation financière de la concession demeure mauvaise, le niveau des
apports ne permettant pas, pour le moment, que l'activité de la
criée soit équilibrée.
Concarneau
Après avoir sensiblement diminué au début des
années 1990, puis s'être stabilisés pendant trois ans,
les apports de poissons vendus en criée de Concarneau ont
progressé en 1995 ; ils ont atteint 30.000 tonnes
(+ 5,9 % par rapport à 1994). Mais, le prix moyen du poisson,
qui avait brutalement chuté en 1993, a continué à baisser,
il était de 11,95 francs par kilogramme en 1995 (- 3,07 %
par rapport à 1994).
Alors que l'opération de restructuration de la criée,
destinée à la mettre en conformité avec les normes
sanitaires européennes, venait d'être achevée, le
concessionnaire a engagé, en 1996, la réalisation d'une tranche
complémentaire de magasins de marée, afin de répondre
à la demande des mareyeurs qui n'avaient pu être relogés
dans les nouvelles installations dont le dimensionnement avait
été calculé au plus juste.
La situation financière de la concession est fragilisée par la
baisse des recettes et le poids de la dette contractée pour financer le
programme de modernisation.
Lorient
Les volumes de poissons directement débarqués à Lorient
ont sensiblement diminué au cours des dernières années
sous l'effet de la crise qui a touché le secteur de la pêche et de
la politique de débarquement dans les bases avancées. Avec une
baisse des apports de 50 % en dix ans, la pêche industrielle et
semi-industrielle a, en effet, fortement décliné. Les armements
ont connu ou connaissent de graves difficultés qui ne sont pas sans
conséquence sur l'activité du port et de la criée de
Lorient. Le groupe Jégo-Quéré qui représentait la
moitié du tonnage débarqué dans le port de Lorient dans
les années 1980, a été repris il y a deux ans par le
groupe espagnol Pescanova ; une restructuration a été
menée. L'armement Lucas, qui représentait 5.000 tonnes
d'apports, a été repris par le groupe Intermarché qui est
déjà présent à Lorient avec une usine de
transformation de poisson et concrétise ainsi sa volonté de
filière intégrée.
En 1996, le volume des apports de poisson vendus en criée s'est
redressé : il a atteint 29.652 tonnes (+ 12,67 % par
rapport à 1995), pour un prix moyen de 11,67 francs par kilogramme
(stable par rapport à 1995).
Lorient reste néanmoins un grand centre de commercialisation et de
transformation du poisson où, comme à Boulogne, l'essentiel du
poisson traité arrive par la route en provenance de l'étranger ou
d'autres ports français (les apports extérieurs alimentant cette
filière sont estimés à environ 90.000 tonnes).
La Rochelle
La chute des apports d'environ 40 % s'explique par la raréfaction
de la ressource dans le Golfe de Gascogne et la disparition progressive des
bateaux de pêche. Alors qu'en 1988, la pêche industrielle
représentait encore près d'un tiers du poisson
débarqué, le dernier armement a cessé
définitivement toute activité en 1993, privant le port de
1.000 tonnes d'apports. L'ensemble de la flotte restante, et
principalement les chalutiers hauturiers, connaissent d'importantes
difficultés. Toutefois, en 1996, les apports de poissons vendus en
criée de La Rochelle ont enregistré une remontée
sensible : ils ont atteints 5.703 tonnes (+ 14,36 % par
rapport à 1995) pour un prix moyen de 17,06 francs par kilogramme
(+ 6,97 % par rapport à 1995).
A la fin des années 1980, le port de pêche de La Rochelle se
trouvait implanté en centre-ville lorsqu'est apparue la
nécessité de moderniser les installations portuaires pour les
mettre en conformité avec les normes sanitaires européennes. La
ville de La Rochelle a souhaité, à cette occasion, que soient
prises en compte ses propres projets d'aménagement urbain et touristique
qui impliquaient l'abandon par les pêcheurs et mareyeurs du bassin des
chalutiers. L'opération de transfert du port de pêche à La
Pallice a donc été décidée et
réalisée. Le nouveau port de pêche est entré en
service en 1994.
La situation financière de la concession est très fortement
dégradée. La baisse des apports a
déséquilibré les comptes de la concession,
déséquilibre encore aggravé par l'augmentation de la dette
souscrite pour le financement de la réalisation du nouveau port. Le
concessionnaire a mis en oeuvre, en étroite collaboration avec les
collectivités locales, un plan de redressement, dans le cadre duquel le
port de commerce, qui bénéficie d'une excellente situation
financière et est réuni avec le port de pêche au sein d'une
même concession, apporte une importante contribution. Celle-ci a
notamment permis de rembourser par anticipation une partie de la dette du port
de pêche.