Avis n° 87 - Tome II - Projet de loi de finances pour 1998 - Pêche
M. Josselin de Rohan, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 1997/1998
Table des matières
-
CHAPITRE Ier -
L'ENVIRONNEMENT DU PROJET DE BUDGET- I. LA SITUATION DU SECTEUR DE LA PÊCHE, DES CULTURES MARINES ET DU MAREYAGE EN FRANCE EN 1996
- II. L'ACTION CONDUITE PAR LES POUVOIRS PUBLICS EN 1996-1997
- III. L'ÉVOLUTION DU CONTEXTE INTERNATIONAL ET COMMUNAUTAIRE
-
CHAPITRE II -
LE PROJET DE BUDGET DES PÊCHES MARITIMES ET DES CULTURES MARINES - EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME II
PÊCHE
Par M. Josselin de ROHAN,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
3
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
L'avis que consacre votre commission aux crédits de la pêche
maritime et des cultures marines est l'occasion, d'une part, d'examiner
l'environnement de ces secteurs, d'autre part, d'étudier
l'évolution des crédits qui y sont consacrés.
L'avis de votre commission intervient cette année dans un contexte
particulier, tant sur le plan national que communautaire.
Au niveau national
,
la relance de la production initiée en
1995 s'est confirmée en 1996
, malgré la baisse continue du
nombre de navires et de pêcheurs.
La France conserve, par la valeur de sa production estimée à
5,8 milliards de francs, son troisième rang derrière
l'Italie et l'Espagne mais devant le Danemark dont les bateaux prennent
cependant d'énormes quantités de poissons pour la fabrication de
farine.
Le montant du déficit commercial enregistré en 1996 pour les
produits de la pêche s'accentue par rapport à 1995 avec
10,9 milliards de francs en 1996
. En volume, le taux de progression
des échanges est proche de 5 % à l'exportation et avoisine
les 6 % à l'importation. Une érosion des prix plus
accentuée dans ce dernier cas a conduit toutefois à une moindre
progression des importations en valeur.
Sur le plan communautaire
,
le Conseil Pêche, réuni
à Luxembourg les 14 et 15 avril dernier, a adopté le
quatrième plan d'orientation pluriannuel
(POP IV)
,
malgré l'opposition de la Grande-Bretagne et de la France.
Initiée au Conseil Pêche du 22 avril 1996, la négociation
sur ce nouveau POP avait échoué lors du Conseil de
décembre 1996. Ce nouveau plan, qui s'étale de 1997 à
2002, a fait l'objet de longs débats. Malgré de réelles
avancées par rapport aux propositions initiales de la Commission
européenne, le POP IV soulève d'importantes difficultés.
La réduction envisagée de la capacité de pêche est
de 30 % des stocks les plus vulnérables de l'Union, définis
comme " menacés d'extinction " et de 20 % des stocks
surexploités. L'effet du POP au-delà de 1999, lorsque prendra fin
la programmation financière des fonds structurels, n'est cependant pas
envisagé
C'est dans cet environnement que s'inscrit l'action des pouvoirs publics.
L'année 1997 a été marquée par l'adoption de la loi
d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines
adoptée le 5 novembre dernier.
Votre rapporteur pour avis ne souhaite pas revenir dans le détail sur la
situation générale du secteur français de la pêche
maritime. Il vous renvoie à ce sujet aux rapports déposés
lors de l'examen par le Sénat de la loi d'orientation pour la
pêche maritime et les cultures marines
1(
*
)
.
Néanmoins, il tient, à cette occasion, à souligner d'une
part, le caractère ambitieux et courageux de ce texte
déposé par le précédent Gouvernement en
première lecture au Sénat en septembre 1996 et, d'autre part
à se féliciter que M. Louis Le Pensec, ministre de
l'Agriculture et de la Pêche, ait poursuivi le processus d'adoption de ce
texte, notablement enrichi par le Sénat.
Rappelons pour mémoire que cette loi a pour ambition de préparer
le secteur des pêches maritimes et des cultures marines à la
prochaine décennie, en offrant aux hommes et aux entreprises un cadre
juridique, économique et social rénové, nécessaire
pour accompagner une mutation engagée déjà depuis plus de
trois ans.
Sur le second point, celui du budget proprement dit
, les dotations
consacrées à la pêche maritime et aux cultures marines sont
en quasi reconduction par rapport à celles de l'année
précédente avec plus de 185 millions de francs -soit
- 0,25 %-. Votre rapporteur pour avis souhaite néanmoins que
la loi d'orientation qui propose de nombreuses mesures, tant sur le plan
économique, fiscal que social, puisse avoir une réelle traduction
budgétaire dans les mois à venir.
Les dotations pour 1998 sont en effet maintenues au niveau de celles de 1997,
tant en dépenses ordinaires avec 147,13 millions de francs -dont
125 millions de francs de subventions au FIOM et 22,6 millions de
francs pour la restructuration des entreprises- qu'en crédits
d'équipement -40,2 millions de francs en autorisations de programme
et 38,7 en crédits de paiement-.
La dotation du chapitre 44-36, en diminution de 0,31 % par rapport
à 1997, devrait néanmoins permettre de poursuivre l'adaptation de
la filière pêche (annonce anticipée des apports, caisses
chômage intempéries, qualité et actions structurantes sur
le marché), d'une part, et la poursuite du plan de sortie de flotte
permettant le réajustement de la flotte française par rapport au
programme communautaire d'orientation pluriannuel de la flotte de pêche,
d'autre part.
S'agissant du chapitre 64-36, le montant de la dotation est maintenu en
autorisations de programme comme en crédits de paiement. La
priorité est donnée à la modernisation de la flottille,
ainsi qu'à la mise aux normes sanitaires et à l'équipement
des ports de pêche dans le cadre des contrats de plan Etat-Région.
CHAPITRE Ier -
L'ENVIRONNEMENT DU PROJET DE
BUDGET
I. LA SITUATION DU SECTEUR DE LA PÊCHE, DES CULTURES MARINES ET DU MAREYAGE EN FRANCE EN 1996
A. LA PÊCHE ET LES CULTURES MARINES
1. La production
a) Une légère augmentation pour la pêche maritime
Les prévisions pour 1996 indiquent une augmentation en volume de près de 5 % en ce qui concerne les poissons, les crustacés et les mollusques, soit environ 639.605 tonnes.
PRODUCTION FRANCAISE DES PECHES MARITIMES ET DES CULTURES
MARINES
1994 |
1995 |
1996 |
||||
Quantités (tonnes) |
Valeurs (MF) |
Quantités (tonnes) |
Valeurs (MF) |
Quantités (tonnes) |
Valeurs (MF) |
|
Poissons |
351.523 |
3.490,3 |
355.397 |
3.601,9 |
358.951 |
3.782,0 |
Crustacés |
21.017 |
580,6 |
22.149 |
592,7 |
22.103 |
560,3 |
Coquillages |
66.915 |
413,0 |
45.868 |
346,1 |
65.036 |
420,9 |
Céphalopodes |
20.193 |
278,3 |
23.468 |
301,2 |
21.063 |
277,1 |
Algues |
16.485 |
23,9 |
15.181 |
21,6 |
14.596 |
23,7 |
Thon tropical |
161.507 |
851,1 |
141.948 |
658,6 |
147.568 |
684,7 |
Total pêche |
644.850 |
5.671,3 |
616.011 |
5.575,2 |
639.605 |
5.782,7 |
Huitres |
146.990 |
1.671,9 |
152.129 |
1.409,2 |
153.633 |
1.727,6 |
Moules |
66.194 |
475,2 |
61.962 |
444,6 |
67.528 |
497,8 |
Autres coquillages |
3.938 |
52,7 |
1.771 |
35,8 |
3.893 |
60,4 |
Aquaculture |
5.781 |
248,0 |
6.166 |
284,0 |
7.225 |
324,0 |
Total cultures marines |
222.903 |
2.247,8 |
222.028 |
2.173,6 |
232.298 |
2.609,8 |
TOTAL GENERAL |
867.753 |
8.119,1 |
838.039 |
7.748,8 |
871.904 |
8.392,5 |
Cette production se répartit en :
- 358.951 tonnes de poissons ;
Les principales espèces débarquées selon les tonnages
sont, et presque à égalité, l'anchois, en plein essor, le
lieu noir, en perte de vitesse, le merlan, la baudroie et la sardine. Le
cabillaud se raréfie ;
- 122.798 tonnes de crustacés, de mollusques et d'algues ;
- 147.568 tonnes de thon tropical.
En termes de chiffre d'affaires
, on constate une légère
augmentation puisque
l'on passe, pour la pêche de 5,6 milliards
de francs à près de 5,8 milliards de francs
. Par la
valeur des prises se distinguent en tête la sole, la baudroie et les
langoustines.
Les captures de thon tropical poursuivent leur développement et
atteignent 147.500 tonnes.
En 1997, la production des pêches maritimes progresse au rythme
de près de 3 % en volume et de 5,4 % en valeur.
b) Les cultures marines : un secteur qui maintient sa croissance
Le chiffre d'affaires des cultures marines a poursuivi sa
progression, passant de 2,4 milliards de francs à
2,61 milliards de francs correspondant à une production de
232.298 tonnes.
La conchyliculture demeure l'activité essentielle de la production
aquacole marine française pour l'année 1996 avec
147.000 tonnes d'huîtres, 70.000 tonnes de moules et
4.000 tonnes d'autres coquillages.
LES CAPTURES FRANÇAISES
(CULTURES MARINES)
(en milliers de tonnes)
1983 |
1990 |
1995 |
1996 |
129 |
210 |
225 |
234 |
2. La flotte française de pêche
a) Au niveau quantitatif
La flotte française a poursuivi sa réduction avec actuellement 6.475 navires contre près de 12.000 fin 1983. Cependant, ce sont les navires de moindre tonnage qui sont les plus touchés. Aussi, le tonnage global décroît-il plus lentement. En 1996, il s'accroît même légèrement grâce à l'augmentation du nombre de navires de plus de 38 mètres.
LA FLOTTE FRANÇAISE DE PÊCHE (1)
1983 |
1990 |
1995 |
1996 P |
|
Navires |
11 660 |
8 651 |
6 593 |
6 475 |
- moins de 12 m |
9 454 |
6 557 |
4 847 |
4 766 |
- de 12 à 16 m |
928 |
850 |
652 |
643 |
- de 16 à 38 m |
1 166 |
1 144 |
1 019 |
1 006 |
- + de 38 m |
112 |
100 |
75 |
77 |
Millier de tonneaux de jauge brute |
||||
Tonnage |
212,14 |
199,8 |
175,1 |
176,4 |
(1) Situation au 31 décembre
Source : Ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de
l'Alimentation - DPMCM.
Au niveau communautaire, la flotte française se situe au
quatrième rang pour la puissance de sa flotte :
Au 1er juillet 1997
b) Sur le plan géographique
La flotte française reste relativement
concentrée sur quelques régions :
-
la Bretagne représente de loin la région la plus
concernée
par la pêche maritime puisqu'elle totalise 41 %
de la puissance totale des navires ;
-
la façade méditerranéenne totalise 17 %
de la puissance des navires ;
- chacune des autres régions de la façade Manche-Atlantique
totalise de 5 % (Haute-Normandie, Poitou-Charentes, Aquitaine) à
10 % (Nord Pas-de-Calais, Picardie, Basse Normandie, Pays de Loire) de la
puissance totale.
3. La situation des marins pêcheurs et des conchyliculteurs
a) Une diminution constante du nombre de marins
La pêche occupait en France près de
16.000 marins au 31 décembre 1993, et environ 19.000, si
l'on compte l'ensemble des marins embarqués plus de trois mois au cours
de l'année. Ces effectifs ont diminué rapidement.
Les effectifs de marins embarqués à la pêche font l'objet
de deux modes de comptabilisation :
- le nombre des marins embarqués à la fin de l'année
est le mode de calcul traditionnel ; il ne reflète cependant pas
l'activité de l'ensemble des marins qui ont embarqué de
façon régulière au cours de l'année ;
- le nombre de marins embarqués à la pêche plus de
trois mois en cours d'année ; ce chiffre, outre qu'il reflète
mieux l'activité réelle, est de plus celui retenu pour les
comparaisons internationales.
Au 31 décembre 1996, le nombre de ces marins était
de 17.095 sans compter la conchyliculture petit pêche.
Les cultures marines, exigeantes en main d'oeuvre, emploieraient, pour leur
part, près de 13.000 personnes.
b) Une absence de système de suivi des revenus
Il n'existe pas de système de suivi du revenu des
pêcheurs
. De plus, la diversité des situations et des
flottilles rend aléatoire la définition d'une moyenne nationale.
Néanmoins, on peut indiquer qu'après la violente crise de la
pêche du début des années 1990, la situation du
secteur semble s'améliorer.
Les revenus des pêcheurs devraient
être stabilisés en 1997.
Un rapport de l'Inspection des Finances et de l'Inspection
Générale des Affaires Maritimes, établi en 1994 pour la
préparation du plan de restructuration des exploitations de pêche
artisanale, fournit des données intéressantes pour les navires de
12 à 25 mètres.
Il apparaît que la répartition des recettes entre l'armement et
l'équipage, traditionnellement à 50/50, tend aujourd'hui vers un
rapport plus favorable à l'armement de 55/45.
Des efforts de productivité expliquent qu'en dépit de la baisse
sensible du prix moyen du poisson du fait de la crise, le salaire brut annuel
moyen, évalué sur un échantillon de plus de
500 bateaux de 12 à 25 mètres, n'ait pas connu de chute
brutale : il était ainsi de 156.000 francs en 1993, contre
165.000 francs en 1992 (soit une baisse de 5,4 %) et
175.000 francs en 1989. Il convient de se rappeler qu'il était de
114.000 francs en 1984. Depuis 1994, les revenus s'amélioreraient
sans qu'il soit possible de connaître précisément les
chiffres.
Cependant, ils pourraient être évaluées,
à l'heure actuelle, à environ 160.000 francs/an
.
S'agissant de la pêche hauturière, il est difficile de donner une
évaluation moyenne du revenu annuel. On peut retenir le chiffre de 130
à 150.000 francs pour un matelot selon les modes d'exploitation.
La loi d'orientation sur la pêche, apporte des éléments
nouveaux en matière de rémunération dans le cadre du
salaire à la part
. Elle propose une réponse pragmatique
à l'application du SMIC permettant d'en concilier le principe avec le
système original de rémunération à la part, et
consistant à lisser sur l'année le calcul de la
rémunération minimale en tenant compte en particulier du temps de
travail à la pêche, ainsi qu'une modernisation de la
définition de la rémunération à la part et de la
liste des frais communs qui devrait être détaillée
ultérieurement par voie réglementaire.
B. LE SOLDE DU COMMERCE EXTÉRIEUR : UNE DÉGRADATION QUI SE POURSUIT
Bien que les Français ne soient pas de gros
consommateurs de poisson, la production nationale est largement insuffisante
puisqu'elle ne couvre que seulement 50 % de nos besoins.
Traditionnellement déficitaire, le
solde de la balance commerciale
française en produits de la pêche et des cultures marines continue
de s'alourdir en 1996 à environ 11 milliards de francs.
Les importations sont à la hausse tandis que les exportations reprennent
légèrement, cet essor suffisant à compenser celui des
importations.
LA BALANCE COMMERCIALE
Millions de francs |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Importations |
16.344 |
15.316 |
13.768 |
14.977 |
15.759 |
16.155 |
Variations/année précédente |
+ 7,5 % |
- 6,3 % |
- 10 % |
+ 8,8 % |
+ 5,2 % |
+ 2,5 % |
Exportations |
5.276 |
5.052 |
4.481 |
4.893 |
4.853 |
5.104 |
Variations/année précédente |
+ 2,5 % |
- 4,2 % |
- 11 % |
+ 9,2 % |
- 0,8 % |
+ 5,2 % |
Solde |
- 11.068 |
- 10.264 |
- 9.287 |
- 10.084 |
- 10.906 |
- 11.051 |
Variations/année précédente |
- 10 % |
+ 7 % |
+ 9,5 % |
- 8,5 % |
- 8,2 % |
- 1,3 % |
Taux de couverture |
32 % |
33 % |
32,5 % |
32,7 % |
30,8 % |
31,6 % |
Source : CFCE, Export-Agro-Stat d'après douanes françaises
1. Les exportations
Alors que l'année 1995 s'était
caractérisée par un recul des exportations françaises de
produits de la pêche et de l'aquaculture, en volume comme en valeur,
1996 marque un retour à la croissance
.
Néanmoins, cette tendance globale cache de grandes
disparités
. Si on constate une reprise des ventes à
l'étranger de poissons vivants, de poissons entiers frais et
congelés, les exportations de filets régressent, de même
que celles de poissons séchés, salés, fumés, en
saumure, de crustacés et mollusques (excepté en volume pour ces
derniers). Les exportations de préparations et conserves de poissons
continuent de s'accroître et celles de préparations et conserves
de crustacés-mollusques de diminuer.
ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS DE PRODUITS DE LA PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE PAR GROUPE DE PRODUITS
1995 |
1996 |
Évolution % |
||||
Tonnes |
Mio FRF |
Tonnes |
Mio FRF |
Volume |
Valeur |
|
Poissons Vivants |
3 711 |
191 |
3 763 |
262 |
+ 1,4 |
+ 37,2 |
Poissons frais ou réfrigérés |
58 353 |
1 320 |
63 361 |
1 400 |
+ 8,6 |
+ 6,1 |
Poissons congelés |
186 848 |
860 |
193 716 |
897 |
+ 3,7 |
+ 4,3 |
Filets et chair de poisson y.c., foies, oeufs, laitances |
12 752 |
280 |
12 778 |
27 2 |
+ 0,2 |
- 2,9 |
Poissons séchés, salés, fumés, en saumure |
10 380 |
378 |
9 960 |
319 |
- 4,1 |
- 15,6 |
Total Poissons |
272 044 |
3 029 |
283 578 |
3 150 |
+ 4,2 |
+ 4,0 |
Crustacés |
11 053 |
505 |
10 036 |
464 |
- 9,2 |
- 8,1 |
Mollusques |
28 793 |
564 |
30 725 |
553 |
+ 6,7 |
- 2,0 |
Total crustacés, mollusques |
39 846 |
1 069 |
40 761 |
1 017 |
+ 2,3 |
- 4,9 |
Préparations et conserves de poissons |
33 681 |
554 |
41 587 |
752 |
+ 23,5 |
+ 35,7 |
Préparations et conserves de crustacés ou mollusques |
5 403 |
201 |
4 958 |
185 |
- 8,2 |
- 8,0 |
Total préparations, conserves |
39 084 |
755 |
46 545 |
937 |
+ 19,1 |
+ 24,1 |
Total produits de la mer |
4 853 |
5 104 |
+ 5,2 |
Source : CFCE, export-Agro-Stat d'après douanes
françaises
Il est à noter que le premier poste des exportations
françaises de produits de la mer est constitué des ventes de thon
pour un total de 168.000 tonnes soit 1,24 milliards de francs.
Après le second poste, qui regroupe les ventes de poissons entiers non
spécifiés en majorité destinées aux marchés
du frais en Espagne et en Italie,
on enregistre en 1996 une baisse de
l'activité d'exportation sur les marchés de la crevette et du
saumon
. Les recettes issues du négoce de crevettes (tropicales
congelées en grande partie) affichent une réduction de 15 %
en passant de 382 à 326 millions de francs. De même, on
constate une baisse des résultats comparables pour le saumon
(270 millions de francs en 1995 à 229 millions de francs en
1996), soumis à la détérioration générale
des cours de ce poisson d'élevage et accusant un ralentissement
très net des exportations sur le segment du saumon fumé.
2. Les importations
Les importations françaises de produits de la pêche et de l'aquaculture continuent la progression amorcée (en valeur) en 1994, pour retrouver en 1996 un niveau proche de celui atteint en 1991. Toutes les catégories de produits voient leurs achats à l'étranger augmenter, à l'exception des poissons vivants en volume et des mollusques en valeur. Les importations de préparations et conserves de crustacés-mollusques stagnent quasiment en valeur.
ÉVOLUTION DES IMPORTATIONS DE PRODUITS DE LA PÈCHE ET DE L'AQUACULTURE PAR GROUPES DE PRODUITS
1995 |
1996 |
Évolution % |
||||
Tonnes |
Mio FRF |
Tonnes |
Mio FRF |
Volume |
Valeur |
|
Poissons Vivants |
4 278 |
137 |
1 664 |
158 |
- 61,1 |
+ 15,3 |
Poissons frais ou réfrigérés |
174 501 |
3 371 |
200 530 |
3 541 |
+ 14,9 |
+ 5,0 |
Poissons congelés |
76 580 |
768 |
82 497 |
806 |
+ 7,7 |
+ 5,0 |
Filets et chair de poisson y.c., foies, oeufs, laitances |
148 187 |
2 447 |
162 848 |
2 616 |
+ 9,9 |
+ 6,9 |
Poissons séchés, salés, fumés, en saumure |
18 609 |
570 |
20 983 |
573 |
+ 12,8 |
+ 0,5 |
Total Poissons |
422 155 |
7 293 |
468 522 |
7 694 |
+ 11,0 |
+ 5,5 |
Crustacés |
85 139 |
3 324 |
89 001 |
3 363 |
+ 4,5 |
+ 1,2 |
Mollusques |
71 666 |
1 253 |
77 552 |
1 164 |
+ 8,2 |
- 7,1 |
Total crustacés, mollusques |
156 805 |
4 577 |
166 553 |
4 527 |
+ 6,2 |
- 1,1 |
Préparations et conserves de poissons |
148 126 |
2 952 |
151 356 |
3 000 |
+ 2,2 |
+ 1,6 |
Préparations et conserves de crustacés ou mollusques |
31 760 |
937 |
32 091 |
934 |
+ 1,0 |
- 0,3 |
Total préparations, conserves |
179 886 |
3 889 |
183 447 |
39 934 |
+ 2,0 |
+ 1,2 |
Total produits de la mer |
15 759 |
+ 2,5 |
Source : CFCE, export-Agro-Stat d'après douanes
françaises
Parmi les quatre premières espèces (crevettes, saumon, thons
et cabillaud) qui concentrent la moitié de la valeur des importations en
1996, c'est en définitive le cabillaud
qui affiche la progression la
plus sensible avec un accroissement des achats de cabillaud d'environ 10 %.
3. Les principaux partenaires de la France en produits de la pêche et d'aquaculture
a) Les fournisseurs
Deux fournisseurs se détachent pour les produits de
la mer
autres que les préparations et conserves :
le
Royaume-Uni
, toujours leader et qui regagne quasiment en 1996 les deux
points de part de marché perdus en 1995
et la Norvège
, qui
maintient sa part de marché autour de 12-13 % en valeur.
En ce qui concerne les préparations et conserves
, la
prédominance de la
Côte d'Ivoire
persiste en 1996, bien que
légèrement atténuée, avec 28,3 % du
marché français à l'importation en valeur.
b) Les clients
La France possède cinq clients
privilégiés :
- l'Allemagne (11 %), le Royaume Uni (6 %) et l'UEBL (9 %)
pour les préparations et conserves,
- l'Espagne (25 %) et l'Italie (17 %) pour les autres produits.
Si l'Espagne voit sa part des exportations françaises de produits de la
mer s'atténuer encore en 1996, en valeur surtout, l'Italie amorce une
nette reprise, en valeur principalement.
Les parts des trois autres leaders évoluent peu en 1996/95.
C'est
donc l'Union européenne qui est le principal destinataire des
exportations françaises de produits de la mer
(à 76 % en
valeur) avec une orientation privilégiée vers le sud de l'Europe.
PRODUITS POUR L'ALIMENTATION HUMAINE HORS PRÉPARATION
ET CONSERVES
PRINCIPAUX FOURNISSEURS (1) |
PRINCIPAUX CLIENTS (2) |
|||||||
Pays |
1996 |
% en 1995 |
Pays |
1996 |
% en 1995 |
|||
Mio FRF |
% |
Mio FRF |
% |
|||||
Royaume Uni
|
2.092
|
17,1
|
15,6
|
Espagne
|
1.191
|
28,6
|
29,6
|
PRÉPARATIONS ET CONSERVES
PRINCIPAUX FOURNISSEURS (1) |
PRINCIPAUX CLIENTS (2) |
|||||||
Pays |
1996 |
% en 1995 |
Pays |
1996 |
% en 1995 |
|||
Mio FRF |
% |
Mio FRF |
% |
|||||
Côte d'Ivoire
|
1.115
|
28,3
|
30,0
|
RFA
|
247
|
26,4
|
25,2
|
(1) Pays fournissant à la France plus de 400 mio FRF
de produits de la pêche et de l'aquaculture autres que
préparations et conserves, ou près de 200 mio FRF ou plus de
préparations et conserves.
(2) Pays important de France, en 1996, près de 100 mio FRF ou plus de
produits de la pêche et de l'aquaculture autres que préparations
et conserves ou plus de 21 mio FRF de préparations et conserves.
Source : CFCE, Export Agro Stat.
c) Les mesures pour améliorer les échanges extérieurs et les contrôles à l'importation
Dans un contexte peu favorable à une augmentation de
l'effort de pêche,
l'amélioration du solde déficitaire
des échanges passe avant tout par une amélioration du taux de
couverture de la consommation interne, ce qui suppose une valorisation des
produits français auprès des consommateurs.
Cette action est menée par le FIOM qui intervient sur différents
aspects qui vont du soutien à divers programmes d'amélioration de
la qualité mis en oeuvre par les producteurs (certification, indication
d'origine, ...) et d'information du consommateur (actions dans les points de
vente).
Les pouvoirs publics soutiennent par ailleurs la promotion des produits
français sur les principaux marchés étrangers afin de
développer nos exportations. Cette intervention qui doit être
soutenue a cependant été limitée, dans le passé,
par les dévaluations monétaires successives intervenues dans les
pays qui constituent nos principaux clients.
Le contrôle de la loyauté des importations
Depuis la création du grand marché unique entre les pays membres
de l'Union européenne, il est impératif que les importations de
produits de la mer sur le territoire communautaire s'effectuent dans la
transparence la plus totale et dans le respect le plus strict et le plus
homogène des normes, notamment sanitaires.
Cette préoccupation conduit la France à agir à deux
niveaux :
- au niveau communautaire, il convient que les contrôles soient
développés et garantissent le respect homogène des
règles sanitaires et douanières dans tous les pays membres ;
- au niveau national, les importations de produits de la pêche font
l'objet sur notre territoire d'un régime de contrôle
renforcé :
* en matière sanitaire, les services vétérinaires du
ministère de l'agriculture et de la pêche contrôlent et
sanctionnent sévèrement les infractions constatées ;
* en matière de normes de commercialisation (fraîcheur,
calibrage...), les services de la Direction générale de la
Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes
contrôlent la régularité des produits mis en vente ;
* en matière d'origine, les services de la Direction
générale des Douanes et des droits indirects veillent à ce
que l'application des régimes tarifaires préférentiels
accordés à certains pays tiers ne bénéficie pas
indûment à d'autres pays.
II. L'ACTION CONDUITE PAR LES POUVOIRS PUBLICS EN 1996-1997
A. L'ADOPTION DE LA LOI D'ORIENTATION
L'objet du projet de loi d'orientation pour la pêche
maritime et les cultures marines déposé en première
lecture au Sénat en novembre 1996 a pour objet de donner aux
professionnels les moyens de surmonter les obstacles institutionnels qui
demeurent et d'accomplir la nécessaire mutation de la filière.
Préparé en étroite concertation avec les milieux
professionnels et étayé par plusieurs rapports (l'un portant sur
la filière de commercialisation, l'autre sur la situation des
pêcheurs en difficulté), ce texte vise cinq objectifs :
- mieux gérer la ressource,
- organiser la filière,
- moderniser le statut légal et fiscal des entreprises de
pêche,
- adapter les cultures marines,
- et moderniser les relations sociales.
Lors de l'examen de ce texte, le Sénat a renforcé le projet de
loi sur trois points
2(
*
)
:
Son caractère prospectif
Le Sénat a demandé au Gouvernement l'élaboration d'un
rapport sur la bande côtière.
Le dispositif pour les jeunes marins-pêcheurs qui s'installent
Le Sénat a obtenu du Gouvernement la mise en place d'un système
d'autofinancement pour le jeune marin-pêcheur, et a repoussé le
bénéfice de l'abattement de 50 % sur les
bénéfices de 35 à 40 ans.
L'équilibre entre la non-patrimonialisation des droits de
pêche et les impératifs économiques de la profession
Le Sénat a, en outre, réaffirmé la priorité du
critère de l'antériorité dans l'attribution des droits de
pêche et a obtenu du Gouvernement qu'il prenne en compte l'urgence
à mettre en oeuvre des moyens, notamment au niveau communautaire, pour
faire face au développement des quotas " hoppping ".
Votre rapporteur pour avis souhaite rappeler les raisons essentielles qui ont
motivé le soutien quasi unanime du Sénat à ce texte de loi.
Tout d'abord cette loi, qui a fait l'objet d'une concertation de grande
envergure avec l'ensemble des professionnels,
propose une vision globale
de la pêche et des cultures marines en France. De plus, ce texte, tout en
s'inscrivant dans le respect du cadre européen de la politique
communautaire de la pêche, est soucieux de
préserver la
spécificité et la richesse de notre patrimoine marin.
Enfin,
ce dispositif global met en place une
législation moderne
par
rapport à celle de nos voisins européens.
Votre rapporteur pour avis se félicite que ce texte, proposé
par le précédent Gouvernement ait été repris par le
nouveau Gouvernement, cette continuité attestant de l'urgence des
adaptations nécessaires au secteur de la pêche maritime en
France.
B. LE BILAN DE LA MISE AUX NORMES DES ENTREPRISES DU SECTEUR DU MAREYAGE
La directive n° 91-493/CEE du Conseil du
22 juillet 1991, transposée en droit français par
l'arrêté interministériel du
28 décembre 1992, a instauré une réglementation
sanitaire applicable aux produits de la pêche et de l'aquaculture, sauf
pour les coquillages vivants dont le régime découle de la
directive n° 91/492/CEE.
Ces textes disposent que les établissements de manipulation,
c'est-à-dire de mareyage ou de transformation, doivent respecter un
certain nombre de prescriptions, tant au niveau de leur équipement que
de leurs règles de fonctionnement. Les établissements remplissant
ces conditions devaient avoir fait l'objet d'un agrément
délivré par les services vétérinaires avant le
31 décembre 1995.
Des aides publiques
Le Gouvernement s'est attaché à prendre les mesures
nécessaires pour faire respecter cette échéance dont le
terme était connu depuis plus de trois ans par les opérateurs
économiques. Seuls les ateliers pour lesquels la mise aux normes
était substantiellement engagée ont pu bénéficier
d'un délai pour achever leurs travaux durant le premier
semestre 1996.
Afin de faciliter la réalisation de cette modernisation, des aides
publiques ont été consenties aux entreprises qui ont
réalisé les investissements nécessaires. Elles
émanent de l'Union européenne dans le cadre de l'Instrument
financier d'orientation de la pêche (IFOP), de l'État
(ministère de l'agriculture et de la pêche et du fonds
d'intervention et d'organisation des marchés des produits de la
pêche maritime et des cultures marines-FIOM), ainsi que des
collectivités territoriales (conseils régionaux et
généraux). Le FIOM a ainsi consacré pour les entreprises
de mareyage plus de 85 millions de francs depuis 1988.
Des contrôles nécessaires
Il est apparu essentiel d'éviter toute source de distorsion de
concurrence entre les opérateurs, afin que les entreprises ayant
engagé, avec les soutiens publics, des investissements importants pour
moderniser leurs installations ne soient pas perturbées par celles qui
n'auraient pas accompli le même effort.
La Commission européenne a vérifié la stricte
homogénéité des contrôles conduits à cet
effet par les États membres, tant vis-à-vis des entreprises
communautaires que sur les produits importés des pays tiers. Les
services de la commission ont d'ailleurs prévu des inspections dans tous
les États membres. Au plan national, les contrôles menés
dans ce cadre ont été renforcés.
En 1996, 460 ateliers appartenant à
420 sociétés ont fait l'objet d'un agrément.
Si
l'on compare ces chiffres à ceux de 1994 (620 ateliers pour
470 entreprises), on peut constater que 90 % des entreprises ont
satisfait aux exigences des normes communautaires, le cas échéant
en diminuant le nombre de leurs implantations.
L'effort de modernisation entrepris devra être poursuivi par la
profession, notamment dans le domaine des règles d'exploitation.
C. LE BILAN DU PLAN DE RESTRUCTURATION DE LA PÊCHE ARTISANALE
Le plan de restructuration de la pêche artisanale
décidé par le Gouvernement en 1995 a prévu un examen au
cas par cas par le Comité interministériel de Restructuration de
la Pêche artisanale (CIRPA) des entreprises de pêche en
difficulté.
Le Comité interministériel de Restructuration de la Pêche
artisanale, créé par arrêté du Premier ministre en
date du 13 avril 1995, a eu pour mission de définir pour
chacune des exploitations de pêche en cause la ou les mesures les plus
adaptées à leur situation particulière.
Sous la double présidence d'un inspecteur général des
finances et d'un inspecteur général des affaires maritimes,
assistés de rapporteurs des services déconcentrés de la
région concernée (représentants des trésoreries
générales et des directions régionales des affaires
maritimes), le CIRPA a examiné 645 dossiers au cours de
26 réunions régionales.
407 dossiers ont été retenus par le CIRPA.
64 pêcheurs ont toutefois refusé les propositions faites par
le comité.
Au total ce sont donc 343 décisions qui ont été mises
en oeuvre, dont 104 en allongement de prêt, 101 en désendettement
et 138 en apurement du passif.
Au 1er septembre 1997, le coût total des décisions
prises s'élève à 225 millions de francs dont
52 millions de francs au titre du désendettement et
173 millions de francs pour les mesures d'apurement du passif.
L'exécution du plan entre dans sa phase finale puisque 98 % des
décisions d'allongement de prêt ont été
notifiées aux patrons concernés, et que 93 % des
décisions de désendettement ont été
exécutées et payées pour un montant de 48 millions de
francs.
Enfin, au 31 août 1997, 108 dossiers d'apurement de
passif ont été réglés pour un montant de
133 millions de francs. La procédure devrait être
définitivement achevée d'ici la fin de
l'année 1997.
III. L'ÉVOLUTION DU CONTEXTE INTERNATIONAL ET COMMUNAUTAIRE
A. UNE POLITIQUE COMMUNE QUI POURSUIT SA MUTATION
1. Le bilan des programmes opérationnels pluriannuels
a) L'application du Pop III
La Commission européenne a publié son rapport annuel sur le résultat du Pop III pour les flottes de pêche de 1992 à 1996. Le rapport conclut que la mise en oeuvre du Pop III a réussi à réduire la surcapacité des flottes européennes puisque, durant la période 1991-1996, celles-ci ont été réduites de presque 300.000 tonnes de jauge brut (TJB) et de presque 790.000 kw. Pour la flotte européenne dans son ensemble, la capacité à la fin de l'année était de 11 % inférieure aux objectifs fixés par le programme Pop III en ce qui concerne le tonnage et de 5 % inférieure aux objectifs fixés pour la puissance.
POP III : DIFFÉRENCE ENTRE SITUATION ET OBJECTIFS
A l'exception de la Finlande et la Suède
TONNAGE (TJB)
Fin de l'année |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|||||
Objectifs |
2 044 511 |
2 003 821 |
1 977 951 |
1 998 824 |
xxxx |
1 850 028 |
|||||
Situation fichier flotte |
2 010 183 |
1 934 811 |
1 843 750 |
1 777 083 |
1 710873 |
1 844 113 |
|||||
Etats-membres |
% Situation
globale/
|
Nombre des segments où les objectifs ont été atteints/nombre total des segments |
|||||||||
TJB |
KW |
TJB |
KW |
||||||||
Portugal |
64 % |
78 % |
9/9 |
9/9 |
|||||||
Espagne |
76 % |
85 % |
5/5 |
5/5 |
|||||||
Danemark |
77 % |
81 % |
5/5 |
5/5 |
|||||||
Allemagne |
79 % |
87 % |
8/9 |
9/9 |
|||||||
Finlande |
99 % |
98 % |
8/5 |
5/8 |
|||||||
Suède |
97 % |
97 % |
3/5 |
5/5 |
|||||||
Belgique |
98 % |
94 % |
1/2 |
1/2 |
|||||||
Irlande |
94 % |
99 % |
2/9 |
2/3 |
|||||||
Grèce |
96 % |
100 % |
2/3 |
2/3 |
|||||||
France |
99 % |
104 % |
4/6 |
2/6 |
|||||||
Royaume-Uni |
104 % |
102 % |
4/10 |
8/10 |
|||||||
Pays-Bas |
148 % |
109 % |
D/3 |
0/3 |
|||||||
Italie |
(98 %) |
(104 %) |
non disponible |
non disponible |
* Pourcentages basés sur des chiffres fournis par le rapport soumis par l'Italie
b) L'adoption du Pop IV
Votre rapporteur pour avis a longuement analysé le
déroulement de la préparation de ce programme opérationnel
dans son rapport sur le projet de loi d'orientation. Réunis en Conseil
" pêche " le 19 décembre, les Quinze ont
reporté à avril toute décision sur le Pop IV. En
novembre déjà, le compromis proposé par la
présidence irlandaise au cours de la session de novembre n'avait pu
recueillir le consensus entre les États membres de l'Union
européenne.
La proposition initiale de la Commission européenne, destinée
à réduire la flotte communautaire de 40 % sur une
période de six ans (à dater de janvier de cette année), a
été rejetée en bloc par les États membres.
Jugée en effet trop sévère, elle a été
critiquée pour son inclination à considérer la
réduction des flottes communautaires comme la garantie essentielle d'une
réduction de la capacité de pêche. Selon plusieurs
États membres, dont la France, les "
facteurs
socio-économiques n'étaient pas suffisamment pris en compte dans
la proposition de la Commission
". Le Parlement européen s'est
d'ailleurs exprimé en ce sens dans son avis sur le Pop IV, qui
révélait une indifférence à l'égard de
l'impact d'une telle démarche sur le sort des pêcheurs.
Lors du Conseil " pêche " de décembre, la Commission a
annoncé que l'aide aux programmes de restructuration financée par
les Fonds structurels de l'Union européenne serait suspendue
jusqu'à ce qu'une décision soit prise sur le Pop IV. L'aide
devant permettre aux pêcheurs de déclasser leurs navires
-placée sous l'égide de l'Instrument financier d'Orientation de
la Pêche de l'Union européenne- a sous-tendu le
précédent programme de restructuration, Pop III, venu à
échéance à la fin de l'année 1996.
Les
pêcheurs sont cependant en mesure de bénéficier
rétroactivement de l'aide, un nouveau programme ayant été
adopté le 30 avril 1997.
Le taux de réduction prévu par le Pop IV est de 30 %
jusqu'en 2001 pour les espèces menacées d'extinction (le
cabillaud, le saumon, la sardine, la sole, le maquereau et le hareng de mer du
Nord) et de 20 % pour celles qui sont surexploitées
(l'églefin, le lieu noir, le merlu, la lotte, la plie, l'espadon et le
thon rouge).
La France, à l'instar de la Grande-Bretagne, ont voté contre
ces propositions
estimant que "
malgré des avancées
importantes, les taux de réduction demeurent trop élevés
par rapport aux équilibres atteints par les différentes
flottilles françaises
".
La diminution de l'effort de pêche peut être obtenue au choix des
États membres, soit par une baisse des capacités des flottes,
soit par la réduction du temps en mer, soit enfin par une combinaison
des deux mesures. Les navires de pêche côtière mesurant
moins de 12 mètres -à l'exception des chalutiers- sont
exemptés de ces mesures.
Cet accord sur le Programme d'orientation pluriannuel (POP) va permettre le
déblocage des fonds communautaires pour la modernisation des flottes de
pêche. Pour les pays qui en sont les plus grands utilisateurs comme
l'Espagne et la France, ils représentent des sommes de plus de
10 millions de dollars par an.
Ce programme représente une réduction d'environ 6 % sur cinq
ans de la capacité de pêche française, soit 60.000 kW
sans cependant préjuger des moyens retenus.
Chaque État membre a présenté son " Pop
national " à Bruxelles avant le 30 juin pour une adoption
définitive au plus tard le 30 novembre.
c) Le plan français
Après l'adoption par le Conseil des ministres de
l'Union européenne de la décision cadre relative au POP IV, les
États membres ont dû présenter un plan de réduction
national qui devrait être adopté d'ici la fin novembre 1997.
La France a donc proposé un plan qui prévoit
pour la
métropole
une segmentation fondée sur la distinction entre
façades : Atlantique Manche Mer du Nord d'une part et
Méditerranée d'autre part.
Au sein de la façade Atlantique Manche Mer du Nord
, la
segmentation porte d'une part sur les chalutiers de 0 à
30 mètres et d'autre part sur les chalutiers de plus de
30 mètres. Au sein de ce segment, une pêcherie
spécifique correspondant à de gros chalutiers pélagiques
pêchant surtout le hareng, le maquereau et le chinchard a
été identifiée.
Pour les non-chalutiers, les moins de 12 mètres sont
exonérés des contraintes de réduction. A partir de
12 mètres, 2 segments ont été
déterminés avec une césure à 25 mètres.
Pour la façade méditerranéenne
, 3 segments
sont prévus. Les chalutiers d'une part, les senneurs d'autre part et
enfin les petits métiers.
Dans les eaux internationales
, deux segments ont été
identifiés pour les thoniers océaniques et pour les canneurs de
Dakar. Pour ces deux segments ainsi que pour les segments spécifiques
à chacun des DOM, des augmentations de capacités ont
été demandées afin de pouvoir mettre en oeuvre de
nouvelles unités si les potentialités offertes par la ressource
le permettent.
Ces objectifs de réductions ont été calculés
à partir des captures de 1996 sur lesquelles les taux pilotes de
réduction ont été appliqués en fonction de la part
relative des captures de stocks critiques au sein des segments.
En fonction de la souplesse de la Commission quant à l'utilisation de la
gestion par l'effort de pêche pour atteindre les objectifs de
réduction fixés, la réduction de la flotte de pêche
devrait être de l'ordre de 50.000 kw.
Dans l'état actuel des négociations, la Commission devrait
accepter le projet de segmentation proposé.
Le principal
problème qui reste à traiter est celui du retard subsistant au
titre du POP III.
En effet, début septembre, un reliquat de
20.000 Kw de retard subsiste par rapport aux objectifs de réduction
du POP III, malgré tous les efforts mis en oeuvre. La Commission a
donc signifié à la France la suspension des aides à la
construction et à la modernisation, entraînant augmentation de
capacité.
Il est donc essentiel, pour que les aides au secteur soient rétablies,
que la France puisse apurer ce retard dans les meilleurs délais. Il a
donc été proposé que le premier objectif
intermédiaire au titre du POP IV soit celui du
31 décembre 1998 compte tenu de l'adoption des
décisions nationales par la Commission à la fin novembre.
Ceci permettra à la France d'effacer son retard d'ici la fin du premier
trimestre 1998, par la mise en oeuvre d'un plan de sortie de flotte
d'envergure et donc d'établir les aides à ce moment là.
Par ailleurs, pour le retard spécifique des chalutiers
méditerranéens, il a été proposé un lissage
complet sur la durée du POP IV avec remplacement d'une à
deux unités par an pour renouveler ce segment de flotte vieillissant
(moyenne d'âge 28 ans).
Votre rapporteur pour avis
, tout en étant très
préoccupé par l'effet du Pop au-delà de 1999, lorsque
prendra fin la programmation financière des fonds structurels,
souhaite que la Commission européenne fasse preuve de toute la
compréhension nécessaire
lorsqu'elle devra négocier
les décisions nationales relatives aux programmes d'orientation
pluriannuels pour la période considérée.
Il insiste en
outre sur une approche transparente et des mesures contrôlables
permettant d'adopter une attitude flexible pays par pays
.
2. Un accord sur la détection par satellite
La décision d'introduire un
système de
contrôle par satellite
pour les navires européens a
été prise au mois de décembre 1996.
Ce nouveau système instaure un contrôle des activités de
pêche en temps réel. Il permettra aux autorités de
contrôle, d'une part de superviser, d'identifier et de localiser les
navires de pêche, d'autre part de coordonner les activités de
surveillance.
Cet instrument devrait offrir les avantages suivants au secteur
européen de la pêche :
- une navigation moins aléatoire,
- une sûreté des navires de pêche renforcée dans
la mesure où les appels de détresse sont transmis rapidement et
que le positionnement du navire est automatique,
- un fardeau moindre pour les opérateurs, qui tentent parfois de
contrôler leurs navires avec des systèmes radiophoniques
coûteux.
Ainsi ce nouveau système de détection par satellite devrait
freiner substantiellement les pratiques illicites dans les eaux territoriales
de l'Union européenne et permettre un contrôle plus
cohérent et plus large des navires de pêche européens.
Il
sera mis en oeuvre en deux phases
: la première, qui prendra
effet le 1er juillet 1998, couvrira la pêche dans les eaux
territoriales non européennes et la pêche industrielle. La seconde
couvrira l'ensemble des activités de pêche à partir du
1er janvier 2000. Des exemptions spécifiques s'appliqueront
aux navires sortant moins de 24 heures en mer et pêchant
en-deçà de la limite de 12 miles des côtes. Par
ailleurs, il est prévu, au niveau national, d'instaurer des centres de
contrôle des pêcheries chargés de recueillir toutes les
informations relatives à leur flotte respective, quelles que soient les
eaux territoriales dans lesquelles ils opèrent ou le port dont ils
relèvent, qui seront chargés de contrôler les navires de
pêche communautaires battant pavillon d'autres États membres
(pratique que les Britanniques baptisent " transfert de
quotas "),
ainsi que les navires non européens dotés de systèmes
similaires, pêchant dans les eaux territoriales de la Communauté.
L'Union européenne dispose d'un budget de 205 millions d'écus
(sur cinq ans) pour aider les pêcheurs à financer
l'investissement que représente l'usage d'une technologie nouvelle, bien
que la priorité soit accordée à l'équipement
à bord -les " boîtes bleues- et aux centres de contrôle
de pêche. Le système sera révisé dans deux ans,
après le début de la seconde étape.
3. Un nouveau programme communautaire pour la pêche côtière
La Commission européenne a lancé, le
8 juillet dernier, un programme pilote doté d'un budget de
4 millions d'écus pour examiner les possibilités d'une
action ultérieure plus vaste d'aide à la pêche
côtière. Le programme pilote visera à améliorer la
formation des pêcheurs, à renforcer les structures de
représentation des pêcheurs et à développer des
programmes d'échange. Il a aussi pour but d'améliorer le sort des
femmes de pêcheurs souvent partie prenante dans l'activité
économique de la petite pêche côtière, en mettant sur
pied des organisations d'économie sociale et en dispensant une formation
à la comptabilité, à la commercialisation et à la
gestion.
Les bénéficiaires des concours (maximum 200.000 écus
par projet individuel) pourront être des entreprises ou associations, des
organisations professionnelles ou d'économie sociale, des
collectivités territoriales ou régionales, des agences de
développement local, des chambres de commerce ou des instituts de
formation. Deux appels à proposition seront publiés au Journal
officiel de l'Union européenne, la sélection des projets se
faisant avant la fin 1997.
B. LES RELATIONS DE LA FRANCE AVEC " SES VOISINS MARITIMES " : UNE NORMALISATION EN COURS
1. Le Comité franco-espagnol : du conflit au dialogue
A la suite des violents affrontements de 1994 entre
pêcheurs français et espagnols, un comité franco-espagnol
des pêches (COFEP) a été mis en place la même
année.
Cinq réunions de ce comité, dont la première s'est
déroulée en février 1995 ont eu lieu.
Ces rencontres entre représentants de l'administration et des
professionnels français et espagnols ont permis de rapprocher les points
de vue des deux pays sur un certain nombre de sujets relatifs aux pêches
comme :
- tout d'abord entre canneurs et ligneurs espagnols et pêcheurs
français pratiquant la pêche au filet maillant dérivant en
matière de pêche au thon germon ;
- puis entre les pêcheurs espagnols et les chalutiers
français pour la pêche de l'anchois ;
- enfin, entre palangriers espagnols et chalutiers français qui
pêchent le merlu.
Un sixième COFEP s'est tenu dans le courant du mois de
novembre 1996. Il a été entièrement consacré
à l'examen de la proposition de règlement " mesures
techniques " et au rapprochement des points de vue des deux pays.
Ces rencontres contribuent à entretenir la bonne qualité des
relations entre la France et l'Espagne.
2. Les relations avec les îles anglo-normandes
Les relations de pêche avec les îles
anglo-normandes ont de longue date posé problème, d'une part en
raison de leur statut particulier vis-à-vis du Royaume Uni, d'autre part
en raison de leur position géographique.
Les négociations actuelles visent à moderniser le régime
en définissant d'une part une ligne de délimitation maritime,
d'autre part l'élaboration d'un régime commun de gestion de la
zone.
Avec Guernesey, le " Fishing boats (France) designation
order " de
1965, en application de la convention de Londres de 1964, a reconnu des droits
de pêche aux pêcheurs français au sud, à l'ouest et
au nord de Guernesey.
Les discussions entamées par le Royaume-Uni en 1988 visant à
préciser les limites des eaux territoriales à l'est de Guernesey
ont abouti en 1992 à la fermeture à la pêche
française d'une zone dite du " haricot " située entre
Guernesey et la côte du Cotentin, à l'exception du banc de la
Schole.
Durant les années 1993 et 1994, l'accès des pêcheurs
français a notamment été contesté dans la zone de
l'Etac de Sercq située dans les 6 à 12 milles de Guernesey
bien que celle-ci relève, aux yeux de la France, du " régime
de la Baie de Granville ".
Le modus vivendi du 16 août 1994, complété par la
déclaration commune du 27 juillet 1995, a réglé
provisoirement les problèmes en autorisant les deux parties à
pêcher dans des zones revendiquées par chacune d'elle, tout en
permettant à chaque État de conserver son interprétation
juridique.
Les autorités de Guernesey ont souhaité renégocier le
" modus vivendi ". Malgré les propositions françaises
du 7 octobre 1996 visant la mise en place d'un cadre commun de
gestion comprenant les eaux britanniques adjacentes de Guernesey et les eaux
françaises limitrophes, les Britanniques ont dénoncé le
" modus vivendi " et remis en cause le droit d'accès des
pêcheurs français à la zone de l'Etac de Sercq. Les
pêcheurs français ont néanmoins maintenu une
présence symbolique dans celle-ci afin d'affirmer la
pérennité de leurs droits.
La réunion du 6 décembre 1996, sans remettre en cause
les analyses juridiques des deux parties, a permis :
- de rétablir l'accès des pêcheurs français
à la zone de l'Etac de Sercq,
- et de renouer le dialogue franco-britannique dont on espère qu'il
aboutira à la naissance d'un cadre commun de gestion.
C. LA POLITIQUE DE L'UNION EUROPÉENNE EN MATIÈRE D'ACCORDS DE PÊCHE AVEC LES ÉTATS TIERS
Alors que des quotas de pêche sont instaurés un
peu partout dans l'Union européenne et que de nouvelles
réductions de capacité de pêche ont été
entérinées dans le Pop IV,
votre rapporteur pour avis constate
que la Commission conclut de nouveaux accords de pêche
avec un grand
nombre de pays tiers comme le Venezuela, le Mexique, Cuba, le Pérou, le
Chili, l'Uruguay, la Colombie, les territoires britanniques d'Outre-mer, la
Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, la Namibie et le Mozambique. Par
ailleurs l'Union européenne a renouvelé les négociations
avec certains pays d'Afrique.
On dénombre ainsi aujourd'hui
25 accords de pêche avec des pays tiers.
En 1996, l'Union européenne a dépensé 280 millions
d'écus
(mécus), soit un tiers de son budget annuel de
pêche pour obtenir un accès aux eaux territoriales des pays tiers.
Cette politique commerciale a comme justification une exploitation dite
rationnelle des ressources. En raison de la limitation des stocks de poissons
dans les eaux territoriales communautaires et de la sous utilisation du
potentiel de bon nombre de navires européens, la Commission incite les
pêcheurs européens à aller pêcher dans les zones
couvertes par de nouveaux accords internationaux. La poursuite des
négociations avec les pays tiers constitue donc un exercice
parallèle au Pop, qui permet " d'apaiser les tensions " tout
en continuant une politique de réduction de la capacité
communautaire de pêche.
Ce système est cependant de plus en plus mis à
l'épreuve à mesure qu'un nombre sans cesse croissant de pays
-dont les pays d'Afrique (Maroc, Sénégal)- prennent conscience de
la pression qui s'exercent sur les stocks de poissons.
Votre rapporteur pour avis
, tout en ayant conscience de la
nécessité de tels accords,
souhaite que les États
membres soient vigilants vis-à-vis de cette politique d'accords
systématiques
. En effet, les négociations doivent aussi
permettre à la flotte communautaire d'obtenir des droits de pêche
dans les pays tiers.
Il considère, par ailleurs, opportun le développement de mandats
de négociations donnés à la Commission européenne
qui prévoient, à côté du système classique
des licences, la possibilité de constituer des sociétés
mixtes et des associations temporaires d'entreprises à l'image des
instruments conclus avec l'Argentine et le Groënland ou actuellement en
discussion avec le Vénézuéla et le Mexique.
CHAPITRE II -
LE PROJET DE BUDGET DES PÊCHES
MARITIMES ET DES CULTURES MARINES
I. L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES DOTATIONS
A. UN PREMIER BILAN POUR 1997
En 1997, dans un contexte budgétaire difficile, le
Gouvernement avait, lors de la loi de finances pour 1997, maintenu à un
niveau important les dotations de l'État en faveur du secteur de la
pêche maritime et des cultures marines.
L'exécution du budget 1997 en cours peut être analysée
de la façon suivante :
Le chapitre 44-36
a été doté en loi de
finances initiale de 147,6 millions de francs auxquels se sont
ajoutés 86,5 millions de francs de reports (arrêté du
14 mars 1997) et 9,42 millions de francs de fonds de concours.
Le montant des crédits ouverts du chapitre 44-36
s'élève donc à 243,52 millions de francs se
répartissant ainsi :
Article 20 (Interventions en faveur des entreprises de pêche
et de cultures marines) 116,33 millions de francs.
Les dépenses intervenues à ce jour sur cet article sont de
77,82 millions de francs soit :
- 57,09 millions de francs au titre du plan de restructuration de la
pêche artisanale,
- 18,8 millions de francs au titre du plan de sorties de flotte
- 1,93 millions de francs au titre du contrat de plan
État/Région et versements aux comités locaux des
pêches maritimes.
Article 30 (Organisation des marchés - Industries et
commercialisations des produits de la mer) : 125 millions de francs.
Les dépenses intervenues à ce jour sur cet article sont de
90 millions de francs correspondant au versement partiel de la subvention
au FIOM.
Le total des dépenses intervenues à ce jour sur ce chapitre est
de 167,82 millions de francs.
Les crédits ouverts sur le chapitre 44-36 ont été
utilisés à hauteur de 68,91 %.
En ce qui concerne
le chapitre 64-36
(pêches maritimes et
cultures marines - subventions d'équipement) :
Pour les autorisations de programme, le chapitre 64-36 a
été doté en loi de finances initiale de
40,2 milliards de francs auxquels se sont ajoutés
20,8 millions de francs de disponible en fin de gestion soit
61 millions de francs de crédits ouverts pour 1997.
Les délégations ou affectations intervenues à ce jour
s'élèvent à 50,49 millions de francs.
Elle se décomposent ainsi :
- 19,74 millions de francs concernant l'organisation des marchés
(mises aux normes des criées - crédits inscrits au titre des
contrats de plan État/Régions),
- 7 millions de francs pour l'aquaculture (contrat de
développement de la Nouvelle Calédonie')
- 23,75 millions de francs au titre de la modernisation des navires.
Ainsi le taux de consommation à ce jour des autorisations de programme
du chapitre par rapport aux crédits ouverts s'élève
à 82,78 % Le solde sera engagé d'ici la fin de l'exercice
sur des opérations déjà programmées.
Pour les crédits de paiement, le chapitre 64-36 a
été doté en loi de finance initiale de 38,7 millions
de francs auxquels se sont ajoutés 11,5 millions de francs de
reports soit un total de 50,23 millions de francs de crédits
ouverts.
Les dépenses intervenues à ce jour sont de 24,83 millions de
francs et se répartissent ainsi :
- 11,85 millions de francs au titre de la modernisation des navires,
- 2,06 millions de francs pour l'aquaculture,
- 10,92 millions de francs pour l'organisation des marchés (mises
aux normes des criées).
Le taux de consommation actuel des crédits de paiement du chapitre par
rapport aux crédits ouverts s'élève à 49,19 %.
Par ailleurs, depuis le 1er janvier 1997, la Direction des
Pêches Maritimes et des Cultures Marines a la gestion des crédits
destinés à l'Institut Français de Recherches pour
l'exploitation de la mer (IFREMER). Ces crédits sont imputés sur
le chapitre 36-21 - " Recherche ", article 80 intitulé
" IFREMER et Muséum d'Histoire Naturelle ". Le montant de
cette dotation s'élève à 3,29 millions de francs
(dont 0,02 millions de francs destinés au Muséum d'Histoire
naturelle).
Les dépenses intervenues à ce jour sont de 2,18 millions de
francs soit 66,32 % par rapport à la dotation.
B. LE PROJET DE BUDGET DE 1998
1997
|
1998
|
Variation PLF 98/
|
|
Dépenses ordinaires
|
3,29 |
3,29 |
- |
Chapitre 44-36
|
22,6 |
22 |
- 2,6 |
-
Article 30
|
125 |
125,13 |
+ 0,10 |
Dépenses en capital
(chapitre 64-36)
|
18,10
|
18,10
|
- |
Article 30
|
20,6
|
20,6
|
- |
TOTAL DO + CP hors autorisations de programme |
186,30 |
185,83 |
- 0,25 |
(...) autorisations de programme
Les dotations affectées aux secteurs de la pêche maritime et
des cultures marines
-hors crédits rattachés au chapitre
36-21 article 80-
sont en léger recul de 0,25 % en
crédits de paiement
(185,83 millions de francs) et
en
reconduction en autorisations de programme
(40,2 millions de francs).
La dotation du chapitre 44-36
permet de poursuivre l'adaptation de
la filière pêche, (annonce anticipée des apports, caisses
chômage intempéries, qualité et actions structurantes sur
le marché), d'une part, et la poursuite du plan de sortie de flotte
permettant le réajustement de la flotte française par rapport au
programme communautaire d'orientation pluriannuel de la flotte de pêche.
S'agissant du chapitre 64-36
, la priorité est donnée
à la modernisation de la flottille, ainsi qu'à la mise aux normes
sanitaires et à l'équipement des ports de pêche dans le
cadre des contrats de plan Etat-Région.
Depuis le 1er janvier 1997, une dotation d'un montant de
3.296.000 francs en provenance du chapitre 34-98 du Ministère
de l'Équipement, du Logement, des Transports et du Tourisme a
été transférée sur le chapitre 36-21 du budget
du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche - Direction des
Pêches Maritimes et des Cultures Marines (DPMCM). Cette dotation
représente la subvention destinée à l'Institut
Français de Recherches pour l'Exploitation de la mer (IFREMER) pour le
concours apporté par cet organisme à la Direction des
Pêches et des Cultures Marines.
La nature et les conditions du concours apporté par l'IFREMER sont
définis annuellement dans le cadre d'une convention. Ces prestations
portent en particulier sur le recueil, la validation et le traitement des
données statistiques des captures. Ce concours est indispensable pour
répondre aux obligations communautaires.
II. LES ORIENTATIONS PRIORITAIRES
A. LES ACTIONS STRUCTURELLES DE DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE MENÉES PAR LE FIOM
Une part importante de la subvention au FIOM
(125,13 millions de francs) sera consacrée aux actions
structurelles permettant la modernisation et la réorganisation de la
filière et notamment :
- le renforcement des mesures visant à améliorer la
politique de qualité et à valoriser les produits de la mer
français, impliquant l'ensemble des acteurs de la filière, du
marin-pêcheur au distributeur ;
- l'encouragement des démarches communes de commercialisation des
organisations de producteurs. Ceci concerne plus particulièrement les
espèces les plus sensibles pour lesquelles des schémas
d'intervention communs et des campagnes de promotion concertées sont
nécessaires ;
- et l'incitation à la restructuration et à la modernisation
de la filière : amélioration de la connaissance, de la
régulation et de l'orientation de l'offre, modernisation des entreprises
de mareyage.
B. LES ACTIONS RELATIVES À LA FLOTTE DE PÊCHE ET AUX INVESTISSEMENTS À TERRE
En matière de flotte de pêche, les
crédits destinés à l'ajustement des efforts de pêche
(22 millions de francs) sont maintenus
de façon à
assurer l'adéquation entre les capacités de capture et
l'état de la ressource.
Cependant, le maintien d'une flotte de pêche performante et
compétitive nécessite la reconduction de crédits
d'investissement, tant pour la modernisation que pour le renouvellement de
l'outil existant.
De plus les engagements de l'État pour les équipements à
terre dans le cadre des contrats de plan État régions seront
respectés.
L'ensemble des efforts de l'État en matière de crédits
d'investissement se maintient donc à 40,2 millions de francs.
C. LES CRÉDITS RELATIFS À IFREMER
La dotation inscrite au budget de l'agriculture et de la pêche en 1997 est reconduite pour 1998 (3,3 millions de francs). Elle permet d'assurer pour le compte de l'État la validation des statistiques de capture des pêches.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Au cours de sa réunion du
mercredi 5 novembre 1997 sous la présidence de M. Jean
François-Poncet, président, la Commission des Affaires
économiques a procédé à l'examen du rapport pour
avis de M. Josselin de Rohan sur la pêche.
M. Josselin de Rohan, rapporteur pour avis,
a précisé
à titre liminaire que l'avis de la commission intervenait cette
année dans un contexte particulier, tant sur le plan national que
communautaire.
Au niveau national, il a indiqué que la relance de la production
amorcée en 1995 s'était confirmée en 1996 et ce
malgré la baisse continue du nombre de navires et de pêcheurs.
Il a confirmé que la France, par la valeur de sa production
estimée à 5,8 milliards de francs, se situait au
troisième rang derrière l'Italie et l'Espagne, mais devant le
Danemark dont les bateaux prenaient d'énormes quantités de
poissons pour la fabrication de farine.
Il a regretté que le montant du déficit commercial
enregistré en 1996 pour les produits de la pêche s'accentue par
rapport à 1995 avec 10,9 milliards.
Sur le plan communautaire,
M. Josselin de Rohan, rapporteur pour avis,
a
rappelé que le Conseil " Pêche ", réuni à
Luxembourg les 14 et 15 avril dernier, avait adopté le
quatrième plan d'orientation pluriannuel (POP IV) et ce
malgré l'opposition de la Grande-Bretagne et de la France. Il a ensuite
rappelé le contenu du POP IV.
M. Josselin de Rohan, rapporteur pour avis,
a noté que
l'année 1997 avait été marquée par l'adoption de la
loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines. Il a
souligné le caractère ambitieux et courageux de ce projet,
déposé par le précédent Gouvernement en
première lecture au Sénat en septembre 1996, et s'est
félicité de ce que M. Louis Le Pensec, ministre de
l'agriculture et de la pêche, ait poursuivi le processus d'adoption de ce
texte, notablement enrichi par le Sénat.
Sur le budget proprement dit,
M. Josselin de Rohan, rapporteur pour
avis,
a indiqué que les dotations consacrées à la
pêche maritime et aux cultures marines étaient en quasi
reconduction par rapport à celles de l'année
précédente avec plus de 185 millions de francs -soit
- 0,25 %-.
Il a précisé que les dotations pour 1998 étaient
maintenues au niveau de 1997, tant en dépenses ordinaires avec
147,13 millions de francs, dont 125 millions de francs de subventions
au FIOM et 22,6 millions de francs pour la restructuration des
entreprises, qu'en crédits d'équipement, avec 40,2 millions
de francs en autorisations de programme et 38,7 en crédits de paiement.
La dotation du chapitre 44-36, en diminution de 0,31 % par rapport
à 1997, devrait néanmoins, a-t-il ajouté, permettre de
poursuivre l'adaptation de la filière pêche, d'une part, et la
poursuite du plan de sortie de flotte permettant le réajustement de la
flotte française par rapport au programme communautaire d'orientation
pluriannuel de la flotte de pêche, d'autre part.
S'agissant du chapitre 64-36,
M. Josselin de Rohan, rapporteur
pour avis
, a noté que le montant de la dotation était
maintenu en autorisations de programme comme en crédits de paiement.
En conclusion, il a proposé de donner un avis favorable aux
crédits du ministère de l'agriculture et de la pêche
consacrés à la pêche maritime et aux cultures marines, sous
réserve de l'avis que donnerait la commission dans les jours à
venir sur l'ensemble des crédits du ministère de l'agriculture et
de la pêche. Il a ajouté que la majorité sénatoriale
avait souhaité réduire le niveau des dépenses publiques.
M. Jean François-Poncet, président,
après avoir
souscrit aux propos du rapporteur
,
a rappelé qu'il était
nécessaire d'examiner les projets de budget en prenant en compte les
exigences de désendettement de la France. A cet égard, il
était impératif non pas de dépenser plus, mais de
dépenser mieux.
M. Bernard Dussaut
s'est enquis du niveau de diminution du taux que
souhaitait appliquer la majorité sénatoriale sur l'ensemble des
budgets en augmentation.
M. Jean François-Poncet, président,
a
précisé que la position de la majorité sénatoriale
était de diminuer de 1,5 % les crédits de fonctionnement de
tous les budgets en augmentation.
M. Josselin de Rohan, rapporteur pour avis
, a souligné que cette
position de la majorité sénatoriale sur les crédits
budgétaires n'affectait en rien son appréciation positive sur la
gestion du secteur de la pêche par M. Louis le Pensec, ministre de
l'agriculture et de la pêche, qui reprenait pour partie les
priorités du précédent Gouvernement.
Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la commission a ensuite
émis
un avis favorable à l'adoption des crédits du
ministère de l'agriculture et de la pêche consacrés
à la pêche
dans le projet de loi de finances pour 1998, sous
réserve de l'avis que donnerait la commission dans les jours à
venir sur l'ensemble des crédits du ministère de l'agriculture et
de la pêche.
1
- Rapports n°s 50 et 269
(1996-1997) Sénat, présentés par M. Josselin de Rohan
au nom de la Commission des Affaires économiques sur le projet de loi
d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines ;
- Rapport n° 19 (1997-1998) Sénat, présenté par
M. Josselin de Rohan au nom de la Commission des Affaires économiques
sur le projet de loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures
marines.
2
cf. rapports n 50 Sénat (1996-1997),
n° 269 Sénat (1996-1997) et n° 19Sénat
(1996-1997) présenté par M. Josselin de Rohan au nom de la
Commission des Affaires économiques.