AVIS N° 87 TOME XV - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - URBANISME
Mme Josette DURRIEU, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 Tome XV - 1997/1998
Table des matières
-
CHAPITRE IER -
PRÉSENTATION DU BUDGET POUR 1998 -
CHAPITRE II -
L'APPLICATION DU DROIT DE L'URBANISME EN 1997- I. BILAN LÉGISLATIF RÉGLEMENTAIRE ET CONTENTIEUX POUR 1998
- II. L'ÉLABORATION DES DIRECTIVES TERRITORIALES D'AMÉNAGEMENT
- III. L'URBANISME ET LES COLLECTIVITÉS LOCALES
-
CHAPITRE III -
LES QUESTIONS D'ACTUALITÉ POUR L'URBANISME - EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 19987
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XV
URBANISME
Par Mme Josette DURRIEU,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
20
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
Les crédits de l'aménagement foncier de l'urbanisme inscrits au
titre du budget du ministère de l'équipement, des transports et
du logement s'élèvent à
217 millions de francs
en crédits de paiement (CP) et
208 millions de francs
en
autorisations de programme (AP).
Ils enregistrent donc une réduction de près de 4 % en CP
après une baisse de 5 % en 1997 et une diminution de près de
1 % en AP qui suit une baisse de 30 % en 1997.
Sur le
plan institutionnel
, l'année 1997 aura été
une
année de transition
.
L'exercice budgétaire 1996 avait été marqué par une
réforme très importante : le transfert de la sous-direction de
l'architecture de la direction de l'architecture et de l'urbanisme (DAU) au
ministère de la culture.
S'y étaient ajoutés des transferts de crédits non
négligeables, concernant les espaces protégés, au profit
du budget du ministère de l'environnement. Les modifications du budget
de l'urbanisme survenues les années passées diminuaient fortement
sa lisibilité.
Votre rapporteur pour avis s'était interrogé, dès 1995,
sur la place que le Gouvernement entendait donner à l'ancienne
" direction de l'architecture et de l'urbanisme " (la
" DAU ") au sein du ministère de l'équipement, et d'un
point de vue plus général sur la politique que l'Etat comptait
mener en matière d'urbanisme et d'aménagement foncier.
Votre rapporteur pour avis est en effet convaincu qu'outre son rôle
purement normatif, l'Etat doit mener
-spécialement dans le cadre de
la politique de la ville et de la planification foncière urbaine-,
une politique active de l'aménagement foncier
.
L'année 1998
se caractérisera par de
nouvelles
réformes institutionnelles
.
Le Secrétaire d'Etat au Logement a indiqué, lors de son audition
devant votre Commission des Affaires économiques, que la direction de
l'aménagement foncier et de l'urbanisme la " DAFU " qui a
succédé à la " DAU " serait fusionnée, le
1er janvier 1998, avec la direction de l'habitat et de la
construction (DHC). Il a également souligné qu'un large dialogue
social avec les personnels avait permis d'obtenir un consensus sur cette
réforme, laquelle était de nature à faire une place aux
préoccupations relatives à l'habitat dans la politique de
l'urbanisme.
Votre Commission des Affaires économique souhaiterait obtenir du
Gouvernement, à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour
1998 en séance publique, quelques éclaircissements sur la
redéfinition du rôle de la DAFU et sur les incidences pratiques de
cette réforme.
Comme chaque année, votre rapporteur pour avis a choisi de
présenter l'ensemble des crédits qui contribuent au financement
de la politique de l'urbanisme, avant de faire le point sur un certain nombre
de sujets de fond dont se préoccupe traditionnellement votre Commission
des Affaires économiques.
Il s'agit, en premier lieu, de présenter l'évolution des
relations entre l'urbanisme et l'aménagement du territoire, en examinant
l'état d'avancement des directives territoriales d'aménagement,
les " DTA " ; en second lieu d'évoquer l'évolution
des aides de l'Etat aux collectivités locales, dans le domaine de
l'urbanisme ; enfin d'aborder les questions qui ont marqué
l'actualité de l'urbanisme en 1997.
CHAPITRE IER -
PRÉSENTATION DU BUDGET POUR
1998
Le budget de l'aménagement foncier et de l'urbanisme est retracé dans un agrégat spécifique dont le présent chapitre donnera une présentation globale, avant de procéder à un examen détaillé.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
L'agrégat " 06 " s'intitule
" aménagement foncier et urbanisme ", du nom de la direction
de l'aménagement foncier et de l'urbanisme qui a succédé,
en 1997, à la direction de l'architecture et de l'urbanisme.
Il récapitule les crédits consacrés par l'Etat aux
missions d'urbanisme et d'utilisation de l'espace.
Il regroupe, comme dans le projet de loi de finances pour 1997, les
crédits destinés :
- aux actions de planification stratégique des grands territoires
et à l'animation des réseaux professionnels, avec notamment la
mise en oeuvre des directives territoriales d'aménagement et
l'application des lois littoral et montagne ;
- à l'optimisation des connaissance et à l'évaluation
des politiques publiques de l'aménagement ;
- aux missions d'intervention urbaines de l'Etat dans les politiques
d'aménagement, aux grandes opérations d'urbanisme, aux villes
nouvelles, à la mise en oeuvre des moyens correspondants ;
- aux études et à l'assistance technique pour la mise en
oeuvre des politiques nationales d'aménagement et d'urbanisme ;
- aux acquisitions foncières réalisées,
conformément aux dispositions de la loi d'orientation sur la ville,
n° 91-662 du 13 juillet 1991 ;
- aux subventions aux syndicats d'agglomérations nouvelles ;
- aux actions d'expérimentation initiées dans le cadre du
plan urbain ;
- à la mise en oeuvre des politiques de l'Etat en matière
d'aménagement par l'intermédiaire des agences d'urbanisme et
à la participation à de grandes opérations
d'aménagement urbain.
Lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1997, votre Commission des
Affaires économiques avait regretté l'ampleur des transferts de
crédits entre les ministères et le manque de lisibilité du
fascicule budgétaire " bleu ". Cette remarque reposait sur
l'observation des transferts réitérés de crédits du
ministère de l'équipement vers les ministères de la
culture et de l'environnement.
Cette année, votre Commission des Affaires économiques note avec
satisfaction que la présentation du document budgétaire -et
notamment le libellé de ses agrégats- ont fait l'objet de
modifications qui en améliorent la lisibilité.
Tous les crédits de l'agrégat n° 06
précité constituent des
dépenses en capital
. Leur
montant total atteint 216,96 millions de francs, en baisse de 4 % par
rapport à 1997, ainsi que le montre le tableau ci-après.
ÉVOLUTION GLOBALE DES CRÉDITS DE
L'AGRÉGAT
" AMÉNAGEMENT FONCIER ET URBANISME "
(en millions de francs)
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
|||||||
Dépenses en capital |
Dotations 1997 |
Demandes pour 1998 |
Dotations 1997 |
Mesures acquises |
Services votés |
Mesures nouvelles |
Total pour 1998 |
Variation |
Titre V |
54,790 |
58,350 |
62,710 |
//// |
33,025 |
+17,575 |
50,600 |
-19 % |
Titre VI |
155,501 |
150,000 |
162,977 |
//// |
84,970 |
+81,390 |
166,360 |
+2 % |
Totaux généraux |
210,291 |
208,350 |
225,687 |
117,995 |
+98,965 |
216,960 |
-4 % |
Source : fascicule " bleu "
Comme le montrera la présentation détaillée qui figure
ci-dessous, le budget 1998 de l'aménagement foncier et de l'urbanisme
est recentré sur l'exercice des missions de l'Etat en matière de
planification territoriale et sur les politiques urbaines d'aménagement,
ce qui explique son évolution.
II. PRÉSENTATION DÉTAILLÉE
Les crédits destinés à
l'aménagement foncier et à l'urbanisme appartenant à
l'agrégat " 06 " sont répartis entre 4 chapitres
budgétaires, à savoir :
- le chapitre 55-21, article 90, pour les
acquisitions
foncières
;
- le chapitre 57-58, comprenant l'article 60 relatif à
l'exercice des missions de l'Etat dans la planification et les politiques
urbaines et l'article 70 consacré à
l'aménagement
foncier et à l'urbanisme
, aux études, à l'assistance
à la production technique (ces deux articles sont nouveaux) ;
- le chapitre 65-06, consacré à la
dotation globale
d'équipement des agglomérations nouvelles
(les articles 10,
20 et 30 de ce chapitre concernent respectivement les dotations aux
agglomérations nouvelles elles-mêmes, et les dotations de
construction des collèges et des lycées) ;
- le chapitre 65-23, relatif à
l'aménagement du cadre de
vie urbain
, (dont les articles 60, 81 et 90 sont respectivement
consacrés aux expérimentations et aux innovations urbaines et
architecturales ; aux agences d'urbanisme et aux opérations
exceptionnelles telles que le projet
" euroméditerranée " de restructuration du centre ville
de Marseille).
Le tableau ci-après présente l'évolution
détaillée des crédits de chacune de ces lignes
budgétaires.
ÉVOLUTION DÉTAILLÉE DES CRÉDITS
DE L'AGRÉGAT N° 6
" AMÉNAGEMENT FONCIER ET
URBANISME "
(en millions de francs)
Chapitre |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
||||
Article - agrégat |
Dotations 1997 |
Demandées pour 1998 |
Dotations 1997 |
Services votés 1998 |
Mesures nouvelles 1998 |
Total pour 1998 |
Titre V Investissement exécutés par l'Etat |
||||||
55-21 Urbanisme. Acquisitions et travaux |
||||||
90-06 Acquisitions foncières |
54.790 |
15.000 |
62.710 |
10.451 |
4.500 |
14.951
|
57-58 Recherche scientifique et technique, études, audits, expertises |
||||||
60-06 Exercice des missions de l'Etat dans la planification et les politiques urbaines (nouveau) |
- |
38.000 |
- |
20.727 |
11.400 |
32.127 |
70-06 Aménagement foncier et urbanisme. Etudes, assistance et production techniques (nouveau) |
- |
5.350 |
- |
1.847 |
1.675 |
3.522 |
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
||||||
65-06 Dotation globale d'équipement des agglomérations nouvelles |
||||||
10-06 Agglomérations nouvelles |
40.500 |
35.000 |
43.667 |
32.721 |
9.450 |
42.171
|
20-06 Dotation de construction des collèges |
20.000 |
10.000 |
21.036 |
15.685 |
3.200
|
18.885
|
30-06 Dotation de construction des lycées |
14.000 |
7.000 |
14.797 |
11.704 |
2.240
|
13.944
|
Totaux pour le chapitre |
74.500 |
52.000 |
79.500 |
60.110 |
14.890 |
75.000
|
65.23 Urbanisme, Aménagement du cadre de vie urbain |
||||||
60-06 Expérimentations et innovations urbaines et architecturales |
1.064 |
1.064 |
1.600 |
838 |
319 |
1.157
|
81-06 Agences d'urbanisme |
50.000 |
53.000 |
50.000 |
53.000 |
53.000
|
|
90-06 Action foncière et aménagements urbains : opérations exceptionnelles |
28.837 |
43.936 |
26.277 |
24.022 |
13.181 |
37.203
|
Totaux pour le chapitre |
81.001 |
98.000 |
83.477 |
24.860 |
66.500 |
91.360
|
Total général |
210,291 |
208,350 |
225,687 |
117,995 |
98,965 |
216,960 |
Source : fascicule " bleu "
Votre rapporteur pour avis se félicite que cette année, le
fascicule budgétaire " bleu " permette une lecture plus
aisée de l'agrégat consacré à l'urbanisme, dont le
détail des chapitres et des articles est explicitement mentionné.
CHAPITRE II -
L'APPLICATION DU DROIT DE L'URBANISME
EN 1997
Après avoir dressé, comme chaque année, un bilan d'application des lois et des décrets publiés et de l'évolution du contentieux de l'urbanisme depuis l'examen du précédent projet de loi de finances, le présent chapitre présentera l'état d'avancement des directives territoriales d'aménagement (DTA) ; ainsi qu'un état des aides de l'Etat aux collectivités locales au titre des compétences qu'elles exercent en matière d'urbanisme.
I. BILAN LÉGISLATIF RÉGLEMENTAIRE ET CONTENTIEUX POUR 1998
A. LES TEXTE LÉGISLATIFS
1. Les textes publiés
Depuis le vote du budget pour 1997 quatre lois ayant une
incidence en matière d'urbanisme ont été publiées.
Il s'agit de :
La loi n° 96-987 du 14 novembre
1996 relative
à la mise en oeuvre du Pacte de relance pour la ville
Ce texte a apporté d'importantes modifications au code de l'urbanisme,
afin de faciliter la restructuration des parties les plus
dégradées des zones urbaines sensibles (ZUS). Il a notamment
prévu :
- la modification du régime juridique des
établissements
publics d'aménagement
visés par les articles L.321-1 et
suivants du code de l'urbanisme ;
- la création
d'associations foncières urbaines
réunissant des propriétaires d'immeubles qui pourront contribuer
à la réhabilisation et à la requalification des
copropriétés en difficulté situées dans les
quartiers relevant de la politique de la ville ;
- la création d'un établissement public d'aménagement
national portant le nom
d'établissement public d'Aménagement
et de Restructuration des Espaces Commerciaux et Artisanaux
(l'
EPARECA
), dont la mission est d'assurer la maîtrise
d'ouvrage des opérations tendant à la création,
l'extension, la transformation ou la reconversion de surfaces commerciales ou
artisanales situées dans des zones urbaines sensibles.
Il est encore trop tôt pour mesurer l'impact concret de l'ensemble de ces
innovations, qui constituent le volet urbanistique du Pacte de Relance pour la
ville, mais la Délégation Interministérielle à la
Ville (DIV) suit leur avancement de façon régulière.
La loi n° 96-1236 du 30 décembre 1996 sur
l'utilisation rationnelle de l'énergie
.
Ce texte, qui fixe des règles destinées à connaître,
à prévenir, à réduire et à supprimer les
pollutions atmosphériques a modifié les articles L.110,
L.121-10, L.122-1, et L.123-1 du code de l'urbanisme.
Il prévoit que les documents d'urbanisme prennent en compte l'impact des
pollutions atmosphériques, ainsi que les orientations des plans de
déplacement urbain dans les agglomérations qui en sont
dotées.
La loi n° 96-1241 du 30 décembre 1996 relative
à
l'aménagement, la protection
et la
mise en valeur de
la zone dite des cinquante pas géométrique
.
Ce texte tend à limiter le développement urbain
incontrôlé, essentiellement sur le littoral de la Guadeloupe et de
la Martinique.
A cette fin, il distingue entre les espaces déjà en partie ou
totalement urbanisés -où des bâtiments pourront être
construits- et les espaces naturels qui seront, eux, protégés de
toute urbanisation.
Il institue, en outre, une servitude de passage longitudinale parallèle
au rivage de la mer et prévoit le respect d'une servitude de passage
perpendiculaire aux plages qui permettra l'accès de tous au rivage. Il
crée enfin dans chacun des départements de la Guadeloupe et de la
Martinique une agence soumise à la tutelle de l'Etat, chargée de
la mise en valeur de la zone dite des cinquante pas géométriques,
qui sera dotée de ressources propres.
La loi n° 97-179 du 28 février 1997 relative
à
l'intruction des autorisations de travaux dans le champ de
visibilité des édifices classés ou inscrits et dans les
secteurs sauvegardés
.
Ce texte modifie les articles L.313-2 et L.144-6 du code de l'urbanisme.
Il permet aux représentants des communes de former un recours contre
l'avis de l'architecte des Bâtiments de France devant une commission
désignée par le préfet de région.
Votre Commission des Affaires économiques souhaiterait être
informée des raisons pour lesquelles ce texte -qui résulte d'une
proposition de loi déposée au Sénat- n'a toujours pas
reçu de décrets d'application, plus de 8 mois après
sa promulgation.
2. Les projets
L'année 1997 a été marquée par
l'annonce de deux réformes importantes.
Au printemps, on a appris que le Gouvernement alors en fonction avait
demandé aux services d'engager une réflexion sur la modification
du régime juridique
du permis de construire
. Puis, après
les élections, le nouveau Premier ministre a annoncé sa
décision de préparer une réforme de la
procédure
de l'enquête publique
qui, pour être principalement liée
à la préservation de l'environnement n'en intéresse pas
moins, de façon décisive, le droit de l'urbanisme.
Le projet de modification du régime juridique du permis de
construire
Dans le cadre de la réforme de l'Etat, le précédent
gouvernement a, au début de l'année 1997, demandé aux
services du ministère de l'équipement d'engager une
réflexion sur les possibilités de simplification de l'octroi du
permis de construire.
Cette démarche tendait principalement à alléger les
nombreuses démarches préalables à la délivrance de
ce permis.
Il semble qu'il ait été envisagé dans ce cadre, d'exclure
du champ du permis de construire les constructions d'une surface
inférieure à 250 m². Or, ces constructions
correspondent à l'habitat individuel.
Une telle réforme aurait notamment eu pour conséquence de
dispenser du recours à un architecte tous les projets de construction
d'une superficie inférieure à 250 m².
Cependant, comme le rappelle la loi du 3 janvier 1977 relative
à l'architecture "
l'architecture est une expression de la
culture. La création architecturale, la qualité des
constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le
respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont
d'intérêt public ".
Aussi votre Commission des Affaires économiques souhaiterait-elle
obtenir publiquement du Gouvernement l'assurance que la réforme
entamée par son prédécesseur est bien ajournée.
Elle estime, en effet, qu'une réforme du permis de construire devrait
inévitablement ménager une plus grande place aux architectes, et
non pas limiter leur intervention comme semblait le prévoir le projet
initial.
Votre Commission des Affaires économiques souhaiterait, sur cette
importante question, connaître les intentions du Gouvernement et savoir
si de nouvelles réflexions sont menées conjointement par la
sous-direction de l'architecture du ministère de la culture et par la
direction de l'aménagement foncier et de l'urbanisme du ministère
de l'équipement.
Vers une réforme de la procédure de l'enquête
publique
A l'occasion de son discours de politique générale, le Premier
ministre a annoncé que le Gouvernement procèderait à une
réforme de la procédure de l'enquête publique.
Votre Commission des Affaires économiques souhaiterait
connaître l'état d'avancement des travaux du Gouvernement sur
cette question, ainsi que l'intensité de la collaboration des services
du ministère de l'équipement à l'occasion de la
préparation de cette réforme.
Elle souhaiterait également se voir communiquer le calendrier que se
fixe le Gouvernement s'agissant de la présentation du projet de loi
portant réforme de la procédure d'enquête publique au
Parlement.
D'un point de vue général, et sans préjuger du texte
soumis au Sénat le moment venu, votre Commission des Affaires
économiques estime que cette réforme doit avoir pour objet
d'améliorer la qualité des enquêtes publiques.
Elle appelle l'attention du Gouvernement sur le danger d'alourdir des
procédures déjà complexes. Elle souhaiterait, en
conséquence que la clarification des procédures constitue
également un objectif du projet de loi qui sera soumis au Parlement.
B. LES TEXTES RÉGLEMENTAIRES
1. Décrets publiés
Trois décrets sont parus dans le domaine de l'urbanisme
depuis l'automne 1996.
Il s'agit des décrets :
n° 96-1018 du 26 novembre 1996 relatif à
l'autorisation d'exploitation de certains magasins de commerce de détail
et de certains établissements hôteliers, et modifiant le
décret n° 93-306 du 9 mars 1993.
n° 96-1022 du 27 novembre 1996, portant création du
comité des investissements à caractère économique
et social. Ce texte a abrogé les articles R.530-1 et R.530-2 du
code de l'urbanisme.
n° 97-807 du 31 mai 1997 relatif aux règles de
protection contre le bruit et à l'aide aux riverains des
aérodromes, modifiant les articles R.147-2 et R.147-3 du code de
l'urbanisme.
2. Décrets en préparation
Selon les informations communiquées à votre
rapporteur pour avis, les services préparent actuellement plusieurs
décrets, à savoir :
- le projet de décret portant extension et adaptation à la
collectivité territoriale de Mayotte de la partie réglementaire
du code de l'urbanisme ;
- les décrets d'application de la loi n° 95-101 du
2 février 1995 relative au renforcement de la protection de
l'environnement et relative à l'urbanisme. Il s'agit d'une part des
décrets fixant les modalités d'établissement de la liste
d'aptitude aux fonctions de commissaire enquêteur établie dans
chaque département, et d'autre part des décrets portant
modification des dispositions réglementaires du code de l'urbanisme
relatives aux espaces naturels sensibles des départements ;
- le décret pris pour l'application de la loi
n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de
programmation relative à la sécurité, fixant les
modalités d'application de l'étude de sécurité
publique devant être jointe aux études préalables à
la réalisation des projets d'aménagement, des équipements
collectifs et des programmes de construction ;
- le décret d'application de la loi n° 95-115
d'orientation du 4 février 1995 relative à
l'aménagement et au développement du territoire, qui concerne la
procédure de révision du schéma directeur de la
région Ile-de-France.
Votre Commission des Affaires économiques s'interroge sur les raisons
pour lesquelles plusieurs lois n'ont pas reçu de décret
d'application plus de deux ans après leur promulgation.
C. L'ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX
Voici un an, votre rapporteur pour avis déplorait
l'inflation du contentieux de l'urbanisme. Cette observation reste,
hélas, d'actualité cette année.
Les statistiques disponibles -qui concernent l'année 1994- permettent de
mesurer le nombre de contentieux auxquels donnent lieu d'une part les
décisions prises par l'Etat en matière d'urbanisme, et d'autre
part les recours des préfets dans le cadre du contrôle de
légalité des actes des collectivités locales.
1. Le contentieux des décisions prises au nom de l'Etat
Le tableau ci-dessous retrace la variation du nombre de recours et de décisions :
ÉVOLUTION DU NOMBRE DES CONTENTIEUX
DES
DÉCISIONS PRISES AU NOM DE L'ETAT
DE 1993 À 1994
1993 |
1994 |
Variation |
|
Recours en annulation |
823 |
937 |
+13,8 % |
dont - permis de construire |
323 |
393 |
+21,6 % |
- certificats d'urbanisme |
137 |
153 |
+11,6 % |
- demandes de sursis à exécurion |
145 |
163 |
+12,4 % |
Décisions prononcées |
687 |
930 |
+35 % |
dont - annulations |
112 |
164 |
+46 % |
Soit en % du total des décisions |
23 % |
27 % |
- |
- sursis à exécution ordonnés |
91 |
107 |
+17,5 % |
Source : ministère de l'équipement
Votre rapporteur pour avis note que le nombre des contentieux relatifs aux
décisions de l'Etat en matière d'urbanisme ne cesse de
croître, comme il l'avait déjà relevé en 1996. Il
déplore cette situation et souhaite que le Gouvernement s'applique
à y remédier.
2. Les recours des préfets dans le cadre du contrôle de légalité
L'évolution des recours des représentants de l'Etats visant les actes des collectivités locales en matière d'urbanisme est tout aussi préoccupante ainsi que le montre le tableau suivant :
ÉVOLUTION DU NOMBRE DES RECOURS EXERCÉS
PAR
LES REPRÉSENTANTS DE L'ETAT
DANS LE CADRE DU CONTRÔLE DE
LÉGALITÉ
1993 |
1994 |
Variation |
|
Nombre d'actes déférés au juge administratif |
209 |
341 |
+63,1 % |
dont demandes de sursis à exécution |
119 |
164 |
+37,8 % |
Nombre de jugements rendus |
203 |
293 |
+45,3 % |
dont - désistements ou non lieu à statuer |
72 |
95 |
+31,9 % |
- décisions rendues au fond |
91 |
110 |
+20,8 % |
dont annulations |
79 |
92 |
+16,4 % |
- demandes de sursis à exécution |
40 |
88 |
+120 % |
dont sursis à exécution prononcés |
29 |
58 |
+50 % |
Source : Ministère de l'Equipement
Votre Commission des Affaires économiques constate avec
préoccupation le développement de ce contentieux qui traduit les
difficultés que rencontrent les administrations, pour appliquer le droit
qu'elles contribuent à édicter.
3. Le contentieux des décisions prises par les maires
Depuis la promulgation des lois de décentralisation, le
maire exerce, dans les communes dotées d'un plan d'occupation des sols,
l'essentiel des compétences en matière d'urbanisme puisqu'il lui
revient de statuer sur les demandes de permis de construire.
Comme l'année dernière, votre Commission des Affaires
économiques s'étonne de ce que le Gouvernement ne dispose pas de
statistiques relatives à ces contentieux qui sont, à n'en pas
douter, beaucoup plus nombreux que ceux qui intéressent l'Etat.
D'un point de vue général, votre Commission estime souhaitable
que le contentieux de l'urbanisme, dont le caractère quasiment
" pathologique " a été relevé par le Conseil
d'Etat fasse l'objet d'un suivi statistique plus rigoureux. Elle juge
spécialement utile de connaître l'état du contentieux des
communes ainsi que la durée de jugement de l'ensemble des instances.
Lors de l'examen du budget du ministère de l'équipement pour
1997, le ministre avait, en séance publique, fait état du projet
de doter ses services d'un outil statistique permettant un suivi précis
du contentieux de l'urbanisme.
Votre Commission des Affaires économiques estime qu'il est plus que
jamais souhaitable de disposer d'un tel instrument.
II. L'ÉLABORATION DES DIRECTIVES TERRITORIALES D'AMÉNAGEMENT
Voici près de trois ans, le Parlement adoptait la
loi d'orientation sur l'aménagement et le développement du
territoire. L'article 4 de ce texte créait un instrument nouveau en
droit de l'urbanisme, les
directives territoriales d'aménagement
(DTA). Peu après, le Gouvernement décidait l'élaboration,
à titre expérimental, de 5 DTA avant que, lors du
récent CIADT tenu à Auch, le 10 avril 1997, le
précédent gouvernement n'annonce la préparation d'une
6e DTA.
Compte tenu de l'importance prospective, stratégique et normative, des
DTA, votre rapporteur pour avis estime nécessaire d'examiner leur
état d'avancement après avoir brièvement rappelé
leur régime juridique.
A. LES DTA : DES INSTRUMENTS JURIDIQUES LIÉS TANT À LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE QU'AU DROIT DE L'URBANISME
1. Un instrument d'aménagement du territoire
Approuvées par décret en Conseil d'Etat, les DTA
sont destinées à exprimer de façon cohérente
l'esprit d'une politique de gestion de l'espace qui s'inscrit dans le cadre
général de l'aménagement du territoire national.
A cette fin, elles peuvent "
fixer sur certaines parties du
territoire
les orientations fondamentales de l'Etat en matière d'aménagement
et d'équilibre entre les perspectives de développement, de
protection et de mise en valeur des territoires
".
Les DTA :
"
fixent les principaux objectifs de l'Etat en matière de
localisation des grandes infrastructures de transport et des grands
équipements ainsi qu'en matière de préservation des
espaces naturels, des sites et des paysages. Ces directives peuvent
également préciser pour les territoires concernés, les
modalités d'application des lois d'aménagement et d'urbanisme,
adaptées aux particularités géographiques
locales
".
Elles prennent en compte les orientations générales du
schéma national d'aménagement et de développement du
territoire.
2. Une norme relevant du droit de l'urbanisme
Les directives territoriales d'aménagement ont une
incidence importante sur les documents d'urbanisme, à l'échelle
de la portion du territoire auquel elles s'appliquent. En effet,
l'article 4 de la loi d'orientation précitée dispose
que :
"
Les schémas directeurs et les schémas de secteurs
doivent être compatibles avec les DTA [...] les plans d'occupation des
sols et les documents d'urbanisme en tenant lieu doivent être compatibles
avec les orientations des schémas directeurs et des schémas de
secteur [...]
".
Les DTA jouent un rôle spécialemement important dans les parties
du territoire soumises aux dispositions de la loi
" montagne " ainsi
que sur les côtes où s'applique la loi " littoral ". Le
dernier alinéa de l'article 4 précité dispose en
effet que :
"
Les dispositions des DTA qui précisent les modalités
d'application des articles L.145-1 et suivants sur les zones de montagne
et des articles L.146-1 et suivants sur les zones littorales s'appliquent
aux personnes qui y sont mentionnées
".
B. SIX DTA " EXPÉRIMENTALES " SONT EN PRÉPARATION
Cinq sites ont été retenus, dès 1995,
pour préparer les premières DTA, à savoir :
- les
Alpes-Maritimes
;
- l'estuaire de la
Seine
;
- l'estuaire de la
Loire
;
- l'aire métropolitaine de
Marseille
;
- les
Alpes
du
Nord
.
Le CIADT d'Auch y a ajouté l'
aire urbaine lyonnaise
qui fera
également l'objet d'une DTA.
L'état d'avancement des DTA en cours de préparation varie compte
tenu de l'importance des études préalables menées avant
1995 et des difficultés rencontrées depuis lors.
Concrètement, la préparation d'une DTA passe par
4 phases :
- le CIADT désigne dans un premier temps le préfet
coordonateur de chaque DTA qui organise sa préparation avec les
préfets territorialement concernés ;
- au cours d'une seconde phase, on procède à l'analyse du
territoire retenu et l'on définit les objectifs de la DTA ;
- sur cette base, dans une troisième phase, le CIADT donne un
mandat au préfet coordonateur pour la conduite et l'élaboration
de la DTA dans un périmètre qu'il définit ;
- ce n'est que dans une quatrième phase que les projets de DTA
seront examinés par le CIADT, avant leur examen par le Conseil national
de l'aménagement et du développement du territoire (CNADT) et
leur approbation par décret en Conseil d'Etat.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
le degré de préparation de chacun des six projets de DTA est
le suivant :
Le projet de DTA relatif aux
Alpes-Maritimes
est le plus
avancé.
Le préfet a reçu un mandat en mai dernier, qui a
été renouvelé en novembre 1997. Ce nouveau mandat insiste
sur les questions relatives à la cohésion sociale et au
développement durable.
La préparation, dans le passé, de projets des schémas
directeurs des agglomérations de Nice, Cannes-Grasse-Antibes et Menton a
facilité l'élaboration du projet. Celui-ci
"
précisera les enjeux relatifs au positionnement de la
Côte d'Azur sur la façade méditerranéenne ainsi que
les objectifs de développement durable et de cohérence entre les
opérations d'aménagement et les enjeux environnementaux et
patrimoniaux
".
Les projets relatifs aux
deux estuaires
de la
Loire
et de
la
Seine
ont également bénéficié
d'études antérieures à 1995. Tous deux tendent à
concilier les activités portuaires et industrielles avec la protection
du milieu écologique.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis
"
le développement de l'estuaire de la Seine devra trouver des
complémentarités sur la rive sud du fleuve et s'inscrire dans les
perspectives plus larges d'un développement du bassin parisien prenant
appui sur le triple pôle de Caen, Rouen et Le Havre
".
Quant à la DTA portant sur l'estuaire de la Loire, elle devra :
"
tenir compte des perspectives tracées par la charte
d'objectifs pour confirmer la vocation de la métropole de
Nantes-Saint-Nazaire, au bénéfice de l'Ouest
français
".
Le projet de DTA portant sur
l'aire métropolitaine de
Marseille
a fait l'objet d'études préalables, en voie de se
conclure, et l'on prépare actuellement le mandat qui sera donné
par le CIADT au préfet coordonnateur.
La DTA portera sur "
le positionnement de Marseille dans l'arc
méditerranéen
". Elle examinera également
"
l'organisation interne et la revitalisation du
centre
" de
la cité phocéenne, ainsi que "
les conditions propres au
développement de ses fonctions métropolitaines et portuaires et
leurs effets d'intégration sociale et urbaine, ainsi que les
modalités de préservation d'espaces naturels de
qualité
".
Le projet de DTA relatif aux
Alpes du nord
pose des
problèmes spécifiques, compte tenu de son étendue : il
porte sur tout ou partie des départements de l'Isère, de la
Savoie, de la Haute-Savoie et de l'Ain et de la Drôme.
Il en est encore, pour l'instant, au stade des études préalables.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis
ses "
objectifs principaux concernent la prise en compte des
fonctions
nationales et internationales sous l'angle des liaisons externes et internes,
l'équilibre entre le développement et la protection des
éléments caractéristiques du patrimoine montagnard, le
développement urbain du sillon alpin autour de son réseau de
ville et la coopération (y compris transfrontalière) des
territoires
".
Le projet de DTA relatif à
l'aire urbaine lyonnaise
va
faire l'objet d'études préalables qui s'appuieront notamment sur
les schémas directeurs existants, et sur le schéma directeur de
la communauté urbaine de Lyon, la " COURLY ", qui date de
1992. Ce projet s'attachera à : "
mettre en cohérence les
grandes stratégies de transport, le positionnement de l'aire au sein du
grand sud-est et du réseau de ville rhônalpin, la maîtrise
de son développement ainsi que la protection et la mise en valeur de son
environnement
".
C. POUR UNE CONCERTATION EFFECTUÉE LORS DE LA PRÉPARATION DES DTA
Votre Commission des Affaires économiques est
particulièrement sensible à la nécessité de
réussir l'expérimentation des six premières DTA, car
celles-ci précèderont des DTA applicables à d'autres
parties du territoire.
Elle rappelle que les projets de DTA doivent, en vertu de l'article 4 de
la loi d'orientation qui détermine leur régime juridique,
être élaborés en
concertation
avec :
- les régions ;
- les départements ;
- les communes chefs lieu d'arrondissement ;
- les communes de plus de 20.000 habitants ;
- les groupements de communes compétents en matière
d'aménagement de l'espace ou d'urbanisme intéressés ;
- les comités de massif.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que cette
concertation approfondie permette aux élus locaux de contribuer à
l'élaboration des DTA, lesquelles auront une incidence majeure sur
l'évolution des documents d'urbanisme.
Elle souhaiterait également connaître le calendrier que se fixe le
Gouvernement en ce qui concerne la publication des DTA en préparation et
le lancement d'autres DTA.
III. L'URBANISME ET LES COLLECTIVITÉS LOCALES
A. LES COMMUNES SONT DÉSORMAIS UN ACTEUR MAJEUR DE L'URBANISME OPÉRATIONNEL
1. Une compétence de plus en plus étendue
Comme on l'a rappelé ci-dessus, le nombre de communes
qui ont adopté un plan d'occupation des sols (POS) croît de
façon régulière depuis 1983.
Le tableau ci-dessous présente la progression du nombre des communes
disposant d'un POS opposable, qui est estimé par les services du
ministère de l'équipement à 15.400 en 1997, en
légère hausse par rapport à 1996.
TABLEAU RÉCAPITULATIF DE L'ÉTAT D'AVANCEMENT
DES POS
1983-1997
1983 |
1988 |
1993 |
1997 |
|
POS opposables |
8 184 |
12 099 |
14 670 |
15 400 |
dont POS approuvés |
6 231 |
10 685 |
14 230 |
15 180 |
POS publiés |
1 953 |
1 414 |
440 |
220 |
Source : ministère de l'équipement
Selon des éléments communiqués à votre rapporteur
pour avis, la population résidant dans les communes dont le territoire a
fait l'objet d'un POS est de 51,7 millions d'habitants, soit près
de 12 % de plus qu'en 1990.
Désormais, les quatre-cinquièmes des permis de construire sont
décentralisés.
Le tableau suivant présente une synthèse de ces données
pour la période 1990 à 1997
1990 |
1997 |
Variation |
|
Nombre de communes compétentes |
12 723 |
15 180 |
+19,3 % |
Population correspondante
|
|
|
|
Pourcentage des permis de construire décentralisés |
|
|
|
Source : ministère de l'équipement
(*) données pour 1996
2. Un coût conséquent
Une récente étude publiée dans le
Moniteur
a montré l'importance du prix des documents d'urbanisme.
Elle évalue le coût de l'élaboration et de la
révision d'un POS dans une fourchette qui va de :
- 60.000 à 150.000 francs pour une commune de moins de
500 habitants (soit respectivement de 120 à 300 francs par
habitant pour une commune de 500 habitants) ;
- 195.000 à 500.000 francs pour une commune de
10.000 habitants au plus (soit un coût par habitant pour une commune
de 10.000 habitants de 19,5 à 50 francs).
S'agissant de la modification d'un POS par anticipation, son coût
estimé varierait :
- de 15.000 à 37.000 francs pour une commune de moins de
500 habitants ;
- de 40.000 à 80.000 francs pour une commune de plus de
10.000 habitants.
Quant au schéma directeur, son coût par habitant serait de 10
à 25 francs par habitant selon la taille des communes.
Le tableau ci-dessous présente l'ensemble de ces éléments.
ÉCHELLE DES PRIX DES DOCUMENTS D'URBANISME
Plan d'occupation des sols |
Elaboration et révision |
Modification par anticipation |
Communes de - de 500 habitants |
60 000 à 150 000 F |
15 000 à 37 000 F |
Communes comprises
|
|
|
Communes comprises
|
|
|
Communes de + de 10 000 habitants |
195 000 à 500 000 F |
40 000 à 80 000 F |
Schéma directeur |
de 10 à 25 F/habitant |
Source : Le Moniteur, 7 novembre 1997
3. Une compensation partielle par l'Etat
Deux dotations budgétaires sont prévues pour
compenser le coût de l'élaboration et de l'adaptation des
documents d'urbanisme.
L'une est destinée à compenser les dépenses
occasionnées aux communes par le transfert des compétences ;
l'autre leur est versée pour les aider à s'assurer contre les
conséquences des contentieux liées à la délivrance
d'autorisation d'utilisation du sol.
La compensation des dépenses prises en charge par les communes
compétentes en matière d'urbanisme
fait l'objet d'un concours
particulier qui figure dans la dotation générale de
décentralisation
1(
*
)
(DGD) d'une part et
d'un chapitre du budget du ministère de l'équipement
d'autre part.
Les crédits appartenant à la DGD figurent au titre du
chapitre 41-56, article 10 du ministère de l'intérieur.
D'un montant de 87,8 millions de francs en 1995, cette ligne
budgétaire était de 90,9 millions de francs en 1996 et de
92,183 millions de francs en 1997. Cette progression
régulière s'explique par l'indexation de ces crédits sur
le taux de progression de la dotation globale de fonctionnement (DGF), soit
1,36 % en 1997.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
la direction générale des collectivités locales (DGCL)
n'est pas encore en mesure de faire connaître le taux de progression de
la DGF 1998 par rapport à 1997.
Quant aux crédits relevant du ministère de l'équipement,
ils sont inscrits au chapitre 55-21, article 10 de ce
département ministériel. Ils sont destinés à
assurer l'exercice des responsabilités de l'Etat dans
l'établissement et la révision des documents d'urbanisme
communaux ou intercommunaux, ainsi qu'en matière de protection des
territoires sensibles tels que le littoral ou la montagne, et de prise en
compte des risques naturels et des études paysagères.
Respectivement dotés de 33,39 millions de francs d'autorisations de
programme (AP) et de 32,33 millions de francs de crédits de
paiement (CP) en loi de finances initiale pour 1997, ces crédits
s'accroissent de 4,8 % en AP et diminuent de 3,4 % en CP. Ils
s'élèveront respectivement à 35 millions de francs
d'AP et 31,22 millions de francs de CP en 1998.
La création de la dotation budgétaire relative à
l'assurance des communes pour les risques contentieux
liés
à la délivrance des autorisations d'occupation du sol a
été décidée
2(
*
)
dès 1983.
Son montant est indexé sur le taux de croissance de la dotation
générale de décentralisation (DGD). Il s'élevait
à 24,095 millions de francs en 1997 ; (le taux de croissance de la
DGD pour 1998 n'est pas encore connu).
CHAPITRE III -
LES QUESTIONS D'ACTUALITÉ
POUR L'URBANISME
Comme chaque année, votre rapporteur pour avis a
choisi, parmi les thèmes d'actualité intéressant
l'urbanisme, ceux qui lui apparaissent susceptibles de retenir l'attention de
la Haute Assemblée.
Parmi eux figurent la question de l'urbanisme en montagne, l'utilisation des
nouvelles technologies dans l'urbanisme opérationnel, et enfin la
situation financière des conseils d'architecture, d'urbanisme et de
l'environnement (CAUE) qui n'a toujours pas trouvé de solution
satisfaisante.
I. L'URBANISME ET LA MONTAGNE
A titre liminaire, votre rapporteur pour avis tient à
rappeler son attachement au respect de l'environnement montagnard et à
sa préservation. Il considère en effet que bon nombre de
réalisations des années passées visant à
établir des activités en montagne n'ont eu pour effet que de
détruire des sites qui auraient mérité d'être
protégés.
Cependant votre rapporteur pour avis estime également qu'il convient de
prêter attention aux doléances des élus locaux qui, bien
souvent désireux de protéger le cadre de vie de leurs
concitoyens, n'en ont pas moins le souci légitime d'assurer le
développement économique de leurs communes.
A. UN SUJET AU COEUR DES PRÉOCCUPATIONS DES ÉLUS...
Deux initiatives parlementaires ont rappelé, en 1997,
la nécessité de mieux prendre en compte les besoins du
développement économique en zone de montagne :
Dans une question écrite au ministre de l'équipement, M.
René Trégouët relevait, par exemple, "
les
conséquences négatives pour le développement rural, de
l'interprétation administrative excessivement restrictive des
dispositions relatives à l'urbanisme prévues par la loi
" montagne " n° 85-30 du 9 janvier
1985
". La
même question écrite soulignait également que,
malgré l'adoption de la loi d'orientation n° 95-115 du 4
février 1995, pour l'aménagement et le développement du
territoire : "
le grave problème du contrôle excessif de
l'urbanisation n'a pas trouvé de solution satisfaisante et constitue
pour un nombre croissant d'élus locaux en milieu rural un
véritable obstacle à la revitalisation et au développement
de leur commune.
"
3(
*
)
Une analyse analogue est également à l'origine du
dépôt d'une proposition de loi n°45 tendant à modifier
l'article L.145-7 du code de l'urbanisme par M. Pierre Laffitte, soumise
à l'examen de votre Commission des Affaires économiques.
Observant qu'"
il est nécessaire que les documents d'urbanisme
comportent des dispositions propres à préserver les
caractéristiques du patrimoine naturel et culturel montagnard
"
et qu' "
il n'est pas souhaitable que cette réglementation
paralyse la création d'activités innovantes et susceptibles
d'assurer le développement de l'espace montagnard
",
l'exposé des motifs de cette proposition de loi indiquait qu':
"
il n'est actuellement pas possible d'installer en zone de
montagne
des installations quelles que soient leur nature, hors des villages existants,
ou sans continuité avec ceux-ci. [...] à côté des
activités traditionnelles évoquées par la loi
" montagne " comme susceptibles d'y être promues :
activités agricoles, pastorales et foncières, activités
touristiques, commerce et artisanat, pluriactivité et travail
saisonnier, il convient de permettre à la montagne de recueillir le
bénéfice de l'apparition de la société de
l'information [... or] actuellement l'installation de petites zones
d'activité consacrées à la recherche, aux
téléactivités et au développement économique
local n'est pas possible.
"
Sans émettre de jugement sur le fond de cette proposition de loi, votre
rapporteur pour avis ne peut manquer de considérer son
dépôt comme l'un des signes des difficultés
rencontrées dans l'application des règles d'urbanisme en zone de
montagne.
Deux exemples, tirés de son expérience de terrain lui permettront
de confirmer ce diagnostic : ils ont trait aux problèmes posés
par les granges de montagne dans les Pyrénées, et par la
question, non encore résolue, de la complexité de la
procédure d'autorisation des unités touristiques nouvelles (UTN)
en montagne.
B. ...DONT DES EXEMPLES CONCRETS MONTRENT L'IMPORTANCE
1. La conservation des granges de montagne
Les problèmes posés par la conservation des
granges de montagne situées dans les Pyrénées montrent les
difficultés existant pour valoriser le patrimoine ancien et pour lui
permettre de contribuer au développement local.
Implantées dans les prés de fauche des massifs, souvent en partie
encastrées dans la pente, les granges de montagne ont servi dans le
passé à abriter le berger, le foin, et le troupeau. Elles sont
souvent bâties dans des matériaux de qualités (pierres de
taille, couvertures de tuiles et d'ardoises ...) qui en font un
élément du patrimoine montagnard. Certaines d'entre elles sont
encore utilisées par les agriculteurs à titre résiduel.
D'autres, en revanche, ne sont plus entretenues.
Or, la législation actuellement en vigueur prévoit que
l'obtention d'un permis de construire est nécessaire changer leur
destination agricole et les rendre habitables. En pratique, les communes n'ont
pas les moyens d'assurer leur desserte en voirie et réseaux divers
(VRD), si bien qu'elles ne sont pas favorables à la délivrance de
permis de construire qui, finalement, occasionnent un coût pour la
collectivité (entretien des VRD, déneigement ...). En
conséquence, bon nombre de granges tombent en ruine, tandis que d'autres
sont rénovées de façon illégale.
Pour résoudre le problème de l'entretien de ces bâtiments,
il convient d'éviter deux écueils :
- l'abandon des granges et leur écroulement ;
- une transformation qui en dénaturerait les
caractéristiques.
Votre rapporteur pour avis juge souhaitable d'envisager, le cas
échéant avec le ministère chargé du tourisme, les
modalités d'une politique qui permettrait de transformer
a minima
ces bâtiments, en autorisant leurs propriétaires à les
rénover sous réserve de disposer d'une alimentation en eau et
d'un système de traitement individuel des eaux usées, ce qui
permettrait d'assurer l'entretien des bâtiments sans pour autant
occasionner de charges nouvelles pour les communes.
D'une façon générale, votre Commission des Affaires
économiques souhaiterait qu'une réflexion soit lancée pour
examiner les conditions dans lesquelles l'entretien du patrimoine foncier
construit en montagne pourrait être mieux assuré, afin de le
valoriser.
2. Les lourdeurs de la procédure d'autorisation des unités touristiques nouvelles (UTN)
La procédure de création d'unités
touristiques nouvelles en montagne, régie par l'article L.155-9 du code
de l'urbanisme, est destinée à éviter le
développement d'activités touristiques incontrôlées.
Elle s'applique notamment en cas de création d'un équipement sur
un site vierge, ou lorsque cette création suscite une modification de
l'économie locale, ou encore si elle entraîne un accroissement de
la capacité d'hébergement de plus de 8.000 mètres
carrés.
Une UTN ne peut être réalisée que dans les communes qui
disposent d'un plan d'occupation des sols, quelle que soit leur taille.
Votre Commission des Affaires économiques constate que la règle
selon laquelle toutes les communes doivent être dotées d'un plan
d'occupation des sols (POS) dans le périmètre visé par une
UTN est susceptible d'empêcher la délivrance de toute
autorisation. Elle n'est pas sans expliquer le fait que 20 % des
autorisations délivrées ne donnent finalement lieu à aucun
projet concret.
En effet, bien des petites communes comprenant quelques dizaines d'habitants ne
disposent pas des moyens financiers pour élaborer un POS : comme on l'a
vu au chapitre II du présent rapport pour avis, le coût de
l'élaboration d'un tel document varie de 60.000 à 150.000 francs
! Autant dire que les très petites communes qui désirent
élaborer un POS n'en ont pas les moyens, puisque le prix d'un POS
dépasse parfois le montant de leur budget annuel.
Est-ce une raison pour empêcher ces communes et celles qui les
environnent, et avec lesquelles elles peuvent souhaiter coopérer, de
recevoir une UTN ?
Votre Commission des Affaires économiques estime qu'il serait
souhaitable que l'Etat apporte une aide financière spécifique aux
petites communes de montagne désireuses d'élaborer un plan
d'occupation des sols afin de pouvoir bénéficier d'une UTN.
II. POUR LE DÉVELOPPEMENT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE LA COMMUNICATION ET DE L'INFORMATION DANS L'URBANISME OPERATIONNEL
L'introduction des nouvelles technologies dans le secteur de
l'urbanisme est susceptible d'entraîner des effets
bénéfiques sur la préparation et la réalisation de
bon nombre d'opérations d'aménagement et de construction.
Ces nouvelles technologies permettent, en effet, de simuler, de visualiser et
d'analyser l'impact sur l'environnement des infrastructures avant leur
construction.
Elles font appel aussi bien aux instruments informatiques désormais
" classiques " tels que les micro-ordinateurs, qu'aux
techniques
perfectionnées que sont la topographie satellitaire ou la photographie
aérienne.
C'est ainsi qu'une bretelle d'autoroute, un ligne EDF à haute tension,
ou un ouvrage d'art peuvent désormais être implantés dans
un environnement virtuel qui permet de mieux mesurer leur incidence sur
l'environnement réel.
Votre rapporteur pour avis souhaite que le ministère de
l'équipement soutienne les initiatives qui permettront de
développer, en France, l'utilisation des nouvelles technologies de
communication en matière d'urbanisme.
III. LA QUESTION DU FINANCEMENT DES CONSEILS D'ARCHITECTURE D'URBANISME ET DE L'ENVIRONNEMENT (CAUE)
Les conseils d'architecture d'urbanisme et de l'environnement
ont été créés par la loi du 3 janvier 1977 afin de
promouvoir la qualité de l'architecture en développant
l'information, la sensibilité et l'esprit de participation du public
dans le domaine de l'architecture, de l'urbanisme et de l'environnement.
Ils contribuent, en vertu de l'article 7 de la loi précitée :
"
directement ou indirectement à la formation et au
perfectionnement des maîtres d'ouvrage, des professionnels et des agents
des administrations et des collectivités qui interviennent dans le
domaine de la construction.
"
Les CAUE sont financés grâce à la perception d'une taxe qui
s'applique dans tous les départements qui l'ont instituée. Cette
taxe est prélevée à l'occasion de la délivrance du
permis de construire lors de la construction, de la reconstruction ou de
l'agrandissement des bâtiments de toute nature. Elle ne peut
excéder 0,3 % de la valeur de l'ensemble immobilier.
La création d'un CAUE relève de la décision de chaque
département. Actuellement, 83 départements en ont
créé un et institué une taxe, 5 départements
ont constitué un CAUE sans instaurer la taxe, et 12 départements
n'ont pas créé de CAUE.
Le financement des CAUE pose des problèmes récurrents. En effet,
le montant de la taxe prélevée pour leur financement reste
insuffisant. Il représentait 243 millions de francs en 1992, mais il a
baissé en 1993 et 1994, année où il n'a atteint que 220
millions de francs. En 1995, dernière année connue, le montant
total de la taxe s'est élevé à 228 millions de francs.
L'aide de l'Etat aux CAUE est très modeste, puisqu'elle
représente moins de 2 % du produit de la taxe. Elle consiste en une
subvention destinée au financement de vacations d'architectes
consultants. Cette subvention, qui est inscrite au chapitre 31-90, article 65
du budget du ministère de la culture était de 4,3 millions de
francs en 1997. Elle ne s'élèvera qu'à 4,13 millions de
francs pour 1998.
Compte tenu de la faiblesse de leurs ressources actuelles, il convient donc de
permettre aux CAUE de développer des missions
rémunératrices, ce qui n'est pas possible aujourd'hui.
Le dernier alinéa de l'article 7 de la loi du 3 janvier 1977
précitée précise que "
Les interventions du
conseil d'architecture d'urbanisme et de l'environnement sont
gratuites
"
.
Sans remettre en cause le principe
général de gratuité il serait souhaitable de lui apporter
des aménagements.
C'est ainsi que l'activité des CAUE dans le domaine de la formation
pourrait être rétribuée. Chacun sait que les besoins sont
importants en la matière, aussi bien pour les élus locaux et les
personnels des collectivités locales, que pour les agents des DDE ou des
DDAF.
Votre rapporteur pour avis estime, en conséquence, qu'il serait
souhaitable d'entamer une réflexion sur la possibilité
d'autoriser les CAUE à dispenser des formations au titre desquelles ils
seraient rémunérés.
Votre commission des affaires économiques a décidé de s'en
remettre à la sagesse du Sénat quant à l'adoption des
crédits de l'urbanisme inscrits au projet de loi de finances pour
1998.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Réunie le mercredi 26 novembre 1997 sous la
présidence de M. Jean François-Poncet, président, la
commission a procédé
à l'examen du rapport pour avis de
Mme Josette Durrieu sur les crédits consacrés à
l'urbanisme dans le projet de loi de finances pour 1998.
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis,
a indiqué que les
crédits inscrits au titre de l'aménagement foncier et de
l'urbanisme s'élevaient à 217 millions de francs, en
crédits de paiement et à 208 millions de francs en
autorisations de programme. Elle a précisé qu'ils diminuaient de
4 % en crédits de paiement et de 1 % en autorisations de
programme, rappelant qu'en 1997, ces mêmes dotations avaient
déjà régressé, respectivement, de 5 % et de
30 %.
Elle a souligné que ce budget était recentré sur les
acquisitions foncières et les politiques urbaines (aménagement
foncier, dotation d'équipement des agglomérations nouvelles,
cadre de vie, innovation urbaine et architecture).
Puis, elle a présenté les questions les plus importantes de
l'actualité du droit de l'urbanisme ainsi que la nouvelle organisation
des services chargés de le faire appliquer.
Elle a indiqué qu'après le transfert de la sous-direction de
l'architecture, au ministère de la culture, en 1996, il était
prévu de fusionner, en 1998, la direction de l'habitat et de la
construction, avec la direction de l'aménagement foncier et de
l'urbanisme et elle s'est interrogée sur le rôle de la nouvelle
direction, ainsi que sur l'incidence pratique de cette réforme.
Elle a ensuite évoqué l'application de la
loi n 97-179 du 28 février 1997 relative
à l'instruction des autorisations dans le champ de visibilité des
édifices classés, texte qui permettait aux communes de faire
appel de la décision de l'architecte des bâtiments de France
devant une commission, et dont elle a souligné qu'il n'avait toujours
pas reçu de décrets d'application huit mois après sa
promulgation.
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis,
a rappelé qu'au
printemps dernier, le Gouvernement avait annoncé une réforme du
permis de construire que nombre de professionnels avaient critiqué et
elle a souhaité obtenir des assurances sur l'abandon de ce projet. Elle
a également émis le désir de connaître l'état
d'avancement et le calendrier de la réforme de l'enquête publique
annoncée par le Premier ministre dans sa déclaration de politique
générale.
Elle
a également mentionné la préparation des
directives territoriales d'aménagement (DTA), précisant que cinq
d'entre elles avaient été lancées en 1995, à titre
expérimental, dans les Alpes maritimes, les estuaires de la Seine et de
la Loire, Marseille, et les Alpes du Nord et l'élaboration d'une
sixième directive portant sur l'aire urbaine lyonnaise,
décidée lors du comité interministériel
d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) d'Auch,
en avril 1997.
Soulignant que la loi n° 95-115 du 4 février 1997
prévoyait que les DTA seraient élaborées en concertation
avec les collectivités locales, elle a souhaité que le
Gouvernement attache une importance toute particulière à l'avis
de ces collectivités dont les documents d'urbanisme devront respecter
les dispositions des DTA et, le cas échéant, être
modifiés pour s'y conformer.
Evoquant le bilan du contentieux du droit de l'urbanisme, le rapporteur pour
avis a constaté que son accroissement se poursuivait, le nombre de
recours en annulation contre les permis de construire délivrés au
nom de l'Etat s'étant accru de plus de 20 % en 1994,
dernière année pour laquelle les statistiques étaient
disponibles.
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis
, a estimé que la
situation était tout aussi préoccupante en ce qui concernait les
recours exercés par les représentants de l'Etat dans le cadre du
contrôle de légalité à l'encontre d'actes de
collectivités locales, car leur nombre avaient crû de 60 %
entre 1993 et 1994, de même que les demandes de sursis à
exécution.
Elle a estimé que ces chiffres étaient l'un des symptômes
du caractère " pathologique " du droit de l'urbanisme et
souhaité que les services du ministère de l'équipement
recueillent désormais des statistiques sur l'ensemble du contentieux de
l'urbanisme des collectivités locales.
Evoquant les spécificités de l'urbanisme en montagne,
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis
, a abordé les
problèmes posés par la législation sur la
délivrance des autorisations de création d'unités
touristiques nouvelles (UTN), législation qu'elle a jugée trop
restrictive, car obligeant toutes les communes concernées par une UTN
à disposer d'un POS. Elle a estimé que, compte tenu du coût
d'un plan d'occupation des sols, les communes qui ne comptaient que quelques
dizaines d'habitants ne pouvaient pas s'en doter, et considéré
que l'Etat devrait leur venir spécifiquement en aide pour le financement
de leurs POS.
Puis
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis,
a
évoqué les problèmes posés par la situation des
granges de montagne, que les élus voudraient voir entretenues, ce que ne
permettaient pas les dispositions actuellement en vigueur, qui limitaient les
possibilités de changement d'affectation des bâtiments agricoles.
Elle a appelé de ses voeux un système plus souple, autorisant
-moyennant quelques adaptations sanitaires- des modifications de l'usage des
bâtiments existants, à des fins touristiques.
Elle a souhaité que le Gouvernement favorise l'utilisation des nouvelles
technologies (usage des micro-ordinateurs, de la topographie satellitaire, de
la photographie aérienne) lors de la réalisation et de la
préparation des opérations d'urbanisme.
M. Bernard Joly
s'est interrogé sur la politique du Gouvernement
en matière d'aide à la constitution de zones de protection du
patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP), avant d'évoquer la
situation des conseils d'architecture d'urbanisme et de l'environnement (CAUE)
et de s'interroger sur le nombre des recours exercés par les
préfets dans le cadre du contrôle de légalité contre
les actes de communes dotées d'un plan d'occupation des sols. Puis, il a
mentionné les problèmes posés par l'existence de logements
vacants, rappelant que la seule voie de droit actuellement ouverte aux maires
pour lutter contre ce phénomène était la procédure
de l'arrêté de péril. Il s'est interrogé sur la
possibilité d'une taxation de ces logements.
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis
, lui a répondu qu'elle
souhaitait obtenir du ministre des précisions sur la politique du
Gouvernement en matière de création des ZPPAUP. Puis, elle s'est
déclarée préoccupée par la situation
financière des 83 CAUE existants. Elle a estimé que ceux-ci
étaient souvent les seules structures à s'intéresser au
patrimoine qui n'était ni classé ni inscrit, et qu'il
était souhaitable de leur assurer des ressources financières
suffisantes. Elle a également jugé nécessaire de
développer, à l'avenir, leurs activités de formation, en
direction des maîtres d'oeuvre, des élus et des
établissements scolaires professionnels, faisant valoir que ces
activités étant rémunérées, elles
contribueraient à l'équilibre financier des CAUE.
M. Jean François-Poncet, président
, a rappelé que
la commission des finances de l'Assemblée nationale avait adopté,
au cours de la première lecture du projet de loi de finances un
amendement instituant une taxe sur les logements vacants, lequel avait
finalement été retiré en séance publique. Il s'est
déclaré favorable à une telle taxation, qui inciterait les
propriétaires à remettre des logements sur le marché.
M. Bernard Joly
a indiqué que les propriétaires de
logement pouvaient bénéficier d'aides diverses afin de remettre
ceux-ci en état pour les louer.
S'agissant du contentieux de l'urbanisme,
Mme Josette Durrieu,
rapporteur pour avis,
a regretté que l'exécutif ne dispose
pas de statistiques sur celui auquel donnent lieu les actes des
collectivités locales.
Ayant déclaré partager les sentiments du rapporteur sur la
nécessité d'améliorer l'efficacité des
procédures d'urbanisme,
M. Jean-Jacques Robert
a notamment
évoqué les problèmes posés par leur lourdeur et par
la longueur des délais de délivrance du permis de construire aux
personnes qui souhaitent améliorer, transformer ou construire
elles-mêmes leurs logements. Il s'est déclaré
réservé sur toute proposition d'augmentation du plafond de la
taxe perçue en faveur des CAUE, organismes dont il a
déclaré, par ailleurs, apprécier l'efficacité. Il a
estimé qu'une telle taxe grèverait le coût de la
construction.
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis,
a déclaré que
s'il était nécessaire d'éviter d'alourdir la
procédure d'octroi des permis de construire, il convenait cependant de
rester vigilant lors de leur délivrance. Elle a évoqué le
risque de voir se multiplier les constructions de façon anarchique en
cas d'assouplissement excessif des dispositions régissant cette
matière.
Elle a souligné qu'elle ne préconisait nullement l'accroissement
de la taxe prélevée en faveur des CAUE, et rappelé que
certains départements subventionnaient leur CAUE sans recourir à
cette taxe. Elle a observé que l'on ne pouvait actuellement recourir ni
à une péréquation de la taxe entre les
départements, ni à un élargissement son assiette et qu'il
était, en conséquence, nécessaire de rechercher une autre
solution pour accroître les ressources des CAUE.
M. Bernard Joly
a estimé que l'Etat devait aider prioritairement
les départements qui avaient créé un CAUE.
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis,
a regretté que tel ne
soit pas le cas actuellement.
M. Hilaire Flandre
s'est déclaré à la fois prudent
et réticent s'agissant de la taxation des logements vacants, rappelant
que ces biens appartenaient parfois à des personnes âgées
qui se trouvaient dans des maisons de retraite. Il a jugé souhaitable de
supprimer l'exonération de la taxe d'habitation sur les logements
dès qu'ils étaient inoccupés. Il a appelé de ses
voeux une simplification de la procédure de délivrance du permis
de construire, notamment pour les travaux de faible importance et il s'est
déclaré favorable à l'application rapide de la loi
instituant un droit de recours des communes contre les décisions des
architectes des bâtiments de France. Enfin, il a considéré
qu'une réglementation urbanistique tatillonne ne permettrait pas
nécessairement d'obtenir des constructions harmonieuses, si elle ne
s'appuyait pas sur la volonté des habitants eux-mêmes.
Puis,
Mme Josette Durrieu, rapporteur pour avis,
a dit son souhait que
la commission n'émette pas un avis défavorable sur le budget
soumis à son examen.
M. Jean François-Poncet, président
, a rappelé que
la commission des finances l'avait repoussé et précisé que
la qualité d'un budget ne devait pas être mesurée à
la seule aune de son accroissement.
Puis, la commission a décidé de
s'en remettre à la
sagesse du Sénat sur le budget de l'urbanisme
, M. Bernard Joly
s'abstenant.
1
Ce dispositif est régi par
l'article 95 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 et par les
décrets n° 83-1122 du 22 décembre 1983 et
n° 89-644 du 5 septembre 1989.
2
Elle est régie par les articles 17 et 94 de la loi
n° 83-8 du 7 janvier 1983 et par les décrets
n° 84-221 du 29 mars 1984 et n° 84-1109 du
12 décembre 1984.
3
Question n°20471, parue au Journal Officiel, Sénat, du
2 juin 1997, page1628.