CHAPITRE III -

LES PRINCIPALES QUESTIONS D'ACTUALITÉ POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Parmi les thèmes d'actualité qui ont retenu l'attention de votre rapporteur pour avis, il a choisi de s'intéresser à deux sujets de fonds qui ne devraient pas connaître de bouleversement du fait du changement de gouvernement.

Il a ainsi mis l'accent, cette année, d'une part sur les premiers résultats de la politique des " pays " qui a été lancée à la suite de l'adoption de la loi relative à l'aménagement et au développement du territoire et, d'autre part, sur la politique de délocalisation des emplois publics qui a été engagée, en 1991, par Madame Edith Cresson, alors Premier ministre, et qui s'est poursuivie depuis lors.

I. LES PAYS EN DEVENIR

Les " pays " ont été créés par l'article par l'article 23 de la loi d'orientation n° 95-115 du 4 février 1995. Ils expriment la communauté d'intérêts économiques et sociaux, ainsi que, le cas échéant, les solidarités réciproques entre la ville et l'espace rural.

L'existence des pays est constatée par la Commission départementale de la coopération intercommunale, dès lors que le territoire qu'ils recouvrent présente une cohérence géographique, culturelle, économique ou sociale.

Aux termes de l'article 24 de la loi précitée, les pays sont appelés à devenir le cadre dans lequel l'Etat coordonne son action en faveur du développement urbain, avec celle des collectivités territoriales et des groupements de communes compétentes.

Au cours de l'été 1995, une action de " préfiguration a été lancée dans 42 " pays-test ". Actuellement, plus de 200 pays sont en voie de constitution.

Comme le souligne la synthèse introductive au rapport présenté par la DATAR en mars 1997 sur les pays, ceux-ci procèdent d'une démarche " pragmatique et fédératrice ", le pays " n'ayant pas vocation à se substituer à un quelconque échelon administratif existant (...). Le pays doit donc venir remplir les " blancs " de la décentralisation.

Plus encore, il doit faciliter l'harmonisation des politiques publiques entreprises par les différents acteurs. Il doit permettre une meilleure coordination inter-institution dans le contexte (...) d'une décentralisation caractérisée par l'absence de tutelle d'un niveau de collectivité sur un autre (...). Pour ces raisons, le pays est un lieu de composition des stratégies et d'agrégation des intérêts des différents acteurs du territoire qu'il est important de mettre à l'unisson ".

A. LES PAYS : QUELQUES POINTS DE REPÈRES

Le rapport présenté par la DATAR en mars 1997 montre la grande hétérogénéité des pays en gestation.

CARACTÉRISTIQUES DES PAYS EN COURS DE CONSTITUTION

Nombre d'habitants

- de 40.000 habitants

de 40.000 à 60.000 habitants

de 60.000 à 80.000 habitants

de 80.000 à 120.000 habitants

+ de 120.000 habitants

35 %

34 %

14 %

11 %

6 %

Nombre de communes

- de 40 commune

de 40 à 60 communes

de 60 à 80 communes

de 80 à 120 communes

+ de 120 communes

22 %

23 %

14 %

27 %

14 %

Nombre de cantons

- de 5 cantons

de 5 à 10 cantons

de 10 à 15 cantons

de 15 à 20 cantons

+ de 20 cantons

32 %

50 %

11 %

6 %

1 %

Source : DATAR

Comme le montre le tableau ci-dessus, la population des pays se répartit, en trois classes d'importance équivalente qui représentent chacune environ un tiers, celle des pays de moins de 4.000 habitants, celle des pays de 40 à 60.000 habitants et celle des pays de plus de 60.000 habitants.

Le nombre de communes est, en revanche, très variable : 22 % des pays ont moins de 40 communes, 23 % de 40 à 60 communes, 27 % de 80 à 120 communes.

Ces disparités se traduisent également s'agissant du nombre de cantons : la moitié des pays comprend de 5 à 10 cantons, le tiers a moins de 5 cantons.

Fait nouveau par rapport à l'organisation administrative française, les pays réunissent des cantons qui n'épousent pas toutes les délimitations existantes. C'est ainsi que 20 % des pays sont à cheval sur deux ou trois départements et que 10 % chevauchent deux régions.

Les critères de cohésion retenus dans la définition des pays sont géographiques, socio-économiques, historiques et culturels. La moitié des pays sont situés dans des zones à dominante rurale organisées autour d'une ou de plusieurs villes-centre. Un tiers est situé en zone périurbaine, et moins de 15 % seulement sont créés dans un secteur qualifié de " rural profond ". Au total, malgré l'apparition de pays centrés sur un " réseau de villes " (tels que le pays unissant Saint-Dizier, Vitry le François et Bar le Duc) les pays urbains tels que le Pays Compiégnois sont relativement rares.

Cependant, des agglomérations comme celles de Rennes, Reims, Bourges, Lens, Avignon et Angers ont d'ores et déjà entamé une réflexion sur la création d'un pays.

Le pays ne constitue pas une nouvelle personne de droit public : les créateurs des pays sont donc libres de leur donner la forme juridique qu'ils souhaitent. C'est ainsi que si environ 50 % des pays sont créés dans le cadre d'établissements publics de coopération intercommunale, 40 % sont gérés par une association, tandis que près de 10 % d'entre eux sont " portés " par un comité de pilotage informel.

Par leur souplesse de création et leur caractère opérationnel, les premiers pays répondent donc bien à l'intention du législateur lorsqu'il a voté la loi n° 95-115 du 4 février 1995, ce dont se félicite votre Commission des Affaires économiques.

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