Rapport Général N°85 - Tome III - Annexe 19 - Projet de loi de finances pour 1998 - Emploi et solidarité: ville et intégration
M. Philippe MARINI, Sénateur
Commission des Finances - Rapport 85 tome 3 annexe 19 - 1997/1998
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
-
CHAPITRE PREMIER :
UN BUDGET CONSERVATOIRE POUR 1998- I. L'EXAMEN PAR TITRE DES CREDITS DE LA POLITIQUE DE LA VILLE.
-
II. LES " CREDITS SPECIFIQUES VILLE " DIMINUENT...
- A. LES CRÉDITS CONTRACTUALISÉS : LE FONDS INTERMINISTÉRIEL D'INTERVENTION POUR LA VILLE (FIV)
- B. L'EFFORT D'INVESTISSEMENT DANS LES QUARTIERS EST MAINTENU
- C. LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT NON CONTRACTUELLES
- III. ...MAIS L'EFFORT FINANCIER TOTAL DE L'ETAT ET DE L'UNION EUROPEENNE AUGMENTE.
- IV. LA CONTRIBUTION DE LA CAISSE DES DEPOTS A LA POLITIQUE DE LA VILLE.
-
CHAPITRE II :
LA FRILOSITE DU GOUVERNEMENT EN MATIERE DE POLITIQUE DE LA VILLE -
CHAPITRE III :
QUE RETENIR DE L'APPLICATION DES DISPOSITIFS EXISTANTS ?- I. L'OPPOSITION ENTRE LES PROCÉDURES CONTRACTUELLES ET LA DISCRIMINATION POSITIVE DU PACTE DE RELANCE EST UN FAUX DEBAT
-
II. LES PRIORITES RECENSÉES DANS LE CADRE DU PACTE DE RELANCE RESTENT LE CAHIER
DES CHARGES DE LA POLITIQUE DE LA VILLE
- A. RELANCER L'ACTIVITÉ DANS LES QUARTIERS POUR RECREER DE VRAIES VILLES : L'APPORT MAJEUR DES ZONES FRANCHES URBAINES
- B. JUSTICE ET SECURITE : LE TRAVAIL DE DEFRICHAGE DU PACTE DE RELANCE DOIT ETRE APPROFONDI
- C. HABITAT ET MIXITE SOCIALE
- III. LA LISIBILITE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE PEUT ETRE AMELIOREE
-
CHAPITRE IV :
L'EXECUTION DE LA LOI DE FINANCES POUR 1997 - EXAMEN EN COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 19
EMPLOI ET SOLIDARITÉ :
III
.
- VILLE ET INTÉGRATION
Rapporteur spécial
: M. Philippe MARINI
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR
Un budget conservatoire pour 1998
Le changement de gouvernement a conduit à la
disparition du ministère de la ville et de l'intégration, et
à celle du fascicule budgétaire correspondant. Les crédits
de la politique de la ville ne font plus l'objet d'un vote spécifique.
Ils figurent dorénavant au sein du budget de la santé et de la
solidarité.
La structure du budget de la politique de la ville, les " crédits
spécifiques ville " reste néanmoins très proche de
celle du budget de 1997, et l'ordre de grandeur des montants inscrit dans le
" jaune " budgétaire, qui retrace l'effort financier total
en
faveur de la politique de la ville, est comparable à celui de
l'année dernière.
Cette continuité s'explique par la volonté du gouvernement de
reconduire l'ensemble des dispositifs existants en 1998 avant,
éventuellement, les modifier dans le sens qu'auront
préconisé les différentes missions d'évaluation
décidées par le ministre de l'emploi et de la solidarité.
La principale innovation du projet de loi de finances pour 1998 en
matière de la politique de la ville est la mise en oeuvre du plan pour
l'emploi des jeunes. Il a été décidé,
arbitrairement, que 10% de ces emplois concernerait la politique de la ville.
Cette décision conduit à majorer de presque 1 milliard de francs
la contribution du ministère de l'emploi et de la solidarité
à la politique de la ville, et aboutit à la suppression des
emplois de ville créés en 1996. Ces emplois correspondaient mieux
aux nécessité de la politique de la ville en s'adressant
spécifiquement aux jeunes non qualifiés originaires des quartiers
en difficulté, et en insistant sur l'amélioration de leur
employabilité. Les nouveaux emplois pour les jeunes présentent
moins de garanties sur ces points, mais sont financièrement plus
intéressants que les emplois de ville. Par conséquent, les
emplois de ville auraient été délaissés si leur
suppression n'était pas intervenue.
Une année de transition qui s'annonce mal
L'année 1998 était annoncée comme une
année charnière. En effet, elle marque l'achèvement de la
première génération des contrats de ville et la
première année pleine de fonctionnement des dispositifs
résultant du pacte de relance pour la ville.
Le gouvernement a décidé de mettre à profit cette
période de transition pour procéder à un bilan des
dispositifs existants, des contrats de ville notamment, afin de les
renégocier en évitant de reproduire certains travers.
Ce soucis est louable, mais ne saurait en rien dispenser le gouvernement de
prendre position sur les orientations de la politique de la ville. Le Parlement
apprécie chaque année la mise en oeuvre de la politique de la
ville sans recourir à des missions d'évaluation, et il est en
droit d'attendre qu'un ministre de la ville émette une opinion, sinon
sur le bilan des divers dispositifs existant, du moins sur leur principe ou les
objectifs en fonction desquels ils ont été
élaborés.
Les déclarations du ministre de l'emploi et de la solidarité se
limitent à des considérations de portée
générale sur les mérites respectifs des actions à
l'échelle des villes et de celles ciblées sur des quartiers.
Outre leur caractère vague, ces propos constituent une remise en cause
implicite des mesures de zonage et se situent dans la lignée d'arguments
relevant d'une rhétorique de l'" effet pervers " : en
voulant
aider les quartiers en difficulté, les zones franches urbaines
contribueraient en fait à renforcer les particularismes de ces quartiers.
Cette argumentation repose sur une opposition idéologique à la
franchise fiscale et ne correspond pas à la réalité. Elle
oublie que l'ensemble des actions de la politique de la ville, politique
contractuelle comprise, est ciblée sur les quartiers en
difficulté, et que seule cette action particulière permettra de
remettre à niveau ces fractions du territoire national.
L'attentisme gouvernemental, démobilisateur pour les acteurs locaux,
contraste avec sa précipitation en matière de
renégociation des contrats de ville. En effet, le gouvernement souhaite,
dans la mesure du possible, procéder à l'évaluation des
contrats dès le début de l'année, et entamer la
procédure de renégociation immédiatement après, au
risque d'agir dans la précipitation et de crisper les débats en
les programmant pendant la période des élections
régionales. Votre rapporteur considère qu'il serait sage
d'harmoniser le calendrier des contrats de ville avec celui des contrats de
plan Etat région.
Prolonger la dynamique du pacte de relance pour la ville
Le pacte de relance pour la ville a constitué une
synthèse des différents champs d'action de la politique de la
ville. Il a établi un cadre cohérent en mettant en
évidence les passerelles entre les différents acteurs et les
différentes disciplines. Les thèmes mis en avant par le
gouvernement, tels que la sécurité de proximité, la lutte
contre la délinquance des mineurs, la mixité sociale,
l'amélioration du fonctionnement de la justice, le désenclavement
des quartiers, figurent tous dans le pacte de relance pour la ville, qui s'est
lui même inspiré des expériences précédentes
et les a relancé.
L'innovation majeure du pacte de relance, et son principal succès
semble-t-il, tient à la mise en place de 44 zones franches en
métropole et dans les départements d'outre mer. Les informations
qui remontent du terrain sont extrêmement encourageantes. Les entreprises
ont répondu à l'incitation fiscale, les emplois
créés bénéficient largement aux habitants des
quartiers, les commerces de proximité reviennent, les
municipalités se mobilisent et développent des actions
parallèles (désenclavement par exemple) afin d'accroître
l'attractivité de la zone franche. Peu à peu, c'est
l'organisation urbaine qui change, les quartiers s'éloignent de leur
vocation de dortoir et les fonctionnalités de véritables villes
font leur apparition.
Votre rapporteur souligne que lancer une rumeur de remise en cause des zones
franches, c'est un peu les condamner car, en éloignant les investisseurs
qui hésitent à s'aventurer dans ces territoires risqués,
elle retire son attractivité à au système, qui finira par
s'éteindre de lui même. Cette éventualité doit
être évitée.
CHAPITRE PREMIER :
UN BUDGET CONSERVATOIRE POUR
1998
Le nouveau gouvernement a fait le choix de ne pas attribuer
à la politique de la ville de département ministériel. Le
ministre compétent est celui de l'emploi et de la solidarité. Il
en résulte la disparition du fascicule budgétaire " Ville et
intégration ". Les chapitres budgétaires consacrés
à la politique de la ville font désormais l'objet d'un
agrégat spécifique (07) au sein du fascicule " Santé
et solidarité ". Ce rapport analyse les crédits de
l'agrégat " Ville ", mais aussi ceux qui figurent dans
l'état récapitulatif de l'effort financier consacré
à la politique de la ville et du développement social urbain, le
" jaune " budgétaire.
Dans le projet de loi de finances pour 1998, les crédits
regroupés au sein de l'agrégat " Ville "
s'établissent à 753,8 millions de francs en dépenses
ordinaires crédits de paiement, en baisse de 11% par rapport à
1997.
L'ampleur de cette réduction doit être relativisée. En
effet, les crédits de l'agrégat " Ville " ne
représentent que 7% des crédits du budget de l'Etat
consacrés à la politique de la ville.
Effort financier en faveur de la politique de la ville
(dépenses ordinaires et autorisations de programme)
1997 |
1998 |
|
1. Concours de l'Etat |
11.595 |
12.502 |
Crédits spécifiques Ville |
1.403 |
1.378 |
Autres concours de l'Etat, dont : |
10.191,94 |
11.124,19 |
Crédits relevant de divers ministères contractualisés |
1.410,10 |
1.410,10 |
Crédits autres ministères inscrits aux programmes d'actions des contrats de ville |
1.067 |
1.067 |
Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville |
4.892,84 |
5.782,09 |
Solidarité urbaine |
2.822 |
2.865 |
2. Dépense fiscale et compensations |
2.448,10 |
2.476,60 |
3. Fonds structurels européens |
1.124 |
1.046 |
4. Interventions de la Caisse des dépôts et Consignations |
4.050 |
4.100 |
Dans ses grandes lignes, ce budget reproduit celui de 1997. En effet, le gouvernement a décidé de reconduire les dispositifs existants, avant d'éventuellement les réformer en cours d'année. Aussi, l'appréciation des orientations du gouvernement en matière de politique de la ville ne devra pas se fonder uniquement sur l'examen des orientations budgétaires.
I. L'EXAMEN PAR TITRE DES CREDITS DE LA POLITIQUE DE LA VILLE.
Les crédits de la politique de la ville sont
gérés de manière extrèmement
déconcentrée. Le taux de déconcentration est de 96% pour
les dépenses ordinaires et de presque 100% pour les dépenses en
capital. Inscrits dans le fascicule budgétaire " Santé et
solidarité " , ils sont composés de cinq chapitres,
répartis dans quatre titres :
- au
titre III
figurent le chapitre 37-60, qui retrace les moyens de
fonctionnement de la délégation interministérielle
à la ville, et le chapitre 37-82 relatif aux dépenses
déconcentrées de la politique de la ville. Ces deux chapitres
sont nouveaux. Ils procèdent du réaménagement des
crédits des anciens chapitres relatifs à l'information et la
diffusion de publications, aux moyens de fonctionnement et d'animation, et aux
projets de services publics de quartier.
- au
titre IV
figurent les interventions en faveur de la politique de la
ville et du développement social urbain (chapitre 46-60), qui
comprennent les dépenses contractuelles, les subventions aux
associations dans le cadre du " partenariat national ", les
soutiens
aux opérations " villes, vie, vacances " et une partie des
subventions aux services publics de quartier ;
- le
titre V
comprend les dépenses d'études et
d'assistance technique (chapitre 57-71) ;
- le
titre VI
retrace, au chapitre 67-10, les subventions
d'investissement accordées par l'Etat au fonds social urbain, aux
dépenses contractuelles et aux grands projets urbains.
Evolution des crédits par titre
PLF 1997
|
PLF 1998
|
Evolution en % |
|
Titre III
|
|
|
|
Titre IV
|
432,08 |
436,80 |
+ 1,1 (2) |
Titre V
|
3,67 |
4 |
+ 9 |
Titre VI
|
|
|
|
TOTAL |
851,2 |
753,8 |
- 11,44 |
(1) En tenant compte des 10 millions de francs
transférés sur le chapitre 46-60-60, la baisse est de 7,6 %.
(2) Hors transfert en provenance du chapitre 37-82, le 46-60 diminue de
1,22 %.
L'examen par titre des crédits de la politique de la ville permet de
localiser l'origine de leur diminution
. En effet, si les évolutions
des titres III et IV, telles qu'elles figurent dans le tableau ci-dessus, ne
sont pas significatives, la baisse massive des crédits d'investissement
du titre VI, tant en volume (87 millions de francs) qu'en pourcentage (27%),
est révélatrice.
Le titre VI représentait 36,5% du budget de la ville en 1997. Sa part
descend à 30,1% dans le projet de loi de finances pour 1998. Cette
baisse est la conséquence de la réduction des dépenses
contractualisées, qui chutent de 58% en crédit de paiement, pour
s'établir à 63 millions de francs. Hors titre VI, la baisse des
crédits de la ville en 1998 est de 2,3%.
II. LES " CREDITS SPECIFIQUES VILLE " DIMINUENT...
Les " crédits spécifiques ville " comprennent les crédits inscrits dans le bleu " Ville ", qui sont complétés en cours de gestion par des transferts en provenance d'autres ministères . Le volume de ces crédits est relativement modique, mais leur importance est fondamentale car ils permettent d'initier les programmes et d'accompagner leur mise en oeuvre.
Les " crédits spécifiques ville "
Montant
|
% |
|
1. Les crédits FIV (politique contractuelle) |
710,52 |
51,57 |
2. Investissement dans les quartiers |
482 |
34,98 |
3. Dépenses de fonctionnement non contractuelles |
||
- Services publics de quartier |
73,5 |
5,33 |
- Opération "Ville-vie-vacances" |
65,3 |
4,7 |
- Dépenses de fonctionnement et d'animation des services en charge de la politique de la ville |
36,03 |
2,6 |
- Partenariat national |
8,28 |
0,6 |
4. Etudes |
2 |
0,14 |
A. LES CRÉDITS CONTRACTUALISÉS : LE FONDS INTERMINISTÉRIEL D'INTERVENTION POUR LA VILLE (FIV)
1. La montée en puissance du FIV facilite la mise en oeuvre de la politique contractuelle
a) L'utilité du FIV
Le fonds interministériel d'intervention pour la
politique de la ville a été mis en place en 1995 pour donner plus
de souplesse à la gestion des instruments contractuels de la politique
de la ville. En effet, un fonds budgétaire unique, mais non doté
de la personnalité morale et de l'autonomie financière, permet :
- d'accélérer la mise en oeuvre des opérations
financées par plusieurs ministères qui, d'ordinaire, doivent
attendre l'arrivée de toutes les subventions pour démarrer ;
- d'assurer la fongibilité des crédits au niveau
déconcentré en évitant le saupoudrage et en
s'affranchissant des contraintes spécifiques à chaque
ministère ;
- de rationaliser la politique de la ville en limitant le nombre de signatures
nécessaires au lancement d'une opération.
b) Le contenu du FIV
Les instruments traditionnels de la politique contractuelle
de l'Etat que finance le FIV sont à présent familiers. Il s'agit :
- des
contrats de ville
, qui sont le principal instrument de la
politique de la ville depuis que le Xième plan a décidé
de dissoccier l'enveloppe contractualisée des contrats de plan
Etat-région, déterminée en comité
interministériel à l'aménagement et au
développement du territoire, et les crédits de la politique de la
ville, répartis en comité interministériel à la
ville. 214 contrats de ville ont été signés en 1994 par
l'Etat et les communes concernées. Selon les cas, les conseils
régionaux ou généraux, les caisses d'allocations
familiales ou le fonds d'action sociale peuvent également être
signataires.;
- des
PACT-urbains
, réservés à une
géographie particulière, celle des zones de grande
dépression économique ;
- des
conventions de sortie
des opérations de quartier du
Xème plan, non reprises dans les contrats de ville du XIème plan ;
- des contrats d'action pour la prévention (
CAPS
) qui sont une
procédure spécialisée de prévention de la
délinquance
Le FIV est alimenté par :
- les deux lignes budgétaires de l'agrégat " Ville "
qui concernent les "
Contrats de ville, programmes d'aménagement
concerté du territoire (PACT-urbain) et autres conventions
" :
les crédits d'intervention du chapitre 46-60 article 10 et les
subventions d'investissement du chapitre 67-10 ligne 20
- des transferts en gestion en provenance des autres ministères.
Mise en oeuvre du FIV (1997-98)
Ressources |
1997 |
1998 |
1. Budget Ville |
448,26 |
484,52 |
Chapitre 46-60-10 |
337,26 |
373,52 |
Chapitre 67-10-20 |
111 |
111 |
2. Transferts en gestion |
226 |
226 |
Culture |
60 |
60 |
Environnement |
2 |
2 |
Jeunesse et Sports |
33 |
33 |
DATAR |
14 |
14 |
Justice |
2 |
2 |
Emploi et solidarité |
115 |
115 |
TOTAL |
674,26 |
710,52 |
Source : Jaune ville 1998 |
Le mouvement de globalisation des crédits au sein du
FIV, initié dans le cadre de la réforme de l'Etat, se poursuit en
1998. Dans le projet de loi de finances pour 1998, deux articles du chapitre
consacré aux interventions en faveur de la politique de la ville
(46-60), l'article 20 "
Initiatives locales concourant à la mise
en oeuvre de la politique de la ville
" et l'article 40
"
Actions de prévention de la délinquance
",
sont fondus dans l'article 10, donc dans le FIV.
Il convient de souligner que si la globalisation favorise la souplesse de
l'utilisation des crédits, elle réduit la lisibilité des
documents budgétaires. En effet, il faudra attendre la publication des
" Verts " pour avoir une idée de l'évolution des
crédits des anciens articles 20 et 40.
c) L'interministérialité fonctionne, mais reste limitée.
En 1998, l'accroissement des contributions d'autres
ministères à la politique de la ville ne s'est pas faite au
détriment du FIV. En effet, le montant des transferts en faveur du FIV
est stable à hauteur de 226 millions de francs.
Certains ministères, pourtant partie prenante de la politique de la
ville, restent en dehors du FIV. Le principal absent est le ministère de
l'éducation nationale. Cette situation s'explique par l'avis
nuancé qu'avait émis la Cour des comptes à l'occasion de
la création du FIV. Elle avait avalisé à sa
création à la condition du respect de l'organisation par titres
budgétaires. Par conséquent, les ministères qui ont
été inclus dans le FIV sont ceux dont la contribution à la
politique de la ville est surtout constituée d'interventions et
d'investissements, ces crédits relevant des titres IV et VI. Les
dépenses de politique de la ville du ministère de
l'éducation nationale sont principalement des dépenses de
personnel du titre III, non fongibles.
2. Les dépenses d'intervention.
Les dépenses de fonctionnement des procédures contractuelles, telles qu'elles figurent au chapitre 46-60, sont stables, en baisse de moins de 1%, par rapport au projet de loi de finances pour 1997.
3. Les dépenses d'investissement
Les dépenses d'investissement (chapitre 67-10 article
20) connaissent une baisse brutale de 58%, passant de 150 à
63 millions de francs en crédits de paiement, les autorisations de
programme restant inchangées à 111 millions. Cette
réduction, qui explique la baisse du montant total des crédits de
la politique de la ville, provient de l'ajustement de la dotation des
crédits de paiement au niveau requis par le rythme de leur consommation.
L'Assemblée nationale a majoré, à titre non
reconductible, les crédits du chapitre 67-10 article 20 de 1,3 millions
de francs en autorisations de programme et en crédits de paiement.
Dépenses d'investissement : dotation en loi de finances et crédits reportés
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|
Fonds social urbain (chapitre 67-10,
article 10)
- Dotation LFI (cp)
|
|
|
|
|
|
Crédits FIV
(chapitre 67-10, article 20) - Dotation LFI (cp) - Reports |
|
|
|
|
|
Votre rapporteur est réservé sur cet ajustement car l'année 1998 marque l'achèvement des contrats de ville, et devrait connaître une remontée du taux de consommation des crédits afin de clore les projets contractualisés. Le gouvernement justifie sa décision de réduire les dotations par le report d'un an de l'achèvement des contrats de plan. Il estime que les acteurs locaux n'augmenteront pas substantiellement leur consommation de crédits en 1998, préférant consommer le stock de crédits reportés en 1999, de manière à accompagner le cycle des contrats de plan Etat-région.
B. L'EFFORT D'INVESTISSEMENT DANS LES QUARTIERS EST MAINTENU
Introduit dans le projet de loi de finances pour 1997,
l'article 30 du chapitre 67-10, qui retrace les subventions d'investissement de
l'Etat aux grands projets urbains (GPU) et aux nouveaux établissements
publics de restructuration urbaine (EPRU), est reconduit à un niveau
identique, 90 millions de francs en autorisations de programme et
44 millions de francs en crédits de paiement (contre 43,5 en 1997).
Ces financements sont complétés en gestion par des crédits
en provenance d'autres ministères et du FARIF.
La dotation du fonds social urbain (FSU), qui permet d'engager des
opérations d'investissement en complément de celles inscrites au
titre des procédures contractuelles, interrompt son mouvement de baisse
entamé l'année dernière et s'établit à 120
millions de francs en CP (+1,6%). Cette année, la dotation du FSU a
été scindée en deux articles du chapitre 67-10 et se
décompose en "
Opérations
déconcentrées
" (110 millions de francs) et
"
Opérations non déconcentrée
" (10
millions).
Les transferts en cours d'année en provenance du fonds
d'aménagement de la région Ile-de-France, le FARIF, qui finance
en région parisienne des opérations comparables à celles
du fonds social urbain sur le reste du territoire, sont évalués
à 192 millions de francs, en baisse de 3,5 %.
L'effort d'investissement dans les quartiers
(en millions de francs) |
||
1997 |
1998 |
|
Grands projets urbains et EPRU |
90 |
90 |
Fonds social urbain |
200 |
200 |
FARIF |
199 |
192 |
TOTAL |
489 |
482 |
C. LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT NON CONTRACTUELLES
1. Les crédits de la délégation interministérielle à la ville
a) Les crédits du " bleu " budgétaire
Créée par décret du 28 octobre
1988, la DIV est une structure administrative légère
composée de 91 fonctionnaires mis à disposition par
différents ministères. Sa mission est à la fois de
coordonner les interventions, d'animer les équipes, d'évaluer les
opérations, et de préparer les travaux des instances de
décisions (Conseil national des villes, Comité
interministériel).
Dans le projet de loi de finances pour 1998, les moyens des services de la
DIV, qui sont à présent regroupées au chapitre 37-60,
baissent de près de 20 % à structure constante. Cette
diminution s'explique en partie par le transfert des "
Dépenses
déconcentrées d'animation
" (4,1 millions de francs
dans le projet de loi de finances pour 1998) au sein du nouveau chapitre des
"
Dépenses déconcentrées de modernisation et
d'animation de la politique de la ville
" (chapitre 37-82).
Les dépenses de communication diminuent de 600 000 francs pour
s'établir à 3,4 millions de francs.
Les moyens de fonctionnement sont stables à 13 millions de francs
après deux années de baisse sensible.
En 1998, le "
Remboursement des frais de soins des appelés ville
en quartiers urbains
" est inscrit dans les crédits des moyens
de fonctionnement des services en charge de la politique de la ville pour un
montant de 2 millions de francs.
b) La contribution anachronique du ministère de l'équipement
Votre rapporteur déplore une fois de plus que,
malgré ses observations répétées, l'ensemble des
dépenses de fonctionnement de la DIV ne figure pas dans le bleu.
En effet, les dépenses correspondant à la
rémunération des agents contractuels de la DIV restent prises en
charge par le budget du ministère de l'équipement, des transports
et du logement à hauteur de 10,84 millions de francs inscrits au
chapitre 31-90 article 60 du budget de ce ministère.
Votre rapporteur considère que les liens historiques entre la
délégation et le ministère de l'équipement
appartiennent au passé, et que la DIV doit devenir une administration
dotée de ses moyens propres.
2. Les dépenses de prévention de la délinquance
La ligne spécifique dévolue à la
prévention de la délinquance au sein des interventions de l'Etat
en faveur de la politique de la ville a été absorbée par
le FIV.
Les crédits consacrés à la prévention de la
délinquance se limitent, dans les " crédits
spécifiques ville ", aux opérations
" Ville-vie-vacances ". Elles sont financées à hauteur
de 45 millions de francs sur les crédits de l'agrégat ville,
auxquels s'ajoutent des transferts en gestion en provenance des
ministères des affaires étrangères, de l'équipement
et du logement, de la culture, de la justice et de la coopération, pour
un montant total de 21,7 millions de francs dans le projet de loi de
finances pour 1997.
3. Le déclin des interventions en faveur des associations
Les crédits de soutien aux initiatives locales ont
été absorbés par le FIV.
Les crédits qui leur sont consacrés dans le cadre du
" Partenariat national " diminuent de près de 25 % et
s'établissent à 8,2 millions de francs dans le projet de loi
de finances pour 1998. Ces crédits servent à passer avec les
grandes structures associatives des conventions de partenariat permettant de
les faire participer à la réalisation des objectifs de la
politique de la ville.
A cet égard, il est bien difficile de savoir dans quelle proportion ces
crédits abondent simplement les moyens généraux de
fonctionnement de ces associations.
4. Une réorganisation louable et une diminution regrettable de l'aide aux services publics de quartier
L'aide aux services publics de quartier est
éclatée pour la première fois entre deux chapitres :
- le traditionnel chapitre 37-82 "
Projets de services publics de
quartier
" qui s'établit à 63,5 millions de francs ;
- une ligne "
Subventions aux services publics de
quartier
"
au sein du chapitre 46-60, qui retrace les interventions de l'Etat en faveur de
la politique de la ville, pour un montant de 10 millions de francs.
Cette scission résulte de l'impossibilité pour l'Etat de financer
des opérations en faveur de services publics relevant d'entités
autres que l'Etat (collectivités locales, entreprises publiques) dans le
cadre du titre III. Cette
évolution, recommandée
dès 1995 par la Commission des finances du Sénat, est positive.
La réduction de 7,5 millions de francs des aides accordées
aux services publics de quartier l'est moins car ces crédits servent
à effectuer des
opérations qui sont
généralement délaissées par les ministères
mais qui revêtent une importance fondamentale dans les quartiers en
difficulté. En effet, la part déconcentrée de ces
crédits est essentiellement consacrée à
l'amélioration des locaux pour l'accueil et à
l'amélioration du fonctionnement des services.
III. ...MAIS L'EFFORT FINANCIER TOTAL DE L'ETAT ET DE L'UNION EUROPEENNE AUGMENTE.
A. LA HAUSSE IMPORTANTE DES CRÉDITS RELEVANT DE DIVERS MINISTÈRES RESULTE DU PLAN POUR L'EMPLOI DES JEUNES
La contribution des autres ministères à la
politique de la ville est en hausse de 18%, presque 1 milliard de francs, dans
le projet de loi de finances pour 1998, passant de 4,8 milliards de francs
à 5,7.
L'état récapitulatif de l'effort budgétaire
consacré à la politique de la ville, le " jaune "
budgétaire, ne fournit que des données en " dépenses
ordinaires et autorisations de programme " et ne donne aucune
indication
relative aux montant en " dépenses ordinaires et crédits de
paiement ", qui sont pourtant celles que la comptabilité publique
en compte dans le calcul du solde budgétaire, et que le gouvernement est
autorisé à dépenser au cours de l'exercice.
Néanmoins, il semble que la plupart des dépenses
consacrées par les différents ministères à la
politique de la ville relève de la catégorie des dépenses
ordinaires, et ne sont pas concernées par la distinction entre
autorisations de programme et crédits de paiement. Les montants contenus
dans le " jaune " constituent donc un ordre de grandeur
fiable.
1. La contribution du ministère de l'emploi et de la solidarité
a) Une augmentation massive
L'augmentation de 995,16 millions de francs, passant de
1,476 à 2,471 milliards de francs, des crédits consacrés
par le ministère de l'emploi et la solidarité à la
politique de la ville s'explique par une augmentation pratiquement
équivalente des dépenses consacrées à l'emploi des
jeunes
. En 1998, 1,331 milliard de francs sera consacré au
financement des emplois de ville et des nouveaux emplois pour les jeunes, soit
961,3 millions de francs de plus qu'en 1997.
La loi de finances pour 1998 prévoit la suppression du dispositif des
emplois de ville, mais le ministère de l'emploi et de la
solidarité consacrera néanmoins 414 millions de francs, 12% de
plus qu'en 1997, aux 10 à 12 000 emplois existants et n'ayant pas encore
été transformés en emplois-jeunes.
Le solde provient des nouveaux emplois, dont il a été
décidé que 10% concerneront la politique de la ville.
b) Un chiffrage arbitraire
Le nombre d'emplois-jeunes qui relèveront de la
politique de la ville ne peut pas être établi à l'avance de
façon précise
. En effet, le gouvernement se défend de
vouloir instaurer un quota. Dès lors, c'est en exécution qu'il
faudra apprécier dans quelle proportion ces emplois concerneront la
politique de la ville.
Le lien entre la nature de l'emploi et la politique de la ville est d'ailleurs
délicat à déterminer. Trois critères sont
envisageables :
- le lieu : les emplois situés dans une zone en difficulté ;
- la personne : les emplois attribués à une personne originaire
d'un quartier en difficulté ;
- le type d'emploi : les emplois dont la finalité est
l'amélioration de la qualité de la vie dans les quartiers en
difficulté.
Le gouvernement optera sans doute pour une combinaison des trois car il
souhaite que ces emplois conduisent des jeunes des quartiers en
difficultés à aller travailler hors de leur quartier et,
réciproquement, des jeunes extérieurs à venir travailler
dans les quartiers.
Cet objectif est louable mais ne facilite pas l'élaboration du
critère de lien avec la politique de la ville. En soit, cela n'a pas
d'importance car c'est l'utilité sociale des emplois, et non leur
recensement comptable, qui prime. Néanmoins, le lien avec la politique
de la ville détermine le montant figurant dans le " jaune
budgétaire ", et donc sur l'effort financier affiché en
faveur de la politique de la ville par le gouvernement.
2. La contribution des autres ministères
Avec une contribution stable, autour de 1,8 milliard de
francs, le ministère de l'Education nationale est le second plus gros
financeur à la politique de la ville. Ce ministère prend en
compte les mesures spécifiques en faveur des zones d'éducation
prioritaire (bonifications indemnitaires et indiciaires aux fonctionnaires,
gestion des carrières) pour calculer le montant sa contribution à
la politique de la ville.
Votre rapporteur indique que la baisse de la contribution du fonds
d'intervention pour la sauvegarde, la transmission et la restructuration des
activités commerciales et artisanales (FISAC), géré par le
ministère du commerce et de l'artisanat, de 144 à 14 millions de
francs est due au retard de la mise en route de l'établissement public
de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA),
créé à la suite du pacte de relance pour la ville afin
favoriser l'implantation ou le maintien des commerces. Cet établissement
avait été doté de 130 millions de francs dans la loi
de finances pour 1997, crédits qui n'ont pas été
consommés et font l'objet d'un report.
Crédits relevant de divers ministères
concourant à la politique de la ville
1996
|
1997
|
1998
|
|
Affaires étrangères
|
0,20
|
0,20
|
0,20
|
Sous-total |
4.510,15 |
4.927,78 |
5.870,62 |
3. Les participations aux procédures contractuelles
Les contrats Etat-région du XIème plan
comportent tous un volet " ville ", distinct des contrats
de ville.
C'est pourquoi une fraction de la contribution annuelle de l'Etat aux contrats
de plan Etat-région figure dans les documents retraçant l'effort
financier en faveur le politique de la ville. En 1998, ces crédit
s'établiront, comme en 1997, à 1,4 milliard de francs.
Par ailleurs, les différents ministères peuvent être
associés aux programmes d'actions des contrats de ville, sans pour
autant que cette association soit contractualisée. Les crédits
qui financent ces opérations s'élèveront à 1,06
milliard de francs en 1998 et proviennent presque exclusivement du
ministère de l'équipement, des transports et du logement et du
ministère de l'emploi et de la solidarité.
B. LE MONTANT DE LA DÉPENSE FISCALE SE PRECISE
Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit un
coût de la dépense fiscale stable, 2,476 milliards de francs
contre 2,448 en 1997, en très légère hausse de 1,1%.
Ces dépenses sont la conséquence de mesures de discrimination
positive contenues dans plusieurs textes depuis le début des
années 90 :
- la loi d'orientation pour la ville du 13 juillet 1991 innove en créant
des exonérations de taxe professionnelle (non compensées) dans
les zones urbaines sensibles ;
- la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire du 4 février 1995 consacre le principe d'une
fiscalité dérogatoire dans les zones de redynamisation urbaine
justifiée par les inégalités de situation
géographique des territoires concernés ;
- la loi relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville
du 14 novembre 1996 institue notamment les zones franches urbaines qui
bénéficient d'un régime de dérogation très
poussé.
Les modalités de ces exonérations sont décrites de
manière plus précises au chapitre III.
La dépense fiscale
PLF 97 dans jaune 97 |
PLF 97 dans jaune 98 |
PLF 98 |
|
Zones de redynamisation urbaine |
|||
- Evolution de l'impôt sur les bénéfices |
380 |
850 |
850 |
- Réduction des droits de mutation sur fonds de commerce |
75 |
150 |
150 |
- Exonérations de taxe professionnelle compensées par l'Etat |
|
|
|
- Exonération des charges patronales sur 50 premiers salariés |
|
|
|
Zones franches urbaines |
|||
- Exonération d'impôt sur les bénéfices |
180 |
180 |
180 |
- Exonération de taxe professionnelle |
280 |
191,5 |
220 |
- Exonération de taxe foncière pour les propriétés bâties |
80 |
40,80 |
40,80 |
- Exonération des cotisations patronales 50 premiers emplois |
|
|
|
TOTAL |
2.551,15 |
2.448,1 |
2.476,6 |
Les montants figurant dans le tableau ci-dessus restent des
estimations, même si les données définitives ne tarderont
plus à être connues. Les données concernant les
exonérations de charges sociales proviennent du ministère de
l'emploi et de la solidarité. Celles relatives aux allègements
d'impôts du service de la législation fiscale du ministère
des finances.
Les écarts, parfois importants, entre les prévisions pour 1997
dans le " jaune " budgétaire pour 1997 et dans le
" jaune " pour 1998 s'expliquent par l'affinage progressif
des
données. En effet, les chiffres accompagnant le projet de loi de
finances pour 1997 ont été déterminés durant
l'été 1996, avant que les dispositifs du pacte de relance ne
soient entrés en vigueur. A partir des données du premier
trimestre de 1997, des ordres de grandeur réalistes ont pu être
évalués. La DIV sera en mesure de présenter les
premières données fiables en année pleine en mars 1998.
C. LA SOLIDARITÉ URBAINE
La dotation de solidarité urbaine (DSU),
instituée par la loi d'orientation pour la ville de 1991, a pour but
d'améliorer les conditions de vie dans les communes confrontées
à une insuffisance de ressources et à des charges sociales
élevées. Elle est répartie entre les communes en fonction
de critères d'éligibilités, réformés par la
loi du 26 mars 1996, tels que le pourcentage de bénéficiaires
d'aides au logement dans la commune, le potentiel fiscal, le logement social et
le revenu moyen par habitant.
En Ile-de-France, le fonds de solidarité de la région
Ile-de-France (FSRIF), alimenté par un prélèvement sur les
ressources fiscales des communes de la région, redistribue les sommes
prélevées en appliquant les critères de la DSU.
Pour 1998, les dotations de la DSU et du FSRIF sont estimées
respectivement à 2.208 et 657 millions de francs, soit un total de
2,8 milliards de francs (stable).
D. LE CONCOURS DES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS
La mise en place des fonds structurels pour la période
1994-99 a conduit la France à inclure un important volet relatif
à la politique de la ville dans les projets qu'elle a soumis à la
Commission européenne au titre des objectifs 1, 2 et 3 ainsi que dans le
cadre de plusieurs programmes d'initiative communautaire (PIC). La plupart des
propositions françaises avaient été agréées
pour la période 1995-96 et ont été consolidées en
1997.
Les versement des fonds structurels européens franchissent pour la
seconde année consécutive la barre du milliard de francs, mais
sont toutefois en baisse. Ils s'établissent à 1,05 milliards de
francs, en baisse de 7%.
L'évolution des versements européen peut surprendre compte tenu
du caractère pluriannuel des enveloppes, qui pourrait conduire à
l'inscription d'un montant identique pendant les années couvertes par
les programmes. En pratique, la DIV tient compte des délais
d'engagement, qui retardent l'ouverture de certains crédits.
IV. LA CONTRIBUTION DE LA CAISSE DES DEPOTS A LA POLITIQUE DE LA VILLE.
La Caisse des dépôts et consignations participe
massivement au financement de la politique de la ville, notamment depuis la
mise en place des prêts projets urbains en 1989. La dynamique
initiée par le pacte de relance pour la ville a conduit, en mai 1996,
à la signature d'un nouveau protocole d'accord entre la Caisse des
dépôts, le ministère de l'économie et des finances
et le ministère de l'aménagement du territoire, portant à
7,5 milliards de francs sur trois ans l'enveloppe des prêts projets
urbains.
Ce protocole prévoit également la mise en place d'une enveloppe
de 5 milliards de francs de prêts spécifiques destinés
à l'amélioration des logements sociaux dans les zones urbaines
sensibles.
Au total, en 1998, la Caisse des dépôts participera au financement
de la politique de la ville à hauteur de 4,1 milliards de francs, en
hausse de 50 millions.
Les bénéficiaires des prêts de la Caisse des
dépôts et consignation sont à 90% des collectivités
locales, principalement les communes.
CHAPITRE II :
LA FRILOSITE DU GOUVERNEMENT EN
MATIERE DE POLITIQUE DE LA VILLE
I. L'ATTENTISME DU GOUVERNEMENT
A. LE GOUVERNEMENT PRISONNIER DU CALENDRIER
1. Le décalage entre l'état d'avancement des différents dispositifs
1998 est une année charnière en matière
de politique de la ville. En effet, elle marque l'arrivée à leur
terme des contrats de ville, dont il faudra analyser les résultats,
avant de les renégocier en conséquence.
A l'inverse, et même si l'ensemble des textes d'application sont
intervenus, il est encore trop tôt pour établir un bilan de
l'autre grand volet de la politique de la ville, la dynamique lancée par
le Pacte de relance pour la ville de 1996.
2. Le gouvernement attend le résultat de l'évaluation des dispositifs pour prendre position
Ce contexte a conduit le gouvernement à reconduire les
dispositifs existants en 1998, et à en demander une évaluation
à la mission conduite par M. Jean-Pierre Sueur. Les conclusions de la
mission du maire d'Orléans doivent être rendues au mois de
février 1998.
La délégation interministérielle à la ville sera,
quant à elle, en mesure de présenter au mois de mars 1998 les
premiers résultats en année pleine des mesures de zonages
contenues dans le pacte de relance pour la ville. Le ministre de l'emploi et de
la solidarité a annoncé devant votre commission que le pacte de
relance ferait l'objet d'un bilan "
avant
l'été
".
B. UNE DÉMARCHE CONTESTABLE
1. Un attentisme démobilisateur
Votre rapporteur déplore la manière dont
s'engage le processus d'évaluation de la politique de la ville. Il
regrette que le ministre refuse de prendre position sur les dispositifs
existants mais, par allusions, exprime ses réserves quant au principe
des zones franches.
En outre, il considère qu'il sera difficile de mener une
réflexion globale sur la politique de la ville à partir du
rapport Sueur, rendu au début de 1998, si les premières
données véritablement fiables sur les dispositifs zonés ne
doivent être disponibles qu'au mois de mars. Selon les informations
recueillies par votre rapporteur, la mission Sueur disposera néanmoins
de pré-conclusions sur ce sujet dès le mois de décembre.
Enfin, votre rapporteur craint que l'attentisme du gouvernement ainsi que les
rumeurs de remise en cause d'un certain nombre de dispositifs, sans que l'on
sache lesquels exactement, ne conduise à la démobilisation des
acteurs locaux.
2. L'inutile dissociation des calendriers des procédures contractuelles
Votre rapporteur déplore que les contrats de ville
n'aient pas été prolongés de façon à
maintenir une coïncidence le calendrier des contrats de plan
Etat-région (CPER).
Le gouvernement précédent avait décidé de repousser
d'un an, en 1999, le terme des contrats de plan Etat-région pour deux
raisons. D'une part, il souhaitait que la nouvelle génération de
contrats soit élaborée par les nouveaux exécutifs,
élus en mars 1998. D'autre part, les nouveaux contrats seraient en
mesure de prendre en compte les effets de la réformes des fonds
structurels européens, qui doit intervenir en 1999.
Ces deux arguments sont recevables s'agissant des contrats de plan, mais il le
sont également pour les contrats de ville. En effet, ces contrats
reçoivent des financements des conseils régionaux, lorsque
ceux-ci en sont signataires, et de l'Union européenne. En outre, la
complexité des procédures contractuelles conduit à ne pas
souhaiter la complication supplémentaire que constituerait un
décalage des calendriers.
Enfin, le lancement au début de 1999 des nouveaux contrats de ville
nécessite que les négociations commencent dès le printemps
de 1998, soit pendant la campagne pour les élections régionales.
Cette échéance est de nature à perturber la
sérénité des débats.
Votre rapporteur est conscient que le prolongement des contrats de ville se
heurterait à des obstacles budgétaires, auxquels il conviendrait
de trouver une solution. En effet, s'il est déjà prévu que
les dépenses d'investissement seront étalées sur 1998 et
1999, la DIV aura dépensé l'ensemble de ses crédits
d'intervention. Un problème de continuité pourrait alors se poser.
Devant votre commission des finances, le ministre de l'emploi et de la
solidarité a déclaré qu'elle n'excluait pas un report, et
que sa décision dépendait de l'ampleur des aménagements
qu'il faudra, à la lumière des conslusions de la mission Sueur,
apporter à la procédure contractuelle.
II. LE GOUVERNEMENT A ANNONCÉ DEUX MESURES CONCRETES
A. LA SUPPRESSION DES EMPLOIS DE VILLE
L'article 64 du projet de loi de finances pour 1998
prévoit que "
les dispositions du deuxième alinéa
du I de l'article L.322-4-8-1 du code du travail sont abrogées à
compter du 1er janvier 1998
". Les emplois de ville,
créées par la loi n°96-376 du 6 mai 1996, sont donc
supprimés.
Les emplois existants sont maintenus, mais le gouvernement souhaite qu'ils
soient progressivement remplacés par des emplois-jeunes au sens de la
loi pour l'emploi des jeunes du 16 octobre 1997.
1. Les motifs de la suppression
Deux arguments peuvent être invoqués pour
légitimer la suppression des emplois de ville. En premier lieu,
l'objectif de 25 000 créations par an pendant quatre ans n'a pas
été atteint. Le stock d'emplois de ville est aujourd'hui
estimé entre 10 et 12 000 contrats signés ou sur le point
d'aboutir. Toutefois, le délégué interministériel
à la ville a déclaré devant la commission des affaires
économiques et du plan de notre Assemblée que cette mesure avait
trouvé son rythme de croisière à raison de 1000 à
1200 créations par mois en 1997.
En second lieu, le gouvernement anticipe le probable remplacement progressif
des emplois de ville par les emplois pour les jeunes, qui sont
financièrement plus avantageux pour les employeurs. En effet, ces
derniers sont financés à 80% par l'Etat, tandis que la prise en
charge des emplois de ville par l'Etat était limitée à 55%
pendant cinq ans ou, selon la convenance de l'employeur, à 75% la
première année avec diminution de 10% chaque année
suivante.
2. Les emplois de ville s'inscrivent mieux dans la logique de la politique de la ville.
a) Le dispositif du pacte de relance insiste sur l'amélioration de l'employabilité des jeunes
La circulaire du 24 octobre 1997 relative au
développement d'activités pour l'emploi des jeunes comme celle du
12 décembre 1996 sur la mise en oeuvre des emplois de ville insistent
sur la nécessité de répondre au problèmes du
chômage des jeunes en favorisant la couverture de besoins sociaux non
satisfaits.
Il existe néanmoins une différence de nature entre les deux types
d'emplois aidés. Les emplois pour les jeunes de la loi du 16 octobre
1997 relèvent d'une logique de résorption quantitative du
chômage : des emplois sont créés, et sont appelés
être à être pourvus par des jeunes.
En revanche, les emplois de ville cherchent à améliorer
l'employabilité des jeunes les plus en difficulté. Ils sont
réservés aux personnes de moins de 26 ans originaires de
quartiers en difficulté, et dont le niveau de formation n'est pas
supérieur au baccalauréat. Le suivi d'une formation par le
titulaire de l'emploi de ville est fortement encouragé, ainsi que le
tutorat. Le financement de ces formations peut relever soit des
collectivités locales, soit du fonds social européen.
Le pacte de relance pour la ville prévoit également que tout
nouveau dispositif d'aide à l'emploi doit intégrer "
une
analyse de la pertinence d'offrir une discrimination positive, ciblée
sur le public particulier des personnes habitant dans les quartiers difficiles
et tout particulièrement les jeunes
". A cet effet, vingt
régions ont un programme régional pour l'emploi des jeunes (PREJ)
qui permet d'identifier les difficultés rencontrées par les
jeunes au cours de leur parcours d'insertion. De surcroît, une circulaire
du 8 novembre 1996 a étendu et généralisé les
réseaux de parrainage des jeunes vers l'emploi par des personnes
bénévoles, expérimentés depuis 1993 par le fonds
d'action sociale (FAS).
b) Le gouvernement s'adresse à des jeunes déjà formés
Votre rapporteur considère que le développement
plus lent que prévu des emplois de ville souligne la faible
employabilité des jeunes originaires des quartiers en difficulté.
Dès lors, puisque ces jeunes n'étaient pas en mesure de pourvoir
l'ensemble des emplois de ville qui leur étaient réservés,
il probable qu'ils seront encore plus largement exclus des nouveaux emplois
pour les jeunes, qui ne sont pas ciblés en termes de formation ou
d'origine géographique. Pour éviter cet écueil, la
circulaire du 24 octobre 1997 incite les préfets à être
particulièrement attentifs à la situation des jeunes originaires
des quartiers en difficulté, et les autorise même à fixer
des objectifs quantifiés. De plus, elle les engage à s'assurer de
l'adéquation entre les tâches à accomplir et le niveau de
diplôme.
Ces précautions ne semblent cependant pas de nature à corriger le
biais originel de ces emplois pour les jeunes, qui sont plus orientés
vers la satisfactions de certains besoins que sur l'insertion des personnes qui
les occupent. A cet égard, la circulaire insiste plus sur la
nécessité de pérenniser les nouvelles filières
professionnelle que sur la professionnalisation des jeunes, "
qui
pourra se traduire, en fonction des acquis et des besoins identifiés,
par la construction progressive d'actions de formation, de bilan de
compétences ou de démarches de validation des acquis
".
La formation ne semble donc en aucun cas centrale dans la démarche du
gouvernement.
Dans ces conditions, votre rapporteur craint que l'abandon du dispositif ne
retire une chance de s'insérer à des populations en voie
d'être durablement exclues du marché du travail. Il relève
que cette décision va à contre courant des propositions
formulées par la Commission européenne, en préparation de
la conférence de Luxembourg de novembre 1997, consacrée à
l'emploi (COM(97) 497 final). Dans ce document, les commissaires
européens insistent sur l'importance de créer en Europe
"
une nouvelle culture de la capacité d'insertion
professionnelle
" en agissant sur l'employabilité des
populations et, particulièrement, des "
jeunes qui quittent
l'école prématurément ou sans qualification
".
B. LA RÉFORME DES CONSEILS COMMUNAUX DE PRÉVENTION DE LA DÉLINQUANCE
Les conseils communaux de prévention de la
délinquance (CCPD) ont été créés en 1982.
Ils avaient pour ambition de réunir, autour du maire, tous les
protagonistes de la lutte contre la délinquance afin d'établir un
constat, puis de définir des objectifs et des actions concertées,
d'en suivre l'exécution avant de faire remonter l'information vers les
structures départementales et nationales. Le maire se charge de veiller
à la cohérence entre les actions. En 1997, 563 CCPD existent dans
97 départements.
Le bilan des CCPD est mitigé. N'ayant pas de vocation
opérationnelle, leur succès dépend surtout de
l'utilisation qu'en font ses utilisateurs. Dans de nombreuses communes, les
CCPD sont restés des coquilles vides, réduit à une
réunion occasionnelle entre des acteurs institutionnels. Ailleurs, ils
ont fait preuve d'un dynamisme indéniable, réunissant des
membres désignés par la ville (des élus comme des
représentants d'associations) ou par l'Etat (police, ANPE, DDASS par
exemple) mais également des représentants du conseil
général, de l'ordre des avocats ou des établissements
d'enseignement. Les mairies peuvent désigner des coordonateurs. En tout
état de cause, selon le ministère de l'intérieur,
"
le bilan de l'activité de ces instances, même s'il est
difficilement quantifiable, semble positif dans la mesure où le CCPD
permet de créer des liens entre les différents partenaires
institutionnels et associatifs loacux
".
Au colloque de Villepinte sur la sécurité, le ministre de
l'emploi et de la solidarité n'a annoncé qu'une seule mesure :
"
revitaliser
" les CCPD. Votre rapporteur a tenté,
sans succès, de découvrir les pistes de la réflexion du
ministre sur ce sujet. Une réforme semble pourtant en cours
d'élaboration puisque, devant votre commission des finances, le ministre
de l'intérieur a fait part de sa volonté de
"
redynamiser
" les CCPD, sans non plus dire comment.
Votre rapporteur s'inquiète de ces effets d'annonce. En effet, au
delà de leur réussite ou de leur échec, les conseils
communaux de prévention de la délinquance symbolisent la
volonté de placer les maires au centre de la lutte contre la
délinquance. Par conséquent, le caractère vague des
annonces ministérielles pourrait s'apparenter aux prémisses d'une
remise en cause progressive des compétences des maires en la
matière. Cette évolution constituerait un recul.
CHAPITRE III :
QUE RETENIR DE L'APPLICATION DES
DISPOSITIFS EXISTANTS ?
I. L'OPPOSITION ENTRE LES PROCÉDURES CONTRACTUELLES ET LA DISCRIMINATION POSITIVE DU PACTE DE RELANCE EST UN FAUX DEBAT
1998 sera l'année de l'évaluation des
instruments de la politique de la ville. A cette occasion, l'opposition entre
la logique contractuelle et la dynamique initiée par le pacte de relance
pour la ville menace d'être ravivée.
Selon ses tenants, les deux logiques seraient inconciliables. En effet, la
contractualisation, telle qu'envisagée dans les contrats de ville, est
une démarche transversale, à l'échelle de la commune ou de
l'agglomération, qui fournit des réponses élaborées
de façon collégiale entre l'Etat et les acteurs locaux. A
l'inverse, le pacte de relance sur la ville comporte des mesures
unilatérales, législatives ou réglementaires, qui
concentrent les efforts sur certains quartiers, accentuant leurs
particularismes.
Cette approche, sous-tendue par la critique du principe de la discrimination
positive, est simpliste et factice. Elle oublie que l'objectif ultime de la
politique de la ville, quelle que soit la manière dont elle est
menée, est de réduire les inégalités entre les
quartiers, et qu'une action spécifique en faveur des zones les plus en
difficulté est nécessaire.
Le Pacte de relance pour la ville a innové en renforçant le
caractère volontariste de l'action de l'Etat dans tous les domaines de
la politique de la ville. En insistant sur la nécessité de faire
renaître l'activité économique dans les quartiers, il ouvre
la perspective d'y recréer des villes qui servent à la fois de
lieu de résidence et de lieu de travail, où les commerces et les
services publics sont accessibles à tous. . Votre rapporteur se
félicite de cette avancée, qui doit conditionner toute
réflexion concernant la politique de la ville.
A. DEUX DEMARCHES DISTINCTES MAIS ORIENTEES EN FAVEUR DES QUARTIERS EN DIFFICULTE
1. Le cadre général fixé par le pacte et les réponses locales apportées par les contrats
Les contrat de ville ont été
élaborés au niveau local, dans le cadre d'une négociation
entre les représentants de l'Etat et les acteurs locaux. Ils ont
tenté d'apporter des réponses adaptées à la
réalité des sites concernés. Ce processus a permis de
renforcer la coopération intercommunale, et parfois de lui donner
naissance. Il a encouragé le dialogue entre les différents
échelons administratifs. Cependant, l'approche
décentralisée a souvent été peu efficace, et il a
fallu l'intervention de la délégation interministérielle
à la ville et des sous-préfets chargés de la politique de
la ville pour hâter la signature des contrats.
Au sein du gouvernement, la mise en oeuvre des contrats a favorisé
l'interministérialité financière à travers la mise
en place en 1995 du fonds interministériel en faveur de la politique de
la ville, le FIV.
L'élaboration du pacte de relance pour la ville a été
l'occasion de procéder à une synthèse des
évolutions récente en matière de mise en oeuvre de la
politique de la ville, en s'inspirant d'expériences menées
localement, parfois dans le cadre des contrats de ville, et des propositions
des acteurs de la politique de la ville.
Le pacte est un recensement des domaines d'action du gouvernement et des
départements ministériels. Sa mise en oeuvre n'a pas fait l'objet
d'un texte unique, mais a nécessité le vote de sept lois. En ce
sens, il inscrit la politique de la ville dans un cadre cohérent, aux
finalités précises, tout en marquant le début d'une
interministérialité normative, qui aboutit à familiariser
l'ensemble du gouvernement à la prise en compte des enjeux de la
politique de la ville.
2. L'identification de quartiers prioritaires
La discrimination positive n'a pas fait son apparition avec
la
création des zones franches urbaines. Ces dernières ne
constituent que la dernière étape d'un processus d'affinement de
la géographie prioritaire de la politique de la ville, entamé
avec la mise en oeuvre des contrats de ville dans 1300 quartiers.
Le loi d'orientation pour la ville de 1991 avait créé les
" quartiers d'habitat dégradé ou des grands
ensembles ", qui sont devenus les zones urbaines sensibles. La loi
d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire du 4 février 1995 a ajouté les zones de redynamisation
urbaines et le pacte de relance pour la ville a innové avec les zones
franches urbaines.
Chacun de ces zonages constitue un sous-ensemble du précédent, et
correspond à la géographie d'application de mesures plus
favorables.
Ainsi, entre tous ces découpages géographiques, la
différence n'est pas de nature, mais de degré : la logique qui
préside est celle de l'octroi d'avantages plus importants aux
territoires qui en ont le plus besoin.
B. DES OBJECTIFS COMMUNS
Le gouvernement avait demandé aux négociateurs
des contrats de ville de travailler en fonction de quatre thématiques :
- l'amplification des actions d'insertion économique ;
- la consolidation des politiques de prévention de la délinquance
;
- l'amélioration de l'habitat et du cadre de vie ;
- la meilleure adaptation des services au public .
Le Pacte de relance pour la ville a quant à lui identifié sept
domaines d'action prioritaires :
- créer de l'activité et des emplois ;
- rétablir la paix publique ;
- favoriser la mixité dans l'habitat ;
- renforcer la présence des services publics ;
- rétablir l'égalité des chances scolaires ;
- renforcer les partenaires ;
- actualiser la géographie des quartiers en difficulté.
La proximité entre ces deux énumérations indique que les
domaines dans lesquels la politique de la ville doit agir sont maintenant bien
identifiés.
C. DES ACTIONS COMPLEMENTAIRES
1. Contrats de ville et pacte de relance font intervenir des acteurs différents
La mise en oeuvre des 214 contrats de ville a conduit à
la prise en compte de la politique de la ville par pratiquement tous les
échelons administratifs. 750 communes ont été
associées à la contractualisation. Elles étaient pour la
plupart réunies en districts, syndicats, communautés de communes,
communautés de villes ou communautés urbaines. Par ailleurs,
d'autres collectivités, les conseils régionaux et les conseils
généraux, ont été associées. Le fonds
d'action sociale est lui aussi signataire de deux tiers des contrats, tout
comme les caisses d'allocation familiales.
Le pacte de relance pour la ville, en insistant fortement sur l'idée de
retour de l'activité dans les quartiers, a provoqué la
mobilisation de nouveaux acteurs en faveur de la politique de la ville. Les
Chambres de commerce et de l'industrie se sont mobilisées dès le
printemps de 1996 en demandant à être associées à la
délimitation du périmètre des zones franches, et ont fait
des propositions en vue du lancement de l'établissement public
d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et
artisanaux. Elles se sont en outre dotées d'une mission
" Ville " à l'automne 1996.
De même, le mouvement HLM semble à nouveau partie prenante de la
politique de la ville et intervient de façon active dans les
débats concernant l'habitat et la mixité sociale. Le pacte de
relance contient également des dispositions de nature à impliquer
plus les associations.
2. Les dispositifs existants se renforcent mutuellement
A chaque échelon de la géographie prioritaire de la politique de la ville correspond un type de mesure. Cette répartition est présentée dans le récapitulatif ci-dessous. Le pacte de relance pour la ville en a pris acte puisqu'il a délimité géographiquement les mesures qu'il proposait en fonction de cette spécialisation, héritée de la sédimentation des dispositifs.
Le zonage géographique des actions en faveur de la politique de la ville
1) Quartiers des contrats de ville
: interventions du FIV
; du fonds national pour l'aménagement et le développement du
territoire (FNADT) ; prêts PALULOS ; contribution des différents
ministères ; programmes d'action des contrats de ville et des contrats
de plan Etat-région.
2) Les zones urbaines sensibles
: exonérations de taxes
professionnelles non compensées ; exonérations de charges
sociales patronales pour les 2ème et 3ème salariés ;
mesures indemnitaires et indiciaires en faveur des fonctionnaires ;
exonération de surloyer pour les locataires du parc HLM dépassant
les plafonds de ressources ; résidence des jeunes
bénéficiaires des emplois de ville.
3) Les zones de redynamisation urbaine
: éligibilité
à la dotation de solidarité urbaine ; exonérations de
cotisations patronales pendant 12 mois, pour les embauches jusqu'au
50ème salarié, à condition qu'elles aient pour effet
d'accroître l'effectif total de l'entreprise et que l'employeur n'ait
procédé à aucun licenciement au cours des 12 mois
antérieurs.
4) Les zones franches urbaines
: exonération pendant 5 ans de
taxe professionnelle pour les établissements nouveaux ou existants,
plafonnée à 3 millions de francs ; exonération
d'impôt sur les bénéfices, avec plafonnement à 40
000 francs par an, pour les entreprises nouvelles ou existantes ;
exonérations de taxes foncières sur les propriété
bâties ; exonérations de cotisations sociales patronales, dans la
limite de 50 bénéficiaires, pour les entreprises de moins de 50
salariés en 1996, et limitée aux salariés sous contrat
d'une durée minimale de 12 mois dans la limite de 150% du SMIC .
Ces zonages sont concentriques. L'échelon des quartiers est celui
où se concentrent les subventions publiques. Les équipement ainsi
réalisés contribuent à gommer les différences entre
le quartier en difficulté et le reste de l'agglomération. La
politique de la ville vise ici à tirer les quartiers vers le haut. En
revanche, les autres zonages sont le cadre de mesures plus ciblées. Les
dérogations au droit commun et la discrimination positive ont pour but
d'aider ces zones à rattraper leur retard le plus rapidement possible.
Elles poussent les quartiers vers le haut.
Si les dispositions de nature fiscale sont communes à plusieurs niveau
de zonage, et pourraient éventuellement être clarifiées,
les autres dispositifs ne se recoupent pas et sont spécifiques à
l'échelon auquel ils s'appliquent. En conséquence, à
condition que l'instauration d'un nouveau régime dérogatoire au
droit commun ne s'accompagne pas d'une réduction des moyens
alloués à un dispositif existant, chaque mesure est utile,
complémentaire des autres, et contribue au développement social
urbain.
II. LES PRIORITES RECENSÉES DANS LE CADRE DU PACTE DE RELANCE RESTENT LE CAHIER DES CHARGES DE LA POLITIQUE DE LA VILLE
A. RELANCER L'ACTIVITÉ DANS LES QUARTIERS POUR RECREER DE VRAIES VILLES : L'APPORT MAJEUR DES ZONES FRANCHES URBAINES
1. Les expériences précédentes et la singularité des zones franches du pacte de relance
La création des zones franches est motivée par la volonté de favoriser la création d'emplois marchands, et de rompre avec la logique des emplois aidés.
a) Les zones d'entreprises et les zones d'investissement privilégié
La première expérience de franchise fiscale en
France est celle des trois zones d'entreprises créées, par
l'ordonnance du 15 octobre 1986, à proximité des chantiers navals
à proximité de Dunkerque, de la La Coitat-Aubagne et de La
Seyne-Toulon. Leur dispositif consistait à, d'une part, simplifier et
accélérer les procédures administratives par la mise en
place d'un interlocuteur unique et d'une commission permanente et, d'autre
part, à exonérer d'impôt sur les sociétés les
bénéfices des entreprises s'installant sur place, pendant une
durée suffisamment importante pour être incitative.
Le bilan de ces zones est positif, bien qu'inégal selon les zones. Elles
ont servi de catalyseur au développement local et ont permis aux PME de
dégager plus rapidement des bénéfices et d'accroître
leurs fonds propres comme leur effort de recherche. De plus, les
phénomènes de transfert ont été marginaux.
Le système du crédit d'impôt accordé aux entreprises
dans le cadre des zones d'investissement privilégié
créées par la loi de finances pour 1992 a en revanche
été progressivement délaissé par les entreprises.
b) L'originalité des zones franches du pacte de relance
Les zones franches créées par le pacte de
relance s'inscrivent dans la logique de la politique de la ville et de
l'amélioration de la qualité de la vie dans les quartiers les
plus défavorisés. Ainsi, elles sont situées
majoritairement dans des quartiers d'habitation, quelques extensions à
des zones des zones de friches industrielles ayant toutfois été
admises (comme dans le cas de l'ancien site Chausson à
Creil-Montataire). La loi précise qu'elles doivent se trouver
"
dans les quartiers de plus de 10 000 habitants
particulièrement défavorisés au regard des critères
pris en compte pour la détermination des zones de redynamisation
urbaines
", ces dernières étant définies en
fonction d'un indice synthétique plus social qu'économique (taux
de chômage, proportion de jeunes de moins de 25 ans, proportion de
personnes sorties du système scolaire sans diplôme).
Les données sur les zones franches urbaines transmises à votre
rapporteur confirment, dans des proportions qui justifient à elles
seules la création des ZFU, que ces critères sont
respectés. Ainsi, les quartiers qui composent la zone franche urbaine de
Saint Quentin comptent 109 464 habitants, dont 44% sont sortis du
système scolaire sans diplôme (contre 35% pour l'ensemble de la
ville), et connaissent un taux de chômage de 24% (contre 15,8 pour la
ville dans son ensemble). Dans la zone franche d'Amiens, le taux de
chômage est de 27% pour l'ensemble de la population, et supérieur
à 30% pour les jeunes de plus de 20 ans.
La seconde originalité des zones franches du pacte de relance tient au
fait que les exonérations de charges fiscales et sociales ne seront pas
limitées aux entreprises nouvelles qui viendraient s'installer, mais
bénéficieront à l'ensemble des établissements
préexistants dans les quartiers visés afin de conforter le tissu
économique existant et de faciliter la création
d'activités de service ou de proximité dans les quartiers. La
prise en compte des objectifs de la politique de la ville a conduit à
conditionner le bénéfice des ces exonérations aux
entreprises qui réalisent plus de 20% de leurs embauches dans le
quartier.
Pour être efficaces, les expériences de franchise fiscale ont
besoin de s'inscrire dans la durée. En effet, ces régimes
dérogatoires sont mis en place pour susciter des investissements
risqués, que les entreprises ne sont pas naturellement portées
à effectuer. Elles ont donc besoin de stabilité juridique. Votre
rapporteur espère que le ministre de l'emploi et de la solidarité
faisait référence aux zones franches urbaines lorsqu'elle a
déclaré, devant votre commission des finances, qu'elle
considérait que la réglementation ne devait pas être sans
cesse modifiée.
2. Le dispositif et sa mise en oeuvre
La loi du 14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre
du pacte de relance pour la ville a fixé la liste des 38 zones franches
urbaines métropolitaines et des 6 zones franches des départements
d'outre mer. Leur délimitation exacte a fait l'objet d'un décret
en Conseil d'Etat du 26 décembre 1996, qui comporte un descriptif rue
par rue du périmètre de chaque zone. Le découpage a
été progressivement affiné au cours de l'année 1997.
La délimitation du périmètre des zones franches a
été fortement encadré par la Commission européenne,
qui a posé des conditions. En premier lieu, les 44 zones ne devaient pas
englober plus de 1% de la population totale. Le gouvernement ne manque pas de
souligner que ce chiffre est aujourd'hui de 1,3%. Deuxièmement, le
dispositif devait être limité aux petites entreprises au sens
communautaire du terme, c'est-à-dire aux entreprises de 50
salariés au plus, au capital indépendant, au chiffre d'affaire
inférieur à 7 millions d'écus ou dont le bilan annule
n'excède pas 5 millions d'écus.
Un comité d'orientation et de surveillance a été
créé dans chaque zone franche urbaine. Sa composition est
été fixée par le décret en Conseil d'Etat du 3
février 1997. Il est présidé par le préfet du
département et comprend : le ou les députés de la ou des
circonscriptions où se situe tout ou partie de la zone franche ; un
sénateur du département désigné par le
président du Sénat ; le président du conseil
régional ou un conseiller régional ; le président de
l'établissement public intercommunal compétent en matière
d'aménagement et de développement pour la zone ; le
secrétaire général pour les affaires régionales ;
les chefs des services déconcentrés des administrations civiles.
3. Un premier bilan extrêmement encourageant
La délégation interministérielle à la ville procède actuellement à l'évaluation de la mise en oeuvre des zones franches urbaines afin de fournir des informations à la mission de M. Jean-Pierre Sueur, et d'établir le rapport sur cette question qu'elle doit remettre annuellement au Parlement. Dans l'attente de ces résultats qui ne peuvent être divulgué à l'avance, votre rapporteur n'a pu se procurer que des informations partielles au près d'elle. Il a revanche bénéficié du travail d'évaluation effectué par l'association des maires des villes accueillant une zone franche urbaine, présidée par M. Yves Jégo.
a) Un dynamisme exceptionnel des acteurs locaux
Les
entreprises
ont réagi de manière
extrêmement positive à la mise en place des zones franches
urbaines, et les demandes ont été supérieures aux
prévisions. Selon les estimations de l'association des maires de villes
comportant une zone franche urbaine, 1800 entreprises, dont 50% de
création nette, se sont installées dans une ZFU. Les autres sont
des délocalisations, sans qu'il soit possible pour l'instant de
déterminer s'il s'agit d'entreprises installées dans une zone
proche de la zone franche qui profitent de l'effet d'aubaine, ou d'entreprises
qui viennent de plus loin.
Les entreprises intéressées par les zones franches sont de
plusieurs type : des très petites entreprises (TPE), des petites PME de
service (dans des secteurs tels que la restauration ou la
sécurité) et des entreprises de travaux publics. Un retour des
commerces de proximité (boulangerie, marchands de journaux, etc.) est
également constaté. Dans tous les cas, les entreprises recrutent
massivement au sein de la population locale. Le seuil de 20% est largement
dépassé et serait de 37%. Les autorités locales ont
également parfois la surprise de découvrir des entreprises qui
viennent spontanément s'installer dans la zone franche, sans passer par
l'intermédiaires des guichets administratifs.
L'attitude des
chambres de commerce et de l'industrie
à
l'égard des zones franches a beaucoup évolué.
Réservées au départ du fait des risques de distorsion de
concurrence engendrés par les exonérations fiscales et sociales,
elles sont aujourd'hui fortement impliquées dans la promotion des zones
franches, assurée par leur mission " Ville ".
Les
maires
se sont également investis dans le succès des
ZFU. Des services économiques ont été créés
là ou il n'existaient pas, et des programmes d'accompagnement se
développent. Les maires surveillent particulièrement le
degré de qualification requis pour les emplois créés, et
s'il ne s'agit pas d'emplois délocalisés. Les informations
transmises à votre rapporteur concernant la zone franche de Saint
Quentin illustrent cette volonté d'inclure la franchise fiscale dans un
dispositif plus vaste d'action en faveur des quartiers en difficulté.
La zone franche urbaine de Saint Quentin
Les responsables de la ZFU ont déterminé cinq
priorités. Autour de l'objectif central " Intégration des
populations en difficulté par la création d'emplois ",
quatre autres objectifs sont visés : le maintien des entreprises et des
commerces, la création d'une ZAC, l'amélioration de
l'environnement urbain et l'amélioration de l'accès aux services
publics.
Dans cette perspective, la commune a dégagé les financements
nécessaires à l'amélioration de la desserte de la zone
franche en associant la ville, la région, l'Etat et le fonds
européen FEDER.
En outre, la commune a l'intention de recourir à des outils
traditionnels de la politique de la ville :
- projet de PLIE ;
- projet local de sécurité ;
- création d'un comité de quartier (composé d'élus,
de représentants associatifs et institutionnels, et d'habitants du
quartier) ;
- mise en place d'une mairie de quartier annexe ;
-installation d'une plate forme de service public.
Cet exemple illustre un constat plus général : les zones franches
urbaines fonctionnent mieux lorsqu'elles sont installées dans des
quartiers où d'autres dispositifs d'action existent. Cela confirme la
caractère complémentaire des moyens de la politique de la ville.
D'autres échelons administratifs peuvent être impliqués
dans la mise en oeuvre des zones franches. En Picardie, c'est la
préfecture de région
(le SGAR) qui assure le travail de
synthèse des informations et des résultats pour les trois ZFU. Le
comité d'orientation et de surveillance de la zone franche d'Amiens a
associé à ses travaux des représentants du
district
du Grand Amiens, et articule ses actions avec celles des
associations de
quartier
et du PLIE.
b) Des blocages subsistent
La
motivation des organismes publics
est
d'inégale intensité. Elle est bonne s'agissant de la DIV et des
services fiscaux. En revanche, il semblerait que l'interprétation de la
circulaire les concernant par les URSAFF soit particulièrement
restrictive, et varie selon les zones. Par ailleurs, le pacte de relance pour
la ville prévoyait que les zones franches urbaines
bénéficieraient du label, et des avantages qui lui sont
associés, des zones d'éducation prioritaire. Cette disposition
n'est pas encore appliquée.
Les zones franches urbaines sont confrontées à des
problèmes fonciers
. Ces problèmes sont de deux ordres. En
premier lieu, elles rencontrent des difficultés pour attirer des
promoteurs immobiliers privés. En effet, la franchise fiscale de cinq
ans n'est pas incitative s'agissant du secteur de l'immobilier, où les
investissements ont besoin de dix années pour devenir rentables.
En second lieu, les investisseurs dans les zones franches sont
confrontés à une pénurie de locaux. Les mairies sont
conscientes de ce problème et se mobilisent pour acheter ou viabiliser
des équipements immobiliers fonciers lorsque c'est possible. Une
solution à ce problème consisterait à modifier le
périmètre des zones franches pour y inclure, lorsque c'est le
cas, des friches industrielles situées à proximité. Cette
solution serait compatible avec les conditions de la Commission
européenne, puisqu'elle accroîtrait la superficie des zones
franches sans augmenter le nombre d'habitants qui y résident.
Les données relatives aux zones franches picardes transmises par la DIV
à votre rapporteur confirment ces informations recueillies dans la
presse et auprès de l'association des maires de villes comprenant des
ZFU. Ainsi, à Amiens, tous les bas d'immeubles sont occupés.
Les entreprises qui s'installent dans des zones franches connaissent des
problèmes de
sécurité
. Les redéploiements
d'effectifs policiers prévus par le pacte n'ont pas été
entièrement réalisés et les problèmes de
sécurité sont réels, comme l'a montré l'assaut d'un
hypermarché dans la zone franche urbaine de Montrot à l'automne
de 1997.
Les
très petites entreprises
connaissent des problème
pour trouver les financements nécessaires à leur installation car
le système bancaire n'est pas intéressé par les
opérations de petite envergure qu'elles lui soumettent. Cette
difficulté existe aussi en milieu rural, et a conduit à la
création du fonds national de développement des entreprises par
la loi d'orientation et de développement du territoire du 4
février 1995. Ce fonds n'est toujours pas opérationnel.
Les instruments dont disposent les très petites entreprises pour trouver
des financements sont principalement les prêts effectués par la
Caisse des dépôts et consignations dans le cadre de son programme
d'aide aux petites entreprises, ainsi que les plates-formes d'initiative
locale. Votre rapporteur souhaite obtenir des informations sur le
développement de ces dispositifs dans les zones franches urbaines.
c) Des chiffres à manier avec précaution
L'évaluation des zones franches urbaine se heurte
à l'absence de données chiffrées fiables. Les
données statistiques sont soit des évaluations, c'est le cas de
la dépense fiscale, soit peu représentatives.
En outre, les zones franches ne constituent pas un ensemble homogène. Du
fait des situations de départ très différentes selon les
zones, le recours a des données moyennes n'est pas pertinent.
Néanmoins, les informations fournies plus haut sont
vérifiées et solides, selon les divers interlocuteurs de votre
rapporteur.
d) Les zones franches urbaines permettent de recréer toutes les fonctions de la ville
Les zones franches urbaines ont été
créées dans le but de favoriser le développement
économique des quartiers, mais également de changer leur
organisation urbaine en rompant avec les cités-dortoirs des
années 60 et 70. Elles sont en passe de répondre à cette
attente en ramenant l'emploi et les commerces de proximité dans les
quartiers.
Elles fonctionnent d'autant mieux qu'elles se trouvent dans des zones où
les acteurs ont l'habitude de mettre en oeuvre les différents
dispositifs de la politique de la ville, et où ces dispositifs sont
anciens et bien implantés.
Il serait donc paradoxal de remettre en
cause les zones franches alors que le succès, et l'effet de levier, de
la mobilisation en leur faveur repose largement sur la plus ou moins grande
efficacité des autres instruments, contractuels notamment, de la
politique de la ville.
4. Le lancement retardé de l'EPARECA
Le pacte de relance pour la ville a prévu la
création d'un établissement public d'aménagement et de
restructuration des espaces commerciaux et artisanaux "
pour
permettre
des interventions de remembrement des commerces dans les sites en
difficulté où la fragmentation de la propriété du
bâti et des fonds de commerce ne permet pas d'enrayer le déclin
des commerces
".
Cet établissement a été doté de 130 millions de
francs, sur les crédits du FISAC, dans la loi de finances pour 1997. A
l'automne de 1997, il n'est pourtant toujours pas opérationnel. Son
directeur a été nommé au mois de mai 1997, mais la
composition de son conseil d'administration a été
retardée, la nomination du représentant de l'Assemblée
nationale ayant été repoussée par la dissolution. Le
conseil d'administration devrait cependant se réunir avant la fin de
l'année 1997.
L'EPARECA doit aujourd'hui définir sa stratégie. Deux options
sont à l'étude. La première consisterait pour
l'établissement à assurer seul la conduite des opérations
qu'il finance. Elle a l'avantage de la cohérence mais limite le nombre
des actions réalisables. La seconde option autoriserait l'EPARECA
à s'associer avec des partenaires locaux, qu'il reste à
déterminer. Elle permettrait de multiplier le nombre des
opérations mais se heurterait à la question des financements
croisés, source de lourdeurs.
B. JUSTICE ET SECURITE : LE TRAVAIL DE DEFRICHAGE DU PACTE DE RELANCE DOIT ETRE APPROFONDI
1. Prévention et repression
a) Les structures institutionnelles
Les instances chargées de définir les
stratégie locales en matière de répression et de
prévention de la délinquance se structurent au niveau communal,
intercommunal ou départemental. Elles regroupent toutes le préfet
et le procureur, auxquels s'ajoutent souvent les élus, les chefs
d'établissement, les associations ou les services publics locaux.
Les plans départementaux de sécurité sont venus s'ajouter
en 1993 aux conseils communaux de prévention de la délinquance,
évoqués plus haut. Le pacte de relance pour la ville a
instauré en 1996 les plans départementaux de prévention de
la délinquance. Le ministre de l'intérieur a annoncé pour
1998 la conclusion de contrats locaux de sécurité,
compétents à la fois en matière de prévention et de
répression, destinés à améliorer la concertation au
niveau de l'agglomération.
Votre rapporteur souhaite que l'articulation entre ces dispositifs, ainsi que
leur implication dans la mise en oeuvre d'actions telles que les
" contrats d'action de prévention pour la
sécurité " (CAPS et les opérations
" ville-vie-vacances ", fassent l'objet d'une évaluation.
b) Les moyens policiers
La loi d'orientation pour la sécurité de 1995 et
le pacte de relance pour la ville avaient inscrit au rang de leurs
priorités l'accroissement de la présence policière sur le
terrain. Le pacte prévoyait 3000 redéploiements d'effectifs, le
recrutement de 200 enquêteurs et de 1000 policiers auxiliaires. La mise
en oeuvre de ces dispositions s'est avérée insuffisante et doit
être accélérée. Le recrutement des adjoints de
sécurité, 8250 en 1998, permettra cependant de renforcer les
effectifs dans les quartiers difficiles. Par ailleurs, le ministre de
l'intérieur dévoilera à la fin de 1997 le contenu d'un
plan " sécurité-proximité 2002 " qui permettra
aux collectivités qui le souhaitent de financer plus facilement la
construction de commissariats dans les zones sensibles.
La sécurité de proximité a été
améliorée dans les années récentes par le
développement dans quelques départements des brigades
anti-criminalités départementales (BAC), des
"sûretés départementales " et des unités
d'intervention.
Votre rapporteur considère qu'il est temps de conférer un
véritable statut juridique aux polices municipales. Il sera, à
cet égard, attentif au projet de loi dont le ministre de
l'intérieur a annoncé le dépôt en 1998, et veillera
particulièrement à ce que les polices municipales soient
habilitées à procéder à des contrôles
d'identité.
2. Incivilités et sentiment d'insécurité
Les incivilités, qui sont des faits à
caractère non pénal, contribuent à dégrader la
qualité de la vie et, au moins autant que la délinquance
elle-même, à développer le sentiment
d'insécurité. Le pacte de relance pour la ville prévoyait
la mise en oeuvre de services publics de quartier associant justice, police et
services d'actions sociale, afin de traiter et de suivre ces faits de
façon appropriée.
La plupart des pays occidentaux développent des instruments de mesure du
sentiment d'insécurité des populations afin de mieux y
répondre. Ces " enquêtes de victimation " montre que la
France est mal placée en terme de déclaration d'agressions
à la police. Le pacte de relance pour la ville avait prévu que
des observatoires départementaux de la sécurité seraient
expérimentés dans dix départements. Votre rapporteur
suggère que les structures institutionnelles chargées de la
sécurité et de la prévention de la délinquance
généralisent ces instruments de mesure.
Une plus grande transparence du fonctionnement de la justice serait en outre de
nature à rassurer l'opinion sur le fonctionnement de la justice et sur
l'impunité des délinquants. Par exemple, peu de gens savent
qu'une personne interpelée et relachée sera appelée
à comparaître devant un juge quelques semaines plus tard.
3. La question prioritaire de la délinquance des mineurs
a) Revoir une législation conçue en d'autres temps
La question de la délinquance des mineurs est au centre
des préoccupations de tous les pays occidentaux, comme en
témoigne la politique spectaculaire menée par le gouvernement
britannique. En France, la question du durcissement de l'ordonnance du 2
février 1945 se pose de façon de plus en plus aiguë. Le
pacte de relance a conduit à la mise en oeuvre, par la loi n°96-585
du 1er juillet 1996, d'une procédure de comparution rapprochée,
dans un délai de trois mois, pour les mineurs connus des services de
police. De plus, le pacte a conduit à la systématisation du
traitement en temps réel des procédures pénales, qui
permet au parquet, dans les cas concernant des mineurs
multirécidivistes, de saisir rapidement le juge des enfants.
Le ministre de l'intérieur propose aujourd'hui des mesures
d'éloignement des quartiers pour les mineurs fauteurs de troubles. Cette
proposition doit être rapprochée de la mise en place,
prévue par le pacte, d'une cellule d'information des magistrats sur les
capacités d'accueil des foyers pour les mineurs délinquants.
Toutes ces mesures sont manifestement insuffisantes, les moyens des tribunaux
pour enfant ne permettant pas de faire face aux besoins et le droit
pénal étant inadapté à une répression plus
efficace.
b) Renforcer l'encadrement des mineurs
Le pacte de relance a créé des unités
à encadrement éducatif renforcé. 17 sont aujourd'hui
ouvertes. Elles accueillent 167 mineurs dont l'âge moyen est de seize ans
et demi.
Il importe de s'assurer qu'elles sont gérées par des
éducateurs solides et formés, seule condition de leur
succès. En outre, le problème de la délinquance des
mineurs soulève la question de la responsabilité des parents, et
notamment leur responsabilité civile.
4. L'organisation et le fonctionnement de la justice
Le pacte de relance pour la ville a prévu de doubler le
nombre des maisons de justice en trois ans. Il importe de sortir ces
structures, qui fonctionnent bien, de leur phase expérimentale et de les
généraliser.
Votre rapporteur répète également son souhait de voir la
carte judiciaire enfin adaptée aux besoins.
C. HABITAT ET MIXITE SOCIALE
La politique de la ville, historiquement, a d'abord
été une politique de l'habitat. Cet héritage subsiste et a
été approfondi par le pacte de relance, qui a notamment mis
l'accent sur les problèmes des copropriétés
dégradées alors que cette question était
considérée comme extérieure au champ de l'intervention
publique.
Le pacte de relance pour la ville a surtout consacré la notion de
mixité sociale. Il autorisé les préfets à
déroger localement aux conditions de ressources d'accès au
logement locatif social au sein des zones urbaines sensibles. Il a
également exonéré les logements sociaux situés en
zones urbaines sensibles de la contribution de surloyer pour les logements
occupés par les locataires dépassant les plafonds de ressources.
Ces locataires sont également exemptés des dispositions relatives
au complément de loyer de solidarité.
Le ministre du logement a annoncé le dépôt d'un projet de
loi relatif à la lutte contre les exclusions. Votre rapporteur souhaite
que ce texte poursuive l'effort entrepris par le pacte de relance.
III. LA LISIBILITE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE PEUT ETRE AMELIOREE
A. REDEFINIR LE ROLE ET LES RESPONSABILITE DES ACTEURS
L'Etat est le principal bailleur de la politique de la ville.
Par conséquent, ses représentants sont au centre de la mise en
oeuvre de la politique de la ville. Du fait de la déconcentration des
crédits de la ville, les préfet jouent en rôle central qui
ne cesse de se renforcer. Ils sont assistés dans trente
départements de sous-préfets chargés des questions de la
ville et dans cinquante autres de " correspondants-ville "
qui
coordonnent la mise en oeuvre des projets et mobilisent les acteurs locaux. Les
crédits sont répartis entre les départements par le
préfet de région.
Les préfets siègent également dans les instances de
contrôle des contrat de ville aux côté des autres
financeurs. Du fait de la prépondérance des financements
étatiques et surtout de leur pouvoir de ne pas poursuivre le financement
de certains programmes pourtant contractuels, les préfets parviennent
à imposer leurs vues dans la détermination du choix des actions
dans des proportions supérieures à celles de la part de leurs
engagements financiers dans les contrats de ville. Le pacte de relance pour la
ville a ajouté un nouvel acteur aux instances de suivi des contrats de
ville : le délégué de l'Etat, que le préfet a la
faculté de nommer.
La gestion des crédits non globalisés, dont le montant reste
considérable du fait de la difficulté d'incorporer l'ensemble des
crédits dans le FIV, relève des services
déconcentrés des ministères. Or, du fait de la
globalisation, qui conduit au renforcement du rôle des préfets, et
des versements effectués par les ministères au FIV, les services
déconcentrés se sentent souvent exonérés d'un
effort particulier en faveur de la politique de la ville. Il conviendrait de
faire évoluer cette conception.
Les maires sont les élus les plus proches des réalités des
villes. Pourtant, leur influence sur la conduite et sur le contenu des projets
n'est pas à la hauteur de leur position stratégique. Il serait
souhaitable que la réforme des procédures contractuelles conduise
à un rééquilibrage de l'influence respective des
différents acteurs.
B. SIMPLIFIER LES PROCEDURES
La contractualisation, par la multiplicité des acteurs
qu'elle mobilise, a conduit à un enchevêtrement extrême des
procédures. A cet égard, les grands projets urbains, qui vont au
delà de la contractualisation par l'ampleur des transformations du
paysage urbain qu'ils visent, sont exemplaires. En effet, l'élaboration
des partenariats a parfois nécessité trois ans. Il importe de
souligner que les douze GPU sont à présent entrés dans
leur phase de réalisation.
Une fois les actions élaborées, la mobilisation des
crédits nécessaires à leur financement est
également source de lourdeurs administratives. Le rapporteur du Conseil
économique et social M. Jean Billet consacré au suivi et à
la réalisation des contrats de plan rendu en mai 1997 a mis en
évidence les problèmes provoqués par le financement
croisé des projets. Ses remarques sont également valables pour
les contrats de ville. Les versements de l'Etat sont aléatoires du fait
de la régulation budgétaire qui peut intervenir en cours
d'exercice, ce qui a pour effet de retarder la mise en oeuvre de projets alors
même que les cocontractant auraient eux dégagé les sommes
nécessaires au financement de leur quote-part.
La mise en place du FIV a permis de procéder à un début de
globalisation, ce qui limite les sources de blocage. Il n'en reste pas moins
que la contractualisation est tributaire de décisions qui
n'appartiennent pas aux acteurs de la politique de la ville.
C. AMELIORER L'EVALUATION
L'absence, à un an de leur échéance, de
données relatives à l'exécution des contrats de ville
souligne la faiblesse des mécanismes d'évaluation de la politique
de la ville. Pourtant, la plupart des textes comportent des dispositions
prévoyant une évaluation :
- le Conseil national des villes est censé publier chaque année
un rapport sur la mise en oeuvre des procédures contractuelles. Si ces
rapports existent, ils n'ont pas été transmis à votre
rapporteur.
- le comité interministériel à la ville a confié
aux préfets la réalisation annuelle du bilan des engagements
financiers de l'Etat et de ses partenaires dans le cadre des contrats de ville.
Ces documents, appelés " annexes financières ",
comportent quatre à cinq pages de données chiffrées,
à raison de raison de 214 contrats de ville.
- les comités de pilotage des contrats de ville doivent eux aussi
dresser un bilan progressif de leur action mais, selon la DIV, "
le
recensement des démarches locales déjà engagées est
difficile à faire de façon exhaustive
".
- l'évaluation du volet " ville " des contrats de plan
Etat-région est confiée, au niveau régional, au
Commissariat général au plan. cette institution a, au premier
semestre de 1996, délégué 2,5 millions de francs pour
l'évaluation de la politique de la ville dans six régions en
application de la circulaire du 9 décembre 1993 relative à
l'évaluation des contrats de plan et ville. cette évaluation
n'est pas parvenue jusqu'à votre rapporteur.
- la délégation interministérielle à la ville doit
remettre au Parlement, en application du pacte de relance pour la ville, un
rapport annuel sur les dispositifs zonés. Ce rapport est en cours
d'élaboration.
La liste est encore sans doute longue des évaluations prévues
mais non réalisées, ou non transmises au Parlement. Votre
rapporteur sera particulièrement attentif à ce volet lors de la
renégociation des contrats de plan. Il souligne que cette
renégociation n'aurait pas été perturbée par le
calendrier électoral, comme elle menace de l'être, si des
données fiables avaient été disponibles plus tôt.
CHAPITRE IV :
L'EXECUTION DE LA LOI DE FINANCES
POUR 1997
Les crédits consacrés à la politique de la ville dans le fascicule " Ville et intégration " s'établissaient à 851,2 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1997.
I. LES ANNULATIONS DE CREDITS DU MOIS DE JUILLET 1997.
La régulation budgétaire intervenue au cours des
dix premiers mois de l'année 1997 s'est limitée aux annulations
contenues dans le décret du 9 juillet 1997.
Les annulations venaient confirmer les gels déjà
effectués, correspondant à 15% des dépenses ordinaires et
à 25% des dépenses en capital.
Les crédits ayant fait l'objet d'un gel n'ont pas tous été
concernés par les annulations dans les mêmes proportions.
A. LES CRÉDITS SANCTUARISÉS.
En premier lieu, les dépenses consacrées
à la politique contractuelle (les chapitres 46-60-10 et 67-10-20),
regroupées dans le Fonds interministériel d'intervention en
faveur de la politique de la ville, le FIV, ont été
épargnées.
Plus généralement, les dépenses d'investissement du titre
VI (chapitre 67-10), qui alimentent, outre les investissements
contractualisés, le fonds social urbain et les grands projets urbains
ont été exonérées d'annulations. Elles ont
cependant été gelées à hauteur de 25%.
B. LA PORTÉE DES ANNULATIONS
Les annulations ont porté sur 32,42 millions de francs,
soit 3,8% des crédits votés en loi de finances initiale.
Les annulations ont eu des effets différents selon les chapitres du
titre III :
- le chapitre 37-82 qui, en 1997, finançait exclusivement les projets de
services publics de quartier, a été amputé de 15%.
Toutefois, du fait du taux de consommation notoirement faible de ce chapitre,
les annulations n'ont pas eu de conséquences pour les
bénéficiaires de ces subventions et tous les versements ont pu
être effectués.
- les moyens de fonctionnement de la délégation
interministérielle à la ville étaient, en 1997, encore
éclatés entre les chapitres 34-60 et 37-60. Ils sont les
principales victimes de la réduction de 15% des crédits, et des
économies internes ont du être réalisées.
Le gel forfaitaire de 15% des dépenses a été
transformé en annulation s'agissant des interventions du titre IV. En
réalité, seuls 3,4% des crédits ont été
annulés compte tenu de la sanctuarisation des dépenses
contractuelles du chapitre 46-60 article 10.
Les crédits d'études et d'assistance technique, au titre V, ont
subi l'annulation des crédits gelés. Le gel, forfaitaire, portait
sur 25% des crédits de paiement.
II. L'OUVERTURE DE CREDITS REPORTES DES ANNEES PRECEDENTES.
Les annulations du mois de juillet ont été plus
que compensées par l'ouverture de 38,25 millions de francs de
crédits reportés des années précédentes.
L'analyse par titre des ouvertures de crédits reportés montre
que, s'agissant des moyens de fonctionnement de la DIV, les effets de
l'annulation ne sont pas compensés par les ouvertures de crédits
reportés. L'annulation de crédits en faveur des services publics
de quartier est compensée pour moitié.
Au titre IV des interventions de l'Etat en faveur de la politique de la ville,
l'ouverture des crédits reportés s'élève à
30 millions de francs, et bénéficie pour 18,68 millions de francs
à l'article 46-60-10 des dépenses contractuelles, qui avait
déjà été épargné par les annulations.
III. LES TRANSFERTS EN GESTION
Les transferts en provenance d'autres ministère et
à destination de l'enveloppe globalisée du fonds
interministériel d'intervention en faveur de la politique de la ville,
le FIV, se sont élevés à 226 millions de francs, dont 220
en dépenses ordinaires sur le chapitre 46-60 article 10 et 6 en
dépenses en capital sur le chapitre 67-20 artilce 20.
Le financement des opérations " ville-vie-vacances ",
figurant
à l'article 40 du chapitre 46-60, a bénéficié de
20,3 millions de francs supplémentaires en provenance d'autres
ministères.
EXAMEN EN COMMISSION
I. EXAMEN DES CRÉDITS
Réunie le mercredi 15 octobre 1997, sous la
présidence de M. Christian Poncelet, président, la
commission a procédé à l'examen des crédits de
l'emploi et de la solidarité, III- ville et intégration.
Répondant à
M.
Joseph Ostermann
, le
rapporteur spécial a précisé que la réduction de
130 millions de francs de la dotation du fonds d'intervention pour la
sauvegarde, la transmission et la restructuration des activités
commerciales et artisanales (FISAC) était due à la
non-consommation de sa dotation par l'établissement public de
restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA) dont la mise en
place, prévue par le pacte de relance pour la ville, a été
retardée. Il a indiqué que ces crédits avaient
été reportés sur l'exercice 1998 et seraient
vraisemblablement consommés, la mise en route de l'établissement
étant attendue avant la fin de l'année 1997.
II. AUDITION DE MME MARTINE AUBRY, MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ
S'agissant de la politique de la ville,
Mme Martine
Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité,
a rappelé que
serait lancée au début de l'année prochaine une loi cadre
de lutte contre les exclusions. Le total des moyens affectés à la
politique de la ville en 1998 se monte à 15 milliards de francs,
soit 1 milliard de plus qu'en 1997.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
estimé que cette politique devrait être réexaminée
en s'interrogeant sur l'utilité des crédits et l'adaptation des
procédures ; 1998 étant la dernière année des
contrats de ville, un bilan des contrats de ville et du pacte de relance sera
établi en 1999, ce qui justifie un budget de continuité pour 1998.
M. Alain Lambert, rapporteur général
a
souhaité savoir si le Gouvernement envisageait de prolonger les contrats
de ville jusqu'en 1999.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
assuré que, si l'expérience du contrat de ville apparaissait plus
fructueuse, celle-ci serait prolongée en 1999, et qu'il n'y aurait pas
de rupture des engagements de l'Etat en toute hypothèse. Elle a
ajouté qu'une véritable déconcentration des crédits
lui paraissait nécessaire en la matière.
III. ADOPTION DES CRÉDITS EN COMMISSION
Réunie le mercredi 19 novembre 1997, sous la
présidence de M. Christian Poncelet, président, la
commission a procédé à l'examen des crédits de
l'emploi et de la solidarité, II- Santé, solidarité et
ville.
Le rapporteur spécial a présenté deux amendements, l'un
visant à réduire les crédits du titre III et l'autre
tendant à diminuer les crédits du titre IV.
La commission a alors adopté ces deux amendements puis les
crédits de la santé, de la solidarité et de la ville ainsi
réduits.