CHAPITRE V
LA NON-MAÎTRISE DES DÉPENSES EN 1998
La présentation du projet de loi de finances pour 1998
par le gouvernement laisse entendre que toutes les actions nouvelles ont
été financées par redéploiements : en effet la
progression des dépenses est limitée au total à
21,3 milliards de francs, ce qui correspond à l'augmentation
inéluctable des charges de personnel (+ 19,1 milliards de
francs), et de la dette (+ 2,2 milliards de francs).
En fait, le tableau ci-dessous montre la
sagesse très relative
de
ce projet de loi de finances pour 1998 en termes de dépenses.
Les dépenses pour 1998
Tableau de bord simplifié
- croissance continue des
dépenses de personnel
|
+ 3,3 %
|
Titre III
|
- interventions économiques
(169,5 milliards)
|
- 0,9 %
|
Titre IV
|
- dépenses civiles en capital
|
- 0,4 %
|
Titres V et VI
|
- dépenses ordinaires militaires |
+ 1,7 % |
I. UN EFFORT D'ÉCONOMIE ?
A. LES DEUX APPROCHES POSSIBLES
1. La présentation en ratio de PIB pour marquer l'absence d'économie
Le gouvernement illustre de deux manières
différentes
l'effort d'économies
réalisé
dans le projet de loi de finances pour 1998.
- D'un point de vue macro-économique, l'effort de maîtrise des
dépenses est présenté par rapport au poids des
dépenses de l'Etat dans le PIB. Les dépenses du budget
général (nettes des recettes d'ordre) s'élevaient à
1.564 milliards de francs en loi de finances initiale 1997. Si la part des
charges nettes de l'Etat dans le PIB était restée constante, les
charges nettes auraient augmenté de 4,2 %, soit
+ 65,7 milliards de francs. Cette augmentation étant
limitée à 21 milliards de francs en projet de loi de
finances pour 1998, l'écart s'établit à
44,7 milliards de francs.
La croissance du PIB passant (en volume) de 2,3 à 3 %, on aurait pu
en inférer une amélioration automatique du solde
budgétaire grâce à de meilleures rentrées fiscales
et à de moindres dépenses. L'année n, une croissance
de 1 point de PIB engendrée par l'exportation offre une
amélioration du solde de 0,1 point ; une croissance de
1 point de PIB liée à la consommation des ménages se
traduit par une amélioration de 0,2 point de PIB.
Dans ces conditions, la présentation macroéconomique de la
maîtrise des dépenses (à hauteur de 44,7 milliards de
francs) apparaît surestimée.