B. LA POURSUITE D'UN DEFICIT DE CROISSANCE
Le taux de croissance potentielle de l'économie française est estime depuis plusieurs années à 2,5 % par an.
Le taux de croissance potentielle est celui qui serait atteint si les facteurs de production -le travail et le capital pour l'essentiel- étaient normalement utilisés. L'écart entre le taux de croissance potentielle et le taux effectif de croissance -"l'écart de croissance"- permet de rendre compte lorsque le second est plus élevé que le premier des phénomènes de rareté et d'inflation. Lorsque la situation inverse se présente, il permet de rendre compte de phénomènes de sous-utilisation des facteurs de production (chômage, sous-investissement).
L'effet sur l'investissement du rythme de croissance observé en 1996 a été évoqué plus haut.
Mais, l'accumulation des "écarts de croissance" observés ces dernières années peut ainsi être présentée comme étant à l'origine de la hausse du chômage.
Ce phénomène se vérifie en 1996 puisque le nombre d'emplois devrait baisser au cours de l'année. A la fin du troisième trimestre, le nombre des emplois salariés était ainsi inférieur de 16.000 par rapport au niveau atteint fin 1995.
Dans ces conditions, même si fondamentalement cette évolution n'est guère souhaitable, il y a lieu de se féliciter que l'inflexion du rythme des gains de productivité du travail par tête permette de limiter l'impact sur l'emploi de l'insuffisance de croissance. C'est le phénomène décrit sous le nom d'enrichissement de la croissance en emplois.
Il est intéressant de noter que le ralentissement des gains de productivité du travail par tête s'est produit dans un contexte de baisse de la durée du travail sous l'effet en particulier du développement du travail à temps partiel. La concomitance de ces deux phénomènes vient quelque peu tempérer l'observation traditionnelle selon laquelle la baisse de la durée du travail s'accompagnerait nécessairement d'une hausse de sa productivité. Elle limite de façon importante les effets sur le chômage de l'écart de croissance.