II. LA PRÉSENCE ÉCONOMIQUE FRANÇAISE AUX PHILIPPINES N'EST PAS À LA MESURE DU RENOUVEAU ÉCONOMIQUE DONT BÉNÉFICIE CE PAYS
A. UN REDRESSEMENT ÉCONOMIQUE ENCORE INCOMPLET
1. Les facteurs d'un nouveau dynamisme
Sous l'égide du Fonds monétaire international (FMI) les Philippines ont adopté un programme d'ajustement structurel sur deux ans (1994-1996) présentant un double volet : stabilisation conjoncturelle par l'assainissement des finances publiques et le rétablissement des comptes extérieurs d'une part, réformes de structure d'autre part.
Le succès de la politique de stabilisation s'est traduit par les progrès de la croissance dans le respect des grands équilibres. En effet, la croissance du produit intérieur brut est passée de 2,2 % en 1993 à 4,4 % en 1994 et sans doute 6 % en 1995. La reprise économique a permis pour la première fois aux Philippines de connaître un excédent budgétaire représentant 1 % du PIB. Parallèlement l'inflation ne devrait pas dépasser 7 ou 8 % en 1995 (contre 9 % en 1994). Par ailleurs, la croissance n'a pas aggravé le déficit de la balance commerciale. En effet la dépréciation du peso philippin à la suite de la crise mexicaine de décembre 1994 a favorisé les exportations (dont la compétitivité s'est accrue de 9 % au cours du premier trimestre 1995) et permis de contenir la dégradation du solde commercial (- ' milliards de dollars). La balance des paiements courants demeure, quant à elle, bénéficiaire (168 millions de dollars) grâce aux entrées de capitaux étrangers et aux transferts (estimés entre 4 et 7 milliards de dollars) des travailleurs philippins établis hors de leur pays.
Les réformes structurelles reposent sur un renforcement du secteur privé par la déréglementation, des privatisations et des mises en concession de plusieurs projets d'infrastructure (énergie, eau, télécommunication). Enfin, la baisse des tarifs douaniers apparaît une autre manifestation de l'orientation libérale imprimée à l'économie des Philippines-
Le programme d'ajustement structurel n'aurait sans doute pas porte ses fruits sans le soutien de la communauté internationale : en 1994 les engagements d'aide des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux se son élevés à 2,8 milliards de dollars. Il convient de souligner le rôle notable de la Banque asiatique de développement dont les prêts ont atteint 140,9 millions de dollars. Surtout, parmi les contributeurs bilatéraux, le Japon figure au premier rang avec un engagement d'un milliard de dollars en 1994.
2. Toutes les difficultés ne sont pas surmontées
Les Philippines souffrent encore aujourd'hui d'un double handicap : l'insuffisance des recettes fiscales et la faiblesse des infrastructures.
La difficile collecte des impôts reste l'un des problèmes majeurs auxquels l'économie des Philippines apparaît confrontée. Le gouvernement actuel s'est d'ailleurs assigné pour objectif la réforme du système fiscal.
En conséquence, les dépenses publiques ne sont pas toujours à la mesure des besoins économiques du pays, notamment dans le domaine des infrastructures. L'épargne nationale n'est elle-même pas suffisante pour remédier à cette carence. Aussi les Philippines demeurent-elles très dépendantes des capitaux étrangers pour moderniser leur économie. Du reste ces besoins ont été satisfaits : le volume des investissements étrangers en 1995 a presque quintuplé par rapport à 1993 et s'élèvent à 6 milliards de dollars dont 2,3 milliards de dollars d'investissements directs.
La dépendance des Philippines à l'égard des capitaux extérieurs s'est traduite par une forte progression de la dette publique extérieure de 17,8 milliards de dollars en 1980 à 36,5 milliards de dollars fin 1994 (soit 61 % du PIB). Les derniers rééchelonnements décidés dans le cadre du Club de Paris ont permis cependant de réduire le service de la dette qui représente 18 % en 1995 des recettes courantes (contre 25 % en 1993). Les réserves officielles de change, au regard de l'endettement public, apparaissent modestes en volume (5 milliards de dollars en 1993, environ 7,5 milliards de dollars en 1994) mais présentent une certaine stabilité et correspondent à trois mois d'importations.