C. L'ÉVOLUTION GÉOGRAPHIQUE
1. L'année 1994 : une relative stabilité
Par grandes zones géographiques, le commerce extérieur n'enregistre pas d'évolution significative par rapport à 1993, mais cette approche recouvre des variations par pays qui méritent d'être soulignées.
a) Dans la zone OCDE, la reprise de l'investissement a induit un déficit
En ce qui concerne la zone OCDE , qui représente 80 % du commerce extérieur français, la reprise de l'investissement des entreprises est à l'origine d'un déficit de 5 milliards de francs. Ce recul recouvre le maintien des deux principaux déficits bilatéraux de la France avec le Japon et avec les États-Unis. En ce qui concerne le Japon, il faut signaler une amélioration du déficit de plus de 2 milliards de francs pour revenir à - 21,8 milliards de francs. Avec les États-Unis en revanche, le déficit se creuse de près de 700 millions de francs pour atteindre - 17,1 milliards de francs.
b) Au sein de l'Union européenne : l'impact des situations conjoncturelles
Dans cet ensemble, le principal secteur géographique est constitué par l'Union européenne qui représente 61 % de nos exportations et avec laquelle l'excédent commercial français recule de 2,4 milliards de francs.
L'évolution par pays dans l'Union européenne traduit l'impact sur les échanges de la situation conjoncturelle des partenaires commerciaux de la France. Ainsi, la croissance de 4 % enregistrée en Grande-Bretagne en 1994 a entraîné une progression de plus de 8 milliards de francs de l'excédent français par rapport à ce pays, qui atteint ainsi près de 27 milliards de francs. En revanche, la croissance limitée de l'Allemagne s'est accompagnée d'une disparition de l'excédent enregistré en 1993 (+ 2 milliards) et du retour d'un déficit s'élevant à environ 4 milliards de francs.
Au sein de l'Union européenne, il convient enfin de noter que si le solde commercial positif de la France par rapport à l'Espagne se maintient, il se dégrade par rapport à l'Italie et à la Belgique.
c) Avec l'AELE : un bilan contrasté
En ce qui concerne le solde commercial légèrement positif par rapport à l'ensemble des pays de l'AELE, il convient de noter que l'excédent d'environ 200 millions de francs recouvre un fort excédent par rapport à la Suisse (près de 17 milliards) et des échanges très déficitaires par rapport à certains pays Scandinaves (Finlande, Suède et Norvège) à hauteur de - 18 milliards de francs. L'origine de l'important déficit avec ces trois pays tient aux achats d'énergie et de matières premières (fer et bois notamment).
d) L'amélioration des performances par rapport à "l'Asie en développement rapide "
Il convient enfin de relever l'amélioration des performances à l'exportation de l'économie française vers l'ensemble des pays de "l'Asie en développement rapide".
Avec des exportations ayant crû de 20% en 1994, le déficit commercial français s'est en effet réduit de 6,6 milliards de francs par rapport à ces pays pour être ramené à son niveau le plus faible depuis quatre ans, soit - 2,3 milliards de francs.
Les échanges entre la France et la Chine restent déséquilibrés en dépit d'une amélioration récente Depuis 1990, les échanges entre la France et la Chine sont en progrès constants. Ils sont passés d'un total de 19,5 milliards de francs en 1990 à près de 35 milliards de francs en 1994. Toutefois, ces échanges sont déficitaires. Le solde de nos échanges bilatéraux qui s'était creusé au début des années quatre-vingt-dix pour atteindre 12,3 milliards de francs en 1993 se redresse légèrement depuis un an et demi. Il a diminué de 1,5 milliard de francs en 1994 et de 200 millions de francs sur les quatre premiers mois de 1995 par rapport à la même période de 1994. Cette évolution s'explique par la forte croissance de nos importations en provenance de Chine. Les importations de biens de consommation chinois, en particulier sont passées en cinq ans de 1 milliard de francs à 6 milliards de francs et représentent aujourd'hui 62% de nos importations. Il semble, toutefois, que cette progression ait été partiellement compensée par une baisse de nos importations en provenance d'autres pays asiatiques. Nos exportations vers la Chine, qui avaient reculé entre 1990 et 1992, progressent depuis trois ans. Elles atteignent aujourd'hui 12 milliards de francs. Elles sont constituées aux trois quarts de biens d'équipement et dépendent donc étroitement des grandes commandes passées un ou deux ans auparavant. Ainsi, les livraisons d'Airbus ont représenté en 1994, 36 % de nos 9 milliards de francs d'exportations de biens d'équipement. Les biens de consommation représentent encore une part limitée de nos exportations (3,3 % en 1994). Toutefois, la croissance du pouvoir d'achat et la multiplication des points de vente de produits importés pourraient à l'avenir être favorables à une croissance des achats chinois dans ce secteur. Dans ce contexte, notre part de marché reste faible. Avec une part de marché de 1,7 % en 1994, en légère progression par rapport à l'année précédente, la France est le 11ème fournisseur de la Chine derrière l'Allemagne (6ème) et l'Italie (8ème), mais devant la Grande-Bretagne. L'insuffisance traditionnelle des efforts commerciaux français en Asie, où notre part de marché est inférieure à 2 % et le "refroidissement" des relations politiques bilatérales entre 1989 et 1993 expliquent que nous n'ayons pu profiter pleinement de la croissance des importations chinoises comparativement à nos partenaires de l'Union européenne. |
Dernier secteur géographique présentant des résultats positifs dans les échanges commerciaux, les pays d'Amérique du sud, avec lesquels la France réalise un excédent de 5 milliards de francs, stable par rapport à 1993.
2. L'année 1995 : une poursuite des grandes tendances de 1994
La progression de l'excédent commercial provient essentiellement d'une amélioration du solde excédentaire réalisé dans la zone hors OCDE. Cette progression est de l'ordre de 27 milliards de francs au premier semestre de 1995 par rapport au premier semestre de 1994.
Ceci traduit une amélioration de notre solde commercial avec toutes les régions qui composent cette zone. II est remarquable de constater que ces performances résultent largement des bons résultats obtenus avec les pays en développement rapide d'Asie, avec un résultat en hausse de 12 milliards de francs.
Au sein de l'OCDE et hors Union européenne, il convient de noter une dégradation de près de 5 milliards de francs avec l'ensemble des pays de l'ALENA (États-Unis, Mexique, Canada). En revanche, la France poursuit la réduction de son important déficit bilatéral avec le Japon qui diminue de 3 milliards de francs environ d'un semestre à l'autre.
En ce qui concerne les échanges commerciaux au sein de l'Union européenne, l'excédent global pour la France s'élève à près de 16 milliards de francs, ce qui représente une progression de 1,5 milliard de francs par rapport au premier semestre de 1994.
Dans cet ensemble, il convient de relever le retour à l'excédent du solde commercial avec l'Italie après une progression de 4 milliards de francs au premier semestre 1995, ainsi qu'un maintien à haut niveau de l'excédent enregistré par rapport à la Grande-Bretagne qui, en baisse de 2,5 milliards de francs, représente 11 milliards de francs au cours du semestre. Les échanges avec l'Allemagne enfin, restent stables avec un solde négatif de - 2 milliards de francs.