II. LES ENJEUX DE LA SECTION TRANSFRONTALIÈRE

A. LE REPORT MODAL DE LA ROUTE VERS LE RAIL ET LA SÉCURISATION DES TRANSPORTS

Le projet ferroviaire Lyon-Turin vise à permettre au mode ferroviaire d'assurer plus de 50 % des échanges de marchandises transitant par les Alpes franco-italiennes.

Les trafics sur les Alpes franco-italiennes se concentrent sur 5 axes qui arrivent à saturation : les tunnels routiers du Mont-Blanc et du Fréjus, l'autoroute côtière A8 qui traverse notamment l'agglomération niçoise, la voie ferrée historique empruntant le tunnel de Fréjus et la ligne ferroviaire côtière.

Les Alpes franco-italiennes sont traversées par des flux majoritairement routiers (36,1 millions de tonnes en 2013) qui représentent 90 % des échanges de fret entre la France et l'Italie. Or, la majorité du trafic routier de marchandises qui emprunte les tunnels routiers parcourt plus de 500 kilomètres et entre donc pleinement dans le domaine de pertinence du mode ferroviaire. Les données de trafic transalpin routier de poids lourds entre 2008 et 2015, ainsi que le volume de marchandises transportées à travers les Alpes par la route et le rail en 2014, y compris par la Suisse et l'Autriche, figurent en annexe 4, document transmis par le ministère des affaires étrangères et du développement international 10 ( * ) .

Les flux ferroviaires, quant à eux - 3,7 millions de tonnes en 2013 - sont en régression depuis 1997, où ils avaient atteint 11 millions de tonnes. La part modale du fer sur les franchissements ferroviaires alpins français est passée de 18,9 % en 2000, à 10,6 % en 2010 et 9,2 % en 2013. Cette baisse s'explique par la concurrence de la route, en général plus accentuée sur des trajets de montagne, et par l'impact des travaux de mise au gabarit du tunnel historique du Mont Cenis.

L'estimation fine des effets du projet sur le trafic s'avère toutefois délicate. Dans ces conditions, il convient sans doute, comme le relevait le rapport de MM. Michel Destot et Michel Bouvard, de ne pas surestimer la validité' des prévisions de trafic qui servent de base aux études de rentabilité', notamment en matière de trafic de marchandises. On peut toutefois envisager un report de 700 000 à 1 000 000 de poids lourds par an de la route vers le rail 11 ( * ) .

Cette nouvelle liaison ferroviaire, qui facilitera les liaisons ferroviaires entre les vallées et les grandes agglomérations alpines de France et d'Italie, apportera un gain de temps significatif aux voyageurs. Le trajet voyageurs entre Lyon et Turin, actuellement similaire entre le mode routier et ferroviaire, avoisinera les trois heures à la mise en service du tunnel de base, soit un gain de 45 min ; le trajet Paris-Milan sera alors de 4 heures contre 7 aujourd'hui et le trajet Milan-Barcelone sera de 6h30 contre 12 actuellement. On estime 12 ( * ) que le trafic international passerait de 1,2 millions de voyageurs à 4 millions, dont 1,2 millions reportés de l'aérien, tandis que le trafic national passerait de 5 millions à 8,7 millions de voyageurs.

L'économie de temps, d'énergie et la réduction de la pollution constituent des bénéfices socio-économiques pour le trafic de voyageurs, venant s'ajouter aux avantages attendus pour le transport des marchandises.

S'agissant du report modal, votre rapporteur considère toutefois qu'il ne tiendra toutes ses promesses que si la France se dote d'une politique globale efficace en faveur du développement du fret ferroviaire.

Ce projet aura également pour objet de sécuriser les transports dans les Alpes franco-italienne marqués par les incendies mortels dans les tunnels routiers du Mont-Blanc en 1999 et du Fréjus en 2015 et par la situation préoccupante de l'autoroute A8 au niveau de Nice - bloquée par un éboulement rocheux en 2006. Force est de constater qu'il n'existe pas d'alternative efficace aux axes routiers entre la France et l'Italie à ce jour et que tout blocage d'un de ces axes entraîne des conséquences considérables sur les échanges commerciaux. De plus, l'importance du trafic de poids lourds sur les routes et autoroutes alpines constitue un important facteur d'insécurité pour la circulation des véhicules légers.


* 10 Réponses au questionnaire.

* 11 Auditions.

* 12 Auditions.

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