B. LA SITUATION CRITIQUE DE L'EMPLOI DES JEUNES
1. Un constat : la perpétuation d'un taux de chômage élevé et de difficultés spécifiques d'insertion
a) Une partie de la jeunesse se situe en dehors de la population active
Population marquée par la fin de la scolarité obligatoire, l'achèvement des études secondaires, le passage éventuel par l'enseignement supérieur et l'entrée dans la vie active, les jeunes, de seize à vingt-six ans, ne constituent pas un ensemble cohérent mais sont au contraire, au regard de l'emploi, dans des situations très différentes.
Ainsi, le taux d'activité des 15-24 ans, c'est-à-dire le rapport entre le nombre d'actifs, en emploi ou au chômage, et leur nombre total est de 37,9 % contre 70,4 % pour les 15-64 ans. Autrement dit, plus de six jeunes sur dix se trouvent en dehors du marché du travail.
Il est donc important de rappeler que le chômage ne concerne, chez les jeunes, que la part d'entre eux qui entrent dans la définition de la population active. Le taux de chômage, qui mesure le pourcentage de chômeurs dans la population active, est donc calculé sur la base des 37,9 % de jeunes de quinze à vingt-quatre ans qui ont achevé leurs études ou qui suivent une formation en alternance. Cela s'explique en particulier par la durée des études et le fait que peu de jeunes travaillent durant celles-ci. En 2011, selon les chiffres de la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques 3 ( * ) (Dares), seulement 15 % des jeunes en formation initiale étaient sur le marché du travail alors que 87 % des jeunes ayant achevé leurs études étaient actifs.
b) Un taux de chômage supérieur à celui du reste de la population active
Atteignant selon l'Insee 24,9 % au troisième trimestre 2012, le taux de chômage des 15-24 ans est 2,5 fois supérieur à celui de la population globale. Ce n'est pas un phénomène nouveau : comme le montre le graphique suivant, il n'est jamais descendu sous la barre des 18 % depuis trente ans.
Evolution du taux de chômage des 15-24 ans
Source : OCDE (2012), Perspectives de l'emploi, Editions OCDE, Paris.
Sur ce point, la France se caractérise par un taux plus élevé que celui de ses voisins européens, où il était en moyenne de 21,4 % en 2011. Cette comparaison internationale est toutefois à relativiser : comme l'a montré une étude de la direction générale du Trésor 4 ( * ) , le fait que le cumul emploi-études est moins développé en France, où il concerne 15,5 % des 15-24 ans, qu'aux Pays-Bas (63,3 %), en Allemagne (36,8 %) ou au Royaume-Uni (31,5 %), réduit le nombre d'actifs occupés dans cette classe d'âge .
Nouveaux entrants sur le marché du travail, les jeunes connaissent un chômage frictionnel, mécaniquement plus élevé que le taux de chômage du reste de la population à cause de la durée de recherche d'un premier emploi. Comme le montrent les données de la Dares, à la fin de l'année 2010, 19,5 % des actifs présents sur le marché du travail depuis moins de quatre ans étaient au chômage contre 11,4 % de ceux ayant entre cinq et dix ans d'ancienneté et 7,4 % de ceux présents depuis plus de dix ans . De plus, leur taux de chômage est très sensible à la conjoncture économique et surréagit à ses variations : son évolution, dans un sens comme dans l'autre, est plus forte que celle du taux de croissance.
Traditionnellement, le niveau de diplôme constitue le principal facteur déterminant le risque d'être au chômage pour les jeunes. Ainsi en 2010, parmi les jeunes ayant terminé leurs études depuis moins de quatre ans, une personne peu ou pas diplômée a, selon la Dares, une probabilité d'être au chômage presque sept fois supérieure que celle d'un diplômé du supérieur .
Toutefois, la crise économique n'a pas épargné les diplômés de l'enseignement supérieur. S'ils bénéficient toujours d'une situation en matière d'emploi bien plus favorable que celle des non-diplômés, ils ont connu avec la crise, entre 2008 et 2009, une hausse de leur taux de chômage proportionnellement plus forte que celle des autres catégories de jeunes actifs. Le rôle protecteur du diplôme reste une réalité que la poursuite de la stagnation de l'économie française pourrait bien amoindrir.
* 3 Emploi et chômage des 15-29 ans en 2011, Dares Analyses n° 90, décembre 2012.
* 4 Le chômage des jeunes : quel diagnostic ?, Trésor-Eco n° 92, septembre 2011.