B. LA DÉGRADATION DE LA COMPÉTITIVITÉ DE LA FRANCE

1. Les soldes extérieurs : un indicateur à manier avec précaution

L'attention se focalise souvent sur les soldes extérieurs, comme la balance commerciale, dont la dégradation depuis la fin des années 1990 est interprétée comme le signe de celle de la compétitivité.

Il s'agit toutefois d'un indicateur trompeur. En effet, une fois corrigés du solde des importations et exportations d'hydrocarbures (qui dépend lui-même essentiellement de l'évolution du prix du pétrole), on n'observe pas d'évolution significative, comme le montre le graphique ci-après.

Balance commerciale, balance des biens et services, solde extérieur courant

1. En points de PIB

2. En milliards d'euros

Balance commerciale

Balance des biens et services

Balance des biens et services hors extraction d'hydrocarbures

Solde extérieur courant

1999

8,5

29,2

12,5

37,7

2000

-10,6

14,3

23,9

20,9

2001

-4,6

17,0

23,6

22,2

2002

0,6

23,5

21,2

14,3

2003

-4,3

14,2

22,5

7,7

2004

-14,2

6,7

26,5

2,9

2005

-34,0

-10,9

35,8

-13,7

2006

-41,0

-18,8

43,7

-14,8

2007

-52,8

-29,2

42,3

-25,7

2008

-67,3

-40,7

56,0

-36,6

2009

-53,5

-34,2

35,0

-39,2

2010

-64,3

-45,3

-43,3

Source : Insee, calculs de la commission des finances

Solde extérieur courant, balance commerciale, balance des biens et services, balance des paiements : quelques rappels

Le solde courant est la notion généralement utilisée par les économistes pour synthétiser les échanges d'un pays avec l'extérieur. Il comprend non seulement la balance commerciale (qui correspond aux seules marchandises), et plus généralement le solde des biens et services, mais aussi le solde des revenus courants (comme les revenus de capitaux placés à l'étranger) et le solde des transferts courants (comme l'aide internationale).

La notion est différente de celle de balance des paiements. En effet, la balance des paiements est par définition structurellement équilibrée, puisqu'elle comprend, outre le solde courant, les contreparties de celui-ci (c'est-à-dire les entrées ou sorties de capitaux en résultant en sens inverse).

2. Un indicateur pertinent : la part dans les exportations mondiales ou des Etats de la zone euro

L'indicateur le plus pertinent pour évaluer l'évolution de la compétitivité de la France est celle de sa part dans les exportations mondiales ou dans celles des Etats de la zone euro .

Dans le premier cas, l'indicateur n'a toutefois de sens que dans le cadre d'une comparaison avec les autres Etats développés. En effet, alors que le reste du monde se développe, il est inévitable que la part des Etats développés dans les exportations mondiales diminue.

Ces deux indicateurs de compétitivité sont ceux retenus par la Commission européenne dans le tableau de bord qui lui sert à mettre en oeuvre la procédure précitée relative aux déséquilibres macroéconomiques, instaurée dans le cadre du « Six Pack ».

Le graphique ci-après, tiré du rapport annuel de la Commission européenne publié le 14 février 2012 dans le cadre de la « procédure d'alerte », montre que la France a connu une évolution plus défavorable que celle de la plupart des Etats de la zone euro .

Evolution des parts de marché

(en %)

Les Etats sous programme sont indiqués par une astérisque (*).

Source : Commission européenne, rapport du mécanisme d'alerte sur la base des articles 4 et 5 du règlement sur la prévention et la correction des déséquilibres excessifs, 14 février 2012 (COM(2012) 68 final)

La Commission européenne retient dans son tableau de bord un seuil indicatif de - 6 % 162 ( * ) . Autrement dit, elle considère que la situation d'un Etat est en principe « anormale » dès lors qu'au cours des cinq dernières années, ses parts de marché mondiales à l'exportation ont diminué de plus de 6 %.

Avec une diminution de 19,4 % de ses parts de marchés mondiales à l'exportation au cours des cinq dernières années, la France est l'Etat de la zone euro le plus mal placé après la Grèce , comme le montre le tableau ci-après.

L'évolution en cinq ans des parts de marché mondiales à l'exportation,
selon la Commission européenne

(en %)

Evolution

Zone euro

Grèce

-20,0

Chypre

-19,4

France

-19,4

Italie

-19,0

Finlande

-18,7

Belgique

-15,4

Autriche

-14,8

Irlande

-12,8

Espagne

-11,6

Portugal

-8,6

Allemagne

-8,3

Pays-Bas

-8,1

Slovénie

-5,9

Estonie

-0,9

Luxembourg

3,2

Malte

6,9

Slovaquie

32,6

Hors zone euro

Royaume-Uni

-24,3

Danemark

-15,3

Suède

-11,1

Hongrie

1,4

République tchèque

12,3

Lituanie

13,9

Lettonie

14

Bulgarie

15,8

Pologne

20,1

Roumanie

21,4

Les lignes en grisé correspondent aux Etats dont les parts de marché ont diminué de plus de 6 % au cours des cinq dernières années (seuil indicatif retenu par la Commission européenne dans son tableau de bord).

Source : d'après Commission européenne, rapport du mécanisme d'alerte sur la base des articles 4 et 5 du règlement sur la prévention et la correction des déséquilibres excessifs, 14 février 2012 (COM(2012) 68 final)


* 162 La Commission européenne indique que ce taux de - 6 % correspond au quartile inférieur observé sur la période 1995-2007.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page