3. La SNCF : une embellie qui ne garantit pas la pérennité du modèle économique à long terme
a) La croissance de l'activité comme prélude à la rentabilité
Dans un contexte d'importantes mutations économiques, marquées par l'ouverture progressive du transport ferroviaire à la concurrence dans l'Union européenne et par la refonte du « premier paquet » ferroviaire, la SNCF s'attache à mettre en oeuvre son plan stratégique pour 2008-2012, intitulé « Destination 2012 ». Celui-ci prévoit notamment d'accroître le chiffre d'affaires de plus de moitié (soit 36 milliards d'euros) et de doubler le résultat opérationnel courant par rapport à 2007.
Après un résultat net déficitaire de 980 millions d'euros, l'exercice 2010 a été marqué par un retour aux bénéfices et une croissance de toutes les branches d'activité, comme l'illustre le tableau ci-après. Cette amélioration est cependant très liée à la croissance externe .
L'endettement net a augmenté de 18,5 % , le résultat net récurrent est resté inférieur de 300 millions d'euros à celui de 2008 et chaque branche ne dégage pas une rentabilité suffisante pour couvrir les investissements . En outre, la marge opérationnelle de la branche SNCF Voyages , qui comprend en particulier l'exploitation des TGV et représente l'activité la plus rentable du groupe, s'est dégradée , notamment en raison de la hausse de 12 % des péages facturés par RFF et de la baisse du taux de remplissage (de 5 % entre 2008 et 2010).
Le 1 er juillet 2011, l'agence de notation Moody's a abaissé d'un cran la note de la dette de long terme de la SNCF , qui est passée de AAA à Aa1. De fait, la dette brute du groupe a augmenté de près de 46 % entre 2000 et 2010. Ainsi que vos rapporteurs spéciaux l'ont relevé fin 2010, la SNCF fait en tout état de cause le « pari » de l'endettement et d'un modèle déséquilibré à court terme pour développer son offre, trouver des relais de croissance à l'international et in fine pérenniser une dynamique de croissance rentable.
Principaux résultats du groupe SNCF
(en millions d'euros)
2009 |
2010 |
Evolution 2010/2009 |
1 er semestre 2011 |
Prévision 2011 |
|
Chiffre d'affaires |
24 882 |
30 466 |
22,4 %* |
16 289 |
33 573 |
Marge opérationnelle |
1 688 |
2 163 |
28,1 %* |
1 366 |
2 815 |
Marge opérationnelle SNCF Voyages |
15,6 % |
12,7 % |
Baisse |
13,4 % |
N.D. |
Résultat opérationnel courant |
145 |
531 |
x 3,7 |
632 |
1 059 |
Résultat net (part du groupe) |
- 980 |
697 |
N.S . |
558 |
N.D. |
Capacité d'autofinancement |
1 499 |
1 431 |
- 4,5 % |
1 056 |
2 235 |
Investissements sur fonds propres |
2 211 |
2 127 |
- 3,8 % |
1 126 |
2 537 |
Effectifs (à périmètre courant) |
200 097 |
240 978 |
20,4 % |
243 020 |
N.D. |
Endettement net |
7 172 |
8 499 |
18,5 % |
8 763 |
Stable |
* L'année 2010 est marquée par une forte croissance externe (nombreuses acquisitions réalisées par Geodis et prise de contrôle des filiales Keolis et Ermewa). A contrario , Eurostar est devenue une entreprise ferroviaire autonome le 1 er septembre 2010 et a donc été externalisée. La croissance organique en 2010 fut de 4,1 % et la progression de la marge opérationnelle à périmètre constant de 15,3 %.
Source : réponses du MEDDTL au questionnaire de vos rapporteurs spéciaux et rapports financiers de la SNCF
Sur les neuf premiers mois de 2011, le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de 24 191 millions d'euros, en hausse de 5,2 % à périmètre constant par rapport à la même période de 2010. Le groupe escompte une forte progression de la plupart des indicateurs financiers et d'activité sur l'ensemble de l'année 2011 et une stabilisation de l'endettement, qui a pourtant augmenté de 3,1 % au premier semestre.