II. LA COOPÉRATION FRANCO-COLOMBIENNE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ INTÉRIEURE

La coopération franco-colombienne dans le domaine de la sécurité intérieure a été mise en place il y a une quinzaine d'années et à déjà donné lieu à de multiples applications. Elle présente un intérêt évident compte tenu des retombées des activités criminelles colombiennes dans notre pays, principalement le trafic de cocaïne. L'accord du 22 juillet 2003, inspiré des textes de même nature conclu entre la France et plus de vingt pays, permet de donner à cette coopération un cadre juridique plus précis et plus visible.

A. L'INTÉRÊT D'UN COOPÉRATION POLICIÈRE ACCRUE AVEC LA COLOMBIE

La France et les autres pays européens constituent un marché de plus en plus important pour l'écoulement de la cocaïne colombienne. L'action déterminée menée par les Etats-Unis contre le trafic et la consommation de ce produit sur leur territoire a abouti progressivement à une saturation du marché nord-américain et à un report vers l'Europe, où l'arrivée de cocaïne progresse chaque année . Sur une production mondiale de cocaïne estimée à prés de 1000 tonnes, les experts internationaux estiment que la quantité importée d'Amérique Latine à destination du marché européen ne cesse de croître et dépasserait actuellement 200 tonnes.

Le flux de trafic en direction de l'Europe transite principalement par les pays sud-américains de la côte est et la zone caraïbe, notamment par nos départements d'outre-mer. Le grand trafic est maritime et aboutit principalement en Espagne sur les côtes de Galice, au Portugal, ainsi qu'aux Pays-Bas dans le port de Rotterdam. Il met également à profit la sous-organisation de certains pays de la côte ouest africaine où il trouve aisément des portes d'entrées. Par ailleurs, un trafic régulier par voie aérienne est opéré par des petits porteurs (souvent in corpore ), qui alimentent également notre marché. Ainsi en France, le trafic des passeurs aux aéroports continue d'augmenter de façon considérable à l'image de ce que connaissent tous les aéroports européens. En 2003, les services français ont interpellés 280 passeurs, recrutés par les cartels de la drogue pour transporter in corpore , à corps ou dans leurs bagages des quantités de cocaïne allant de 300 gr à 5 kg, le total des saisies aux aéroports s'élevant à 800 kg de cocaïne pour cette seule année.

Pour la France, l'ensemble des saisies de cocaïne effectuées en 2003 s'élevait à 4 173 kg, soit 14% de plus qu'en 2002, mais reste très inférieur à celles, dix fois plus importantes, opérées en Espagne (46 tonnes en 2003). Les interpellations de trafiquants ont également fortement augmenté, puisqu'elles sont passées d'environ 1 600 en 2002 à plus de 2 000 pour l'année 2003. Si l'on compte parmi eux plus de 600 trafiquants étrangers, le banditisme français s'est lui aussi impliqué, de longue date, dans ce trafic.

Les études épidémiologiques font état, pour la France, d'un triplement de l'initiation à la cocaïne entre 1992 et 2002. On dénombrerait 850 000 personnes l'ayant déjà expérimenté et 150 000 usagers à des degrés divers. Cette consommation touche des tranches d'âges de plus en plus jeunes, la cocaïne représentant désormais un impact voisin de l'héroïne. Sous sa forme de crack, elle est utilisée par les toxicomanes les plus désocialisés, particulièrement dans la région parisienne et la région des Antilles.

Les organisations colombiennes sont par ailleurs désormais présentes dans le trafic d'héroïne.

Si la lutte contre le trafic de drogue est la première priorité de notre coopération policière, d'autres activités illicites impliquant des organisations colombiennes ont été mises à jour, notamment en matière d'immigration clandestine, de proxénétisme ou de fabrication de fausse monnaie.

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