Annexe 88
L'ÉPANDAGE DES BOUES
EST-IL POTENTIELLEMENT
DANGEREUX ?
Source : Agence de l'eau Rhin-Meuse
Les
boues, comme les déjections animales, contiennent des micro-organismes
vivants (dont une infime partie est pathogène) et des contaminants :
Les risques liés aux micro-organismes pathogènes
sont des risques à court terme liés à leur durée de
vie très courte dans le sol (de quelques jours à quelques mois).
L'origine de ces micro-organismes est liée directement aux processus
septiques liés à la dégradation de la matière
organique dans les réseaux de collecte puis dans la station
d'épuration. Il est possible d'effectuer un traitement
d'hygiénisation
pour les réduire ou les éliminer
(digestion ou stabilisation thermophile, compostage ou chaulage).
Mais les boues d'épuration ne constituent pas un milieu favorable
à la survie de ces micro-organismes pathogènes. L'épandage
accélère en outre leur destruction en les soumettant aux
aléas climatiques (température, rayonnement solaire) et aux
effets du sol (compétition avec d'autres micro-organismes et la
microflore du sol, absence de matière organique, pH bas, sols sableux).
Aussi le risque sanitaire pour l'homme est infime si les précautions
réglementaires d'emploi sont respectées (renforcées si
épandage sur prairies).
Parmi les risques environnementaux liés aux agents
contaminants
présents dans les boues, on distingue ceux relevant des
composés traces organiques (CTO
)
(provenant de détergents,
solvants, pesticides domestiques, etc...) et les éléments traces
(ET) (métaux lourds), dont les risques sont liés aux
mécanismes d'accumulation dans les sols.
La notion de danger est à relativiser. Les sols contiennent
naturellement de fortes teneurs en éléments traces (métaux
lourds), représentent une surface cumulée très nettement
supérieure à celle vouée aux épandages des boues et
ne sont pas un milieu amplificateur de métaux comme les
chaînes marines.
Pour s'affranchir de ces risques minimes, la réglementation
française fixe des teneurs maximales et des flux annuels maximums
d'éléments traces à ne pas dépasser. Le respect de
ces normes est suffisant pour se prémunir des risques dus à la
présence des éléments indésirables
précités.
En outre les risques sanitaires et environnementaux induits par les boues
sont potentiellement moindres voire du même ordre de grandeur que des
apports banalisés.
Apport comparé d'éléments traces métalliques
Sources identifiées |
Éléments |
|||
Cadmium |
Plomb |
Zinc |
Cuivre |
|
Retombées atmosphériques (industries - voitures) |
3 % |
97 % |
2 % |
- |
Engrais (phosphatés) |
89 % |
|
|
|
Boues |
4 % |
1 % |
14 % |
1 % |
Composts urbains |
4 % |
2 % |
15 % |
1 % |
Lisiers de porc |
|
|
64 % |
6 % |
Produits phytosanitaires |
|
|
|
92 % |
Source : INRA Journées Techniques ADEME - 5/6
juin
1997 Contribution relative des différentes sources
d'éléments traces métalliques contaminant le sol
français
Apport comparé d'éléments traces organiques
|
Sols cultivés en zone agricole |
Sols cultivés situés en zone urbaine |
||||||
Composés |
Pluies |
Boues |
Fumures |
Engrais |
Pluies |
Boues |
Fumures |
Engrais |
PCB |
44 % |
38 % |
17 % |
1 % |
44 % |
38 % |
17 % |
1 % |
HPA |
44 % |
38 % |
17 % |
1 % |
80 % |
14 % |
6 % |
0 % |
Ainsi,
l'apport, via des boues, des éléments jugés comme
indésirables et néfastes dans les sols est minoritaire par
rapport à d'autres sources soit externes, soit sciemment
utilisées dans la production alimentaire.
Ces éléments objectifs tendent à accréditer les
thèses scientifiques fondées sur la pertinence d'un recyclage
agronomique de la matière organique dès lors que ses teneurs en
éléments indésirables sont réduites.