Annexe 78 - ÉTAPES ET PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DES EAUX USÉES
1. Les
prétraitements
Les prétraitements ont pour objectif d'éliminer les éléments les plus grossiers. Il s'agit des déchets volumineux (dégrillage), des sables et graviers (dessablage) et des graisses (dégraissage-déshuilage).
Au cours du dégrillage , les eaux usées passent au travers d'une grille dont les barreaux retiennent les matières les plus volumineuses. Le tamisage peut compléter cette phase de prétraitement.
Le dessablage débarrasse les eaux usées des sables et des graviers par sédimentation. Ces particules sont ensuite aspirées par une pompe. Les sables récupérés sont essorés, puis lavés avant d'être soit envoyés en décharge, soit réutilisés, selon la qualité du lavage.
Le
dégraissage
vise à
éliminer la présence de graisses dans les eaux usées,
graisses qui peuvent gêner l'efficacité des traitements
biologiques qui interviennent ensuite. Le dégraissage s'effectue par
flottation. L'injection d'air au fond de l'ouvrage permet la remontée en
surface des corps gras. Les graisses sont raclées à la surface,
puis éliminées (mise en décharge ou
incinération).
2. Le traitement primaire
Le traitement « primaire » fait appel à des procédés physiques, avec décantation plus ou moins aboutie, éventuellement assortie de procédés physico-chimiques, tels que la coagulation-floculation.
- La décantation primaire classique consiste en une séparation des éléments liquides et des éléments solides sous l'effet de la pesanteur. Les matières solides se déposent au fond d'un ouvrage appelé « décanteur » pour former les « boues primaires ». Ce traitement élimine 50 à 55 % des matières en suspension et réduit d'environ 30 % la DBO et la DCO.
- L'utilisation d'un décanteur lamellaire permet d'accroître le rendement de la décantation. Ce type d'ouvrage comporte des lamelles parallèles inclinées, ce qui multiplie la surface de décantation et accélère le processus de dépôt des particules. Une décantation lamellaire permet d'éliminer plus de 70 % des matières en suspension et diminue de plus de 40 % la DCO et la DBO.
- La décantation est encore plus performante
lorsqu'elle s'accompagne d'une
floculation
préalable.
La
coagulation-floculation
permet d'éliminer
jusqu'à 90 % des matières en suspension et 75 % de la
DBO. Cette technique comporte une première phase d'adjonction d'un
réactif, qui provoque l'agglomération des particules en
suspension. Les amas de solides ainsi obtenus sont appelés
« flocs ».
3. Les traitements « secondaires », l'élimination biologique des matières polluantes
a) Les traitements biologiques
Dans la grande majorité des cas, l'élimination des pollutions carbonée et azotée s'appuie sur des procédés de nature biologique . Les traitements biologiques reproduisent les phénomènes d'autoépuration existant dans la nature. L'autoépuration regroupe l'ensemble des processus par lesquels un milieu aquatique parvient à retrouver sa qualité d'origine après une pollution.
Les techniques d'épuration biologique utilisent l'activité des bactéries présentes dans l'eau, qui dégradent les matières organiques. En France, c'est aujourd'hui le procédé des « boues activées » ( cf. infra) qui est le plus répandu dans les stations d'épuration assurant un traitement secondaire.
Parmi les traitements biologiques, on distingue les
procédés biologiques extensifs et intensifs.
b) Les procédés biologiques extensifs
Le
lagunage
utilise la capacité
épuratrice de plans d'eau peu profonds. Les eaux usées sont
envoyées dans une série de bassins. L'oxygène est
apporté par les échanges avec l'atmosphère. La pollution
organique se dégrade sous l'action des bactéries présentes
dans le plan d'eau. Ce mode d'épuration permet d'éliminer 80
à 90 % de la DBO, 20 à 30 % de l'azote et contribue
à une réduction très importante des germes. Il a cependant
l'inconvénient d'utiliser des surfaces importantes.
c) Les procédés biologiques intensifs
Ils regroupent toute une série de techniques ayant en commun le recours à des cultures bactériennes qui « consomment » les matières polluantes. Il existe deux grandes catégories de procédés biologiques artificiels.
Les installations à « boues activées » : il s'agit d'un système d'épuration aérobie, c'est-à-dire nécessitant un apport d'oxygène. La culture bactérienne est maintenue dans un bassin aéré et brassé. Les matières organiques contenues dans l'eau se transforment en carbone (sous la forme de dioxyde de carbone - CO 2 ) sous l'action des bactéries. Les résidus ainsi formés, contenant ce stock de bactéries, sont appelés « boues ». Après un temps de séjour dans un bassin d'aération, l'effluent est renvoyé dans un clarificateur , appelé aussi décanteur secondaire. Ensuite, les boues sont soit envoyées dans une unité de traitement spécifique, en vue de leur épandage agricole ou de leur élimination, soit réinjectées pour partie dans le bassin d'aération. On qualifie cette opération de « recirculation des boues ».
Les traitements par boues activées éliminent de 85 à 95 % de la DBO5, selon les installations. C'est le traitement biologique le plus simple et le plus fréquemment utilisé actuellement en France.
Les installations à « cultures fixes ». La technique des lits bactériens consiste à faire ruisseler les eaux à traiter sur un support solide où se développe une culture de micro-organismes épurateurs, le « film biologique » ou « biofilm ». Le rendement maximum de cette technique est de 80 % d'élimination de la DBO. Ces procédés équipent moins de 10 % du parc français des stations d'épuration. Ils sont en général réservés aux installations d'une taille inférieure à 2 000 équivalents-habitants.
La biofiltration utilise une culture bactérienne fixée sur un support granulaire. Le milieu granulaire sert à la fois de filtre et de support aux cultures bactériennes. Cette installation offre donc la possibilité de réaliser conjointement la dégradation des matières polluantes et la clarification des eaux usées. Quel qu'il soit, le matériau retenu doit se caractériser par son action filtrante et permettre une fixation maximale des cultures biologiques. Un système d'aération apporte l'oxygène nécessaire à l'intérieur du filtre. Cette technique élimine environ 90 % de la DBO et peut également éliminer l'azote.
d) Les procédés membranaires
Les procédés membranaires combinent des
procédés biologiques et physiques. Ces membranes très
fines constituent une barrière physique qui retient les micro-organismes
et les particules.
4. Clarification et rejet des effluents
A l'issue des traitements, une ultime décantation
permet de séparer l'eau épurée et les boues ou
résidus secondaires issus de la dégradation des matières
organiques. Cette décantation est opérée dans des bassins
spéciaux, les
clarificateurs
. L'eau
épurée peut alors être rejetée dans le milieu
naturel.
5. La désinfection
Les traitements primaires et secondaires ne détruisent pas complètement les germes présents dans les rejets domestiques. Des procédés d'élimination supplémentaires sont donc employés lorsque les eaux traitées sont rejetées en zone de baignade ou de pisciculture.
Le
chlore
est le désinfectant le plus
courant. Mais la désinfection peut également s'effectuer avec
l'
ozone
ou le
brome
, voire le
dioxyde
de chlore
.
5. Les traitements complémentaires
L'élimination de l'azote
Les stations d'épuration prévues pour éliminer les matières carbonées n'éliminent qu'environ 20 % de l'azote présent dans les eaux usées. Pour satisfaire aux normes de rejet en zones sensibles, des traitements complémentaires doivent être mis en place.
L'azote organique se transforme dans les eaux usées en azote ammoniacal (NH 4+ ). L'élimination de l'azote ammoniacal est, le plus souvent, obtenue grâce à des traitements biologiques, de « nitrification-dénitrification ». La nitrification consiste en une transformation, par des cultures bactériennes, de l'azote ammoniacal en nitrates (NO 3 ), une forme oxydée de l'azote. Une seconde phase, la dénitrification , complète le processus. Les nitrates, sous l'action de bactéries « dénitrifiantes », sont transformés en azote gazeux. Ce gaz s'échappe alors dans l'atmosphère.
L'élimination du phosphore
L'élimination du phosphore, ou « déphosphatation », peut être réalisée par des voies physico-chimiques ou biologiques.
En ce qui concerne les traitements physico-chimiques , l'adjonction de réactifs, comme des sels de fer ou d'aluminium, permet d'obtenir une précipitation de phosphates insolubles et leur élimination par décantation. Ces techniques, les plus utilisées actuellement, éliminent entre 80 et 90 % du phosphore, mais engendrent une importante production de boues.
La déphosphatation biologique consiste à provoquer l'accumulation du phosphore dans les cultures bactériennes des boues. Le rendement moyen est d'environ 60 %.