Annexe 14 - LES ALTÉRATIONS DES EAUX SOUTERRAINES

L'originalité du SEQ eaux souterraines est d'évaluer la qualité des eaux par classe et par altération. Une altération est une dégradation de l'eau estimée à partir d'un regroupement de paramètres de même nature ou ayant le même effet. Les principales altérations sont les suivantes :

1. Altération « matières azotées »

Cette altération est prise en compte pour le classement synthétique et pour les usages « production d'eau potable » et « abreuvage ».

Les paramètres principaux sont l'ammonium et les nitrites. L'ammonium est lié soit à la réduction des nitrates (la réduction est une réaction chimique inverse de l'oxydation), soit aux activités humaines (rejets d'effluents des stations d'épuration, activités industrielles, élevage...). L'ammonium est un indice d'une possible contamination microbiologique. Il peut aussi modifier le goût de l'eau ou provoquer la prolifération de bactéries nitrifiantes. Les nitrites proviennent d'une transformation de l'ammonium par les bactéries. Leur présence est signe d'une pollution d'origine bactériologique et organique. Les nitrites sont aussi les plus toxiques. Les nitrites sont aussi les plus toxiques.

2. Altération « minéralisation et salinité »

Cette altération est prise en compte pour le classement synthétique et pour les usages « production d'eau potable », « abreuvage » et « irrigation ».

La minéralisation correspond à la quantité de sels minéraux contenus dans l'eau. Elle est évaluée à partir des paramètres suivants : chlorures, sulfates, dureté de l'eau, calcium, magnésium, potassium, sodium... La présence de minéraux dans les eaux souterraines est souvent d'origine naturelle, et peut même être recherchée (elle est à la base de l'exploitation des eaux embouteillées), mais en excès, ils peuvent provoquer des inconvénients (altération gustative, laxative) et des maladies (maladies rénales...). Un certain nombre « d'eaux minérales » ne pourraient pas être distribuées au robinet.

3. Altération « matières organiques et oxydables »

Cette altération est prise en compte pour le classement synthétique et pour l'usage « production d'eau potable ».

L'origine principale est la décomposition des êtres vivants qui entraîne une consommation d'oxygène et une prolifération bactérienne. L'un des paramètres est le carbone organique dissous -COD.

4 et 5. Altération « particules en suspension »/« fer et manganèse »

Cette altération est prise en compte pour le classement synthétique et pour l'usage « production d'eau potable »

L'altération est définie par la turbidité (l'aspect trouble de l'eau), elle-même liée soit à la présence de fer et manganèse, qui peut être une altération à elle seule, soit à la présence de matières en suspension (MES). Les matières en suspension, constituées de micro particules (argiles, plancton...) proviennent le plus souvent des eaux de ruissellement après des épisodes orageux : la pluie s'engouffre par des voies de cheminement préférentiel, rejoint les nappes. La turbidité étant souvent liée à la pluie, les mesures réalisées à dates fixes ne sont pas forcément représentatives de l'altération réelle...

6. Altération « micropolluants organiques »

Cette altération est prise en compte pour le classement synthétique et pour l'usage « production d'eau potable ».

Ces micropolluants ont pour caractéristique d'être d'origine anthropique, industrielle ou urbaine (circulation automobile) et d'avoir des propriétés toxiques avérées (molécules cancérigènes, tératogènes ou mutagènes). Ils sont très peu biodégradables et constituent donc un risque pour la contamination des eaux de surface. On distingue dans cette famille les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui sont des hydrocarbures liés à la circulation automobile, les PCB polychlorobiphényles utilisés dans les dans les plastiques et les peintures, les organes chlorés volatils, les OHV -organochlorés volatils.

7. Altération « micropolluants minéraux »

Cette altération est prise en compte pour le classement synthétique et pour les usages « eau potable », « abreuvage » et « irrigation ».

A l'exception des métaux lourds (mercure, plomb, cadmium), les métaux sont utiles au développement des êtres vivants. Ils sont toutefois toxiques à de fortes concentrations. Leur origine peut être naturelle ou anthropique, d'origine agricole (engrais chargés en cadmium ou en zinc, déjection animale chargée en cuivre, manganèse ou zinc), mais surtout d'origine urbaine (boues de stations d'épuration, chargées en plomb et mercure, corrosion des canalisations en plomb) et d'origine industrielle (métallurgie, industrie chimique). Quinze micropolluants sont pris en compte : l'aluminium, l'antimoine, l'argent, l'arsenic, le bore, le cadmium, le chrome, le cyanure, le mercure, le nickel, le plomb, le sélénium, le zinc.

8. Altération « nitrates »

Cette altération est prise en compte pour le classement synthétique, ainsi que pour les usages « production d'eau potable », « abreuvage » et pour déterminer l'état patrimonial.

Les nitrates constituent un élément nutritif majeur indispensable pour les plantes et proviennent de la décomposition des déchets organiques (transformation de l'ammonium en nitrites ou en nitrates). L'augmentation régulière de teneur en nitrates des eaux souterraines est suivie avec préoccupation. Les seuils de classement sont souvent discutés (voir ci-après).

9. Altération « pesticides »

Cette altération est utilisée pour le classement synthétique ainsi que pour les usages « production d'eau potable », « abreuvage », « irrigation » et pour déterminer l'état patrimonial.

Les pesticides sont exclusivement d'origine anthropique. Ruissellement, drainage, érosion, entraînent ces produits vers les eaux superficielles et les eaux souterraines sont contaminées par infiltration (transfert par le sous-sol) ou directement. Les familles de pesticides suivies dans les analyses d'eaux souterraines sont les triazines (atrazine...), les urées substituées (diuron), les organochlorés (lindane). Là aussi, les seuils sont discutés.

Seuils de classes de qualité pour les nitrates et les pesticides

(appliqués en 2002 dans le Seq eaux souterraines)

Classe

Nitrates

Pesticides
(cas général)

Bleu : Eau de très bonne qualité dont la composition est naturelle ou subnaturelle

< 10 mg/litre

< seuil de détection usuel

Vert : Eau de bonne qualité, proche de l'état naturel mais avec détection d'une contamination d'origine anthropique


10 - 20 mg/litre


0,01 - 0,05 ug/litre

Jaune : Eau de qualité passable. Dégradation significative par rapport à l'état naturel


20 - 40 mg/litre


0,05 - 0,1 ug/litre

Orange : Eau de qualité médiocre. Dégradation importante par rapport à l'état naturel


40 - 50 mg/litre


0,1 - 0,5 ug/litre

Rouge : Eau de mauvaise qualité. Dégradation importante par rapport à l'état naturel


> 50 mg/litre


> 0,5 ug/litre

Nota : Il s'agit du classement pour l'état chimique des eaux. Les seuils retenus pour l'état patrimonial restent discutés, certains experts considérant qu'il faut diviser les seuils par 20.

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