4. L'audiovisuel extérieur et le projet de chaîne d'information
Votre rapporteur spécial tient d'abord à souligner l'effort fait par le Gouvernement pour étoffer le rapport sur l'audiovisuel extérieur qu'il a l'obligation d'établir en application de l'article 79 de la loi de finances initiale pour 1997.
En dépit des sommes importantes consacrées au secteur de la communication, la France ne dispose pas d'une vitrine efficace en matière d'audiovisuel extérieur. C'est ce que montre la Cour des comptes dans un rapport particulier qui fera l'objet de développements spécifiques ultérieurs.
Certes, BBC World bénéficie d'un budget de 760 M€ plus de trois fois supérieur à celui que la France consacre à l'audiovisuel extérieur (234,4 M€).
Mais votre rapporteur spécial estime qu'il conviendrait, avant d'augmenter les dotations, de développer les synergies entre tous les acteurs de l'audiovisuel extérieur , ce qui lui semble loin d'être le cas tant au niveau national que sur le terrain à l'étranger.
La France a tout ce qu'il faut pour proposer au monde une vision française de l'actualité internationale mais elle le fait en ordre dispersé.
Bien sûr, elle dispose de Radio France International (RFI), qui a développé un réseau mondial présent dans 19 langues. Elle pourrait s'appuyer également sur l'AFP, qui, en dépit de sa différence de chiffre d'affaires avec Reuters, est une des grandes agences qui fournit au monde une vision de l'actualité en langue anglo-saxonne.
En matière télévisuelle, ce ne sont pas les outils internationaux existants, TV5 et Euronews, qui permettent à la France de se faire entendre et de présenter ses analyses comme le font CNN, la BBC World et, à certains égards, la chaîne Al Jazira.
Cette dispersion de moyens correspond également à la volonté de poursuivre des objectifs , si ce n'est contradictoires, du moins difficiles à combiner : offrir aux expatriés des programmes français , faire vivre la francophonie dans un cadre multilatéral et enfin disposer d'une télévision d'influence .
Le Président de la République, conscient de l'enjeu diplomatique et stratégique d'un tel vecteur de diffusion, a souhaité que l'on mette en place une chaîne d'information internationale .
Le ministre de la culture a précisé les intentions du Gouvernement à cet égard, en laissant entendre que la voix de la France n'était pas uniquement celle du secteur public, dans la mesure où tant la crédibilité politique que l'efficacité économique imposeraient une alliance entre secteur public et secteur privé.
Pour votre rapporteur spécial, l'approche est à l'évidence séduisante mais pourrait se révéler difficile à mettre en oeuvre. Tandis que Canal + a déjà des difficultés pour assurer la viabilité de i.télévision, TF1 n'est sans doute pas prêt à se lancer dans l'aventure sans financement spécifique.
Sans doute serait-il logique au moment où France Télévisions cherche à monter sa propre chaînes « Info », créneau déjà occupé avec succès par le secteur privé, d'orienter cette dernière vers une « joint venture » à l'international ? Mais, si le principe d'une association public-privé paraît bon, sa mise en oeuvre paraît plus problématique.
Il faut noter que des restructurations sont en cours. Ainsi, la « ligne bouquet satellitaire » sera réduite de 6,71 M€ à 2,55 M€. Il s'agissait d'une aide au démarrage et c'est la raison pour laquelle les candidats à ce type d'aide ont été informés qu'elle ne serait plus reconduite en 2004. Le ministère des affaires étrangères a souhaité ne pas bouleverser l'horizon des opérateurs qui avaient pu fonder leurs stratégies sur ce type de soutien public.
Par ailleurs, la ligne Euronews sera supprimée. Le retrait de l'opérateur britannique ITN, actionnaire à 49 % met cette chaîne en grande difficulté en dépit de l'aide de l'État et des soutiens locaux dont elle peut bénéficier. On a pas encore trouvé de solution à la situation créée par la volonté de retrait de l'opérateur britannique ITN. Les chaînes publiques pourraient accepter d'acquérir 100 % du capital, mais une telle possibilité se heurte pour l'instant à la volonté de l'Allemagne de ne pas participer au projet.
Il y a là un exemple des difficultés rencontrées par des chaînes d'information internationales. Sauf CNN, aucune chaîne d'information ne parvient à trouver son équilibre économique. Il y a là une certaine antinomie entre logique économique et intérêts politiques.