D. LA PROGRAMMATION DE LA DGCID : DES PRIORITÉS GÉOGRAPHIQUES PLUS COHÉRENTES MAIS UNE VENTILATION SECTORIELLE CRITIQUABLE

La programmation géographique et sectorielle de la DGCID pour 2003 était encore en cours de préparation lorsque les réponses au questionnaire budgétaire ont été reçues. L'analyse de la programmation pour 2002 fait toutefois ressortir les éléments suivants :

- le continent africain a bénéficié d'un certain redéploiement puisque sur un total de 1,32 milliards d'euros (titre III, IV, FSP et AFD), un peu plus de 48 % sont affectés à l'Afrique subsaharienne et 21,9 % à l'Afrique du nord et au Moyen-Orient, ce qui représente une progression notable par rapport à 2001 (respectivement 36 % et 20 %). La part dévolue à l'Europe centrale et orientale a diminué, passant de 7,4 % à 5,8 %, et celle de l'Asie et de l'Océanie a également régressé, passant de 10,1 % à 8,8 %. Les trois premiers pays bénéficiaires en 2002 sont le Maroc, la Tunisie et le Cameroun, suivis du Sénégal et de la Côte d'Ivoire ;

Stratégie de la coopération française en Afrique subsaharienne

Le ministère des affaires étrangères communique les éléments suivants sur les orientations de la coopération en Afrique :

« La politique d'aide au développement a permis de conforter en 2002 la prééminence des pays de l'Afrique subsaharienne et de l'Océan indien dans les programmes de coopération mis en oeuvre par la DGCID. Cependant, l'aide française sur ce continent, fondée sur une tradition de solidarité et d'échanges, doit évoluer vers une reconcentration de ses actions sur la base de critères mutuellement consentis. »

« Une stratégie fondée sur la solidarité, la fidélité et le partage des enjeux . Sur la base des grandes orientations fixées dans le cadre de la refondation de la politique française d'aide publique au développement, les programmes de coopération ont été adaptés à la diversité des pays bénéficiaires, et prioritairement orientés vers la lutte contre les causes de l'exclusion et de la pauvreté. Les programmes mis en oeuvre ou renforcés au cours de l'année 2002 ont privilégié le soutien à la satisfaction des besoins de base des populations, l'enracinement de la démocratie et le renforcement des États, l'appui aux efforts engagés par un grand nombre de pays africains dans la préparation de l'initiative de réduction de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE), et la mise en oeuvre des mécanismes bilatéraux de cette initiative, l'appui aux réconciliations et aux sorties de crise pour plusieurs pays d'Afrique francophone (dont Djibouti, la République centrafricaine, l'Union des Comores et Madagascar). »

« Une stratégie qui implique une évolution de notre politique de coopération et un recentrage de nos actions . La rénovation de notre politique de coopération s'est inspirée du souci de rationaliser nos instruments et de les rendre plus performants en termes de résultats, de s'ouvrir à la société civile et de dégager notre politique de coopération du soupçon de clientélisme attaché au « pré-carré ». Les interventions françaises y ont incontestablement gagné en productivité, efficacité et crédibilité mais en même temps, avec l'élargissement de la zone d'intervention (54 pays dans la ZSP), avec des moyens réduits, ces gains n'ont pas eu sur le terrain toute la visibilité méritée. Ce qui a été gagné en efficacité et performance, n'a pas toujours été gagné en influence et reconnaissance. Il sera sans doute nécessaire de procéder à une reconcentration progressive de notre aide sur nos partenaires traditionnels et sur les pays à gros enjeux stratégiques ou à enjeux régionaux majeurs. Les objectifs de l'aide resteront naturellement la lutte contre la pauvreté, la poursuite de notre appui à l'intégration régionale, autour de la zone franc, constituée des zones UEMOA et CEMAC et ce avec des critères de performance établis en commun. Par ailleurs, la France devra reprendre l'initiative en Afrique sur un certain nombre d'axes majeurs, en particulier dans le cadre de mise en oeuvre PPTE, que sont notamment la définition de politiques sectorielles cohérentes (santé, éducation de base, eau, forêts, pêche, État de droit, appui aux administrations financières, filières agricoles etc ..), l'accompagnement de la décentralisation des pays africains en commençant par l'échelon municipal, l'offensive contre le sida, la formation des élites africaines ou la bataille des images et de l'information en Afrique. »

- la ventilation par secteurs des crédits des titres III et IV donne des résultats beaucoup plus critiquables : 46,3 % pour la coopération culturelle et artistique (dont l'AEFE), 16,9 % pour l'action audiovisuelle et le cinéma, seulement 17,2 % pour la coopération institutionnelle et le développement économique et social - c'est-à-dire la coopération qui contribue le plus directement à la lutte contre la pauvreté - et 14,8 % pour la coopération universitaire et scientifique.

Il apparaît donc que le retour de l'Afrique comme réelle priorité géographique ne s'est pas encore accompagné d'une structuration sectorielle cohérente avec les objectifs affichés de l'aide française. Si la dimension culturelle est certes un cheval de bataille depuis longtemps mis en exergue par la France, il semble qu'elle soit aujourd'hui singulièrement hypertrophiée, pour un « retour sur investissement » pour le moins discutable, bien que la qualité de certains instruments de la coopération culturelle ne soit pas à nier (certains medias audiovisuels notamment). La France doit donc revenir à la vocation première de l'APD, qui est bien de contribuer directement à l'amélioration des infrastructures et des conditions de vie des populations les plus pauvres de la planète.

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