2. Une dépréciation de l'euro favorable à une amélioration de la compétitivité-prix
L'euro a poursuivi en 1999 et 2000 la tendance à la dépréciation par rapport au dollar observée depuis 1995. Après la stabilisation de l'évolution en 2001, la monnaie européenne enregistre une sensible remontée face au dollar au début de l'année 2002.
L'évolution par rapport au yen est plus heurtée : la hausse vis-à-vis de l'euro en 1999 et 2000 a plus que compensé la période de baisse des années précédentes. A la suite du retournement amorcé en 2001, le yen a accentué son mouvement de dépréciation au début de l'année 2002.
Sous l'effet de l'évolution des parités nominales, la France a connu de 1999 à 2000 une tendance à la dépréciation effective en termes réels par rapport à ses principaux partenaires de l'OCDE et a donc accumulé de substantiels gains de compétitivité-prix à l'exportation, lui permettant de maintenir sa position compétitive à un haut niveau malgré le retournement amorcé en 2001.
L'amélioration de la compétitivité-prix conduit rapidement à une amélioration du solde des échanges de biens manufacturés, toutes choses égales par ailleurs.
Depuis cinq ans, les gains de compétitivité ont sensiblement favorisé le dynamisme des exportations, tandis que les comportements de marge des exportateurs étrangers sur le marché national ont limité l'amélioration de la compétitivité-prix à l'importation des produits français, et ont donc peu déprimé le volume des importations. Cependant, les pertes de compétitivité-prix concédées récemment pourraient progressivement faire sentir leurs effets sur notre commerce extérieur.
Il convient toutefois de noter que la contribution des effets de compétitivité-prix à l'augmentation des échanges durant les dernières années est de second ordre, les « effets de demande en volume» (demande mondiale adressée à la France et demande finale française) restant prépondérants.
3. Les conséquences du renchérissement relatif de l'euro sur le commerce extérieur.
Depuis janvier 2002, l'euro s'est apprécié de près de 10 % par rapport au dollar. Cette appréciation devrait logiquement se traduire par une réduction de l'excédent commercial. Cet impact sera cependant modeste compte tenu du poids de la zone euro dans nos échanges ainsi que du comportement de marge des entreprises.
Les effets de l'appréciation de l'euro par rapport aux autres devises : Une appréciation du taux de change rend mécaniquement les produits français plus chers par rapport à ceux qui sont libellés dans une autre devise, ce qui tend à réduire nos exportations en volume. Cependant, une grande partie de nos échanges se fait avec nos partenaires de la zone euro, ce qui limite la concurrence ressentie par les produits français à l'exportation. Symétriquement, l'appréciation de l'euro rend plus compétitifs les produits importés de pays situés en dehors de la zone euro. La baisse des exportations, en raison du fort contenu en importations des exportations, atténuera sensiblement la correction à la hausse sur les importations. De plus, suite à l'appréciation du taux de change, les industriels français compriment leurs marges pour absorber une partie du choc et, ainsi, ne pas trop dégrader leur compétitivité. Par le passé, on a pu constater un tel comportement de marge de la part des entreprises américaines lors de la période d'appréciation du dollar : ainsi, entre les premiers semestres 1999 et 2001, le taux de change effectif du dollar s'est apprécié de 13,7 % et, en parallèle, les exportateurs américains ont accru de 9,0 % leurs efforts de marge. Les industriels étrangers appliquent également un comportement de marge. Les producteurs des autres pays de la zone euro réagissent comme les entreprises françaises et réduisent leurs marges, dégradant, toutes choses égales par ailleurs, la compétitivité des produits français à l'exportation et à l'importation. A l'inverse, les exportateurs hors zone euro profitent des marges de manoeuvre liées à la dévaluation de leur monnaie, et accroissent leurs marges, réduisant donc légèrement les pertes de compétitivité enregistrées par la France. Au total, ces comportements de marge amortissent, sans les annuler, les pertes de compétitivité des producteurs français. Ces dernières se traduisent par une baisse des volumes exportés et une hausse des volumes importés. Une appréciation de 10 % de l'euro par rapport à l'ensemble des autres devises tendrait, selon de simulations (hors effets de bouclage macroéconomique) à dégrader le solde des produits manufacturés de 6,4 milliards d'euros à horizon de 18 mois. Aux effets sur le solde manufacturier, il convient d'ajouter l'allégement de la facture énergétique, de 3,2 milliards d'euros dans cette hypothèse. Au total, avant bouclage macroéconomique et réaction de politique économique, l'appréciation de 10 % de l'euro conduirait mécaniquement à une baisse d'environ 3,2 milliards d'euros de notre solde commercial au bout de 18 mois. (notamment l'aéronautique 1 ( * ) ), les boissons et l'industrie du verre. Au contraire, certains secteurs (agro-alimentaire, tabac, automobile) sont nettement moins exposés aux fluctuations du dollar. Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie |
* 1 Ce secteur est certes très exposé aux fluctuations du taux de change mais il se couvre contre ce risque.