II. LE FINANCEMENT DES SECTEURS DE L'ARTISANAT ET DU COMMERCE
Le secrétariat d'État aux PME, au commerce, à l'artisanat et à la consommation a réorienté sa politique en matière d'accès au crédit des PME. Constatant que le coût du crédit n'était pas le seul obstacle au crédit des petites entreprises et que celui-ci avait diminué en raison de la baisse des taux d'intérêt et de l'inflation, il a préféré mettre l'accent sur la prise en charge du « risque » PME.
A. LA FIN DES PRÊTS AIDES : PRÊTS BONIFIÉS ET PRÊTS CONVENTIONNÉS
Depuis 1986, 6 milliards d'euros de prêts bonifiés ont été distribués, pour un peu plus de 442 millions d'euros de bonification payée, et 16 milliards d'euros de prêts conventionnés, soit au total 22 milliards d'euros. Le secrétariat d'État n'a pas été en mesure d'apprécier l'effet d'entraînement économique de cette politique. Il a jugé néanmoins aux vues des statistiques que la bonification d'intérêt n'avait pas eu de rôle macroéconomique significatif, même si elle avait pu permettre à certaines entreprises d'alléger leur charge financière. La bonification a surtout perdu de son intérêt à mesure de la baisse des taux d'intérêt réels. L'enveloppe de prêts bonifiés s'est réduite parallèlement à la baisse des taux d'intérêt comme en témoignent les graphiques ci-dessous :
Les
banques AFB (Association Française des Banques) se sont
désengagés des prêts aidés depuis 1990. Seules les
Banques Populaires, le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel ont
poursuivi leurs efforts.
Dès lors, en 2000, l'intégralité de l'enveloppe des
prêts bonifiés, de 152 millions d'euros, n'a pas été
distribuée. Elle n'a été consommée qu'à
53 % ce qui a conduit à proroger le dispositif les années
suivantes. De même, la distribution de prêts conventionnés a
été en net retrait en 2000, de 13,9 %, par rapport à 1999.
Votre rapporteur spécial est conduit à s'étonner de la
désaffection des prêts bonifiés du commerce et de
l'artisanat alors que l'enveloppe des prêts bonifiés du secteur de
l'agriculture connaît une grande stabilité.
B. LA MISE EN PLACE DE MÉCANISMES DE GARANTIE
Le
gouvernement, suivant en cela les recommandations du Conseil National du
Crédit, a transformé sa politique de réduction du
coût du crédit en une politique d'accès au crédit.
Il a été constaté en effet que les banques demeurait
réticentes à l'égard des demandes de crédit des
PME. Ainsi, avant même de pouvoir négocier leur taux d'emprunt, un
grand nombre de PME, et tout particulièrement les plus petites, sont
exclues des mécanismes de crédit, ce qui nuit évidemment
à leurs capacités d'investissement et de développement.
Les réticences des banques s'expliquent par la difficulté
d'estimation du risque PME, le risque majeur apparaissant comme celui des
défaillances. Pour amener les banques à mieux appréhender,
et donc à mieux accepter ce risque, deux types d'action doivent
être menées : partager le risque entre la banque et un fonds
de garantie, se doter des instruments permettant de mieux mesurer ce risque,
afin d'avoir une influence sur les taux.
1. La garantie SOFARIS
Le
secrétariat d'Etat a fait de la garantie du risque une nouvelle
priorité de son budget, avec 9,15 millions d'euros en 2002 contre 3,35
inscrits en loi de finances initiale pour 2001. Une convention avec la SOFARIS
(société française de garantie des financements des PME),
filiale de la BDPME, a été signée. Cette convention unique
vaut à la fois pour les crédits inscrits au chapitre 44-95,
article 10, géré par la direction du trésor, doté
de 131 millions d'euros, et pour le chapitre 44-95, article 20, doté de
9,15 millions d'euros, géré par le secrétariat d'Etat.
Votre rapporteur spécial juge que le choix d'une convention unique,
s'agissant d'un même ministère, est de bonne politique car elle
permet des effets de leviers plus importants. Il rappelle qu'il
préfèrerait que l'ensemble des crédits prévus au
titre des garanties soient gérés par le secrétariat d'Etat
puisque ces garanties concernent à 70 % les très petites
entreprises. Effet induit de cette convention unique, il est impossible de
connaître l'effet de levier des seuls crédits gérés
par le secrétariat d'Etat. Votre rapporteur spécial n'est donc en
mesure que de vous présenter des chiffres globaux.
Le secrétariat d'Etat participe aux fonds
« création »,
« développement » et transmission » de la
SOFARIS. Les critères d'éligibilité ont été
simplifiés au maximum et toutes les TPE (très petites
entreprises) implantées en France qui emploient moins de dix
salariés peuvent bénéficier de ce mécanisme. Le
mécanisme de déclenchement du dispositif est simple : la
décision d'engagement de la garantie SOFARIS est
déléguée aux banques, pour davantage de simplicité
et de rapidité.
La quotité garantie par la SOFARIS est égale à 50 %, sauf
pour les créations « ex-nihilo » pour lesquelles
elle est portée à 70 %.
De plus, et votre rapporteur
spécial juge que cela est primordial, la banque s'engage en
échange à ne pas prendre d'hypothèque en garantie du
prêt sur le logement servant de résidence principale au
bénéficiaire du prêt, s'il s'agit d'un entrepreneur
individuel, ou aux dirigeants sociaux qui animent effectivement l'entreprise,
si le bénéficiaire est une société.
Durant l'année 2000, la SOFARIS a accordé 18.231 concours,
correspondant à 13.765 entreprises et 25.586 emplois accompagnés.
Les montants des prêts s'élèvent à 555.67 millions
d'euros, soit un montant unitaire moyen de 18.283,88 euros. 52 % des concours
sont accordés pour des créations, 44 % pour du
développement, le solde correspondant aux transmissions.
Votre
rapporteur spécial regrette qu'une fois encore la transmission soit le
parent pauvre de la politique du gouvernement envers les entreprises.
Interventions de la SOFARIS auprès des Très Petites Entreprises en 2000
|
Nombre de concours |
Montant d'interventions
|
Montant du risque pris par la SOFARIS
|
Nombre d'entreprises accompagnées |
Nombre d'emplois accompagnés |
Durée moyenne (en mois) |
Création |
9.498 |
262 |
128 |
9.645 |
13.749 |
74 |
Transmission |
689 |
112 |
50 |
1003 |
2555 |
80 |
Développement |
8.044 |
181 |
77 |
3.117 |
9.282 |
86 |
Total |
18.231 |
556 |
256 |
13.765 |
25.586 |
80 |
Enfin, parmi les destinataires, 52,4 % des Sociétés à Responsabilité Limitée (SARL), 10,6 % des Sociétés Civiles Immobilières (SCI), 9,7 % des Sociétés Anonymes (SA) et 4,6 % des EURL. Votre rapporteur spécial souhaiterait qu'une action encore plus volontariste soit menée en direction des entrepreneurs individuels.
Interventions de la SOFARIS auprès des Très Petites Entreprises en 2001 (au 30 juin 2001)
|
Nombre de concours |
Montant d'interventions
|
Montant du risque pris par la SOFARIS
|
Création |
1.050 |
106 |
52 |
Transmission |
417 |
78 |
35 |
Développement |
519 |
81 |
34 |
Total |
1.986 |
265 |
208 |
2. L'évaluation du risque « PME »
Les
banques rencontrent avant tout dans leurs relations avec les très
petites entreprises un problème d'information. L'écart de taux
constaté entre les très petites entreprises et les autres tient
moins à la taille qu'à la capacité du dirigeant à
communiquer, à échanger, à négocier son
crédit.
Le temps d'examen des petits dossiers a un coût élevé qui
se répercute sur les taux. Les taux pratiqués par les banques
à l'égard des très petites entreprises sanctionnent ainsi
le risque qu'elles estiment prendre par rapport à l'information dont
elles disposent.
Votre rapporteur spécial considère qu'il faut dès lors
améliorer les dispositifs d'évaluation des PME. La
création d'outils de notation permettrait ainsi, par une meilleure
connaissance de la situation des entreprises, de réduire le coût
lié à l'incertitude d'information que font supporter les banques
aux PME.
Votre rapporteur spécial invite le gouvernement, dans le cadre sa
dotation au capital de la BDPME de 150 millions d'euros prévue par son
« plan de consolidation de la croissance », à ne pas
oublier les nécessaires investissements en termes d'information auxquels
doit consentir le groupe «BDPME ».
C. LES DÉBUTS DIFFICILES DU PRÊT À LA CRÉATION D'ENTREPRISE
Annoncé lors des Etats Généraux de la
Création d'Entreprise le 11 avril 2000, le prêt à la
création d'entreprise a été lancé le 10 octobre
2000. Mis en oeuvre par la Banque du Développement des PME, le
Prêt à la Création d'Entreprise vise à faciliter le
financement des petits projets. Il s'agit d'un crédit de 3000 et 8000
euros sans garantie ni caution personnelle du créateur qui peut en
disposer pour financer les frais et dépenses de démarrage de son
affaire. Le Prêt à la Création d'Entreprise accompagne
nécessairement un financement à moyen ou long terme (de fonds de
commerce, matériel, véhicule,... sous forme de prêt
bancaire, crédit-bail, ou location financière), d'un montant au
moins équivalent au prêt et pouvant atteindre le triple de ce
montant, soit au maximum 24 000 euros.
Un an après, le bilan du prêt à la création
d'entreprise, dont les modalités sont pourtant attractives, est un peu
décevant. Au 31 octobre 2001, 5615 entreprises en création
avaient bénéficié du Prêt à la
Création d'Entreprise pour un montant total de 36,8 millions d'euros. Le
montant moyen du Prêt à la Création d'Entreprise ressort
à 6.551 euros, est accompagné d'un prêt bancaire d'environ
10.250 euros et ces deux concours couvrent en moyenne 70 % des besoins de
financement du créateur.
Répartition des prêts par secteur
Secteurs |
Répartition par secteur en % |
Répartition du montant total des PCE en % |
Commerce |
27,6 |
28 |
Services |
32,6 |
32,6 |
BTP |
18,8 |
18 |
Industrie |
9,2 |
9,2 |
Tourisme |
8,1 |
8,4 |
Autres |
3,7 |
3,8 |
Seules
180 banques avaient signé la convention « Prêt à
la Création d'Entreprise » au 31 août 2001. De plus, les
mécanismes de délégation des prêts, de la BDPME aux
banques, se seraient heurtés à des difficultés
informatiques qui expliqueraient le retard pris dans la promotion du prêt.
Le secrétariat d'Etat a décidé de lancer une campagne de
communication pour populariser ce nouveau produit. Votre rapporteur
spécial souhaite que celle-ci, intitulée « 8000 euros
tout de suite pour créer ta boîte » se
révèle efficace.