CHAPITRE IV :
UNE RESPONSABILITÉ ÉMINENTE DANS LA MISE EN PLACE DE
L'EURO
Le ministère de l'économie et des finances est aujourd'hui le ministère chef de file pour la mise en place de l'euro à l'horizon du 1er janvier 2002.
Rappel du calendrier de passage à l'euro
-
à partir du 1
er
septembre 2001 : pré-alimentation des
banques en pièces ;
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A. LA PRÉPARATION DES ENTREPRISES ET DES PARTICULIERS À L'EURO
Votre rapporteur spécial ne peut apprécier véritablement le degré de préparation des agents économiques, qu'il s'agisse des consommateurs ou des entreprises. S'agissant des entreprises, il constate simplement que les organisations professionnelles ne portent pas toutes le même regard sur la préparation à l'euro. Le journal de la fédération des entreprises du commerce et de la distribution titre, optimiste, « Bienvenue à l'euro ! » tandis que la fédération générale de l'alimentation en détail se montre plus inquiète et « appréhende les difficultés pratiques que poseront les conditions d'introduction des pièces et billets en euros ».
Tableau de bord de l'euro pour les entreprises -septembre 2001
- plus
du tiers de la TVA (33,6%), près de 20% de l'impôt sur les
sociétés et plus de 10% de l'impôt sur le revenu ont
été payés en euros. 28% des cotisations sociales
étaient également réglées en euros au mois
d'août, en augmentation de 3 points par rapport à juillet ;
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L'information des particuliers -sondage SOFRES sept 2001
- une
légère progression de la maîtrise du calendrier
(70%
contre 67% en août connaissent la date exacte du début du paiement
fiduciaire en euro ; 97% savent que les paiements scripturaux en euro sont
d'ores et déjà possibles) mais une stagnation de la
maîtrise de la valeur de l'euro (60% connaissent la valeur
approchée d'un euro);
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Comparaison européenne -été 2001
Selon la
dernière enquête trimestrielle de la Commission européenne
portant sur le développement de l'utilisation de l'euro pour le second
semestre 2001 :
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B. UN EFFORT BUDGÉTAIRE DE LA COMMISSION EUROPÉENNE
La
commission européenne finance une partie des actions mises en oeuvre par
le ministère de l'économie et des finances. 6,5 millions d'euros
de fonds de concours (compte 07-1-4-965) au titre des actions de communication
sur le passage à l'euro seront imputés en 2001 sur le chapitre
34-98. 4,8 millions d'euros sont prévus pour 2002.
Les montants du fonds de concours ont cru jusqu'en 2001, passant de 1,4
millions d'euros en 1998 à 3 en 1999 et 3,4 en 2000. Ce fonds de
concours a pris le relais du compte 07-1-4-954 « participation de la
Commission européenne aux activités de sensibilisation à
l'euro ».
C. UNE RESPONSABILITÉ ÉMINENTE DU MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES EN TERME DE COMMUNICATION SUR L'EURO
Le ministère de l'économie et des finances gère l'essentiel des actions de communication sur l'euro lancées par le gouvernement.
1. Les crédits
Une ligne, sur le chapitre 34-98, regroupe l'ensemble des crédits affectés au plan de communication sur le passage à l'euro. Cette ligne est gérée par la direction des relations avec les publics et de la communication. Elle devrait être créditée de 7,6 millions d'euros en 2002 après 16 millions en loi de finances initiale pour 2001 et 9,9 en loi de finances initiale pour 2000.
2. Les actions de communication
Depuis
le 1er janvier 2001, le ministère de l'Economie, des Finances et de
l'Industrie a engagé un nouveau dispositif de communication et
d'information sur l'euro.
Ce dispositif s'organise autour de quatre phases :
-de janvier à mars 2001 :
une phase d'information et
d'installation du calendrier de l'euro.
Pour le grand public, cette phase s'est concrétisée par le
lancement d'une campagne média en TV, radio et presse, et la diffusion
à 10 millions d'exemplaires d'un dépliant précisant de
façon concrète les principales étapes du passage à
la monnaie unique.
Pour les entreprises, une communication de mobilisation a fait suite à
la signature le 16 février 2001 de la charte de mobilisation pour la
préparation à l'euro des petites entreprises du commerce, de
l'artisanat et des services, qui complétait la charte de mobilisation
des PME/PMI du 19 juillet 2000. Cette communication s'est traduite en
février 2001 par une campagne radio qui a été suivie d'une
campagne d'annonces dans la presse économique et professionnelle.
Par ailleurs, le guide PME a été actualisé et
diffusé à 800 000 exemplaires.
Enfin, un guide spécifiquement destiné aux artisans, aux
commerçants et aux sociétés de services a
été diffusé à 2 millions d'exemplaires.
-de mars à septembre 2001:
une phase d'apprentissage de
l'euro pour aider les particuliers, les artisans, les commerçants et les
petites entreprises à se créer de nouvelles
références de prix et à se préparer à
l'arrivée de la nouvelle monnaie.
Cette seconde phase a débuté par une campagne présentant
un référentiel de prix et de valeurs exclusivement
exprimés en euros. La campagne s'est déroulée en avril et
mai 2001 sous forme de spots TV et d'annonces dans la presse magazine,
quotidienne nationale et régionale. Elle a été
renforcée par la diffusion dans tous les foyers de près de 27,5
millions exemplaires du guide pratique de l'euro.
La phase d'apprentissage de l'euro s'est poursuivie par le lancement le 3
juillet 2001 de l'opération « euros bienvenus »
destinée à favoriser les paiements scripturaux dans la nouvelle
monnaie.
-de septembre 2001 à mars 2002 :
une phase d'accompagnement
pour le passage effectif à l'euro fiduciaire.
Cette phase permettra notamment de renforcer les nombreux dispositifs de
soutien déjà engagés auprès des personnes les plus
fragiles pour les aider à vivre au quotidien le changement de monnaie.
-de mars 2002 à septembre 2002 :
une phase de consolidation
de l'usage de l'euro pour les personnes qui auront eu le plus de
difficulté à se familiariser avec la nouvelle monnaie.
3. L'évaluation des actions menées entre 1997 et 1999
S'agissant des actions menées dans la première
phase
du plan de communication, entre 1997 et 1999, votre rapporteur spécial
dispose d'un rapport de l'inspection générale des finances sur la
fonction de communication, de juillet 2000, plus que nuancé.
Ce dernier rapport recense tout d'abord les actions entreprises les plus
visibles durant la période. Il indique qu'un budget de 29 millions
d'euros (188 millions de francs) a été consacré à
l'euro durant cette période, se répartissant entre l'envoi
à tous les foyers du guide pratique de l'euro (4,9 millions d'euros, 32
millions de francs), des campagnes médias (en direction des PME-PMI
à l'été 1999, pour le premier anniversaire de l'euro, pour
un coût total de 3,4 millions d'euros, 22 millions de francs), la lettre
de l'euro (1,1 millions d'euros, 7 millions de francs) et la création
d'un numéro vert (0,6 millions d'euros, 4 millions de francs).
Il indique ensuite que les résultats sont mitigés :
« Le guide pratique sur l'euro est revenu à 93 centimes
l'unité, soit 9 fois plus cher que le « 4
pages » inséré dans la déclaration
d'impôt, et seulement 61 % des Français l'ont reconnu, le
confondant souvent avec des brochures des banques ou de la poste. S'agissant de
la campagne média sur les PME-PMI, les résultats sont nettement
en deça des normes standards ; seulement 3% des chefs d'entreprises
interrogés ont été en mesure de restituer au moins un
élément spécifique de cette campagne. La campagne pour le
premier anniversaire de l'euro n'a pas non plus rencontré le
succès escompté, puisque moins de la moitié des personnes
interrogées (47%) se sont souvenues avoir vu une campagne sur l'euro,
seulement 14% l'attribuent au ministère et 1% ont mémorisé
le visuel. Quant au numéro vert, moins de 100 000 appels ont
été traités en deux ans, ce qui porte le prix de revient
de l'appel à 7,9 euros (52 francs) en 1999, sans que cette
opération ait été remise en cause. »
Votre rapporteur spécial espère que le ministère a
tiré les leçons des difficultés passées et que les
critiques de l'inspection générale des finances ont porté
leurs fruits.
Si votre rapporteur spécial se réfère aux derniers
tableaux de bord concernant la préparation tant des entreprises que des
particuliers à l'euro, il semble clair que le basculement en faveur de
l'euro ne s'est opéré que dans le courant de l'été
et en septembre 2001. Ce sont donc les dernières actions de
communication qui se sont révélées efficaces et qui ont
permis à la France de revenir dans le peloton européen.
4. Une préoccupation récente : l'évolution des prix lors du passage à l'euro.
Le
ministère de l'économie et des finances s'est
préoccupé d'un éventuel dérapage des prix
lié au passage à l'euro à l'occasion de la parution d'un
numéro de 60 millions de consommateurs portant sur 210 produits
d'entretien et d'alimentation, dans 10 points de vente dans les Yvelines et
Paris durant la période juin 2000-juin 2001. L'enquête, à
l'objet d'étude limité, montrait des hausse fortes sur certains
produits comme les lessives et les produits laitiers.
La direction générale de la concurrence, de la consommation et de
la répression des fraudes a mis en place un dispositif exceptionnel
depuis juin 2001 visant à suivre l'évolution du double affichage,
à repérer les erreurs de conversion et à mesurer les
évolutions de prix liées au passage à l'euro. 300
enquêteurs relèvent tous les mois les prix de 20.800 produits de
services de grande consommation dans 2.900 points de vente. Dix relevés
mensuels, publiés, sont prévus jusqu'au mois de mars 2002.
Il semble que jusqu'à présent, au vu des résultats des
enquêtes qui ont été communiqués à votre
rapporteur spécial, les hausses de prix liés au passage à
l'euro soient restées relativement circonscrites.
5. Une mobilisation importante pour éviter le blanchiment d'argent à l'occasion des conversions d'agent liquide en euro.
Cette
préoccupation a toujours été présente au sein du
ministère de l'économie et des finances. La cellule TRACFIN
(Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits Financiers
clandestins) a constitué un groupe de travail
« sécurité du passage à l'euro
fiduciaire » en septembre 2000. Par ailleurs, TRACFIN et la direction
des douanes échangent en temps réel leurs informations
respectives en relation avec l'euro et établissent en concertation avec
la commission bancaire les plans de contrôle des changeurs manuels dans
la perspective du basculement vers la monnaie unique.
Si cette mobilisation paraît indispensable à votre rapporteur
spécial, il ne bénéficie d'aucune information lui
permettant d'appréhender l'étendue du risque.
D. LA PRÉPARATION DES ADMINISTRATIONS À L'EURO
Le ministère de l'économie et des finances a également animé à travers la mission euro la préparation des autres administrations à l'euro.
1. L'acceptation des moyens de paiement en euros :
Depuis
le 1er janvier 1999, les administrations d'Etat et les organismes de
sécurité sociale se doivent d'accepter les moyens de paiement en
euros (chèques euro, paiement par carte bancaire...). Dans le cadre du
développement de l'utilisation de l'euro en 2001, il a été
rappelé à l'ensemble des ministères que toutes les
administrations de l'Etat doivent accepter et encourager les paiements en euros
et émettre de tels paiements lorsque leurs interlocuteurs en expriment
la demande.
En outre, les administrations publiques se sont mobilisées pour mettre
en place l'opération « euros bienvenus » depuis
septembre 2001.
Enfin, tous les terminaux de paiement électroniques utilisés dans
les administrations seront basculés systématiquement à
l'euro au 1er novembre au plus tard.
2. La formation des agents de l'Etat à l'euro
Le plan d'action interministériel destiné à assurer d'ici la fin de l'année 2001 une formation à l'euro de chaque agent de l'Etat, à raison d'au moins une demi-journée, est mis en oeuvre dans chaque ministère. Son application est suivie au niveau de chaque comité départemental de suivi euro. Pour la réalisation de ce plan d'action, environ 10 000 formateurs ont été formés ou sont en cours de formation.
3. L'informatique
Le plan
d'action informatique euro couvre l'adaptation à l'euro de 950
systèmes d'information dans tous les ministères. Un suivi mensuel
de la réalisation de ce plan d'action est mis en oeuvre par la Mission
euro.
Fin août 2001, le taux moyen d'engagement des charges, qui mesure le taux
de réalisation du plan d'action informatique euro, atteignait 74 %, au
lieu de 67 % un mois auparavant.
4. Les textes réglementaires concernant l'euro :
La
plupart des décrets et arrêtés fixant de nouveaux seuils et
montants arrondis en euros pour des raisons de lisibilité et applicables
au 1er janvier 2002 a été publié au Journal Officiel. Pour
le ministère de l'économie et des finances, deux décrets
ont été publiés au début du mois de février
(130 seuils nouveaux) et un arrêté du 3 septembre portant sur plus
de 300 seuils a été publié le 11 septembre. Sur plus de 1
550 seuils concernés, moins d'une centaine doivent encore être
fixés (la plupart figurant dans des décrets concernant les
ministères de l'emploi et de la solidarité, de l'environnement et
de l'équipement, dont la publication est imminente).
S'agissant des arrondis, certains s'étant avérés
défavorables au citoyen, ils pourront être revus dans la loi de
finances rectificative de fin d'année.
Un décret supprimant les formalités de publicité en cas de
conversion du capital social des sociétés à l'euro a
été publié au Journal Officiel du 3 juin 2001 après
l'avis du Conseil d'Etat. Ce décret présente néanmoins un
défaut : les formalités de publicité sont
supprimées qu'en cas de conversion exacte du capital social. L'arrondi
induit dès lors des frais pour les entreprises.
5. Le passage de la paie des fonctionnaires à l'euro
Plus de 2,8 millions d'agents civils et militaires sont concernés. Une lettre d'information était jointe au nouveau bulletin de paie en euros qui accompagnait pour la première fois en juillet dernier le bulletin de paie en euros. Un dépliant d'information sur la paie des agents de l'Etat en euros avait été largement diffusé dès le mois de juin.
6. Le passage des marchés publics à l'euro
Depuis
le 1er juillet 2000, tous les nouveaux contrats et marchés publics sont
signés et exécutés en euros. Les collectivités
locales ont été invitées à faire de même
à compter du début de 2001.
S'agissant des contrats et marchés existants et applicables
au-delà du 31 décembre 2001, les administrations ont
proposé aux entreprises contractantes la signature de
« constats de conversion ». Tout en assurant la
continuité des contrats, ces constats de conversion faciliteront le
franchissement de l'échéance du 1er janvier 2002, en
évitant tout retard de paiement dans l'exécution des contrats et
marchés.
Sont concernés aussi bien les marchés de l'Etat que ceux du
secteur public local.
Au total, plus de 55% des dépenses de l'Etat ont été
payés en euros au cours du mois de septembre (pour un montant de 9,3
milliards d'euros), contre 37% en juillet et 15% en juin.