B. UNE SITUATION COMPARABLE À CELLE DU DÉBUT DES ANNÉES 1990 ?
1. De forts aléas sur le niveau de la croissance
La
situation actuelle évoque fortement celle du début des
années 1990. On rappelle qu'en 1993 la croissance française a
été négative, de - 0,9 %, pour la
première fois depuis 1975 (année où la croissance avait
été de - 0,3 %). En effet, de fortes incertitudes pèsent
sur la croissance à court terme.
A titre d'illustration, on peut citer une récente étude des
experts de Goldman Sachs. Selon cette étude, il y aurait 94 % de risques
pour que le PIB européen se contracte au cours des prochains trimestres
(contre 25 % au mois de juin dernier). La détérioration de cet
indicateur est aussi rapide qu'en 1992, lorsqu'il était passé de
17 % au mois d'avril à 95 % au mois de mars.
Certes, plusieurs facteurs sont moins défavorables qu'il y a dix ans.
Tout d'abord, les banques centrales (notamment la banque centrale
américaine) ont réagi plus rapidement. Ensuite, l'inflation
devrait se tasser sous l'effet du ralentissement économique.
Cependant, l'éventualité d'une croissance faible pendant
plusieurs années ne semble pouvoir être exclue. Ainsi, l'institut
Rexecode n'écarte pas l'éventualité d'une croissance plus
faible que celle retenue dans ses prévisions (de 1,5 % en l'an 2002).
Selon les dernières prévisions de cet institut, «
le
scénario alternatif de ralentissement marqué, auquel nous avions
attribué en juin dernier environ une chance sur deux, a encore
gagné en probabilité, et cela avant même les attentats du
11 septembre. Il est facile d'imaginer le mécanisme d'un ralentissement
plus marqué et plus long : 1) Les excédents de capacité
productive et la baisse des profits conduisent à un recul un peu
prolongé de l'investissement. 2) La baisse de l'emploi (et, notamment
pour les Etats-Unis, un redressement du taux d'épargne des
ménages) entraîne une pause de la consommation privée. 3)
La croissance économique perd alors en 2002 encore un point, amenant
ainsi les Etats-Unis à une récession (taux de croissance annuel
du PIB négatif), et l'Europe et la France à un taux de croissance
de l'ordre de 1 %
».
2. De lourdes incertitudes sur le solde public
L'hypothèse d'une forte dégradation du solde
public ne
peut donc être exclue. Une croissance de l'économie
française inférieure de 1 point susciterait, selon l'OFCE,
un déficit budgétaire supérieur de 2 milliards
d'euros, pour un déficit public supérieur de 6 milliards
d'euros (soit 0,4 point de PIB).
Il existe donc un risque de renouveler les erreurs de prévision du
début des années 1990. Celles-ci avaient été
importantes, comme l'indique le tableau ci-après.
Bref retour sur les finances publiques : prévision et exécution (1990-1993)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
Croissance (% PIB) |
|
|
|
|
- prévision (1) |
3 |
2,7 |
2,2 |
2,6 |
- exécution (2) |
2,6 |
1,1 |
1,2 |
- 0,9 |
Solde budgétaire |
|
|
|
|
- prévision (1) |
|
|
|
|
en milliards d'euros |
- 13,74 |
- 12,23 |
- 13,71 |
- 25,22 |
en % PIB |
- 1,4 |
- 1,2 |
- 1,3 |
- 2,2 |
- exécution (hors FMI et FSC) (2) |
|
|
|
|
en milliards d'euros |
- 14,24 |
- 20,68 |
- 34,5 |
- 48,11 |
en % PIB |
- 1,5 |
- 2,0 |
- 3,3 |
- 4,2 |
Capacité de financement des APU (% du PIB) |
|
|
|
|
- prévision (1) |
- 1,1 |
- 1,2 |
- 1,5 |
- 2,4 |
- exécution (3) |
- 1,6 |
- 2,2 |
- 3,8 |
- 5,8 |
Sources :
(1) rapport économique et financier du projet de loi de finances pour
l'année concernée
(2) Cour des comptes
(3) Insee