B. DES PRÉVISIONS DE RECETTES POUR 2002 ÉTROITEMENT DÉPENDANTES DE CELLES DE 2001
1. Une hausse des recettes fiscales pour 2002 témoignant d'un grand optimisme
Pour 2002, le gouvernement retient une hypothèse de croissance en volume de 2,5 % (4,2 % en valeur). Les recettes nettes du budget général devraient progresser de 2,3 % à structure constante, avec une hausse spontanée de 2,5 % pour les recettes fiscales nettes 31( * ) et un bond presque sans précédent de 13,4 % pour les recettes non fiscales. Les recettes du budget général hors recettes d'ordre s'élèveraient ainsi à 233,6 milliards d'euros (1.532,3 milliards de francs), soit 4,6 milliards d'euros (30 milliards de francs) de plus que l'exécution prévue pour 2001.
a) Les prévisions pour les impôts indirects
La
hausse des recettes fiscales nettes
de 2,5 %, soit en valeur
6,2 milliards d'euros (40,7 milliards de francs)
s'expliquerait
presque entièrement par le dynamisme de la TVA
. Le projet de loi de
finances retient une hypothèse de 5 % de croissance de la TVA nette des
remboursements en 2002 : son produit augmenterait de 5,3 milliards d'euros
(35 milliards de francs) pour s'établir à 111,3 milliards d'euros
(730 milliards de francs).
On peut s'interroger sur les raisons d'une telle hausse, alors que les
estimations révisées du projet de loi de finances montrent que la
TVA devrait progresser de 1 % seulement cette année
, soit un surplus
de 1,2 milliard d'euros (7,8 milliards de francs). Quelles raisons
permettent de penser que les rentrées de TVA, beaucoup plus faibles que
prévu cette année, retrouveraient un dynamisme l'an
prochain ? L'exposé des motifs du présent projet de loi de
finances explique que la progression attendue de la TVA suivrait la
prévision de consommation des ménages en 2002 (+ 4,3 %). Le
gouvernement fait donc le pari d'une consommation soutenue des ménages
l'an prochain, malgré la dégradation de l'indice de confiance de
ces ménages au cours de ce dernier trimestre 2001.
Par ailleurs, mais pour des montants plus faibles,
la TIPP
pour laquelle
on attend une baisse de 4,5 % en 2001 (1,1 milliard d'euros, 7,2 milliards
de francs en valeur)
devrait progresser de 4 % l'an prochain soit un gain de
918 millions d'euros (6 milliards de francs).
Cette prévision
s'appuie sur l'hypothèse d'un abandon, courant 2002, de la
réduction des tarifs consécutive à la mise en place du
mécanisme dit de « TIPP flottante » par la loi de
finances pour 2001. Cet abandon résulterait de l'évolution du
prix du baril. Il est vrai que l'évolution à la baisse des cours
pétroliers est un constat qui peut légitimement se traduire par
l'abandon d'un mécanisme créé pour compenser la
flambée du prix du baril au cours de l'année 2000.
b) Les prévisions pour les impôts directs
De
même,
l'impôt sur le revenu progresserait de 1,2 % en 2002
,
soit 617 millions d'euros en valeur (4 milliards de francs)
malgré la réduction des taux d'imposition
décidée par l'article 2 de la loi de finances pour 2001 dont
le coût fiscal est estimé à 1,98 milliard d'euros
(13 milliards de francs) et les mesures du présent projet de loi de
finances dont le coût s'élève à 1,348 milliard
d'euros (8,8 milliards de francs), soit au total 3,3 milliards
d'euros (21,6 milliards de francs) d'aménagements.
Le gouvernement annonce que la progression tendancielle attendue de
l'impôt sur le revenu s'établirait à 5,6 %, ce qui
reflète le maintien d'une progression dynamique des revenus des
ménages en 2001 et notamment de la masse salariale. On peut rappeler que
l'impôt sur le revenu devrait pourtant connaître une progression
limitée à 135 millions d'euros cette année
(885 millions de francs).
S'agissant de
l'impôt sur les sociétés
, le produit
net devrait diminuer de 1,1 milliard d'euros (7 milliards de francs) en 2002,
pour s'établir à 40,08 milliards d'euros (263 milliards de
francs) sous l'effet du ralentissement de la croissance du
bénéfice fiscal des entreprises en 2001 qui se traduirait, par le
jeu de soldes et acomptes par une stabilité des recouvrements
prévisionnels en 2002, et sous l'effet des conséquences de la
suppression progressive de la majoration de 10 % instaurée en 1995.
Les recettes du budget de l'Etat en 2002
(en millions d'euros)
Désignation des recettes |
Résultats 2000 |
LFI 2001 |
Evalua-tions révisées pour 2001 |
PLF 2002 à structure constante |
Evolution à structure constante |
Variation de périmètre |
PLF 2002 |
Evolution 2002/2001 |
A. Recettes fiscales brutes |
296.179 |
304.839 |
305.187 |
318.820 |
2,8 % |
- 760 |
313.060 |
2,6 % |
Impôt sur le revenu |
52.253 |
52.445 |
53.388 |
54.005 |
1,2 % |
|
54.005 |
1,2 % |
Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles |
8.269 |
8.278 |
8.842 |
9.000 |
1,8 % |
|
9.000 |
1,8 % |
Impôt sur les sociétés |
45.147 |
49.826 |
49.698 |
49.530 |
- 0,3 % |
|
49.530 |
- 0,3 % |
Impôt sur les sociétés net des restitutions |
37.702 |
42.814 |
41.161 |
40.080 |
- 2,6 % |
|
40.080 |
- 2,6 % |
Autres impôts directs et taxes assimilées |
14.544 |
15.707 |
15.931 |
16.354 |
2,7 % |
|
16.354 |
2,7 % |
Taxe intérieure sur les produits pétroliers |
24.271 |
25.305 |
23.172 |
24.090 |
4,0 % |
|
24.090 |
4,0 % |
Taxe sur la valeur ajoutée |
133.265 |
137.475 |
137.204 |
143.610 |
4,7 % |
|
143.610 |
4,7 % |
Taxe sur la valeur ajoutée nette des remboursements |
104.750 |
108.967 |
105.952 |
111.300 |
5,0 % |
|
111.300 |
5,0 % |
Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes |
17.430 |
15.803 |
16.952 |
17.231 |
1,6 % |
- 760 |
16.471 |
- 2,8 % |
B. Remboursements et dégrèvements |
- 56.133 |
- 56.017 |
- 60.217 |
- 62.660 |
4,1 % |
0 |
- 62.660 |
4,1 % |
Restitutions d'impôt sur les sociétés |
- 7.445 |
- 7.012 |
- 8.537 |
- 9.450 |
10,7 % |
|
- 9.450 |
10,7 % |
Remboursements de TVA |
- 28.515 |
- 28.508 |
- 31.252 |
- 32.310 |
3,4 % |
|
- 32.310 |
3,4 % |
Autres remboursements et dégrèvements |
- 20.173 |
- 20.497 |
- 20.428 |
- 20.900 |
2,3 % |
|
- 20.900 |
2,3 % |
A'. Recettes fiscales nettes (A + B) |
240.046 |
248.822 |
244.970 |
251.160 |
2,5 % |
- 760 |
250.400 |
2,2 % |
C. Recettes non fiscales (hors fonds de stabilisation des charges) |
30.487 |
31.897 |
33.039 |
37.473 |
13,4 % |
42 |
37.515 |
13,5 % |
Recettes d'ordre |
3.039 |
2.820 |
2.613 |
2.716 |
3,9 % |
|
2.716 |
3,9 % |
C'. Autres recettes non fiscales (hors fonds de stabilisation des charges) |
27.448 |
29.077 |
30.426 |
34.757 |
14,2 % |
42 |
34.799 |
14,4 % |
D. Prélèvements sur les recettes de l'Etat |
- 43.512 |
- 46.838 |
- 46.339 |
- 51.607 |
11,4 % |
0 |
- 51.607 |
11,4 % |
Au profit des collectivités locales |
- 28.852 |
- 31.669 |
- 31.643 |
- 34.737 |
9,8 % |
|
- 37.737 |
9,8 % |
Au profit des communautés européennes |
- 14.660 |
- 15.169 |
- 14.696 |
- 16.870 |
14,8 % |
|
- 16.870 |
14,8 % |
Recettes du budget général (A+C+D) |
283.154 |
289.898 |
291.887 |
299.686 |
2,7 % |
- 718 |
298.968 |
2,4 % |
Recettes nettes du budget général (A'+C+D) |
227.021 |
233.881 |
231.670 |
237.026 |
2,3 % |
- 718 |
236.308 |
2,0 % |
dont recettes fiscales nettes des prélèvements (A' + D) |
196.534 |
201.984 |
198.631 |
199.553 |
0,5 % |
- 760 |
198.793 |
0,1 % |
Recettes nettes du budget général, hors recettes d'ordre (A'+C'+D) |
223.982 |
231.061 |
229.057 |
234.310 |
2,3 % |
- 718 |
233.592 |
2,0 % |
2. Le pari d'une croissance « volontariste » du PIB
a) Une élasticité des recettes fiscales à la croissance égale à l'unité
D'une manière générale, votre rapporteur général note que le gouvernement met en valeur le fait qu'il retient une « évaluation prudente » des recettes fiscales, avec une élasticité des recettes au PIB ramenée à 1 contre 1,6 en 2001 et 1,9 en 2000. La baisse de l'élasticité en 2002 résulterait largement de l'évolution de l'impôt sur les sociétés.
Les prévisions de recettes fiscales 2000-2002
|
2000 |
2001 |
2002 |
Elasticité au PIB nominal |
1,9 |
1,6 |
1,0 |
PIB (variation aux prix courants) |
4,0 % |
3,9 % |
4,2 % |
Evolution à législation et périmètre constants |
7,9 % |
6,4 % |
4,0 % |
Recettes fiscales nettes à législation de l'année n-1 (en Mds d'euros) |
|
255,5 |
254,9 |
Impact des mesures nouvelles (en Mds d'euros) |
|
- 10,5 |
- 4,5 |
Recettes fiscales nettes à législation constante (en Mds d'euros) |
240,0 |
245,0 |
250,4 |
Evolution à législation courante |
2,5 % |
2,0 % |
2,2 % |
Source : rapport économique, social et financier pour 2002
Comme le souligne le tableau ci-dessus, issu du rapport économique, social et financier associé au présent projet de loi de finances pour 2002, la variation du PIB aux prix courants et l'élasticité au PIB nominal sont les deux données essentielles pour l'évaluation des recettes fiscales tendancielles, avant d'intégrer les aménagements de droit (qui représenteront 4,5 milliards d'euros en 2002).
b) Le pari d'une croissance « volontariste » du PIB
Si
la
prévision d'élasticité est jugée
« prudente », il est évident que celle du PIB
nominal a un caractère plus « volontariste » comme
l'a souligné le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie lui-même, puisque la progression du PIB en valeur serait de
4,2 % en 2002 contre 4,0 % en 2001 et 3,9 % en 2000
. Dans ces conditions,
la variable essentielle, qui fonde les prévisions de recettes fiscales,
est davantage l'évolution du PIB pour l'année à venir que
la prévision d'élasticité.
De surcroît,
si l'élasticité en volume des recettes
fiscales s'est révélée bien supérieure à 1
depuis 1999, elle était comprise entre 0,4 et 0,6 de 1994 à 1996
et plus récemment en 1998
. Sans remonter aux années
d'élasticité négative (1992 et 1993), pour lesquelles une
comparaison n'est sans aucun doute pas de mise, force est de constater que
l'affaiblissement de la croissance s'est souvent accompagné d'une
diminution sensible de l'élasticité des recettes fiscales alors
que la période de forte croissance en 1999 et 2000 a vu au contraire une
« explosion » du coefficient d'élasticité
fiscale.
Dans ces conditions, il apparaît effectivement raisonnable à
votre rapporteur général de ne pas
« exagérer » le niveau d'élasticité
fiscale des recettes au PIB, compte tenu, de surcroît d'une
prévision de croissance « volontariste ».
3. Des recettes non fiscales à un niveau jamais atteint : la nécessité de « boucler le budget »
Les recettes non fiscales devraient progresser fortement en 2002, avec une hausse attendue de 13,4 % par rapport au révisé 2001, soit 4,4 milliards d'euros en valeur (29 milliards de francs). Compte tenu de la révision à la hausse des recettes non fiscales en 2001, la hausse par rapport à la loi de finances initiale 2001 s'élève dans le projet de loi de finances 2002 présenté par le gouvernement à 5,6 milliards d'euros soit 36,5 milliards de francs (+ 17,6 %). Après l'examen en première lecture à l'Assemblée nationale, la hausse s'élève à 5,8 milliards d'euros, soit 38 milliards de francs.
Evolution des recettes non fiscales 1997-2002
(en millions d'euros)
Cette
hausse substantielle montre clairement que les recettes non fiscales seront
utilisées dès 2002 pour « boucler » le volet
recettes du budget de l'Etat, alors même que les hypothèses de
croissance retenues par le gouvernement (+ 2,5 % en volume) sont
supérieures pour 2002 à ce que sera l'exécution 2001
(+ 2,1 %).
Il y a donc là un signe inquiétant de l'utilisation des
« marges de manoeuvre » que l'on pourrait justifier en
temps de crise mais qui s'explique difficilement alors que le projet de loi de
finances pour 2002 anticipe une bonne tenue des recettes fiscales tendancielles
en 2002. L'utilisation massive des recettes non fiscales montre que les
allégements d'impôts promis par le gouvernement ne sont
financés que par le recours à des recettes non
pérennes
32(
*
)
. Il en
résultera inéluctablement de graves problèmes
d'équilibre budgétaire dans les années à venir.
a) Les produits des entreprises du secteur public
Les ressources provenant des entreprises industrielles et commerciales et des établissements publics à caractère financier devraient ainsi s'élever à 5,67 milliards d'euros (37,2 milliards de francs) contre 3,42 milliards d'euros (22,4 milliards de francs) prévus dans la loi de finances de l'an dernier. Il y aura donc un quasi-doublement des prélèvements avec une hausse importante des produits des participations de l'Etat dans les entreprises financières (de 815 millions d'euros à 1,4 milliard d'euros) et encore plus significative dans les entreprises non financières (de 1 milliard d'euros à 2,6 milliards d'euros).
Produit des exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier
(en millions d'euros)
Les
entreprises plus particulièrement touchées par l'augmentation du
produit des participations devraient être celles appartenant au secteur
de l'énergie (EDF-GDF).
Dans un premier temps, le ministère de l'économie, des finances
et de l'industrie n'a pas souhaité détailler les produits de la
ligne 116 en expliquant que «
le produit prévisionnel
des participations de l'Etat dans les entreprises cotées en bourse
(Renault, France Telecom etc..) dépend directement du dividende attendu,
dont la fixation est du ressort du conseil d'administration des
sociétés. Il constitue donc une donnée sensible
. Dans
ces conditions, l'estimation des recettes attendues par l'Etat au titre de ses
participations dans les entreprises non financières ne fait plus l'objet
que d'une estimation globale
en loi de
finances
afin
d'éviter la divulgation d'informations individuelles non publiques aussi
bien directement (affichage de la donnée) qu'indirectement
(donnée obtenue par recoupement de résultats
agrégés)
»
33(
*
)
.
Dans un second temps, votre rapporteur général a reçu de
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget, la réponse
selon laquelle EDF versera 1.219,5 millions d'euros (8 milliards de
francs) en 2002, contre 217,85 millions d'euros (1,4 milliard de
francs) en 2001. Selon les informations obtenues par votre rapporteur
général, en l'absence de conclusion du nouveau contrat de groupe,
EDF aurait versé 656 millions d'euros (4,3 milliards de
francs) de moins au budget de l'Etat.
En effet, les nouveaux contrats de
groupe signés en 2001 pour la période 2001-2003 entre l'Etat et
les entreprises EDF et GDF modifient le mode de rémunération de
l'Etat
en déterminant, comme seul mode de
rémunération, le dividende dû à l'Etat comme
représentant 35 % du résultat net part du groupe pour GDF et
37,5 % du résultat net du groupe pour EDF. Ces contrats rendent
obsolètes les dispositions actuelles du décret
n° 56-493 du 14 mai 1956 modifié qui prévoient
jusqu'à présent que les dotations en capital d'EDF et GDF
donnaient lieu à l'attribution au profit de l'Etat d'un
intérêt ainsi que d'une rémunération
complémentaire fixée sur la base du résultat.
Par ailleurs, votre rapporteur général a également obtenu
du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
des
explications sur le dividende versé par la Caisse des
dépôts et consignations
. Celui-ci s'élèvera
à 915 millions d'euros pour 2002 dont 465 millions d'euros
(3 milliards de francs) résultant de dividendes versés
à l'occasion de la constitution entre le groupe CDC et le groupe des
caisses d'épargne, d'ici la fin de l'année, d'une
société commune.
Enfin, votre rapporteur général regrette que la
société Gaz de France, légalement tenue de fournir les
informations en cause, n'ait pas souhaité répondre de
manière chiffrée à ses questions.
b) Les autres recettes non fiscales
Les
produits et revenus du domaine de l'Etat
s'établiraient à
425,4 millions d'euros (2,8 milliards de francs) soit une hausse de
25 % par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour
2001.
Les taxes, redevances et recettes assimilées
devraient
légèrement baisser dans le projet de loi de finances pour 2002,
à 6,67 milliards d'euros contre 6,84 milliards d'euros dans la loi de
finances initiale pour 2001. Cette baisse s'expliquait en particulier par la
diminution pour 252 millions d'euros (1,6 milliard de francs) des
recettes perçues au titre de la participation des employeurs à
l'effort de construction, conformément aux termes de la convention
conclue en 1998 entre l'Etat et l'Union d'économie sociale du logement
(UESL). Cependant, la conclusion d'une convention entre l'Etat et l'UESL le 11
octobre 2001 a conduit à réviser à la hausse les
contributions des associés collecteurs de l'UESL, avec la
création d'une ligne nouvelle dotée de 427 millions d'euros.
Les intérêts des avances, des prêts et dotations en
capital
chuteront fortement en 2002, passant de 973,5 millions d'euros (6,4
milliards de francs) à 602,6 millions d'euros (3,9 milliards de francs).
La raison essentielle est la quasi-disparition des intérêts des
dotations en capital et des avances d'actionnaires accordées par l'Etat
(passés de 294 millions d'euros soit 1,9 milliard de francs
à 17,1 millions d'euros soit 112 millions de francs) et de la baisse des
intérêts des prêts du Trésor qui passent de 594,5
millions d'euros (3,9 milliards de francs) à 488 millions d'euros (3,2
milliards d'euros).
Les retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat
passent de
9 milliards d'euros (59,6 milliards de francs) à 9,37 milliards
d'euros (61,5 milliards de francs) en raison de la hausse des retenues
pour pensions 42 millions d'euros soit 932 millions de francs et des
contributions aux charges de pensions de la Poste.
Les recettes provenant de l'extérieur
progressent de 259 à
832 millions d'euros, en raison de la hausse du remboursement par les
communautés européennes des frais d'assiette et de perception des
impôts et taxes perçus au profit de son budget (+ 573
millions d'euros, soit 3,75 milliards de francs).
Les opérations entre administrations et services publics
s'élèvent à 87,7 millions d'euros, ce qui est
équivalent à l'année précédente.
c) Les recettes diverses
La
rubrique « divers »
sert une fois de plus de variable
d'ajustement.
Elle passe de 10,8 milliards d'euros (71 milliards de francs) à
12 milliards d'euros (79 milliards de francs), soit une hausse de 11 %
dans le projet de loi de finances.
La hausse essentielle se situe sur le
prélèvement de la CADES pour 3 milliards d'euros (19,7
milliards de francs) soit 1,1 milliard d'euros de plus que le versement en
2001 (+ 7 milliards de francs).
Il est en effet proposé de
raccourcir le calendrier des versements de la CADES de 2008 à 2005 et de
porter ainsi le versement annuel à 3 milliards d'euros. Il est difficile
de croire le gouvernement lorsqu'il explique que cet avancement du calendrier
est neutre pour la CADES : dès 2002, il est à craindre que
l'augmentation du versement à l'Etat aura pour conséquence de
dégrader la crédibilité de la CADES pour ses
opérations d'emprunts auprès des marchés financiers.
Par ailleurs, les prélèvements sur les fonds d'épargne
gérés par la Caisse des dépôts et consignations
s'élevaient à 3,2 milliards d'euros (21,1 milliards de
francs) dans le projet de loi de finances pour 2002 mais ils ont
été ramenés à 2,9 milliards d'euros après le
vote de la première partie de la loi de finances à
l'Assemblée nationale. Dans le même temps, une ligne nouvelle a
été créée en recettes non fiscales (dans la
catégorie taxes, redevances, et recettes assimilées) pour
accueillir une contribution des associés collecteurs de l'Union
d'économie sociale du logement pour 427 millions d'euros.
Ces deux mouvements ont en réalité une seule explication,
décrite ci-dessous.
La contribution des collecteurs du 1 % logement au budget 2002 ou comment ne pas respecter ses engagements sans se faire remarquer
Pour
boucler son budget 2002, le gouvernement souhaitait que les organismes
collecteurs du 1 % logement
contribuent, d'une manière ou d'une
autre, à hauteur de près de 732 millions d'euros (4,8 milliards
de francs) au budget de l'Etat.
Mais le gouvernement était tenu de respecter la convention conclue entre
l'Etat et les collecteurs le 3 août 1998, qui prévoyait un
prélèvement sur les collecteurs du 1 % logement à
hauteur de 274,4 millions d'euros en 2002 (1,8 milliard de francs) avant une
extinction totale du prélèvement en 2003. L'article 3 de la
convention énonçait explicitement que «
l'Etat
s'engage sur la durée de la convention
(c'est-à-dire jusqu'au
31 décembre 2003)
à n'effectuer aucun
prélèvement sur les associés collecteurs de l'UESL en sus
de la contribution prévue au présent article
».
L'idée du projet de loi de finances pour 2002 était donc de
faire passer un prélèvement qui taisait son nom par
l'intermédiaire des fonds d'épargne gérés par la
Caisse des dépôts
. Le 1 % logement versait une dotation aux
fonds d'épargne ce qui leur permettait de reprendre un montant
équivalent de provisions passées sur les prêts
accordés en deçà du coût de la ressource en faveur
du renouvellement urbain et du logement social. Les prélèvements
de l'Etat étaient alors augmentés d'autant sur les fonds
d'épargne, avec une grande discrétion
34(
*
)
et sans que les ressources
supplémentaires soient perçues comme un prélèvement
direct sur le 1 % logement.
Outre l'aspect, fort peu transparent, de cette méthode, il faut noter
que le prélèvement de l'Etat sur les fonds d'épargne n'est
sensé être réalisé qu'au titre de la
rémunération de la garantie qu'il leur accorde
. Ainsi, un
allègement des charges pesant sur les fonds d'épargne aurait eu
pour conséquence d'augmenter le prélèvement de l'Etat au
titre de la garantie qu'il accorde à ces mêmes fonds...Preuve,
s'il en était encore besoin, puisque votre commission l'a maintes fois
dit, que les modalités de prélèvements de l'Etat sur les
fonds d'épargne sont particulièrement archaïques et
relèvent bien davantage de la rente que de la rémunération
d'une garantie.
Mais cette opération ne s'est pas confirmée. En
définitive, après d'importantes négociations, les
organismes collecteurs ont signé une convention le 11 octobre 2001 avec
l'Etat dans laquelle ils s'engagent à participer à la politique
de démolition-reconstruction pour 460 millions d'euros par an (3
milliards de francs) et 430 millions d'euros (2,8 milliards de
francs) dès 2002 sous forme de versement au budget de l'Etat en recettes
non fiscales sous la ligne « taxes, redevances et recettes
assimilées ». Compte tenu du principe de non affectation des
recettes du budget général aux dépenses, il n'est
évidemment pas question d'affecter directement ce versement aux
démolitions, et ce nouveau prélèvement en 2002, en plus du
versement contractuel de 1,8 milliard de francs, est donc bien en contradiction
avec les termes de la convention du 3 août 1998.
4. L'accroissement des recettes non fiscales malgré tout insuffisant pour faire face à de nouvelles charges
Un
certain nombre de déconvenues, en particulier sur le produit des
licences UMTS et l'apparition de charges nouvelles liées au
« plan de relance décidé par le gouvernement
» (300 millions d'euros, soit 2 milliards de francs), ont
manifestement
amené le gouvernement à réfléchir
à la mobilisation de nouvelles ressources disponibles
.
« L'idée trouvée » a été
l'ouverture partielle du capital d'Autoroutes du Sud de la France (ASF), pour
un montant pour le moment estimé par le secrétaire d'Etat
à l'industrie à 1,54 milliard d'euros qui seront versés
pour l'essentiel au Fonds de réserve des retraites (1,24 milliard
d'euros), le reste allant à égalité au secteur
aérien (150 millions d'euros) et à la Banque de
développement des petites et moyennes entreprises BDPME (150 millions
d'euros).
5. Des interrogations sur l'ouverture du capital d'ASF
Si votre commission n'est évidemment pas opposée, sur le principe, à une telle ouverture de capital, il est légitime de s'interroger sur le montant de ressources qui en est attendu et sur les modalités suivant lesquelles elle sera réalisée . Concernant le montant de ressources tirées de l'ouverture du capital, le chiffre de 1,54 milliard d'euros est très en retrait des estimations des acteurs économiques, et les ressources potentielles sont plutôt évaluées à 2,3 milliards d'euros (15 milliards de francs). De fait, le ministre chargé des transports a annoncé que 762 millions d'euros iront à un fonds pour l'intermodalité sans que les crédits soient inscrits nulle part.
La répartition du produit de l'ouverture du capital d'ASF
(en milliards d'euros)
|
Ressources |
Affectation |
|
Évaluation PLF 2002 |
1,54 |
1,240 |
Fonds de réserve des retraites |
|
|
0,150 |
Secteur aérien |
|
|
0,150 |
BDPME |
Déclarations devant l'AN et le Sénat du ministre chargé des transports |
0,762 |
0,762 |
Versement au budget des transports |
Total |
2,3 |
2,3 |
|
Par
ailleurs, l'Etat est en cours de renégociation complète de ses
relations contractuelles avec les sociétés d'autoroutes et doit
signer des contrats de plan qui engageront l'avenir de ces
sociétés en fixant les montants d'investissement, les
évolutions de tarifs... Il a entièrement modifié le
régime comptable de ces sociétés, en supprimant le
mécanisme des amortissements différés, et le régime
fiscal en soumettant les péages autoroutiers à la taxe sur la
valeur ajoutée, selon des modalités pour le moment très
défavorables aux sociétés d'autoroutes.
Il est
dès lors possible de constater qu'une ouverture du capital d'ASF
interviendrait au plus mauvais moment si le contrat de plan, le cadre comptable
et le régime fiscal de la société n'étaient pas
clarifiés au plus tôt.
Surtout,
les ressources tirées de l'ouverture du capital d'ASF, qui
abonderont le compte spécial des privatisations, devraient en toute
logique servir à des dotations en capital
, ce qui n'est pas
l'objectif principal du gouvernement, qui entend surtout respecter formellement
le montant annoncé de crédits pour le fonds de réserve des
retraites en 2002, soit 2,48 milliards d'euros.