Modernisation sociale
DERIOT (Gérard)
RAPPORT 48 (2001-2002) - Commission mixte paritaire
Rapport au format Acrobat ( 39 Ko )
N° 3358
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N° 48
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Enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale
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Annexe au
procès-verbal de la séance
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RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE (1) CHARGÉE DE PROPOSER UN TEXTE SUR LES DISPOSITIONS RESTANT EN DISCUSSION DU PROJET DE LOI de modernisation sociale ,
PAR M.
PHILIPPE NAUCHE,
|
PAR M.
GÉRARD DÉRIOT,
|
(
1)
Cette commission est composée de
:
M. Nicolas
About
,
sénateur, président ; M. Jean Le Garrec,
député, vice-président ; M. Gérard
Dériot, sénateur, M. Philippe Nauche , député,
rapporteurs.
Membres titulaires :
MM
.
Bernard Seillier, Alain Gournac, Mme
Annick Bocandé, MM. Gilbert Chabroux, Roland Muzeau
,
sénateurs ; MM. Gérard Terrier, Jean Ueberschlag,
Hervé Morin, Mme Muguette Jacquaint, M. Bernard Charles,
députés.
Membres suppléants : MM. Paul Blanc, Guy Fischer, Serge
Franchis, Francis Giraud, Dominique Leclerc, Georges Mouly, Mme Gisèle
Printz, sénateurs ; M. Alfred Recours, Mme Catherine
Génisson, M. Marcel Rogemont, Mme Nicole Catala, MM. Bernard Accoyer,
Germain Gengenwin, François Goulard, députés.
Voir les
numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) : Première lecture :
2415 rect.,
2809
et T.A.
608
Deuxième lecture :
3052
,
3073
et T.A.
686
Troisième lecture :
3316
Sénat :
Première lecture
185
,
275
,
276
et T.A.
89
(2000-2001)
Deuxième lecture :
384
,
404
,
424
(2000-2001) et T.A.
1
(2001-2002)
Politique sociale. |
Mesdames, Messieurs,
Conformément au deuxième alinéa de l'article 45 de la
Constitution et à la demande de M. le Premier Ministre, une commission
mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions
restant en discussion du projet de loi de modernisation sociale s'est
réunie le mardi 30 octobre 2001 au Sénat.
La commission a d'abord procédé à la désignation de
son bureau qui a été ainsi constitué :
- M. Nicolas About, sénateur, président ;
- M. Jean Le Garrec, député,
vice-président ;
- M. Gérard Dériot, sénateur, rapporteur pour le
Sénat ;
- M. Philippe Nauche, député, rapporteur pour
l'Assemblée nationale.
*
* *
La
commission mixte paritaire a ensuite procédé à l'examen du
texte.
M. Nicolas About, président
, a observé à titre
liminaire que la commission mixte devait se prononcer sur environ 130 articles
restant en discussion du projet de loi de modernisation sociale.
Ce projet de loi comportait de nombreuses dispositions consensuelles puisqu'au
cours des deux lectures, 136 articles ont été adoptés en
des termes identiques par les deux assemblées et ne sont donc plus en
navette.
Il reste que le Sénat a émis quelques réserves sur une
procédure consistant pour le Gouvernement à déposer un
texte de 70 articles, à en retirer 22 avant son examen par
l'Assemblée nationale, mais à prendre l'initiative d'introduire
70 articles additionnels au cours des différentes lectures.
Compte tenu des initiatives également prises dans les deux
assemblées, la commission mixte paritaire est donc devant un projet de
loi initialement de 48 articles qui risque de comporter plus de 220 articles
dans son texte définitif.
M. Gérard Dériot, rapporteur pour le Sénat
,
après avoir rendu hommage au travail accompli en première et en
deuxième lectures par M. Claude Huriet dans ses fonctions de
rapporteur du volet sanitaire du projet de loi de modernisation sociale, a
estimé que ce volet était probablement le plus consensuel de ce
texte puisque les deux assemblées sont parvenues à un accord sur
l'essentiel des dispositions.
Elles ont ainsi adopté dans les mêmes termes la création
d'un projet social dans les établissements publics de santé
(article premier), la prise en charge médicale des personnes en
rétention administrative (article 2 bis) et des personnes gardées
à vue (article 6 bis), la réforme des statuts de l'Institution
nationale des Invalides (article 5), du Laboratoire français du
fractionnement et des biotechnologies (article 6), des thermes
d'Aix-les-Bains (article 6 bis A) et l'institution d'un examen de santé
avant l'appel de préparation à la défense (article
6 ter).
De même, les deux assemblées sont parvenues à un texte
commun sur la réforme du troisième cycle des études
médicales (article 17), l'intégration de la pharmacie au sein des
centres hospitaliers universitaires (article 17 bis), l'accès des
chirurgiens-dentistes au statut de praticien adjoint contractuel
(article 17 quinquies) et la protection du médecin contre
d'éventuelles sanctions disciplinaires résultant d'un signalement
de sévices (article 28 sexies).
M. Gérard Dériot, rapporteur pour le Sénat,
a alors
considéré que s'il restait naturellement, sur ce volet sanitaire
du projet de loi, des points de divergence entre les deux assemblées,
aucun ne semblait cependant de nature à faire échouer la
commission mixte paritaire.
Ainsi en est-il par exemple du maintien de la réévaluation
quinquennale pour les praticiens hospitaliers exerçant à temps
partiel, ou des articles additionnels introduits par le Sénat en
première lecture, à l'initiative de son rapporteur M. Claude
Huriet, en réaction au retard pris pour le dépôt -et donc
l'examen- du projet de loi relatif aux droits des malades et à la
qualité du système de santé.
Souhaitant apporter une réponse rapide et adaptée à la
détresse des victimes d'accidents médicaux, le Sénat a
ainsi adopté six articles additionnels -les articles 17 sexies à
17 undecies- instituant une indemnisation de l'aléa médical et
favorisant le règlement des litiges en responsabilité
médicale. De même, le Sénat a inséré un
article 17 bis A donnant une véritable base législative à
la formation médicale continue. Ces articles ont été
rejetés par l'Assemblée nationale en deuxième lecture au
motif que le projet de loi de modernisation sociale n'avait pas vocation
à être le « vide-grenier » du Sénat...
En outre, le Sénat a procédé, en deuxième lecture,
à des ajouts importants. Il a ainsi prévu que l'admission dans
les écoles de sages-femmes s'effectuerait à l'issue de la
première année des études médicales. Il a
également adopté un volet composé de huit articles
additionnels -les articles 6 quinquies à 6 duodecies- consacrés
aux comités consultatifs de protection des personnes dans la recherche
biomédicale (CCPPRB), le rapport d'information présenté
par M. Claude Huriet au nom de la commission ayant montré l'existence de
difficultés de fonctionnement de ces comités, difficultés
liées tant aux carences de la Direction générale de la
santé (DGS) qu'aux incertitudes entourant leur statut. Le rôle des
CCPPRB n'étant pas en cause, il convenait donc de préserver leur
indépendance tout en leur donnant véritablement les moyens
d'exercer leur mission.
M. Gérard Dériot, rapporteur pour le Sénat
, a alors
estimé qu'il lui semblait possible d'arriver à un accord sur
l'ensemble des dispositions restant en discussion du volet sanitaire du projet
de loi. Il a toutefois ajouté qu'un tel accord n'était pas
évident pour ses autres volets. Aussi, a-t-il souhaité que les
autres rapporteurs en première et deuxième lectures au
Sénat, puissent à leur tour s'exprimer.
M. Bernard Seillier, sénateur,
a ensuite formulé quelques
observations sur les dispositions des chapitres II (« Protection
sociale ») et III (« Retraités, personnes
âgées et handicapées ») du titre premier qu'il a
jugées particulièrement disparates.
A l'article 8, le Sénat a apporté des améliorations
significatives aux règles régissant, d'une part, la Caisse de
sécurité sociale des Français de l'étranger et,
d'autre part, l'affiliation à l'assurance vieillesse des fonctionnaires
français détachés à l'étranger. Ces
améliorations, définies en accord avec les sénateurs
représentant les Français de l'étranger, ont pu faire
l'objet d'un large accord dans les deux assemblées.
S'agissant de l'article 10, la navette parlementaire a également
porté ses fruits : l'Assemblée nationale s'est
ralliée en deuxième lecture à la solution de bon sens
trouvé par le Sénat sur la composition des conseils
d'administration des caisses de Mutualité sociale agricole ; en
deuxième lecture, le Sénat a renoncé à maintenir
l'échelon communal dans le processus d'élection des
délégués MSA. Ainsi, une rédaction commune de
l'article 10 n'est pas hors de portée.
L'Assemblée nationale a également confirmé le choix
initié par le Sénat en première lecture d'inclure un
véritable volet « protection sociale agricole » dans
le projet de loi. Un grand nombre d'articles ont ainsi été
adoptés conformes.
Sur les recours en récupération de l'aide sociale prévue
à l'article 14 quater A, les deux assemblées ont engagé un
dialogue constructif. En effet, en réponse au dispositif très
global adopté par le Sénat en première lecture,
l'Assemblée nationale avait accepté de supprimer le principe du
recours en récupération en cas de retour à meilleure
fortune. En deuxième lecture, le Sénat a également fait un
pas : il n'a pas rétabli son dispositif global mais il s'est
contenté de poser le principe d'un strict parallélisme entre le
régime de l'allocation personnalisée d'autonomie et celui de
l'allocation compensatrice pour tierce personne. Alors que le gouvernement
souhaite renvoyer la réforme du dispositif dans le cadre de la
révision de la loi de 1975 relative aux personnes handicapées, se
plaçant ainsi dans une perspective très lointaine, il semble que
les deux Assemblées pourraient conjuguer leurs efforts de manière
à obtenir un compromis sur la position votée par le Sénat
en deuxième lecture afin de bien montrer l'attention que porte la
représentation nationale aux personnes handicapées.
Une opposition importante entre les deux assemblées demeure cependant
sur deux articles : l'article 11, qui constitue la troisième
tentative de la législature d'abroger la loi du 25 mars 1997 relative
aux plans d'épargne retraite, et l'article 11 bis, qui met à la
charge du Fonds de solidarité vieillesse (FSV) la dette de l'Etat
à l'égard des régimes complémentaires ARRCO et
AGIRC.
M. Bernard Seillier, sénateur,
a déclaré ne pas
pouvoir souscrire à l'argumentation selon laquelle l'abrogation de la
loi Thomas serait justifiée par « la volonté
d'assurer en priorité la pérennité des régimes de
retraite par répartition ». Une telle volonté ne passe
pas par l'abrogation d'une loi restée virtuelle, faute de décrets
d'application. Une telle volonté nécessite, en revanche, des
mesures correctrices ou anticipatives c'est-à-dire une
« réforme » des retraites. Non seulement, cette
réforme des retraites n'a pas eu lieu, mais elle n'a pas
été engagée. Même si le fonds de réserve
avait été abondé conformément aux prévisions
initiales et même si le cap des 1.000 milliards de francs
était atteint en 2020, ce qui semble pour le moins incertain, ce montant
sera bien insuffisant au regard des besoins de financement des régimes
d'assurance vieillesse au cours des années 2007 à 2040.
Dans ces conditions, mettre fin à la possibilité pour les 14,5
millions de salariés du secteur privé de pouvoir préparer
l'avenir par un supplément de capitalisation, alors que d'autres
catégories socio-professionnelles ont déjà la
possibilité de le faire, apparaît irréaliste et injuste.
En deuxième lecture, le Sénat a également confirmé
sa position de première lecture sur l'article 11 bis. Deux raisons
expliquent cette suppression :
- ce dispositif fait intervenir le fonds de solidarité vieillesse
dans le domaine de la protection sociale complémentaire, ce qui n'est
pas sa raison d'être: il contribue ainsi à
« brouiller » encore davantage les
« tuyauteries » de la protection sociale ;
- le fonds de solidarité vieillesse est l'objet de ponctions
inadmissibles pour financer la réduction du temps de travail. Il
convient que cet organisme, dont la mission est d'assurer le financement des
prestations vieillesse non contributives dans la protection sociale de base, ne
soit pas davantage précarisé.
M. Alain Gournac, sénateur,
a observé que, s'agissant du
titre II du projet de loi, la navette avait, pour l'instant,
débouché sur des résultats pour le moins contrastés
selon les dispositions abordées.
En matière de formation professionnelle, des rapprochements non
négligeables sont intervenus entre les deux assemblées,
même si ces rapprochements sont d'importance inégale selon les
trois sujets abordés par ce volet.
C'est sans doute en matière de validation des acquis de
l'expérience que la navette a paradoxalement conduit au bilan le plus
mitigé.
Certes les deux assemblées se rejoignent dans le souci d'élargir
significativement les possibilités actuelles de validation. Mais demeure
encore une opposition forte sur la déclinaison de ce principe.
L'Assemblée nationale cherche visiblement à restreindre le champ
des titres visés par la validation tout en assouplissant -sans doute
à l'excès- les procédures. Le Sénat défend
une thèse inverse en cherchant à étendre le champ de la
validation tout en restant extrêmement vigilant sur les procédures
pour en garantir la qualité et prévenir certaines dérives.
C'est pourquoi subsistent encore des divergences fortes sur deux points :
la durée minimale d'activité ouvrant droit à validation et
la « professionnalisation » du dispositif.
Les convergences des deux assemblées sont en revanche plus profondes
pour le financement de l'apprentissage. Le débat a ainsi permis
d'avancer sur deux points : le financement des centres de formation
d'apprentis (CFA) et la collecte de la taxe d'apprentissage. Sur ces deux
sujets, les points de désaccord sont minimes. La navette a
déjà permis de simplifier et de clarifier le dispositif tout en
garantissant un minimum de ressources aux CFA.
Le dernier volet concerne l'offre de formation.
Si un accord sur la mise en place d'un nouveau régime d'enregistrement
des organismes de formation a été trouvé, le souci commun
des deux assemblées d'améliorer la coordination des instances
compétentes en matière de formation et de simplifier
l'architecture actuelle du dispositif se traduit en revanche pour l'instant par
des propositions encore différentes. Les divergences actuelles se
cristallisent principalement autour des COREF. Mais des possibilités de
rapprochement sont encore à explorer.
Au total, s'agissant de la formation, si des divergences existent toujours,
elles ne semblent pourtant pas si profondes qu'elles excluent toute
possibilité d'accord.
M. Alain Gournac
a toutefois estimé que la situation était
bien différente s'agissant des dispositions relatives au travail et
à l'emploi.
Il a cependant tenu à insister sur l'importance du travail
déjà accompli par les deux assemblées qui, loin
d'être stérile, a permis d'esquisser des accords non
négligeables sur de nombreux points.
Les dispositions relatives au harcèlement moral paraissent très
significatives des possibilités d'enrichissement d'un texte par la
navette.
Au fur et à mesure des lectures successives, les deux assemblées
ont fait apparaître leurs convergences sur la définition du
harcèlement moral, sur le champ d'application d'une nouvelle
législation, sur la protection des victimes et sur les moyens de
prévention. Seules les séparent aujourd'hui la question de la
sanction pénale et celle relative à la charge de la preuve.
M. Alain Gournac
a regretté que le débat fructueux qui
s'est instauré sur la lutte contre le harcèlement moral n'ait pu
se reproduire sur d'autres sujets que le Sénat avait souhaité
mettre en discussion.
Il a souligné la nécessité de faire évoluer le
dispositif « emplois-jeunes » dans le droit fil des
conclusions du rapport d'information de la commission, en octobre 2000, sur le
bilan à mi-parcours de ce dispositif. Le Sénat a souhaité
ainsi insérer une nouvelle section 4 bis comprenant quatre articles qui
prévoient l'instauration obligatoire du tutorat, l'institution d'une
prime dégressive à l'embauche des jeunes par un nouvel employeur
et un renforcement de l'encadrement. Il a déploré l'absence de
volonté de l'Assemblée nationale de discuter de cet important
sujet.
Il a regretté également que l'Assemblée nationale ait
refusé de discuter des dispositions introduites par le Sénat
concernant la prévention des conflits collectifs du travail afin de
garantir le principe de continuité dans les services publics.
S'agissant du chapitre premier relatif à la protection et au
développement de l'emploi, une divergence profonde continue à
séparer les deux assemblées. L'Assemblée nationale n'a pas
accepté la proposition du Sénat d'instituer un véritable
statut du salarié en temps partagé, alors même qu'il
s'agissait d'une mesure particulièrement utile pour lutter contre la
précarité.
Concernant les autres dispositions relatives à l'emploi, la
méthode choisie par le Gouvernement et validée par
l'Assemblée nationale a consisté à durcir en tous points
la législation sans consulter les partenaires sociaux. Cette philosophie
du recours préalable et incessant à la loi ne peut recueillir
l'assentiment du Sénat.
La commission des Affaires sociales du Sénat avait souhaité le
report de l'examen des trois premières sections du chapitre premier du
titre II afin de procéder à l'audition des partenaires sociaux.
De fait, ces auditions ont été l'occasion de mettre en
lumière, outre le mécontentement de l'essentiel des partenaires
sociaux de ne pas avoir été consultés, le scepticisme,
voire la méfiance, que leur inspiraient les dispositions introduites en
deuxième lecture à l'Assemblée nationale.
Concernant tout particulièrement la nouvelle définition du
licenciement pour motif économique (art. 33 A), les syndicats de
salariés eux-mêmes sont inquiets devant le risque d'une
recrudescence des licenciements individuels pour faute qu'elle pourrait
entraîner. Aussi le Sénat a-t-il souhaité modifier la
rédaction de l'article 33 A afin de parvenir à un texte
reprenant les apports de la jurisprudence sans créer des incertitudes
juridiques qui seraient préjudiciables tant aux salariés qu'aux
entreprises.
S'agissant de l'instauration d'un médiateur (art. 32 quater) qui serait
chargé d'essayer de rapprocher les points de vue de l'employeur et du
comité d'entreprise sur un projet de restructuration, des
réticences très fortes ont été exprimées par
les partenaires sociaux. Outre le fait que la saisine de ce médiateur
s'apparente à un dessaisissement des partenaires sociaux, la
multiplication des recours qu'elle permet et le rallongement des délais
qu'elle occasionne ne satisfont personne. L'incertitude quant au devenir du
plan de restructuration fragiliserait autant les entreprises que les
salariés.
M. Alain Gournac, sénateur,
a
observé qu'il n'y avait rien de pire que de prolonger l'agonie que
constitue l'annonce d'un plan social suivie de délais
considérables de mise en oeuvre.
Ainsi le Sénat a-t-il refusé de souscrire à l'ensemble des
dispositions qui auraient pour conséquence de prolonger les
délais des procédures lorsque l'intérêt pour les
salariés n'apparaît pas de manière réelle. De
même le Sénat a-t-il supprimé l'amendement
« Michelin » qui instaure une obligation de négocier
sur la réduction du temps de travail préalablement à
l'établissement d'un plan social (art. 31).
Devant l'étendue des désaccords entre les deux assemblées
M. Alain Gournac, sénateur,
a fait part de sa crainte qu'un
accord ne puisse être trouvé à l'occasion de la
réunion de cette commission mixte paritaire.
Il a toutefois tenu à rappeler les quelques points d'accord qui ont pu
apparaître sur des dispositions importantes.
Il a rappelé la position constructive adoptée par le Sénat
en deuxième lecture sur l'article 31 bis qui prévoit
l'instauration d'une étude d'impact social et territorial en cas de
cessation d'activité.
Il a évoqué l'article 35 B qui harmonise le taux des primes de
précarité des salariés sous contrat à durée
déterminée et des intérimaires. Observant qu'en
deuxième lecture, le Sénat avait proposé que ce
supplément d'indemnité puisse être employé à
des actions permettant l'accès à l'emploi du salarié
précaire, il a souhaité une avancée de l'Assemblée
nationale sur ce point.
Il a cité enfin l'accord donné par le Sénat début
octobre à l'amendement présenté par le Gouvernement
créant un « pré-PARE » que les partenaires
sociaux pourraient mettre en place par voie contractuelle afin d'aider au plus
tôt les salariés menacés par un licenciement.
En conclusion, il a regretté le recours à un grand texte
« fourre-tout » qui mélange des dispositions sans
aucun lien, compliquant le dialogue entre les assemblées. Il a
considéré, par exemple, qu'un projet de loi qui aurait repris les
seules dispositions relatives à la formation professionnelle aurait eu
des chances d'aboutir. Il a souhaité que l'Assemblée nationale
puisse tenir compte du travail du Sénat pour modifier, au moins sur
certains points, sa propre position dans l'intérêt des
salariés et de nos entreprises.
M. Jean Le Garrec, vice-président
, s'est alors
félicité de la qualité du travail réalisé
par le Sénat et a souligné l'existence d'un accord sur un nombre
considérable d'articles. Il a néanmoins constaté la
persistance de désaccords importants comme celui, à l'article 11,
portant sur l'abrogation de la « loi Thomas ».
M. Philippe Nauche, rapporteur pour l'Assemblée nationale
, a
précisé que, s'agissant du titre premier, 52 articles sur 115
restaient encore en discussion. Un accord est donc intervenu sur 63 articles.
Mais des divergences fortes demeurent entre les deux assemblées.
En deuxième lecture, le Sénat a apporté des modifications
substantielles aux articles 10 (Elections au conseil d'administration des
caisses de MSA), 10 quater (Réforme du contentieux technique de la
sécurité sociale), 14 quater A (Suppression des recours sur
succession au titre de l'allocation compensatrice tierce personne) et 16
(Encadrement de certains actes médicaux).
Le Sénat a également supprimé 12 articles, dont certains
auxquels l'Assemblée est très attachée : 10 septies
(Concertation sur les élections à la sécurité
sociale), 11 (Abrogation de la « loi Thomas » relative aux
plans d'épargne-retraite), 11 bis (Prise en charge par le FSV de
cotisations versées à l'ARRCO-AGIRC) et 17 bis AB (Suppression de
la réévaluation quinquennale pour certains praticiens
hospitaliers exerçant à temps partiel).
M. Philippe Nauche, rapporteur pour l'Assemblée nationale,
a
alors considéré que ces divergences étaient telles
qu'elles ne permettaient pas de dégager les conditions d'un accord.
Il a notamment souligné la nécessité d'abroger la
« loi Thomas ». Celle-ci risque en effet de siphonner les
régimes de retraite par répartition, ne présente pas de
garantie pour les salariés et se traduit par un contournement des
partenaires sociaux. Elle apparaît en outre inadaptée au contexte
financier actuel.
M. Gérard Terrier, député,
rappelant qu'il avait
rapporté les dispositions du titre II, a considéré que si
des rapprochements avaient effectivement eu lieu sur ce titre, notamment sur le
volet « formation professionnelle », ceux-ci
n'étaient pas de nature à laisser entrevoir la possibilité
d'un accord sur l'ensemble du texte.
Le Sénat a, en effet, supprimé plusieurs dispositions
jugées essentielles par l'Assemblée nationale. Il s'agit
notamment de l'article 31 du projet de loi qui permet la réintroduction
de l'amendement « Michelin », l'Assemblée nationale
souhaitant que ce dispositif, déjà prévu par la loi du 19
janvier 2000 mais invalidé par le Conseil constitutionnel, puisse
effectivement entrer en vigueur.
Il s'agit également de l'article 31 ter supprimé par le
Sénat qui prévoit que tout projet de développement
stratégique susceptible d'affecter de façon importante les
conditions de travail et d'emploi devait être soumis aux organes de
direction et de surveillance en même temps qu'une étude d'impact
social et territorial établie par le chef d'entreprise sur les
conséquences du projet.
Il s'agit enfin de l'article 32 quater également supprimé par le
Sénat qui permet la saisine d'un médiateur en cas de divergence
entre le projet de restructuration de l'employeur et le comité
d'entreprise, ce médiateur étant chargé de rapprocher les
points de vues entre les deux parties. Cette disposition constituait en effet
l'une des novations importantes introduites par l'Assemblée nationale en
deuxième lecture.
M. Gérard Terrier
a également considéré que
la définition du licenciement pour motif économique
adoptée par le Sénat à l'article 33 A lui apparaissait
comme étant trop en retrait par rapport à celle adoptée
par l'Assemblée nationale. Cette dernière avait identifié
trois causes du licenciement qu'elle avait volontairement encadrées afin
d'éviter les dérives et les licenciements dits financiers ou
boursiers. Si le Sénat reprend en partie la jurisprudence actuelle de la
Chambre sociale de la Cour de cassation, il ne retient pas cependant l'ensemble
des avancées souhaitées par la majorité de
l'Assemblée nationale.
ll a donc constaté qu'un accord n'était pas possible non plus sur
ce sujet.
Mme Nicole Catala, député,
a estimé que la
rédaction adoptée par l'Assemblée nationale à
l'article 33 A concernant la définition du licenciement pour motif
économique n'était pas assez précise et pourrait
même être une source importante de contentieux. Elle a
estimé que le Sénat avait au contraire fait oeuvre de sagesse.
Mme Muguette Jacquaint, député,
a considéré
que le Sénat avait refusé l'ensemble des avancées
adoptées par l'Assemblée nationale sur le titre II relatif aux
dispositions concernant le travail et l'emploi. Elle a estimé par
conséquent qu'un accord n'était pas possible entre les deux
assemblées. Elle a observé par ailleurs que des désaccords
importants subsistaient sur le titre Ier, comme en témoignait la
divergence d'appréciations sur la nécessité d'abroger la
« loi Thomas ».
La commission mixte paritaire est ensuite passée à l'examen des
articles.
M. Nicolas About, président
, a remercié les rapporteurs
pour l'excellent travail réalisé dans les deux assemblées.
Il a constaté que le premier désaccord majeur intervenait
à l'article 11 qu'il proposait donc d'examiner en priorité.
La commission mixte paritaire a alors examiné l'article 11. Elle s'est
prononcée sur cet article dans le texte de l'Assemblée nationale
et l'a rejeté par sept voix contre sept.
M. Nicolas About, président
, a alors pris acte que la commission
mixte paritaire n'était pas en mesure d'adopter un texte commun sur les
dispositions restant en discussion du projet de loi de modernisation
sociale.