Prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et allocation personnalisée d'autonomie
VASSELLE (Alain) ; TERRASSE (Pascal)
RAPPORT 341 (2000-2001) - Commission mixte paritaire
Rapport au format Acrobat ( 33 Ko )
N° 3090
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N° 341
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Enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale
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Annexe au
procès-verbal de la séance
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Document
mis en distribution le
5 juin 2001
RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE (1) CHARGÉE DE PROPOSER UN TEXTE SUR LES DISPOSITIONS RESTANT EN DISCUSSION DU PROJET DE LOI relatif à la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et à l'allocation personnalisée d'autonomie.
PAR M.
PASCAL TERRASSE, PAR M. ALAIN VASSELLE,
Député. Sénateur.
(
1)
Cette commission est composée de
:
M. Jean Le
Garrec, député, président
;
M. Jean
Delaneau
,
vice-président ; M. Pascal Terrasse,
député, M Alain Vasselle, sénateur, rapporteurs.
Membres titulaires :
Mme Hélène Mignon, MM. Patrice
Martin-Lalande, Yves Bur, Maxime Gremetz, Pierre Carassus,
députés ; MM. Michel Mercier, Paul Blanc, Philippe Nogrix,
Roland Huguet, Guy Fischer,
sénateurs.
Membres suppléants : MM. Jean Rouger, Alain Néri,
Marcel Rogemont, Mme Roselyne Bachelot-Narquin, MM. Patrice Delnatte, Germain
Gengenwin, Denis Jacquat, députés ; M. Jacques
Bimbenet, Mme Annick Bocandé, M. Jean Chérioux, Mme
Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Michel Esneu, Jean-Louis Lorrain, Roland
Muzeau, sénateurs.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : Première lecture : 2936, 2971 et T.A. 656
Deuxième lecture : 3082
Sénat : 279, 315, 316 et T.A. 95 (2000-2001)
Personnes âgées. |
Mesdames, Messieurs,
Conformément au deuxième alinéa de l'article 45 de la
Constitution et à la demande de M. le Premier ministre, une
commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les
dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à la prise
en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et à
l'allocation personnalisée d'autonomie s'est réunie le mardi
29 mai 2001 à l'Assemblée nationale.
La commission a d'abord procédé à la désignation de
son bureau qui a ainsi été constitué :
- M. Jean Le Garrec, député, président ;
- M. Jean Delaneau, sénateur, vice-président ;
- M. Pascal Terrasse, député, rapporteur pour
l'Assemblée nationale ;
- M. Alain Vasselle, sénateur, rapporteur pour le Sénat.
La commission mixte paritaire a ensuite procédé à l'examen
du texte.
M. Jean Delaneau, vice-président, suppléant M. Alain
Vasselle, rapporteur pour le Sénat
, a indiqué que le
présent projet de loi relève de la formule :
« La PSD est morte... vive la PSD ! »
. Car,
à part une dénomination différente et le fait de qualifier
de « perte d'autonomie » ce qu'autrefois on appelait tout
simplement « dépendance », il est difficile de
comprendre la différence profonde entre les deux dispositifs
législatifs.
C'est pour cette raison que le Sénat, saisi de dix-neuf articles en
première lecture, a adopté huit articles conformes et en a
modifié huit autres, dans une rédaction qui n'est en aucun cas
incompatible avec la logique du texte. Il a simplement cherché à
adopter une rédaction plus lisible et à inscrire dans le projet
de loi des précisions utiles qui figuraient dans la loi du 24 janvier
1997 instituant la prestation spécifique dépendance (PSD).
Le Sénat a supprimé trois articles : les articles 7, 8 et 14
bis
. La suppression de ce dernier article, créant un
comité scientifique chargé d'adapter les outils
d'évaluation de la dépendance, ne signifie pas non plus un
désaccord sur le fond. Cette mission serait mieux prise en compte par le
comité national de coordination gérontologique, que l'article 2
du projet de loi se proposait, sans tambour ni trompettes, de supprimer.
Trois articles additionnels, les articles 9
bis
, 14
ter
et 15
ter
, qui ne résultent pas d'amendements déposés par
la commission des affaires sociales, ne paraissent pas justifier un
désaccord entre les deux assemblées.
La suppression des articles 7 et 8, et l'introduction parallèle de trois
articles additionnels, les articles 1
bis
, 1
ter
et 2 A,
résultent de l'opposition du Sénat aux modalités de
financement retenues.
Cinq raisons majeures ont conduit le Sénat à retenir le principe
d'un financement alternatif.
Premièrement, le présent projet représente une grave
menace pour les finances locales. Chaque élu départemental sait
bien que cet effort supplémentaire ne se fera pas tout seul. Le
Sénat ne conteste pas tant cette contribution accrue des
départements, que les conditions dans lesquelles celle-ci est
prévue par le Gouvernement : l'étude d'impact est
indigente ; la discussion du texte s'est déroulée dans une
certaine opacité, puisque les projets de décret promis par la
ministre n'ont toujours pas été communiqués. De
manière générale, le Sénat a été
frappé par l'état d'impréparation des futurs textes
d'application.
Deuxièmement, le financement de l'allocation personnalisée
d'autonomie (APA) fait peser une lourde menace sur la sécurité
sociale.
Pour boucler le financement de l'APA en 2002, un nouveau fonds
est créé,
le fonds de financement de l'allocation
personnalisée d'autonomie. Le Sénat est de plus en plus sceptique
sur ces fonds qui se créent un peu partout, dans le champ de la
protection sociale déjà complexe. L'épisode de la
non-création du FOREC apparaît à cet égard
emblématique.
La création du fonds de financement de l'APA constitue, selon la
ministre de l'emploi et de la solidarité,
« une
nécessité pour reconnaître, sur le plan institutionnel et
politique, la compensation de la perte d'autonomie comme un nouveau
droit »
. Cette « reconnaissance »
n'interviendra pourtant que sur une fraction mineure du total des
dépenses de l'APA, le fonds ne faisant qu'apporter aux
départements un concours partiel et tardif.
La véritable justification de ce fonds est de permettre d'y affecter
deux recettes émanant de la sécurité sociale, la
contribution versée au fonds par les régimes de base d'assurance
vieillesse, dont la constitutionnalité apparaît incertaine, et la
contribution sociale généralisée (CSG) alors que l'Etat
est le grand absent du financement de l'APA.
Les partenaires sociaux ne s'y sont d'ailleurs pas trompés : ils
ont en grande majorité émis un avis négatif, lors de
l'examen du projet de loi par le conseil d'administration de la Caisse
nationale d'assurance vieillesse des travailleurs salariés (CNAVTS).
La CSG fait en réalité l'objet d'un double détournement.
Le premier détournement est de financer une allocation qui n'est pas une
prestation de sécurité sociale. Affecter une fraction de CSG au
financement de l'APA aurait été justifié si la voie du
cinquième risque avait été prise. A partir du moment
où la sécurité sociale ne gère pas le risque
dépendance, la justification de recourir à cette imposition,
affectée jusqu'alors de manière exclusive au financement de la
sécurité sociale, est bien mince : elle ne s'explique que
par la volonté du Gouvernement de financer une nouvelle fois par la
sécurité sociale les générosités de sa
politique sociale. La même logique que pour le financement des
trente-cinq heures est en marche.
Le second détournement de la CSG est de financer un fonds de formation
professionnelle. En effet, le projet de loi crée, au sein du fonds de
financement de l'APA, un autre fonds, le fonds de modernisation de l'aide
à domicile.
L'objectif général, évidemment louable, est de former les
salariés des associations d'aide à domicile et de contribuer
ainsi à la professionnalisation de ce secteur. Les actions de ce fonds
apparaissent déjà plus imprécises. Son financement pose de
graves questions de principe : comment peut-on justifier qu'un fonds de
formation soit financé par la CSG, dont l'objet est de financer de
manière exclusive la sécurité sociale ?
Il convient de rappeler que le Gouvernement a refusé d'appliquer une
disposition de l'article 16 de la loi du 24 janvier 1997 portant
création de la PSD prévoyant une formation pour les
salariés de l'aide à domicile. En somme, l'Etat accepte de former
les salariés des associations d'aide à domicile lorsqu'un tel
financement est assuré par la sécurité sociale. C'est pour
cette raison que le Sénat a choisi de
« rétablir », en quelque sorte, cette disposition
restée inappliquée, par l'adoption de l'article 2 A.
Troisièmement, le financement de l'APA n'est pas assuré.
Le coût total de la prestation en vitesse de croisière serait de
23 milliards de francs. Cette « vitesse de
croisière » étant atteinte dès 2004, il
manquerait ainsi 6,5 milliards de francs. Le rapport que prévoit le
Gouvernement à l'article 13 est prématuré - le bilan
de la seule année 2002, qui risque fort d'être une année de
montée en charge du dispositif, sera alors disponible - et
incomplète, puisque ledit rapport restera sans lendemain. C'est pour
cette raison que le Sénat a procédé à une nouvelle
rédaction de cet article, retenant notamment le principe d'une
évaluation bisannuelle.
Quatrièmement, ce financement échappe à tout
contrôle. Même s'il est géré par le Fonds de
solidarité vieillesse (FSV), le fonds de financement de l'APA ne
constituerait pas en tant que tel un organisme concourant au financement des
régimes de base. En conséquence, il échapperait au
contrôle du Parlement lors de la discussion de la loi de financement de
la sécurité sociale. Le fonds n'apparaîtrait pas davantage
en loi de finances.
Une fraction d'un des prélèvements obligatoires les plus
importants disparaîtrait purement et simplement du contrôle du
Parlement. La fraction de la CSG affectée au fonds de financement
n'apparaîtrait plus dans les prévisions de recettes de la loi de
financement : elle serait
« nulle part »
. Un
tel recul des prérogatives du Parlement en matière de finances
sociales, désormais unanimement reconnues, est particulièrement
grave.
Cinquièmement, ce financement est contradictoire avec les autres
priorités affichées par le Gouvernement. Le détournement
au profit du « fonds autonomie » d'une partie de la CSG
affectée au FSV va à l'inverse de la
« politique » définie le 21 mars 2000 par le
Premier ministre pour l'alimentation du Fonds de réserve des retraites.
Les « excédents » du FSV sont, en effet,
censés être la première source d'alimentation de ce fonds.
Or, afin de financer les 35 heures, le Gouvernement a déjà
supprimé l'affectation des droits sur les alcools au FSV
(11,5 milliards de francs en 2001) et diminué une première
fois le taux de CSG affectée au FSV (7,5 milliards de francs en
2001). Les recettes du FSV - c'est-à-dire les moyens financiers de
garantir l'avenir des retraites - sont ainsi amputées annuellement
de plus de 24 milliards de francs (19 milliards de francs
résultant de la loi de financement pour 2001, 5 milliards de francs
au titre du financement de l'APA). En somme, le Gouvernement alimente un
nouveau fonds par des recettes destinées à un fonds -le FSV- qui
était censé les reverser à un autre : le Fonds de
réserve des retraites.
Certes, le FSV est amené à dégager de toute façon
des excédents du fait de la diminution du nombre des allocataires du
minimum vieillesse. Mais ces excédents ne sont toutefois pas
multipliables à l'infini.
En conséquence, le Sénat a supprimé le fonds de
financement de l'APA et a retenu le principe d'un financement alternatif,
reposant sur une toute autre logique. Les modalités de ce financement
alternatif ont été définies par la commission des
finances, saisie pour avis de ce projet de loi et par son rapporteur,
M. Michel Mercier. Il s'agit de créer une dotation spéciale
au sein de la Dotation globale de fonctionnement (DGF) des
départements : l'Etat, et non la sécurité sociale,
financerait ainsi la moitié des dépenses supplémentaires
résultant de l'APA. L'effort financier demandé aux
départements serait ainsi mesuré et contrôlé. L'Etat
serait soumis à une forme de « ticket
modérateur », puisqu'il participerait au financement.
M. Pascal Terrasse, rapporteur pour l'Assemblée nationale
, a
tout d'abord relevé la nostalgie de la PSD manifestée par le
Sénat à l'occasion de l'examen du présent texte. Il ne
faudrait pas oublier que la PSD s'est soldée par un échec et
qu'elle a même constitué un recul par rapport à
l'allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP).
S'agissant du financement de l'APA, le Gouvernement a, très en amont,
négocié avec l'Association des départements de France
(ADF) qui, à l'époque, avait exprimé son accord sur un
dispositif mettant à contribution les départements pour les deux
tiers et la solidarité nationale pour un tiers. Le plan financier
proposé par le Gouvernement pour la mise en oeuvre du présent
projet de loi est équilibré. 16,5 milliards de francs sont
mobilisés en 2002 en faveur des personnes âgées
dépendantes, dont 11 milliards de francs de moyens nouveaux, alors
que la mise en oeuvre de la PSD par le précédent Gouvernement
s'était faite à moyens constants, sans aucun apport financier
nouveau ni des départements, ni de la solidarité nationale. Cet
effort financier sera équitablement réparti et sa transparence
sera assurée grâce à la création d'un fonds de
financement spécifique.
On peut certes regretter l'absence de précisions sur les conditions de
fonctionnement de ce fonds. Il faudra inscrire dans la loi les critères
et les clefs de répartition du concours versé aux
départements. Cependant, ce dispositif est préférable au
financement alternatif de la nouvelle allocation, proposé par le
Sénat. Celui-ci a majoré de 8,2 milliards de francs la dotation
globale de fonctionnement (DGF) des départements. Il a supprimé
le fonds de financement qui permettait d'isoler les dépenses au titre de
l'allocation personnalisée d'autonomie. Il a également
augmenté à six reprises les droits de consommation sur les tabacs
pour financer son texte.
En ce qui concerne l'avenir du financement de l'APA, le coût estimatif de
l'allocation personnalisée d'autonomie serait de 23 milliards de francs
en régime de croisière, après 2003. Il sera temps alors
pour le Parlement, à l'aide du rapport d'évaluation de la loi
prévu par l'article 13, d'examiner
in concreto
la
cohérence du mode de financement ainsi mis en place avec la
montée en charge de l'allocation. En tout état de cause et en
vertu du principe d'annualité qui s'applique aux finances sociales, il
n'est pas possible de prévoir dès aujourd'hui le financement
à long terme de l'allocation personnalisée d'autonomie,
même si l'on peut d'ores et déjà estimer vraisemblable une
évolution de la part financée par la CSG.
Enfin, le présent texte ne peut être examiné sans prendre
en compte les avancées résultant de l'examen en cours au
Parlement du projet de loi rénovant l'action sociale et
médico-sociale.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour le Sénat
, a
déclaré n'avoir aucune nostalgie de la PSD : celle-ci a fait
la preuve de son efficacité dans la mesure où aucun dispositif
n'existait auparavant. Cependant, un discours consensuel s'est rapidement
dégagé sur la nécessité de créer une
prestation en nature et de réserver l'ACTP au public auquel elle
était destinée : les handicapés. Les projets de
M. René Teulade sur la dépendance répondant à
ces objectifs n'ont pas eu de suite. Le projet de loi présenté
par Mme Colette Codaccioni a connu le même sort dans la mesure
où il n'existait pas alors de financement pérenne dans le
contexte économique de l'époque.
Le Sénat a donc pris l'initiative à deux reprises sur ce sujet,
notamment par le biais de la proposition de loi de M. Jean-Pierre Fourcade
qui réservait la prestation spécifique dépendance aux
personnes les plus démunies, cette prestation ayant un caractère
transitoire, en attendant une conjoncture économique plus favorable.
Curieusement mais non sans arrière-pensée, le Gouvernement
présente en fin de législature un projet de loi dont le
financement n'est pas assuré. On parle de 24 milliards en 2003
alors que l'amendement d'initiative parlementaire concernant le recours sur
succession va provoquer une augmentation forte des dépenses dans la
mesure où de nombreuses personnes âgées qui n'osaient pas
faire la demande d'une prestation dépendance pour ne pas léser
leurs enfants vont désormais la présenter. Faudra-t-il augmenter
la part de la CSG à 0,12 % ou 0,15 % ? Sur la
répartition des contributions entre l'Etat et les départements,
le Gouvernement ne peut se prévaloir d'un accord avec l'ADF portant la
contribution des départements aux deux tiers et celles de la devra de la
« solidarité nationale » au tiers restant,
l'esquisse d'accord portant plutôt sur une répartition
moitié moitié.
En dehors de l'effort financier, les modifications apportées par le
Sénat ne sont que la reprise du dispositif proposé pour la PSD et
l'ACTP. Le Gouvernement a rejeté ces améliorations au dispositif
actuel, prétextant qu'il s'agissait de mesures réglementaires ne
nécessitant pas l'intervention du législateur. Le Gouvernement a
assuré que ces décrets feraient l'objet de débats avec les
parlementaires. Il serait bien plus rassurant de discuter de ces mesures lors
de l'examen par le Parlement.
M. Jean Le Garrec, président
, a estimé que la
PSD avait amorcé une réponse à un problème
réel. Mais des insuffisances étaient apparues. Aussi la
création de l'APA s'avère indispensable.
Concernant le recours sur succession, la demande des parlementaires
était très forte et l'amendement adopté est une
avancée pour de nombreuses personnes âgées qui n'osaient
pas faire la demande d'allocation.
Si le Sénat a adopté huit articles conformes, le point central de
divergence entre les deux assemblées est indubitablement le financement
du présent projet. Il faut souligner que la situation financière
du fonds de péréquation sera examinée par le Parlement
à l'occasion de la loi de financement de la sécurité
sociale chaque année, sur la base d'un rapport transmis par son conseil
d'administration.
M. Jean Delaneau, vice-président
,
a regretté
l'insuffisance de contrôle du Parlement sur ce fonds ainsi que l'absence
de transmission au Parlement des projets de textes réglementaires par le
Gouvernement.
M. Pascal Terrasse, rapporteur pour l'Assemblée
nationale
,
a souligné la nécessité d'inscrire
dans la loi les clés de répartition du fonds de
péréquation. Un amendement en ce sens sera présenté
lors de la deuxième lecture à l'Assemblée nationale.
M. Michel Mercier
,
sénateur,
a rappelé les
conditions dans lesquelles l'ADF avait donné son accord en
juillet 2000 à Mme Martine Aubry, alors ministre de
l'emploi et de la solidarité, sur les modifications qu'elle proposait
d'apporter à la PSD, dont les insuffisances étaient reconnues par
tous. Il s'agissait alors de modifier les conditions de versement de la
prestation, afin qu'elle soit soumise à un plafond de 13 000 F
de ressources par mois, ce qui n'en faisait pas une allocation universelle. La
ministre avait également manifesté sa volonté de maintenir
la règle du recours sur succession. Dans ces conditions, les
départements avaient accepté de consacrer les économies
qu'ils avaient réalisées avec la PSD, soit 1,4 milliards de
francs, à l'amélioration de la prestation. Avec l'APA, le
Gouvernement a totalement changé de projet, lequel ne correspond plus
à l'accord intervenu alors entre la ministre et l'ADF.
Chacun partage le souci de mettre en place une loi qui puisse être
appliquée avec succès et qui réponde à l'attente
des personnes concernées. Or, la montée en charge rapide du
dispositif imposera aux départements un coût qu'ils ne pourront
pas assumer puisqu'il faudra passer d'un total de dépenses de
11 milliards de francs en 2002 aujourd'hui à 17 milliards de
francs en 2004. Pour certains départements, les dépenses seront
multipliées par cinq, ce qui se traduira nécessairement par une
hausse importante des impôts locaux.
Deux points juridiques doivent par ailleurs être soulevés. Selon
la jurisprudence du Conseil constitutionnel, la fixation par la loi de
nouvelles dépenses obligatoires pour les collectivités locales
doit être définie précisément dans son objet et dans
sa portée. La deuxième condition, sur la portée, n'est
manifestement pas remplie ; il est donc nécessaire d'introduire
dans la loi un plafonnement des dépenses qui seront à la charge
des départements sous peine d'inconstitutionnalité. Enfin, il est
impératif de déterminer dans la loi la répartition des
ressources du fonds pour préciser ce qui reviendra à chaque
département. Le Sénat a proposé de prendre en compte
l'effort qui sera consenti par les départements à hauteur de
80 % en assurant une péréquation des dépenses selon
le potentiel fiscal et le nombre de personnes bénéficiaires du
RMI de chaque département.
M. Jean Le Garrec, président,
a dressé les
constats suivants :
- les dispositifs proposés par le Sénat et
l'Assemblée nationale sur le financement de l'APA ne sont pas
compatibles dans la mesure où ils reposent sur des choix tout à
fait différents ;
- il n'y a en revanche pas de divergence profonde sur la nouvelle
allocation dont le caractère universel est une avancée
incontestable.
M. Jean Delaneau, vice-président,
a considéré
qu'il est difficile dans ces conditions de trouver un accord au sein de la
présente commission mixte paritaire.
La commission mixte paritaire est ensuite passée à l'examen des
articles restant en discussion.
La commission mixte paritaire a
rejeté
par sept voix contre sept
l'article 1
er
dans le texte du Sénat, puis elle a
rejeté
par sept voix contre sept l'article 1
er
dans le
texte de l'Assemblée nationale.
M. Jean Le Garrec, président,
a alors constaté
que la commission mixte paritaire n'était pas en mesure d'adopter un
texte commun sur les dispositions restant en discussion du présent
projet de loi.