3. Les inconvénients du composite
a) Des inconvénients d'ordre thérapeutique
La grande majorité des professionnels considère que le composite est un matériau parfaitement indiqué pour traiter des lésions mineures, mais ne peut en aucun cas être considéré comme un substitut généralisé à l'amalgame.
Des restrictions d'usage seraient dues à trois facteurs.
Le premier tient à la nature même du composite , qui trouve sa forme définitive après polymérisation, c'est-à-dire après une réaction chimique. Or, une réaction chimique n'est jamais complète à 100 % et la polymérisation ne peut être totalement garantie. Par ailleurs, le composite a tendance à se rétracter avec le temps.
Cette caractéristique peut être un handicap en tenant compte du second facteur, qui lui, est dû au mode de fixation du composite . La résine adhère à la dent par collage. Des risques apparaissent donc lorsque le composite est posé sur une cavité large et profonde car ou l'adhérence est imparfaite et le composite a tendance à se décoller, ou le collage est parfait, et c'est alors la dent qui peut se fissurer (la rétractation de la résine entraîne la paroi dentaire ; quand celle-ci est trop mince, la dent se fissure). Dans les deux cas, le composite présente un risque de reprise de carie (13 ( * )) .
C'est pourquoi le composite est formellement contre indiqué dans le cas de lésions nombreuses (révélant une mauvaise hygiène dentaire et/ou une tendance carieuse) et/ou des lésions profondes du fait de la toxicité pour la pulpe dentaire, liée à la polymérisation incomplète du composite. Lors de son audition, le Professeur Pierre COLON a même considéré que « le recours aux composites en cas de multicaries ou de caries récidivistes peut même être considéré comme une faute professionnelle » .
Pour ces différentes raisons, les professionnels ont donc suggéré une utilisation comparée des différents matériaux de restauration en fonction de la position de la dent, des caractéristiques de la lésion, des souhaits du patient et de la disponibilité du praticien. On observera que la pose du composite est dans l'ensemble plus exigeante que celle d'un amalgame et exige des praticiens « motivés ».
Critères de choix entre composite et amalgame
Facteurs |
Composite |
Amalgame |
Position de la dent |
Dent visible (devant) Force masticatoire faible (prémolaires) |
Dent peu visible Force masticatoire forte (molaire) |
Lésion |
Lésion primaire Petite lésion Peu de contacts entre les dents supérieures et inférieures Présence d'émail périphérique Isolation parfaite de la dent au moment de la pose |
Remplacement d'anciens amalgames Lésion étendue Contacts importants entre dents supérieures et inférieures Peu d'émail périphérique Isolation difficile de la dent au moment de la pose |
Patient |
Hygiène soignée Souhait d'esthétique |
Carie active Hygiène faible non motivée par esthétique |
Praticien |
Motivé |
Pressé |
Source : A. Raskin, J. Vreven « Obturation par un matériau : résines composites - Encyclopédie médico-chirurgicale (Elsevier, Paris) 1996
Le troisième facteur est lié à la durabilité du composite.
En raison de la polymérisation, nécessairement imparfaite, du collage et en dépit des améliorations constantes des résines et des adhésifs, la durée de vie d'un composite reste limitée, et, en tout cas, inférieure à celle d'un amalgame. Les plus critiques vis-à-vis du composite estiment cette durée de vie à moins de dix ans. Certains ont même parlé de 4, 5 ans. Il s'agit d'exagération. Ces durées étaient celles des premiers composites, mais les nouvelles générations de résines et d'adhésifs garantissent des durées de vie de 10-12, voire 15 ans. Les spécialistes des composites considèrent même qu'il n'y a pas, qu'il n'y a plus de différence entre les amalgames et les composites. Cet argument est à son tour exagéré. Les durées de vie actuelles des composites sont bien équivalentes à celles des amalgames, mais des amalgames de l'ancienne génération. Car des progrès ont également été faits du côté des amalgames, et certains professionnels considèrent que des amalgames bien posés durent plus de 40 ans, voire toute une vie.
L'amalgame a une durée de vie supérieure à celle du composite . En dépit des progrès réels des composites, il est vraisemblable que cet écart subsistera.
* (13) L'usage d'adhésifs spécialement adaptés aux contacts directs avec la pulpe dentaire est à l'étude.