3. Discussion critique (2) le bilan coût-avantages
a) Les solutions alternatives
• Lors des premières études sur le risque hydrique, au milieu des années 80, les scientifiques avaient envisagé plusieurs types de solutions :
L'information des consommateurs visant à les sensibiliser au risque plomb, les encourager à d'autres alimentations, à adopter les réflexes de sécurité (en faisant couler l'eau avant l'utilisation)... une sorte de « réponse minimum », avec une efficacité elle aussi réduite, mais très facile à mettre en oeuvre et à financer.
Le traitement des eaux
La solubilité du plomb dépend essentiellement des caractéristiques de l'eau, notamment du pH, de l'ordre de 8, et une dureté carbonatée. Le traitement des eaux consiste à modifier les deux paramètres dans les eaux de station, soit en augmentant la dureté et le pH des eaux douces acides, soit en décarbonatant les eaux dures par apport de chaux, de sels de calcium. « La solubilité du plomb décroît avec la teneur du bicarbonate des eaux. Il peut donc être intéressant de procéder à une décarbonatation partielle de l'eau en usine, à l'aide de chaux. Ce traitement a pour autre avantage de relever le pH ». Un traitement complémentaire d'oxydation par l'ozone et le chlore permet de réduire encore la solubilité du plomb, à une valeur largement inférieure à 25 ug/l, sans toutefois atteindre systématiquement 10 ug/l (71 ( * )).
La suppression des canalisations en plomb
Il s'agit évidemment de la solution la plus radicale, mais aussi la plus coûteuse. Lorsque cette solution a été préconisé, le coût, pour la France était estimé à 119 milliards de francs et le coût pour l'Europe à 347 milliards de francs.
- Entre ces trois formules, l'Europe a choisi la plus radicale, mais aussi la plus coûteuse, la France étant de loin le pays le premier touché par la mesure devant le Royaume-Uni (92 milliards), loin devant les autres Etats membres, en particulier la Grèce, le Luxembourg et le Danemark, qui soit n'ont pas de canalisations en plomb, soit respectaient déjà la norme de 10 ug/l.
On observera simplement que ces Etats, pour lesquels la mesure n'a aucune incidence financière, disposaient à eux trois d'autant de voix que la France pour laquelle l'abaissement du seuil de potabilité à 10 ug de plomb par litre entraînant un coût alors évalué à 119 milliards de francs...
Même si ce coût a été revu à la baisse, ce décalage entre les Etats -entre les décideurs et les payeurs- doit être gardé en mémoire.
* (71) P. Leroy - J. Cordonnier - Journal européen d'hydrologie -Tome 25 - Fascicule 1 - 1994