B. LES INCIDENCES DIVERGENTES DE LA BAISSE DES CRÉDITS
1. Une politique de la réparation préservée
a) Une évolution contrastée des dépenses liées à la réparation
Les
dépenses relatives à la réparation comprennent :
- les pensions d'invalidité et les allocations et indemnités
rattachées (chapitre 46-20) ;
- la retraite du combattant (chapitre 46-21) ;
- les prestations de sécurité sociale remboursées par
l'Etat au profit des pensionnés de guerre (chapitre 46-24) ;
- les soins médicaux gratuits (chapitre 46-27) ;
- l'appareillage des mutilés (chapitre 46-28).
Ces dépenses représenteront, en 1999, 87 % du budget du
secrétariat des anciens combattants.
Evolution des dotations budgétaires au titre de la réparation
Chapitre |
Intitulé |
Loi de finances initiale pour 1999 |
Projet de loi de finances pour 2000 |
Evolution |
46-20 |
Pensions d'invalidité |
17.664 |
17.228 |
- 2,5 % |
46-21 |
Retraite du combattant |
2.229 |
2.599 |
+ 16,6 % |
|
Total dette viagère |
19.893 |
19.877 |
- |
46-24 |
Prestations de sécurité sociale |
1.319 |
1.335 |
+ 1,2 % |
46-27 |
Soins médicaux gratuits |
906 |
779 |
- 14,1 % |
46-28 |
Appareillage |
61 |
61 |
- |
|
Total prise en charge des soins |
2.286 |
2.175 |
- 4,9 % |
|
Total dépenses de réparation |
22.179 |
22.002 |
- 0,1 % |
(en
millions de francs)
Cette stabilité des dépenses de réparation, qui
succède à une diminution de 4,1 % en 1999, masque en
réalité des évolutions contrastées.
Ainsi, on a vu que la forte progression du nombre de titulaires de la retraite
du combattant compensait la diminution du nombre de pensionnés.
De même, les actions liées à la prise en charge des soins
évoluent différemment.
Les
prestations de sécurité sociale
des invalides
pensionnés à 85 %, que l'Etat prend à sa charge en
application de la loi du 29 juillet 1950, augmentent de 1,2 % après
une forte baisse de 9,2 % en 1999. Cette hausse correspond en
réalité à une correction de la baisse
précédente qui avait été trop importante compte
tenu des dépenses réelles.
S'agissant de
l'appareillage
, les crédits sont stables, la
diminution du nombre de bénéficiaires étant
compensée par l'accroissement d'activité du Centre
d'études et de recherche sur l'appareillage des handicapés
(CERHA).
La baisse des crédits pour les
soins médicaux gratuits
(-
4,9 %) correspond, elle, à un ajustement à la baisse du
nombre de bénéficiaires, mais aussi à une révision
des procédures.
Au total, les crédits consacrés à la réparation
devraient permettre en 2000 le respect du droit à réparation dans
des conditions satisfaisantes.
b) L'application du rapport constant
L'application du rapport constant à la dette
viagère,
qui permet de revaloriser les pensions militaires d'invalidité et les
retraites du combattant de manière à garantir une
évolution parallèle à celle des traitements de la fonction
publique, entraîne une
majoration de 248 millions de francs des
crédits
, dont 218 millions de francs au titre des pensions
d'invalidité et 30 millions de francs au titre de la retraite du
combattant. Cette majoration intègre à la fois les
revalorisations constatées en 1999 et des " provisions "
(à hauteur de 16 millions de francs) pour 2000.
Votre commission observe que ce mécanisme a permis une revalorisation
satisfaisante des pensions depuis sa mise en place en 1990.
Il n'en demeure pas moins que le rapport constant reste extrêmement
complexe et peu lisible.
Une commission spécifique chargée de l'examen d'une
simplification de ce calcul a été mise en place en 1996, mais ses
travaux n'ont débouché sur aucune réforme.
A la suite d'un rapport de l'Inspection générale du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants, M. Jean-Pierre Masseret a
soumis aux associations deux propositions de réforme du mode de calcul
du rapport constant. Auditionné l'an passé par votre commission,
il avait déclaré que la proposition la plus favorable se
traduirait pas une revalorisation supplémentaire de 0,6 % des
pensions d'invalidité la première année, mais que cette
mesure ne pourrait pas s'appliquer en 1999. En l'état actuel, son
application pour 2000 reste encore incertaine et nécessitera sans doute
une intervention législative.
Votre commission souhaite que la concertation actuelle débouche
rapidement sur une solution satisfaisante afin que le mode de calcul du rapport
constant soit réformé dans le sens d'une plus grande
transparence.
2. Une politique de la solidarité à redéfinir
Les
crédits consacrés à la politique de solidarité
comprennent :
- le fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du
Nord et d'Indochine (chapitre 46-10) ;
- les crédits d'action sociale dont la subvention aux
dépenses sociales de l'ONAC (chapitres 46-03, 46-04, 46-31
4(
*
)
et 46-51) ;
- la majoration des rentes mutualistes (chapitre 47-22).
Ces crédits diminuent de plus de 17 % en 2000, témoignant de
la modification de la structure du budget des anciens combattants.
Evolution des dépenses de solidarité
Chapitre |
Intitulé |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution 1999/2000
|
46-10 |
Fonds de solidarité |
1.535 |
1.574 |
1.577 |
1.127 |
- 28,6 % |
46-03, 46-04, 46-31, 46-51 |
Action sociale |
112 |
106 |
114 |
106 |
+ 7,0 % |
47-22 |
Majoration des rentes mutualistes |
360 |
- |
403 |
492 |
+ 14,6 % |
|
Total |
2.007 |
1.680 |
2.094 |
1.725 |
- 17,6 % |
(en millions de francs)
a) L'extinction progressive du fonds de solidarité
Créé par la loi de finances pour 1992, le fonds
de
solidarité assure un rôle central pour l'action sociale en faveur
des anciens combattants qui connaissent les situations les plus difficiles.
Mais, après être progressivement monté en charge, le fonds
entre désormais dans une nouvelle phase d'extinction qui ira
s'accélérant. Les allocations du fonds sont en effet
versées jusqu'à ce que les bénéficiaires soient en
mesure de faire valoir leurs droits à une retraite à taux plein
ou atteignent l'âge de 65 ans. Or, l'âge moyen des anciens
combattants d'Afrique du nord est en 1999 de près de 62 ans. Les
bénéficiaires commencent donc à sortir massivement du
fonds. Ce mouvement s'accentuera jusqu'en 2002, date à laquelle tous les
anciens d'Afrique du nord seront à la retraite. Le fonds aura alors
perdu sa signification.
Evolution du nombre d'allocataires du Fonds de solidarité
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 (1) |
Nombre de bénéficiaires de l'AD |
19.832 |
24.359 |
37.577 |
38.306 |
28.257 |
21.392 |
17.955 |
Nombre de bénéficiaires de l'APR |
- |
- |
1.593 |
4.322 |
10.940 |
12.287 |
11.773 |
Total |
19.832 |
24.359 |
39.170 |
42.628 |
39.197 |
33.679 |
29.728 |
(1)
Chiffres au 31 décembre sauf pour 1999 (30 juin).
Face à cette extinction programmée du fonds de
solidarité, votre commission insiste sur la nécessité
d'utiliser les crédits jusqu'à présent affectés au
financement du fonds de solidarité pour de nouvelles actions de
solidarité.
Un tel redéploiement, d'ampleur d'ailleurs très modeste, a
déjà été réalisé l'année
passée sous deux formes.
L'article 124 de la loi de finances pour 1999
permet aux personnes
susceptibles de bénéficier du fonds de solidarité et
totalisant une durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres
d'accéder directement à l'allocation de préparation
à la retraite (APR), sans avoir à passer par le " sas "
de l'allocation différentielle (AD) pendant six mois.
Votre commission, qui avait été à l'origine d'une telle
disposition, se félicite d'avoir été entendue, mais
constate que ce dispositif reste modeste. Seules 192 personnes en auraient
bénéficié au premier semestre 1999.
L'autre forme de redéploiement avait consisté en
l'attribution
automatique de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) aux
salariés titulaires de la carte du combattant au titre des
opérations effectuées en Afrique du nord,
lorsque l'employeur
s'oppose à son attribution. Cette disposition, issue de l'article 121 de
la loi de finances pour 1999, avait reçu l'avis favorable de votre
commission qui avait, de surcroît, souhaité étendre cette
mesure aux titulaires du Titre de reconnaissance de la Nation. Or, ce
dispositif n'est toujours pas opérant et les 20 millions de francs
inscrits en loi de finances initiale n'ont toujours pas été
consommés.
Votre commission souhaiterait apporter plusieurs éclaircissements sur
ce point.
D'une part, le dispositif proposé était, au moment de la
dernière discussion budgétaire, tout à fait praticable. La
difficulté est venue de ce que le régime de l'ARPE a
été modifié postérieurement au vote du Parlement.
Le 28 décembre 1998, les partenaires sociaux ont en effet
modifié le financement de l'ARPE, mettant 20 % du coût
à la charge de l'employeur. Or, l'accord sur l'ARPE étant
conventionnel, l'application de l'article 121 de la loi de finances pour 1999
était subordonnée à la signature d'un avenant à cet
accord pour les partenaires sociaux. Celui-ci n'a donc pu être
signé que le 12 mai dernier.
D'autre part, contrairement à ce que l'on a pu entendre ici ou
là, le retard dans l'application de cette mesure s'explique par
l'absence non d'un accord entre les partenaires sociaux puisqu'il a
été signé le 12 mai dernier, mais par l'absence
d'agrément du ministre de l'emploi et de la solidarité à
cet avenant.
Votre commission observe donc que, depuis plus de six mois, le
Gouvernement a pris la responsabilité de bloquer l'application de cette
mesure.
Le fonds de solidarité
1)
Les bénéficiaires
Initialement réservé au bénéfice des seuls anciens
combattants d'Afrique du Nord en situation de chômage de longue
durée et âgés de plus de 57 ans, le fonds est
désormais ouvert à tout ancien combattant à quatre
conditions :
- avoir participé aux opérations en Indochine ou en Afrique du
Nord ;
- être privé d'emploi depuis plus d'un an ou être en
situation de travail réduit ;
- disposer de ressources personnelles inférieures à 4.647 francs
par mois ;
- résider en France métropolitaine ou dans les
départements d'outre-mer.
Au 30 juin 1999, 30.000 personnes bénéficiaient du soutien du
fonds de solidarité.
2) Les aides versées
Depuis le 1
er
janvier 1995, le Fonds de solidarité assure,
non pas de plein droit mais toujours sur demande de l'intéressé,
le versement de deux types d'allocations non cumulables, mais aussi d'un
capital décès pour les veuves :
-
l'allocation différentielle (AD)
L'AD constitue un complément de ressources spécifiques. Elle
assure à tout bénéficiaire un revenu mensuel minimum
garanti de 4.647 francs par mois au 1
er
janvier 1998.
L'article 109 de la loi de finances pour 1998 a institué une majoration
spécifique de l'AD pour les chômeurs qui justifient d'une
durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres.
Cet article précise que "
afin de leur permettre de
bénéficier d'un revenu équivalent à une retraite
anticipée de 5.600 francs net par mois et par dérogation aux
dispositions précédentes, le montant de l'allocation
différentielle est augmenté à due concurrence au
1
er
janvier 1998 pour les chômeurs qui justifient d'une
durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres, y compris les
périodes équivalentes et notamment le temps passé en
Afrique du Nord
".
Au 30 juin 1999, 17.955 personnes percevaient l'AD pour un montant moyen de
1.981 francs par mois.
-
l'allocation de préparation à la retraite (APR)
L'APR constitue un revenu complet servi à titre principal. A la
différence de l'AD, elle est constitutive de droits en matière
d'assurance sociale.
L'APR est attribuée aux personnes qui sont bénéficiaires
de l'AD pendant six mois consécutifs et qui n'exercent aucune
activité professionnelle. L'article 124 de la loi de finances pour 1999
a cependant permis aux personnes susceptibles de bénéficier du
fonds de solidarité et qui totalisent 160 trimestres d'assurance
vieillesse d'accéder directement à l'APR.
L'APR est égale à 65 % d'un revenu de
référence (le plus souvent la moyenne des revenus mensuels
d'activité professionnelle) et est plafonnée à 7.228
francs par mois au 1er janvier 1999.
L'article 127 de la loi de finances pour 1997 a également
institué un plancher pour l'APR égal à 4.500 francs.
Au 30 juin 1999, 11.773 personnes touchaient l'APR pour un montant moyen de
5.978 francs par mois.
Les deux allocations sont indexées sur les bases mensuelles de calcul
des prestations familiales et sont par conséquent automatiquement et
périodiquement revalorisées.
-
Le capital décès
Les veuves d'un bénéficiaire de l'APR peuvent
bénéficier, depuis 1997, d'un capital décès d'un
montant égal à quatre fois le montant mensuel brut de l'APR, le
cas échéant majoré en fonction du nombre d'enfants
à charge.
En 1997, 46 personnes ont bénéficié du capital
décès pour un montant moyen de 26.195 francs.
Auditionné par votre commission, M. Jean-Pierre Masseret a
déclaré que cet avenant du 12 mai dernier était
actuellement en cours de renégociation et que la situation allait se
débloquer dans
" les jours à venir "
. Votre
commission y sera bien entendu très vigilante.
Ces deux exemples témoignent, au total, du faible effort de
redéploiement des crédits en faveur de nouvelles actions de
solidarité.
Dans ces conditions, il importe de redéfinir en profondeur les actions
de solidarité menées par le fonds.
Cette redéfinition pourrait prendre deux formes :
- soit renforcer significativement les actions actuelles du fonds en faveur des
anciens combattants n'ayant pas encore fait valoir leurs droits à la
retraite,
- soit développer les actions de solidarité en faveur des
retraités. A cet égard, votre commission constate que de nombreux
anciens combattants connaissent à nouveau une situation critique
à leur sortie du fonds, devant souvent se contenter du minimum
vieillesse.
Votre commission ne peut alors que regretter que le présent projet de
loi de finances ne s'engage pas dans cette voie.
b) La fragilité des autres actions de solidarité
Hormis
le fonds de solidarité, les autres crédits de la politique de
solidarité évoluent de manière divergente. Alors que les
crédits relatifs à la rente mutualiste augmentent rapidement, les
crédits d'action sociale diminuent.
La retraite mutualiste des anciens combattants,
majorée par
l'Etat, est une rente viagère accordée à une
catégorie particulière de rentiers, les mutualistes anciens
combattants. Elle ne peut être considérée comme un titre de
réparation, puisqu'il s'agit d'une souscription individuelle
effectuée à titre volontaire.
Tous les contribuables anciens combattants peuvent, chaque année,
déduire de leur revenu imposable, dans la limite d'un plafond, les
versements effectués en vue de la constitution d'une rente donnant lieu
à majoration de l'Etat. En outre, la retraite mutualiste se cumule avec
toutes les autres pensions et retraites et est exonérée
d'impôt pour sa part inférieure au plafond légal.
Au-delà de ce plafond, le régime fiscal est celui de l'assurance
vie.
Le budget prévoit une augmentation significative de 90 millions de
francs de cette rente.
80 millions de francs seront ainsi dégagés pour prendre en compte
l'augmentation du nombre de bénéficiaires. Ceux-ci passeront en
effet de 322.000 en 1999 à 341.000 en 2000 selon les prévisions
budgétaires du fait des évolutions démographiques.
10 millions de francs supplémentaires permettront de financer le
relèvement de 100 à 105 points l'indice du plafond majorable de
la rente mutualiste, en application de l'article 66 du projet de loi de
finances.
A l'inverse, les
crédits en faveur de l'action sociale
diminuent
de 7 %.
Ces crédits recouvrent des actions de nature très diverses :
réduction de tarifs ferroviaires, secours permanents ou occasionnels
à des personnes démunies, subventions de fonctionnement aux
associations, indemnisation spécifique de certaines catégories
d'anciens combattants mais aussi la subvention à l'action sociale de
l'ONAC.
Certes, les crédits sociaux de l'ONAC augmentent de 5 millions de
francs pour atteindre 56,8 millions de francs.
Votre commission des Affaires sociales constate également que d'autres
crédits budgétaires viennent abonder les crédits de
l'ONAC. Ainsi, la subvention de fonctionnement augmente de près de 12
millions de francs, permettant notamment l'embauche de 20 assistantes sociales.
De même, la subvention d'investissement augmente de 10 millions de
francs, garantissant la poursuite de l'effort de mise aux normes des maisons de
retraite de l'ONAC.
Pour autant, il n'est pas sûr que le montant de ces crédits
sociaux soit suffisant. Votre commission exprime en effet la crainte d'une
augmentation du nombre de demandes de secours individuels dans les prochaines
années, du fait de l'extinction progressive du fonds de
solidarité.
En 1998, les crédits d'action sociale avaient
ainsi permis de venir en aide à 19.470 ressortissants, dont
5.934 veuves.
Votre commission tient donc à rappeler que le rôle essentiel de
l'ONAC
5(
*
)
dans l'exercice du
devoir de solidarité de la Nation à l'égard des anciens
combattants doit également se traduire sur le plan budgétaire.
3. Une politique de la mémoire redimensionnée
a) Une évolution satisfaisante des crédits
Les crédits en faveur de la mémoire progressent globalement de 5,6 % en 2000.
Evolution des crédits consacrés à la mémoire
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution
|
Chapitre 34-98 |
0,3 |
0,3 |
0 |
Délégation à la mémoire et à l'information historique |
|
|
|
Chapitre 31-96 |
3,7 |
3,7 |
0 |
Personnels recrutés à l'étranger pour l'entretien des sépultures françaises |
|
|
|
Chapitre 37-61 |
7 |
7 |
0 |
Entretien des nécropoles nationales |
|
|
|
Chapitre 41-91 |
2,5 |
3,1 |
+ 24 % |
Fêtes nationales et cérémonies publiques |
|
|
|
Chapitre 43-02 |
11,6 |
11,8 |
+ 1,7 % |
Interventions en faveur de l'information historique |
|
|
|
Chapitre 57-91 |
3,2 |
4 |
+ 25 % |
Remise en état des nécropoles nationales (crédits de paiement) |
|
|
|
Total |
28,3 |
29,5 |
+ 5,6 % |
Tout en
observant que ces crédits devraient permettre de mener une politique de
la mémoire plus active, votre commission tient cependant à
formuler trois observations :
L'analyse de l'évolution sur longue période des crédits
relatifs à la mémoire qu'a menée la Cour des
comptes
6(
*
)
met en
évidence une
" évolution erratique "
,
s'expliquant très largement par l'ouverture de crédits à
titre non reconductible pour la commémoration d'événements
historiques. Dans ces conditions,
votre commission s'interroge sur la
cohérence de la politique de mémoire,
estimant que celle-ci
ne peut se fonder sur de simples et aléatoires
célébrations mais exige un enracinement dans la continuité.
Votre commission s'inquiète également du retard
accumulé dans l'exécution du programme 1994-2000 de
rénovation des nécropoles nationales.
Alors que 2000 devait
marquer la fin de ce programme, celui-ci n'aura été
exécuté qu'à hauteur de 26 millions de francs sur les
50 millions prévus. Votre commission ne peut alors que souhaiter
que ce programme se poursuive et soit achevé dans les meilleurs
délais.
Enfin, au moment où le Parlement unanime, a reconnu la
réalité de la guerre d'Algérie, votre commission observe
que le projet de loi de finances, dans sa version initiale, ne prévoyait
aucun crédit pour le mémorial de la guerre d'Algérie. Elle
considère pourtant qu'il serait opportun de réaliser rapidement
un tel mémorial qui permettrait de concrétiser la reconnaissance
de la Nation à ceux qui sont morts pour la France durant cette guerre.
b) Les conséquences de la réorganisation ministérielle
La
restructuration du secrétariat d'Etat aux anciens combattants s'est
accompagnée d'une refonte de la politique de la mémoire.
Cette refonte concerne d'abord l'organisation ministérielle. Alors que
la politique de la mémoire était jusqu'à présent
menée par la délégation à la mémoire et
à l'information historique, elle sera désormais menée par
une nouvelle direction de la mémoire, du patrimoine et des archives.
Cette refonte concerne également la nomenclature budgétaire.
L'ensemble des crédits relatifs à la mémoire ont ainsi
été transférés vers le budget de la défense,
à l'exception des subventions en faveur des actions de mémoire.
Votre commission s'interroge sur l'opportunité de ces
évolutions. Elle exprime en effet la crainte qu'elles ne se traduisent
par le relâchement du lien entre la mémoire et les anciens
combattants, alors que ces derniers ont à l'évidence un
rôle privilégié pour toute politique de mémoire.