Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale - TOME VI - ANCIENS COMBATTANTS
LESBROS (Marcel)
AVIS 93-TOME VI (1999-2000) - Commission des Affaires sociales
Tableau comparatif au format Acrobat ( 147 Ko )Table des matières
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
-
AVANT-PROPOS
-
I. LES CRÉDITS BUDGÉTAIRES SONT TOUJOURS
ORIENTÉS À LA BAISSE
- A. UNE NOUVELLE DIMINUTION DES CRÉDITS
- B. LES INCIDENCES DIVERGENTES DE LA BAISSE DES CRÉDITS
-
II. LES MESURES NOUVELLES RESTENT ENCORE TRÈS
MODESTES
- A. DES MESURES NOUVELLES INSUFFISANTES
-
B. DE NOMBREUSES QUESTIONS TOUJOURS EN SUSPENS
- 1. Assurer la compensation intégrale du " gel " de la pension des grands invalides
- 2. Faire un premier pas vers la " décristallisation "
- 3. Conforter la situation des veuves d'anciens combattants
- 4. Indemniser rapidement les incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes
- 5. Assouplir les conditions d'attribution du Titre de reconnaissance de la Nation
- 6. Etudier la possibilité de ramener de 65 à 60 ans l'âge ouvrant droit au bénéfice de la retraite du combattant
-
I. LES CRÉDITS BUDGÉTAIRES SONT TOUJOURS
ORIENTÉS À LA BAISSE
- EXAMEN DES ARTICLES RATTACHÉS
N° 93
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VI
ANCIENS COMBATTANTS
Par M. Marcel LESBROS,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Jean-Pierre Vial, Guy Vissac.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
6
)
(1999-2000).
Lois de finances.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DU MINISTRE
Réunie le mardi 16 novembre 1999 sous la
présidence de M. Jean Delaneau, président
, la commission a
procédé à l'
audition
de
M. Jean-Pierre
Masseret, secrétaire d'Etat à la défense chargé des
anciens combattants,
sur
le
projet de loi de finances pour 2000
(crédits consacrés aux anciens combattants)
.
M. Jean Pierre Masseret, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants,
a d'abord présenté les
grandes lignes du budget pour 2000. Il a indiqué que ce budget se
plaçait dans la continuité des budgets précédents,
garantissant le respect du droit à réparation, même s'il ne
permettait pas de répondre à toutes les demandes du monde
combattant. Il a rappelé que le montant total des crédits
s'élevait à 25 milliards de francs, 72 % des crédits
étant affectés aux pensions, 23 % des crédits
concernant la solidarité, la reconnaissance et la mémoire et
seulement 5 % des crédits finançant le fonctionnement. Il a
souligné que le budget diminuait de 2 %, tout en observant que la
baisse des crédits restait inférieure à celle du nombre de
ressortissants, qui devrait atteindre 4 % en 2000.
Il a indiqué que ce budget proposait 110 millions de francs de
mesures nouvelles après les modifications apportées en
première lecture à l'Assemblée nationale. Il a
observé que le budget initial comportait déjà
80 millions de francs de mesures nouvelles, avec notamment
l'assouplissement des conditions d'attribution de la carte du combattant
à partir d'une durée de service de douze mois en Afrique du Nord,
et avec la revalorisation du plafond majorable de la rente mutualiste. Il a
déclaré que le débat à l'Assemblée nationale
avait permis de dégager 30 millions de francs
supplémentaires, affectés à plusieurs mesures nouvelles.
Il a notamment insisté sur l'amorce d'une revalorisation des pensions
des plus grands invalides, indiquant que cette revalorisation, destinée
à combler l'écart lié au gel intervenu entre 1992 et 1995,
devrait être complète l'an prochain. Il a évoqué
également d'autres mesures, comme l'augmentation des crédits en
faveur de la mémoire, l'augmentation de 5 millions de francs des
crédits d'action sociale de l'Office national des anciens combattants et
victimes de guerre (ONAC) en faveur des veuves, l'indemnisation des quelque
150 veuves des patriotes résistants à l'occupation, et enfin
l'amélioration du statut des prisonniers de l'Armée de
libération nationale (ALN).
Abordant la réforme de son département ministériel, il a
estimé que le bilan en était positif et se traduisait, notamment,
par une maîtrise des frais de fonctionnement. Il a précisé
que la publication des derniers textes d'application de cette réforme,
au Journal officiel, était imminente. Il a cependant observé
qu'une question restait à régler : celle de la
réalisation de pôles " handicap " dans les
départements. A ce sujet, il a indiqué que le
réaménagement de l'activité du Centre d'étude et de
recherche sur l'appareillage des handicapés (CERAH) visait à
l'ouvrir plus sur les handicapés non invalides de guerre et aurait
l'avantage de renforcer son caractère de service de proximité
pour les anciens combattants.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis,
a constaté que le projet
de budget pour 2000 laissait en suspens hélas ! de nombreuses
demandes du monde combattant. Rappelant le consensus qui s'était
dégagé au moment de l'adoption par le Parlement unanime de la
proposition de loi reconnaissant enfin l'état de guerre en
Algérie, il a déclaré qu'il souhaiterait voir ce consensus
se prolonger à l'occasion de la discussion budgétaire.
Il s'est alors interrogé sur les retards pris dans l'application de
l'article 121 de la loi de finances pour 1999, concernant l'attribution de
l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) aux anciens combattants,
regrettant que l'absence d'agrément du ministre de l'emploi et de la
solidarité bloque la mise en oeuvre de l'accord intervenu entre les
partenaires sociaux le 12 mai dernier. Il s'est également
interrogé sur les perspectives d'une
" décristallisation " des pensions, notamment en faveur des
anciens combattants du Maghreb.
Il a ensuite fait part de sa préoccupation quant à la situation
des veuves des anciens combattants. Il s'est enfin interrogé sur la
simplification du " rapport constant ", sur l'élargissement
des conditions d'attribution du titre de reconnaissance de la Nation à
ceux qui furent présents en Algérie du 2 juillet 1962 au
1
er
juillet 1964 et sur les lenteurs de l'indemnisation des
incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes
(RAD-KHD), constatant que, sur tous ces points, le budget pour 2000 n'apportait
pas de réponses.
M. Jean Delaneau, président,
a demandé au
secrétaire d'Etat si la croix de la valeur militaire, qui avait
été créée au moment des conflits d'Afrique du Nord
et qui avait une valeur identique à celle de la croix de guerre, allait
être transformée en croix de guerre du fait de la reconnaissance
de l'état de guerre en Algérie.
M. Jean Pierre Masseret, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants,
a reconnu ne pas s'être
posé la question d'une éventuelle transformation de la croix de
la valeur militaire, mais a déclaré qu'il étudierait cette
question.
S'agissant de l'ARPE, il a annoncé que la situation allait se
débloquer dans les jours à venir. Reconnaissant que les
dispositions adoptées l'année passée soulevaient un
problème de principe lié à l'intervention de l'Etat dans
le domaine contractuel, il a rappelé que les retards s'expliquaient
avant tout par la modification des modalités du financement de l'ARPE
intervenue à la toute fin 1998. Il a estimé que ces modifications
s'étaient traduites par un taux de refus, plus important que
prévu, du bénéfice de l'ARPE aux anciens combattants, les
entreprises ayant tendance à écarter systématiquement les
demandes des salariés anciens combattants, afin de reporter la charge
financière de l'ARPE sur l'Etat. Il a indiqué que cette pratique
des entreprises se traduisait par un surcoût budgétaire
significatif, ce surcoût expliquant les réticences de l'Etat
à agréer la convention. Il a toutefois déclaré que
cette convention était en cours de renégociation et permettrait
à quelque 150 personnes de bénéficier de l'ARPE dans la
limite des crédits initialement budgétés.
S'agissant de la " décristallisation ", il a estimé que
l'on instruisait un mauvais procès à la France, qui avait
maintenu le versement des pensions et des retraites, même si celles-ci
ont été effectivement cristallisées. Il a indiqué
qu'il était nécessaire de raisonner en termes de comparaison de
pouvoir d'achat pour apprécier le niveau réel des pensions
cristallisées. Il a rappelé qu'une étude avait
montré que seuls l'Algérie, la Tunisie et le Maroc connaissaient
un pouvoir d'achat des pensions cristallisées inférieur au
pouvoir d'achat des pensions françaises. Il a estimé qu'une
remise à niveau pouvait en effet apparaître souhaitable pour ces
pays, mais il a indiqué qu'une telle mesure n'avait pas fait l'objet
d'un accord en arbitrage interministériel. Il a néanmoins
précisé que la situation actuelle du centre de versement des
pensions à Bordeaux imposait une nouvelle réflexion dans ce
domaine, même si le problème rencontré à Bordeaux
pouvait s'expliquer différemment. Il a également
déclaré qu'il pouvait être souhaitable de lever la
forclusion pesant depuis 1995 sur les demandes de retraite du combattant des
personnes atteignant l'âge de 65 ans.
A ce sujet,
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis,
a estimé que
la " décristallisation " soulevait une délicate
question de principe, et s'est déclaré favorable à une
" décristallisation " progressive débutant, par
exemple, par une revalorisation de 10 à 20 % du montant de la
valeur du point dans les pays ayant accumulé le plus de retard.
S'agissant des veuves,
M. Jean Pierre Masseret, secrétaire d'Etat
à la défense chargé des anciens combattants,
a
indiqué qu'il n'avait pas été envisagé cette
année de réforme du régime légal existant. Il a
toutefois déclaré qu'il s'était engagé à
remettre à plat en 2000 le dispositif en faveur des veuves, tout en
observant qu'une telle réforme aurait nécessairement un
coût.
M. Jean Delaneau, président,
a demandé au
secrétaire d'Etat de préciser sa position sur les demandes du
monde combattant quant au redéploiement des crédits
libérés par l'évolution démographique.
M. Jean Pierre Masseret, secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants,
a considéré que la
seule application du rapport constant se traduisait par la restitution de plus
de 300 millions de francs de crédits théoriquement
libérés en faveur des anciens combattants. Il a toutefois
estimé nécessaire de réfléchir à
l'affectation des crédits pouvant être redéployés.
S'agissant de la simplification du " rapport constant ", il a
indiqué que le mode de calcul était certes compliqué, mais
qu'il permettait une revalorisation très satisfaisante des pensions. Il
a rappelé qu'il avait proposé aux associations une réforme
du " rapport constant ", qui se traduirait principalement par un
différé d'augmentation, et donc, par un avantage
supplémentaire pour les pensionnés, du fait de
l'atténuation de l'érosion monétaire.
S'agissant des conditions d'attribution du titre de reconnaissance de la nation
et de l'indemnisation des personnes incorporées de force dans les
formations paramilitaires allemandes, il a déclaré qu'il n'avait
pas été en mesure de dégager des crédits
budgétaires suffisants pour régler ces questions. Il a toutefois
souligné qu'il avait obtenu de l'Entente franco-allemande l'engagement
que celle-ci utiliserait une partie de ses produits financiers pour
l'indemnisation des incorporés de force.
M. Jacques Bimbenet
s'est inquiété de la situation des
veuves de grands invalides qui avaient dû renoncer à leur
carrière professionnelle pour s'occuper de leurs époux.
M. Francis Giraud
s'est préoccupé du cas des harkis, et
s'est interrogé sur les mesures proposées en leur faveur.
M. Marcel-Pierre Cléach, président du groupe d'études
des sénateurs anciens combattants,
a abordé à son tour
la question de la " décristallisation ", en jugeant
nécessaire d'ouvrir un débat avec les associations en termes de
comparaison des pouvoirs d'achat. Il s'est également
inquiété de la situation des harkis, et notamment de ceux qui
sont restés en Algérie. Il a ensuite abordé la question de
la date de commémoration du souvenir de la guerre d'Algérie,
estimant regrettable que les différentes parties prenantes à ce
conflit continuent à s'opposer sur son choix. Il a alors proposé
de retenir comme date de commémoration la date de promulgation de la loi
reconnaissant la guerre d'Algérie, à savoir le 18 octobre,
estimant qu'une telle solution devrait être de nature consensuelle. Il
s'est enfin interrogé sur les conséquences de la fin du service
national obligatoire pour l'Institution nationale des invalides (INI),
craignant une fragilisation de l'institution.
M. Louis Boyer
s'est interrogé sur le circuit de versement des
pensions à leurs bénéficiaires.
M. Guy Fischer
s'est interrogé sur le taux de consommation
effectif des crédits budgétaires par le secrétariat d'Etat
et s'est prononcé en faveur du retour à l'unicité de la
valeur du point de pension des plus grands invalides dès l'an prochain.
M. Gilbert Chabroux
, s'exprimant au nom de Mme Gisèle Printz,
excusée, a abordé la situation des veuves des grands invalides,
le retard dans l'indemnisation des incorporés de force dans les
formations paramilitaires allemandes, les perspectives d'action en faveur de la
mémoire dans le cadre des contrats de plan, la
" décristallisation ", et enfin la possibilité d'un
abaissement, de 65 à 60 ans, de l'âge d'attribution de la
retraite du combattant.
M. Lucien Neuwirth
a jugé souhaitable
de permettre aux
invalides de guerre de bénéficier d'une réduction
liée à leur carte d'invalidité pour un déplacement
" train-voiture " une fois par an et a interrogé le
secrétaire d'Etat à ce sujet.
M. Alain Gournac
s'est à son tour inquiété de la
situation actuelle à Bordeaux, observant que l'afflux d'anciens
combattants marocains se traduisait par l'apparition d'un marché
organisé de " marchands de sommeil ".
M. Jacques Baudot
,
rapporteur spécial de la commission des
finances pour les crédits relatifs aux anciens combattants
, a
rappelé qu'il venait d'achever une mission de contrôle financier
de l'ONAC. A ce propos, il a jugé que la situation de l'ONAC
s'améliorait depuis un an, même si elle restait fragile.
En réponse aux différents intervenants,
M. Jean-Pierre
Masseret
a indiqué qu'il serait possible d'améliorer la
situation des veuves des plus grands invalides soit en augmentant la pension de
réversion, soit en mettant en place un système de cotisation
obligatoire aux caisses de retraite des épouses d'invalides de guerre
ayant arrêté leur carrière professionnelle.
Il a précisé que, dans les pays anciennement sous
souveraineté française, les pensions étaient
versées au trésor local et non directement aux
intéressés, ce qui avait parfois pu soulever certaines
difficultés. Il a néanmoins annoncé qu'il mettait
actuellement en place un nouveau circuit de paiement, les pensions étant
versées aux intéressés par les consulats.
S'agissant du retour à l'unicité de la valeur du point de pension
des plus grands invalides, il a affirmé que celle-ci serait
complète dans le prochain budget.
Revenant sur la situation des harkis, il a rappelé que ceux-ci avaient
les mêmes droits que les anciens combattants, les principales
difficultés étant concentrées sur les harkis des
deuxième et troisième générations. Il a
annoncé qu'actuellement il travaillait à renforcer la
reconnaissance nationale en faveur des harkis, mais il a parallèlement
regretté que ceux-ci restent parfois divisés.
Revenant sur la reconnaissance officielle de la guerre d'Algérie, il a
estimé que le monde combattant pouvait jouer un rôle utile dans le
renforcement des relations entre les deux pays. Il a jugé qu'il
était nécessaire de sensibiliser les anciens combattants à
une approche en termes de pouvoir d'achat de la question de la
" décristallisation " pour pouvoir avancer sur ce sujet. Il a
déclaré qu'en l'absence de consensus, il ne souhaitait pas
définir une date officielle de commémoration des conflits
d'Afrique du nord. Il a néanmoins estimé que la proposition de M.
Marcel-Pierre Cléach constituait une bonne idée, même si la
date du 18 octobre était sans doute un peu proche de celle du 16
octobre, et pouvait alors contribuer à obscurcir le débat.
S'agissant de l'avenir de l'INI, il a reconnu que la réforme du service
national aurait des conséquences sur son mode de fonctionnement, mais a
précisé qu'il s'attachait à les limiter. Il a par ailleurs
observé que la non-consommation des crédits budgétaires
votés allait diminuant, précisant qu'en 1998 environ 400 millions
de francs de crédits n'avaient pas été consommés
mais qu'en 1999 ce montant devrait atteindre seulement 100 à
120 millions de francs. Il a en outre ajouté que les crédits
inscrits à certaines lignes budgétaires avaient été
insuffisants comme, par exemple, les crédits relatifs à la
retraite des combattants.
Il a jugé que les contrats de plan pouvaient constituer un support
intéressant à des actions de mémoire en faveur des anciens
combattants. Il a déclaré ne pas être en mesure de pouvoir
apporter une réponse sur la possibilité d'une diminution à
60 ans de l'âge d'attribution de la retraite du combattant. S'agissant
enfin de la possibilité pour les invalides d'obtenir une
réduction dans un transport " train-voiture ", il a
déclaré qu'il allait étudier cette question.
Il a enfin estimé qu'il était nécessaire de
réfléchir sur l'utilisation pour de nouvelles actions de
solidarité, des crédits libérés par la diminution
du nombre de ressortissants.
II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le mercredi 10 novembre 1999, sous la
présidence de
M. Jacques Bimbenet, vice-président
, la
commission a procédé à
l'examen du rapport pour avis
de
M. Marcel Lesbros sur le projet de loi de finances pour 2000
(crédits consacrés aux
anciens combattants
).
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis
, a précisé que
l'examen des crédits budgétaires relatifs aux anciens combattants
intervenait cette année dans un contexte particulier, rappelant que le
Parlement venait d'adopter à l'unanimité une proposition de loi
reconnaissant enfin la réalité de l'état de guerre en
Algérie.
Indiquant que l'entrée en vigueur de cette loi n'avait aucune incidence
budgétaire, il a souhaité que la démarche consensuelle qui
avait présidé à l'adoption de cette loi se poursuive
à l'occasion de l'examen du budget.
Il a ensuite souligné que, cette année encore, l'examen des
crédits budgétaires relevait d'une procédure pour le moins
surprenante. A cet égard, il a observé que le secrétaire
d'Etat aux anciens combattants se présentait devant le Parlement avec un
budget modique, voire médiocre, tout en gardant en réserve un
certain nombre d'amendements pour répondre aux attentes des
parlementaires. Il s'est alors interrogé sur cette stratégie
budgétaire, estimant qu'elle visait avant tout à desserrer la
tutelle du ministère du budget, et regrettant le manque de transparence
de cette démarche.
Abordant l'analyse des crédits, il a indiqué que ceux-ci
diminuaient en apparence de 5,7 % dans le " bleu "
budgétaire mais que, à structure constante, cette baisse se
limitait à 2 %. Il a en effet précisé que la
réforme des structures ministérielles s'était traduite par
une intégration des services du secrétariat d'Etat chargé
des anciens combattants au sein du ministère de la défense,
entraînant une modification de la nomenclature budgétaire.
Il a rappelé que cette diminution des crédits était
sensiblement inférieure aux baisses constatées les années
précédentes (- 5 % en 1997, - 3,5 % en 1998, -
3,5 % en 1999) et était également plus faible que la
diminution des ressortissants du secrétariat d'Etat
évaluée à près de 4 % pour l'an 2000.
Il a toutefois estimé que la diminution des parties prenantes devait se
traduire par un redéploiement des crédits, mais que dans ce
domaine, un raisonnement qualitatif semblait préférable à
un simple raisonnement comptable.
S'agissant des moyens des services, il a observé que les crédits
diminuaient de 0,9 % notamment du fait d'une diminution des frais de
personnel. Il a néanmoins précisé que les subventions de
fonctionnement aux établissements publics augmentaient de 3,9 %. A
cet égard, il a considéré que l'Office national des
anciens combattants et victimes de guerre (ONAC) se trouvait renforcé
avec une hausse de 4,1 % de sa subvention de fonctionnement, et une hausse
de près de 10 % de sa subvention pour l'action sociale, ainsi qu'un
crédit de 8 millions de francs destiné à la mise aux
normes des maisons de retraite.
En revanche, il a considéré que la situation de l'Institution
nationale des invalides (INI) était sans doute plus fragile. Il s'est
inquiété de la faible augmentation de 2,6 % de sa subvention
de fonctionnement, jugeant qu'il n'était pas évident que celle-ci
soit suffisante pour compenser la diminution des effectifs médicaux
liée à la fin du service national obligatoire.
S'agissant de la dette viagère, il a indiqué que les
crédits étaient quasiment stables et s'élevaient à
19,9 milliards de francs soit 80 % du budget total. Il a cependant
observé que cette stabilité masquait des évolutions
divergentes. Il a précisé que les dépenses liées
aux pensions d'invalidité diminuaient de 2,2 % en dépit de
l'application du rapport constant, mais que les dépenses liées
à la retraite du combattant augmentaient, elles, de 16,6 %, cette
progression s'expliquant principalement par l'arrivée massive à
65 ans des anciens combattants d'Afrique du Nord, âge leur permettant de
bénéficier de la retraite du combattant.
S'agissant des interventions d'assistance et de solidarité, il a
souligné qu'elles diminuaient de 11 %. Il a analysé cette
baisse comme tenant avant tout à la diminution de 28 % des
crédits du fonds de solidarité, ceux-ci s'élevant à
1,1 milliard de francs. Il a estimé à ce propos que cette
diminution était liée à la sortie progressive du
dispositif des anciens combattants d'Afrique du Nord, le nombre de
bénéficiaires du fonds devant revenir d'environ 32.000 en 1999
à 21.000 l'an prochain.
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis,
a estimé que
l'extinction progressive du fonds imposait une réflexion sur son avenir
et sur les perspectives de redéploiement corrélatif des
crédits. Il a observé que ce redéploiement était
cette année affecté à la dette viagère mais il a
jugé qu'il serait légitime qu'il soit également en partie
affecté à de nouvelles actions de solidarité en faveur des
veuves ou des anciens combattants d'outre-mer.
Revenant sur la réforme du fonds de solidarité instituée
par l'article 124 de la loi de finances pour 1999, il a jugé ses
résultats décevants, constatant que, seules, 192 personnes
avaient bénéficié de cette mesure nouvelle au premier
semestre 1999. Il a alors estimé que cette mesure ne pouvait en aucun
cas être considérée comme un substitut, même partiel,
à la question de la retraite anticipée.
S'agissant de la mesure adoptée l'an passé et étendant le
bénéfice de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE),
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis
, a rappelé que la
commission avait été favorable, non seulement à cette
mesure, mais aussi à son extension en faveur des titulaires du titre de
reconnaissance de la Nation. Il a néanmoins regretté que ce
dispositif ne soit toujours pas opérant. Il a précisé que
ce dispositif était pourtant tout à fait praticable au moment de
la dernière discussion budgétaire mais que la difficulté
était venue de la modification du financement de l'ARPE
décidée par les partenaires sociaux le 22 décembre 1998,
cette décision mettant 20 % du financement à la charge de
l'employeur et modifiant donc significativement l'équilibre financier du
dispositif.
Néanmoins, il a considéré qu'il était inexact
d'accuser les partenaires sociaux du blocage de l'extension de l'ARPE aux
anciens combattants, indiquant que les partenaires sociaux avaient signé
le 12 mai dernier un avenant à l'accord du 6 septembre 1995. Observant
que cet avenant nécessitait un agrément gouvernemental pour
devenir applicable, il a considéré que le blocage dans
l'application de cette mesure relevait alors, depuis plus de six mois, de la
responsabilité du Gouvernement, celui-ci n'ayant toujours pas
délivré cet agrément.
S'agissant de la politique de la mémoire, il a constaté que
70 % des crédits budgétaires relatifs à la
mémoire étaient désormais inscrits dans le budget du
ministère de la défense. Il a précisé que ces
crédits augmentaient globalement de 18 % pour atteindre
74 millions de francs.
Compte tenu de toutes ces évolutions,
M. Marcel Lesbros,
rapporteur pour avis
, a alors considéré que la diminution du
budget des anciens combattants devait permettre de garantir le respect du droit
à réparation, et de poursuivre l'effort en faveur de la
solidarité et de la mémoire dans des conditions satisfaisantes.
Il a toutefois jugé ce budget décevant en matière de
mesures nouvelles, observant que le projet initial ne comportait que deux
mesures nouvelles, lesquelles étaient très en retrait par rapport
aux avancées qu'avait pu laisser espérer M. Jean-Pierre Masseret.
Il a indiqué que la première mesure nouvelle prévoyait
d'attribuer la carte du combattant à partir d'une durée minimale
de douze mois de services en Algérie. Il a alors jugé que cette
mesure, si elle allait dans le bon sens, n'apportait aucune réponse
à la situation particulière des rappelés.
Il a ensuite indiqué qu'une seconde mesure nouvelle permettait la
poursuite de la revalorisation progressive du plafond donnant lieu à
majoration de la retraite mutualiste du combattant, l'indice de
référence du plafond majorable passant de 100 à 105. Il a
estimé que cette revalorisation était souhaitable, mais que son
rythme restait lent, et ne devrait pas permettre d'atteindre l'indice 130 d'ici
2002.
Il a néanmoins indiqué que le débat à
l'Assemblée nationale avait permis d'avancer dans d'autres domaines. A
ce propos, il a observé qu'un amendement présenté par le
Gouvernement et adopté par l'Assemblée nationale revalorisait de
1,5 %, au 1
er
janvier 2000, les pensions des plus grands
invalides, rappelant que l'évolution de ces pensions avait
été gelée entre 1991 et 1995. Il s'est
félicité d'une telle décision mais a rappelé que
l'écart né du gel de ces pensions était de l'ordre de
7 %. Indiquant que M. Jean-Pierre Masseret s'était
engagé à poursuivre la revalorisation dans les années
à venir, il a jugé souhaitable qu'elle soit totale dès
l'an prochain.
Il a ensuite évoqué le second amendement présenté
par M. Maxime Gremetz mais repoussé à l'Assemblée
nationale, précisant que cet amendement visait à créer une
commission consultative composée de parlementaires et de
représentants des associations et " chargée de
vérifier en cours d'exercice la bonne utilisation des crédits
votés afin de mettre fin à la pratique de l'annulation de
crédits ". Il a considéré que, même si de vives
réserves pouvaient être émises sur la solution
proposée, cet amendement avait le mérite de mettre en
évidence la récurrence de la sous-consommation des crédits
et le poids de la régulation budgétaire. Il a ainsi
rappelé qu'en 1998, 1,8 % du total des crédits votés
n'avait pas été consommé, 356 millions de francs
ayant notamment été annulés. Il a néanmoins
observé que ce problème tendait à se restreindre
progressivement, rappelant que la non-consommation de crédits avait
atteint 1.151 millions de francs en 1996 et 661 millions de francs en
1997.
Il a en outre déclaré que M. Jean-Pierre Masseret avait
annoncé à l'Assemblée nationale l'inscription à
venir de 30 millions de francs de crédits supplémentaires.
Il a précisé que 15 millions de francs serviraient à
financer la revalorisation de la pension des plus grands invalides et que les
15 autres millions de francs financeraient d'autres mesures :
5 millions de francs en faveur de l'action sociale de l'ONAC vers les
veuves, 5,5 millions de francs pour la mémoire, 1,5 million de
francs pour l'indemnisation des veuves des patriotes résistants à
l'occupation (PRO), 1,4 million de francs destiné à financer
l'assimilation annoncée des prisonniers du Front de libération
national (FLN) à des prisonniers captifs dans des " camps
durs ", 1 million de francs en faveur de l'historial du Struthof et
300.000 francs pour les crédits d'étude du Mémorial de
l'Afrique du nord.
S'agissant du financement de ces mesures, il a précisé que
20 millions de francs de crédits avaient été inscrits
au moment du vote de l'article d'équilibre du projet de loi de finances,
les 10 autres millions étant financés par la réserve
parlementaire. A cet égard, il s'est interrogé sur cette
dernière forme de financement considérant qu'il n'entrait pas
dans la vocation de la réserve parlementaire, de financer les annonces
gouvernementales, comme les mesures pérennes.
Il a également considéré que, si ces crédits
supplémentaires avaient le mérite de financer des mesures
nécessaires, elles ne modifiaient cependant qu'à la marge
l'équilibre du budget, rappelant que celui-ci diminuait de
500 millions de francs.
Il a aussi estimé que ces mesures, annoncées à la
dernière minute, étaient loin de répondre à toutes
les attentes du monde combattant.
Il a indiqué que de nombreuses demandes restaient en effet en suspens,
dont plusieurs lui semblaient prioritaires.
S'agissant de la retraite anticipée, il a estimé que le
Gouvernement attendait que le problème se résolve de
lui-même. Rappelant que les anciens combattants d'Afrique du nord avaient
pour la plupart plus de 60 ans, il a néanmoins estimé qu'il
s'agissait là d'une question de principe et qu'elle ne devait pas
être occultée pour autant.
S'agissant de la situation des veuves, il a reconnu que le budget proposait
certaines avancées avec notamment l'augmentation de 5 millions de
francs de l'action sociale de l'ONAC en leur faveur. Il a pris acte de
l'engagement du secrétaire d'Etat annoncé à
l'Assemblée nationale de revoir le dispositif d'aide aux veuves d'ici
2000, mais a indiqué que la commission serait très vigilante sur
ce point, la situation des veuves étant bien souvent très
préoccupante.
S'agissant de la réforme du rapport constant, il s'est
félicité que la concertation entre les associations et le
secrétariat d'Etat ait permis de dégager les principes d'une
simplification. Observant que cette simplification nécessiterait une
modification législative, il a espéré qu'un projet de loi
soit déposé et discuté dans les meilleurs délais.
S'agissant de la " décristallisation ", il a regretté
qu'aucune évolution ne soit intervenue en dépit des engagements
de M. Jean-Pierre Masseret. Il a alors déclaré qu'il en tirerait
les conséquences en proposant à la commission d'adopter un
amendement à ce sujet.
Mais au-delà de ces quatre principales questions auxquelles la
commission réserve une attention toute particulière,
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis
, a souhaité insister
sur d'autres problèmes nécessitant une réponse rapide.
Il a ainsi jugé souhaitable de régler au plus vite la question de
l'indemnisation des incorporés de force dans les formations
paramilitaires allemandes (RAD-KHD). Il a précisé que,
malgré l'accord intervenu en juin 1998 au sein de " l'entente
franco-allemande ", l'instruction des quelque 10.000 dossiers
déposés traînait en longueur et retardait d'autant
l'inscription des crédits budgétaires correspondants. Il a
jugé cette situation difficilement acceptable.
Il a également estimé que l'extension des conditions
d'attribution de la carte du combattant imposait une nouvelle réflexion
sur le titre de reconnaissance de la Nation. Il a alors proposé
d'étudier l'opportunité de son extension aux anciens combattants
d'Afrique du nord ayant séjourné en Algérie entre 1962 et
1964.
Il a enfin considéré que la demande du rabaissement de 65
à 60 ans de l'âge ouvrant droit au bénéfice de
la retraite du combattant devait également être
étudiée, même si le coût d'une telle mesure,
évalué à 1,4 milliard de francs par le
secrétaire d'Etat, incitait à une certaine prudence.
Déclarant que la commission devrait rester vigilante sur tous ces points
et devrait vérifier que des progrès substantiels soient accomplis
rapidement,
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis
, a
considéré que le projet de budget pour 2000 constituait une
étape dans le règlement progressif de toutes ces questions. Il a
estimé qu'il s'agissait, en dépit d'insuffisances certaines, d'un
budget raisonnable permettant la poursuite, dans de bonnes conditions, des
actions en faveur des anciens combattants et apportant des améliorations
partielles.
Il a enfin proposé de réserver le vote de la commission sur ces
crédits et sur les deux articles rattachés jusqu'après
l'audition de M. Jean-Pierre Masseret prévue le 16 novembre
prochain.
M. Louis Souvet
s'est interrogé sur les modalités d'une
simplification du " rapport constant ".
Mme Gisèle Printz
s'est préoccupée des retards dans
l'indemnisation des personnes incorporées de force dans les formations
paramilitaires allemandes (RAD-KHD). Elle a déclaré qu'elle
déposerait un amendement sur ce sujet. Elle s'est également
préoccupée de l'absence de " décristallisation "
pour les anciens combattants d'outre-mer. Elle a enfin observé que les
prochains contrats de plan devraient permettre d'accompagner des actions en
faveur du monde combattant, notamment dans le domaine de la mémoire.
M. Guy Fischer
a considéré qu'en dépit des trois
mesures nouvelles annoncées, ce budget souffrait de contradictions. Il a
notamment regretté qu'une partie des économies budgétaires
liées à la diminution du nombre d'anciens combattants retourne au
budget de la Nation. S'agissant de la revalorisation des pensions des plus
grands invalides, il a regretté que celle-ci se fasse par étapes
et s'est prononcé en faveur d'un retour à l'unicité de la
valeur afin que celle-ci soit effective dans le budget pour 2001. Il a
indiqué que le groupe communiste républicain et citoyen (CRC)
allait sans doute s'abstenir sur ce budget.
M. Jacques Bimbenet, président,
s'est préoccupé de
la situation des veuves d'anciens combattants, et plus particulièrement
des veuves des grands invalides de guerre, qui ont privilégié de
délivrer des soins à leur mari, au détriment de leur
carrière professionnelle.
En réponse aux intervenants,
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour
avis,
a rappelé que les associations critiquaient, depuis longtemps,
l'opacité des mécanismes d'indexation de la valeur du point de
pension. Il a indiqué que la commission d'étude de l'indexation
des pensions militaires d'invalidité ne se réunissait plus, mais
que le secrétaire d'Etat avait récemment fait des propositions
simplifiant le mode de calcul du " rapport constant ".
Il s'est déclaré partager le point de vue de M. Guy Fischer,
estimant que le rattrapage des pensions des grands invalides devait être
achevé en deux ans.
Il a également précisé que le secrétaire d'Etat
avait annoncé une remise à plat des dispositifs d'aide aux veuves
en 2000, qui devrait notamment concerner les veuves des plus grands invalides.
M. Jacques Bimbenet, président,
a alors indiqué que la
commission n'adopterait un avis définitif qu'après avoir entendu
M. le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la défense,
chargé des anciens combattants, le 16 novembre prochain. Il a
indiqué que la réunion de la commission consacrée au vote
des budgets précédemment réservé, était
prévue le 24 novembre. Il a considéré toutefois que
la commission pouvait d'ores et déjà se prononcer sur
l'amendement présenté par le rapporteur pour avis.
M. Marcel Lesbros
a présenté un amendement au projet de
loi de finances visant à apporter une première réponse
à la question récurrente de la
" décristallisation ".
Il a rappelé que les pensions militaires d'invalidité et les
retraites du combattant versées aux anciens combattants des pays
anciennement sous souveraineté française étaient
cristallisées à la valeur atteinte lors de l'indépendance,
même si des revalorisations ponctuelles avaient pu intervenir. Observant
que M. Jean-Pierre Masseret s'était engagé à
débattre de la " décristallisation " lors du dernier
débat budgétaire, il a indiqué que celui-ci n'avait
pourtant pas présenté la moindre mesure concrète.
Il a alors indiqué que l'amendement qu'il présentait permettrait
d'avancer sur deux points : levée temporaire en 2000 de la
forclusion pesant sur les demandes nouvelles et revalorisation des pensions
militaires d'invalidité et des retraites du combattant de 20 % au
Maghreb et dans l'ex-Indochine, ces pays ayant accumulé le plus de
retard.
Il a enfin estimé qu'un tel amendement constituerait un signe de
reconnaissance envers les anciens combattants d'outre-mer pour les sacrifices
consentis.
M. Louis Boyer
et
Mme Gisèle Printz
ont
déclaré partager les préoccupations du ministre, mais se
sont interrogés sur les modalités de versement des pensions et
des retraites aux bénéficiaires. Ils ont insisté sur la
nécessité de vérifier que les bénéficiaires
touchaient effectivement les pensions et les retraites.
M. Jean Chérioux
s'est interrogé sur le nombre actuel de
bénéficiaires des pensions " cristallisées ".
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis,
a précisé que les
pensions étaient versées directement aux
bénéficiaires par l'Etat français, par
l'intermédiaire des payeurs placés près des ambassades. Il
a indiqué qu'en 1993 le nombre de bénéficiaires
était de 43.000 personnes pour les pensions d'invalidité et de
65.000 pour les retraites du combattant. Il a estimé que le coût
de son amendement resterait somme toute modeste.
M. Gilbert Chabroux
a proposé d'interroger le secrétaire
d'Etat sur ce sujet, et notamment sur le circuit de paiement des pensions
décristallisées, mais a fait part de son accord sur le principe
d'une " décristallisation ".
La commission a alors adopté l'amendement présenté par le
rapporteur pour avis, sous réserve de la confirmation par M. le
secrétaire d'Etat que les pensions soient directement versées aux
intéressés.
Elle a réservé son avis sur le
projet de budget et les articles rattachés jusqu'après l'audition
du ministre.
Réunie le mercredi 24 novembre 1999, sous la
présidence
de M. Jean Delaneau, président
, la
commission s'est prononcée sur
les crédits relatifs aux
anciens combattants pour 2000
, examinés par la commission le
10 novembre dernier.
Sur proposition de
M. Marcel Lesbros, rapporteur pour avis
, elle a
décidé d'émettre un avis de sagesse sur les crédits
des anciens combattants pour 2000 et d'émettre un avis favorable
à l'adoption des articles 65, 66 et 66 bis rattachés
aux crédits des anciens combattants.
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
" Le projet de budget du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants (...) s'inscrit dans la continuité des budgets
précédents : l'érosion continue des crédits se
poursuit, les rares mesures nouvelles ne répondent qu'imparfaitement aux
demandes légitimes des associations du monde combattant (...) ".
C'est par ces mots que débutait, l'an dernier, le rapport pour avis de
votre commission sur les crédits des anciens combattants pour 1999. Ils
pourraient être repris tels quels pour qualifier le présent budget.
Les crédits budgétaires diminuent de 2 % pour atteindre 25
milliards de francs à structure constante. Les mesures nouvelles se
limitent à 81 millions de francs dans le projet de budget initial
alors que les crédits diminuent de 501 millions de francs.
Or ce budget intervient pourtant dans un contexte fort différent.
D'une part, la réforme du département ministériel est
effective. Les services du secrétariat d'Etat aux anciens combattants
sont désormais intégrés au sein du ministère de la
défense, même s'il subsiste toujours un budget autonome. Toujours
est-il que cette réforme se traduit par une évolution sensible du
périmètre du budget des anciens combattants, les crédits
du titre III (hors subventions aux établissements publics) et certains
crédits du titre IV étant maintenant inscrits au budget de la
défense à hauteur de 949 millions de francs.
D'autre part, le Parlement vient d'adopter à l'unanimité une
proposition de loi reconnaissant enfin la réalité de la guerre
d'Algérie
1(
*
)
. Votre commission ne peut
d'ailleurs que se féliciter de cette mise en accord tant attendue du
droit et des faits. Mais, si cette loi n'a aucune incidence budgétaire,
son vote a toutefois montré que les questions touchant les anciens
combattants peuvent être résolues, dans le cadre du débat
parlementaire, en associant dans un consensus à la fois la
représentation nationale, les associations et le Gouvernement. Votre
commission aurait souhaité qu'une telle démarche consensuelle se
poursuive à l'occasion de l'examen du budget.
Ce nouveau contexte n'a pourtant pas modifié la politique
budgétaire du Gouvernement.
Se fondant sur la diminution continue du nombre de pensionnés, les
crédits inscrits dans le projet de loi de finances diminuent de 2 %
après des baisses de 3,5 % en 1999, 3,5 % en 1998, 5 % en
1997 et 1,2 % en 1996.
Parallèlement, le Gouvernement se montre pour le moins parcimonieux,
attendant les réactions défavorables des parlementaires pour
présenter, lors de l'examen du budget à l'Assemblée
nationale, des mesures nouvelles supplémentaires, qui sont alors
considérées comme autant de concessions arrachées à
un ministère des finances sourcilleux alors qu'elles ne modifient
qu'à la marge les équilibres généraux.
I. LES CRÉDITS BUDGÉTAIRES SONT TOUJOURS ORIENTÉS À LA BAISSE
A. UNE NOUVELLE DIMINUTION DES CRÉDITS
1. Une diminution qui tient avant tout à la baisse des dépenses de solidarité et non à la diminution des parties prenantes à la dette viagère
a) Une érosion sensible de l'effort budgétaire
Le
secrétariat d'Etat précise, dans ses réponses au
questionnaire budgétaire que lui a adressé votre rapporteur, que
" l'ensemble des crédits (...) représente une diminution
de 2 % par rapport à 1998, taux inférieur de moitié
à celui de l'évolution du nombre de parties prenantes à la
dette viagère ".
L'examen détaillé de l'évolution des crédits montre
toutefois que
l'érosion des crédits tient moins à la
baisse des charges liées à la dette viagère qu'à la
diminution des dépenses du fonds de solidarité.
Evolution des crédits à structure constante 2( * )
(en millions de francs)
|
Crédits votés pour 1999 |
Crédits demandés pour 2000 |
Evolution (en %) |
Titre III : moyen des services |
1.206,9 |
1.195,9 |
- 0,9 % |
dont subventions |
271,8 |
282,3 |
+ 3,9 % |
• ONAC |
228,9 |
138,3 |
+ 4,1 % |
• INI |
42,9 |
44,0 |
+ 2,6 % |
Titre IV : Interventions publiques |
24.286,8 |
23.792,3 |
- 2,0 % |
dont dette viagère |
19.893,4 |
19.877,0 |
- 0 % |
dont fonds de solidarité |
1.576,8 |
1.106,6 |
- 28,6 % |
Titre V : Investissement |
16,2 |
20,3 |
+ 25,5 % |
TOTAL |
25.509,9 |
25.008,5 |
- 2 % |
(en
dépenses ordinaires et crédits de paiement).
Le budget des anciens combattants pour 2000 marque ainsi une rupture
très nette avec les budgets précédents. Jusqu'à
présent, c'étaient les dépenses liées à la
réparation qui diminuaient. Désormais, alors que les
dépenses liées à la dette viagère se stabilisent,
ce sont les dépenses de solidarité qui diminuent.
b) L'impact ambigu des évolutions démographiques
L'évolution des parties prenantes à la dette
viagère (pensions d'invalidité et retraites du combattant) tient
à deux mouvements contradictoires.
D'une part, le nombre de pensionnés diminue régulièrement
du fait de la mortalité naturelle.
Evolution du nombre de pensionnés
|
1997 |
1998 |
1999* |
2000* |
Invalides pensionnés |
375.054 |
357.479 |
343.180 |
329.453 |
Pensions de veuves et d'orphelins |
161.479 |
154.634 |
148.449 |
142.511 |
Pensions d'ascendants |
15.315 |
13.591 |
13.047 |
12.525 |
Total |
551.848 |
525.704 |
504.676 |
484.489 |
*
Prévision Source : SEDAC
En revanche, le nombre de titulaires de la carte du combattant augmente
rapidement. Cette hausse s'explique à la fois par l'arrivée
massive, à l'âge de 65 ans, des anciens combattants d'Afrique du
nord et par l'assouplissement progressif des conditions d'attribution de la
carte du combattant.
Evolution du nombre de titulaires de la retraite du combattant
|
1997 |
1998 |
1999* |
2000* |
Titulaires de la retraite du combattant |
888.342 |
920.000 |
938.400 |
985.300 |
Nombre de retraites du combattant attribuées au cours de l'année |
72.374 |
80.045 |
95.000 |
104.238 |
Evolution annuelle des parties prenantes |
- 1.43 % |
+ 3,6 % |
+ 2 % |
+ 5 % |
*
Prévision Source : SEDAC
Au total, le nombre de parties prenantes à la dette viagère a
désormais tendance à augmenter.
Si les dépenses
liées à la dette viagère se stabilisent, c'est donc parce
que le coût budgétaire unitaire moyen de la retraite du combattant
(2.660 francs) reste bien inférieur à celui de la pension (34.700
francs
3(
*
)
).
2. Un redéploiement sujet à caution
a) L'affectation contestable des marges de manoeuvre budgétaire
L'évolution des structures démographiques se traduit budgétairement par les effets suivants :
Ajustement des crédits budgétaires
aux
évolutions démographiques en 2000
- diminution du nombre de pensionnés |
- 604 |
- diminution du nombre de bénéficiaires du fonds de solidarité |
- 450 |
- diminution du nombre de bénéficiaires des soins médicaux gratuits |
- 59 |
- augmentation du nombre de titulaires de la retraite du combattant |
+ 324 |
- augmentation du nombre d'anciens combattants bénéficiant de la rente mutualiste |
+ 80 |
Solde |
- 709 |
(en millions de francs)
Les
évolutions démographiques permettent donc de dégager, en
2000, une marge de manoeuvre budgétaire de 709 millions de francs.
Toutefois, l'application du rapport constant se traduit en 2000 par une
dotation supplémentaire de 248 millions de francs.
Dès lors, la marge de manoeuvre réelle liée aux
évolutions démographiques n'est plus que de 461 millions de
francs. Or, la diminution du budget atteint 501 millions de francs. Il en
découle que cette marge de manoeuvre a été
entièrement utilisée à une réduction des
crédits.
b) Un nécessaire débat sur le redéploiement des crédits
Votre
commission considère que le redéploiement des crédits
budgétaires " libérés " par les
évolutions démographiques ne peut se fonder sur un seul
raisonnement comptable. Elle se prononce en faveur d'une démarche plus
qualitative, ces crédits " libérés " devant
être pour partie affectés à améliorer la situation
des anciens combattants les plus en difficulté et à apporter une
réponse aux questions les plus importantes laissées en suspens.
Mais elle observe que les mesures nouvelles (qui s'élevaient à
81 millions de francs dans la version initiale du projet de loi de
finances) sont entièrement financées par la révision des
services votés. Elle constate également que les marges de
manoeuvre réalisées sur les dépenses de solidarité
sont intégralement utilisées au financement de dépenses
liées à la réparation (application du rapport constant) et
à la réduction des crédits.
Une telle politique budgétaire, qui est d'ailleurs
particulièrement opaque, tend alors à modifier sensiblement la
structure du budget des anciens combattants. Celui-ci prend de plus en plus la
forme d'un budget propre à un " ministère des
pensions " au détriment des mesures de solidarité.
Votre commission ne peut alors que souhaiter qu'un vaste débat s'engage
rapidement, sur des bases claires, entre l'ensemble des parties prenantes pour
fixer un cadre général au redéploiement des crédits
budgétaires. Elle estime indispensable d'essayer d'aboutir à un
consensus sur cette question. Pour sa part, votre commission considère
qu'une part des crédits libérés du fait des
évolutions démographiques devrait être affectée au
financement de nouvelles actions de solidarité, se substituant à
celles du fonds de solidarité dont l'extinction progressive est
inéluctable, et non au seul financement des actions de
réparation.
B. LES INCIDENCES DIVERGENTES DE LA BAISSE DES CRÉDITS
1. Une politique de la réparation préservée
a) Une évolution contrastée des dépenses liées à la réparation
Les
dépenses relatives à la réparation comprennent :
- les pensions d'invalidité et les allocations et indemnités
rattachées (chapitre 46-20) ;
- la retraite du combattant (chapitre 46-21) ;
- les prestations de sécurité sociale remboursées par
l'Etat au profit des pensionnés de guerre (chapitre 46-24) ;
- les soins médicaux gratuits (chapitre 46-27) ;
- l'appareillage des mutilés (chapitre 46-28).
Ces dépenses représenteront, en 1999, 87 % du budget du
secrétariat des anciens combattants.
Evolution des dotations budgétaires au titre de la réparation
Chapitre |
Intitulé |
Loi de finances initiale pour 1999 |
Projet de loi de finances pour 2000 |
Evolution |
46-20 |
Pensions d'invalidité |
17.664 |
17.228 |
- 2,5 % |
46-21 |
Retraite du combattant |
2.229 |
2.599 |
+ 16,6 % |
|
Total dette viagère |
19.893 |
19.877 |
- |
46-24 |
Prestations de sécurité sociale |
1.319 |
1.335 |
+ 1,2 % |
46-27 |
Soins médicaux gratuits |
906 |
779 |
- 14,1 % |
46-28 |
Appareillage |
61 |
61 |
- |
|
Total prise en charge des soins |
2.286 |
2.175 |
- 4,9 % |
|
Total dépenses de réparation |
22.179 |
22.002 |
- 0,1 % |
(en
millions de francs)
Cette stabilité des dépenses de réparation, qui
succède à une diminution de 4,1 % en 1999, masque en
réalité des évolutions contrastées.
Ainsi, on a vu que la forte progression du nombre de titulaires de la retraite
du combattant compensait la diminution du nombre de pensionnés.
De même, les actions liées à la prise en charge des soins
évoluent différemment.
Les
prestations de sécurité sociale
des invalides
pensionnés à 85 %, que l'Etat prend à sa charge en
application de la loi du 29 juillet 1950, augmentent de 1,2 % après
une forte baisse de 9,2 % en 1999. Cette hausse correspond en
réalité à une correction de la baisse
précédente qui avait été trop importante compte
tenu des dépenses réelles.
S'agissant de
l'appareillage
, les crédits sont stables, la
diminution du nombre de bénéficiaires étant
compensée par l'accroissement d'activité du Centre
d'études et de recherche sur l'appareillage des handicapés
(CERHA).
La baisse des crédits pour les
soins médicaux gratuits
(-
4,9 %) correspond, elle, à un ajustement à la baisse du
nombre de bénéficiaires, mais aussi à une révision
des procédures.
Au total, les crédits consacrés à la réparation
devraient permettre en 2000 le respect du droit à réparation dans
des conditions satisfaisantes.
b) L'application du rapport constant
L'application du rapport constant à la dette
viagère,
qui permet de revaloriser les pensions militaires d'invalidité et les
retraites du combattant de manière à garantir une
évolution parallèle à celle des traitements de la fonction
publique, entraîne une
majoration de 248 millions de francs des
crédits
, dont 218 millions de francs au titre des pensions
d'invalidité et 30 millions de francs au titre de la retraite du
combattant. Cette majoration intègre à la fois les
revalorisations constatées en 1999 et des " provisions "
(à hauteur de 16 millions de francs) pour 2000.
Votre commission observe que ce mécanisme a permis une revalorisation
satisfaisante des pensions depuis sa mise en place en 1990.
Il n'en demeure pas moins que le rapport constant reste extrêmement
complexe et peu lisible.
Une commission spécifique chargée de l'examen d'une
simplification de ce calcul a été mise en place en 1996, mais ses
travaux n'ont débouché sur aucune réforme.
A la suite d'un rapport de l'Inspection générale du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants, M. Jean-Pierre Masseret a
soumis aux associations deux propositions de réforme du mode de calcul
du rapport constant. Auditionné l'an passé par votre commission,
il avait déclaré que la proposition la plus favorable se
traduirait pas une revalorisation supplémentaire de 0,6 % des
pensions d'invalidité la première année, mais que cette
mesure ne pourrait pas s'appliquer en 1999. En l'état actuel, son
application pour 2000 reste encore incertaine et nécessitera sans doute
une intervention législative.
Votre commission souhaite que la concertation actuelle débouche
rapidement sur une solution satisfaisante afin que le mode de calcul du rapport
constant soit réformé dans le sens d'une plus grande
transparence.
2. Une politique de la solidarité à redéfinir
Les
crédits consacrés à la politique de solidarité
comprennent :
- le fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du
Nord et d'Indochine (chapitre 46-10) ;
- les crédits d'action sociale dont la subvention aux
dépenses sociales de l'ONAC (chapitres 46-03, 46-04, 46-31
4(
*
)
et 46-51) ;
- la majoration des rentes mutualistes (chapitre 47-22).
Ces crédits diminuent de plus de 17 % en 2000, témoignant de
la modification de la structure du budget des anciens combattants.
Evolution des dépenses de solidarité
Chapitre |
Intitulé |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution 1999/2000
|
46-10 |
Fonds de solidarité |
1.535 |
1.574 |
1.577 |
1.127 |
- 28,6 % |
46-03, 46-04, 46-31, 46-51 |
Action sociale |
112 |
106 |
114 |
106 |
+ 7,0 % |
47-22 |
Majoration des rentes mutualistes |
360 |
- |
403 |
492 |
+ 14,6 % |
|
Total |
2.007 |
1.680 |
2.094 |
1.725 |
- 17,6 % |
(en millions de francs)
a) L'extinction progressive du fonds de solidarité
Créé par la loi de finances pour 1992, le fonds
de
solidarité assure un rôle central pour l'action sociale en faveur
des anciens combattants qui connaissent les situations les plus difficiles.
Mais, après être progressivement monté en charge, le fonds
entre désormais dans une nouvelle phase d'extinction qui ira
s'accélérant. Les allocations du fonds sont en effet
versées jusqu'à ce que les bénéficiaires soient en
mesure de faire valoir leurs droits à une retraite à taux plein
ou atteignent l'âge de 65 ans. Or, l'âge moyen des anciens
combattants d'Afrique du nord est en 1999 de près de 62 ans. Les
bénéficiaires commencent donc à sortir massivement du
fonds. Ce mouvement s'accentuera jusqu'en 2002, date à laquelle tous les
anciens d'Afrique du nord seront à la retraite. Le fonds aura alors
perdu sa signification.
Evolution du nombre d'allocataires du Fonds de solidarité
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 (1) |
Nombre de bénéficiaires de l'AD |
19.832 |
24.359 |
37.577 |
38.306 |
28.257 |
21.392 |
17.955 |
Nombre de bénéficiaires de l'APR |
- |
- |
1.593 |
4.322 |
10.940 |
12.287 |
11.773 |
Total |
19.832 |
24.359 |
39.170 |
42.628 |
39.197 |
33.679 |
29.728 |
(1)
Chiffres au 31 décembre sauf pour 1999 (30 juin).
Face à cette extinction programmée du fonds de
solidarité, votre commission insiste sur la nécessité
d'utiliser les crédits jusqu'à présent affectés au
financement du fonds de solidarité pour de nouvelles actions de
solidarité.
Un tel redéploiement, d'ampleur d'ailleurs très modeste, a
déjà été réalisé l'année
passée sous deux formes.
L'article 124 de la loi de finances pour 1999
permet aux personnes
susceptibles de bénéficier du fonds de solidarité et
totalisant une durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres
d'accéder directement à l'allocation de préparation
à la retraite (APR), sans avoir à passer par le " sas "
de l'allocation différentielle (AD) pendant six mois.
Votre commission, qui avait été à l'origine d'une telle
disposition, se félicite d'avoir été entendue, mais
constate que ce dispositif reste modeste. Seules 192 personnes en auraient
bénéficié au premier semestre 1999.
L'autre forme de redéploiement avait consisté en
l'attribution
automatique de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) aux
salariés titulaires de la carte du combattant au titre des
opérations effectuées en Afrique du nord,
lorsque l'employeur
s'oppose à son attribution. Cette disposition, issue de l'article 121 de
la loi de finances pour 1999, avait reçu l'avis favorable de votre
commission qui avait, de surcroît, souhaité étendre cette
mesure aux titulaires du Titre de reconnaissance de la Nation. Or, ce
dispositif n'est toujours pas opérant et les 20 millions de francs
inscrits en loi de finances initiale n'ont toujours pas été
consommés.
Votre commission souhaiterait apporter plusieurs éclaircissements sur
ce point.
D'une part, le dispositif proposé était, au moment de la
dernière discussion budgétaire, tout à fait praticable. La
difficulté est venue de ce que le régime de l'ARPE a
été modifié postérieurement au vote du Parlement.
Le 28 décembre 1998, les partenaires sociaux ont en effet
modifié le financement de l'ARPE, mettant 20 % du coût
à la charge de l'employeur. Or, l'accord sur l'ARPE étant
conventionnel, l'application de l'article 121 de la loi de finances pour 1999
était subordonnée à la signature d'un avenant à cet
accord pour les partenaires sociaux. Celui-ci n'a donc pu être
signé que le 12 mai dernier.
D'autre part, contrairement à ce que l'on a pu entendre ici ou
là, le retard dans l'application de cette mesure s'explique par
l'absence non d'un accord entre les partenaires sociaux puisqu'il a
été signé le 12 mai dernier, mais par l'absence
d'agrément du ministre de l'emploi et de la solidarité à
cet avenant.
Votre commission observe donc que, depuis plus de six mois, le
Gouvernement a pris la responsabilité de bloquer l'application de cette
mesure.
Le fonds de solidarité
1)
Les bénéficiaires
Initialement réservé au bénéfice des seuls anciens
combattants d'Afrique du Nord en situation de chômage de longue
durée et âgés de plus de 57 ans, le fonds est
désormais ouvert à tout ancien combattant à quatre
conditions :
- avoir participé aux opérations en Indochine ou en Afrique du
Nord ;
- être privé d'emploi depuis plus d'un an ou être en
situation de travail réduit ;
- disposer de ressources personnelles inférieures à 4.647 francs
par mois ;
- résider en France métropolitaine ou dans les
départements d'outre-mer.
Au 30 juin 1999, 30.000 personnes bénéficiaient du soutien du
fonds de solidarité.
2) Les aides versées
Depuis le 1
er
janvier 1995, le Fonds de solidarité assure,
non pas de plein droit mais toujours sur demande de l'intéressé,
le versement de deux types d'allocations non cumulables, mais aussi d'un
capital décès pour les veuves :
-
l'allocation différentielle (AD)
L'AD constitue un complément de ressources spécifiques. Elle
assure à tout bénéficiaire un revenu mensuel minimum
garanti de 4.647 francs par mois au 1
er
janvier 1998.
L'article 109 de la loi de finances pour 1998 a institué une majoration
spécifique de l'AD pour les chômeurs qui justifient d'une
durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres.
Cet article précise que "
afin de leur permettre de
bénéficier d'un revenu équivalent à une retraite
anticipée de 5.600 francs net par mois et par dérogation aux
dispositions précédentes, le montant de l'allocation
différentielle est augmenté à due concurrence au
1
er
janvier 1998 pour les chômeurs qui justifient d'une
durée d'assurance vieillesse de 160 trimestres, y compris les
périodes équivalentes et notamment le temps passé en
Afrique du Nord
".
Au 30 juin 1999, 17.955 personnes percevaient l'AD pour un montant moyen de
1.981 francs par mois.
-
l'allocation de préparation à la retraite (APR)
L'APR constitue un revenu complet servi à titre principal. A la
différence de l'AD, elle est constitutive de droits en matière
d'assurance sociale.
L'APR est attribuée aux personnes qui sont bénéficiaires
de l'AD pendant six mois consécutifs et qui n'exercent aucune
activité professionnelle. L'article 124 de la loi de finances pour 1999
a cependant permis aux personnes susceptibles de bénéficier du
fonds de solidarité et qui totalisent 160 trimestres d'assurance
vieillesse d'accéder directement à l'APR.
L'APR est égale à 65 % d'un revenu de
référence (le plus souvent la moyenne des revenus mensuels
d'activité professionnelle) et est plafonnée à 7.228
francs par mois au 1er janvier 1999.
L'article 127 de la loi de finances pour 1997 a également
institué un plancher pour l'APR égal à 4.500 francs.
Au 30 juin 1999, 11.773 personnes touchaient l'APR pour un montant moyen de
5.978 francs par mois.
Les deux allocations sont indexées sur les bases mensuelles de calcul
des prestations familiales et sont par conséquent automatiquement et
périodiquement revalorisées.
-
Le capital décès
Les veuves d'un bénéficiaire de l'APR peuvent
bénéficier, depuis 1997, d'un capital décès d'un
montant égal à quatre fois le montant mensuel brut de l'APR, le
cas échéant majoré en fonction du nombre d'enfants
à charge.
En 1997, 46 personnes ont bénéficié du capital
décès pour un montant moyen de 26.195 francs.
Auditionné par votre commission, M. Jean-Pierre Masseret a
déclaré que cet avenant du 12 mai dernier était
actuellement en cours de renégociation et que la situation allait se
débloquer dans
" les jours à venir "
. Votre
commission y sera bien entendu très vigilante.
Ces deux exemples témoignent, au total, du faible effort de
redéploiement des crédits en faveur de nouvelles actions de
solidarité.
Dans ces conditions, il importe de redéfinir en profondeur les actions
de solidarité menées par le fonds.
Cette redéfinition pourrait prendre deux formes :
- soit renforcer significativement les actions actuelles du fonds en faveur des
anciens combattants n'ayant pas encore fait valoir leurs droits à la
retraite,
- soit développer les actions de solidarité en faveur des
retraités. A cet égard, votre commission constate que de nombreux
anciens combattants connaissent à nouveau une situation critique
à leur sortie du fonds, devant souvent se contenter du minimum
vieillesse.
Votre commission ne peut alors que regretter que le présent projet de
loi de finances ne s'engage pas dans cette voie.
b) La fragilité des autres actions de solidarité
Hormis
le fonds de solidarité, les autres crédits de la politique de
solidarité évoluent de manière divergente. Alors que les
crédits relatifs à la rente mutualiste augmentent rapidement, les
crédits d'action sociale diminuent.
La retraite mutualiste des anciens combattants,
majorée par
l'Etat, est une rente viagère accordée à une
catégorie particulière de rentiers, les mutualistes anciens
combattants. Elle ne peut être considérée comme un titre de
réparation, puisqu'il s'agit d'une souscription individuelle
effectuée à titre volontaire.
Tous les contribuables anciens combattants peuvent, chaque année,
déduire de leur revenu imposable, dans la limite d'un plafond, les
versements effectués en vue de la constitution d'une rente donnant lieu
à majoration de l'Etat. En outre, la retraite mutualiste se cumule avec
toutes les autres pensions et retraites et est exonérée
d'impôt pour sa part inférieure au plafond légal.
Au-delà de ce plafond, le régime fiscal est celui de l'assurance
vie.
Le budget prévoit une augmentation significative de 90 millions de
francs de cette rente.
80 millions de francs seront ainsi dégagés pour prendre en compte
l'augmentation du nombre de bénéficiaires. Ceux-ci passeront en
effet de 322.000 en 1999 à 341.000 en 2000 selon les prévisions
budgétaires du fait des évolutions démographiques.
10 millions de francs supplémentaires permettront de financer le
relèvement de 100 à 105 points l'indice du plafond majorable de
la rente mutualiste, en application de l'article 66 du projet de loi de
finances.
A l'inverse, les
crédits en faveur de l'action sociale
diminuent
de 7 %.
Ces crédits recouvrent des actions de nature très diverses :
réduction de tarifs ferroviaires, secours permanents ou occasionnels
à des personnes démunies, subventions de fonctionnement aux
associations, indemnisation spécifique de certaines catégories
d'anciens combattants mais aussi la subvention à l'action sociale de
l'ONAC.
Certes, les crédits sociaux de l'ONAC augmentent de 5 millions de
francs pour atteindre 56,8 millions de francs.
Votre commission des Affaires sociales constate également que d'autres
crédits budgétaires viennent abonder les crédits de
l'ONAC. Ainsi, la subvention de fonctionnement augmente de près de 12
millions de francs, permettant notamment l'embauche de 20 assistantes sociales.
De même, la subvention d'investissement augmente de 10 millions de
francs, garantissant la poursuite de l'effort de mise aux normes des maisons de
retraite de l'ONAC.
Pour autant, il n'est pas sûr que le montant de ces crédits
sociaux soit suffisant. Votre commission exprime en effet la crainte d'une
augmentation du nombre de demandes de secours individuels dans les prochaines
années, du fait de l'extinction progressive du fonds de
solidarité.
En 1998, les crédits d'action sociale avaient
ainsi permis de venir en aide à 19.470 ressortissants, dont
5.934 veuves.
Votre commission tient donc à rappeler que le rôle essentiel de
l'ONAC
5(
*
)
dans l'exercice du devoir de
solidarité de la Nation à l'égard des anciens combattants
doit également se traduire sur le plan budgétaire.
3. Une politique de la mémoire redimensionnée
a) Une évolution satisfaisante des crédits
Les crédits en faveur de la mémoire progressent globalement de 5,6 % en 2000.
Evolution des crédits consacrés à la mémoire
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution
|
Chapitre 34-98 |
0,3 |
0,3 |
0 |
Délégation à la mémoire et à l'information historique |
|
|
|
Chapitre 31-96 |
3,7 |
3,7 |
0 |
Personnels recrutés à l'étranger pour l'entretien des sépultures françaises |
|
|
|
Chapitre 37-61 |
7 |
7 |
0 |
Entretien des nécropoles nationales |
|
|
|
Chapitre 41-91 |
2,5 |
3,1 |
+ 24 % |
Fêtes nationales et cérémonies publiques |
|
|
|
Chapitre 43-02 |
11,6 |
11,8 |
+ 1,7 % |
Interventions en faveur de l'information historique |
|
|
|
Chapitre 57-91 |
3,2 |
4 |
+ 25 % |
Remise en état des nécropoles nationales (crédits de paiement) |
|
|
|
Total |
28,3 |
29,5 |
+ 5,6 % |
Tout en
observant que ces crédits devraient permettre de mener une politique de
la mémoire plus active, votre commission tient cependant à
formuler trois observations :
L'analyse de l'évolution sur longue période des crédits
relatifs à la mémoire qu'a menée la Cour des
comptes
6(
*
)
met en évidence une
" évolution erratique "
, s'expliquant très
largement par l'ouverture de crédits à titre non reconductible
pour la commémoration d'événements historiques. Dans ces
conditions,
votre commission s'interroge sur la cohérence de la
politique de mémoire,
estimant que celle-ci ne peut se fonder sur de
simples et aléatoires célébrations mais exige un
enracinement dans la continuité.
Votre commission s'inquiète également du retard
accumulé dans l'exécution du programme 1994-2000 de
rénovation des nécropoles nationales.
Alors que 2000 devait
marquer la fin de ce programme, celui-ci n'aura été
exécuté qu'à hauteur de 26 millions de francs sur les
50 millions prévus. Votre commission ne peut alors que souhaiter
que ce programme se poursuive et soit achevé dans les meilleurs
délais.
Enfin, au moment où le Parlement unanime, a reconnu la
réalité de la guerre d'Algérie, votre commission observe
que le projet de loi de finances, dans sa version initiale, ne prévoyait
aucun crédit pour le mémorial de la guerre d'Algérie. Elle
considère pourtant qu'il serait opportun de réaliser rapidement
un tel mémorial qui permettrait de concrétiser la reconnaissance
de la Nation à ceux qui sont morts pour la France durant cette guerre.
b) Les conséquences de la réorganisation ministérielle
La
restructuration du secrétariat d'Etat aux anciens combattants s'est
accompagnée d'une refonte de la politique de la mémoire.
Cette refonte concerne d'abord l'organisation ministérielle. Alors que
la politique de la mémoire était jusqu'à présent
menée par la délégation à la mémoire et
à l'information historique, elle sera désormais menée par
une nouvelle direction de la mémoire, du patrimoine et des archives.
Cette refonte concerne également la nomenclature budgétaire.
L'ensemble des crédits relatifs à la mémoire ont ainsi
été transférés vers le budget de la défense,
à l'exception des subventions en faveur des actions de mémoire.
Votre commission s'interroge sur l'opportunité de ces
évolutions. Elle exprime en effet la crainte qu'elles ne se traduisent
par le relâchement du lien entre la mémoire et les anciens
combattants, alors que ces derniers ont à l'évidence un
rôle privilégié pour toute politique de mémoire.
II. LES MESURES NOUVELLES RESTENT ENCORE TRÈS MODESTES
A. DES MESURES NOUVELLES INSUFFISANTES
1. Un projet de budget initial timoré
Le projet de loi de finances adopté en Conseil des ministres ne comportait, au-delà des quelques augmentations de crédits analysées ci-dessus, que deux mesures nouvelles s'inscrivant dans une simple continuité des mesures adoptées l'an passé pour un effort budgétaire supplémentaire de 25 millions de francs.
a) L'assouplissement des conditions d'attribution de la carte du combattant
L'article 65 du projet de loi de finances propose de
ramener de
15 à 12 mois la durée de services en Algérie
nécessaires pour l'attribution de la carte du combattant.
La loi de finances pour 1998 avait prévu, afin de prendre en compte la
nature spécifique du conflit algérien, qu'une durée de
services en Algérie de 18 mois était équivalente
à la participation à une action de feu ou de combat et pourrait
donc permettre l'attribution de la carte du combattant.
L'article 123 de la loi de finances pour 1999 a assoupli ce régime
en ramenant ce délai de 18 à 15 mois.
L'article 65 du présent projet de loi poursuit ce mouvement,
même si M. Jean-Pierre Masseret a précisé qu'il ne
souhaitait pas assouplir plus avant ces conditions d'attribution.
b) Le relèvement du plafond donnant lieu à majoration de la rente mutualiste du combattant
L'article 66 du projet de loi de finances prévoit
de
porter l'indice de référence du plafond majorable de la retraite
mutualiste de 100 à 105 points d'indice à compter du
1
er
janvier 2000.
Votre commission observe que cette mesure ne ferait que prolonger la
revalorisation issue de l'article 122 du projet de loi de finances, qui
relevait l'indice de référence de 95 à 100 points.
Elle rappelle également qu'elle avait considéré, l'an
passé, que
" le seuil de 130 points reste l'objectif
à atteindre à terme "
.
2. Des modifications apportées à l'Assemblée nationale d'ampleur limitée
a) Des améliorations pour la plupart marginales
Face
à la modicité des mesures nouvelles présentées par
le Gouvernement, il ne faisait guère de doute que l'Assemblée
nationale puisse améliorer ce budget décevant.
Cette amélioration n'a été pourtant que marginale.
Elle a pris deux formes.
D'une part, le Gouvernement a inscrit 20 millions de francs
supplémentaires en faveur des anciens combattants au moment du vote de
l'article d'équilibre.
Ces 20 millions de francs se répartissent comme suit :
- la revalorisation de 1,5 % au 1
er
janvier 2000 des
pensions d'invalidité des grands invalides qui furent gelées
entre 1991 et 1995 pour un coût de 15 millions de francs
(art. 66 bis du projet de loi de finances)
;
- l'extension aux prisonniers français du Front de
libération nationale (FLN) des conditions d'indemnisation des
invalidités résultants des infirmités et maladies
contractées par les militaires ou assimilés au cours de leur
captivité subie dans les camps à régime
sévère, pour un coût de 1,4 million de francs. Environ
200 personnes seraient concernées ;
- l'augmentation du financement des actions de mémoire et de
citoyenneté, à hauteur de 2 millions de francs ;
- le financement des crédits d'études du Mémorial de
la guerre d'Algérie, à hauteur de 300.000 francs ;
- la création d'un historial consacré au système
concentrationnaire nazi au Struthof, pour un coût de 1 million de
francs ;
- le financement de l'organisation du congrès mondial des anciens
combattants, pour un coût de 300.000 francs.
D'autre part, le Gouvernement a annoncé, en accord avec la commission
des Finances de l'Assemblée nationale, financer sur la réserve
parlementaire pour 10 millions de francs de mesures nouvelles.
Ces 10 millions de francs auront pour objet :
- l'augmentation des subventions pour l'action sociale de l'ONAC en faveur
des veuves, à hauteur de 5 millions de francs,
- l'indemnisation des veuves des patriotes résistant à
l'occupation (PRO), pour un montant de 1,5 million de
francs. 164 veuves n'ont à ce jour pas été
indemnisées ;
- le financement d'actions de mémoire et de citoyenneté dans
les départements, à hauteur de 3,5 millions de francs.
b) Les interrogations de votre commission sur la démarche budgétaire du Gouvernement
Votre
commission avait déjà eu l'occasion de s'interroger,
l'année passée, sur la " stratégie "
budgétaire choisie par le Gouvernement.
Elle avait alors fait la constatation suivante :
" Cette année, comme l'année passée, le budget
présenté en première lecture à l'Assemblée
nationale est un budget médiocre, ne comportant que très peu de
mesures nouvelles. Mais le ministre garde en réserve un certain nombre
d'amendements qu'il distille en fonction des réactions largement
défavorables des parlementaires jusqu'à modifier assez
sensiblement la physionomie générale du budget. Si on imagine
volontiers que cette stratégie cherche avant tout à desserrer la
tutelle financière exercée par le ministère du budget,
votre commission regrette cependant le manque de transparence qu'implique une
telle démarche "
.
La discussion des crédits des anciens combattants à
l'Assemblée nationale, le 3 novembre dernier, ne fait que renforcer
ces interrogations.
Une telle démarche n'est guère favorable à la
lisibilité du débat budgétaire. Ainsi, l'Assemblée
nationale doit se prononcer
in fine
, à l'occasion du vote sur
l'article d'équilibre, sur les amendements du Gouvernement majorant les
crédits des anciens combattants, amendements qui sont
déconnectés de la discussion sur les crédits et dont
l'objet est alors incontestablement flou.
Par ailleurs, le Gouvernement annonce des mesures nouvelles qui sont
financées par... la réserve parlementaire. Votre commission ne
peut alors que souligner que tel ne lui semble pas être l'objet de la
réserve parlementaire. Celle-ci a pour vocation de traduire l'attention
que portent les parlementaires à telle ou telle action
spécifique, non prise en compte, ou insuffisamment, par le Gouvernement.
Elle ne saurait être mobilisée
a priori
et
systématiquement pour compléter les dotations budgétaires.
Enfin, ces mesures nouvelles de dernière minute,
présentées par le Gouvernement, n'ont finalement qu'un impact
très marginal sur l'équilibre général du budget des
anciens combattants. Ainsi, en intégrant les 30 millions de francs
supplémentaires, le budget ne diminue que de 1,85 % contre 1,97 %
dans sa version initiale. Votre commission considère là qu'il ne
s'agit pas d'avancées significatives.
Aussi, votre commission ne peut que souhaiter que le prochain budget soit
l'occasion d'une procédure plus conforme aux principes
budgétaires.
B. DE NOMBREUSES QUESTIONS TOUJOURS EN SUSPENS
Chaque
année, à l'occasion de son avis budgétaire, votre
commission des Affaires sociales recense les demandes du monde combattant qui
restent en suspens et invite le Gouvernement à y apporter une solution.
Des solutions sont parfois, mais trop rarement, trouvées.
Votre commission a choisi, cette année, d'insister tout
particulièrement sur les six questions qui lui paraissent
prioritaires.
1. Assurer la compensation intégrale du " gel " de la pension des grands invalides
La loi
de finances pour 1991 avait supprimé toute revalorisation de la valeur
du point de pension pour les pensions d'invalidité supérieures
à un seuil fixé à 360.000 francs par an.
La loi de finances pour 1995 a justement mis fin à ce " gel des
pensions ", mais elle n'a pas corrigé l'écart né du
gel entre 1991 et 1995.
Une telle situation est difficilement acceptable, tant pour les quelque 1.300
pensionnés victimes de ce " gel " que sur le plan du principe
de droit à réparation. Cette mesure, qui a avant tout
touché les plus grands invalides, se traduit en effet par une
disparité de la valeur du point entre deux invalides qui ont pourtant le
même taux d'invalidité.
Votre commission considère comme urgent de rétablir
intégralement l'unicité de la valeur du point de pension
d'invalidité.
Certes, l'Assemblée nationale a, en première lecture,
adopté un article additionnel 66
bis
sur proposition du
Gouvernement pour remédier à cette disparité.
Votre commission observe toutefois que cette disposition reste très
partielle car elle ne revalorise les pensions " gelées " entre
1991 et 1995 que de 1,5 % alors que l'écart né du
" gel " atteint environ 7 %.
Auditionné par votre commission, M. Jean-Pierre Masseret s'est
engagé à rétablir l'unicité de la valeur du point
de pension dès le prochain budget.
Votre commission estime, pour sa part, que le retour à l'unicité
pourrait être immédiat. Le coût budgétaire reste
très supportable : il ne dépasserait pas 60 millions de
francs. A défaut, elle considère que la revalorisation reste
insuffisante pour 2000 et qu'elle pourrait être au moins doublée
afin d'assurer les conditions du retour à l'unicité dès
2001.
2. Faire un premier pas vers la " décristallisation "
Au cours
des deux guerres mondiales, plus de 1,4 million de soldats venus
d'Afrique, du Maghreb, d'Indochine ou d'autres colonies, sont courageusement
venus combattre sur le territoire national pour participer à la
défense de la République.
Depuis 1959 pour l'Indochine et depuis 1960 pour les autres Etats anciennement
placés sous souveraineté française, les pensions
militaires d'invalidité et les retraites du combattant versées
à ceux qui ont combattu pour le drapeau français sont
" cristallisées " à la valeur atteinte lors de
l'accession à l'indépendance de ces Etats.
Certes, c'est à l'honneur de la France d'avoir maintenu les pensions
même en les cristallisant. D'autres pays, comme la Grande-Bretagne, ont
choisi de les supprimer pour les ressortissants de leurs anciennes colonies.
Mais cela n'empêche pas de chercher à résoudre les
problèmes les plus criants de cette cristallisation.
D'abord, la valeur actuelle du point d'indice est très disparate selon
les pays. Cela tient aux différentes dates d'accession à
l'indépendance, mais aussi aux revalorisations ponctuelles intervenues
depuis lors de manière distincte selon les pays. Ainsi, alors que la
valeur du point est actuellement de 80,62 francs en métropole, elle
atteint 45,05 francs à Djibouti, 27,97 francs au
Sénégal, mais seulement 9,02 francs en Algérie,
7,77 francs au Maroc et en Tunisie et 3,14 francs dans l'ex-Indochine.
Ensuite, une forclusion pèse sur les nouvelles demandes, qu'il s'agisse
de demander une réversion de la pension d'invalidité ou de
reconnaître l'aggravation d'une invalidité.
Ces situations sont difficilement acceptables.
Il reste certes possible de prévoir, par voie réglementaire, des
revalorisations et des levées de forclusion. Celles-ci restent cependant
très rares, la dernière remontant à 1995.
M. Jean-Pierre Masseret avait pourtant déclaré, lors du
dernier débat budgétaire, vouloir engager un débat sur la
" décristallisation ", reconnaissant notamment les retards des
pays du Maghreb et les blocages liés à la forclusion.
Pourtant, le présent projet de loi de finances ne propose aucune
avancée. Votre commission ne peut que le déplorer.
Aussi, votre commission des Affaires sociales vous proposera d'adopter un
amendement permettant un premier pas dans le sens d'une
" décristallisation ".
3. Conforter la situation des veuves d'anciens combattants
Les
dernières mesures en faveur des veuves d'anciens combattants remontent
à 1995 et 1996.
L'article 103 de la loi de finances pour 1996 a abaissé de 57
à 50 ans la condition d'âge requise pour
bénéficier d'une pension de réversion à taux
majoré.
La loi de finances pour 1997 a prévu que les veuves des anciens
combattants allocataires du fonds de solidarité percevant l'APR
bénéficieront d'un capital décès égal
à quatre fois le montant mensuel brut de l'allocation, ce montant
étant majoré d'une fois et demie par enfant à charge.
Mais, en 1997, seules 46 veuves ont bénéficié de
cette disposition.
Or, depuis lors, la situation financière des veuves s'est souvent
dégradée, notamment celle des veuves des grands invalides de
guerre qui ont consacré leur vie entière à soigner leur
époux au détriment de leur carrière professionnelle.
En témoigne notamment l'accroissement du nombre de veuves demandant un
secours financier à l'ONAC. En 1998, 5.934 veuves d'anciens
combattants ont bénéficié d'une telle aide. Elles
n'étaient que 4.500 en 1997.
Certes, le projet de loi de finances prévoit la reconduction de la
subvention de 5 millions de francs pour l'action sociale de l'ONAC en
faveur des veuves.
Votre commission n'en considère pas moins que cette mesure reste
très insuffisante. Elle estime nécessaire d'engager une action
forte afin d'assurer de manière pérenne un niveau de vie
décent aux veuves d'anciens combattants qui connaissent les situations
les plus difficiles.
Elle réitère alors les trois séries de propositions
qu'elle avait déjà formulées l'année passée,
mais qui n'ont hélas pas eu d'écho auprès du Gouvernement.
Une première solution pourrait consister dans l'introduction d'une
possibilité de réversion de la retraite du combattant.
Une seconde solution serait l'assouplissement des conditions de
réversion des pensions d'invalidité. A cet égard, votre
commission suggère que la valeur minimale du taux d'invalidité
requis permettant une réversion automatique de la pension soit
ramenée de 85 % à 60 %. Une telle mesure profiterait ainsi
à 2.000 veuves pour un coût raisonnable de l'ordre de
50 millions de francs.
La dernière solution passerait par la revalorisation des pensions de
veuves. Votre commission rappelle que la pension de veuve au taux normal est
inférieur au minimum vieillesse.
Lors du débat à l'Assemblée nationale, M. Jean-Pierre
Masseret a pris
" l'engagement de remettre à plat ce dossier
dès le début de l'année 2000 "
. Votre
commission lui en donne acte et a décidé, en conséquence,
de ne pas présenter d'amendement.
Mais elle s'inquiète cependant de certaines pistes
présentées par le secrétaire d'Etat. Ainsi, s'agissant des
veuves des plus grands invalides, il a évoqué l'idée
" d'imaginer un système de cotisations qui permette que ces
personnes ne se retrouvent pas dans une situation sociale extrêmement
précaire lorsque leur époux décède "
.
Pour sa part, votre commission considère qu'un tel système de
cotisations pourrait éventuellement jouer pour l'avenir, mais ne
permettra en aucun cas d'améliorer la situation des épouses des
premières générations du feu qui ont, pour la plupart,
atteint un âge trop avancé pour entrer dans une logique de
cotisations.
Votre commission étudiera donc avec la plus extrême attention les
propositions à venir du secrétaire d'Etat.
4. Indemniser rapidement les incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes
Alors
que les incorporés de force dans l'armée allemande ont
bénéficié d'une indemnisation accordée par la
fondation " Entente franco-allemande ", les incorporés de
force dans les formations paramilitaires (RAD-KHD), non titulaires du
certificat d'incorporé de force dans l'armée allemande, attendent
toujours une telle indemnisation.
Certes, un accord de principe a été trouvé au sein de
l'Entente franco-allemande en juin 1998 pour qu'elle participe à cette
indemnisation. Toutefois, alors que le recensement des
bénéficiaires a été clos le 31 mars 1999, le
traitement des dossiers a pris du retard et n'est toujours pas achevé.
Le Gouvernement prend alors prétexte de l'incertitude sur le nombre
définitif de parties prenantes pour ne pas inscrire les crédits
correspondant au budget.
Cette situation est difficilement acceptable.
M. Jean-Pierre Masseret, auditionné par votre commission, a
déclaré qu'il avait obtenu de l'Entente franco-allemande
l'engagement que celle-ci utiliserait une partie de ses produits financiers
pour cette indemnisation.
Votre commission considère toutefois cette mesure comme insuffisante et
souhaiterait voir inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000 les
premiers crédits relatifs à une telle indemnisation.
5. Assouplir les conditions d'attribution du Titre de reconnaissance de la Nation
Actuellement, le Titre de reconnaissance de la Nation (TRN) ne
peut
être attribué au titre des services effectués en
Algérie après le 2 juillet 1962.
Or, l'insécurité a existé pour les militaires
français bien après cette date. En outre, la médaille
commémorative des opérations de sécurité et de
maintien de l'ordre en Algérie est attribuée jusqu'au
1
er
juillet 1964.
Votre commission ne peut alors qu'être favorable à ce que le TRN
puisse être attribué aux militaires français qui ont servi
en Algérie jusqu'au 1
er
juillet 1964.
M. Jean-Pierre Masseret a d'ailleurs indiqué, lors du débat
à l'Assemblée nationale, qu'il avait envisagé
d'étendre les possibilités d'attribution jusqu'en avril 1963.
Votre commission considère alors qu'il pourrait s'agir d'un utile
premier pas avant la remise à plat du dispositif qu'a annoncé
M. Jean-Pierre Masseret.
6. Etudier la possibilité de ramener de 65 à 60 ans l'âge ouvrant droit au bénéfice de la retraite du combattant
Votre
commission constate que, s'agissant de la retraite anticipée, le
Gouvernement a, en quelque sorte, " joué la montre ". Les
anciens combattants d'Afrique du Nord ont désormais, pour la plupart,
plus de 60 ans. Toutefois, votre commission considère qu'une telle
question, qui est une question de principe, ne doit pas être
occultée pour autant.
Votre commission observe également que les associations d'anciens
combattants, constatant que la question de la retraite anticipée n'est
plus d'actualité, demandent que la retraite du combattant soit
versée aux titulaires de la carte du combattant dès l'âge
de 60 ans.
A ce propos, votre commission rappelle que certains titulaires de la carte du
combattant peuvent déjà bénéficier de la retraite
du combattant dès 60 ans.
Il s'agit :
- des anciens combattants résidant dans les départements et
territoires d'outre-mer,
- des anciens combattants titulaires de l'allocation supplémentaire
du fonds de solidarité vieillesse (FSV),
- des anciens combattants percevant une pension d'invalidité d'au
moins 50 % et une allocation d'ordre social.
Dans ces conditions, votre commission ne peut que suggérer
d'étudier la faisabilité d'une telle mesure, même si son
coût estimé à 1,4 milliard de francs doit inciter
à une certaine prudence.
*
* *
Considérant que le projet de budget se contentait d'une
simple reconduction des actions en faveur du monde combattant et
n'intégrait que de rares mesures nouvelles, votre commission a
décidé de s'en remettre à la sagesse de la Haute
Assemblée quant à l'adoption des crédits des anciens
combattants.
Elle a en outre émis un avis favorable à l'adoption des
articles 65, 66 et 66 bis rattachés à ce budget et vous
propose d'adopter un amendement tendant à insérer un article
additionnel après l'article 66. (
cf. ci-après l'examen
des articles rattachés
).
EXAMEN DES ARTICLES RATTACHÉS
Art.
65
(art. L. 253 bis du code des pensions militaires
d'invalidité
et des victimes de la guerre)
Extension des
conditions d'attribution de la carte du combattant
La loi
de finances pour 1926 a créé la carte du combattant. Elle
concerne tous les conflits, y compris depuis 1993 les opérations
menées actuellement par la France en exécution d'accords
bilatéraux ou sous mandats internationaux.
Les conditions d'attribution répondent à deux logiques
alternatives :
- une logique collective : avoir été affecté pendant
90 jours dans une unité qualifiée de combattante par le
ministère de la défense ;
- une logique individuelle : il existe également une
procédure individuelle d'attribution permettant de prendre en compte les
mérites personnels.
Depuis la loi du 9 décembre 1974, ces conditions générales
s'appliquent également aux personnes ayant participé aux
opérations effectuées en Afrique du Nord jusqu'au 2 juillet 1962.
Toutefois, afin de tenir compte de la nature spécifique de l'engagement
en Algérie, compte tenu du risque diffus dû à
l'insécurité provoquée par la situation de
guérilla, la loi de finances pour 1998 a modifié le
critère traditionnel de 90 jours en unité combattante :
l'article 108 prévoit d'assimiler à la participation
personnelle à une action de feu ou de combat une durée de
présence en Algérie de 18 mois. Les dispositions de cet
article ont permis la délivrance de 36.455 cartes.
L'article 123 de la loi de finances pour 1999 a ramené cette
durée de 18 à 15 mois. Au premier semestre 1999, 17.633 cartes du
combattant ont été attribuées à ce titre.
Le présent article propose de ramener cette durée de
présence de 15 à 12 mois.
Tout en soulignant qu'une telle disposition ne permet pas de prendre en compte
la situation particulière des rappelés, votre commission ne peut
que souscrire à cette mesure de reconnaissance et de réparation.
Votre commission a émis un avis favorable à l'adoption de cet
article.
Art.
66
(art. L. 321-9 du code de la
mutualité)
Relèvement du plafond donnant lieu à
majoration
de la retraite mutualiste du combattant
Le
présent article vise à poursuivre le mouvement de revalorisation
du plafond majorable de la retraite mutualiste.
En application de l'article L. 321-9 du code de la mutualité, les
membres des sociétés mutualistes ayant la qualité
d'anciens combattants qui se sont constitué une rente mutualiste
bénéficient, en plus de la majoration légale
attachée à toute rente viagère, d'une majoration
spéciale de l'Etat égale, en règle générale,
à 25 % du montant de la rente résultant des versements
personnels de l'intéressé et qui s'élève au fur et
à mesure que l'on se rapproche de 60 ans.
En 1999, le nombre de bénéficiaires de la rente mutualiste est
estimé à environ 320.000 pour une rente d'un montant moyen de
5.700 francs.
Le total formé par la rente et la majoration spéciale de l'Etat
est limité à un plafond fixé en valeur absolue, dit
" plafond majorable ", qui est visé par le présent
article.
L'article 107 de la loi de finances pour 1998 avait modifié les
modalités de revalorisation de ce plafond majorable en l'indexant sur
l'indice 95 de la pension militaire d'invalidité. Ce nouveau mode
d'indexation permet alors de faire évoluer le montant du plafond
majorable en application du rapport constant.
L'article 122 de la loi de finances pour 1999 a porté l'indice de
référence du plafond majorable de 95 à 100 points.
Le présent article vise à porter cet indice de
référence à 105 points.
Ces dispositions ont permis une évolution favorable du plafond
majorable, qui avait cependant accumulé un certain retard.
Evolution du plafond majorable depuis 1987
Années |
Plafond majorable en vigueur en francs |
1987 |
5.000 |
1988 |
5.600 |
1989 |
5.600 |
1990 |
5.900 |
1991 |
5.900 |
1992 |
6.200 |
1993 |
6.400 |
1994 |
6.600 |
1995 |
6.750 |
1996 |
7.000 |
1997 |
7.091 |
1998 |
7.496 |
1999 |
7.993 |
2000* |
8.853 |
*
estimation
Tout en considérant que le seuil de 130 points constitue l'objectif
à atteindre dans les meilleurs délais, votre commission a
émis un avis favorable à l'adoption de cet article.
Article additionnel après l'article 66
(nouveau)
(art.
71 de la loi n° 59-1424 du 26 décembre 1959
et art. 170 de
l'ordonnance n° 58-1374 du 30 décembre
1958)
" Décristallisation " partielle des pensions
militaires
d'invalidité et des retraites du combattant
Votre
commission a souligné les difficultés nées de la
cristallisation et l'absence de toute mesure de décristallisation
partielle depuis 1995.
Considérant qu'une mesure générale de
décristallisation serait très coûteuse, elle vous propose
donc de cibler l'effort sur les difficultés les plus évidentes.
Aussi, cet article additionnel, qu'elle propose d'insérer dans le projet
de loi, prévoit deux types d'ajustements.
Premièrement, il lève temporairement, pour l'année 2000,
la forclusion pesant sur les demandes nouvelles.
Deuxièmement, il revalorise les pensions d'invalidité et les
retraites de combattants de 20 % dans les pays qui ont accumulé le
plus grand retard : les pays du Maghreb et d'Indochine.
Votre commission estime qu'une telle mesure constituerait un signe de
reconnaissance tangible envers nos anciens combattants d'outre-mer pour les
sacrifices consentis. Au moment où le Parlement reconnaît
l'état de guerre en Algérie, un nouveau geste serait
cohérent avec cette reconnaissance et serait à l'honneur de la
France.
Votre commission observe en outre que la mise en place d'un nouveau circuit de
paiement des pensions dans les pays placés anciennement sous
souveraineté française garantira le versement effectif des
pensions d'invalidité et des retraites du combattant aux
intéressés. A l'avenir, ce seront en effet les consulats qui
verseront les pensions et les retraites.
Il s'agit donc à la fois d'une mesure de justice et d'une mesure
pragmatique.
Une telle mesure pourrait bénéficier à quelque 30.000
pensionnés et à quelque 40.000 titulaires de la retraite du
combattant. Le coût de la revalorisation de 20 % peut être
estimé à environ 15 millions de francs.
Votre commission vous demande d'insérer cet article additionnel par
voie d'amendement.
Art.
66 bis
(art. L. 114 bis du code des pensions militaires
d'invalidité
et des victimes de la guerre)
Revalorisation
des pensions d'invalidité " gelées " entre 1991 et
1995
L'article 120 de la loi de finances pour 1991 avait
institué
un " gel " des plus hautes pensions militaires d'invalidité en
excluant du champ d'application des revalorisations au titre du rapport
constant les pensions dépassant un indice correspondant à la
somme annuelle de 360.000 francs.
Touchant des grands invalides gravement handicapés et nécessitant
souvent les soins continus de tierces personnes, cette disposition a
concerné environ 1.200 pensionnés entre 1991 et 1994.
L'article 78 de la loi de finances pour 1995 a supprimé la mesure de
" gel " à compter du 1
er
janvier 1995, mais elle
n'a pas procédé à la remise à niveau du point de
pension des invalides concernés.
Le présent article, introduit par un amendement présenté
par le Gouvernement en première lecture à l'Assemblée
nationale, vise à initier une telle remise à niveau.
Votre commission observe toutefois que la revalorisation n'est que de
1,5 % alors que l'écart né du " gel " entre 1991
et 1994 est en moyenne de 7 %.
Elle aurait alors souhaité une revalorisation intégrale
dès 2000 ou, tout au moins, une remise à niveau plus
substantielle dès l'an prochain afin que la remise à niveau soit
totale pour 2001.
Elle a néanmoins émis un avis favorable à l'adoption de
cet article.
1
Loi n° 99-882 du 18 octobre 1999
relative à la substitution, à l'expression " aux
opérations effectuées en Afrique du Nord ", de l'expression
" à la guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au
Maroc "
2
Le périmètre retenu est celui du budget pour 1999
3
Coût moyen constaté en 1998, qu'il s'agisse d'une
pension d'invalidité, d'une pension de réversion ou d'une pension
d'ascendant.
4
Le chapitre 46-31 " indemnités et
pécules " sera intégré en 2000 dans le chapitre 46-04
à la suite d'un transfert interne.
5
Votre rapporteur renvoie sur ce point à l'excellent rapport
de notre collègue Jacques Baudot, rapporteur spécial des
crédits relatifs aux anciens combattants (" L'ONAC :
réussir sa mutation au service du monde combattant ", Sénat,
n° 32 (1999-2000).
6
Rapport sur l'exécution de la loi de finances pour
1998.