CHAPITRE II -
LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT ET D'ENTRETIEN DE LA
MARINE
L'ensemble des moyens dont la Marine disposera en 2000 pour
assurer
son activité et entretenir ou remettre à niveau ses
bâtiments conditionnent l'activité de la Marine durant la
prochaine annuité.
En 2000, les nouveaux moyens consacrés au fonctionnement permettront
à la Marine une gestion moins tendue, alors que la nouvelle diminution
des moyens consacrés à l'entretien de la flotte suscite encore
une fois l'inquiétude.
I. UNE GESTION MOINS TENDUE DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT
Les
crédits de fonctionnement, hors rémunérations et charges
sociales et hors entretien programmé des matériels (EPM),
comprennent l'alimentation, les carburants, le fonctionnement courant et la
subvention du musée de la Marine.
Le tableau suivant retrace l'évolution de ces crédits (en
millions de francs courants) :
|
|
|
Evolution |
Evolution en % |
||
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
1999/2000 |
à structure constante |
1999/2000 |
à structure constante |
Alimentation |
464 |
440 |
- 24 |
- 24 |
- 5,15 |
- 5,15 |
Pétrole |
394 |
372 |
- 22 |
- 22 |
- 5,5 |
- 5,5 |
Fonctionnement courant 1 |
1 239,7 |
1 504,6 |
+ 265 |
+ 68 |
+ 21,37 |
+ 5,5 |
Total |
2 097,7 |
2 316,6 |
+ 219 |
+ 22 |
+ 10,4 |
+ 1 |
1
dont subvention accordée au musée de la Marine (12,6 MF)
La dotation globale en crédits de fonctionnement stricto sensu est donc
en hausse. Elle augmente de plus de 200 millions de francs, soit une
augmentation de plus de 10 % en francs courants. Toutefois, cette
évolution est en réalité contrastée et plus
limitée qu'elle ne pourrait paraître après un premier
examen. En effet, la hausse globale masque une évolution divergente des
crédits consacrés à l'alimentation et aux produits
pétroliers, qui baissent, et des crédits de fonctionnement
courant qui augmentent fortement (+ 265 millions de francs courants). Ensuite,
la hausse même des crédits de fonctionnement doit être
tempérée car elle s'explique pour près de 200 millions de
francs par des transferts de crédits.
1. Les crédits d'alimentation sous l'effet de la baisse des effectifs
Les
crédits d'alimentation s'élèveront à
440
millions de francs
en 2000. Ils subissent une
baisse de 24 millions de
francs
par rapport à 1999, soit 5,1 %.
Cette évolution des crédits s'explique essentiellement par la
diminution des effectifs liée à la professionnalisation des
armées. La tranche 2000 de la professionnalisation prévoit une
réduction de 37,9 millions de francs des crédits d'alimentation.
En outre, les décisions de la revue de programmes, notamment le
désarmement définitif du porte-avions Foch en 2000, expliquent
elles aussi une diminution des crédits de 5 millions de francs.
Mais la baisse liée au changement de format de la Marine est
compensée en partie, à hauteur de 16,1 millions de francs, par
une mesure de " redotation ". Cette mesure comble partiellement les
besoins estimés par la Marine à l'occasion de la revue du titre
III, qui a permis d'actualiser les prévisions de la programmation.
2. Les crédits pour produits pétroliers risquent d'être insuffisants
Les
crédits pour l'achat de produits pétroliers connaîtront
une baisse de 5,5 % en 2000
par rapport à 1999. La dotation sera
de
372 millions de francs
au lieu de 394 millions.
Cette dotation peut être ainsi détaillée (en millions de
francs) :
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Chapitre
34-05-15
|
243,7 |
216,8 |
Chapitre
34-05-16
|
95,5 |
89,3 |
Divers (chauffage, transport routier) |
54,8 |
65,9 |
Total |
394 |
372 |
La
baisse de la dotation s'explique essentiellement par la réduction du
format de la flotte. Celle-ci justifie une économie de 27,7 millions de
francs. Le retrait du Foch et l'admission au service actif du porte-avions
nucléaire Charles de Gaulle expliquent une grande partie de la
diminution des besoins en combustible de la flotte.
Par ailleurs, lors de la revue du titre III, des mesures complémentaires
d'économies ont été décidées à
hauteur de 8,6 millions de francs.
Par contre
, une dotation complémentaire de 11,5 millions de
francs a été décidée en raison de
la
révision des hypothèses économiques et de la
réactualisation des cours du pétrole et du dollar. Or, c'est
cette évaluation qui pose problème.
En effet, les cours du pétrole sont depuis quelques mois très
volatils. L'année 1998 et le premier trimestre 1999 ont
été marqués par une baisse structurelle et progressive des
cours du baril de brut sur le marché mondial, ce qui a permis à
la Marine de réaliser ses approvisionnements à des conditions
favorables : 12 dollars le baril en moyenne.
Mais ce mouvement de baisse des cours s'est interrompu depuis la mi-1999 et les
cours du pétrole se sont très fortement redressés. Ils
atteignaient 23 dollars le baril en septembre 1999.
Cette brutale inversion de tendance s'explique par les tensions politiques
liées au conflit du Kosovo et la reprise de la demande asiatique. Elle
s'explique surtout par le changement de politique des pays membres de l'OPEP
(organisation des pays exportateurs de pétrole) qui ont tenu leurs
objectifs de limitation de la production. Ces évolutions, propres au
marché pétrolier, ont été accentuées par
l'effritement de l'euro face au dollar.
Or, le projet de loi de finances 2000 retient comme hypothèse
un
baril de pétrole à 14,6 dollars et un cours du dollar à 6
francs.
Si le cours euro-dollar paraît conforme aux estimations des
instituts de prévisions, tel n'est pas le cas du cours du
pétrole. Ces instituts l'estiment entre 16,3 dollars (BIPE) et 21
dollars (OFCE) en moyenne pour 2000.
Le risque est donc grand que la dotation de la Marine pour ses fournitures en
produits pétroliers soit insuffisante avec toutes les
conséquences qui pourraient en résulter pour l'activité de
nos forces et le niveau des stocks. Il faut rappeler que le niveau
d'activité de la Marine n'est pas suffisant pour qu'une réduction
n'ait pas de conséquences sur l'entraînement des forces.
La situation pourrait devenir d'autant plus difficile que des opérations
extérieures inattendues provoqueraient une consommation
supérieure de produits pétroliers. De tels surcoûts,
quoique dans des proportions variables, sont devenus quasiment
systématiques depuis plusieurs années.
3. L'amélioration de la dotation de fonctionnement courant
La
dotation 2000 pour le fonctionnement courant s'élèvera à
1 504,6 millions de francs
. Elle connaît une évolution
brute de 265 millions de francs. Cette augmentation apparemment très
importante est en grande partie la conséquence de changements de
structures budgétaires et de transferts du titre V vers le titre III. En
revanche, à structures budgétaires constantes, le fonctionnement
courant n'augmentera que de 68 millions de francs, soit 5,5 %.
L'évolution reste positive pour la Marine. Elle pourra réduire en
2000 les tensions structurelles qu'elle a connues les années
précédentes. Les difficultés persisteront mais
s'atténueront concernant les mouvements de personnels, l'entretien
immobilier, les prises de bail outre-mer et les crédits
dédiés à l'activité des forces.
Les modifications de structure budgétaire du titre III sont le reflet
d'évolutions importantes.
Ainsi, une dotation de 95 millions de francs, identifiée
budgétairement, est créée pour financer des
opérations de sous-traitance (chapitre 34-05-94). Il s'agit bien de
crédits nouveaux.
Ensuite, le service soutien de la flotte nouvellement créé, voit
sa dotation identifiée budgétairement aux chapitres 34-05-31, 32
et 33. Sa dotation totale est de 143,6 millions de francs pour 2000. Cette
modification n'a pas entraîné de crédits nouveaux.
Enfin, le fonctionnement subit la baisse mécanique des effectifs
(- 43,5 millions de francs), mais bénéficie d'une mesure de
redotation de 47,4 millions de francs, qui correspond à la satisfaction
d'une partie des besoins exprimés lors de la revue du titre III.
Par ailleurs, la dotation en fonctionnement courant a fait l'objet de
très importants transferts de crédits visant à donner une
meilleure cohérence aux différentes catégories de
dépenses.
Un transfert de 67 millions de francs a été opéré
en provenance de l'EPM (entretien programmé des matériels). Ces
crédits représentent les charges d'électricité et
de logistique.
Un deuxième transfert, mais au bilan nul, de 70 millions de francs en
provenance de l'EPM, du titre III vers le fonctionnement courant, a
été opéré, tandis qu'il est compensé par un
transfert de charges du même montant vers l'EPM du titre V.
Enfin, deux transferts, pour un montant total de 31,8 millions de francs, ont
été effectués du titre V vers le titre III. 9,4 millions
sont relatifs au financement de la formation (" navalisation ") des
pilotes embarqués de l'aéronautique navale aux Etats-Unis.
Surtout, les dépenses de fonctionnement de la FOST (Force
océanique stratégique), d'un montant de 22,4 millions de francs,
ont été intégrées au fonctionnement courant.