Projet de loi de finances pour 2000, TOME VIII - Défense - Marine
BOYER (André)
AVIS 92 - TOME VIII (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 194 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE I -
LA QUATRIÈME ANNÉE DE LA PROFESSIONNALISATION- I. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE RÉMUNÉRATIONS ET DE CHARGES SOCIALES (RCS) EN 2000
-
II. L'ÉVOLUTION GLOBALEMENT SATISFAISANTE DES
EFFECTIFS
- A. LA RÉDUCTION DU NOMBRE DES APPELÉS ET LA PROFESSIONNALISATION DES FORCES
- B. EVOLUTION DU PERSONNEL NON OFFICIER
- C. LES OFFICIERS
- III. LES NOUVEAUX BESOINS DE LA PROFESSIONNALISATION
- IV. LE SUIVI DE LA FÉMINISATION DES FORCES
-
CHAPITRE II -
LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT ET D'ENTRETIEN DE LA MARINE - CHAPITRE III - LES MOYENS D'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 92
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
DÉFENSE - MARINE
Par M. André BOYER,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexes n°
s
43
et
44
) (1999-2000).
Lois de finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'année 1999 aura été marquée par l'engagement de
la Marine nationale dans l'opération " Trident " au Kosovo.
Lors de cette opération, elle a montré sa capacité
à remplir ses missions avec une grande disponibilité. Elle a
aussi prouvé sa capacité à s'insérer dans un
dispositif interarmées et multinational. Une frégate
antiaérienne britannique a ainsi été placée sous
commandement français afin d'assurer la protection du Foch. Votre
rapporteur pour avis tient à rendre hommage aux marins français
qui ont servi à cette occasion avec courage et détermination.
La crise du Kosovo a également souligné l'importance du
rôle du porte-avions et de son groupe aérien. Ses avions ont
effectué le tiers des missions de bombardement dévolues à
la France, sans utilisation des ravitailleurs basés à terre et
avec un taux de réussite parmi les meilleurs. La crise du Kosovo pose
donc, parmi d'autres, la question de la cohérence à l'avenir de
notre groupe aéronaval et des moyens qui y seront
consacrés : achat des Rafale, frégates, notamment
antiaériennes et évidemment deuxième porte-avions.
Pour 2000,
la Marine disposera d'un budget en diminution de 2,65 % par
rapport à 1999, soit 33 milliards de francs. Sa part dans le budget de
la Défense diminuera
également légèrement,
en passant de 17,9 % à 17,6 %.
Ce budget doit permettre de poursuivre la professionnalisation des forces dans
de bonnes conditions. Un effort sera également fait sur les moyens de
fonctionnement et d'entretien qui avaient été fortement
contraints ces dernières années. En revanche, les crédits
d'équipement diminueront, atteignant vraisemblablement un niveau
limite.
CHAPITRE I -
LA QUATRIÈME ANNÉE DE LA
PROFESSIONNALISATION
Le
passage à l'armée professionnelle marque
une délicate
période d'adaptation qu'il faut mener à bien dans un contexte
budgétaire tendu.
Dans la Marine, la professionnalisation présente des aspects bien
particuliers liés à la fois aux spécificités de ses
activités, notamment à bord des bâtiments, et aux choix qui
ont été arrêtés par la loi de programmation.
La Marine a choisi de poursuivre
trois objectifs
:
-
maintenir un flux de recrutement stable
pour préserver la
pyramide des âges, le dynamisme des équipages et éviter les
variations brutales ;
-
préserver les carrières
des engagés de longue
durée ;
-
augmenter le taux d'encadrement
, qui était inférieur
à celui constaté dans les grandes marines occidentales.
Globalement, le mouvement de professionnalisation doit conduire à une
réduction de 20 % des effectifs de la Marine (- 13 414)
en
même temps qu'elle réduit de 20 % son format, passant de 100
à 80 bâtiments.
Effectifs militaires et civils évoluent
contradictoirement
. Les premiers connaissent une réduction de 30 %
(- 18 513), tandis que les seconds s'accroissent de 80 % (+ 5 099).
Evolution des effectifs de la Marine de 1996 à 2002
(loi de programmation 1997-2002)
|
1996 |
% |
2002 |
% |
Officiers |
4 844 |
6,9 |
4 961 |
8,8 |
Officiers mariniers |
32 530 |
46,6 |
30 136 |
53,4 |
Quartiers-maîtres et matelots engagés |
|
11,6 |
7 998 |
14,2 |
Appelés et volontaires |
17 906 |
25,6 |
1 775 |
3,1 |
Civils |
6 495 |
9,3 |
11 594 |
20,5 |
Total |
69 878 |
100 |
56 464 |
100 |
Le
remplacement des personnels appelés est assuré, d'une part,
grâce à des militaires engagés ou volontaires, ce qui
permet de professionnaliser les équipages des bâtiments. D'autre
part, à terre, la Marine fait appel à des civils pour les emplois
sans spécificité militaire. Ainsi les solutions diffèrent,
qu'il s'agisse des forces de projection et des unités navigantes ou des
soutiens dans les bases.
En outre, la Marine atteint ses objectifs de réduction d'effectifs en
faisant des gains de productivité (4 400 postes d'appelés), en
désarmant des bâtiments (3 600 postes) et en restructurant les
services de soutien (5 400 postes).
En l'an 2000, la Marine connaîtra à nouveau, et comme
prévu, une diminution de ses effectifs d'appelés, d'hommes du
rang engagés et un accroissement de son taux d'encadrement.
Si le
déroulement de la professionnalisation donne globalement satisfaction,
les nouveaux besoins en effectifs d'une Marine professionnalisée se
révèlent plus délicats à satisfaire.
I. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE RÉMUNÉRATIONS ET DE CHARGES SOCIALES (RCS) EN 2000
Le
budget consacré aux rémunérations et charges sociales dans
la Marine s'élèvera à
10 174 millions de francs en
2000
contre 10 264 millions de francs en 1999. Ces crédits sont donc
en
diminution de 90 millions de francs, soit une baisse de 0,88 % en francs
courants et d'environ 1,8 % en francs constants.
Il est toutefois utile de
comparer ces chiffres avec ceux de 1998. En effet, en 1998 le budget
consacré aux RCS était de 10 077 millions de francs. On constate
donc entre 1998 et 2000 une légère hausse en francs courants
d'environ 1 % (+ 97 millions de francs) et le mouvement inverse en francs
constants. L'annuité 2000 marque donc un retour vers les
évolutions de la loi de programmation et une
meilleure maîtrise
de ce qui avait pu paraître, en 1999, comme les surcoûts de la
professionnalisation.
En termes généraux, les principales évolutions
budgétaires pour 2000 sont marquées par une diminution des moyens
consacrés aux rémunérations principales des personnels
d'active et appelés, tandis que les moyens alloués aux
indemnités et à l'engagement de volontaires s'accroissent.
Ainsi, le chapitre 31-31-50, consacré aux rémunérations
principales des personnels en activité, connaît une baisse de 96,5
millions de francs (- 1,5 %), passant de 6 237,4 millions en 1999
à 6 140,9 millions en 2000.
De même, les moyens consacrés à la
rémunération des appelés (chapitre 31-41-30)
décroît de 61,9 millions de francs, soit une baisse de
42,6 %, et passe de 145,2 millions de francs en 1999 à 83,2
millions en 2000. Ces évolutions sont évidemment le pendant de
l'évolution des effectifs qui s'effectue dans les mêmes
proportions.
Il faut ajouter à ce mouvement de décrue, en relation
étroite avec la baisse des effectifs, la diminution du montant des
prestations sociales versées : - 7 millions de francs.
Par contre
,
le recrutement de volontaires supplémentaires a
appelé des crédits nouveaux en 2000
. Ils augmentent de 18,1
millions de francs pour atteindre
25,9 millions de francs
, soit plus du
triplement des crédits qui y étaient consacrés en 1999
(7,8 millions de francs).
S'y ajoutent des mesures de revalorisation indemnitaire liées à
la professionnalisation des forces et à l'application de l'accord
salarial de 1998 dans l'ensemble de la fonction publique ou pour les
militaires. Celles-ci, répertoriées au chapitre 31-32, articles
50 et 60, représenteront 53 millions de francs.
Enfin, en faisant le bilan dans le projet de loi de finances 2000 de toutes les
mesures nouvelles et de l'évolution des services votés,
l'évolution des effectifs explique une réduction des
crédits de 212 millions de francs, tandis que les différentes
mesures d'ajustement et de revalorisation entraînent une augmentation de
122 millions de francs.
Ainsi le budget consacré aux RCS reste assez stable ; la baisse
liée à la diminution des effectifs est limitée par le fait
que les appelés étaient peu rémunérés et
qu'ils sont partiellement remplacés par des personnels mieux
payés. Il faut également noter que les appelés
étaient numériquement et proportionnellement moins nombreux dans
la Marine que dans d'autres armées. La baisse de leur nombre est donc,
de ce fait, moins sensible. La diminution des effectifs engagés est
également lente sur les cinq années de la programmation. Il est
donc logique que les revalorisations et ajustements compensent en grande partie
l'économie liée à la baisse des effectifs.
Il est enfin important de souligner qu'en 2000
la situation des
crédits de rémunération et charges sociales sera
apurée des reports de charge de 1999 grâce au décret
d'avance de 560 millions de francs, dont 400 millions de francs pour les
rémunérations.
Sur cette somme, l'ISSE (indemnité
spéciale pour service à l'étranger) représente 150
millions de francs. Les surcoûts dus aux opérations du Kosovo ne
seront donc financés que sur le budget de 1999.
II. L'ÉVOLUTION GLOBALEMENT SATISFAISANTE DES EFFECTIFS
Depuis
le début de la professionnalisation, la Marine réduit
progressivement ses effectifs.
En 2000, les effectifs budgétaires seront à nouveau
réduits de 2 908 postes, soit une baisse de 9 145 postes depuis
1996.
Par rapport aux tendances générales de la professionnalisation,
2 000 paraît atypique avec une baisse très légère (-
23) du nombre des officiers et une hausse du nombre des quartiers-maîtres
et matelots (+ 212) liée à un
" repyramidage ".
Par contre, les effectifs des appelés et
des officiers mariniers décroissent, tandis que les effectifs de
volontaires et de civils s'accroissent.
Evolution par catégorie des effectifs
budgétaires
(1998-1999-2000)
Catégories de personnel |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Variation 1999/2000 |
Variation 1998/2000 |
Officiers |
4 985 |
5 006 |
4 983 |
- 23 |
- 2 |
Officiers mariniers |
32 605 |
32 392 |
31 350 |
- 1 042 |
- 1 255 |
Quartiers-maîtres et matelots engagés |
7 928 |
7 928 |
8 140 |
+ 212 |
+ 212 |
Appelés |
11 498 |
8 158 |
4 579 |
- 3 579 |
- 6 919 |
Volontaires |
0 |
140 |
439 |
+ 299 |
+ 439 |
Civils |
8 156 |
9 017 |
9 602 |
+ 585 |
+ 2 086 |
Total |
65 172 |
62 641 |
59 093 |
- 3 548 |
- 5 439 |
A. LA RÉDUCTION DU NOMBRE DES APPELÉS ET LA PROFESSIONNALISATION DES FORCES
1. La réduction trop rapide du nombre des appelés ?
Le
nombre des appelés continue à diminuer rapidement dans la Marine.
En 2000, ce seront
3 579 postes budgétaires qui seront
supprimés.
Au total,
entre 1997 et 2000, ce sont 13 327 postes
qui auront été supprimés
, soit presque les trois
quarts des postes d'appelés dans la Marine.
Il faut également noter que, pour la première fois en 2000, les
quartiers-maîtres et matelots engagés seront plus nombreux que les
appelés : 8 140 contre 4 579. Ce " petit
événement " marque une nouvelle étape symbolique vers
la professionnalisation complète.
Evolution du nombre des appelés prévue par la LPM 1997-2002 :
Années |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Appelés |
17 906 |
14 689 |
11 498 |
8 158 |
4 598 |
898 |
0 |
Par
rapport à la loi de programmation militaire (LPM), le nombre des
appelés prévus en 2000 est légèrement
inférieur aux prévisions : 4 579 au lieu de 4 598. Cette
différence minime de 19 appelés s'explique par une
réévaluation et une réallocation des besoins en
appelés.
Par contre,
la situation des effectifs appelés réalisés
en 1999 est préoccupante
pour le bon déroulement de la
professionnalisation. Le chef d'état-major de la Marine estimait devant
votre commission que
le déficit, par rapport aux effectifs
budgétaires, serait de 18 % en fin d'année, soit un manque d'un
peu plus de 1 600 jeunes.
Cette évolution s'explique par un creux
très important d'incorporations durant l'été, qui s'est
stabilisé à l'automne mais sans permettre de rattrapage. Cette
situation provoque un déficit en personnel dans la Marine pour certains
métiers de base. Ces difficultés sont aggravées par le
fait que tous les appelés sont désormais des sursitaires, qui
font leur service après plusieurs années d'études
supérieures, et qui sont peu adaptés pour remplir ces emplois.
2. La professionnalisation des unités se poursuit
La
conduite de la professionnalisation dans la Marine a donné la
priorité aux forces de projection essentielles
. Aujourd'hui,
55 bâtiments sont totalement professionnalisés,
soit 35 %
des unités navigantes.
Pour des raisons de gestion des ressources humaines et d'efficacité
opérationnelle des formations concernées, la professionnalisation
s'effectue progressivement en fonction de la date de fin d'affectation des
appelés et du personnel engagé disponible.
En 2000, devraient être professionnalisées partiellement les
unités suivantes :
Nom du bâtiment |
Nombre de postes d'appelés professionnalisés |
|||
LV LE
HENAFF
|
15
|
|||
Total |
121 |
|||
Compagnies de fusiliers basées à : |
en 1999 |
Nombre de postes d'appelés professionnalisés en 2000 |
||
Cherbourg
|
-
|
10
|
||
Total |
30 |
327 |
Ce sont
donc, au total,
448 postes d'appelés dans des unités de combat
qui seront professionnalisés en 2000.
Il faut préciser que
les appelés embarqués sur des bâtiments exerçaient
des fonctions à part entière et qu'ils doivent être
remplacés par des militaires engagés ou volontaires. Le
recrutement de civils est évidemment exclu pour ce type d'emplois.
Les formations musicales de la Marine seront également
professionnalisées. Actuellement les deux formations principales, que
sont les musiques des équipages de la flotte de Brest et de Toulon, sont
essentiellement composées d'engagés. Leurs appelés ne
seront pas remplacés. A terme, ces formations comprendront 76 marins
contre 86 aujourd'hui. Le Bagad de Lann-Bihoué est, par contre,
entièrement composé d'appelés. A terme, ils seront
remplacés par 30 volontaires.
B. EVOLUTION DU PERSONNEL NON OFFICIER
Dans la Marine, tous les sous-officiers débutent comme militaires du rang. Il n'y a pas de recrutement direct. Il apparaît donc cohérent, malgré les différences, de traiter l'évolution de la gestion de ces personnels dans le même paragraphe.
1. Réduction des effectifs et stabilité du recrutement
a) Réduction et repyramidage des effectifs
Il est
prévu, dans la loi de programmation, de réduire les effectifs des
officiers mariniers, des quartiers-maîtres et matelots engagés.
-
Les effectifs des officiers mariniers
passeront de 32 530 en 1996
à 30 136 en 2002, soit une réduction de 2 394 postes (- 7
%).
Leur part dans les effectifs, elle, croîtra en raison
principalement de la diminution du nombre des appelés. Ils
représenteront 53,4 % des effectifs en 2002. Cette évolution
participe pleinement à l'augmentation du taux total d'encadrement
(officiers et sous-officiers) qui atteindra 77,68 % en 2002.
Sur l'ensemble de la loi de programmation, les effectifs des officiers
mariniers ont d'abord cru légèrement (32 605 en 1998) pour
ensuite décroître à partir de 1999. L'an passé, la
diminution des effectifs est restée mesurée (213 postes). Mais
l'année
2000
marque une accentuation de cette
évolution :
1 042 postes seront supprimés.
Ce
décalage et la concentration dans le temps des effets de la
programmation sur les effectifs des officiers mariniers sont dus en grande
partie à la combinaison du désarmement du Foch et de l'armement
du Charles de Gaulle.
- En ce qui concerne
les effectifs des quartiers-maîtres
, la
Marine a été amenée à
réévaluer
ses besoins
. Il s'est révélé que les effectifs
budgétaires de quartiers-maîtres et matelots étaient
insuffisants, tandis que ceux des officiers mariniers étaient
excédentaires. L'évolution des effectifs de ces catégories
en a donc été modifiée.
Ainsi, alors que la loi de programmation militaire prévoyait une
réduction des effectifs des équipages de 8 103 postes à 7
998 postes entre 1997 et 2002,
les effectifs des équipages passeront
de 7 928 à 8 140 de 1999 à 2000, soit une augmentation de 212
postes.
Cette évolution s'explique par le
" repyramidage "
des
effectifs que le Marine va effectuer en
2000.
Ainsi, 323 postes seront
concernés en 2000.
b) Stabilité du recrutement
Malgré la tendance générale à la
baisse
de ses effectifs sur la durée de la loi de programmation, la Marine a
fait le choix de maintenir le flux de ses recrutements. En effet,
seul un
flux constant est à même de préserver la jeunesse des
équipages,
garante de leur dynamisme, et de maintenir un recrutement
sans à-coup. La moyenne d'âge dans la Marine, hors appelés,
est aujourd'hui de 32 ans. Le volume des recrutements qui devait être de
2 600 postes par an, a été abaissé à 2 300
aujourd'hui.
Les différentes voies de recrutement sont maintenues. L'école de
maistrance continue à former 750 élèves maistranciers par
an. En outre, les non-maistranciers continueront à fournir 1 500
engagés initiaux de longue durée (EILD). Ces EILD s'engagent pour
une durée contractuelle de 4 ou 8 ans (80 % des cas). Les engagés
issus d'une formation complémentaire post-BEP représentent 400
personnes.
2. Les mesures d'aide au départ et à la reconversion
a) Les mesures d'aide au départ
Malgré le handicap que constitue la baisse globale des
effectifs accompagnée du maintien du volume des recrutements, la Marine
veut continuer à proposer à ses quartiers-maîtres et
officiers mariniers les mêmes carrières que dans le passé.
En conséquence, un volume suffisant de départs est chaque
année nécessaire pour assurer la bonne gestion des personnels.
C'est tout l'enjeu des mesures d'encouragement au départ qui ont
été prises pour accompagner la professionnalisation de nos forces
(loi n° 96-1111 du 19 décembre 1996).
Dans ce cadre, les facilités accordées aux militaires pour
accéder à des emplois civils ont été maintenues
jusqu'en 2002 (loi n° 70-2 du 2 janvier 1970). De même, le
changement d'armée a pu être facilité. Un pécule
d'incitation au départ anticipé pour les militaires de
carrière en position d'activité, se trouvant à plus de
trois ans de la limite d'âge de leur grade, leur permet de faire valoir
leurs droits à pension. La durée de cette mesure est
limitée dans le temps. Elle prendra fin au 31 décembre 2002.
Enfin, les militaires de carrière ou sous contrat, peuvent
bénéficier de deux congés de reconversion, l'un d'une
durée maximale de 6 mois avec solde d'activité, l'autre,
également d'une durée maximale de 6 mois, en position
d'inactivité, avec une solde nette de certaines primes.
On peut dresser le bilan suivant, en 1998 et 1999 (chiffres au 30 juillet 1999)
de ces mesures de reconversion.
|
|
1998 |
1999 |
Loi
n° 70-2
|
Majors
|
4
|
11
|
|
Total |
49 |
81 |
Changement d'armée |
Premiers
maîtres
|
1
|
0
|
|
Total |
153 |
82 |
Admis au pécule |
Majors
|
77
|
53
|
|
Total |
403 |
322 |
Reconversion |
Majors
|
31
|
19
|
|
Total |
722 |
920 |
|
Total général |
1 831 |
1 405 |
b) La politique de reconversion
Par
ailleurs,
le service d'aide à l'insertion et à la reconversion
du personnel militaire de la Marine (SAIRM),
dit " Marine
mobilité ", doit faire face à une importante augmentation de
la demande de reconversion et modifier en conséquence ses structures.
Cet accroissement des demandes de reconversion est pour partie conjoncturelle
en raison de la professionnalisation et pour partie structurelle en raison de
la politique de maintien des recrutements avec un effectif réduit.
Ainsi,
depuis 1997, ce sont plus de 1 000 officiers et non-officiers qui ont
été placés dans le secteur civil
par le service de
reconversion ou avec son aide. L'essentiel des effectifs concernés est
constitué par des officiers mariniers, soit plus de 800 personnes par
an. Tous les marins ne passent pas par " Marine mobilité ". On
estime que ces chiffres représentent 75 % des marins reclassés.
Aujourd'hui, un tiers des marins qui quittent la Marine a trouvé un
emploi avant la fin de leur engagement, un autre tiers en trouve un dans les
six mois, tandis que le dernier tiers n'informe pas la Marine de la suite de sa
carrière ou ne recherche pas d'emploi.
C'est, en réalité,
une politique globale de reconversion qui
est désormais mise en place
. La Marine doit parvenir à
traiter la reconversion de manière positive. Dans les parcours
professionnels, le temps passé dans la Marine doit être
valorisé pour servir de tremplin vers d'autres emplois dans le civil. La
réussite de la reconversion est également essentielle au maintien
d'un flux de recrutement important quantitativement et qualitativement, la
Marine proposant des engagements plus courts (4-5 ans) pour les officiers et
non-officiers et même très courts (2 ans) pour les engagés
contrats courts et 1 an renouvelable quatre fois pour les volontaires.
3. L'évolution de la gestion des carrières et des personnels
a) Le développement des carrières courtes
La
volonté de développer des carrières courtes dans la Marine
conduit à infléchir la gestion des corps des
quartiers-maîtres et officiers mariniers.
Le taux de renouvellement des contrats
, trois sur quatre actuellement,
ne pourra être maintenu que si un volume suffisant de départs est
enregistré. Par ailleurs, l'obtention du brevet supérieur devrait
rester difficile (1/3 des personnels ayant le brevet d'aptitude technique). Le
brevet supérieur constitue, en effet, l'élément
fondamental pour l'accès au corps des officiers mariniers de maistrance
(COMM) qui est le corps des sous-officiers de carrière, tous les autres
sous-officiers étant sous contrat. Ce sont les seuls à servir
pendant une période supérieure à 22 ans. Actuellement, ces
hommes représentent 45 % des officiers mariniers. Ce pourcentage
diminuera à l'avenir en raison de la réduction du nombre de
postes budgétaires d'officiers mariniers supérieurs.
En dehors de cette catégorie d'officiers mariniers, des parcours plus
courts, d'une durée inférieure à 11 ans par cumul de
contrats successifs, seront développés. Ce sont ces personnels
qui sont les plus concernés par les mesures de reconversion. Ainsi,
comme celui des autres armées,
le personnel quittant la Marine entre
8 et 11 ans de service, peut recevoir une indemnité de départ de
24 mois de solde, depuis le 1
er
janvier 1997. Il ne s'agit pas d'une
mesure transitoire
. Elle doit permettre un niveau suffisant de
départs pour maintenir une gestion des personnels conforme aux
prévisions.
b) Le regroupement des marins de la flotte et des marins des ports
Enfin,
la professionnalisation conduit à
moderniser la gestion de certains
personnels
. En effet, la réduction du format de la Marine
entraîne une diminution parallèle de services de soutien. Il a
donc été
décidé en 1999
de regrouper les
marins des ports, sédentaires, (3 298 marins au total en 1999) avec les
équipages de la flotte dans ce dernier corps. Cette fusion progressive
devrait permettre à terme une gestion plus souple et efficace de ces
personnels grâce à une
plus grande polyvalence
. Les
spécialités non spécifiquement militaires des marins des
ports seront, à terme, remplacés pour partie dans leurs emplois
par du personnel civil, notamment en matière de maintenance automobile.
L'application de cette mesure sera progressive
, elle ne touchera pas les
marins des ports de carrière (1 321 marins en 1999). Les marins des
ports sous contrat (1 977 marins en 1999) se verront proposer le choix entre
l'accès à une spécialité des équipages de la
flotte correspondant à leur qualification ou leur maintien dans le
même corps. Les demandes de changement de spécialité
concernent actuellement environ 10 % des marins des ports sous contrat. Le
changement de spécialité sera possible jusqu'au 1
er
juillet 2005. Les marins des ports sous contrat qui ne demanderaient pas
à changer de spécialité d'ici cette date, n'auront leur
emploi garanti que dans la limite de leur contrat. Enfin, les marins des ports
les plus anciens bénéficieront de mesures transitoires.
C. LES OFFICIERS
Les
besoins en officiers ne diminuent pas
, malgré la réduction du
format, en raison notamment du développement de besoins nouveaux dans
les domaines interarmées et interalliés. C'est pourquoi le
recrutement direct est maintenu à un niveau stable
. Mais la
sélectivité est accrue pour l'accès aux grades les plus
élevés
.
La pyramide des officiers doit par ailleurs être
renforcée
à la base pour remplacer les officiers du service national
.
Sur l'ensemble de la loi de programmation, 117 emplois budgétaires
d'officiers seront créés.
21 notamment ont été
créés en 1999. Ces créations permettent le remplacement
des appelés (900 officiers et assimilés) et surtout renforcent
le taux d'encadrement en officiers de la Marine nationale.
L'année 2000 marque le début de la deuxième phase de la
programmation en ce qui concerne les officiers. En effet, durant les deux
premières années, les effectifs avaient augmenté (+162
postes) pour atteindre 5 006 en 1999. Au cours des années 2000 à
2002, leur nombre va décroître pour atteindre le format
prévu par la programmation. Ainsi, le nombre de postes
budgétaires d'officiers diminuera de 23 unités en 2000.
Le recrutement en personnel officier continue à se faire de
manière classique au travers des Ecoles Navale et Militaire de la
flotte. En outre, pour faire face aux nouveaux besoins des armées, la
Marine a développé des voies nouvelles de recrutement.
1. Les voies classiques de recrutement
Les
besoins en officiers recrutés par l'Ecole Navale restent stables
malgré la professionnalisation et la diminution du nombre de
bâtiments. Ces besoins sont en effet dimensionnés par le nombre
d'emplois de haut niveau au grade de capitaine de vaisseau (colonel) dans les
états-majors interarmées ou interalliés.
Le recrutement par
l'Ecole Navale
s'élève donc chaque
année à environ
80 personnes
(1998-1999). 75 nouveaux
élèves officiers seront recrutés en 2000 et 5 de plus le
seront sur titre pour ouvrir un peu plus le recrutement des officiers de
carrière.
Le taux de sélection reste élevé. La diminution du nombre
des candidats reste proportionnelle à l'évolution
générale des effectifs des classes préparatoires
scientifiques. Par ailleurs, le concours continue de profiter de la fusion,
à l'écrit, avec celui des concours communs polytechniques.
De la même manière, le recrutement des officiers par
l'Ecole
militaire de la flotte,
sections officiers de Marine et officiers
spécialisés de la Marine, reste stable, à hauteur de 25
postes pour la première et 50 pour la seconde.
2. Le développement des recrutements sous contrat
Au cours
de la professionnalisation, la Marine doit remplacer les
quelque 900
appelés qui avaient un statut d'officier ou assimilé
et qui
occupaient des postes très qualifiés. En 1999, la Marine
employait 350 appelés de haut niveau. Sont regroupés sous cette
appellation les officiers du service national (124 postes budgétaires en
1999), les scientifiques du contingent et les matelots des
spécialités : enseignant, informaticien, assistant
scientifique et technique.
La Marine a choisi de les remplacer sans opérer de recrutements
à long terme.
En effet, cela lui permet d'assurer l'ouverture et la
jeunesse du corps des officiers et de pourvoir des postes
spécialisés avec de jeunes diplômés dont les
compétences seront à jour des dernières évolutions.
La Marine y pourvoira selon
deux formules très
différentes : le volontariat
(150 postes) et surtout le
développement de
formules contractuelles
qui rénoveront le
statut des ORSA (officiers de réserve en situation d'activité),
qui doit être révisé pour tenir compte de la suspension du
service national obligatoire. Une nouvelle filière a été
instaurée en 1996 de
contrats courts d'une durée de 2 à
5 ans
. En attendant ce nouveau cadre 87 officiers ont été
recrutés en 1998 et 1999 avec ces contrats courts ORSA.
La Marine envisage également, pour ses volontaires, d'avoir recours aux
compétences d'un petit nombre d'officiers de la marine marchande. Mais
les modalités de cet engagement doivent encore être
précisées.
III. LES NOUVEAUX BESOINS DE LA PROFESSIONNALISATION
La
professionnalisation est une évolution majeure de nos forces. Elle
organise la réduction des effectifs et la disparition des
appelés. Ceux-ci doivent être partiellement remplacés dans
les emplois qu'ils occupaient par des professionnels militaires et civils,
selon les postes.
La Marine, dans ses choix, doit largement tenir compte du type de postes des
appelés : très qualifiés, peu qualifiés,
soutien des forces sans spécificités militaires. Elle doit aussi
prendre en considération le fait que les appelés occupaient ces
postes pour une durée brève. Ils avaient l'avantage d'apporter
leur jeunesse et leur compétence aux unités dans lesquelles ils
servaient, sans concurrencer dans l'avancement les militaires de
carrière et engagés. Ce sont tous ces aspects qui ont conduit la
Marine à développer de nouvelles formules d'engagement ou de
participation à la Marine et à recruter un nombre important de
civils.
A. DES FORMES RENOUVELÉES D'ENGAGEMENT DANS LA MARINE
On peut noter trois formes particulières d'engagement à servir, qui sont apparues ou ont été transformées du fait de la professionnalisation : le volontariat, les engagements contrats courts et la réserve nouvelle formule.
1. Le volontariat
La loi
n° 97-1019 du 28 octobre 1997 portant réforme du service national a
autorisé
les jeunes Français, sans distinction de sexe
,
à servir dans les armées avec la qualité de volontaire. Un
des objectifs importants de cette réforme est de renforcer le lien
armées-nation, en facilitant la participation de jeunes citoyens
à la défense. Les volontaires devront soit avoir effectué
leur service national, soit avoir suivi la journée d'appel de
préparation à la défense.
Leur recrutement a débuté en 1999 dans la Marine. Elle a
accueilli 140 volontaires.
En 2000, ce seront 299 volontaires
supplémentaires qui seront recrutés.
Leur nombre augmentera
jusqu'en
2002 où il atteindra 1 775
. Ces jeunes
participeront à toutes les missions de leurs unités et seront des
militaires à part entière.
Ce volontariat s'adresse aux jeunes de 18 à 26 ans qui satisfont aux
conditions d'aptitude exigées pour remplir des emplois militaires.
La durée de leur contrat est
d'un an renouvelable jusqu'à
quatre fois, soit cinq années maximum de volontariat.
Ils n'ont
normalement qu'une seule affectation sauf mutation dans l'intérêt
du service. La solde et les avantages en nature atteignent un montant
équivalant au SMIC et peuvent être complétés par les
primes afférentes aux emplois tenus, comme tous les autres militaires.
Les volontaires occuperont dans la Marine
des emplois principalement
situés dans les forces.
Cela permet d'accroître
l'intérêt des emplois de volontaire en les affectant dans des
postes similaires à ceux des personnels d'active et cela permet
également de compléter les effectifs engagés pour assurer
la professionnalisation des forces. Une formation initiale de quatre semaines
est prévue. Le bataillon de marins-pompiers de Marseille recrutera aussi
des volontaires.
La Marine a évalué le besoin en volontaires
outre-mer à
environ 400 postes,
dont un peu plus d'un tiers devraient être
recrutés localement. Par ailleurs,
800 postes embarqués
sont prévus sur les SNLE, les frégates de surveillance les
patrouilleurs, la Jeanne d'Arc et les bâtiments auxiliaires dans des
emplois occupés actuellement par des appelés de toute
spécialité. Les volontaires devraient être répartis
en quatre grandes spécialités : maintenance et logistique,
alimentation, service général, opération et navigation.
185 volontaires seraient affectés à la gendarmerie maritime.
En outre,
150 postes sont réservés aux
" volontaires aspirants "
dont le recrutement
débutera en 2000. Pour assurer la publicité de ces emplois, des
conférences seront organisées dans les écoles et autres
universités et un site Internet fournira tous les renseignements utiles.
Les jeunes visés par ce volontariat sont ceux qui, auparavant,
étaient candidats aux formules d'E.O.R. (élèves officiers
de réserve) dans la Marine. Cette formule doit permettre à ces
jeunes d'avoir une première expérience professionnelle originale
au sein de la Marine. Elle doit aussi favoriser le rayonnement de la Marine
dans la nation.
Ces volontaires devraient remplir des emplois dans les
spécialités suivantes : chef de quart, fusilier, marin
pompier, état-major et services, psychologie appliquée et
commissaire.
La montée en puissance des effectifs est ainsi
programmée :
|
2000 |
2001 |
2002 |
Annuité |
68 |
72 |
10 |
Cumul |
68 |
140 |
150 |
2. Les " engagés contrat court marine " (ECCM)
Dans le
cadre de la professionnalisation, et ce depuis 1997, la Marine a choisi de
remplacer une partie des appelés par du personnel engagé pour une
courte durée. Cette filière, mise en place à la suite de
la signature d'un accord cadre avec la délégation
interministérielle à l'insertion des jeunes (DIIJ) le 3 juillet
1996, doit permettre
d'offrir une première expérience
professionnelle et une formation à des jeunes de 18 à 22 ans
.
Elle doit également permettre à la Marine de fournir des emplois
demandant peu de qualifications et qui offrent, dans la Marine, peu de
perspectives de carrière sur le long terme. Les jeunes concluent un
contrat de deux ans, non
renouvelable
, durant lequel ils ont le
même statut et les mêmes rémunérations que les
engagés de longue durée.
Trois types d'emplois
sont proposés :
- la manutention aéronautique (MANAE), c'est-à-dire manoeuvrier
de pont d'envol pour les aéronefs embarqués ;
- le service général (SERGE), soit des postes d'exécution
et de service à bord des bâtiments de combat ;
- la protection défense (PRODE), qui correspond au contrôle et
à la surveillance des bases à terre.
Cette nouvelle formule connaît depuis 1997 un important
développement. Le nombre des jeunes recrutés selon cette formule
est passé de 670 en 1997, à 930 en 1998 puis 910 en 1999.
En
2002, le flux devrait être de 1 100 personnes.
Ce sont, en fait, 2
510 jeunes qui ont été concernés entre 1997 et 1999. 760
ont été affectés dans la filière protection
défense, 1 200 dans des fonctions de service général
et, enfin, 550 pour la manutention aéronautique.
Le bilan de cette formule reste contrasté
. Tout d'abord, la
Marine ne parvient pas à satisfaire tous ses besoins dans les
spécialités de manutention aéronautique (- 21 %) et
surtout pour la protection et la sûreté des bases (- 46 %).
Ces déficits sont en grande partie dus au fort taux d'attrition dans les
six mois suivant l'incorporation. En effet, même s'il diminue, il reste
très important (42 % dans la spécialité PRODE et 34 % pour
celle de MANAE). Mais par contre,
le nombre de candidats par poste est en
augmentation.
On est passé de 1 candidat par poste en 1997 à
2 en 1998 et même 2,3 pour les filières service
général et manutention aéronautique. En outre, un meilleur
taux de sélection favorise une meilleure adaptation des recrues au
milieu militaire et seule une minorité pose des difficultés.
Il faut d'ailleurs noter que 135 de ces " ECCM " ont servi à
bord du Foch durant l'opération au Kosovo. 86 étaient
affectés à la manutention des aéronefs sur le pont
d'envol, 40 dans des services courants du bord et une dizaine étaient
affectés à la sécurité, à la satisfaction
générale du commandement qui n'a déploré que
quelques défections.
Depuis 1999 et la fin des premiers contrats d'engagement, se pose la question
de
leur reconversion et de leur réinsertion
. La Marine collabore
pour cela avec les missions locales d'insertion (MLI) qui sont
spécialisées dans le conseil des jeunes. Pour les aider, la
Marine leur délivre un " livret de compétences "
destiné à leur employeur civil et qui garantit le niveau de
formation et d'expérience du jeune. La Marine se soucie également
de favoriser leur reconversion. Elle a, par exemple, conclu le 24
février 1999, un accord avec la police nationale pour faciliter leur
recrutement. Celle-ci leur proposera des contrats d'une durée de cinq
ans avec une formation. Ils pourront ensuite intégrer la police
nationale. Les premiers engagés ayant quitté la Marine en mars
1999, il est aujourd'hui trop tôt pour faire un bilan de leur
réinsertion.
3. La nouvelle réserve
La
suspension de l'appel sous les drapeaux et la professionnalisation des
armées s'accompagnent d'une
réforme de la réserve
militaire
. En effet, après 2002, en raison de la suspension de
l'appel sous les drapeaux, la réserve, qui est actuellement
alimentée par les jeunes issus du service national, ne pourra plus
fonctionner comme avant. Il était également nécessaire de
réformer son organisation et son emploi
pour les intégrer
dans le concept d'emploi de forces professionnalisées.
En effet, il n'était plus possible ni utile de continuer à
gérer une réserve forte de plus de 110 000 hommes dans la Marine,
dont le rappel devait être fait par tranches dans une perspective de
montée en puissance progressive vers la mobilisation
générale. Aujourd'hui, il est, au contraire, nécessaire
d'avoir
une réserve moins nombreuse (6 500 hommes en 2002)
dont
la formation et la disponibilité seront accrues.
Ainsi, la nouvelle loi sur les réserves, adoptée
définitivement le 13 octobre dernier, institue
une réserve
composée d'abord de volontaires
. La gestion et le rappel des
réservistes seront individualisés. Les affections seront
établies en fonction des besoins effectifs. La nouvelle réserve
est composée de
deux ensembles : réserve
opérationnelle et réserve citoyenne
. La première,
forte de 6 500 hommes, doit apporter un complément de forces dans les
crises aux forces d'active, tandis que la seconde aura un rôle
déterminant dans l'entretien du lien Marine-Nation. Ce rôle sera
d'autant plus important que les forces seront concentrées dans quelques
ports et seront éloignées d'une grande partie du territoire.
L'effort financier sera surtout porté sur la réserve
opérationnelle
. Il faut, en effet, en assurer la formation et
l'entraînement, car ce sont ces hommes qui, affectés en fonction
de leurs qualifications, pourraient être rappelés si besoin.
L'augmentation des besoins budgétaires est donc importante malgré
la forte diminution des effectifs. La loi de programmation militaire
prévoit que le budget global (toutes forces armées) passe de 253
millions de francs en 1997 à 584 millions en 2002 (coût RCS et
fonctionnement).
Pour la Marine, le budget des réserves est
passé de 27,7 millions de francs en 1998
à 32 millions en
1999 et devrait être porté à
39 millions en 2002.
Le principe de l'intégration des réservistes dans les forces
d'active,
au lieu de les maintenir séparés, élargit
l'éventail des emplois qui leur sont accessibles. Toutefois, dans la
Marine, les emplois prévus concernent principalement le soutien des
forces.
Il n'est pas actuellement prévu de postes embarqués,
les armements des bâtiments étant conçus dès le
temps de paix pour des situations de combat.
Les réservistes de la Marine devraient donc apporter leur concours dans
les domaines suivants (chiffres prévisionnels) :
- renforts de spécialistes en états-majors (520 postes) ;
- opérations/forces (530 postes) ;
- soutien (890 postes) ;
- protection défense et intégration progressive dans des
unités d'active spécialisées (3 000 postes) ;
- collaboration à la direction du personnel de la Marine pour le
recrutement et la reconversion (50 postes) ;
- journées d'appel de préparation à la défense
(JAPD) et préparations militaires Marine rénovées (PMM)
(570 postes) ;
- formation et instruction (340 postes).
Actuellement, la Marine poursuit un important effort d'actualisation de ses
fichiers pour mettre en place et gérer individuellement la nouvelle
réserve. Parallèlement, elle poursuit et précise
l'inventaire de ses besoins et les affectations effectives des
réservistes.
Ces nouveaux réservistes seront, dans le futur, majoritairement des
volontaires qui n'auront pas fait le service militaire. C'est pourquoi la
Marine met en oeuvre des préparations militaires rénovées
à leur intention et prévoit de
les former pendant 10 jours par
an environ
pendant une année ou deux pour qu'ils puissent remplir
leurs emplois militaires.
Par ailleurs, la Marine souhaite assurer
un meilleur taux
d'activité
à l'ensemble des réservistes de la
réserve opérationnelle. En effet, actuellement pour les
réservistes actifs, soit un peu plus de 11 000 personnes, le taux
d'activité est inférieur à 8 jours par an (7,4 pour les
officiers, 6,2 pour les sous-officiers et 5 jours pour les militaires du rang).
Activité des réservistes dans la Marine en 1999
|
Officiers |
Officiers mariniers |
Quartiers maîtres et matelots |
|||
Nombre moyen de jours |
Nombre d'hommes |
Total des jours |
Nombre d'hommes |
Total des jours |
Nombre d'hommes |
Total des jours |
5 |
2 209 |
11 045 |
3 743 |
18 175 |
5 024 |
25 120 |
18 |
104 |
1 872 |
135 |
2 430 |
2 |
36 |
45 |
21 |
945 |
20 |
900 |
- |
- |
70 |
16 |
1 120 |
3 |
210 |
- |
- |
90 |
28 |
2 520 |
21 |
1 890 |
- |
- |
Totaux |
2 378 |
17 502 |
3 922 |
24 145 |
5 026 |
25 156 |
B. LA DÉLICATE AUGMENTATION DU PERSONNEL CIVIL
Votre
rapporteur souhaite rappeler cette année encore combien la question du
recrutement du personnel civil revêt pour la Marine une importance
capitale.
Dans la Marine plus que dans les autres armées, la professionnalisation
repose largement sur le recours accru à du personnel civil. En effet,
plus de la moitié des postes civils créés dans les
armées sur la période de programmation le seront dans la
Marine
. Celle-ci verra son effectif civil augmenter de près de 80 %
contre 12,6 % en moyenne dans l'ensemble des armées. Les effectifs
civils passeront de
6 495 en 1996 à 10 563 en 2002
, pour
représenter 19 % des effectifs contre 9 % à l'époque.
En 2000, 556 postes budgétaires seront créés.
Ce personnel est affecté dans des emplois à terre dans lesquels
les compétences ou les contraintes spécifiques n'imposent pas de
faire appel à du personnel militaire. Le choix de faire appel au
personnel civil pour compenser le départ des appelés à
terre a également été fait pour préserver les
équilibres actuels au sein du personnel d'active, satisfaisants au plan
du recrutement et des cursus de carrière. En effet, l'utilisation de
jeunes marins d'active dans des postes à terre aurait nui aux
perspectives de carrière et à l'attractivité des emplois,
l'embarquement restant évidemment la mission et le souhait des jeunes
qui s'engagent.
1. Le tarissement des ralliements en provenance de la DGA-DCN
Durant
les deux premières années de la professionnalisation (1997-1998),
la création de postes civils au sein de la Marine devait essentiellement
permettre le reclassement des personnels ouvriers de la
Délégation générale pour l'armement (DGA) et plus
spécifiquement de la direction des constructions navales (DCN).
Or comme nous l'avions souligné dans le rapport de l'an dernier, le
ralliement des personnels de la DGA n'a pas donné totale satisfaction.
En effet, si au cours de l'année 1997 plus de 750 mutations en
provenance de la DCN ont pu être réalisées, le flux s'est
tari en 1998. Seuls 183 ralliements, sur 350 prévus, ont
été réalisés en 1998.
En 1999
, la
décrue des ralliements s'est poursuivie et ne représente plus
qu'une part marginale des postes civils pourvus dans la Marine. Ces ralliements
s'élèvent à
58 personnes au 1
er
juillet
1999.
Toutefois, en provenance de
l'ensemble de la DGA
, les ralliements sont
plus importants. Au 1
er
juillet 1999, on dénombrait
293
ralliements
. Si ceux-ci se poursuivaient au même rythme, ils
pourraient atteindre
un total de 440 ralliements fin 1999.
Ces faibles ralliements sont la cause d'un important déficit en
personnels civils dans la Marine.
2. Le déficit en personnels civils se résorbe lentement
La
mutation de personnels en provenance de la DGA-DCN s'est heurtée
à
des problèmes de mobilité géographique et
d'incompatibilité de compétences.
Les mutations de personnel en provenance de la DCN dans les unités de la
Marine correspondent à des ralliements de proximité, quand un
port militaire abrite un établissement de la DCN. Par contre, Paris
souffre de son éloignement géographique, de la différence
de coût de la vie et des faibles restructurations de la DCN en
Ile-de-France. On s'aperçoit ainsi que dans les cas où il y a une
forte proximité et d'importantes restructurations, les mutations vers la
Marine sont très nombreuses, jusqu'aux deux tiers des postes à
professionnaliser ; c'est le cas à Lorient par exemple.
|
Nombre de postes* |
Ralliements effectifs DCN |
Taux d'occupation des postes par des personnels issus de la DCN au 30.6 |
Cherbourg |
306 |
171 |
55,9 % |
Brest |
1 250 |
656 |
52,5 % |
Lorient |
372 |
236 |
63,4 % |
Toulon |
1 187 |
584 |
49,2 % |
Paris |
548 |
122 |
22,3 % |
Total |
3 663 |
1 769 |
48,3 % |
*postes
professionnalisés ou à professionnaliser sur l'ensemble de la loi
de programmation militaire
En revanche, les mutations en direction de Paris sont jusqu'à
présent peu nombreuses (122) et représentent moins d'un quart des
postes à pourvoir.
A ces difficultés d'ordre géographique, il faut ajouter
l'incompatibilité entre les compétences des ouvriers des arsenaux
et les besoins en personnel civil de la Marine. Celle-ci professionnalise des
postes correspondant à des emplois d'entretien ou de restauration qui
sont peu attractifs et éloignés des qualifications des personnels
à reconvertir. Le changement est trop important pour un personnel
souvent relativement âgé, et qui peut bénéficier de
mesures sociales de dégagement des cadres au-delà de 52 ans.
Le reclassement des sureffectifs de la DCN dans la Marine a ainsi rapidement
montré ses limites. Le flux insuffisant de volontaires pour travailler
dans la Marine a provoqué de graves difficultés dans la gestion
des personnels et la conduite de la professionnalisation. Ces
difficultés ne peuvent être rapidement résolues en raison
de l'interdiction de procéder à des recrutements
extérieurs palliatifs en 1997 et 1998.
Le déficit en
personnel
civil a ainsi dépassé 12 % en 1998
. Les
vacances de postes restent encore très importantes.
En 1999
,
elles devraient s'élever à
8,5 %
des effectifs, soit 765
postes non pourvus.
En 2000
, la résorption du déficit
devrait se poursuivre. Elle ne devrait plus être à la fin de
l'année que de
6,8 %.
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
effectifs budgétaires |
7 258 |
8 156 |
9 017 |
9 602 |
vacances au 31/12 |
578 |
992 |
765* |
657* |
% des effectifs |
7,9 |
12,1 |
8,5 |
6,8 |
*prévisions
3 - Les recrutements extérieurs et la sous-traitance
Pour faire face à ces très importantes vacances de postes qui
affaiblissent le soutien des forces, la Marine a pu, fin 1998 puis en 1999,
recruter des vacataires puis du personnel sur concours et développer la
sous-traitance.
-
Le recrutement de personnel extérieur s'est développé
en 1999
. La Marine a accueilli 52 anciens sous-officiers au titre de la loi
n° 70-2 du 2 janvier 1970 dans les corps de secrétaires
administratifs (29) et de techniciens supérieurs des études et
fabrication des armées (23).
Les besoins urgents de personnels dans les unités dans le domaine de
l'alimentation ont pu être en partie satisfaits par la conclusion de
225 contrats de vacation
dans l'attente des personnels issus des
concours. La Marine bénéficiait d'une enveloppe totale de 45 000
jours.
Enfin, les recrutements
sur concours
se sont élevés
à
658 postes
dont 359 dans le domaine de l'alimentation (265
ouvriers professionnels et 124 maîtres-ouvriers). Mais un déficit
important reste attendu dans certaines spécialités techniques.
- En outre, l'année 2000 marque
un développement nouveau de la
sous-traitance dans la Marine
. Celle-ci n'est pas une chose nouvelle,
456,5 millions de francs y étaient déjà
consacrés les années précédentes,
notamment
dans des missions de remorquage.
Ainsi en 1999, les opérations de sous-traitance par grandes
catégories sont les suivantes :
- affrètement de bâtiments : 95,6 millions de francs ;
- opérations d'entretien et de soutien technique : 164,1 millions
de francs ;
- formations des personnels en dehors des écoles de la Marine :
46,5 millions de francs ;
- réalisation de travaux et d'études : 20,1 millions de
francs ;
- soutien des unités : 130,2 millions de francs.
Pourtant, face aux difficultés de recruter du personnel civil en
compensation des départs d'appelés, la possibilité de
faire appel à la sous-traitance avait été plusieurs fois
évoquée sans que des actions d'envergure et les moyens financiers
attenants ne soient mis en oeuvre. Jusqu'à présent, tout projet
de sous-traitance se heurtait à l'insuffisance des moyens financiers. Il
faut ajouter que son développement n'avait pas été
envisagé par la loi de programmation. En outre, la sous-traitance ne
pouvait être financée par le budget de la Marine puisque les
personnels civils relèvent du budget des services communs. Ainsi, les
" économies " ou les crédits non dépensés
en raison des vacances de postes ne peuvent être réutilisés
par la Marine en vue de financer des opérations de sous-traitance.
En 1998 et 1999, deux petites opérations de sous-traitance avaient pu,
grâce à des crédits nouveaux, être entreprises. En
1998, 10 millions de francs avaient permis de financer la sous-traitance de
l'alimentation du centre de transmission de Sainte-Assise en région
parisienne. En 1999, les crédits de sous-traitance ont permis de
concéder le bac effectuant la traversée de la rade de Toulon pour
un bénéfice de 10 emplois seulement. Ces actions venaient
s'ajouter aux opérations traditionnellement sous-traitées par la
Marine : affrètement de navires, entretien immobilier et
gardiennage d'emprises.
En 2000
, l'externalisation reçoit enfin une
forte
impulsion
. Les crédits consacrés à la sous-traitance
augmenteront de
95,6 millions de francs
(chapitre 34-05 art. 94)
en
échange de la transformation réversible de 523 postes
(373
postes d'ouvriers, 150 postes de civils).
Le développement de la sous-traitance devra tenir compte de deux
éléments. D'une part, le recrutement, déjà
opéré, de personnel civil limite l'externalisation. Sa
généralisation dans certains domaines ne peut être
envisagée qu'à long terme. D'autre part, à chaque fois
devra être fait un calcul comparé des coûts et avantages de
la sous-traitance.
L'externalisation pourrait particulièrement se développer dans le
secteur de la formation. Les formations portant sur l'acquisition de
compétences non spécifiques à la défense
pourraient, à l'avenir, être confiées à des
opérateurs extérieurs. Cette évolution sera sans doute
accélérée par la disparition des appelés de haut
niveau qui constituaient une part importante du corps professoral.
Les formations aéronautiques feront également l'objet d'une
externalisation importante. L'évolution rapide de la matière et
le coût du matériel de formation (simulateurs) incitent la Marine
à trouver des prestataires de service compétents. Dès
aujourd'hui, les contrôleurs aéronautiques sont formés
à l'Ecole nationale de l'aviation civile (ENAC). La formation par des
organismes civils et l'obtention de diplômes civils sont aussi des
éléments qui devraient faciliter la réinsertion des
personnels. Leurs compétences seront plus facilement reconnues.
IV. LE SUIVI DE LA FÉMINISATION DES FORCES
Depuis
le décret n° 98-86 du 16 février 1998, tout quota restrictif
de recrutement de femmes dans les armées a été aboli.
Le principe d'égal accès aux emplois est affirmé.
Dans la Marine, l'ensemble des postes est ouvert aux femmes, sauf les emplois
à bord des sous-marins et chez les fusiliers. Ces restrictions ont
été confirmées par l'arrêté du 29 avril 1998.
Il en résulte que
tout le personnel est désormais susceptible
d'embarquer
, sauf les mères de famille entrées dans la
Marine avant le 1
er
janvier 1999, pour qui le principe du
volontariat demeure. En effet, avant le 1
er
janvier 1993, les femmes
qui entraient dans la Marine choisissaient lors de leur engagement d'être
volontaires ou non pour embarquer. Ensuite, du 1
er
janvier 1993 au
31 décembre 1998, cette possibilité n'a été
maintenue qu'au bénéfice des mères de famille.
La Marine cherche à féminiser progressivement chacune de ses
unités. Pour que la mixité se fasse dans de bonnes conditions, il
faut que certaines règles soient respectées :
- des locaux de vie aménagés spécialement pour respecter
l'intimité et l'interdiction des contacts et visites dans ces locaux.
C'est une contrainte matérielle qu'il n'est pas toujours possible de
mettre en oeuvre sur les bâtiments. Il faut respecter les
différences de grades dans les regroupements du personnel féminin
et avoir le souci de maintenir l'égalité de traitement quant
à l'attribution de locaux avec le personnel masculin ;
- un effectif féminin de 10 à 15 % de l'ensemble de
l'équipage pour éviter la marginalisation et obtenir une
répartition hiérarchique complète et homogène. Or,
aujourd'hui le faible nombre d'officiers mariniers supérieurs
féminins retarde la féminisation d'unités
embarquées supplémentaires ;
- une égalité de traitement hommes-femmes.
En tenant compte de toutes ces contraintes qui sont nécessaires au bon
déroulement de la vie à bord d'un bâtiment de combat, la
Marine a introduit
la mixité sur huit bâtiments
: les
frégates Latouche-Tréville, Tourville et Primauguet à
Brest et les Montcalm, Jean de Vienne et Georges Leygues, ainsi que le TCD
(transport de chalands de débarquement) Foudre et le bâtiment
d'expérimentation Bougainville à Toulon.
Aujourd'hui
les femmes représentent 7,62 % des effectifs
de la
Marine, soit 3 617 personnes. Ces effectifs vont croître tous les ans en
fonction des possibilités d'embarquement.
On compte
217 femmes officiers
. Elles représentent environ 10 %
des nouvelles promotions de l'Ecole navale : 8 sur 80 en 1998 et 9 en
1999.
Les corps des équipages de la flotte et des marins des ports comptent 3
400 femmes. Mais parmi les officiers mariniers supérieurs, les femmes ne
représentent que 3,7 % des effectifs.
Elles sont spécialement nombreuses dans les postes à terre et
dans l'aéronautique navale.
Evolution du taux de féminisation (1994-2002)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000* |
2001* |
Officiers |
2,3 |
2,3 |
2,7 |
3 |
3,2 |
4 |
4,5 |
5 |
Non-officiers |
6,4 |
6,8 |
7,5 |
8 |
8,5 |
9,6 |
9,7 |
10 |
*prévisions
CHAPITRE II -
LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT ET
D'ENTRETIEN DE LA MARINE
L'ensemble des moyens dont la Marine disposera en 2000 pour
assurer
son activité et entretenir ou remettre à niveau ses
bâtiments conditionnent l'activité de la Marine durant la
prochaine annuité.
En 2000, les nouveaux moyens consacrés au fonctionnement permettront
à la Marine une gestion moins tendue, alors que la nouvelle diminution
des moyens consacrés à l'entretien de la flotte suscite encore
une fois l'inquiétude.
I. UNE GESTION MOINS TENDUE DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT
Les
crédits de fonctionnement, hors rémunérations et charges
sociales et hors entretien programmé des matériels (EPM),
comprennent l'alimentation, les carburants, le fonctionnement courant et la
subvention du musée de la Marine.
Le tableau suivant retrace l'évolution de ces crédits (en
millions de francs courants) :
|
|
|
Evolution |
Evolution en % |
||
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
1999/2000 |
à structure constante |
1999/2000 |
à structure constante |
Alimentation |
464 |
440 |
- 24 |
- 24 |
- 5,15 |
- 5,15 |
Pétrole |
394 |
372 |
- 22 |
- 22 |
- 5,5 |
- 5,5 |
Fonctionnement courant 1 |
1 239,7 |
1 504,6 |
+ 265 |
+ 68 |
+ 21,37 |
+ 5,5 |
Total |
2 097,7 |
2 316,6 |
+ 219 |
+ 22 |
+ 10,4 |
+ 1 |
1
dont subvention accordée au musée de la Marine (12,6 MF)
La dotation globale en crédits de fonctionnement stricto sensu est donc
en hausse. Elle augmente de plus de 200 millions de francs, soit une
augmentation de plus de 10 % en francs courants. Toutefois, cette
évolution est en réalité contrastée et plus
limitée qu'elle ne pourrait paraître après un premier
examen. En effet, la hausse globale masque une évolution divergente des
crédits consacrés à l'alimentation et aux produits
pétroliers, qui baissent, et des crédits de fonctionnement
courant qui augmentent fortement (+ 265 millions de francs courants). Ensuite,
la hausse même des crédits de fonctionnement doit être
tempérée car elle s'explique pour près de 200 millions de
francs par des transferts de crédits.
1. Les crédits d'alimentation sous l'effet de la baisse des effectifs
Les
crédits d'alimentation s'élèveront à
440
millions de francs
en 2000. Ils subissent une
baisse de 24 millions de
francs
par rapport à 1999, soit 5,1 %.
Cette évolution des crédits s'explique essentiellement par la
diminution des effectifs liée à la professionnalisation des
armées. La tranche 2000 de la professionnalisation prévoit une
réduction de 37,9 millions de francs des crédits d'alimentation.
En outre, les décisions de la revue de programmes, notamment le
désarmement définitif du porte-avions Foch en 2000, expliquent
elles aussi une diminution des crédits de 5 millions de francs.
Mais la baisse liée au changement de format de la Marine est
compensée en partie, à hauteur de 16,1 millions de francs, par
une mesure de " redotation ". Cette mesure comble partiellement les
besoins estimés par la Marine à l'occasion de la revue du titre
III, qui a permis d'actualiser les prévisions de la programmation.
2. Les crédits pour produits pétroliers risquent d'être insuffisants
Les
crédits pour l'achat de produits pétroliers connaîtront
une baisse de 5,5 % en 2000
par rapport à 1999. La dotation sera
de
372 millions de francs
au lieu de 394 millions.
Cette dotation peut être ainsi détaillée (en millions de
francs) :
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Chapitre
34-05-15
|
243,7 |
216,8 |
Chapitre
34-05-16
|
95,5 |
89,3 |
Divers (chauffage, transport routier) |
54,8 |
65,9 |
Total |
394 |
372 |
La
baisse de la dotation s'explique essentiellement par la réduction du
format de la flotte. Celle-ci justifie une économie de 27,7 millions de
francs. Le retrait du Foch et l'admission au service actif du porte-avions
nucléaire Charles de Gaulle expliquent une grande partie de la
diminution des besoins en combustible de la flotte.
Par ailleurs, lors de la revue du titre III, des mesures complémentaires
d'économies ont été décidées à
hauteur de 8,6 millions de francs.
Par contre
, une dotation complémentaire de 11,5 millions de
francs a été décidée en raison de
la
révision des hypothèses économiques et de la
réactualisation des cours du pétrole et du dollar. Or, c'est
cette évaluation qui pose problème.
En effet, les cours du pétrole sont depuis quelques mois très
volatils. L'année 1998 et le premier trimestre 1999 ont
été marqués par une baisse structurelle et progressive des
cours du baril de brut sur le marché mondial, ce qui a permis à
la Marine de réaliser ses approvisionnements à des conditions
favorables : 12 dollars le baril en moyenne.
Mais ce mouvement de baisse des cours s'est interrompu depuis la mi-1999 et les
cours du pétrole se sont très fortement redressés. Ils
atteignaient 23 dollars le baril en septembre 1999.
Cette brutale inversion de tendance s'explique par les tensions politiques
liées au conflit du Kosovo et la reprise de la demande asiatique. Elle
s'explique surtout par le changement de politique des pays membres de l'OPEP
(organisation des pays exportateurs de pétrole) qui ont tenu leurs
objectifs de limitation de la production. Ces évolutions, propres au
marché pétrolier, ont été accentuées par
l'effritement de l'euro face au dollar.
Or, le projet de loi de finances 2000 retient comme hypothèse
un
baril de pétrole à 14,6 dollars et un cours du dollar à 6
francs.
Si le cours euro-dollar paraît conforme aux estimations des
instituts de prévisions, tel n'est pas le cas du cours du
pétrole. Ces instituts l'estiment entre 16,3 dollars (BIPE) et 21
dollars (OFCE) en moyenne pour 2000.
Le risque est donc grand que la dotation de la Marine pour ses fournitures en
produits pétroliers soit insuffisante avec toutes les
conséquences qui pourraient en résulter pour l'activité de
nos forces et le niveau des stocks. Il faut rappeler que le niveau
d'activité de la Marine n'est pas suffisant pour qu'une réduction
n'ait pas de conséquences sur l'entraînement des forces.
La situation pourrait devenir d'autant plus difficile que des opérations
extérieures inattendues provoqueraient une consommation
supérieure de produits pétroliers. De tels surcoûts,
quoique dans des proportions variables, sont devenus quasiment
systématiques depuis plusieurs années.
3. L'amélioration de la dotation de fonctionnement courant
La
dotation 2000 pour le fonctionnement courant s'élèvera à
1 504,6 millions de francs
. Elle connaît une évolution
brute de 265 millions de francs. Cette augmentation apparemment très
importante est en grande partie la conséquence de changements de
structures budgétaires et de transferts du titre V vers le titre III. En
revanche, à structures budgétaires constantes, le fonctionnement
courant n'augmentera que de 68 millions de francs, soit 5,5 %.
L'évolution reste positive pour la Marine. Elle pourra réduire en
2000 les tensions structurelles qu'elle a connues les années
précédentes. Les difficultés persisteront mais
s'atténueront concernant les mouvements de personnels, l'entretien
immobilier, les prises de bail outre-mer et les crédits
dédiés à l'activité des forces.
Les modifications de structure budgétaire du titre III sont le reflet
d'évolutions importantes.
Ainsi, une dotation de 95 millions de francs, identifiée
budgétairement, est créée pour financer des
opérations de sous-traitance (chapitre 34-05-94). Il s'agit bien de
crédits nouveaux.
Ensuite, le service soutien de la flotte nouvellement créé, voit
sa dotation identifiée budgétairement aux chapitres 34-05-31, 32
et 33. Sa dotation totale est de 143,6 millions de francs pour 2000. Cette
modification n'a pas entraîné de crédits nouveaux.
Enfin, le fonctionnement subit la baisse mécanique des effectifs
(- 43,5 millions de francs), mais bénéficie d'une mesure de
redotation de 47,4 millions de francs, qui correspond à la satisfaction
d'une partie des besoins exprimés lors de la revue du titre III.
Par ailleurs, la dotation en fonctionnement courant a fait l'objet de
très importants transferts de crédits visant à donner une
meilleure cohérence aux différentes catégories de
dépenses.
Un transfert de 67 millions de francs a été opéré
en provenance de l'EPM (entretien programmé des matériels). Ces
crédits représentent les charges d'électricité et
de logistique.
Un deuxième transfert, mais au bilan nul, de 70 millions de francs en
provenance de l'EPM, du titre III vers le fonctionnement courant, a
été opéré, tandis qu'il est compensé par un
transfert de charges du même montant vers l'EPM du titre V.
Enfin, deux transferts, pour un montant total de 31,8 millions de francs, ont
été effectués du titre V vers le titre III. 9,4 millions
sont relatifs au financement de la formation (" navalisation ") des
pilotes embarqués de l'aéronautique navale aux Etats-Unis.
Surtout, les dépenses de fonctionnement de la FOST (Force
océanique stratégique), d'un montant de 22,4 millions de francs,
ont été intégrées au fonctionnement courant.
II. LES MOYENS D'ENTRETIEN : UN RATTRAPAGE PARTIEL
Les
crédits d'entretien programmé des matériels avaient
été durement touchés en 1998 lors de l'importante
" encoche " aux crédits du ministère. Une ponction de
230 millions de francs avait été effectuée, conduisant la
Marine à réduire son format en désarmant plus rapidement
que prévus 18 bâtiments.
L'année 2000 marque
un début de rattrapage
des moyens qui
y sont consacrés, tandis que les structures de gestion des
crédits évolueront à l'avenir avec la création d'un
service de soutien de la flotte et le développement d'une structure
interarmées de maintien en condition opérationnelle du
matériel aérien.
Evolution des crédits d'EPM de 1998 à 2000
(Crédits de paiement en millions de francs - Flotte - Aéro
-FOST)
|
1998 |
1999 |
2000 |
Evolution 1999-2000 (%) |
|
EPM flotte |
titre III |
639 |
505 |
365 |
- 27,7 |
|
titre V |
1 894 |
2 446 |
2 648 |
+ 8,2 |
Total flotte |
|
2 583 |
2 951 |
3 013 |
+ 2,1 |
EPM |
titre III |
41 |
41 |
41 |
- |
Aéronavale |
titre V |
1 667 |
1 426 |
1 340 |
- 6 |
Total Aéronautique |
|
|
|
|
- 5,8 |
Total hors FOST |
4 259 |
4 418 |
4 394 |
+ 0,7 |
|
EPM FOST |
Titre V |
1 188 |
1 188 |
1 297 |
+ 9,1 |
Total EPM |
5 749 |
5 606 |
5 691 |
+ 2,4 |
A. ÉVOLUTION DES CRÉDITS : UN DÉBUT DE RATTRAPAGE
Les moyens consacrés à l'entretien programmé des matériels (EPM) progresseront, au total, de 2,4 % entre 1999 et 2000. Ils atteindront 5 691 millions de francs. Ces crédits recouvrent les crédits alloués au titre III et au titre V à la flotte, à l'aéronautique navale et à la FOST (force océanique stratégique).
1. Evolution par titre budgétaire
Les
crédits consacrés à l'entretien programmé des
matériels du
titre III s'élèveront à 405,3
millions de francs en 2000
, soit une
réduction de 13,1 %
à structure budgétaire constante.
La réduction des ressources porte uniquement sur l'entretien de la
flotte, alors que les autres dotations sont reconduites. Cette réduction
très nette des crédits
ne laisse désormais subsister
sur ce chapitre que des dépenses relevant par nature du tire III. De
nouveaux transferts vers le titre V ne semblent pas envisageables.
Cette évolution s'explique par les mesures suivantes :
- actualisation : 4,1 millions de francs ;
- décisions de la revue de programme, désarmement
définitif du Foch notamment, soit - 7,3 millions de francs ;
- transfert de 67 millions de francs vers le fonctionnement courant à
fins de redotation, mesure compensée par un transfert de charges du
même montant vers l'EPM figurant au titre V.
Les crédits du
titre V progressent
, eux,
de 2,1 %.
Ils
s'élèveront à
5 285 millions de francs en 2000.
2. Evolution par agrégat
La
flotte
. L'ensemble des crédits destinés à l'EPM flotte
progresseront de
plus de 2 %
pour atteindre
3 013 millions de
francs
en 2000 au lieu de 2 583 millions en 1998. La progression est donc
importante. Elle est différenciée entre les titres III et V
puisque le premier est passé de 639 millions en 1998 à 365 en
2000, le second de 1 894 millions de francs à 2 648 millions de francs.
L'EPM flotte augmente par l'effet combiné des nouvelles modalités
de financement de la DCN résultant de la contractualisation et de la
charte de gestion, des besoins liés à l'entrée en service
du porte-avions Charles de Gaulle et par une volonté de rattrapage.
Ces crédits devraient financer les IPER (indisponibilité
périodique pour entretien et réparation) et IEI
(indisponibilité d'entretien intermédiaire) des bâtiments
suivants en 2000 :
- le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc (IEI) ;
- les frégates Latouche-Tréville, Cassard, Courbet, Jean de
Vienne (IEI) ;
- les frégates de surveillance Germinal, Vendémiaire et
Ventôse (IEI) ;
- les avisos LV Lavallée, Cdt Birot, EV Jacoubet ;
- les transports de chalands de débarquement Ouragan et Siroco
(IEI) ;
- les pétroliers-ravitailleurs Somme et Meuse (IEI) ;
- le chasseur de mines Lyre ;
- les sous-marins nucléaires d'attaque Rubis (fin d'IPER) et Casabianca
(début d'IPER) ;
- le bâtiment d'essais et mesures Monge ;
- les bâtiments hydro-océanographiques d'Entrecasteaux, Borda et
Laplace ;
- plusieurs petits bâtiments dont 4 patrouilleurs P400.
L'aéronautique navale.
Les crédits passeront en 2000 de 1
467 millions de francs à
1 381 millions de francs
en raison du
retrait des appareils
les plus anciens qui équipaient le Foch.
Ces crédits diminuent de près de 7 %.
La FOST.
Les crédits destinés à la FOST sont les
seuls à
progresser fortement (+ 9,1 %)
du fait du
démentèlement de deux SNLE et atteindront
1 297 millions de
francs
de crédits de paiement en 2000.
Les crédits d'entretien de la FOST sont uniquement inscrits au titre V.
Ils financent :
- les IPER des SNLE ;
- l'entretien courant des SNLE placés dans le cycle
opérationnel ;
- l'entretien des équipements à terre (Ile Longue,
Houilles...) ;
- les rechanges ;
- l'entretien du système d'armes de dissuasion ;
- les travaux confiés au CEA (entretien des coeurs, radioprotection,
traitement des effluents).
Les principales opérations en 2000 seront l'indisponibilité pour
entretien du Triomphant et les démantèlements du Tonnant et du
Foudroyant.
B. ÉVOLUTION DE LA GESTION DES CRÉDITS
Deux
importantes réformes vont être progressivement mises en oeuvre en
2000 :
- la création du " service de soutien de la flotte "
- la création d'un organisme interarmées pour la gestion du
maintien en condition opérationnelle du matériel
aéronautique.
1. La création du " service de soutien de la flotte "
La
création de ce nouveau service, placé sous l'autorité du
chef d'état-major de la Marine, a pour but d'assurer une meilleure
cohérence et un meilleur rapport coûts/avantages de l'entretien
des matériels.
Il devra assurer une meilleure cohérence de la maintenance des moyens
navals, en permettant de rassembler dans un même service la
maîtrise d'ouvrage des activités concourant à leur
disponibilité. Il coordonnera, ainsi, la maintenance effective par les
équipages, les ateliers militaires de la flotte, les bâtiments de
soutien et la DCN.
Représentant l'Etat face aux industriels, il disposera de la
compétence technique indispensable sur tout le matériel en
service. A terme, cette réforme doit être la source de nouvelles
économies d'autant plus que les indisponibilités
périodiques devraient être plus espacées à l'avenir.
Pour permettre cette évolution, les structures budgétaires des
articles 34-05 et 34-20 ont été modifiées :
.
au sein du chapitre 34-05 :
.
suppression art. 30 ;
.
création des articles :
. 31 - entretien de la compétence de la DGA,
. 32 - entretien de la compétence du service de la flotte,
. 33 - fonctionnement du service de la flotte,
.
au sein du chapitre 34-20 :
.
création des articles 36 et 37 correspondant à
l'entretien de la flotte et des munitions relevant du service de la flotte. Ces
articles n'ont pas été dotés et feront l'objet de
transferts en cours de gestion.
Les dotations inscrites au chapitre 34-05 pour le service de la flotte (article
32 : 22 millions de francs et article 33 : 16 millions de francs)
correspondent à des évaluations.
Les effectifs seront, dans un premier temps, d'environ six cents civils et
militaires, provenant de la Marine et de la DGA, dont 10 % seront en poste
à Paris et le autres en province soit d'abord à Brest et
Toulon.
2. La création d'une " structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aronautiques et associés du ministère de la Défense " (SIMMAD)
Dès 2000, devrait progressivement être mis en
place un
organisme interarmées visant à regrouper les moyens de maintien
en condition opérationnelle (MCO) des trois armées et de la DGA,
en vue d'optimiser la disponibilité des aéronefs et d'en
maîtriser les coûts de possession.
Cet organisme à vocation interarmées (OVIA) sera placé
sous l'autorité organique de l'Armée de l'air.
Il aura
d'abord pour but de coordonner les moyens MCO de
l'Armée de l'air, de
l'aéronautique navale et de l'aviation légère de
l'armée de terre
(ALAT). Ce nouveau mode de gestion devrait
permettre d'importantes économies à l'avenir. Les synergies
interarmées devraient, en effet, croître à l'avenir en
raison d'un plus grand nombre de matériels détenus en commun.
Cette formule devrait être progressivement étendue à
d'autres domaines. Il sera important d'en évaluer les effets
budgétaires à l'avenir.
III. LES CRÉDITS D'INFRASTRUCTURES
Le
projet de budget 2000 prévoit
654,3 millions de francs
d'autorisations de programme et 634,6 millions de crédits de paiement
pour l'infrastructure générale
dont, respectivement, 124,3 et
162,5 millions de francs seront déconcentrés.
Ces crédits seront principalement consacrés en 2000 aux
opérations suivantes :
- réalisation de centres d'entraînement à Brest (25,7
millions de francs), Toulon (46,6 millions de francs) et Lorient (10 millions
de francs) ;
- extension et refonte des ateliers militaires à Brest (32 millions de
francs) et Toulon (26 millions de francs) ;
- entretien des infrastructures portuaires de Toulon (10 millions de francs),
Brest (32,6 millions de francs), Cherbourg (8 millions de francs) ;
- refonte des installations de restauration à terre à Brest (24
millions de francs), Toulon (12,5 millions de francs) et Paris (6 millions de
francs) ;
- entretien des casernes, cercles et foyers et installations sportives pour
57,6 millions de francs ;
- les écoles de la Marine pour 37,4 millions de francs.
Pour l'aéronautique navale, l'ensemble de la dotation
s'élèvera à 149 millions de francs alloués
principalement :
- aux travaux d'accueil du Rafale et du Falcon 50 pour 30 millions de
francs ;
- à la rénovation du réseau filaire des bases pour 34
millions de francs ;
- et aux entretiens des hangars, ateliers et pistes pour 65,5 millions de
francs.
CHAPITRE III - LES MOYENS D'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE
L'évolution des
titres V et VI
de la Marine suit
globalement l'évolution du budget de la Défense, c'est à
dire une baisse par rapport à 1999. Les
crédits de
paiement
s'élèveront à
20,1 milliards de
francs
, soit une
diminution de 4,37% et le montant des autorisations de
programme s'élèvera à 18 ,83 milliards de francs,
soit une baisse de 21,22%.
La réduction des crédits de paiement a contraint la Marine
à recourir à
deux sources de financement
" temporaires ".
Les
crédits d'accompagnement social de
la Direction des constructions navales (DCN),
en excédent en 2000,
ont pu fournir
500 millions de francs
sans remise en cause de la
politique d'aide à la restructuration de cet organisme. Il a fallu
également, pour un total de
570 millions de francs, utiliser des
aménagements de calendriers de paiement
, des réductions de
besoin et un sous-financement du surcoût des munitions
aéronautiques commandées pour le Kosovo. Cet équilibre
serait remis en cause si la Marine n'était pas autorisée à
consommer en 2000 ses crédits de report de 1999.
La baisse des autorisations de programme constatée pour 2000 s'explique,
quant à elle, par le fait que les autorisations de programme
destinées, en 1999, à la frégate Horizon, dont le
lancement du programme a été retardé, viendront s'ajouter
aux autorisations de programme pour 2000 dont le niveau est comparable
à celui de 1998 mais inférieur de 21 % à celui de 1999.
Malgré l'utilisation de quelque 3,5 milliards de francs d'autorisations
de programme non engagées au sein de la Marine,
un
" prêt " de 2 milliards en provenance des crédits
destinés à l'Armée de l'air a été
nécessaire pour lancer le programme Horizon
dans de bonnes
conditions.
Il faut rappeler que les décisions prises lors de la revue des
programmes, qui se sont traduites par l'actualisation de la loi de
programmation, conduisent à une économie globale de
3 898 millions de francs sur le titre V alloué à la
Marine entre 1999 et 2002. Ces mesures préservent l'essentiel des
capacités navales de la Défense.
Il est ainsi utile de rappeler, après
les principaux
aménagements résultants de la revue des programmes,
le
niveau des commandes et des livraisons en 2000 :
- le programme des frégates antiaériennes Horizon est maintenu
avec prise de commande de la première unité en 2000 ; la
commande de la frégate n° 2 est repoussée à
2001 ;
- le quatrième sous-marin lanceur d'engins de nouvelle
génération (SNLE-NG) sera commandé en 2000 ;
- la deuxième tranche de " commande globale " du Rafale est
reportée à 2001, ce qui ne devrait en principe pas nuire au
premières livraisons de la version air-sol à la Marine, mais pose
d'ores et déjà la question d'un besoin d'autorisations de
programme supplémentaires en 2001 ;
- le programme d'hélicoptères NH 90 est maintenu avec une
allocation au niveau minimum assurant la phase de développement .
- l'admission au service actif du porte-avions Charles de Gaulle aura lieu en
2000 et non en 1999 ;
- la commande du premier NTCD (nouveau transport de chalands de
débarquement) est repoussée à 2001. Son coût
objectif sera fixé à l'issue d'une démarche comparative,
nationale et européenne.
- La commande du Bâtiment de Soutien Logistique Futur, prévue en
2000, est reportée ;
- La commande de 1 000 AASM (armement air-sol modulaire), repoussée de
1999 à 2000, a été réduite à 250.
Au total,
l'année 2000 verra une seule admission au service
actif
, celle du
Charles de Gaulle
mais
le retrait
,
anticipé pour plusieurs,
de dix bâtiments représentant
un tonnage équivalent,
dont
le Foch, trois avisos et un
sous-marin classique. Une seule commande de bâtiment de combat de
surface
devrait intervenir cette année, celle de la première
frégate Horizon, alors qu'aucune n'avait eu lieu en 1999.
Le montant
des ressources affectées aux constructions neuves est ainsi à un
niveau historiquement bas (8,7% du titre V).
L'insuffisance des engagements
en autorisation de programme des années passées, pour les
constructions neuves de la flotte, conduit à une situation qui ne peut
durer si on veut respecter le modèle 2015 et maintenir l'âge moyen
de la flotte.
La décision a été prise de réduire le format de la
marine d'environ 20 % sur la durée de la LPM. Toutefois les
missions qui lui sont confiées sont restées sensiblement les
mêmes ; il est à noter qu'elles s'inscrivent désormais
dans la perspective d'une coopération européenne accrue.
Le tableau suivant présente les crédits demandés pour 2000
et destinés aux forces classiques et à l'espace
.
Catégories de dépenses
|
PLF 2000 |
||
|
AP (MF 2000) |
CP (MF 2000) |
|
Etudes |
24 |
24 |
|
Développements |
2 262 |
2 647 |
|
Fabrications |
Flotte (hors FOST) |
2 359 |
1 761 |
|
Aéro |
1 267 |
2 963 |
|
Divers |
1 360 |
1 291 |
|
Total |
4 986 |
6 015 |
Munitions |
1 690 |
1 686 |
|
EPM |
Flotte (hors FOST) |
2 811 |
2 648 |
|
Aéro |
1 586 |
1 340 |
|
Total EPM |
4 397 |
3 988 |
EPP |
161 |
157 |
|
Infrastructure |
915 |
857 |
|
Restructurations |
869 |
869 |
|
|
|||
Total Titre V classique |
15 304 |
16 242 |
I. LES FORCES SOUS-MARINES ET LES FORCES DE GUERRE DES MINES
A. LA FORCE OCÉANIQUE STRATÉGIQUE (FOST)
L'année 2000 sera marquée par
la commande du
4
e
sous-marin nucléaire lanceur d'engin de nouvelle
génération (SNLE-NG)
qui doit entrer en service en 2008,
équipé du nouveau missile M 51. A ce titre, ce programme est
doté en 2000 de 1 485 millions de francs d'autorisations de
programmes et de 1 771 millions de francs de crédits de paiement.
La stratégie de dissuasion demeure une priorité nationale. En
dépit de la disparition du rapport de forces bipolaires fondateur de la
dissuasion, le rôle des armes nucléaires demeure essentiel.
Elément cardinal d'une stratégie qui reste défensive,
elles continuent à faire peser la menace de dommages inacceptables sur
tout agresseur qui menacerait les intérêts vitaux de la France.
Dans ce domaine, la marine, qui conserve à travers la force
océanique stratégique (FOST) la responsabilité de la mise
en oeuvre de la composante essentielle de la dissuasion, voit son rôle
majeur confirmé. Toutefois, cette mission s'exerce avec un
volume de
forces plus restreint
, correspondant à une
réévaluation du " seuil de suffisance ". La FOST doit
désormais être en mesure de déployer
deux SNLE en
patrouille à la mer en permanence
; cet objectif
impose de
disposer de trois bâtiments dans le cycle opérationnel
.
Le
format de la FOST
a en conséquence été
ramené à
quatre SNLE
(trois dans le cycle
opérationnel et un en entretien majeur). Ce format a été
rallié au début de l'année 1997, après l'admission
au service actif du Triomphant. En 2008, avec l'admission au service actif du
SNLE n°4 commandé en 2000, la marine disposera de quatre
sous-marins de nouvelle génération (SNG).
Le calendrier des admissions et retraits du service actif a
été remanié en 1998
à l'occasion de la revue
des programmes. Par rapport au calendrier précédent, les
évolutions sont les suivantes :
- les dates de retrait du service actif du "Tonnant" et de "L'Indomptable" ont
permuté, ce qui a permis de supprimer le grand carénage du
"Tonnant" programmé en 2000 ;
- les dates d'admission au service actif du "Vigilant" et du SNG n° 4 ont
été repoussées respectivement de 6 mois et d'un an, pour
des raisons techniques et financières, sans qu'il soit nécessaire
de prolonger la durée de vie des SNLE M4 ; au contraire, le retrait du
service actif de "L'Inflexible" a pu être avancé d'un an : la
permanence de disponibilité de trois SNLE a été
conservée par la modification de l'échéance des grands
carénages ;
- les dates de mise en service du SNLE-NG n° 4 et du M51 coïncident
désormais en 2008 ; cela permet à la fois de réduire le
coût du maintien en condition opérationnelle des missiles M45 par
l'avancée de deux ans de la mise en service du M51 et de limiter
l'adaptation M51 des SNLE aux trois premiers SNLE-NG.
Le calendrier des retraits du service actif des SNLE M4 et des admissions au
service actif des SNLE M45 type " Le Triomphant " est le suivant
:
|
RETRAIT DU SERVICE ACTIF |
ADMISSION AU SERVICE ACTIF |
mars 1997 |
|
LE TRIOMPHANT |
septembre 1999 |
LE TONNANT |
|
décembre 1999 |
|
LE TEMERAIRE |
décembre 2003 |
L'INDOMPTABLE |
|
juillet 2004 |
|
LE VIGILANT |
juillet 2006 |
L'INFLEXIBLE |
|
juillet 2008 |
|
n° 4 (en version M51) |
Le coût de possession de 4 SNLE a été évalué de l'ordre de 8 millions de francs par jour par le CPRA (Comité des prix de revient des fabrications d'armement) , soit pratiquement 100 milliards de francs en 35 ans. Etant donné le poids financier du coût de possession d'un programme comme celui des SNLE qui sera vraisemblablement supérieur au double du coût d'acquisition, il serait de la plus grande importance, souligne le CPRA, de disposer au moment des choix initiaux de données prévisionnelles les moins approximatives possible. Les objectifs de coûts qui résultent en grande partie des travaux ayant accompagné la revue des programmes de 1998 font actuellement ressortir que le devis prévisionnel du développement a été réduit de 23% par rapport à ce qu'il était à l'origine en 1992.
B. LES SOUS-MARINS D'ATTAQUE ET LE PROGRAMME " SMAF "
Lorsque
les deux derniers sous-marins diesel seront retirés du service, le LA
PRAYA en 2000 et le OUESSANT en 2001, seuls resteront en service les six
sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) type " RUBIS ". Leur
remplacement sera à prévoir à partir de 2010.
Le programme du sous-marin d'attaque futur (SMAF),
baptisé
programme " BARRACUDA ", est destiné à assurer ce
remplacement. Ce programme comprendra six sous-marins nucléaires,
construits au rythme d'un tous les 18 à 24 mois. Les principales
missions du SMAF resteront le soutien de la force océanique
stratégique (FOST) et le soutien du groupe aéronaval (GAN). Une
capacité de frappe anti-terre est actuellement à l'étude.
L'importance du rôle joué par les SNA dans le conflit du Kosovo
confirme encore le bien fondé du programme " BARACCUDA ".
Le programme " BARRACUDA " est aujourd'hui au
stade de la
conception
. Cette phase de faisabilité, qui a débuté
en octobre 1998, permettra d'évaluer au plus juste le coût de ce
programme et de vérifier si l'objectif financier fixé par le DGA
est accessible.
Il est prévu, dans le projet de loi de finances 2000, d'affecter au
développement du sous-marin d'attaque futur
134 millions de francs
d'autorisations de programme et 65 millions de francs de crédits de
paiement.
C. LA FORCE DE GUERRE DES MINES
Le
besoin opérationnel principal "Guerre des mines" est d'assurer en
permanence la
sûreté du déploiement de la FOST
. Un
programme d'armement a été lancé
en octobre 1999
portant sur la
modernisation des 13 CMT
(chasseurs de mines
tripartites). Cette modernisation porte principalement sur leur système
d'armes.
Le premier CMT modernisé devrait être opérationnel au
premier semestre 2002. La modernisation des autres CMT est prévue au
rythme de 4 par an à partir de fin 2002. Toutes les modernisations ont
lieu à Brest.
Le coût prévisionnel total
(conception +
développement + réalisation et logistique + MCO initial) est de
818 millions de francs, soit un coût unitaire de modernisation d'un
CMT de l'ordre de 47,4 millions de francs hors frais fixes.
En 2000
, aucune autorisation de programme supplémentaire n'est
prévue, en revanche,
78 millions de francs
de crédits de
paiement seront inscrits.
II. LES FORCES DE PROJECTION
La
fonction de projection de puissance, avec le groupe aéronaval (GAN), ou
de projection de forces, avec le groupe amphibie, est la fonction principale
des forces classiques de la Marine. Elle doit être prête à
agir en association ou en complément des forces des autres armées
et, si nécessaire, dans un cadre multinational.
L'opération " Force alliée "
en a
été un exemple. Les forces aéronavales françaises
(Task Force 470) ont montré qu'elles étaient parfaitement
capables de s'intégrer dans ce dispositif interarmées et
interallié. Elles ont pu y jouer un rôle clef grâce
principalement aux
capacités combinées du porte-avions et d'un
SNA.
L'apport du porte-avions a été déterminant, non
seulement en termes de capacités opérationnelles, mais
également en termes de visibilité politique en appui des
ambitions de la France.
L'engagement du porte-avions Foch a apporté une contribution
essentielle par ses capacités de mobilité, qui lui ont permis de
se positionner au plus près des objectifs à traiter. Ainsi, sa
grande réactivité a notamment favorisé l'utilisation du
groupe aérien pour les missions d'appui aérien avec court
préavis (240 missions effectuées) ainsi que de recherche et
sauvetage de pilotes.
En revanche,
le groupe aérien, dans l'attente de ses premiers Rafale,
était dépourvu d'avions de défense aérienne. De
plus, la Marine n'a pu assurer une permanence de frégates
antiaériennes au sein du groupe aéronaval.
En effet, les
amputations réalisées sur l'entretien programmé des
matériels de la flotte à l'occasion du budget 1998 ont conduit
à reporter les périodes d'entretien des frégates Suffren
et Duquesne. Celles-ci n'ont donc pas été disponibles pour
les opérations du Kosovo. Cela a conduit à intégrer
pendant plusieurs mois une frégate britannique au sein du groupe
aéronaval français, illustration en retour d'une parfaite
interopérabilité. Néanmoins, l'importance du rôle
joué par les frégates antiaériennes pendant les
opérations confirme la nécessité de la réalisation,
dans les délais prévus, du programme des futures frégates
anti-aériennes " Horizon ", destinées à
remplacer le Suffren et le Duquesne à partir de 2005.
Le Foch a cependant dû quitter la zone d'opérations sans
pouvoir être remplacé
pour recevoir une maintenance
indispensable. Ses capacités de catapultage avaient, en effet,
été utilisées au maximum.
Enfin, il convient de souligner que l'action conduite par le groupe
aéronaval en Adriatique aurait globalement été
réalisée de façon équivalente à 7000
kilomètres de la métropole - il aurait simplement fallu faire
appel à un second pétrolier ravitailleur.
A. L'ENTREE EN SERVICE DU PORTE-AVIONS " CHARLES DE GAULLE "
Le
porte-avions " Charles de Gaulle " est un programme qui se termine
puisqu'il
entrera au service actif en 2000
.
Les dernières AP seront mises en place en 2000 (51 millions de francs).
Les
crédits de paiement s'élèveront à
362 millions de francs
dont 13 millions pour l'acquisition d'un
filet anti-nageurs à Toulon et 30 millions pour financer la mise en
place d'une capacité de transmission satellite à haut
débit.
Le coût total du programme
(développement,
industrialisation, logistique et PA n°1)
est estimé à
19 514 millions de francs
.
Avant son entrée en service, le Charles de Gaulle sera revenu à
quai un peu plus de cinq mois afin d'effectuer sa remise à niveau
après essais (RANAE), opération parfaitement normale dans tout
grand programme naval. Il y sera procédé à des ajustements
qui n'ont pas non plus de caractère exceptionnel compte tenu de la
durée du programme et de sa complexité. Les surcoûts
occasionnés sont pris en charge par les industriels dans le cadre de
leurs contrats.
Le porte-avions est l'élément essentiel du groupe
aéronaval (GAN). Par sa présence, il entretient la menace de la
puissance de feu de ses avions d'assaut, qui peut se concrétiser
à tout instant en mer ou dans la profondeur d'un territoire.
Il participe aussi à la stratégie de dissuasion nucléaire
par sa capacité à délivrer une frappe d'ultime
avertissement sur des objectifs navals ou terrestres.
Le porte-avions " Charles de Gaulle " lors de son admission au
service actif, en 2000, n'aura pas la totalité de ses
équipements. En raison des décisions budgétaires prises
à l'occasion de la loi de programmation 1997-2002 et de la revue des
programmes, deux programmes ont pris du retard. C'est ainsi que
la
première unité de Rafale, en version air-air, ne sera
constituée qu'en 2001 et que les missiles Aster
du système
d'autodéfense ne seront
livrés qu'en 2000
. La
première flottille d'interception équipée de Rafale sera
au complet en 2002 avec dix avions. Il sera cependant possible, dès
2001, de réunir un groupe d'intercepteurs de nouvelle
génération à bord du porte-avions.
La capacité de défense aérienne du groupe aéronaval
sera donc amoindrie jusqu'en 2002. Toutefois, la présence des Hawkeye
permettra d'atténuer cette faiblesse en donnant une meilleure
connaissance des mouvements adverses.
Il faut rappeler qu'un deuxième porte-avions doit, si les conditions
économiques le permettent, être construit lors de la prochaine loi
de programmation. La commande du deuxième porte-avions est prévue
au delà de 2002 pour une admission au service actif prévue en
2012. La construction du second porte-avions doit permettre d'assurer la
permanence du groupe aéronaval français, comme l'avaient fait
pendant plus de 30 ans les porte-avions Foch et Clemenceau.
Le premier porte-avions étant construit, la question est
désormais posée de savoir si un deuxième sera mis en
chantier.
La réflexion est d'ores et déjà
engagée dans le cadre de la préparation de la loi de
programmation pour 2003-2008 et des évolutions de la défense
européenne.
B. LA PROFONDE ÉVOLUTION DU MATÉRIEL AÉRIEN
1. Evolution du parc d'aéronefs
L'essentiel de l'évolution tient
à la
disparition
d'ici la fin de l'année 1999 des 10 Crusader F8P encore en service ainsi
que la diminution du parc de Super Frelon ramené de 16 à 9
appareils. S'y ajoute la disparition en 2000 des Etendard Photo et des
Alizé.
Deux des trois Hawkeye commandés sont maintenant en ligne et 3 nouveaux
Rafale seront livrés à la Marine en 2000.
L'année 2000 est donc marquée par
le retrait de la partie la
plus ancienne de l'aviation embarquée du Foch, tandis que le Charles de
Gaulle et les appareils modernisés ou les avions nouveaux entrent en
service.
L'évolution prévisible du parc des avions de combat
embarqués et des hélicoptères moyens-lourds fait l'objet
des tableaux ci-dessous :
Le parc Atlantique 2 de patrouille maritime évoluera de 28 à
24 appareils tandis que les Falcon 50 de surveillance maritime passeront
de 2 à 4 exemplaires. Le troisième et denier Hawkeye sera
livré en 2003.
Aviation embarquée (au 1 er juillet 1999) |
|||||
Type |
en parc |
en ligne |
âge moyen |
retrait du service |
remplacement |
F8 P(Crusader) |
9 |
8 |
34 A 9M |
31.12.99 |
Rafale M (à partir de 2001) |
SEM (Super Etendard) |
52 |
28 |
19 A 3M |
2007/2010 |
Rafale M (à partir de 2006) |
E4PM (Etendard Reco) |
5 |
4 |
35 A |
01.08.00 |
Super Etendard modernisé équipé d'un châssis de reconnaissance |
ALH (Alizé) |
9 |
8 |
38 A 10 M |
2000 |
Hawkeye |
E-2C (Hawkeye) |
2 |
2 |
1 A |
Livraison du dernier en 2003 |
3 appareils prévus au total |
RFM (Rafale Marine) |
0 |
0 |
- |
Livraison à partir de 2000 |
60
appareils prévus
|
Patrouille maritime (au 1 er juillet 1999) |
|||||
ATL2 (Atlantique 2) |
28 |
18 |
6 A 4 M |
2020/2025 |
|
Surveillance maritime (au 1 er juillet 1999) |
|||||
F 50 M (Falcon 50 Marine) |
0 |
0 |
- |
livraison en 1999 (2 appareils) |
4 appareils prévus au total |
DA 200G (Gardian) |
5 |
4 |
16 A 2 M |
2014/2020 |
|
2. Le Super-Etendard modernisé (SEM)
Pour
faire face à l'évolution de la menace et compte tenu de
l'ancienneté des appareils,
une modernisation des Super-Etendard a
été décidée pour assurer les missions
jusqu'à la livraison des Rafale au standard F2 air-sol, à partir
de 2006 et F3 polyvalent.
Elle a conduit à l'intégration du nouveau radar
Anémone, l'installation d'un combiné de visualisation
" tête haute/tête moyenne ", la création de
deux nouveaux points d'emport sous voilure et enfin la modernisation
du calculateur et du système d'attaque. Ces modifications permettent
d'équiper le SEM des missiles AS 30 Laser et de bombes guidées
laser. Des modifications complémentaires permettront de donner au SEM
une capacité d'attaque au sol de précision de nuit.
Hors attrition, le parc de SEM comprendra
52 avions à l'issue de la
dernière livraison en 2005
.
En 2000, 68 millions de francs de crédits de paiement sont inscrits
pour le développement et 130 millions de francs pour la production.
3. Le programme Rafale
Le
programme Rafale pour la Marine vise au
remplacement de trois types d'avions
en service :
-
le Crusader
(mission de supériorité aérienne
au profit de la force navale) ;
-
le Super-Etendard modernisé
(mission d'assaut contre la
terre ou à la mer avec armement conventionnel ou nucléaire) ;
-
l'Etendard IV PM
(mission de reconnaissance à la mer ou
à terre).
Le nombre d'exemplaires prévus est de 60
. La commande de 10
avions avant 1997 correspond à la première flottille qui sera
constituée de Rafale M au standard F1 de défense aérienne.
Le premier avion (M1) a été livré en 1999 et est
affecté dans un premier temps au développement ; il sera
rendu à la Marine en 2002. Un deuxième avion livré
à la Marine (M2) arrivera à Landivisiau dans le courant de
l'été 2000, le M 10 au premier trimestre 2002.
La commande 7+8 en 1999 correspond à la commande globale qui a
été notifiée le 9 juin 1999 à l'avionneur dans le
cadre d'une réduction des coûts (commande de 48 avions (15 Rafale
M) dont une tranche ferme de 28 (7 Rafale M) et une tranche conditionnelle de
20 (8 Rafale M), qui doit être affermie avant 2002, sous peine de
dédit).
Le coût total du programme est de 191 550 millions de francs dont 43
975 millions pour le développement et 147 575 millions pour la
production. La part de la Marine s'élève à 41 500 millions
de francs dont 7 000 millions de francs pour le développement et 34 500
millions pour la production.
Par ailleurs, dans le cadre de la " communalité " maximum des
moyens mis en oeuvre, il a été décidé que la
formation spécifique sur Rafale serait commune à l'armée
de l'Air et à la Marine dès lors que les deux armées
auraient reçu leurs premiers appareils. C'est donc à partir de
2005 qu'un escadron de formation Rafale devrait voir le jour, avec pour mission
de former les futurs pilotes de Rafale Marine et Air.
4. Le Hawkeye
Grâce à ses moyens de détection lointaine
et de
liaisons de données automatiques, l'E-2C Hawkeye est en mesure de guider
et informer les aéronefs de combat en mission d'assaut ou
d'interception, assurer la sûreté de la force navale,
élaborer et diffuser la situation tactique de zone.
Le programme " avion de guet embarqué " prévoit
d'acquérir
trois aéronefs E-2C Hawkeye auprès de l'US
Navy
. Les deux premiers appareils ont été commandés en
avril 1995 et livrés à la marine nationale respectivement en
décembre 1998 et en avril 1999 . Une
lettre d'intention pour la
commande du troisième
avion de guet embarqué
a
été signée le 13 novembre 1998.
Le contrat relatif
à sa
commande ferme devrait être signé en janvier
2001
. Il sera
livré
, dans un standard évolué,
en 2003
. Les deux premiers aéronefs seront alors remis à
niveau.
La procédure d'acquisition, dite de " Foreign Military
Sales " (FMS),
est particulière.
Elle permet, moyennant
une redevance fixe de 3%, de bénéficier des mêmes
conditions de vente que l'US Navy. Cette acquisition de trois avions
représente, d'après le CPRA ( Comité des prix de revient
des fabrications d'armement), un achat sur étagère d'un
caractère exceptionnel par son
poids financier, proche de 6 milliards
de francs
(francs 1998), ainsi que par la procédure utilisée.
La conduite du programme fait ressortir,
selon le CPRA, un coût
excessif de la gestion des compensations industrielles
par Grumman pour
lesquelles il serait bon qu'un pôle de compétence soit
développé au sein de la DGA.
5. L'hélicoptère NH 90
Afin
d'assurer le remplacement de ses hélicoptères de combat Lynx et
de maintenir une capacité de soutien actuellement dévolue aux
Super-Frelon, la Marine devrait
acquérir 27
hélicoptères de type NH 90, 14 en version
" combat "
pour la lutte anti-sous-marine et antinavire et
destinés aux frégates de premier rang et
13 en version
" soutien "
pour assurer à la fois la logistique des
forces navales à partir notamment des porte-avions et des TCD
(Transport de chalands de débarquement) et le secours maritime hauturier.
Ce programme, mené en coopération avec l'Allemagne, l'Italie et
les Pays-Bas au profit de quatre marines, trois armées de terre et deux
armées de l'air, est en phase de développement jusqu'en 2002. Sur
619 appareils, 160 sont prévus pour la France.
Le contrat marquant le début de la phase industrialisation et production
devrait être signé assez prochainement entre la NAHEMA (agence
OTAN représentant les quatre Etats) et NHI (groupement des quatre
industriels).
La loi de programmation militaire prévoit la commande de onze
appareils d'ici fin 2002
. L'opportunité d'une commande globale est
actuellement à l'étude. La
livraison
de ses
hélicoptères à la Marine est prévue
entre 2005
et 2011
, au rythme de 4 hélicoptères par an.
Le projet de budget pour 2000 prévoit 320 millions de francs d'AP et
221 millions de francs de CP pour le développement. Le coût total
du programme est actuellement estimé à 10,7 milliards de francs
pour la Marine.
C. LES BÂTIMENTS DE SURFACE
1. Les frégates antiaériennes " Horizon "
Le
besoin de la Marine est de quatre frégates antiaériennes
(format Marine 2015).
La mission prioritaire de ces bâtiments est d'assurer l'escorte
antiaérienne d'un groupe aéronaval constitué autour d'un
porte-avions type "Charles de Gaulle ", ou l'escorte d'un groupe de
bâtiments peu ou pas armés comme, par exemple, une force amphibie
ou anti-mines.
Les deux premiers exemplaires
du programme actuel, dont la
commande
est prévue par la loi de programmation 1997-2002
, sont
destinés à remplacer les frégates " Suffren " et
" Duquesne ", admises au service actif respectivement en 1967 et en
1970. L'objectif est de disposer de
la première
frégate
" Horizon " lors de la sortie de la première période
d'entretien et de réparation du porte-avions " Charles de
Gaulle "
en 2005.
Les deux derniers exemplaires de ce programme devront remplacer les deux
frégates type " Cassard " en 2010 et 2012, dates
prévues du retrait du service actif de celles-ci.
Le 25 avril dernier, lors du sommet de Washington, les ministres de la
défense français, britannique et italien, prenant acte du fait
que l'organisation et l'offre commerciale proposées par le maître
d'oeuvre industriel (composé de GEC-Marconi, de DCN/International et
d'Orizzonte) ne correspondaient pas aux clauses prévues, ont
déclaré qu'il n'était plus envisageable de poursuivre le
programme en commun dans les conditions qui avaient été
envisagées initialement.
Cette décision était la conséquence logique de
l'échec des négociations entre les différents industriels
en matière de maîtrise d'oeuvre d'ensemble et de
répartition des tâches, mais aussi de l'impossibilité
d'aboutir à un projet suffisamment commun du fait d'exigences
spécifiques aux trois nations.
La poursuite d'une coopération avec l'Italie a été
décidée début septembre après accord sur la
définition d'une frégate antiaérienne commune
.
Outre
la première de la série, dont la commande est
prévue en 2000
, les ressources inscrites en programmation devraient
permettre la commande d'une
deuxième frégate en 2001
. La
commande de la première frégate a été permise par
un prêt de 2 milliards d'autorisation de programme par l'armée de
l'Air et l'activation de 3 milliards d'AP non utilisées en 1999 puisque
la commande avait été repoussée.
Montant prévisionnel des dépenses et des ressources
|
|
|
Programmation (MF 1998) |
||
|
|
PLF 2000 |
2001 |
2002 |
Période 2001-2002 |
Ressources prévues |
AP |
2 800 |
2 779 |
400 |
3 179 |
|
CP |
385 |
961 |
1 623 |
2 584 |
2. Programme NTCD
Le
programme "NTCD" (nouveau transport de chalands de débarquement) a pour
objet la construction de
deux bâtiments amphibies
permettant, avec
la Foudre et le Siroco, de conduire des opérations amphibies. Les deux
NTCD devront être admis au service actif en 2004 et 2006, dates du
désarmement de l'Ouragan et l'Orage.
Bâtiments d'un tonnage de l'ordre de 16 000 tonnes à pleine
charge, les NTCD
pourront embarquer 450 hommes, 60 véhicules, au
minimum 6 hélicoptères et 2 engins amphibies de classe 70
tonnes.
La phase préparatoire du programme NTCD vient de s'achever. Le programme
va entrer en stade de conception.
La revue des programmes a financièrement fortement contraint le
programme en en fixant l'enveloppe budgétaire. Les travaux conduits lors
du stade préparatoire ont permis de fixer un
premier cadrage de
coût du programme à 3 650 millions de francs grâce à
une démarche comparative.
Elle a pour objet d'étudier et
d'adopter des solutions techniques, technologiques et industrielles
susceptibles de générer des gains financiers nécessaires
à sa réalisation. Elle est placée sous la
responsabilité de la DGA. Cette démarche doit permettre
également à la DCN d'améliorer sensiblement ses
méthodes et son organisation en les comparant avec les pratiques de
l'industrie civile voire en s'appuyant sur celle-ci (sous-traitance pour le
développement et la réalisation de sous-ensembles). La
démarche comparative sera poursuivie lors du stade de conception.
La
première commande est prévue en 2001.
D. LES ARMEMENTS
1. Programme " famille sol-air futur " (FSAF)
La
France et l'Italie sont associées depuis 1988
au sein du programme
"Famille Sol Air Futur" destiné à équiper leurs forces
armées de systèmes de défense aérienne
adaptés à la menace missiles des années 2000-2010.
Ce programme doit fournir :
- aux marines française et italienne, un système
d'autodéfense antimissile (SAAM) ;
- aux armées de terre et de l'air françaises, ainsi qu'à
l'armée de terre italienne, un système de défense de zone
(SAMP/T : sol air moyenne portée/terre).
Le besoin naval de défense de zone, initialement compris dans FSAF, a
été reporté sur un programme séparé mais
fortement lié, le PAAMS, de manière à permettre une
ouverture de la coopération à la marine britannique.
Le système SAAM est un
système d'armes courte portée,
à capacité multicibles, destiné à être
embarqué
sur des bâtiments de surface de tonnage
supérieur à 2000 t, pour leur
autodéfense
antiaérienne, y compris contre les missiles antinavires.
Le système comprend :
- une conduite de tir basée sur un radar multifonctions (Arabel pour la
France et EMPAR pour l'Italie) ;
- un système de lancement vertical, qui comprend entre 2 et 6 lanceurs
(4 dans le cas du porte-avions " Charles de Gaulle ") ;
- des missiles Aster 15.
Le premier bâtiment équipé
de système SAAM
est le porte-avions " Charles de Gaulle ".
Au delà, il
est envisagé d'équiper les 8 frégates anti-sous-marines de
nouvelle génération à partir de 2009.
327 millions de francs en autorisations de programme et 272 millions de
francs en crédits de paiement sont prévus en 2000
pour le
financer, alors que sont
coût global
est estimé, pour la
France, à
2 481 millions de francs.
2. Programme PAAMS (principal anti air missile system)
Le PAAMS
est appelé à être développé dans le cadre
d'un programme trilatéral qui associe la France, l'Italie et le
Royaume-Uni.
Il a notamment pour objectif de fournir aux frégates
" Horizon " un système capable de
protéger une force
maritime de missiles aérodynamiques supersoniques.
Le système comprend une conduite de tir fondée sur un radar
multifonctions, 6 lanceurs verticaux et 48 missiles Aster 15 et 30. La France
et l'Italie ont choisi le radar Empar issu du programme FSAF ; le Royaume-Uni a
pour sa part obtenu de développer son propre radar de conduite de tir,
le Sampson.
Le contrat global tripartite pour le développement et la fourniture
des premiers systèmes
concernant l'ensemble des deux variantes
(Empar et Sampson)
a été signé en juillet 1999
.
Cette action permettra de tenir les délais.
L'entrée en
service des premiers systèmes est prévue en 2005 sur les
frégates " Horizon ".
Ce programme est doté
en 2000 de 776 millions de francs
d'autorisations de programme et de 643 millions de francs de crédits de
paiement.
3. Le missile antinavires futur (ANF)
L'ANF
est destiné à
remplacer les missiles de la famille Exocet
à partir de 2005. Il a pour vocation de fournir aux frégates
un système antinavires
suffisamment dissuasif pour tenir
l'adversaire hors de portée de ses armes. La capacité de
pénétration du missile ANF reposera sur sa vitesse supersonique,
sa manoeuvrabilité et sur un autodirecteur dérivé de la
version la plus récente de l'Exocet. L'architecture globale du
système sera identique à celle de ce dernier.
Il équipera en premier lieu
les frégates " Horizon "
à partir de 2005,
le Rafale en 2008 et à terme le SMAF
(sous-marin d'attaque futur), sous réserve de faisabilité.
La phase de définition du programme ANF (version mer-mer) est
achevée. Le document d'orientation prévoit de passer à
l'industriel une commande globale relative au développement, à
l'industrialisation et à la
fabrication de 200 missiles et 7
installations de tir pour un montant de 3 382 millions de francs.
4. Programme de torpille légère MU90
70
millions de francs d'autorisations de programme et 469 millions de
crédits de paiement seront inscrits en 2000 pour financer la commande
pluriannuelle de 300 torpilles lancée en 1997.
La torpille légère MU90 est issue des programmes italien A290 et
français Murène. Un accord de coopération a
été signé en 1991. Le développement de la MU90 est
achevé et la production a débuté.
Les deux marines veulent se doter de 600 torpilles chacune. Une première
commande globale franco-italienne de 500 torpilles (dont 300 pour la France) a
été notifiée en janvier 1998.
Les premières
livraisons devraient intervenir en 2001.
L'Allemagne est associée au programme : la marine allemande a
commandé 285 torpilles en janvier 1998 et STN/ATLAS fabrique le moteur
de la MU 90, ce qui représente 10 % de part industrielle.
5. Programme de missile porte-torpille Milas
Un
accord de coopération entre la France et l'Italie avait
été signé en 1986 pour développer un missile
porte-torpille successeur du Malafon. Il portera une torpille
légère MU90. Il est destiné à équiper les
bâtiments majeurs de lutte anti-sous-marine.
La France a décidé l'abandon du programme
après la
revue des programmes (économie de 1,2 milliards de francs sur la
période 1998-2010). La marine nationale
s'est, néanmoins,
engagée à financer la fin du développement. 17 millions de
francs en crédits de paiement sont inscrits à ce titre pour
2000.
La marine italienne a l'intention de poursuivre seule la production du
missile.
III. LES MISSIONS DE SERVICE PUBLIC
110
millions de francs de crédits de paiements sont consacrés dans le
titre V aux missions de service public
dont 90 millions sont
consacrés aux moyens aériens.
Les missions de service public représentent actuellement
environ
15 % de l'activité des formations de la Marine
. Globalement,
les moyens spécifiques au service public dans la Marine ont subi un
rajeunissement grâce aux programmes de construction de patrouilleurs mis
en oeuvre par la marine et la gendarmerie maritime.
Par ailleurs, le maintien du dispositif de prévention d'accidents
majeurs, décidé par le comité interministériel de
la mer en 1979, est assuré grâce au renouvellement, en juillet
1997, des contrats d'affrètement de trois remorqueurs d'intervention
situés sur les trois façades maritimes (" Abeille
Flandre " à Brest, " Abeille Languedoc " à
Cherbourg et " Mérou " à Toulon).
Enfin, à ces moyens dédiés exclusivement au service public
peuvent être ajoutés les bâtiments de soutien de haute mer
" Alcyon " et " Ailette " basés à Brest et
" Carangue " basé à Toulon, dont les
affrètements ont été renouvelés en juillet 1997.
Ces moyens spécifiques ne suffisent pas à l'exécution de
toutes les missions de service public. Une participation
régulière de l'ensemble des bâtiments et aéronefs de
combat et de soutien est devenue nécessaire : surveillance du
littoral, mission de police en mer, alerte SAR, SECMAR etc.
CONCLUSION
L'examen
des crédits de la Marine pour 2000 fait ressortir
un budget en
demi-teinte.
Tout d'abord,
la professionnalisation se déroule dans de bonnes
conditions.
Un grand nombre d'unités est déjà
professionnalisé et la Marine est à même de remplir des
missions très importantes, comme celle menée au Kosovo, sans
problème d'effectifs. Par ailleurs,
les difficultés
soulignées l'an passé, en matière de personnel civil ou de
sous-traitance notamment, sont en voie de résorption.
Les crédits de fonctionnement courant, ensuite, sont en progression. Ils
permettront une gestion moins tendue au cours de l'année 2000.
Les crédits d'entretien des matériels bénéficient
également d'un effort budgétaire
permettant de rattraper, en
partie, le manque des années passées.
De nouvelles structures
au sein de la Marine et au niveau interarmées seront, en outre,
créées en 2000
pour réduire les coûts et
accroître la disponibilité des équipements.
En revanche,
la baisse de crédits destinés à
l'équipement des forces et plus particulièrement au
renouvellement de la flotte est préoccupante.
Les finalités majeures de notre action maritime définissent les
grandes fonctions opérationnelles dévolues à la Marine.
Pour les remplir, le quatrième SNLE demeure une nécessité
qui garantit la posture et la permanence de la dissuasion. Le porte-avions avec
son groupe aérien constitue, pour sa part, l'outil essentiel d'une
Marine à vocation de projection de puissance, la projection de forces
s'articulant autour des quatre TCD. La protection de ces groupes, enfin, doit
être assurée par un renouvellement des bâtiments de
" la composante frégate " et en premier lieu les quatre
frégates anti-aériennes.
A l'avenir, il sera donc nécessaire
d'être vigilant sur la
poursuite de l'application de l'actuelle programmation et sur les choix qui
seront faits pour la prochaine.
En effet, le décalage des programmes
dans le temps conduit à les accumuler sur une période plus courte
et à les reporter sur la prochaine loi de programmation obérant
de ce fait des marges de manoeuvre déjà faibles.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent avis lors de sa
séance du 17 novembre 1999.
A l'issue de l'exposé du rapporteur pour avis, M. Charles-Henri de
Cossé-Brissac a souhaité obtenir des précisions sur trois
points : le type de propulsion qui pourrait être retenu pour le
second porte-avions, l'évolution des moyens consacrés au
sauvetage et à la surveillance en mer, et la reconversion à des
usages civils du porte-avions Foch.
M. Christian de La Malène a souligné qu'il serait effectivement
nécessaire de faire des choix dans la prochaine loi de programmation
militaire, mais que les retards actuels limiteraient les marges de manoeuvre
dans le futur.
M. Xavier de Villepin, président, s'est demandé si la
réforme de la DCN n'avait pas été trop timide. Il a
ensuite souhaité obtenir des précisions sur les avantages de la
propulsion nucléaire sur le porte-avions Charles de Gaulle.
M. André Boyer, rapporteur pour avis, a alors apporté les
précisions suivantes :
- la propulsion nucléaire est un choix de fond. La France a choisi de
disposer de bâtiments à la pointe du progrès technique,
avec le coût important qui en résulte. Pour le second
porte-avions, le choix de la propulsion nucléaire permet une plus grande
autonomie. La grande quantité de carburant embarquée par le
porte-avions lui permet en outre de ravitailler son escorte et son aviation
embarquée. Cette propulsion permet également de remplir des
missions bien au-delà de la Méditerranée. Si la question
ne peut être éludée, construire un deuxième
porte-avions suppose soit un effort financier supplémentaire, soit de
choisir entre les différents programmes. De toute façon, a
rappelé le rapporteur pour avis, un second porte-avions ne serait
opérationnel que pour 2012. La solution d'une coopération au
niveau européen paraît séduisante, mais le Royaume-Uni n'a
pas encore décidé du type d'avion, à décollage
court ou catapulté, qui équiperait ses futurs porte-avions ;
- les missions de sauvetage et de service public représentent 15 %
des activités de la marine. Un programme de modernisation des
patrouilleurs est en cours. En outre, le programme d'hélicoptère
NH 90 devrait permettre de remplacer en temps voulu les appareils
consacrés à cette mission ;
- la réforme de la DCN est très importante. Celle-ci doit faire
face à plusieurs difficultés : l'inadaptation du code des
marchés publics, la non-recapitalisation de la DCN internationale ou
encore les difficultés pour le personnel de s'adapter à une
activité commerciale. D'importants efforts ont été faits.
Une nouvelle organisation des services a été
décidée, qui conduira à la séparation avec la DGA.
Un projet d'entreprise, permettant de doter la DCN d'outils comptables et
financiers efficaces, a été mis en place. Enfin, la DCN sera
transformée en " service à compétence
nationale ".
M. Guy Penne a alors observé que les relations diplomatiques avec
l'Australie et la Nouvelle-Zélande s'étaient beaucoup
améliorées et que ces deux pays montraient leur volonté de
se rapprocher de la France. Ils sont particulièrement satisfaits de la
présence de la marine française dans le Pacifique, qui prend en
charge une partie de la surveillance des activités maritimes dans cette
zone. Il lui a donc semblé que la France devait prêter toute
l'attention nécessaire à ces missions.
M. Xavier de Villepin, président, a confirmé
l'amélioration des rapports franco-australiens à la suite d'un
récent entretien qu'il avait eu avec le ministre de la défense de
ce pays. Cette amélioration s'illustre particulièrement au Timor
oriental, où les armées françaises travaillent en commun
avec les armées australiennes.
*
La
commission a ensuite examiné l'ensemble des crédits du
ministère de la Défense au cours de sa réunion du mercredi
24 novembre 1999.
M. Guy Penne, a d'abord remarqué qu'avec un effort de défense
représentant environ 2,5 % du produit intérieur brut (PIB),
comparable à celui du Royaume-Uni, la France se situait à
mi-chemin entre les Etats-Unis, qui consacrent 3,5 % de leur PIB à la
défense, et les autres pays européens, qui y consacrent en
moyenne 1,5 % de leur PIB. Il a donc estimé que, malgré une
diminution du même ordre de grandeur que celle enregistrée dans
les autres pays occidentaux depuis la chute du mur de Berlin, le budget
français d'équipement militaire, qui était le
deuxième en Europe, demeurait très significatif. Il a ensuite
évoqué les difficultés du ministère de la
défense à consommer la totalité des crédits
d'équipement dont il dispose et relevé que la rationalisation des
achats d'équipement permettait des économies sans réduire
le pouvoir d'achat des armées. Il a estimé que la
professionnalisation des armées présentait un coût plus
élevé qu'on ne l'avait envisagé lors du lancement de la
réforme. Enfin, il a souligné que le conflit du Kosovo avait mis
en évidence l'amélioration des capacités militaires
françaises par rapport à la guerre du Golfe, même si des
insuffisances perdurent en matière spatiale et de renseignement.
M. Serge Vinçon, a rappelé qu'après s'être
engagé, à l'issue de la revue de programmes qu'il avait conduite,
à stabiliser les crédits d'équipement des armées
durant quatre ans, le Gouvernement rompait, dès la deuxième
année, cet engagement. Il a émis la crainte que la France ne
prenne un dangereux retard par rapport aux Etats-Unis, qui, après avoir
réorganisé leur défense et leur industrie d'armement,
relancent désormais leur effort financier en matière de
défense, particulièrement en matière de recherche et de
développement. Evoquant l'annulation supplémentaire de 5,3
milliards de francs de crédits d'équipement annoncée sur
le budget de la défense, il a déploré que des commandes
supplémentaires ne soient pas passées aux industriels alors que
ceux-ci auraient la capacité de produire davantage de matériels.
M. Paul Masson, approuvé par M. Xavier de Villepin, président, a
mis en doute, après les auditions des chefs d'état-major par la
commission, l'idée selon laquelle les armées seraient
limitées dans leurs capacités de consommation de crédits.
M. Xavier de Villepin, président, a alors rappelé que les
crédits des titres V et VI étaient appelés à
diminuer de 3,2 milliards de francs par rapport aux conclusions de la
" revue de programmes " qui marquaient elles-mêmes une
économie de 5 milliards de francs par an par rapport aux
prévisions initiales de la loi de programmation. Il a estimé que
la situation économique et financière actuelle aurait permis de
préserver les crédits militaires. Il a par ailleurs
déploré que le projet de budget ne tienne pas compte des
leçons militaires du conflit du Kosovo et observé la
contradiction entre les discours sur la défense européenne et la
réalité des programmes conduits en coopération, qui
connaissent, pour beaucoup d'entre eux, d'importantes difficultés. Il a
alors appelé la commission à suivre l'avis défavorable
proposé par les rapporteurs pour avis.
M. Michel Caldaguès a indiqué qu'il se rangeait à cet avis
défavorable.
M. Claude Estier a en revanche précisé que le groupe socialiste
voterait le budget de la défense pour 2000.
La commission a alors
émis un avis défavorable sur
l'ensemble des crédits du ministère de la défense inscrits
dans le projet de loi de finances pour 2000.