B. LES GRANDES LIGNES DE LA DOTATION DES FORCES TERRESTRES POUR 2000
Le projet de budget de l'Armée de terre pour 2000 se traduit par une diminution des crédits qui seront ramenés à un niveau inférieur à celui de 1997, première annuité de la loi de programmation.
Évolution sur cinq ans
(en millions de francs courants) |
||||
|
Francs courants |
% |
Francs constants |
% |
1996 |
49 242,7 |
- 0,4 |
51 435,5 |
- 1,8 |
1997 |
49 059,4 |
- 0,4 |
50 515,0 |
- 1,8 |
1998 |
47 946,1 |
- 2,3 |
48 909,8 |
- 3,2 |
1999 |
49 188,9 |
+ 2,6 |
49 631,6 |
+ 1,5 |
2000 |
48 732,3 |
- 0,9 |
48 732,3 |
- 1,8 |
Le
tableau ci-dessus montre qu'en francs constants, la dotation prévue pour
2000 sera légèrement inférieure à celle de 1998,
exercice au cours duquel une sévère " encoche " avait
été opérée dans les crédits des
armées.
Pour 2000, la dotation des forces terrestres s'élèvera à
48,732 milliards de francs
, soit une
diminution de 456,6 millions de
francs et de 0,9 %
par rapport au budget 1999. La part de la dotation
des forces terrestres dans l'ensemble du budget de la défense restera
stable et s'élèvera à 25,9 % des crédits du
ministère.
Les
dépenses ordinaires
s'élèveront à
30,916 milliards de francs,
soit 0,7 % de plus que l'an passé.
Les
dépenses de rémunérations et charges sociales
,
qui représentent 81 % des crédits du titre III,
s'élèveront à 25,052 milliards de francs, soit une hausse
de 1 % alors que les
dépenses dites de fonctionnement
courant
s'établiront à 5,864 milliards de francs et
régresseront de 3,1 %.
S'agissant des
dépenses en capital, les crédits de paiement
des titres V et VI s'élèveront à
17,815 milliards
de francs
, soit une diminution de 3,6 % par rapport à 1999 alors que
les
autorisations de programme
qui avaient reculé de près
de 10 % l'an passé, progresseront de 13 % pour s'établir à
20 910 milliards de francs
.
Évolution du budget de l'armée de terre
(en millions de francs courants)
|
1999 |
2000 |
% |
Dépenses ordinaires
|
30 699,9 |
30 916,5 |
+ 0,7 |
Dépenses en capital
|
18 489,0 |
17 815,8 |
- 3,6 |
Total |
49 188,9 |
48 732,3 |
- 0,9 |
Avant
d'approfondir l'analyse détaillée de ces différents
crédits, votre rapporteur souhaite effectuer
trois remarques d'ordre
général
sur ce projet de budget de l'armée de
terre :
- alors que le gouvernement s'était engagé l'an passé
à stabiliser les crédits du titre V sur les quatre
dernières années de la loi de programmation, ces derniers
subissent à nouveau une nette réduction ; c'est une nouvelle
entorse aux engagements passés,
- dans un contexte budgétaire général
caractérisé par un regain de marges de manoeuvre, le budget de
l'armée de terre reste extrêmement contraint alors que
certaines insuffisances auraient pu être corrigées,
-
enfin, le
niveau des autorisations de programme
ne prend pas
suffisamment en compte les besoins nouveaux liés aux commandes globales
pluriannuelles.
1. Le niveau global de la dotation : une nouvelle entorse aux engagements passés
Après la brutale " encoche "
opérée
dans les crédits d'équipement en 1998, les décalages de
calendriers ou les aménagements décidés dans le cadre de
la " revue de programmes " avaient été
présentés comme une révision limitée, somme toute
marginale, d'une loi de programmation maintenue dans ses grands objectifs. Tel
était le sens de la
déclaration du Premier ministre à
Saint-Mandrier
le 3 avril 1998 au cours de laquelle il s'était
engagé à rattraper partiellement les effets de cette
" encoche " et à
maintenir
au niveau ainsi
défini
les moyens alloués à la Défense durant
les quatre dernières années de la loi de programmation
.
Dans ces conditions, à peine plus d'un an après cet engagement
solennellement réaffirmé devant le Parlement au cours du
débat budgétaire de l'an dernier, comment ne pas voir dans la
réduction appliquée pour 2000 aux crédits des
armées une nouvelle entorse au contrat moral conclu avant la mise en
oeuvre de la réforme des armées ?
Cette remise en cause d'une stabilisation des crédits paraît
d'autant plus surprenante qu'elle n'était en rien imposée par le
contexte budgétaire général. Elle intervient de
surcroît au moment où notre pays, au lendemain de la crise du
Kosovo, s'est prononcé en faveur d'un renforcement significatif des
efforts de défense des pays européens, en vue notamment de
combler un certain nombre de déficiences mises en évidence lors
du conflit.
Pour
l'
Armée de terre
,
le budget 2000 se traduit
par des
crédits d'équipement inférieurs de près
de 1,3 milliard de francs
à l'annuité actualisée de la
loi de programmation, elle-même inférieure au montant initialement
prévu suite aux révisions opérées par la
" revue de programmes ".
2. Des insuffisances persistantes malgré un contexte budgétaire plus favorable
Le souci
d'ajuster les crédits de paiement aux besoins de financement
prévisibles compte tenu des sous-engagements sur les exercices
antérieurs a été présenté comme la
justification de la révision à la baisse du budget 2000.
On peut observer que s'il était mené jusqu'à son terme, ce
raisonnement pourrait conduire à diminuer d'année en année
les ressources des armées, en entretenant une sorte de spirale de la
contraction budgétaire.
Votre rapporteur estime qu'au contraire
ce budget laisse un certain nombre
de besoins insatisfaits
, alors même que la simple reconduction des
crédits à leur niveau de l'an passé, comme cela avait
été promis, aurait permis de répondre en partie à
ces besoins.
Cela est vrai au niveau des effectifs, où aucune mesure n'est
prévue pour réduire le
déficit en personnels ouvriers
civils
, les interdictions d'embauche ne bénéficiant pas des
assouplissements nécessaires.
On peut également le constater à propos du
fonctionnement
courant
de l'Armée de terre, qui a fait l'objet, dans le cadre de la
" revue du titre III " menée en début d'année
par l'ensemble du ministère, d'une évaluation très
attentive. Cet exercice a mis en évidence un certain nombre
d'insuffisances qui n'ont que partiellement été prise en compte
par le budget pour 2000.
Ainsi, alors que le
taux d'activité des forces
a chuté
d'année en année pour atteindre en 1999 le niveau anormalement
bas de 70 jours annuels sur le terrain, la " revue du titre III "
avait conclu à la nécessité de revenir rapidement,
à raison de 10 jours supplémentaires par an, au nombre de 100
jours d'activité annuels. Or les efforts budgétaires
prévus en 2000 ne permettront que d'atteindre 73 jours par an,
progrès extrêmement mince qui ne se situe pas à la hauteur
du problème posé.
3. Une prise en compte insuffisante des commandes globales pluriannuelles au niveau des autorisations de programme
Avec
20,910 milliards de francs, les autorisations de programme aux titres V et VI
progresseront de 13 % par rapport à 1999, mais cette augmentation, qui
succède à une réduction voisine de 10 % l'an passé,
ne fait que traduire une montée en charge qui était prévue
par la loi de programmation.
Cette dotation se situe même en léger retrait (- 1 %) par rapport
à la stricte application de la loi de programmation telle que
révisée à l'issue de la " revue de programmes ".
Elle n'intègre pas en revanche
la nécessaire prise en compte
des commandes globales pluriannuelles
, qui exigent un financement ne
pouvant entièrement reposer sur les autorisations de programme des
exercices antérieurs et non utilisées.
En effet, le stock des autorisations de programme disponibles a
été progressivement réduit au fil des annulations
opérées en cours d'exercice. Il ne paraît plus suffisant
aujourd'hui pour assurer, dans de bonnes conditions, la passation des commandes
globales pluriannuelles.
Cette forte tension était perceptible en 1999, année au cours de
laquelle a dû être engagée la
commande globale de 80
hélicoptères Tigre
, dans des conditions difficiles. Au cours
de cette même année, la commande globale de missiles antichars de
3
ème
génération moyenne portée (AC3G-MP)
a dû être reportée.
Pour l'année 2000, le niveau des autorisations de programme ne permettra
de passer qu'une commande globale, celle de l'AC3G-MP, qui n'avait pas pu
être passée l'an dernier, alors qu'il a fallu
renoncer à
une commande globale de 7 500 obus antichars
à effet
dirigé (ACED), le budget ne permettant que la commande d'une tranche
annuelle de 2 500 obus, ce qui entraînera bien évidemment un
accroissement du coût global de programme.