CHAPITRE IV -
LES AUTRES ACTIONS COMMUNES
I. LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT
Les
crédits relevant de l'agrégat Délégation
générale pour l'armement (DGA) s'élèvent à
14,5 milliards de francs pour 2000 et ont fait l'objet d'une importante
modification de périmètre, la rémunération des
personnels civils de la DGA relevant désormais de l'agrégat
" administration générale ". On ne saurait toutefois se
limiter à cette stricte approche budgétaire, le rôle de la
DGA s'étendant très au-delà de la gestion des
crédits qui lui sont spécifiquement attribués. La DGA, au
travers des programmes d'armement dont elle suit le déroulement, est en
effet appelée à gérer environ 80 % de l'ensemble des
crédits d'équipement de la Défense.
L'amélioration de l'efficacité de la DGA, avec pour objectif la
diminution de son coût de fonctionnement et du coût d'acquisition
des équipements est au coeur de la profonde réforme
engagée depuis 2 ans.
Votre rapporteur fera le point sur les premiers résultats obtenus, avant
d'évoquer l'évolution des structures industrielles et des centres
d'expertise et d'essais relevant de la DGA puis de commenter l'évolution
des crédits pour 2000.
A. L'ÉVOLUTION DE LA GESTION DES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT PAR LA DGA
La profonde réorganisation de la DGA se poursuit en 1998, avec la mise en oeuvre de nouvelles méthodes destinées à réduire le coût des programmes d'armement et une implication accrue dans la réalisation d'une Europe de l'armement.
1. La mise en oeuvre des nouvelles méthodes d'acquisition
La DGA
s'est engagée dans une action volontariste de diminution du coût
des programmes d'armement, l'objectif s'échelonnant, selon les
programmes, entre 30 % d'économies pour ceux entrant en phase de
faisabilé et si possible jusqu'à 10 % pour ceux
déjà en phase de production.
Les 85 programmes d'armement placés sous contrôle de gestion, qui
représentaient, en 1996, un montant prévisible de
540 milliards de francs de dépenses, ont d'ores et
déjà donné lieu, d'après le
délégué général pour l'armement, à
50 milliards de francs d'économies, soit 9,6 % de leur
coût initial, ces réductions de coût s'étalant bien
entendu sur toute la durée de ces programmes, c'est-à-dire, pour
certains d'entre eux, au-delà de 2010.
Parmi les méthodes utilisées, la DGA cite la modification des
stratégies d'acquisition
(comme pour le système principal
PAAMS du missile antiaérien pour frégate pour lequel
l'élargissement de la coopération au Royaume-Uni a
entraîné une réduction du devis de 11,5 %, ou pour les
missiles Aster communs avec ceux de la famille sol air futurs, dont la
série a été allongée), et
l'optimisation des
programmes
(opération " Minos " d'aménagement des
calendriers du SNLE-NG n° 4 et du missile M51, programme Rubis de la
gendarmerie).
Le développement des
commandes pluriannuelles globales
,
permettant d'engager plusieurs tranches de fabrication ou plusieurs
annuités de développement, ont également permis des
réductions de devis de la part des industriels en contrepartie d'un
engagement à plus long terme de l'Etat.
Cette procédure a été inaugurée
en 1997 pour
cinq programmes
: le missile de croisière air-sol Apache
antipiste ; le missile air-air Mica ; la torpille franco-italienne MU
90 ; le missile de croisière air-sol Scalp EG et le
développement du statoréacteur VESTA.
Ces cinq commandes globales auraient permis d'obtenir une économie de
l'ordre de 10 %.
Pour
1998
, la procédure des commandes globales a concerné
six programmes
: le système de combat de la frégate
Horizon (PAAMS), les moyens de transmission des bases aériennes (MTBA),
les moyens de transmission des garnisons de l'armée de terre (MTGT), les
chars et dépanneurs Leclerc ainsi que le missile stratégique M51.
L'économie obtenue pour ces six programmes est estimée à
un peu plus de 6 %.
En
1999, deux commandes globales
ont été passées
pour 28 avions Rafale et 80 hélicoptères Tigre,
l'économie étant estimée à 10 %.
Les commandes pluriannuelles globales en 1998 et 1999
Matériel |
Volume de la commande |
Montant
|
MTBA |
18 systèmes fixes d'équipement des bases aériennes et 6 systèmes déployables |
1 400 |
PAAMS |
5 années de développement |
1 100 |
Dépanneur Leclerc |
15 dépanneurs |
700 |
Missile M51 |
Deux années de développement |
3 800 |
MTGT |
99 systèmes de transmission des garnisons de l'armée de terre. |
500 |
Char Leclerc |
88 chars (regroupant des commandes de 1997 et 1998) |
5 000 |
Rafale |
28 avions de combat |
9 600 |
Tigre |
80 hélicoptères de combat |
12 700 |
Pourraient intervenir
d'ici la fin 1999
les commandes
globales relatives à la modernisation des chasseurs de mines tripartites
(CMT) et à la réalisation du missile anti-navires futur (ANF).
Sont prévues
en 2000
des commandes globales du
missile
antichar AC3GMP, du missile ASMP et du missile AASM,
ainsi qu'une
deuxième commande pour le M51, le MICA et le MTBA.
Votre rapporteur ne peut que se féliciter de cette extension de la
procédure des commandes globales pluriannuelles tout en
s'inquiétant de constater un
risque évident de tension sur les
autorisations de programme
, le choix ayant été fait de
privilégier la mobilisation des autorisations de programme disponibles,
afin d'en résorber le stock, à la mise en place d'autorisations
de programmes nouvelles.
Ce parti pris trouve ses limites comme en témoignent les
difficultés rencontrées par l'armée de terre pour la
passation de la commande globale de 80 hélicoptères Tigre,
qui a imposé la désaffectation d'autorisations de programme
attribuées à d'autres programmes majeurs.
2. La gestion par la DGA des crédits d'équipement des armées
Au cours
des trois dernières années, les conditions de gestion, par la
DGA, des crédits d'équipement des armées, a fortement
évolué, en raison de la réforme de la DGA elle-même,
de la modification de la nomenclature budgétaire, de la
généralisation de la comptabilité spéciale des
investissements, de l'intervention d'un contrôle financier
déconcentré comme dans les ministères civils et de la
restructuration des opérations budgétaires en opérations
budgétaires d'investissement.
Malgré ces nombreux changements, les conditions de la gestion des
crédits, marquée il y a encore trois ans par de fort reports de
charges et des intérêts moratoires, s'est améliorée.
Evolution des crédits d'équipement
gérés par la DGA
(en milliards de francs)
Exercice |
Ressources disponibles |
Paiement |
Taxe de consommation |
1995 |
64,7 |
58 |
89,6 % |
1996 |
63,9 |
61,5 |
96,2 % |
1997 |
64,2 |
61 |
95,0 % |
1998 |
57,5 |
55,2 |
96,0 % |
Quant aux intérêts moratoires, leur montant, qui s'élevait à 707 millions de francs en 1996, n'était plus que de 278 millions de francs en 1998 et 52 millions de francs pour les 6 premiers mois de 1999.
3. L'implication de la DGA dans l'édification de l'Europe de l'armement
La DGA
s'est fortement impliquée dans la création, en 1996, de
l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement
(OCCAR)
par la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie, qui est
destinée à rationaliser, par des méthodes plus efficaces
et des objectifs de réduction des coûts, la gestion des programmes
en coopération.
Notre commission des affaires étrangères et de la défense
a eu l'occasion, lors de l'examen par le Sénat du projet de loi
autorisant la ratification de la convention du 9 septembre 1998 qui donne
à l'OCCAR la personnalité juridique, de souligner toute
l'importance de cette avancée (cf. rapport n° 44, 1999-2000 de M.
Jean-Guy Branger).
Dès que les processus de ratification seront achevés, l'OCCAR,
à laquelle pourraient se joindre les Pays-Bas, se verra enfin
dotée, après trois années d'attente et des incertitudes
sur son futur statut,
d'une personnalité juridique internationale
lui permettant de mettre en oeuvre ses principes d'acquisition.
Plusieurs programmes sont déjà intégrés à
l'OCCAR, mais l'avenir de l'organisation et sa capacité à donner
un nouvel élan à une coopération porteuse de certaines
désillusions, dépendra bien entendu des programmes nouveaux qui
pourraient leur être confiés.
Parallèlement, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie,
l'Espagne et la Suède, c'est-à-dire les six principaux pays
européens producteurs d'armement, ont signé le 6 juillet 1998 une
lettre d'intention sur les restructurations des industries de
défense
, dont l'objet est de préparer l'édiction de
règles communes, dont certaines pourraient faire l'objet d'un accord
international, afin de mettre en place un environnement approprié au
nouveau paysage européen de l'industrie d'armement.
La sécurité des approvisionnements, les transferts de
matériels entre pays, la politique d'exportation ou encore
l'harmonisation des efforts de recherche et de développement sont au
coeur de ce travail indispensable pour accompagner l'évolution en cours
des industries de défense et l'émergence de véritables
entreprises européennes d'armement.