II. LE RENSEIGNEMENT : UNE AMÉLIORATION DES MOYENS QUI DOIT ÊTRE RENFORCÉE
Reconnu
comme domaine prioritaire par le livre blanc sur la défense et la loi de
programmation, la capacité à acquérir et traiter le
renseignement apparaît comme l'une des clés de l'autonomie
stratégique, tout particulièrement dan le contexte international
actuel marqué par l'implication croissante de notre pays dans la
prévention et le règlement des crises.
Comme l'a souligné le président Xavier de Villepin dans le
rapport effectué au nom de notre commission des affaires
étrangères, de la défense et des forces armées sur
les premiers enseignements du conflit du Kosovo, notre pays a
réalisé en la matière
d'importants progrès
depuis la guerre du Golfe
au cours de laquelle nos insuffisances
étaient apparues, même si ces progrès peuvent
paraître encore trop limités au regard des objectifs
assignés en matière de capacité à gérer les
crises.
Le budget de la défense pour 2000, comme celui de l'an passé,
poursuit l'effort
d'amélioration des moyens humains et financiers des
services de renseignement.
Votre rapporteur doit également relever que la question de
l'implication du Parlement dans le domaine du renseignement
, qui lui
tient particulièrement à coeur, a trouvé au cours de cette
année 1999 un écho grandissant. Plusieurs
propositions de
loi
ont été déposées au Sénat par nos
collègues Nicolas About (n° 492, 1998-1999) et Serge Vinçon
(n° 236, 1998-1999), alors que la commission de la Défense
nationale de l'Assemblée Nationale a examiné le 23 novembre
dernier une proposition de loi relative à l'instauration de
délégations parlementaires pour le renseignement.
Sans vouloir entrer dans le détail de ces propositions de loi, qui
dépassent le cadre du projet de loi de finances, on peut simplement
souligner qu'avec un certain nombre de variantes, elles s'accordent toutes sur
l'idée de créer une représentation parlementaire
restreinte habilitée à entendre les responsables des services de
renseignement et à recevoir des rapports périodiques sur leurs
activités, tout en étant liées par des règles de
confidentialité.
Ces propositions de loi rejoignent donc tout
à fait l'esprit des propositions avancées après plusieurs
années par votre rapporteur
(cf. avis n° 80, Tome IV,
1995-1996, pages 81, 82 et 98) et qui répondaient à un souci
essentiel :
conforter une activité reconnue à juste titre
comme
prioritaire
en trouvant les moyens, alors que la faiblesse de
la " culture du renseignement " dans notre pays est souvent
dénoncée, de mieux faire prendre en compte, au sein du Parlement,
le rôle du renseignement, en instaurant un climat de confiance entre la
représentation nationale et des services essentiels pour la
sécurité de notre pays.
A. L'ÉVOLUTION DES CAPACITÉS FRANÇAISES DANS LE DOMAINE DU RENSEIGNEMENT
1. La contribution française au recueil de renseignement lors du conflit du Kosovo
Votre
rapporteur rappellera ici les données déjà
développées dans le rapport d'information précité
présenté par la commission des affaires étrangères,
de la défense et des forces armées en juin dernier.
Au cours des opérations du Kosovo, la France a déployé un
ensemble important de moyens de recueil de renseignement :
. en matière d'imagerie, le satellite d'observation optique
Hélios I et, sur le théâtre, le radar Horizon de
surveillance des mouvements terrestres, emporté par des
hélicoptères Cougar, le Mirage F1CR et le Mirage IV P de
l'armée de l'air, l'Etendard IV P de l'aéronautique navale et les
drones CL 289 et Crécerelle,
.
en matière de recherche électromagnétique, le
Transall C 160 Gabriel et le Mirage F1CR doté du pod Astac, les
sous-marins nucléaires d'attaque de la Marine nationale,
positionnés près des côtes yougoslaves et des
détachements avancés de transmission des éléments
.
en matière de recherche humaine, le recueil d'information par
des unités spécialisées auprès de
réfugiés.
Ces différents moyens, qui témoignaient d'une amélioration
notable depuis la guerre du Golfe, ont contribué à l'autonomie de
décision des autorités françaises, en particulier dans le
choix des cibles et l'évaluation des dommages.
Toutefois, des limitations ont été rencontrées, que ce
soit par exemple dans les systèmes d'information et de communication
sécurisés et à haut débit ou dans la
capacité d'observation tous temps ainsi que dans les moyens
complémentaires d'observation.
2. Les différents équipements consacrés au renseignement
Votre
rapporteur souhaiterait ici brièvement présenter les
différents moyens mis en oeuvre pour le recueil et l'exploitation du
renseignement, qui dépassent très largement ceux dont disposent
les services de renseignement au sens strict.
En effet, en dehors du domaine du
renseignement stratégique
,
relevant du satellite d'observation Helios I, les armées disposent de
différents équipements conçus pour le renseignement de
théâtre.
S'agissant du
renseignement
d'origine électromagnétique,
on peut mentionner la livraison, prévue en 2000, du SARIGUE-NG
(Système aéroporté de recueil d'information de guerre
électronique-nouvelle génération), destiné à
succéder à l'actuel DC8 SARIGUE, le transfert du Berry,
retiré du service cette année, au
Bougainville
du
MINREM (
Moyen interarmées navalisé de recherche
électromagnétique) dont les capacités seront
actualisées d'ici 2005, la rénovation du Transall Gabriel, et la
constitution d'un nouveau détachement avancé des transmissions.
Pour le
renseignement d'origine image
, il est procédé
à l'expérimentation du drone HUNTER de construction
israélienne, dont l'endurance est supérieure à
24 heures et qui pourrait également être utilisé pour
la désignation d'objectif laser alors qu'est envisagée
l'amélioration des capacités de reconnaissance des avions de
combat (pod PRESTO).