Projet de loi de finances pour 2000, TOME VI - Energie.
BESSON (Jean)
AVIS 91-TOME VI (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 149 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE L'ÉNERGIE -
CHAPITRE II -
BILAN ÉNERGÉTIQUE FRANÇAIS -
CHAPITRE III -
OBJECTIFS ET MOYENS DE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE FRANÇAISE -
CHAPITRE IV -
SITUATION DES GRANDS SECTEURS PRODUCTEURS D'ÉNERGIE EN FRANCE
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VI
ÉNERGIE
Par M. Jean BESSON,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
12
)
(1999-2000).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'année 1998 a été marquée par une baisse de la
facture énergétique due à la diminution des prix du
pétrole. Cette situation est d'autant plus remarquable que
l'intensité énergétique de notre économie atteint
un minimum historique : la France demeure, avec le Japon, l'un des Etats
du monde qui utilise l'énergie de la façon la plus efficace. Pour
autant, notre pays ne peut " s'endormir sur ses lauriers " et doit
veiller à poursuivre dans la voie
d'une réelle maîtrise
de la demande d'énergie.
La conjoncture énergétique favorable ne doit pas non plus masquer
le fait que la France doit son indépendance à
l'existence d'un
pôle nucléaire compétitif
. C'est pourquoi il est
indispensable d'en assurer la pérennité, notamment grâce au
développement de la technologie de l'
European Pressurized Water
Reactor
. Les pouvoirs publics doivent également rester soucieux
d'informer nos concitoyens
en améliorant la transparence de la
filière nucléaire
et en
assurant la gestion de l'aval du
cycle.
La transposition des deux importantes directives sur la
libéralisation des marchés de l'électricité et du
gaz
constitue enfin le dernier grand sujet d'actualité. Il est vital
d'assurer, dans le cadre d'une concurrence libre et loyale, le
développement des activités nationales et internationales d'EDF
et de GDF et le financement d'un service public de qualité au
bénéfice de tous les Français.
Politique de longue durée, la politique de l'énergie ne doit pas
devenir l'enjeu de querelles partisanes.
CHAPITRE IER -
LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE
L'ÉNERGIE
La France a signé, en 1996 et en 1998, deux importantes directives relatives à la libéralisation des marchés intérieurs de l'électricité, d'une part, et du gaz, d'autre part. En favorisant la diminution du prix de l'énergie, ces deux directives permettront d'accroître la compétitivité de l'industrie européenne. Cependant, pour être applicables, ces deux textes nécessitent l'adoption de deux projets de loi et d'un grand nombre de textes de portée réglementaire.
I. LES TRANSPOSITIONS EN COURS
A. ACHEVER RAPIDEMENT LA TRANSPOSITION DE LA DIRECTIVE " ÉLECTRICITÉ "
La
directive n° 96/92 du 19 décembre 1996 du Parlement
européen et du Conseil concernant les règles communes pour le
marché intérieur de l'électricité prévoit
une
ouverture progressive
de ce marché.
A compter de son entrée en vigueur, le 19 février 1997,
les consommateurs de plus de 100 Gwh par an sont déclarés
" éligibles " : ils jouissent de la faculté
d'acheter leur courant dans des conditions de marché à des
producteurs qu'ils choisissent librement. La directive prévoit que
l'ouverture s'effectue ensuite en trois paliers :
- le
19 février 1999
, le seuil d'éligibilité
passe à
40 Gwh
par an ;
- le
19 février 2000
, il est abaissé à
20 Gwh
par an ;
- enfin le
19 février 2003,
il diminue de nouveau
à
9 Gwh
.
En France, 400 sites sont éligibles depuis le
19 février dernier. Ce nombre passera à 800 en
février 2.000 et à
3.000 en février 2003.
Après cette date, une nouvelle directive pourra prévoir
d'accroître l'ouverture du marché en fonction des résultats
obtenus.
Dans le respect du principe de subsidiarité, la directive
n° 96-92 laisse aux Etats membres la faculté de choisir les
modalités selon lesquelles ils entendent assurer sa mise en oeuvre, sous
réserve d'atteindre les objectifs qu'elle fixe et dont les trois
principaux sont :
- d'assurer une
ouverture significative du marché
de
l'électricité ;
- de garantir un
accès non-discriminatoire au réseau
tant aux producteurs qu'aux clients ;
-
d'interdire les abus de position dominante
notamment grâce
à une
séparation comptable des activités
des
groupes intégrés.
Elle contient en outre une
clause de réciprocité
au
bénéfice des Etats qui ont totalement libéralisé
leur marché. Ceux-ci auront, en effet, la faculté d'interdire le
développement des opérateurs relevant d'Etats qui n'auront pas
mis en oeuvre la directive ou qui auront libéralisé leur
marché moins rapidement qu'eux.
1. La transposition constitue désormais une urgence...
Votre
rapporteur pour avis ne détaillera pas ici le contenu du projet de loi
relatif à la modernisation et au développement du service public
car le rapport
1(
*
)
de M. Henri Revol,
au nom de la Commission des Affaires économiques contient un examen
détaillé des dispositions techniques de ce texte.
Il tient cependant à souligner son attachement à deux
dispositions de ce texte qui concernent les collectivités locales.
Afin que les
autorités concédantes
puissent exercer
efficacement le contrôle du bon accomplissement des missions de service
public, il est indispensable que les décrets d'application de l'article
17 leur permettent de consulter toutes les informations nécessaires
d'ordre économique, commercial, industriel, financier ou technique
détenues par leur concessionnaire.
En outre, conformément à l'article 49 bis
adopté par le Sénat, il est nécessaire que les
redevances d'occupation du domaine public
versées par les
concessionnaires aux autorités concédantes
soient
relevées
, au minimum en fonction de l'évolution
générale des prix des travaux de génie civil.
La Commission des Affaires économiques tient à
réaffirmer son attachement à une ouverture progressive du
marché destinée à préserver celui-ci
d'évolutions trop brutales, ainsi qu'à la préservation
d'un service public de qualité grâce à un financement
durable et mutualisé.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite, en outre, comme son
rapporteur l'a indiqué devant le Sénat lors de l'examen du projet
de loi de transposition, que le contenu de la directive trouve une traduction
rapide en droit français.
En effet, la directive est juridiquement entrée en vigueur après
sa publication, le 19 février 1997. Son contenu aurait, en
principe, dû être transposé en droit français avant
le 19 février 1999, date de franchissement du premier seuil
d'ouverture du marché aux consommateurs de plus de 40 Gwh par an.
La Commission européenne a indiqué qu'une enquête
était en cours, au sujet du non-respect par la France de la directive
n° 96-92. Même si l'entrée en fonction de la nouvelle
Commission, présidée par M. Romano Prodi a quelque peu
retardé l'action des autorités de Bruxelles, tout donne à
penser que la France fera l'objet d'un recours en manquement si elle ne
procède pas très rapidement à la transposition de la
directive.
2. ...pour contribuer au développement d'EDF
Electricité de France conduit une politique
particulièrement active de développement à
l'étranger. Elle a notamment, moyennant 13 milliards de francs,
pris, au début 1999, le contrôle de
London Electricity
en
remportant l'appel d'offres lancé par Entergy, le propriétaire
américain de cette société britannique.
London Electricity
dessert 2 millions de clients à Londres,
emploie 3.600 personnes et contrôle 7,3 % du marché du
Royaume-Uni.
Elle a réalisé un
chiffre d'affaires de 1,25 milliard de
livres sterling en 1997-1998,
et un
bénéfice de
160 millions de livres
.
Cette acquisition constitue une nouvelle étape dans la stratégie
de développement international d'EDF, qui compte désormais
30 millions de clients en France et 17 millions de clients à
l'étranger.
Cette stratégie s'est d'ailleurs poursuivie au cours de
l'année 1999.
A l'automne 1999, EDF a déposé une
offre d'achat de
25,01 % du capital d'EnBW,
la compagnie d'électricité du
Bade-Wurtenberg, pour un prix de 2,56 milliards d'euros. Cette
opération, qui n'est pas encore conclue, permettrait à EDF de
réaliser, selon les propres termes de son président :
" une implantation stratégique en Allemagne par le biais d'une
acquisition "
2(
*
)
. EnBW occupe, en
effet, une position essentielle dans le Sud-Ouest de l'Allemagne où il
jouissait d'un statut monopolistique avant la libéralisation du
marché de l'électricité, juridiquement intervenue au mois
d'avril 1998.
Prétextant la lenteur de la France dans la transposition de la
directive, les autorités allemandes menacent d'utiliser la clause de
réciprocité afin d'empêcher EDF de mettre ses projets en
oeuvre. La stratégie d'expansion de notre opérateur historique en
Europe risquerait donc d'être fragilisée. Or, l'opérateur
historique français devra affronter, dans le futur, des groupes de plus
en plus puissants, à commencer par celui créé en Allemagne
par la fusion de VEBA et de VIAG dont les ventes cumulées
d'électricité représenteront près de 40 % du
total de l'électricité produite par EDF.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que la
transposition rapide de la directive n° 96-92 permette à
EDF de poursuivre sa croissance à l'étranger. Elle estime
également que cette transposition doit être lucide et
réaliste, et tenir compte des résultats obtenus chez nos
principaux concurrents, lesquels ont parfois davantage ouvert leur
marché en apparence qu'ils ne l'ont libéralisé en
réalité.
B. PRÉPARER ACTIVEMENT LA TRANSPOSITION DE LA DIRECTIVE " GAZ "
La
directive n° 98-30
du Parlement européen et du Conseil du
22 juin 1998 concernant les règles communes pour le
marché intérieur du gaz
naturel
doit être
transposée avant le 10 août 2000
.
Elle
s'applique au transport, à la distribution, à la
fourniture et au stockage du gaz naturel
.
Les activités de production restent, quant à elles, soumises
à la directive du 30 mai 1994 sur les conditions d'octroi et
d'exercice des autorisations de prospecter, d'exploiter et d'extraire des
hydrocarbures dite " directive amont ".
1. Une ouverture progressive prenant en compte les spécificités du marché gazier...
La
directive " gaz " tend à réaliser, aux termes de son
article 34 un marché concurrentiel du gaz naturel,
caractérisé par
l'absence de discrimination
entre les
entreprises de gaz naturel. Elle prévoit, en outre, que les Etats
membres ont la faculté d'imposer à ces entreprises des
obligations de service
public
qui peuvent porter sur la
sécurité, y compris la sécurité
d'approvisionnement, la régularité, la qualité et le prix
des fournitures et la protection de l'environnement, le cas
échéant dans le cadre d'une
planification de long terme.
Elle institue un
droit d'accès
des tiers au réseau
qui permettra aux clients et aux fournisseurs de gaz d'entrer en contact, soit
sur la base d'un prix négocié, soit en fonction d'un tarif
publié. Elle prévoit l'obligation de
tenir des comptes
séparés
dans les groupes qui interviennent à la fois
dans le transport, la distribution et le stockage du gaz naturel. La
dissociation et la transparence comptable doivent, en effet, prémunir de
tout abus de position dominante.
La directive précise en outre que si la constitution d'un marché
intérieur du gaz naturel est un
" facteur important pour
l'achèvement du marché intérieur de
l'énergie "
,
" le marché intérieur du gaz
naturel doit être mis en place progressivement pour que l'industrie
puisse s'adapter à son nouvel environnement de manière souple et
rationnelle et pour tenir compte des différentes structures de
marché dans les Etats membres "
(considérants
n° 3 et n° 8).
C'est pourquoi elle prévoit une ouverture par étapes, dans des
conditions analogues à celles retenues pour le marché de
l'électricité, ainsi qu'il ressort du tableau ci-dessous :
CALENDRIER D'OUVERTURE DU MARCHÉ GAZIER
Quand ? |
Sont éligibles ceux qui consomment plus de : |
Part de marché concernée en France (en volume) |
Nombre de clients éligibles en France |
Au plus tard le 10 août 2000 |
25 millions de m 3 |
20 % |
100 |
A partir d'août 2003 |
15 millions de m 3 |
28 % |
300 |
A partir d'août 2008 |
5 millions de m 3 |
33 % |
700 |
Concrètement, la directive énonce que l'ouverture
s'effectuera en trois paliers, en fonction de la quantité
consommée par les clients déclarés
" éligibles ", et s'appliquera :
- le
10 août 2000
pour les
consommateurs
de
plus de
25 millions
de m
3
(soit
100 éligibles représentant 20 % du marché en
France) ;
- le
10 août 2003
pour les
consommateurs
de
plus de
15 millions
de m
3
(soit 300
éligibles qui correspondent à 25 % du marché du gaz
français) ;
- le
10 août 2008
pour les
consommateurs
de
plus de
5 millions
de m
3
, (qui sont 700 en France et
représentent 33 % du marché national).
2. ...dans le cadre d'un projet de loi précédé d'une large concertation
Votre
Commission des Affaires économiques se félicite que, suivant les
recommandations qu'elle avait émises à l'occasion de l'examen du
projet de budget pour 1999, le Gouvernement ait procédé à
une large concertation avant de présenter son projet de loi de
transposition.
En juin 1999, un livre blanc intitulé "
Vers la future
organisation gazière française
" a été
publié. Il présente, de façon très
pédagogique, les principales questions posées par l'introduction
de la directive n° 98-30 en droit français. Dans ce livre
blanc, le Gouvernement propose :
- de définir les missions de service public dans la loi, ainsi que
les moyens qui sont nécessaires à leur accomplissement ;
- d'édicter des normes adaptées à la
variété des situations que le texte régira (transport sous
régime de concession d'Etat, distribution effectuée dans le cadre
de concessions communales, valorisation des possibilités de stockage,
régime juridique des grossistes) ;
- d'assurer que l'ouverture du marché bénéficie
à tous les consommateurs, y compris les non éligibles ;
- d'instituer une autorité de régulation chargée du
contrôle du marché gazier.
Le Gouvernement a également chargé Mme Nicole Bricq,
députée de Seine-et-Marne, de mener une mission de concertation
et de réflexion auprès de tous les partenaires
intéressés par ce dossier. D'autre part, le Conseil
économique et social a adopté un avis sur le rapport très
argumenté présenté par M. Charles Fiterman.
Votre commission des affaires économiques estime aujourd'hui
prématuré d'émettre un avis sur les propositions
émanant du " livre blanc ". Elle souligne toutefois, que,
conformément aux conclusions de la Commission d'enquête sur la
politique énergétique de la France, il serait souhaitable de
créer une autorité de contrôle commune aux marchés
électrique et gazier.
Votre Commission des Affaires économiques veillera tout
particulièrement au respect des compétences dévolues aux
collectivités locales, qu'il s'agisse des autorités
concédantes de la distribution ou des distributeurs non
nationalisés, à l'occasion de l'examen du projet de loi portant
transposition de la directive " gaz ".
Elle estime qu'il convient d'ores et déjà de s'inspirer des
améliorations apportées au projet de loi relatif à la
modernisation et au développement du service public de
l'électricité pour accroître les compétences de ces
collectivités, notamment en ce qui concerne :
- l'accès aux informations économiques, commerciales,
industrielles, financières et techniques détenues par le
concessionnaire et dont la connaissance permet une amélioration du
service public ;
- la faculté d'intervenir en matière de maîtrise de la
demande d'énergie.
D'un point de vue général, votre Commission des Affaires
économiques souhaite connaître le délai dans lequel le
Gouvernement entend procéder à la transposition de la directive
n° 96-30.
II. LE PROGRAMME CADRE " ÉNERGIE " ET LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE L'ÉNERGIE
Adopté au Conseil européen du
13 novembre 1998,
le programme cadre
" énergie "
regroupe tous les programmes
gérés par la DG XVII. Il est doté d'un budget
prévisionnel global de 170 millions d'euros pour la
période 1998-2002.
Il se compose de six programmes spécifiques qui accordent une place
importante aux énergies renouvelables et à l'utilisation
rationnelle de l'énergie :
- ETAP est consacré aux études et aux
prévisions ;
- SYNERGIE tend à promouvoir la coopération internationale
en finançant des actions de collaboration avec des pays tiers, des
études et des actions de formation ;
- ALTENER est consacré au développement des sources
d'énergie renouvelables (ENR), notamment grâce à une
campagne d'" aide au décollage " des ENR ; son budget est
passé de 45 à 74 millions d'euros ;
- SAVE tend à améliorer l'efficacité
énergétique de l'Union et son budget, initialement fixé
à 35 millions d'écus, a été
augmenté : il atteint désormais 64 millions
d'euros ;
- CARNOT, nouveau programme, est destiné à promouvoir
l'utilisation efficace des combustibles solides et notamment celle reposant sur
une utilisation " propre " du charbon ;
- SURE tend, quant à lui, à favoriser la sûreté
du transport des matières radioactives, le contrôle de la
sécurité et la coopération industrielle notamment en ce
qui concerne les installations nucléaires situées sur le
territoire de l'ex-URSS.
On notera en outre qu'à l'issue du Conseil des ministres de
l'énergie du 11 mai 1999, la Commission européenne a
été chargée de préparer un
projet de directive
définissant un cadre communautaire pour l'accès au marché
intérieur de l'électricité provenant des sources
d'énergie renouvelable.
Ce projet tendra à accroître la
part de marché des ENR en supprimant les obstacles à leur
utilisation.
Votre Commission des Affaires économiques n'est pas hostile à
l'apparition d'une politique européenne de l'énergie
destinée à favoriser les économies d'échelles et
à éviter les doubles emplois, notamment en matière de
recherche. Elle souhaite cependant qu'il soit procédé à
une évaluation rigoureuse et périodique de l'ensemble des
programmes précités.
CHAPITRE II -
BILAN ÉNERGÉTIQUE
FRANÇAIS
I. UNE LÉGÈRE RÉDUCTION DE LA PRODUCTION ET UNE FAIBLE HAUSSE DE LA CONSOMMATION
Pour la deuxième année consécutive,
la
production nationale
d'énergie primaire a, en 1998,
enregistré une légère baisse (-2,6 %), passant de
123,1 millions de tonnes d'équivalent pétrole (Mtep)
à 119,9 Mtep.
Malgré quelques variations, la
structure de la production totale est
sensiblement analogue à celle observée antérieurement
,
le charbon représentant 2,9 % ; les énergies
renouvelables autres que l'énergie hydraulique 9,6 % ;
l'hydraulique 12,3 % et le nucléaire 71,8 %.
Le parc électronucléaire ayant atteint sa maturité, la
structure du bilan énergétique est désormais très
stable d'une année sur l'autre. Le taux de disponibilité du parc
électronucléaire s'est élevé à 81,1 %
en 1998, soit un chiffre comparable au taux observé en 1997
(82,7 %) et 1996 (81 %).
La
consommation nationale
d'énergie s'est, quant à elle,
élevée à 249,4 Mtep après correction
climatique. Elle progresse de 1,5 % par rapport à 1997,
après une hausse de 0,9 % en 1997.
Sa structure est, à l'instar de celle de la production, stable entre
1997 et 1998. Elle se répartit entre le recours au charbon (6,4 %),
au pétrole (39,7 %), au gaz (13,7 %), aux énergies
renouvelables autres que l'hydraulique (4,7 %) et à
l'électricité d'origine primaire (résultant de la
production des barrages et des centrales nucléaires) pour 35,5 %.
La structure de la
consommation de l'énergie
demeure
également stable. Elle se répartit, comme en 1997, entre :
- la consommation finale non-énergétique (6,8 %) ;
- la consommation finale énergétique (84 %) ;
- la consommation de la branche énergie (9,2 %).
L'intensité énergétique
, calculée à
partir du
rapport entre la consommation d'énergie primaire
corrigée des variations climatiques
et le produit intérieur
brut marchand
(PIB) en volume,
atteint un minimum historique.
En effet, la croissance de la demande d'énergie (+1,5 % en 1998) a
été beaucoup moins rapide que celle du PIB (+3,5 %) la
même année. On notera que cette baisse s'est produite
malgré l'existence de prix de l'énergie historiquement bas qui ne
favorisent nullement les efforts de maîtrise de la consommation
d'énergie.
II. BAISSE DE LA FACTURE ÉNERGÉTIQUE, ET DU TAUX D'INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE
Le
taux d'indépendance énergétique
, calculé
à partir du ratio de la production nationale primaire sur la
consommation totale corrigée du climat s'est stabilisé au-dessus
de 50 % de 1993 à 1997. Pour la première fois depuis lors,
il diminue et représente 48,5 %.
Cette régression résulte essentiellement d'une diminution de la
production d'électricité d'origine nucléaire ou
hydraulique, compensée par une augmentation de la production des
centrales thermiques classiques qui fonctionnent à partir de
combustibles fossiles importés.
La facture énergétique de la France, solde des importations
et des exportations de produits énergétiques
a diminué
de 1997 à 1998 de 86 milliards de francs à 61 milliards
soit -29%.
C'est la plus faible enregistrée, en francs constants
depuis 1970 et la plus basse jamais observée si on la rapporte au PIB
marchand
(indicateur de l'activité à laquelle elle a
contribué).
Ce résultat remarquable est dû à une baisse des
importations (- 22,8 %) très importante et supérieure
à celle des exportations (- 9,3 %).
Cette double baisse résulte de la
chute des cours du pétrole
brut
de -33 % en deux ans et de la
quasi-stabilité du
dollar,
devise utilisée pour acquitter les dépenses
énergétiques.
Afin de nuancer les conclusions trop positives que d'aucuns pourraient tirer de
ce tableau, il convient de noter que :
- les importations de pétrole brut ont crû de
5,1 % ;
- les exportations d'électricité ont diminué aussi
bien en quantité (-12,5 %) qu'en valeur (-8 %).
Votre Commission des Affaires économiques considère,
malgré des résultats conjoncturellement positifs, que les
variations qui caractérisent l'évolution de la consommation
française d'énergie justifient un maintien de l'effort fait,
depuis 1999, afin de relancer la politique de maîtrise de la demande,
d'autant que le doublement du prix du pétrole observé au
premier semestre 1999 ne manquera pas de renchérir la facture
énergétique de la France.
CHAPITRE III -
OBJECTIFS ET MOYENS DE LA POLITIQUE
ÉNERGÉTIQUE FRANÇAISE
Comme le note M. Gabriel Gaudy, dans un avis récemment présenté au Conseil économique et social intitulé, les perspectives énergétiques de la France à l'horizon 2010-2020 3( * ) , " le temps de l'énergie est celui de la longue durée " . C'est pourquoi il est nécessaire de conserver une politique de l'énergie reposant, d'une part, sur un programme nucléaire toujours mieux maîtrisé et, d'autre part, sur une réelle volonté de protéger l'environnement notamment grâce à la maîtrise de la demande d'énergie et au développement des énergies renouvelables.
I. POURSUIVRE LE PROGRAMME NUCLÉAIRE
La production d'électricité d'origine nucléaire suscite périodiquement des critiques violentes et des interrogations passionnées. Le débat perpétuellement relancé sur " l'avenir du nucléaire " a le mérite de permettre l'expression de vues contradictoires et d'enrichir la vie démocratique. Cependant, votre commission des Affaires économiques constate que l'abandon du nucléaire constituerait une grave erreur, comme l'exemple allemand en témoigne. C'est pourquoi, il convient de poursuivre les recherches sur les réacteurs du futur et d'améliorer les mesures de sécurité, en particulier, en ce qui concerne l'aval du cycle.
A. L'IMPOSSIBLE ABANDON DU NUCLÉAIRE : L'EXEMPLE ALLEMAND
L'évolution de la situation allemande depuis 1998
illustre
parfaitement le fait que, quelle que soit la volonté de supprimer la
filière nucléaire, une telle hypothèse est inenvisageable
pour un pays développé qui ne dispose pas de ressources
énergétiques suffisantes. L'Allemagne est dotée de
19 centrales nucléaires
qui livrent
28 %
du
total de l'électricité produite dans ce pays
. La
branche
nucléaire emploie
, quant à elle,
150.000 personnes,
dont 38.000 participent directement au
fonctionnement des centrales. L'industrie allemande n'assure pas la fabrication
du MOX utilisé dans les réacteurs. Quant au retraitement des
déchets, il s'effectue soit en France, soit en Grande-Bretagne,
respectivement grâce à la COGEMA et à BNFL.
L'Allemagne rencontre les mêmes difficultés que la France en ce
qui concerne
l'entreposage des déchets nucléaires
. Un seul
site de stockage, situé à Morsleben, est actuellement
opérationnel. Cependant, le stockage y est actuellement interrompu
à la suite d'une plainte déposée par une organisation
écologiste.
Selon le programme de la coalition actuellement au pouvoir, une loi devait,
dans les cent jours suivant les dernières élections au
Bundestag :
- interdire la construction de toute nouvelle centrale ;
- prohiber le recyclage du combustible et obliger au stockage direct en
fin de cycle ;
- déterminer -dans le cadre d'un consensus- les modalités
d'une négociation avec les compagnies d'électricité sur la
sortie du nucléaire, la durée de ces négociations ne
devant pas dépasser un an.
Constitué en octobre 1998, le groupe de travail tripartite (industriels,
Etat fédéral et Länder) chargé de définir les
termes d'un consensus n'est pas parvenu à trouver une solution
satisfaisante pour toutes les parties aux négociations. Parmi les sujets
de conflit figuraient notamment la durée de vie estimée des
centrales et les modalités de provisionnement de l'opération. En
juillet 1999, le chancelier a ajourné toute nouvelle réunion
de cette instance.
Au cours des négociations, les opposants les plus résolus au
nucléaire ont dû faire des concessions
. C'est ainsi, par
exemple, que le ministre écologiste de l'environnement, en
février 1999, a renoncé à inscrire dans la loi
l'interdiction de retraiter les déchets. De leur côté, les
industriels ont fait savoir qu'ils entendaient poursuivre l'exploitation des
réacteurs tant que les autorisations dont ils jouissaient seraient en
règle
4(
*
)
, sauf à demander de
lourdes indemnités au Gouvernement s'il entendait les en empêcher.
Les pouvoirs publics auraient, finalement, à l'automne, proposé
aux électriciens que le délai de fermeture des centrales soit
fixé au coup par coup, en fonction de l'état de chacune d'elles,
et non plus de façon générale à 25 ans comme
ils le souhaitaient initialement. Il serait, de la sorte, possible
d'arrêter les centrales les plus anciennes avant 25 ans et de
laisser fonctionner les plus récentes au-delà de ce délai.
Parallèlement à la négociation relative à la
fermeture des centrales, le problème du retraitement des déchets
s'est posé de façon particulièrement aigu au cours de ces
derniers mois. En effet, le transport de combustibles irradiés vers la
France ou vers la Grande-Bretagne a été, unilatéralement,
stoppé en mai 1998, de même que le transport, en sens
inverse, des résidus vitrifiés issus du retraitement des
déchets allemands produits par les usines françaises et anglaises.
En février 1999, 3.800 tonnes de combustible étaient
stockées à la Hague, dans l'attente d'être
rapatriées outre-Rhin. Aussi, les autorités de Paris ont-elles
fait part à Berlin de leur volonté de faire cesser cette
situation inacceptable. Finalement, le gouvernement allemand a donné son
accord pour organiser le retour des déchets qui pourrait intervenir au
cours de l'année 2000.
Votre commission des Affaires économiques souhaiterait
connaître l'état exact d'avancement de ce dossier, et aussi la
solution que le Gouvernement français entend lui apporter.
B. UNE NÉCESSAIRE PRÉPARATION : L'EPWR
A
l'étude depuis dix ans,
l'European pressurized water reactor
(EPWR) est le fruit de la collaboration entre Framatome et Siemens. D'une
puissance de 1.450 Mw, ce réacteur permettra :
- de diviser par dix les risques de fusion du coeur et d'accroître
en proportion inverse la sécurité ;
- d'optimiser le rendement de l'utilisation du combustible.
Il importe de lancer la " tête de série " industrielle
suffisamment tôt pour disposer de l'expérience requise afin de
passer à la phase de production, lorsque les centrales nucléaires
françaises commenceront à être déclassées, au
début de la décennies 2011-2020. Dans son avis
précité sur les perspectives énergétiques de la
France, le rapporteur du Conseil économique et social a d'ailleurs
souligné cette nécessité : "
afin de
bénéficier d'un retour sur expérience optimale de
tête de série, le Conseil économique et social engage
fortement à ce que les pouvoirs publics et les partenaires industries
intéressés définissent sans plus tarder -probablement
dès 1999- de quel type de réacteur il sera nécessaire. Une
fois la décision prise, le premier réacteur test devra être
lancé dans les meilleurs délais "
5(
*
)
.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite connaître la
décision du Gouvernement au sujet de la poursuite du programme EPWR.
Elle estime que tout retard dans la commande de la " tête de
série " du réacteur serait très préjudiciable
à l'avenir de l'ensemble de la filière nucléaire.
C. POUR UNE AMÉLIORATION DE LA SÛRETÉ ET DE L'AVAL DU CYCLE
L'acceptation du nucléaire par l'opinion publique procède largement de la confiance que cette technologie inspire aux Français. C'est pourquoi il est indispensable de parfaire le dispositif garantissant la sûreté des installations nucléaires et de résoudre la question de la gestion des déchets ultimes.
1. L'indispensable renforcement du contrôle de la sûreté des installations nucléaires.
L'année 1998 a été marquée par la
publication d'un important rapport de M. Jean-Yves Le Déaut,
destiné à la préparation d'un projet de loi sur les
modalités de contrôle et de transparence en matière
nucléaire.
Ce rapport concluait à la création :
- d'une autorité indépendante chargée de la
radioprotection de la sûreté nucléaire ;
- d'une agence de sûreté nucléaire et de
radioprotection constituée sous la forme d'un établissement
public industriel et commercial.
Votre Commission des Affaires économiques juge urgent de
procéder à l'examen du projet de loi destiné à
renforcer la transparence des procédures et la sûreté des
installations nucléaires. Elle souhaite que le Gouvernement
dépose, dès que possible, sur le bureau de chaque
assemblée l'avant-projet de loi soumis à l'examen du Conseil
d'Etat au printemps 1999.
Elle se félicite, au demeurant, des progrès accomplis en
matière de réflexion sur la transparence et la
sûreté.
Dans un rapport présenté au nom de l'Office parlementaire
d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) paru en
mars 1999, M. Claude Birraux, député, établit un
bilan détaillé de l'organisation de la sûreté
nucléaire dans les organismes publics et chez les exploitants. Il
souligne que le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) a
réalisé en la matière d'indéniables progrès,
acquérant une réactivité qui lui faisait défaut
voici dix ans. Il observe, en revanche, s'agissant d'EDF, les
"
dangers de l'autosatisfaction
"
6(
*
)
tout en notant que l'absence d'une autorité de
radioprotection n'est probablement pas étrangère à cet
état de fait. Citant le rapport de la Direction de la
sûreté des installations nucléaires pour 1998 qui critique
en particulier "
la négligence
" à
l'origine de la contamination de la surface des convois de combustibles
irradiés, "
l'endormissement
" qui a contribué
aux problèmes apparus sur l'enceinte de la centrale de Belleville et
"
le laisser-faire
" ayant causé la défaillance
du circuit de refroidissement de la centrale de Civaux, le rapporteur de
l'OPECST souligne cependant les progrès réalisés par EDF
en matière d'amélioration de la maintenance et de respect de la
législation du travail.
Dans le même document, M. Claude Birraux s'interroge sur trois
problèmes encore en suspens :
- les modalités de démantèlement des installations
nucléaires ;
- l'effet des effluents radioactifs rejetés par les centrales ;
- l'incidence sur l'environnement de l'arrêt de l'exploitation des
minerais d'uranium en France.
Votre Commission des Affaires économiques appelle l'attention du
Gouvernement sur la nécessité de traiter rapidement ces
questions, faute de quoi c'est l'acceptation du nucléaire qui serait
mise en cause dans l'opinion publique.
2. La gestion des déchets ultimes
La loi
n° 91-1381 du 30 décembre 1991 relative aux
recherches sur la gestion des déchets radioactifs a prévu
l'exploration de trois modalités de gestion de ces
déchets : la séparation et la transmutation des
éléments à vie longue, le stockage en couche
géologique profonde, enfin l'entreposage de longue durée en
surface. Lors des comités interministériels du
2 février et du 9 décembre 1998, le Gouvernement a
manifesté la volonté de poursuivre les recherches dans ces
trois directions et de privilégier les solutions réversibles.
Séparation et transmutation
Le 9 décembre 1998, le Gouvernement a confirmé son
intérêt pour les recherches sur la transmutation dans les
réacteurs à neutrons rapides d'une part et sur les
capacités de transmutation des systèmes hybrides d'autre part.
Dans cette perspective, des investissements ont été
réalisés à Marcoule sur les installations
" Atalante " afin d'examiner la possibilité de réduire
le volume et la toxicité des déchets par
séparation et
incinération
.
Les recherches en matière de
transmutation
seront poursuivies,
grâce au réacteur Phénix, maintenu en service jusqu'en
2005, le CEA envisageant de poursuivre des études sur ce sujet au moyen
du futur réacteur d'irradiation technologique Jules Horowitz, en
coopération avec le Japon et la Russie notamment.
Le Gouvernement entend enfin, également dans le cadre de la
coopération internationale, tester les possibilités de
réacteurs hybrides
associant un accélérateur de
particules et un réacteur sous-critique.
Conditionnement et entreposage de longue durée
Le Gouvernement a demandé, fin 1998, au CEA de mettre en oeuvre un
programme de recherche sur la possibilité de créer des sites
d'entreposage en subsurface à partir de 2006.
Stockage en couches géologiques profondes
Le premier laboratoire d'étude du stockage en couches géologiques
profondes sera créé à Bure, dans la Meuse. Il sera
implanté à 500 mètres sous terre, dans une couche de
marne particulièrement dense et très imperméable. Les
recherches se poursuivent afin de déterminer la localisation d'un
laboratoire souterrain en terrain granitique. Les études
effectuées dans la Vienne ont, en effet, révélé des
caractéristiques hydrologiques incompatibles avec la création
d'un laboratoire de recherche. On notera que la création du laboratoire
de Bure s'est accompagnée de l'institution d'un Comité local
d'information et de suivi garant, dans les conditions fixées par la loi
n° 91-1381 précitée, de la transparence des travaux
menés dans ce laboratoire.
Votre Commission des Affaires économiques se félicite de la
création du premier laboratoire de recherche sur les déchets.
Elle souhaite que le Gouvernement poursuive activement les études en
cours afin d'explorer jusqu'à leur terme chacune des trois pistes
envisagées par la loi de 1991.
II. POLITIQUE DE L'ÉNERGIE ET PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT
Il existe désormais un consensus dans notre pays sur la nécessité de concilier la politique de l'énergie et la protection de l'environnement. C'est pourquoi la France doit poursuivre son action en faveur de la préservation de l'équilibre écologique de la planète dans les négociations internationales, et favoriser tant la maîtrise de la consommation d'énergie que le développement des énergies renouvelables.
A. POURSUIVRE LES NÉGOCIATIONS INTERNATIONALES
Aux
termes du protocole additionnel à la convention cadre des Nations unies
sur les changements climatiques, signé à Kyoto en
décembre 1997, les pays industrialisés ont accepté de
réduire de 5,2 % leurs émissions de gaz à effet de
serre entre 1990 et la période 2008-2012. L'Union européenne
s'est, pour sa part, engagée à réduire l'ensemble de ses
émissions de 8 %.
Ces objectifs sont ambitieux et
nécessitent, pour être atteints, d'inverser la tendance à
l'accroissement des émissions que constatent les experts.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, les émissions de
dioxyde de carbone dans l'OCDE ont, par exemple, augmenté de 7 %
entre 1990 et 1996. Si elles croissent au même rythme, ces
émissions devraient atteindre vers 2010 environ 30 % de plus qu'en 1990.
Ces prévisions montrent donc l'ampleur du chemin qui reste à
parcourir et expliquent les difficultés rencontrées pour tirer
les conséquences concrètes des engagements pris à Kyoto.
Trois " points durs " subsistent sur lesquels les négociations
n'ont, pour l'instant, pas abouti. Ils concernent :
- la mise en oeuvre des mécanismes de flexibilité (achats de
droits d'émission, possibilité de se prévaloir
d'investissements permettant une diminution des émissions) ;
- l'association des pays en voie de développement (PVD) à la
lutte contre l'effet de serre ;
- la ratification de la convention par les PVD, à laquelle les
Etats-Unis conditionnent leur propre adhésion au traité.
Au cours de la 4
e
convention des Etats parties au
traité, tenue à Buenos Aires en 1998, un plan d'action a
été défini qui prévoit de parvenir à un
accord avant la 6
e
convention susceptible de se tenir fin 2000
ou début 2001. Ce plan d'action porte sur :
- la mise en oeuvre d'une assistance supplémentaire aux PVD
grâce des aides financières et au développement des
transferts de technologie ;
- la poursuite des travaux sur les questions encore en suspens, en
particulier sur les mécanismes de flexibilité et le
système de contrôle des résultats.
Position de l'Union européenne
Le conseil des ministres de l'environnement des 16 et 17 juin 1998 a
fixé la répartition des efforts pour chacun des Etats de l'Union.
Alors que la Grèce et le Portugal auront la faculté
d'accroître leurs émissions respectives de 25 et 27 %, l'Allemagne
et le Danemark devront réduire les leurs de 21 %. Quant à la
France, elle devra maintenir ses émissions à leur niveau actuel.
Conséquences pour la France
En apparence, la position française est plus favorable que celle des
autres grands pays industriels de l'Union européenne. En
réalité, il est vraisemblable que la stabilisation des
émissions sera difficile à atteindre pour notre pays où
elles sont d'ores et déjà particulièrement faibles :
la France rejette 1,7 tonne de carbone par an et par habitant, alors que
l'Allemagne en émet 2,9 et les Etats-Unis 5,4. Or, les émissions
de CO
2
d'origine énergétique ont augmenté de
3,8 % entre 1990 et 1998 en France, traduisant une tendance à la
hausse à moyen terme.
C'est pourquoi le Gouvernement a décidé de mettre en oeuvre un
programme de lutte contre l'effet de serre et d'envisager la taxation des
consommations intermédiaires d'énergie.
Lancé en 1993,
le programme de lutte contre l'effet de serre
a
été précisé en 1998.
Au premier semestre 1999, divers groupes de travail sectoriels ont
été chargés par la Mission interministérielle de
l'effet de serre d'élaborer des propositions de mesures de
réduction des émissions dans les secteurs de l'industrie, du
bâtiment, du transport, de la production d'énergie et de
l'électricité. La mission interministérielle a
élaboré, sur cette base, un synthèse soumise au
Gouvernement.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que celui-ci mette
rapidement en oeuvre les mesures relatives à la lutte contre l'effet de
serre.
Le principe d'une
extension de la taxe générale sur les
activités polluantes (TGAP)
aux consommations intermédiaires
d'énergie a, quant à lui, été retenu par le
Gouvernement en mai 1999. Un livre blanc a été diffusé en
juillet dernier afin de faire le point sur :
- le mode de taxation ;
- les mécanismes de nature à atténuer les effets de
la taxe sur les entreprises ayant une forte consommation d'énergie.
L'extension de la TGAP n'entrerait en vigueur qu'à compter du
1
er
janvier 2001. Les ressources qu'elle permettrait de
collecter seraient intégralement consacrées à
l'abaissement des cotisations sociales payées par les employeurs.
A titre personnel, votre rapporteur approuve ces réformes, qui
permettent de mettre en oeuvre la théorie du " double
dividende " tendant à instituer une fiscalité
environnementale qui intègre les effets externes environnementaux et
à alléger le coût du travail grâce aux recettes des
écotaxes, afin de promouvoir une croissance plus riche en emplois.
Quant à votre Commission des Affaires économiques, elle
réprouve l'accroissement de la fiscalité de l'énergie, qui
diminuera la compétitivité de l'industrie française. Elle
estime, en outre, que l'affectation d'une partie du produit de la TGAP
était un gage de pérennité des moyens consacrés
à la protection de l'environnement.
B. RENFORCER LA POLITIQUE DE MAÎTRISE DE LA DEMANDE D'ÉNERGIE
A la
suite de la publication du rapport du Commissariat général du
plan sur la maîtrise de la demande d'énergie, en 1998, le
Gouvernement a manifesté la volonté de relancer cette politique.
En effet, bien que la France soit, avec le Japon, l'un des Etats qui utilise
l'énergie de la façon la plus rationnelle, des efforts importants
restent à accomplir, notamment dans le secteur des transports.
Le Gouvernement entend favoriser la maîtrise de la demande
d'énergie en :
- aidant à identifier les gisements d'économie
d'énergie rentables et en permettant aux acteurs économiques de
recourir aux produits les plus économes en énergie ;
- éliminant les obstacles à la diffusion des technologies
compétitives ;
- soutenant la recherche et développement pour les projets non
encore rentables.
1. Un effort continu ...
La
maîtrise de la demande d'énergie repose sur une
politique
de longue haleine,
dont deux orientations significatives sont la mise en
oeuvre de la loi du 30 décembre 1996 dite " loi sur
l'air " et le renforcement du parc de cogénération.
Etat d'application de la loi sur l'air
L'année 1998 avait été marquée par la publication
de quatre importants décrets d'application de la loi sur l'air
respectivement relatifs aux rendements minimaux et à l'équipement
des chaudières ; au contrôle périodique des
installations consommant de l'énergie thermique ; au renouvellement
des flottes publiques et enfin à la consommation en énergie des
réfrigérateurs et congélateurs électriques à
usage domestique.
Un décret n° 99-1360 du 5 mai 1999 relatif au
classement des réseaux de distribution de chaleur et de froid
, pris
pour l'application de l'article 23 de la loi sur l'air, permet
désormais au préfet de prononcer, à la demande d'une ou de
plusieurs collectivités locales, le classement d'un réseau de
distribution de chaleur ou de froid.
Ce classement concerne les réseaux existants ou à créer,
sans condition de puissance et sous réserve, pour les réseaux de
chaleur, de répondre à des exigences précises
(alimentation à plus de 50 % par de l'énergie produite par des
ENR ou de la chaleur produite par récupération ou encore par
cogénération).
Pour être classés, ces réseaux doivent, en outre, justifier
de leur équilibre financier eu égard aux conditions tarifaires
pratiquées pour l'utilisation d'énergies concurrentes pour des
services de même nature.
L'arrêté préfectoral portant classement précise
à la fois l'étendue du réseau et la durée du
classement. Dans le périmètre classé, les
collectivités locales jouissent du droit de créer un ou des
" périmètres de développement prioritaire " dans
lesquels le raccordement de certaines installations utilisatrices de chaleur ou
de froid est obligatoire ; dès lors que ces installations sont
neuves ou rénovées et que leur puissance dépasse
30 kilowatts.
Parmi les autres dispositions de la loi sur l'air intéressant le secteur
de l'énergie et toujours non appliquées en 1998, une seule est
entrée en vigueur en 1999. Il s'agit de l'article 21-IV, relatif
à la définition des spécifications des carburants,
désormais applicable grâce à la parution de
deux arrêtés du 25 mai 1999 respectivement relatifs
au super sans plomb et au gasoil (cf. le chapitre IV ci-après).
En revanche,
trois dispositions restent inappliquées trois ans
après le vote de la loi :
- l'article 24 relatif aux
transports publics fonctionnant
à l'aide de carburant oxygéné
;
- l'article 27 relatif au
remboursement d'équipements non
polluants pour les transports en commun
(il n'a, jusqu'ici, pas fait
l'objet de textes d'application car aucune technologie n'existait. Compte tenu
de l'apparition de systèmes de dépollution opérationnels,
le Gouvernement se propose de publier un texte sur ce sujet dans les mois
à venir).
Enfin, le
rapport bisannuel sur l'évolution des énergies
fossiles
n'est toujours pas paru en 1999. Il devrait être
publié en l'an 2000, soit avec un retard de deux ans par rapport
à la date fixée par le projet de loi.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que le
Gouvernement prenne rapidement des mesures pour appliquer les dispositions de
la loi sur l'air non encore entrées en vigueur
.
Une extension du parc d'installations de cogénération
La cogénération permet de combiner la production d'énergie
(turbines à vapeur ou à combustion, moteurs thermiques), souvent
à des fins industrielles, et celle d'électricité, avec des
rendements performants.
Les installations de cogénération bénéficient d'un
régime fiscal favorable grâce à :
- un amortissement exceptionnel sur douze mois ;
- une exonération de la taxe intérieure pour le gaz naturel,
le gaz de raffinerie et le fioul lourd à basse teneur en soufre.
En outre, afin de favoriser le développement de la
cogénération, un nouveau système de
rémunération a été institué au
bénéfice des cogénérateurs en mars 1997. Le projet
de loi adopté par le Sénat portant transposition de la directive
électricité prévoit de maintenir ce système, tout
en compensant à EDF les surcoûts qu'elle subit du fait de
l'obligation d'achat du courant produit par cogénération qui lui
incombe.
Les mesures prises depuis deux ans ont eu un important impact : alors
qu'en 1997 149 installations de cogénération
bénéficiaient d'un certificat de conformité, pour une
puissance totale installée de 562 Mw, leur nombre atteint 638 en 1998
pour une puissance totale installée de 4.407 Mw
.
2. ...dont la poursuite repose sur l'action de l'ADEME
Parallèlement à son action en faveur de la
préservation de l'environnement, l'Agence de l'environnement et de la
maîtrise de l'énergie (ADEME) joue un rôle essentiel afin de
" catalyser " les aides à la recherche et au
développement en matière de maîtrise de l'énergie
(MDE). Elle s'intéresse aussi bien à la prospective, à
l'expertise économique et à la formation qu'à
l'utilisation rationnelle de l'énergie dans l'industrie, les transports,
le bâtiment, l'agriculture et les bioénergies. En l'an 2000,
l'ADEME prendra une part importante au
programme national de lutte contre
l'effet de serre
dont le Gouvernement arrêtera le contenu d'ici
à la fin 1999.
Le projet de loi de finances pour 1999 a budgétisé les taxes
antérieurement affectées à l'ADEME, le Gouvernement
s'engageant, dans le même temps, à lui attribuer un financement
annuel de 500 millions de francs au cours des prochaines années
tant au titre des actions en faveur de l'environnement que pour celles
relatives à la MDE.
Dans le projet de budget pour l'an 2000, les moyens de fonctionnement
attribués à l'ADEME restent stables, à hauteur de
97 millions de francs. Les autorisations de programme croissent de 220
à 242 millions de francs. Quant aux crédits de paiement, qui
passent de 229 à 127 millions de francs, leur diminution ne pose
pas de problème car le montant demandé permet, selon les
informations communiquées à votre rapporteur, de faire face aux
besoins, dans une période de " montée en puissance " de
programmes qui ne sont pas encore parvenus à maturité.
C. FAVORISER LES TECHNOLOGIES " PROPRES ", NOTAMMENT DANS LE SECTEUR DES TRANSPORTS
En
France, l'intensité énergétique, rapport de la
consommation primaire d'énergie corrigée du climat et du PIB
marchand en volume, a globalement diminué depuis 1975, et se situe,
ainsi qu'on l'a vu au deuxième chapitre du présent rapport,
à un niveau historiquement bas.
Ce bon résultat masque des évolutions très diverses selon
les secteurs économiques. Ainsi, alors que l'intensité
énergétique a baissé de 40 % en vingt ans dans
l'industrie, elle se situe, en 1999, au même niveau qu'en 1979 dans le
secteur des transports où la consommation globale d'énergie a
augmenté de 60 % depuis 1973 !
Compte tenu de la place essentielle des transports dans une économie
développée et de l'accroissement prévisible de la demande
de mobilité due à la constitution du grand marché
intérieur européen et à l'évolution des modes de
vie, il est indispensable d'envisager dès à présent les
modalités d'une politique de long terme tendant à rendre les
systèmes de transport moins consommateurs d'énergie. Cette
politique passe par une modification de l'organisation des systèmes de
transport et par le recours à des véhicules économes et
propres.
1. Améliorer l'organisation du système de transport
L'ADEME
accorde des aides au
développement du transport combiné
. A
cette fin, elle a versé 150 millions de francs de subventions pour
investissements en 1998 aux transporteurs. Le montant de l'économie de
gazole réalisée de ce fait est estimée à
18.000 tonnes.
Pour favoriser la
réduction du trafic automobile
, l'ADEME
contribue à des études sur la mise en oeuvre de plans de
déplacements urbains et la réalisation des schémas de
services collectifs de l'énergie et des transports.
2. Encourager l'utilisation de véhicules économes et propres
Le
véhicule électrique
La France détient, avec 60 % du total, le premier parc de
véhicules électriques privés immatriculés entre
1992 et 1998 dans l'Union européenne, la Suisse et la Norvège. Ce
parc ne s'élève cependant qu'à 5.000 véhicules
dont un tiers appartient à EDF. La progression des ventes s'est
nettement tassée entre 1996 et 1997, passant de 1.304 à
727 véhicules, avant d'atteindre 1.400 immatriculations en
1998.
La lenteur du décollage des ventes de véhicules
électriques résulte d'une série de handicaps (production
en petites séries, faible autonomie, manque d'infrastructures telles que
les bornes de rechange) que les aides accordées par l'Etat ne suffisent
pas à compenser, malgré leur importance. Actuellement, les
personnes privées bénéficient d'une prime à l'achat
de 15.000 francs TTC par véhicule et les collectivités
locales d'une aide de 10.000 francs HT pour le premier véhicule et
de 15.000 francs HT par véhicule en cas d'achat de trois
véhicules électriques.
Le véhicule à gaz de pétrole liquéfié
Le gaz de pétrole liquéfié (GPL) peut être
utilisé soit par des véhicules conçus pour fonctionner
à l'essence mais équipés d'un kit, soit sur des
véhicules à bicarburation dotés d'un réservoir
intégré. Le surcoût unitaire moyen de ces véhicules,
qui avoisine actuellement 12.000 francs, pourrait baisser dans les
trois ans à venir, pour s'établir à environ
6.000 francs.
Le parc de véhicules fonctionnant au GPL atteindra vraisemblablement
160.000 unités à la fin 1999
, contre 130.000 fin 1998.
La multiplication des voitures GPL a entraîné une forte hausse des
ventes de ce carburant, qui sont passées de 99.000 tonnes en 1997
à 154.000 tonnes en 1998.
Au cours de la même période, le nombre de stations-services
distribuant du GPL a crû de 30 %, atteignant 1.200 points de vente
en France.
La multiplication du nombre de véhicules fonctionnant au GPL est de
nature à améliorer la qualité de l'air, notamment en
milieu urbain , aussi convient-il de l'encourager. Cependant, cet accroissement
est susceptible de poser des problèmes spécifiques de
sécurité, notamment en cas d'incendie. L'explosion survenue
à Vénissieux, où un véhicule a blessé
six sapeurs-pompiers en février 1999, constitue le signal d'un
danger qu'il convient de prendre désormais en compte.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite connaître
les projets du Gouvernement en matière de " signalisation "
des véhicules fonctionnant au GPL. Elle craint, en effet, qu'un marquage
apparent des véhicules légers de façon permanente ne
constitue une " cible " pour les incendiaires. Elle souhaiterait
connaître les mesures que le Gouvernement entend prendre afin de limiter
la gravité des incendies de véhicules GPL (installation de
soupapes de sécurité sur les réservoirs de gaz, mise en
place de systèmes d'identification non permanents qui ne se
déclenchent qu'en cas d'incendie notamment)
.
Le gaz naturel pour véhicules
Du fait de contraintes techniques, l'utilisation du gaz naturel pour
véhicules (GNV), semble davantage réservée à
l'alimentation de flottes captives. Le surcoût unitaire d'un autobus
fonctionnant au GNV étant estimé à 250.000 francs,
l'ADEME a lancé, en 1997, un appel à candidature au terme duquel
des équipements ont été installés au Mans, à
Nice, à Valence et en région parisienne.
Le parc de véhicules fonctionnant au GNV est encore limité :
une grande partie des 2.300 véhicules légers appartient
à GDF et seuls 140 autobus urbains et une dizaine de bennes
à ordures ménagères fonctionnent grâce à ce
carburant.
Selon les indications communiquées à votre rapporteur pour avis,
le nombre des autobus fonctionnant au GNV pourrait atteindre 300 à la
fin 1999, et 600 fin 2000.
Votre Commission des affaires économiques souhaite que le
Gouvernement renforce l'aide de l'Etat aux collectivités locales qui
recourent à des modes de transport collectif qui respectent
l'environnement.
Vers un développement des véhicules à pile à
combustible ?
La pile à combustible permet, à l'inverse de
l'électrolyse, de faire réagir de l'hydrogène avec de
l'oxygène pour produire de l'énergie. Elle ne rejette que de la
vapeur d'eau dans l'atmosphère et constitue donc un moyen idéal
de lutte contre la pollution atmosphérique. En outre, son rendement
énergétique est excellent puisque 50 à 70 % de
l'énergie produite est utilisée contre 25 % pour un
véhicule à essence.
Malheureusement, le développement de véhicules fonctionnant avec
une pile à combustible est limité par le coût de cette
technologie et par le volume important qu'elle occupe dans un véhicule.
A cause de ces handicaps, les premiers véhicules de série
fonctionnant grâce à une pile à combustible ne sont pas
attendus avant une quinzaine d'années par les spécialistes. On
notera cependant que BMW a annoncé, en février 1999, la
décision de lancer la première voiture équipée
d'une pile à combustible employée pour fournir
l'électricité nécessaire au système de bord et
notamment à la climatisation. Au même moment, Daimler-Chrysler a
rendu public un projet d'investissement, basé en Islande, destiné
à réaliser des expériences sur l'utilisation de cette
technique dans les transports en commun. Enfin, devant votre Commission des
Affaires économiques réunie le 27 octobre, M. Hiromi
Suzumura, vice-président de Toyota Motor Europe a souligné
l'importance de cette technologie pour améliorer les performances
environnementales de l'automobile.
Favoriser l'utilisation des biocarburants
Bien qu'ils ne représentent, en 1998, que 0,3 Mtep sur un total de 26,3
Mtep d'énergies renouvelables produites en France, les biocarburants
sont susceptibles d'apporter une contribution importante à
l'évolution du système de transport. Actuellement, 19
distilleries d'éthanol disposent d'une capacité de 2,83 millions
d'hectolitres par an. La production d'éthyl tertio buthyl ester
s'élève à 0,213 million de tonnes, et celle d'ester
méthylique d'huile végétale à 0,21 million de
tonnes.
On enregistre une tendance à la diminution de la superficie
cultivée pour la production de biocarburants, leur coût de
production demeure en effet nettement supérieur au coût de
production des carburants fossiles.
Votre Commission des affaires économiques souhaite que les pouvoirs
publics favorisent le développement des biocarburants en soutenant les
efforts des producteurs afin de réduire leur coût de production.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite également que
le Gouvernement poursuive l'aide à la recherche et les incitations en
matière d'économie d'énergie et d'encouragement à
l'utilisation des carburants de substitution dans les transports.
CHAPITRE IV -
SITUATION DES GRANDS SECTEURS
PRODUCTEURS D'ÉNERGIE EN FRANCE
I. LA PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ
Situation financière d'EDF
Le chiffre d'affaires d'électricité de France a connu une baisse
régulière au cours de ces trois dernières années,
passant de 191,1 milliards de francs en 1996 à 185 milliards en 1998.
Cette évolution s'explique par la conjugaison de deux mouvements :
- une hausse modérée des ventes d'énergie
(+ 2,7 % en moyenne en 1997 et 1998) ;
- une perte de recettes moyenne de 2,5 % par an résultant de
la baisse des tarifs.
Les investissements réalisés en 1998
s'accroissent,
atteignant
35,7 milliards de francs
soit près de sept
milliards de plus qu'en 1997.
Le résultat net comptable
enregistre, quant à lui, une
amélioration puisqu'il passe de 1,87 milliard en 1996 à 1,54
milliard en 1997 et à
2,08 milliards de francs en 1998.
Exécution du contrat d'entreprise 1997-2000
Conclu le 8 avril 1997, le contrat d'entreprise Etat-EDF couvre la
période 1997-2000.
Il prévoit, en premier lieu,
une baisse tarifaire
de 13,3 %
en francs constants sur quatre ans, qui est déjà largement
entamée puisque pour les clients domestiques, le prix moyen a
diminué, en francs courants de 4,3 % en avril 1997, 2,2 % en
mai 1998 et 2 % en mai 1999.
Votre Commission des affaires économiques souhaite que le mouvement
de baisse tarifaire soit poursuivi, afin que l'ouverture du marché de
l'électricité ne profite pas exclusivement aux consommateurs
éligibles, mais aussi aux usagers domestiques qui ne disposent pas du
droit de choisir leur fournisseur.
Le désendettement d'EDF s'est poursuivi. La dette cumulée
de
l'établissement public, qui atteignait près de
133 milliards
de francs en 1996
a diminué régulièrement depuis lors
de 7,7 milliards de francs, puis de 3,7 milliards de francs en 1997 et
1998.
En 2000, cette dette devrait se situer aux alentours de 100 milliards
de francs
, selon les termes du contrat d'entreprise. Un tel montant
d'endettement permettrait, si le mouvement entrepris en 1996 se poursuit, de
suivre une trajectoire permettant d'atteindre un endettement nul lorsque le
parc de production devra être renouvelé, entre 2010 et 2020.
Les capitaux propres d'EDF
s'élèvent désormais
à
84,2 milliards de francs
, contre 82 milliards à la
fin de l'exercice 1997.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour
avis
, les résultats des différentes filiales d'EDF sont
contrastés,
" les activités liées aux
métiers de base générant des résultats
satisfaisants tandis que les activités plus périphériques
rencontrent des difficultés ".
Votre Commission des affaires
économiques se félicite de la " remise en ordre " des
activités d'EDF, qui s'est notamment dégagée du secteur de
la vidéocommunication.
Les activités d'EDF à l'étranger
poursuivent, quant
à elles, leur développement et
dégagent un
résultat positif de 897 millions de francs en 1998. Le portefeuille de
participations
de l'entreprise s'élève à
27 milliards de francs
à la fin du dernier exercice.
Votre Commission des affaires économiques souhaite que l'apurement de
la dette d'EDF se poursuive. Elle estime également nécessaire le
recentrage de l'opérateur historique sur les activités
liées à son métier de base. Ce recentrage n'est, en effet,
nullement incompatible avec l'élargissement du principe de
spécialité auquel il est soumis (dans le cadre des dispositions
de l'article 42 du projet de loi de transposition) afin de fournir une offre
multi-services, à l'instar des autres " ensembliers
énergétiques " en passe de se développer en Europe et
dans le monde.
Evolution des échanges d'électricité avec
l'étranger
Après avoir connu une légère baisse en 1997, les
exportations
ont enregistré un
léger redressement en
1998
, passant de 69,5 à 70,8 Térawatts/heure (Twh) en
volume. Le solde des échanges (exportations moins importations)
connaît cependant une réduction, passant de 18,7 à
12,6 milliards, cette variation s'explique par le quadruplement des
importations, qui croissent de 4 Twh à 13,4 Twh entre 1997 et
1998, d'une part à cause de l'indisponibilité de plusieurs
réacteurs nucléaires (Civaux, Belleville et Chooz) ou de
centrales thermiques classiques (Gardanne) et d'autre part à cause de la
faible hydraulicité observée en 1998.
Le solde des échanges d'électricité avec chacun des autres
pays européens est, en valeur, toujours positif, ce qui traduit
l'importance de notre pays dans le paysage électrique européen.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que la
transposition de la directive " électricité " permette
à EDF de mener une politique commerciale encore plus dynamique à
l'exportation, à l'heure où les barrières aux
échanges vont tomber au sein du marché unique de
l'électricité.
II. LE SECTEUR GAZIER
Bien que
la consommation de gaz naturel ne représente que 14 % de la
consommation énergétique nationale, tout donne à penser
que le recours au gaz se développera dans les années à
venir du fait du faible coût de cette matière première et
du développement des installations de cogénération. A la
veille du regain d'intérêt pour le gaz pronostiqué par tous
les spécialistes, Gaz de France occupe, pour sa part, une place
stratégique en Europe que le projet de loi de transposition de la
directive gazière devra contribuer à renforcer.
Résultats de Gaz de France
Le
chiffre d'affaires
de Gaz de France (GDF) s'élève
à
58,7 milliards de francs
en 1998, en hausse de 6,3 %.
Son bénéfice net
après rémunération
de l'Etat atteint
2,5 milliards de francs
. Cette évolution
favorable procède de trois facteurs principaux :
- un climat un peu plus rigoureux en 1998 qu'en 1997 ;
- un net accroissement des ventes qui concerne tant les particuliers
(161.000 nouveaux clients domestiques) que les entreprises qui utilisent
des installations de cogénération ;
- une baisse du prix moyen d'achat du gaz supérieure à la
diminution des tarifs domestiques (respectivement de 9 % et 2,5 %).
Les
investissements
de GDF se sont poursuivis à un rythme
soutenu, atteignant un total de
7,7 milliards de francs
,
répartis entre 5 milliards d'investissements dans l'hexagone et
2,7 milliards consacrés à des prises de participations et
à des créations de filiales à l'étranger
(190 millions de francs pour l'exploitation-production,
2,455 milliards pour le transport et la distribution et 80 millions
de francs dans les activités climatiques et thermiques).
Application du contrat d'objectif 1997-1999
Le
développement de l'entreprise
se poursuit tant
en
France,
où l'objectif d'une croissance des ventes de +3 % a
été dépassé et où la réduction des
prix continue (avec des baisses de 2,5 % en mai et novembre 1998 et
-5 % en mai 1999) qu'à
l'étranger
où le
chiffre d'affaires consolidé atteint 8,5 milliards de francs.
Les
missions d'intérêt général
confiées à GDF sont remplies dans les conditions suivantes :
Afin de renforcer la
sécurité d'approvisionnement,
de
nouveaux contrats ont été signés avec le Royaume-Uni,
tandis que se renforce le rôle de " plaque tournante " de la
France (grâce à la signature des accords de transit de gaz
norvégien et de gaz nigérian, et à l'entrée en
service du gazoduc NORFA, qui relie, depuis 1998, la France et la
Norvège).
L'extension de la desserte gazière se poursuit
: sur
36.000 communes, 7.200 représentant 41 millions d'habitants
sont desservies par le réseau gazier. Dans le cadre fixé par
l'article 50 de la loi du 2 juillet 1998, le décret
n° 99-278 du 12 avril 1999 a précisé les
conditions d'élaboration des plans départementaux de desserte
gazière. Quant au plan national de desserte, il serait, selon les
informations communiquées à votre rapporteur, publié au
plus tard le 14 avril 2000. Les communes qui, après cette
date, ne seraient pas desservies pourront faire appel à un autre
opérateur que GDF ou créer une régie.
L'établissement public national poursuit également ses efforts en
matière de
protection de l'environnement
en promouvant
l'utilisation du gaz destiné aux transports urbains et du Gaz naturel
pour véhicules (GNV). Il a consacré 71 millions de francs en 1998
à la réhabilitation des sites des anciennes usines à gaz.
Afin d'agir en faveur de la
sécurité
, GDF mène une
politique systématique d'amélioration de la qualité de la
chaîne de distribution et d'utilisation du gaz naturel qui explique
qu'aucun accident mortel ne soit survenu en 1998. La création du service
"diagnostic qualité gaz" a, quant à lui, permis de
réaliser plus de 39.000 diagnostics sur des installations n'appartenant
pas à GDF (copropriétés et particuliers, HLM).
Outre le développement de formes de partenariat avec les
collectivités locales (dont près de la moitié de celles
qui sont desservies en gaz ont signé le nouveau cahier des charges de
concession) GDF a renforcé sa contribution à la lutte contre
l'exclusion. Il verse avec EDF une participation de 75 millions de francs par
an aux fonds pauvreté-précarité. Au surplus, un
numéro vert a été ouvert par ses services pour recevoir
les demandes des clients en situation d'urgence. Enfin,
1.065 emplois-jeunes ont été créés en 1998.
III. LE SECTEUR PÉTROLIER
Le
secteur pétrolier connaît actuellement d'importantes
transformations, et notamment des fusions telles que celles qui ont
concerné BP et Amoco, Total et Pétrofina, et plus
récemment encore, Elf et Totalfina. Dans ce contexte, les pouvoirs
publics ont un rôle d'autant plus important à jouer pour assurer
la régulation du marché.
Mise en oeuvre des directive sur les carburants
Deux directives respectivement relatives à la qualité des
carburants et aux émissions des véhicules à moteur ont
été publiées le 28 décembre 1998. Elles
constituent le premier volet du
programme AUTO-OIL
dont le second volet
-qui fixera les spécifications des carburants pour 2005- sera
défini d'ici à la fin de 1999.
La directive sur la qualité des carburants interdit la vente d'essence
plombée à compter du 1
er
janvier 2000, tout
en ouvrant aux Etats la faculté de demander une dérogation. Elle
prévoit également, à compter de la même date :
- un abaissement des teneurs maximales en benzène, soufre,
oléfines et aromatiques pour
l'eurosuper
;
- un abaissement de la teneur en soufre et en polyaromatiques pour le
gazole
.
Deux arrêtés du 25 mai 1999 -portant effet au
1
er
janvier 2000- ont transposé la directive tant
pour l'eurosuper que pour le gazole. Le supercarburant plombé ne sera,
quant à lui, plus commercialisé à compter du
1
er
janvier 2000. Afin de satisfaire les besoins des
véhicules mis en circulation avant 1987, un carburant remplaçant
le sans-plomb sera mis en vente à la même date.
La France a également déposé des demandes de
dérogations concernant les carburants vendus dans les DOM pour la teneur
en plomb et relatives à la teneur en soufre pour la Réunion.
Situation de l'industrie française du raffinage
Grâce à l'amélioration de la conjoncture économique
et à un prix du brut peu élevé, le volume global de
traitement des raffineries françaises a crû de 3,2 % en 1998,
atteignant 92,6 millions de tonnes (Mt). Le volume net de produits finis
des raffineries a également augmenté de près de 4 %
atteignant 86,1 Mt.
L'accroissement de la production concerne notamment le secteur de l'essence
(avec une hausse des exportations via les Etats-Unis). On notera cependant que
la production totale de distillats moyens ne permet pas de satisfaire la
demande interne.
L'entrée en vigueur de la directive précitée sur la
composition des carburants a rendu des investissements nécessaires. Pour
l'ensemble des 14 raffineries françaises, 600 millions et
325 millions de francs ont été respectivement investis pour
respecter les normes relatives au benzène et au soufre.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite connaître
les mesures que le Gouvernement entend prendre pour permettre d'assurer la
mutation du secteur du raffinage français.
En effet, comme l'avait souligné le rapport de la Commission
d'enquête du Sénat sur la politique énergétique de
la France, la structure du système de raffinage français et le
déséquilibre de la consommation en faveur du gazole susciteront
des difficultés après 2005 lors du passage à la seconde
phase d'AUTO-OIL. Ce problème dépasse d'ailleurs le cadre
national. Il existe une surcapacité structurelle de raffinage en Europe
où la consommation de produits pétroliers atteint
580 millions de tonnes (Mt) par an alors que la capacité de
distillation est supérieure à 655 Mt par an.
En d'autres termes, 10 à 15 raffineries sont menacées de
fermeture, à terme. Comme le relevait récemment le
Bulletin de
l'industrie pétrolière
: [...] "
pour certaines
raffineries, l'alternative pourrait être de ne pas procéder
à [des] investissements et d'attendre l'entrée en vigueur des
spécifications [2005] pour transformer leur site en dépôt
et limiter ainsi le coût de fermeture
"
7(
*
)
.
L'importance des investissements (de 5 à 20 milliards de francs
pour une raffinerie) et la quasi-impossibilité de les réorienter
vers de nouveaux types de production ne manqueront pas de favoriser les
rapprochements et les fusions. Or, le secteur de l'aval pétrolier
(raffinage, distribution, recherche et développement) a, d'ores et
déjà perdu près de 2.400 emplois, passant entre 1993
et 1998 de 19.843 à 17.453 salariés.
Votre Commission des Affaires économiques estime, par
conséquent, qu'il est dès à présent souhaitable
d'envisager, parallèlement à l'édiction de nouvelles
normes applicables aux carburants dans le cadre du programme AUTO-OIL, les
modalités de l'évolution du secteur du raffinage
.
La distribution de carburants
Les grandes surfaces assurent désormais plus de la moitié de la
distribution de l'ensemble des carburants en France. C'est pourquoi la loi de
finances pour 1997 a instauré une majoration de la taxe d'aide au
commerce et à l'artisanat, destinée à abonder les
ressources que le comité professionnel de la distribution des carburants
(CPDC) est chargé de répartir en faveur des petits distributeurs
de carburants situés sur tout le territoire et notamment en zone rurale.
Le 20 janvier 1999, le CPDC a adopté les modalités
d'application d'un nouveau dispositif d'aide plus transparent,
élaboré sur la base des recommandations formulées par
l'Inspection des finances en 1998.
Le nouveau système tend à :
- améliorer la protection de l'environnement en octroyant une
subvention d'investissement, dans la limite de 250.000 francs par
station-service ;
- garantir la pérennité des stations-services en les aidant
à se diversifier, grâce à une subvention maximale de
200.000 francs ;
- verser une aide (d'un montant maximum de 120.000 francs) à
la fermeture de certains sites pour en limiter les conséquences sociales.
Ces aides sont partiellement cumulables. L'aide à l'environnement peut
être attribuée avec l'une ou l'autre des deux autres aides.
En 1998, 1.372 dossiers d'aide ont été examinés, 985
étant retenus pour un montant total d'aides distribuées de
64 millions de francs.
IV. LE SECTEUR CHARBONNIER
Activité et résultats des Charbonnages de France
En 1998, l'Etat a apporté aux Charbonnages de France une aide de
5,42 milliards de francs -en hausse de 35 millions de francs- qui se
décompose entre une subvention budgétaire de 2,92 milliards,
destinée à compenser le déficit d'exploitation des
activités d'extraction
8(
*
)
, et une
dotation en capital de 2,5 milliards de francs.
Le montant total des aides versées en 1999 devrait connaître une
très légère baisse et avoisinerait 5,39 milliards de
francs.
En 1998, le chiffre d'affaires a baissé de 3,489 à
2,903 milliards de francs. Le résultat d'exploitation se
dégrade également et passe, quant à lui, de - 2,8 à
- 2,917 milliards de francs. Cette évolution entraîne une
baisse du résultat courant qui passe de - 4,447 à - 4,736
milliards de francs.
Perspectives d'exploitation du site de Gardanne
Les contraintes techniques d'exploitation de la mine de Gardanne ont, au cours
dernières années, conduit à un fort accroissement du prix
de revient du charbon qui y est extrait. En 1998, ce prix s'élevait
à 650 francs par tonne, soit trois fois le prix de vente, le
déficit d'exploitation dépassant de ce fait 530 millions de
francs. Un rapport sur les conditions de poursuite de l'activité de la
mine jusqu'à sa fermeture a conclu à la nécessité
de n'exploiter qu'un des panneaux de la mine sur deux et a
considéré qu'il paraissait "
impensable d'envisager une
poursuite de l'exploitation après 2005. "
En février-mars 1999, un mouvement social est survenu à Gardanne.
Il a conduit le ministre et les responsables locaux à se rencontrer. A
l'issue de ces contacts, il a été décidé de :
- poursuivre l'activité de la mine jusqu'en 2005 ;
- construire, avant 2003, une nouvelle tranche de production
électrique à Gardanne, en utilisant la technologie du lit
fluidisé circulant ;
- assurer, outre la création de 200 à 300 emplois en sept
ans, celle de de 200 emplois-jeunes.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que le
Gouvernement mette en oeuvre rapidement le dispositif qui permettra
d'atténuer les effets économiques et sociaux de
l'inéluctable fermeture du site de Gardanne.
Application de la loi n° 99-245 du 30 mars 1999 relative à
l'indemnisation des victimes d'effondrements miniers.
Adopté dans la rédaction du Sénat, ce texte fait suite au
dépôt, entre 1996 et 1998, de plusieurs propositions de loi par
des parlementaires appartenant à tous les groupes politiques du
sénat.
Lors de son examen en séance publique devant la Haute Assemblée,
en janvier 1999, le ministre et le rapporteur avaient souhaité que les
décrets d'application paraissent dans les plus brefs délais. Ces
décrets ne sont cependant toujours pas parus. La loi est, en
conséquence, inapplicable, ce qui pose de réels
problèmes : les victimes d'effondrements ne sont pas
indemnisées alors que de nouveaux effondrements peuvent survenir
à tout moment.
Votre Commission des Affaires économiques regrette ce manque de
diligence et souhaite obtenir des engagements très précis du
Gouvernement quant à la mise en oeuvre de l'indemnisation des victimes
d'effondrements miniers.
V. LES ÉNERGIES RENOUVELABLES
La
production française d'énergies renouvelables atteint environ
26,6 millions de tonnes d'équivalent pétrole (Mtep) en 1998.
Elle résulte pour 52,5 % de la production hydroélectrique
des grands barrages. La consommation de bois correspond pour sa part à
près de 34,5 %. Ces deux sources d'énergie
représentent donc à elles seules 87 % des ENR produites en
France.
Parmi les autres sources d'énergie renouvelables, la géothermie
représente 0,53 % avec 0,14 Mtep ; l'énergie
solaire 0,06 % avec 0,017 Mtep et l'énergie éolienne
0,04 % avec 0,011 Mtep.
A l'occasion du débat sur la politique de l'énergie
organisé devant l'Assemblée nationale en janvier 1998, le
secrétaire d'Etat à l'industrie a confirmé la
volonté de favoriser l'utilisation des ENR lorsqu'elles sont
compétitives, d'encourager la R&D lorsqu'elles ne le sont pas. C'est
à cette fin que plusieurs grands programmes de diffusion des ENR ont
été lancés.
L'électrification des sites isolés
bénéficie
du concours d'un fonds doté de 100 millions de francs par an.
Depuis 1995, ce fonds a permis d'électrifier 1.128 sites dont
près de la moitié située dans les DOM, pour une puissance
estimée à 914 Kw. Ce système a permis d'éviter
la construction de près de 1.400 kilomètres de lignes
électriques.
La
diffusion de chauffe-eau solaires dans les DOM
sera facilitée
grâce à une réduction d'un tiers de leur prix.
200.000 d'entre eux seront installés en cinq ans dans les DOM, avec
l'aide de l'ADEME, soit une économie de 10.000 Tep par an.
Le plan
Bois-énergie développement local
tend à
créer 225 chaufferies au bois dans des bâtiments collectifs,
soit une économie de 70.000 Tep par an. Fin 1998,
188 chaufferies étaient en service, représentant une
puissance de 150 Mw. Elles ont bénéficié d'une aide
totale de 75 millions de francs. Le programme bois-déchet vise,
quant à lui, à favoriser le recours aux déchets de la
filière bois, notamment en octroyant des aides à l'investissement.
Le programme Eole 2005
permettra de doter la France d'une
capacité éolienne de 250 à 500 Mw. Un premier appel
à proposition, lancé en 1997 pour une puissance de 50 Mw, a
permis de sélectionner vingt projets d'une capacité totale de
77,5 Mw. Une deuxième tranche permettra, d'une part, de
sélectionner des projets installés en Corse et dans les DOM pour
une puissance installée de 47,8 Mw d'ici à la fin 2000 et,
d'autre part, de sélectionner des projets pour une capacité de 75
Mw en France continentale.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur, le prix
moyen de rachat de l'électricité serait d'ores et
déjà passé de 38 à 34 centimes par kilowattheure,
et la baisse des prix attendue permettrait de rendre cette filière
compétitive à moyen terme.
Observant qu'en Allemagne, la puissance installée du parc
éolien totalise d'ores et déjà 2.800 Mw, votre
Commission des Affaires économiques souhaite que la France poursuive son
effort de développement de l'énergie éolienne pour
rattraper son retard.
Le
programme biogaz
tend, pour sa part, à favoriser les
investissements permettant la valorisation thermique du biogaz provenant des
décharges d'ordures ménagères, et à favoriser la
production d'électricité à partir du biogaz.
Enfin, le
programme Hélios 2006
est destiné à
soutenir en métropole le développement des chauffe-eau solaires.
En fonction de la superficie des capteurs installée, la prime de l'ADEME
pourra atteindre 6.000 francs par installation. Le budget total
dévolu à ce programme est de 30 millions de francs.
Votre Commission des Affaires économiques estime que la poursuite des
programmes d'aides aux ENR constitue un véritable enjeu dans les
années à venir et souhaite que les aides qui leur sont
accordées soient renforcées.
*
* *
Contrairement aux conclusions de son rapporteur pour avis, la commission a ensuite émis un avis défavorable à l'adoption des crédits de l'énergie inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.
1
Rapport n° 502 de M. Henri
Revol
sur le projet de loi relatif à la modernisation et au
développement du service public de l'électricité.
2
Cité par Le Monde du 11 septembre 1999.
3
Publié au Journal officiel du
1
er
mars 1999.
4
Handelsblatt, 3 août 1999.
5
Avis précité présenté par M. Gabriel
Gaudy au nom du CES, page 55.
6
"Contrôle de la sûreté et de la
sécurité des installations nucléaires", Rapport de
M. Claude Birraux, Assemblée nationale n° 1496,
Sénat n° 285, page 136.
7
Bulletin de l'industrie pétrolière,
22 février 1999, " Documents " page 4.
8
La perte moyenne à la tonne est passée de 169
à 535 francs entre 1990 et 1998, notamment à cause de la baisse
du prix du charbon importé enregistrée au cours de cette
période.