Projet de loi de finances pour 2000, TOME III - Développement rural.
REVOL (Henri)
AVIS 91-TOME III (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 29 0 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
L'ÉVOLUTION DE LA POLITIQUE
DE DÉVELOPPEMENT RURAL-
I. L'ACTION MENÉE PAR LES POUVOIRS PUBLICS EN
FRANCE
- A. LE COMITÉ INTERMINISTÉRIEL D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE DU 23 JUILLET 1999
- B. UN GRAND CHANTIER LÉGISLATIF
- C. LA MISE EN VALEUR DE L'AGRICULTURE DE MONTAGNE
- D. LES ÉVOLUTIONS EN MATIÈRE DE GESTION DES DÉCHETS ET D'ACTIVITÉS POLLUANTES ET SES RÉPERCUSSIONS SUR LE MONDE RURAL
- E. L'INVENTAIRE COMMUNAL
-
II. L'IMPORTANCE DE LA POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EN
MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT RURAL
- A. LE DÉVELOPPEMENT RURAL À TRAVERS LA RÉFORME DES FONDS STRUCTURELS
- B. LE DÉVELOPPEMENT RURAL À TRAVERS LA RÉFORME DE LA PAC
- C. LES CONSÉQUENCES DES RÉFORMES COMMUNAUTAIRES SUR LES ZONAGES FRANÇAIS
- D. LES AUTRES POLITIQUES COMMUNAUTAIRES RELATIVES AU DÉVELOPPEMENT RURAL
- E. LES CHANTIERS EN COURS AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE
-
I. L'ACTION MENÉE PAR LES POUVOIRS PUBLICS EN
FRANCE
-
CHAPITRE II -
LES CRÉDITS CONCOURANT
AU DÉVELOPPEMENT RURAL- I. LES ACTIONS MENÉES PAR LE FNADT EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT RURAL
-
II. LES CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT RURAL
- A. LES CRÉDITS CONSACRÉS À L'ÉLECTRIFICATION À TRAVERS LE FACE
- B. LES CRÉDITS CONSACRÉS À L'ALIMENTATION EN EAU POTABLE ET À L'ASSAINISSEMENT
- C. LE RÔLE DE LA DGE EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT RURAL
- III. LES DOTATIONS INSCRITES AU BUDGET DE L'AGRICULTURE
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME III
DÉVELOPPEMENT RURAL
Par M. Henri REVOL,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
3
)
(1999-2000).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'avis qu'a présenté votre commission jusqu'à
l'année dernière portait sur les crédits du
ministère de l'agriculture consacrés à
l'aménagement rural.
Cet avis, qui n'avait pas d'équivalent à l'Assemblée
nationale, était la manifestation de l'intérêt que le
Sénat portait à l'aménagement rural. Notons que
l'aménagement rural était considéré par votre
commission à la fois comme la déclinaison rurale d'une politique
globale de l'aménagement du territoire, comme l'un des aspects naturels
de la politique agricole et comme l'un des objets possibles de prescriptions
environnementales. Ainsi, l'aménagement rural ne pouvait plus être
considéré comme un " sous-produit de l'activité
agricole ". Il ne relevait donc plus de la seule compétence du
ministère qui en avait traditionnellement la responsabilité mais
aussi du ministère de l'équipement (électrification en
milieu rural...) et de celui de l'aménagement du territoire et de
l'environnement.
Or, cette indécision sur le contenu évolutif de la notion
d'aménagement rural s'est accompagnée d'une opacité
corollaire dans la nature des crédits qui pouvaient
précisément lui être attribués.
C'est pourquoi votre commission, à l'initiative de son rapporteur pour
avis, a souhaité substituer au terme " d'aménagement
rural " celui de " développement rural " non seulement au
vu du caractère par trop réducteur de la notion
" d'aménagement rural ", mais aussi en raison de
l'évolution des politiques nationale et communautaire qui ont
consacré, depuis quelques années déjà, le concept
de " développement rural " : celui-ci prend en compte, en
effet, outre les multiples activités qui se déroulent en milieu
rural, l'exploitation agricole dans ses dimensions économique, sociale,
territoriale et environnementale.
L'année 1999 a d'ailleurs consacré cette notion à
travers l'adoption de la loi d'orientation agricole, la loi
d'aménagement et d'orientation du territoire, ainsi que les
réformes de la politique agricole commune et des fonds structurels.
Au niveau national, le vote de deux textes importants a de fortes
répercussions sur la politique de développement rural : il
s'agit, en premier lieu, de la loi d'orientation agricole : la mise en
place des contrats territoriaux d'exploitation et les dispositions relatives
à l'espace agricole et forestier (titre VI de la loi) constituent
une reconnaissance de la multifonctionnalité de l'agriculture, secteur
essentiel du développement rural ; en second lieu, la loi
d'aménagement et de développement durable du territoire à
travers, notamment, les notions de pays et de schéma collectif des
espaces naturels et ruraux ont trait à la politique de
développement rural.
Le Sénat, sur ces deux textes, n'a pas adopté de position
dogmatique en proposant un contre projet mais a au contraire favorisé
l'enrichissement de ces lois : la voix de la Haute Assemblée n'a
malheureusement guère été entendue...
Dans le domaine communautaire, la réforme de la politique agricole
commune et de la politique des fonds structurels constitue un " moment
fort " pour l'avenir du développement rural en Europe. En effet,
l'adoption aux côtés des grandes organisations communes de
marché, au sein même de la PAC, d'un règlement relatif
à la politique de développement rural permet la prise en compte,
dans un cadre unique, de la dimension environnementale et de
l'élargissement du concept de zones défavorisées à
des zones soumises à des contraintes environnementales. Enfin, la
modification du dispositif relatif aux fonds structurels européens et
ses conséquences au niveau national -en matière de zonage
notamment- ont des effets évidents sur le développement rural.
L'avis que consacre votre commission aux crédits de développement
rural est l'occasion, non seulement de rappeler la politique menée au
cours de l'année écoulée, mais aussi d'examiner
l'évolution des crédits qui y sont consacrés, soit au sein
du " bleu budgétaire ", soit en prenant en compte l'ensemble
des concours publics consacrés au développement rural.
Les crédits de développement rural stricto sensu
(chapitres 44-80/10, 44-80/21 et 44-80/60)
stagnent
avec un peu plus de
82,74 millions de francs (12,7 millions d'euros).
En y ajoutant les opérations d'aménagement rural
(opérations foncières et hydrauliques, grands
aménagements...), on constate une forte diminution des
crédits : en effet l'ensemble de ces postes budgétaires
diminuent d'environ - 15 % en autorisations de programme et
- 26 % en crédits de paiement. Pour l'année 2000, ces
dotations représentent 149,23 millions de francs (22,75 millions
d'euros) en autorisations de programme et 149,55 millions de francs (22,8
millions d'euros) en crédits de paiement.
La plupart des crédits consacrés à la forêt peuvent
être aussi considérés comme bénéficiant au
développement rural : ceux-ci sont en forte augmentation pour
l'année 2000. Ces dotations figurent notamment au chapitre 44-92
relatif au Fonds forestier national et à l'Office national des
forêts, qui s'élève à 1.223,29 millions de francs
(186,49 millions d'euros) ainsi qu'au chapitre 61-45, qui se monte à
413 millions de francs (62,96 millions d'euros) en autorisations de
paiement et 339,2 millions de francs (51,71 millions d'euros) en crédits
de paiement.
Constatons que, pour la première fois, le Fonds forestier national est
intégré au budget de l'Etat.
Votre commission inclut aussi au titre du développement rural les
crédits de compensation de handicaps ou de contraintes
spécifiques, dont le montant se chiffre à plus de 1,5 milliard de
francs (230 millions d'euros).
Les dotations budgétaires affectées aux CTE, d'un montant de 950
millions de francs (144,83 millions d'euros) et qui seront doublées
grâce à la modulation des aides communautaires, viennent
compléter les 4,2 milliards de francs (640 millions d'euros)
consacrés au développement rural pris au sens large (y compris
opérations foncières et hydrauliques, crédits
forestiers...).
Les crédits consacrés au développement rural peuvent
être examinés à travers la notion de concours publics
à l'agriculture
. Deux ensembles concernent le développement
rural : il s'agit, en premier lieu, du sous-ensemble 1-4 destiné
à la compensation de handicaps ou de contraintes spécifiques, qui
s'élève à 4.581 millions de francs (698,38 millions
d'euros) et, en second lieu, du sous-ensemble 5-1 rassemblant les
crédits d'aménagement et de protection de l'espace rural dont les
dotations se montent pour 1998 à 2.108 millions de francs (321,36
millions d'euros).
Ce sont donc au total près de 10 milliards de francs (1,52
milliards d'euros) qui sont mobilisés pour le développement
rural.Votre rapporteur s'inquiète de la forte baisse des dotations
consacrées aux grandes opérations d'aménagement rural
(surtout pour l'hydraulique) et s'inquiète des problèmes
persistants sur la mise en oeuvre des CTE qui se concilient difficilement avec
le dispositif communautaire relatif au développement rural.
CHAPITRE IER -
L'ÉVOLUTION DE LA
POLITIQUE
DE DÉVELOPPEMENT RURAL
L'année 1999 est une
année charnière en
matière de développement rural.
Au niveau national, un grand chantier législatif a été
entrepris, d'une part avec l'adoption de la loi d'orientation agricole et de la
loi d'orientation et d'aménagement durable du territoire, d'autre part
avec la réflexion engagée sur la politique forestière. En
outre, plusieurs actions ont été lancées, notamment sur
l'agriculture de montagne et la valorisation du patrimoine rural.
Sur le plan communautaire, le Conseil de Berlin de mars dernier a
entériné la réforme de la Politique agricole commune et
celle des fonds structurels : les nouvelles dispositions communautaires
-ainsi que leur traduction au niveau national- concernent directement la
politique de développement rural.
I. L'ACTION MENÉE PAR LES POUVOIRS PUBLICS EN FRANCE
A. LE COMITÉ INTERMINISTÉRIEL D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE DU 23 JUILLET 1999
Après le CIADT du 15 décembre 1998 à
Paris, le
Gouvernement s'est réuni à Arles en Comité
interministériel d'aménagement et de développement du
territoire le 23 juillet dernier. La répartition entre les
régions des crédits de l'Etat alimentant les contrats de plan
2000-2006 a constitué le moment phare de ce CIADT : ces
crédits sont axés prioritairement sur la défense de
l'emploi, la solidarité territoriale et le développement durable.
L'enveloppe financière de 105 milliards de francs prévue
à cet effet est répartie en deux volets. Le premier, de
90 milliards de francs, doit tenir compte des besoins
dégagés par les services de l'Etat, sur la base des
crédits fournis antérieurement aux régions. Il sera
modulé entre les ministères selon les priorités qui seront
établies entre les préfets de région et les conseils
régionaux. Ceci constitue la première étape avant que,
dans chaque région, soient sélectionnés des projets d'ici
à la fin de l'année. Chaque préfet de région
connaît ainsi sa dotation et a reçu son mandat de
négociation avec des instructions générales et des
orientations propres à chaque région.
Une seconde enveloppe de 15 milliards de francs -soit une contribution
d'un total de 105 milliards de francs sur sept ans- tenant compte des
priorités qu'auront retenues les régions, sera
déterminée ultérieurement.
Rappelons que la précédente enveloppe des contrats de plan
s'élevait à 88,5 milliards de francs sur six ans.
UN CONTRAT DE PLAN ETAT-RÉGION
Il
s'agit d'un contrat passé entre l'Etat et chaque Conseil régional
dans différents domaines du développement du territoire national
et régional. Dans ce contrat, les partenaires s'engagent sur des
objectifs à moyen terme, déclinés en actions, et sur leurs
financement pluri-annuels. Afin d'être en concordance avec les prochaines
échéances des fonds structurels européens et de
bénéficier totalement de leur appui, la durée des contrats
est passée de 5 années pleines (1994-1998) à sept
années (2000-2006). Sur ces sept ans, 4 feront l'objet d'une
programmation ferme, tandis que les 3 derniers pourront faire l'objet
d'adaptations grâce à un bilan d'exécution à
mi-parcours. Néanmoins, il ne pourra être touché au montant
total de l'engagement des signataires pour les sept ans.
Chaque contrat régional comprend deux ou trois volets : un volet
interrégional, un volet régional et un volet territorial (contrat
de pays et d'agglomération).
Face aux démarches des régions pour une participation accrue de
l'Etat, le premier ministre a annoncé une enveloppe
supplémentaire de 15 milliards de francs, hors contrats de plan.
Cette somme, destinée à des " équipements
d'importance nationale " et à des " programmes
interrégionaux ", concerne notamment la Route
Centre-Europe-Atlantique (RCEA) et les TGV. Par ailleurs, le Premier ministre a
indiqué que dans le cadre des aides pour les reconversions militaires et
industrielles, le Gouvernement avait décidé d'accorder un
milliard de francs supplémentaires d'interventions publiques.
Le Premier ministre a défendu deux " exigences " pour les
contrats de plan, celle du " développement des
régions " et celle de la maîtrise des dépenses
publiques.
Les priorités établies par le Gouvernement sont les
suivantes :
- un réequilibrage progressif vers le rail et les transports
collectifs est attendu ;
- l'enseignement supérieur et la recherche
bénéficient avec 16,16 milliards de francs du
deuxième budget consenti par l'Etat pour les contrats de plan ;
- la notion de développement durable est au centre des
préoccupations gouvernementales ;
- la politique de la ville -parent pauvre de la politique gouvernementale
depuis plus de deux ans- est réintroduite ;
- la coopération interrégionale est maintenue.
Votre rapporteur pour avis note que la dotation pour l'agriculture dans les
contrats de plan augmente de 9,06 %. Elle est fixée à
8,161 milliards de francs (hors TOM).
Les orientations retenues dans
le domaine agricole sont centrées sur les actions de lutte contre les
pollutions, l'emploi agricole et la qualité des produits.
L'Association des régions de France (ARF), par la voix de son
président, notre collègue M. Jean-Pierre Raffarin, a
indiqué que les régions assumeraient toutes leurs
responsabilités pour participer activement au développement de
l'espace national
. Le dialogue se poursuit néanmoins pour
résoudre les trois questions qui restent posées :
l'insuffisance des moyens financiers pour les transports (fer et routes), la
juste répartition et la bonne gestion des crédits
européens ainsi que la relance de la décentralisation.
Devant les Présidents de Conseil généraux, en octobre
dernier,
M. Christian Poncelet, a souligné que la
négociation des nouveaux contrats de plan avait été
" un rendez-vous manqué " pour les relations entre l'Etat et
les collectivités locales.
Le Président du Sénat s'est
demandé, à cette occasion, si l'on pouvait réellement
parler de négociation et de contractualisation lorsque les
Préfets sont condamnés à gérer des enveloppes
déjà arrêtées ?
LE CALENDRIER
23
juillet 1999
: CIADT : le mandat de négociation a
été remis aux préfets ;
Octobre 1999
: réunion avec les préfets sur les
négociations.
Entre le 15 décembre et le 1
er
janvier 2000
:
signature des contrats.
Premier semestre 2000
: élaboration des Docup (document
unique régional de programmation des fonds structurels européens).
2003
: fin de la signature des contrats de pays et
d'agglomérations.
B. UN GRAND CHANTIER LÉGISLATIF
1. Les répercussions des textes adoptés en 1999 sur le développement rural
a) La loi d'orientation agricole
Examinée en première lecture à
l'Assemblée nationale en octobre 1998, la loi d'orientation agricole a
été promulguée en juillet 1999.
Rappelons que ce projet de loi avait été initié par le
Président de la République au début de
l'année 96 et déposé sur le bureau du Sénat en
mai 1997. M. Lionel Jospin, Premier ministre, s'était
engagé dans son discours de politique générale en
juin 1997 à élaborer une nouvelle loi d'orientation en
matière agricole. M. Louis Le Pensec, ministre de l'agriculture et de la
pêche, a déposé ce texte sur le bureau de
l'Assemblée nationale en juin 1998. Si l'architecture du projet de
loi issu du Gouvernement pluriel est comparable à celle du texte
proposé par M. Philippe Vasseur, une analyse approfondie de l'ensemble
des mesures révéle qu'un choix a été fait en faveur
d'un nouveau type d'agriculture, tournée moins vers l'économie
que vers l'aménagement du territoire, la gestion et la protection de
l'environnement.
Votre rapporteur pour avis a estimé
nécessaire de présenter dans son rapport l'ensemble des mesures
relatives au développement rural de la loi d'orientation agricole.
Outre l'article premier qui a trait aux objectifs de la politique
agricole et qui consacre la multifonctionnalité de l'agriculture,
l'indice révélateur de la démarche du Gouvernement est la
disparition du concept d'entreprise et l'émergence du contrat
territorial d'exploitation
1(
*
)
.
Ce contrat territorial, susceptible d'être souscrit par toute personne
physique ou morale avec l'autorité administrative, doit comporter
"
un ensemble d'engagements portant sur les orientations de la
production de l'exploitation, l'emploi et ses aspects sociaux, la contribution
de l'activité de l'exploitation à la préservation des
ressources naturelles, à l'occupation de l'espace ou à la
réalisation d'actions d'intérêt général et au
développement de projets collectifs de production
".
La phase de préfiguration des CTE a démarré dès
l'été 1998. Un colloque important s'est tenu le
29 juin dernier à Rambouillet, permettant une relance du
travail préalable à la mise en place de ces contrats qui ont, en
fait, deux volets : le premier à vocation territoriale et
environnementale, le second à orientation socio-économique.
M. Gérard César, rapporteur pour avis des crédits
consacrés à l'agriculture, a fait état dans son rapport de
la recommandation du Conseil supérieur d'orientation pour l'agriculture
relatif au CTE en date du 16 juin et articulée autour de
11 points.
Votre rapporteur pour avis se félicite de la mise en place des CTE
qui sont un outil intéressant de développement rural. Il souhaite
néanmoins faire part de deux inquiétudes. La première
concerne le financement des CTE à partir de l'an 2000 : en
effet au vu de l'examen du projet de loi de finances pour 2000, on peut
constater les effets pervers d'une redistribution des crédits en faveur
du CTE, et ce au détriment d'un certain nombre d'opérations
importantes telles que l'installation et les offices d'intervention.
Ces contrats sont donc financés par le principe des vases communiquants.
En réalité, le Gouvernement compte sur les futurs contrats de
plan Etat-Régions pour financer les CTE.
Non seulement ce
ponctionnement risque de nuire aux actions mises en oeuvre par les
collectivités territoriales en faveur des agriculteurs, mais il pourrait
également creuser l'écart entre les régions riches et les
moins riches. Pire, avec la technique de la modulation des aides, le
Gouvernement, afin de financer les CTE, rend encore plus floue la
frontière entre le financement communautaire et le financement national,
le spectre de la renationalisation des aides agricoles réapparaissant
alors de plus belle.
Votre rapporteur pour avis craint, en second lieu, que le CTE ne tourne le
dos à l'économie et se transforme en un simple outil de
redistribution sociale.
Si une telle orientation -malheureusement
sous-jacente dans la conception même du CTE- se confirmait, le CTE
perdrait toute chance de devenir réellement un
instrument de
réorientation de l'agriculture " en faveur d'un
développement rural plus raisonné ".
Le titre VI de la loi d'orientation agricole relatif à la gestion de
l'espace agricole et forestier concerne le développement rural.
Plusieurs dispositions, dont certaines sont d'origine sénatoriale
(règle d'éloignement des habitations par rapport aux
bâtiments agricoles, dérogation en faveur des constructions et
installations agricoles ou forestières implantées à
l'écart des zones d'habitation du littoral, action des personnes
publiques et des organisations professionnelles représentatives en
matière de protection de la nature, constatation de
notoriété en cas d'usucapion pour les petites parcelles...)
ont trait au développement rural
: il s'agit notamment de
l'établissement dans chaque département d'un document de gestion
de l'espace agricole et forestier, de la consultation d'un certain nombre
d'organismes lors d'une réduction d'un espace agricole ou forestier, du
renforcement des missions des sociétés d'aménagement
foncier et d'établissement rural, des mesures relatives aux associations
foncières agricoles et de l'article ayant trait aux terres à
vocation agricole ou pastorale propriété de la section.
Par ailleurs, l'article 108 du texte de loi met en place des zones agricoles
protégées.
La préservation de zones agricoles présente un
intérêt général en raison :
- soit de la qualité de leur production ;
- soit de leur situation géographique.
Ces zones, qui font l'objet d'un classement en ZAP, sont
délimitées par un arrêté préfectoral à
la suite d'une enquête publique. Ce classement doit préalablement
recueillir :
- l'accord du Conseil municipal des communes concernées -qui peut
d'ailleurs être à l'origine de la proposition de la ZAP- ;
- l'avis de la Chambre d'agriculture ;
- l'avis de l'INAO ;
- l'avis de la CDOA.
Ces conditions sont cumulatives.
La procédure d'élaboration des zones agricoles
protégées a été calquée sur celle applicable
aux zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager
instituées par les articles 70, 71 et 72 de la
loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la
répartition des compétences entre les communes, les
départements, les régions et l'Etat pour protéger et
mettre en valeur des monuments historiques et des quartiers, sites et espaces
présentant un intérêt d'ordre esthétique, historique
ou culturel.
Il est précisé que la présence de petites parcelles
boisées (moins de quatre hectares selon l'article L.311-2 du code
forestier) n'empêche pas le classement en ZAP, les espaces boisés
faisant l'objet d'une réglementation dérogatoire au regard du
droit de l'urbanisme.
En cas de changement d'affectation ou de mode d'occupation du sol, la ZAP est
protégée. Lorsqu'il n'existe pas de document d'urbanisme (c'est
le cas dans 40 % des communes rurales), le changement d'affectation doit
être soumis à l'avis de la chambre d'agriculture et de la CDOA. Il
est nécessaire néanmoins que ce changement de mode de production
allie durablement le potentiel agronomique, biologique ou économique de
la ZAP concernée. Si l'une des deux instances consultées est
défavorable, seul le préfet, par une décision
motivée, peut autoriser le changement d'affectation.
Tout changement de mode d'occupation du sol issu d'une autorisation au titre du
code forestier (défrichement), du code de l'urbanisme (permis de
construire), du code rural (affectation de terres agricoles), ou de la
législation sur les installations classées n'est pas soumis
à cette procédure spécifique. En outre, le POS prend en
compte la délimitation de la ZAP conformément à
l'article L.126-1 du code de l'urbanisme.
Il convient de souligner que la délimitation de la ZAP laisse aux
préfets un pouvoir d'appréciation, ce dont votre rapporteur pour
avis se félicite.
Rappelons que le Sénat avait souhaité supprimer un paragraphe de
cet article qui exclut cette protection dès lors qu'il existe un
document d'urbanisme. En effet, cette précision n'est pas
cohérente avec l'esprit de l'article 108 puisque :
- sur le fond, les ZAP sont prévues pour protéger
l'agriculture là où elle est menacée de disparition en
raison de fortes pressions foncières, notamment en milieu
périurbain. Ces espaces sont en général couverts par des
documents d'urbanisme ;
- sur la forme, un paragraphe de cet article dispose que les ZAP sont
annexées aux POS dans les mêmes conditions que les servitudes.
C'est donc bien qu'elles sont créées là où il y a
un document d'urbanisme.
L'Assemblée nationale n'a pas souhaité, lors de sa
dernière lecture, retenir cette précision, ce que votre
rapporteur pour avis regrette pour l'efficacité du dispositif.
b) La loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire
La loi
n° 99-533 d'orientation pour l'aménagement et le
développement durable du territoire et portant modification de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire a
été publiée le 25 juin 1999.
A l'occasion de ce texte,
la majorité sénatoriale s'est
efforcée de dégager les lignes de force d'une véritable
politique du territoire autour de trois notions :
innovation, avec la
notion de chef de file, péréquation des ressources
financières des collectivités territoriales et équilibre
entre les prérogatives du Gouvernement et les droits du Parlement, entre
les services et les équipements, entre environnement et économie
et enfin entre zones urbaines et espaces ruraux.
On trouvera dans l'avis de la Commission des Affaires économiques sur
les crédits du ministère de l'aménagement du territoire et
de l'environnement consacrés à l'aménagement du territoire
une analyse détaillée de la loi dite " Voynet ".
Néanmoins, votre rapporteur pour avis des crédits relatifs au
développement rural souhaite rappeler quelques uns des problèmes
posés par ce texte :
- le rôle du Parlement est diminué et l'Observatoire de
l'aménagement du territoire a été supprimé ;
- à l'inverse, les pouvoirs de la DATAR sont
renforcés : on assiste ainsi à une fonctionnarisation de la
politique d'aménagement du territoire ;
- des schémas de services collectifs imposés par
l'administration sont substitués aux schémas directeurs
d'équipement ;
- la " métropolisation " du pays est organisée,
dessinant une France qui se décomposerait en grands ensembles urbains et
en espaces naturels plus ou moins vides ;
- une sorte d'obsession environnementale conduit à délaisser
l'approche économique du développement du territoire ;
- aucune réforme des répartitions de compétences
entre les différents échelons administratifs n'est mise en
place ;
- aucune péréquation des ressources financières des
collectivités territoriales n'est prévue.
C'est notamment l'équilibre entre zones urbaines et espaces ruraux
que votre rapporteur pour avis souhaite examiner :
en effet,
l'article 23 de ce texte de loi -qui en compte 54- met en place un
schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux qui
"
fixe les orientations permettant leur développement durable en
prenant en compte l'ensemble des activités qui s'y déroulent,
leurs caractéristiques locales ainsi que leur fonction
économique, environnementale et sociale
".
Les espaces naturels et ruraux ainsi visés sont les espaces terrestres
et aquatiques peu ou pas touchés par l'urbanisation et les espaces verts
des villes, soit environ 92% du territoire national.
Ce schéma s'inscrit dans la perspective de la directive 92/43/CEE
du 21 mai 1992 relative à la conservation des habitats
naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages, dite directive
" habitats " qui prévoit la création d'ici 2004 du
réseau Natura 2000.
Pour la commission spéciale, le texte soumis au Sénat a
été avant tout marqué par le souci de protection de
l'environnement sans que l'impératif de développement ne soit
réellement pris en compte :
" Tout l'intérêt
d'une démarche qui permettrait de penser un aménagement durable
de l'espace rural ne se trouve-t-il pas réduit par une conception
étroitement environnementaliste qui conduit à considérer
l'ensemble de l'espace rural comme un espace naturel qu'il convient de
protéger ? ".
Votre rapporteur pour avis tient à rappeler les orientations du
Sénat sur ce texte :
Pour la majorité sénatoriale, l'ambition de la politique
d'aménagement du territoire est, en effet, précisément,
d'éviter que la désertification de l'espace rural ne le conduise
à ne devenir qu'un espace naturel dépourvu d'activité
humaine
2(
*
)
.
En outre, si l'on pouvait penser il y a quelques années que les
économies occidentales étaient vouées à une
croissance continue des villes et à une dévitalisation
inéluctable de l'espace rural destiné à devenir l'espace
récréatif d'un monde urbanisé, tel n'est pas tout à
fait le cas aujourd'hui. D'une part, force est de constater que l'espace rural
demeure un lieu d'activité économique, agricole, artisanale et
touristique. D'autre part, l'accroissement des contraintes liées
à la vie urbaine, la modernisation des moyens de transport et les
nouvelles technologies de l'information, offrent à ces territoires de
nouvelles opportunités de développement qu'il convient
d'accompagner.
Non seulement le schéma de services collectifs des espaces naturels et
ruraux tel que défini par l'article 23 ne semble prévoir
aucune mesure en faveur du développement économique de ces
espaces, mais il ne paraît pouvoir déboucher pour les acteurs du
développement rural que sur de nouvelles réglementations qui
viendront s'ajouter à la liste déjà longue des
règles communautaires et nationales. Il n'est, dès lors, pas
étonnant que ces schémas puissent être ressentis par les
élus locaux comme des contraintes supplémentaires, un nouveau
frein au développement durable qu'ils s'efforcent d'organiser.
Le fait que ces schémas ne soient pas soumis au vote du Parlement n'est
pas en outre, pour apaiser les craintes que ces schémas restent
définis de façon technocratique sans prendre en
considération les objectifs et les contraintes des acteurs sur le
terrain.
Le Sénat a estimé que la protection de l'environnement et la
prévention des risques naturels sont des éléments
importants d'une politique d'aménagement de l'espace rural dans la
mesure où elles contribuent à favoriser un développement
durable et à réduire les inégalités entre les
territoires.
Comme l'ont souligné depuis longtemps les travaux de la Commission des
Affaires économiques du Sénat, le développement rural ne
se limite cependant pas à la valorisation de son patrimoine naturel.
Celle-ci doit, en effet, s'intégrer dans une stratégie globale
associant développement économique, diversification des
activités agricoles, maintien et développement des réseaux
de services publics et privés, protection de l'environnement et
prévention des risques naturels.
Le développement rural, comme la protection de l'environnement ont, en
effet, trop souvent pâti de la dissociation de ces deux logiques. C'est
pourquoi, le Sénat n'a pas proposé de supprimer ce schéma,
ni de le restreindre aux seuls espaces naturels, mais de recentrer cet article
sur un objectif de complémentarité entre développement
rural et protection de l'environnement. Le Sénat considère, en
effet, que le véritable objectif de ce schéma n'est pas tant de
protéger la nature pour la nature que de favoriser l'activité
humaine dans ses espaces naturels et ruraux préservés.
C'est pourquoi,
le Sénat a proposé de recentrer cet article
sur un objectif de développement durable du monde rural afin de redonner
sa juste place à l'économie, de s'assurer de la
complémentarité entre développement rural et protection de
l'environnement, et de distinguer plus nettement les territoires ruraux et les
espaces naturels
.
Compte tenu des observations qui précèdent, le Sénat a
adopté, à cet article, un amendement tendant à une
réécriture de cet article qui prévoit que ce
schéma, intitulé schéma directeur des territoires ruraux
et des espaces naturels, fixe les orientations permettant leur
développement durable en prenant en compte l'ensemble des
activités qui s'y déroulent, leurs caractéristiques
locales ainsi que leur fonction économique, environnementale et sociale.
Dans cette perspective, ce schéma définit les mesures propres
à associer le développement économique et la protection de
l'environnement et des paysages et identifie les actions de nature à
valoriser les espaces ruraux et naturels et à favoriser leur
attractivité.
Il est également chargé de prévoir des mesures en faveur
du développement économique, du tourisme rural, de la
réhabilitation et de la construction de logement en milieu rural et de
la diversification des activités agricoles. Il assure enfin la
coordination des mesures de protection des espaces naturels en milieu rural et
périurbain ainsi que des actions de prévention des risques
naturels.
Votre rapporteur pour avis regrette que l'Assemblée nationale n'ait pas
retenu la rédaction adoptée par le Sénat à
l'article 23.
c) La loi sur l'intercommunalité
La loi
n° 99-526 du 12 juillet 1999 relative au renforcement et
à la simplification de la coopération intercommunale a
été adoptée au terme d'une commission mixte paritaire qui
s'est tenue en juin dernier.
L'intercommunalité permet, entre autres, de faire ce que les communes
isolées -et notamment les communes rurales- ne sont pas ou plus capables
de réaliser ou qu'elles obtiendraient à un coût trop
élevé (destruction des ordures ménagères, gestion
de l'eau, transport scolaire...).
Comme l'a écrit notre collègue M. Daniel Hoeffel dans
son rapport au nom de la commission des lois, ce texte, même s'il s'en
distingue sur certains aspects non négligeables, reprend pour une bonne
part les conclusions des travaux du Sénat, notamment quant à
l'objectif de simplification du régime juridique des
établissements publics de coopération intercommunale.
Tout en regrettant à nouveau l'utilisation de la procédure
d'urgence, le Sénat a fait porter son action législative sur deux
points essentiels : il a voulu, d'une part, permettre des
évolutions progressives, et d'autre part préserver les
responsabilités des communes et leur liberté de choix.
Votre rapporteur pour avis
aurait
préféré un texte
plus équilibré
incitant certes à une
intercommunalité forte dans les agglomérations, mais
renforçant, de la même façon, l'intercommunalité
dans les zones rurales, qui y sont souvent mieux préparées.
2. Un texte à venir : la loi d'orientation et de modernisation forestière
a) Le rapport " Bianco "
En
août 1998, M. Jean-Louis Bianco, Président du Conseil
général des Alpes de Haute Provence et ancien président de
l'Office national des forêts, a remis au Premier Ministre un rapport sur
" La forêt : une chance pour la France ". Les principales
recommandations de ce rapport sont les suivantes :
- la création de 100.000 emplois supplémentaires dans
le secteur forestier ;
- un investissement supplémentaire de 1 milliard de francs
dans ce secteur ;
- l'adoption par le Gouvernement d'une stratégie forestière
pour la France ;
- un effort de productivité dans tous les maillons de la
filière afin de :
récolter davantage et moderniser rapidement les ventes de bois,
mettre en place une fiscalité mieux adaptée,
dynamiser la gestion de la forêt privée,
établir un statut de l'exploitation forestière et combattre
le travail illégal,
créer un établissement financier pour favoriser
l'investissement dans la filière bois.
- une mise à niveau du Fonds forestier national ;
- la mise en place d'une certification de la gestion durable des
forêts ;
- l'élaboration d'un plan bois-matériau ;
- le développement de l'usage du bois comme source
d'énergie ;
- l'ONF doit devenir un des gestionnaires majeurs de l'espace naturel en
France et à l'étranger ;
- le développement de la filière forêt-bois doit faire
l'objet d'un chapitre important dans les prochains contrats de plan
Etat/Régions ;
- un travail de simplification juridique ;
- un moratoire réglementaire avec l'application du principe
" prescripteur payeur " ;
- le développement de manière maîtrisée de
l'offre de loisirs en forêt ;
- une meilleure gestion de la protection des forêts contre
l'incendie ;
- le développement de la recherche forestière.
b) Une stratégie forestière nationale
A
la
suite de cet important rapport, le Ministre de l'agriculture et de la
pêche a fixé deux " rendez-vous " majeurs dans le
courant de l'année 1999. Le premier de ces rendez-vous est
l'élaboration d'une stratégie forestière nationale
préconisée
par M. Bianco. voulue comme une
stratégie de filière,
consistant en une réflexion
prospective à l'horizon de 2015
et conduisant à
définir de grands objectifs à atteindre, et à
présenter les principales manières d'y parvenir.
L'élaboration de cette stratégie nationale a été
l'occasion d'un débat sur le rôle de la forêt et du bois,
afin, comme l'a précisé le Ministre de l'agriculture
"
qu'elle permette à nos concitoyens de s'approprier, mieux
qu'ils ne l'ont fait jusqu'à présent, les divers enjeux de notre
politique forestière
".
Cette stratégie a été soumise à l'avis du
Conseil supérieur de la forêt et des produits forestiers
-qui
regroupe les acteurs de la filière forêt-bois-papier, leurs
partenaires et les ministères- le 8 juillet dernier. Elle concerne
tous les aspects du secteur et doit, dans une approche
interministérielle, répondre aux multiples attentes de la
société, parfois contradictoires : des compromis sont ainsi
à chercher entre les industriels du bois, qui veulent plus de bois et
moins cher, les promeneurs qui demandent de nombreux chemins et des sentiers de
randonnée, les utilisateurs de VTT, les chasseurs et les
écologistes... Les débats ont associé
propriétaires, gestionnaires et collectivités locales à
des consultations publiques, à l'échelon interrégional et
ont été élargis à tous les usagers, professionnels
et particuliers
3(
*
)
.
Le document actuel, encore à l'état de projet, met en exergue
quatre axes majeurs pour la stratégie forestière
française :
- des actions rapides et concrètes doivent permettre d'augmenter la
production de bois de plus de 6 millions de m3 en deux ans ;
- la stratégie forestière est avant tout tournée vers
les acteurs locaux qui doivent prendre la juste mesure des contraintes
écologiques, économiques et sociales inhérentes à
chaque écosystème. Dans ce cadre, les contrats de plan permettent
de fédérer, autour d'un projet commun, membres de la
filière et autorités locales ;
- la mise en place d'une gestion interministérielle et
communautaire s'avère aujourd'hui nécessaire ;
- les engagements de la France au niveau international, tant en
matière économique qu'écologique, sont une priorité
pour l'ensemble des acteurs, ainsi, par exemple, la place accordée au
bois dans l'espace euro-Méditerranée de libre échange qui
réunira 27 pays en 2010 constituera un débouché
majeur pour la France
4(
*
)
Le Gouvernement devrait tous les cinq ans présenter au Parlement un
rapport d'avancement sur la mise en oeuvre de cette stratégie.
c) Le projet de loi de modernisation forestière
Parallèlement à l'élaboration de cette
stratégie forestière, s'effectuent les travaux
préparatoires du projet de loi qui sera soumis au Parlement dès
le début de l'an 2000 et qui constitue le " second
rendez-vous ".
Les objectifs de ce texte sont les suivants
: orienter la politique
forestière nationale et ses outils pour une amélioration de la
gestion durable des forêts et moderniser le code forestier. De même
que pour l'élaboration de la stratégie nationale, les groupes de
travail qui seront constitués devraient impliquer, suivant les
thèmes abordés, tous les acteurs de la filière et les
responsables institutionnels des différents ministères
concernés.
Par ailleurs, l'intégration dans les contrats de Plan Etat/Région
du développement de la filière bois et l'actualisation du contrat
d'objectif entre l'Etat et l'ONF ont été mis en chantier.
C. LA MISE EN VALEUR DE L'AGRICULTURE DE MONTAGNE
1. La réunion du Conseil national de la Montagne
Le 19 mars dernier, le Conseil national de la Montagne (CNM) s'est réuni à Aix-les-Thermes en Ariège. Trois dossiers ont été traités en priorité : la compensation des handicaps, les contrats de plan Etat/Régions et la qualité et l'identification des produits de la montagne.
POLITIQUE AGRICOLE SPÉCIFIQUE DE LA MONTAGNE
PRINCIPALES ÉTAPES
1960
: Loi du 22 juillet relative à la
création des parcs nationaux.
1961
: Définition de la zone de montagne.
1967
: Politique de rénovation rurale ; commissariats
de massif (DATAR).
1972
: Loi pastorale : indemnité spéciale
montagne (ISM).
1977
: Directive montagne (protection/aménagement).
1979
: Création du Fonds interministériel de
Développement et d'Aménagement rural.
1982/83
: CIAT - aides spécifiques " montagne " -
Lancement des contrats particuliers de massif
1985
: Loi montagne - Conseil national de la montagne,
comités de massifs et création du FIAM.
1995
: Loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire ; mise en oeuvre de schémas
interrégionaux de massif.
1996/97
: Evaluation de la politique de montagne (Commissariat
général au Plan).
Le CNM a été créé par la loi " Montagne "
de 1985 : il s'est réuni à six reprises depuis, la
dernière réunion ayant eu lieu en 1996. Il doit être
consulté sur les conditions d'attribution des aides accordées au
titre du Fonds national pour l'aménagement et le développement du
territoire. Par ailleurs, il est tenu informé des programmes
d'investissement de l'Etat dans chacun des massifs. Enfin, une Commission
permanente a été instaurée en 1995 pour assurer le suivi
des orientations du Conseil.
L'AGRICULTURE DE MONTAGNE EN FRANCE
105.000
exploitations
14,4 % des exploitations françaises
3,7 millions d'ha de SAU
1 million d'ha de pâturages collectifs
13,2 % de la SAU française
16 % des vaches laitières
20% des vaches allaitantes
40 % des brebis
117.000 tonnes de fromages AOC (70 % de la production nationale)
Source
: APCA
2. Les mesures prises par les pouvoirs publics
M. Jean Glavany, Ministre de l'agriculture et de la Pêche, a fait, à l'occasion de la réunion du CNM le point sur les mesures qu'il s'était engagé à mettre en oeuvre en décembre dernier, en réponse aux manifestations qui s'étaient déroulées dans la vallée de la Maurienne : ces manifestations avaient mis à nouveau en évidence les disparités de revenu entre l'agriculture de montagne et l'agriculture de plaine.
LES RÉSULTATS PAR EXPLOITATION À TEMPS COMPLET RICA 1995
|
Zone de montagne |
Zone défavorisée |
Zone de plaine |
France |
Revenu courant (RCAI) |
121 400 F |
149 200 F |
231 600 F |
187 200 F |
Disparité de revenu/plaine |
-43 % |
-30 % |
0 % |
-12 % |
Aides directes |
88 400 F |
128 300 F |
106 500 F |
109 300 F |
ICHN |
25 000 F |
4 500 F |
0 |
4 200 F |
Agri-environnement |
10 700 F |
5 300 F |
500 F |
2 900 F |
Animales + Végétales |
50 000 F |
118 500 F |
102 650 F |
-95 000 F |
Aides directes/revenu courant |
73 % |
82 % |
50 % |
58 % |
Aides directes/ha |
1 670 F |
1 890 F |
1 840 F |
1 820 F |
Source
: APCA
Votre rapporteur se félicite que 74 millions de francs aient
été dégagés depuis le début de 1999
pour
résorber d'ici à la fin de l'année les " files
d'attente " des demandes de subventions pour les bâtiments
d'élevage. En outre, une circulaire portant à 30 % -dans la
limite de 100.000 francs- le taux de subvention des divers types de
matériels adaptés à la montagne a été
diffusé au début de l'année.
DISPOSITIF SPÉCIFIQUE DE LA POLITIQUE AGRICOLE DE LA MONTAGNE
a)
Soutien aux investissements : Installation : 171.000 F en zone
de montagne (ZM), 106.000 F en zone défavorisée,
82.670 F en plaine. 29.139 installations en DJA (dotation jeunes
agriculteurs) en ZM entre 1981 et 1995 (18 % du total) ; et 40
à 50 % d'installations hors DJA en montagne.
b) Prêts super bonifiés : de l'ordre de 2 % (PSE, PSM,
prêt JA), subventions aux bâtiments d'élevage
(limitée à 65.000 F) ISM et soutiens spécifiques
à l'investissement : 2 milliards de francs par an soit
20.000 F/exploitation.
Votre rapporteur pour avis s'interroge néanmoins sur la
capacité des pouvoirs publics à garantir le traitement de
l'ensemble des demandes dans les limites de l'enveloppe définie.
La revalorisation des indemnités compensatoires de handicap
naturel (ICHN) est aussi à l'ordre du jour.
Cette indemnité a
été octroyée l'an passé pour les seuls troupeaux de
vaches allaitantes et aux ovins. Le Ministre de l'agriculture s'est
engagé à obtenir un accord de la Commission pour combler la
différence d'indemnité versée au titre des autres
cheptels. Par ailleurs, le Ministre s'était dit prêt à
étudier, au cas par cas, la situation des petites productions de
montagne, éligibles aux ICHN selon la réglementation
européenne, mais écartées du bénéfice de la
mesure du fait d'un dispositif national par trop restrictif.
Votre rapporteur avis rappelle que la profession demande un assouplissement des
critères d'attribution des ICHN là où la
réglementation en vigueur contrevient à l'équité et
au bon sens. Ainsi, les versements ne sauraient être conditionnés
au bon règlement des cotisations sociales de l'exploitant, de même
qu'ils ne sauraient être soumis, pour les pluriactifs, au montant des
revenus non agricoles du foyer fiscal de l'exploitant. Enfin, il est important
d'attirer l'attention sur le cas des exploitations dont le siège se
trouve en haute montagne ou en montagne et qui sont présentes sur
plusieurs zones. Dans ces circonstances, il convient, selon votre rapporteur
pour avis, que le montant des ICHN soit désormais calculé au
prorata des surfaces occupées par les différentes zones.
COMPENSATION DES HANDICAPS NATURELS ET SOUTIEN DES REVENUS
Aide/UGB
limité à 50 UGB et 1 UGB/ha
Aide modulée selon les zones et les espèces : de
188 F/UGB en zone défavorisée à 1.158 F/UGB en
haute montagne.
1,6 milliard de francs par an en zone de montagne
70.000 agriculteurs bénéficiaires de l'ISM
21.500 F/agriculteur représentant 20 % de leur revenu agricole
Source
: APCA.
Selon les pouvoirs publics, la publication du décret encadrant
l'appellation " montagne " devrait, en outre, intervenir dans les
mois à venir.
Conformément aux remarques de la Cour de
justice européenne, le nouveau dispositif d'autorisation ne s'appliquera
qu'aux produits fabriqués en France. Aucune restriction n'est plus
apportée à l'utilisation, pour la fabrication de produits
transformés, de matières premières provenant des zones de
montagne d'autres Etats membres.
Le ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement a indiqué que la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire (LOADDT)
intègrait pleinement la montagne puisque celle-ci a vocation à
s'inscrire dans les divers schémas de services collectifs
institués par la loi.
De plus, un " volet montagne " devrait désormais être
identifié dans les contrats de plan Etat-régions. Son
élaboration associera les commissariats et comités de massif.
Le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a
souligné que tous les territoires de montagne ne sont pas couverts par
les nouveaux fonds structurels. Si le Massif-Central, les
Pyrénées et les Vosges devraient être pour une large part
éligibles, les Alpes et le Jura le seront, en revanche, de moindre
manière. Cependant, les Etats membres garderont une marge de manoeuvre
dans la définition des zones couvertes. Enfin,
Mme Dominique Voynet a tenu à rappeler que les programmes
d'intérêt communautaire en milieu rural (Leader III) et les
programmes interrégionaux devraient être particulièrement
axés sur la montagne.
D. LES ÉVOLUTIONS EN MATIÈRE DE GESTION DES DÉCHETS ET D'ACTIVITÉS POLLUANTES ET SES RÉPERCUSSIONS SUR LE MONDE RURAL
La journée d'auditions consacrée à la gestion des déchets, organisée le 20 octobre dernier au Sénat par votre Commission, a été l'occasion d'un débat très riche.
1. La réglementation sur les déchets
La
réglementation sur les déchets ménagers et
assimilés a été modifiée récemment : or
cette évolution risque de freiner les décisions d'investissement
des collectivités locales -et notamment des communes rurales- en
matière de gestion des déchets alors même que le
Gouvernement maintient son ambition de voir respecter l'échéance
fixée à l'article 2-1 de la loi du
13 juillet 1992, à savoir qu'à compter du
1
er
juillet 2002, les installations d'élimination
des déchets par stockage ne seront autorisées à accueillir
que des déchets ultimes.
La révision des plans départementaux
d'élimination des déchets
La loi du 3 juillet 1992 prévoit la réalisation de
plans d'élimination des déchets. Les modalités
d'élaboration et de révision des plans d'élimination des
déchets ménagers et assimilés sont fixées par un
décret du 18 novembre 1996.
Aujourd'hui, 88 départements ont adopté leur plan alors que
12 départements doivent encore mener à terme la
procédure d'élaboration du plan.
La circulaire du 28 avril 1998 de Mme Dominique Voynet,
adressée aux préfets
, sur l'évolution et la mise en
oeuvre des plans d'élimination des déchets ménagers et
assimilés
a modifié les orientations fixées pour ces
plans,
qui doivent intégrer davantage de recyclage matière et
organique et limiter le recours à l'incinération et au stockage
aux besoins démontrés.
En conséquence, chacun des plans a fait l'objet d'une analyse par
l'ADEME au regard des objectifs de la circulaire du 28 avril 1998, et
chaque préfet concerné a dû revoir le plan
départemental afin de prendre en compte les orientations et les
objectifs nationaux.
Aujourd'hui, 69 départements ont entamé la procédure
de révision du plan. Onze autres départements
prévoient de réviser le plan à court terme.
Huit autres départements ne prévoient pas de réviser
le plan, souvent parce que ce dernier a été récemment
adopté.
A trois ans de l'échéance posée par la loi de 1992, les
collectivités locales ne disposent pas encore, compte tenu de ces plans
en cours de révision, d'un cadre d'action précis et clairement
défini.
L'introduction de la TGAP
Dans le cadre de la loi de finances pour 1999,
l'instauration de la taxe
générale sur les activités polluantes (TGAP)
fusionnant les cinq taxes gérées par l'ADEME
s'est
accompagnée du doublement du taux de la taxe sur les déchets
ménagers
et assimilés et le montant minimal annuel par
installation de stockage augmente de 50 %.
Mais, alors que le rendement des taxes sur les déchets perçues au
profit de l'agence doit dépasser 1 milliard et demi de francs, les
subventions d'investissement que l'ADEME doit accorder dans ce domaine
n'atteindront que 811 millions de francs en 1999. Or, en 1998, le produit
de la taxe sur les déchets était estimé à
975 millions de francs et était affecté intégralement
à la gestion des déchets.
Le surplus généré par le doublement de la taxe est
destiné en principe au financement des mesures nouvelles liées
à la relance des économies d'énergie et du
développement des énergies renouvelables.
L'argent des collectivités locales vient donc, d'une certaine
manière, financer des missions qui relèvent de la
responsabilité de l'Etat, ce que votre rapporteur pour avis juge
très contestable.
L'ADEME, qui avait fortement revalorisé ses taux d'aide à
l'investissement au 1
er
janvier 1998, n'ayant pas les
moyens de faire face à la très forte croissance du nombre de
projets de traitement des déchets ménagers élaborés
à l'initiative des collectivités locales, a revu à la
baisse ses taux d'intervention en mai dernier.
En moyenne, les taux de subventions sont réduits de 38 % ce qui
aura un impact très négatif sur la dynamique de traitement et de
valorisation des déchets.
La réforme du cadre économique et social
Rappelons que la loi de finances pour 1999 a décidé
l'abaissement de la TVA à 5,5 % sur les prestations de collecte, de
tri et de traitement des déchets des collectivités territoriales
signataires d'un contrat avec une société agréée.
L'instruction fiscale parue le 20 mai 1999 précise les
conditions d'application de cette baisse de TVA à compter du
1
er
janvier 1999.
Ces mesures sont loin de compenser la forte diminution des interventions de
l'ADEME.
Si, dans le cas d'une gestion des déchets en régie,
ce qui
n'est pas rare pour les collectivités locales en milieu rural
,
l'abaissement de la TVA à 5,5 % n'a aucun effet, on peut estimer
que la diminution des taux de l'ADEME représente en moyenne une
majoration de 50 F/T du coût d'investissement.
2. Le problème de la TGAP
Afin
de lutter contre la pollution de l'eau d'origine agricole, le Gouvernement
avait le choix entre deux solutions :
- le mécanisme de la taxe générale sur les
activités polluantes ;
- le système de la redevance, défendu par la plupart des
organisations professionnelles agricoles.
Face à cette double option, plusieurs chercheurs ont mis en
évidence l'impact que pourrait avoir une taxation des engrais
minéraux.
Les résultats provisoires de cette étude ont été
rendus publics le 29 juin par l'INRA de Rennes. Le scénario
central, qui prend pour hypothèse une taxation uniforme des engrais
minéraux à hauteur de 20 % dans tous les secteurs agricoles,
conclut à une diminution des utilisations des engrais minéraux de
15,3 % par rapport à l'année de base 1994. Un tel
scénario aurait également pour effet de réduire la valeur
ajoutée brute de la branche agricole française de 1,3 %
(2,5 milliards de francs de 1994) et l'emploi agricole total de 0,3 %.
Selon MM. Carpentier et Salomé, chercheurs à l'INRA,
plusieurs pistes permettraient de gérer au mieux une politique de
réduction de l'usage des engrais et des pesticides : ainsi, il
serait nécessaire de moduler la taxe en fonction de la nocivité
des produits phytosanitaires. En outre, pour les emplois, il serait utile de
combiner efficacité environnementale, coût et
compétitivité économique.
Un compromis pourrait être trouvé dans la mise en oeuvre d'une
taxe sur l'intrant au niveau national et la mise en place d'un système
de taxation sur les surplus dans les régions les plus sensibles. Les
auteurs soulignent que cette option offre aux exploitations situées
à la frontière de la zone taxée sur les surplus des
possibilités de fraude importante, ce qui accroît d'autant les
coûts de contrôle.
L'APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture), le CNJA
(Centre national des jeunes agriculteurs), la CNMCCA
(Confédération nationale de la mutualité, de la
coopération et du crédit agricoles), la FNSEA
(Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), la
FNA (Fédération du négoce agricole), l'UIPP (Union des
industries de la protection des plantes) et l'UNIFA (Union des industries de la
fertilisation)
ont présenté le 30 juin leur
contre-proposition à la TGAP
. Elle s'appuie sur une application
progressive du principe " pollueur-payeur " via un système de
redevance, géré par les agences de l'eau.
Le système se décline ainsi :
- pour l'azote, les organisations professionnelles agricoles proposent
d'exclure du système, en ce qui concerne l'élevage, les
exploitations qui sont déjà ou seront concernées par les
redevances mises en place en 1994 (PMPOA), et ce, afin d'éviter une
double redevance sur une même exploitation. Les exploitations de
production végétales devraient intégrer progressivement le
système de redevance sur 5 ans. Le calcul de la redevance se ferait
à partir d'un bilan apparent (entrées/sorties) ;
- pour les phytosanitaires, la redevance pourrait être
indexée sur le volume d'affaires et prélevée soit au
niveau de la distribution, soit au niveau des fabricants et importateurs de
produits phytosanitaires. La répartition équitable de ces
financements entre fabricants, distributeurs et utilisateurs se ferait au
travers d'un système de prélèvement identifié sur
les factures des achats des utilisateurs.
Les OPA défendent un encouragement aux bonnes pratiques en ce qui
concerne les fertilisants azotés. Pour les phytosanitaires, le montant
annuel des redevances collectées, qui pourrait atteindre
250 millions de francs (environ 2 % du chiffre d'affaires du
marché français), financerait des " actions de
terrain " : action de formation, investissements, aménagement
des bassins versants, opération de collecte et d'élimination.
Initialement, le Gouvernement s'était orienté, au
début de l'été vers une taxation générale
sur les engrais et les phytosanitaires. Un tel système aurait
été source de nombreuses difficultés
:
- le produit de cette taxe -soit environ 2 milliards de francs-
aurait abondé directement le budget général de
l'Etat : ainsi, au gré des priorités gouvernementales, une
partie seulement du produit de la taxe reviendrait à des actions de
protection de l'environnement ;
- c'est au moment où les efforts de tant d'années
menées par les agriculteurs commencent à porter leurs fruits que
le Gouvernement imposerait des mesures autoritaires à efficacité
douteuse ;
- on peut s'interroger sur les modalités d'évaluation de
l'excès d'engrais par rapport au besoin des plantes qui serait
taxé ; un tel système est ainsi loin de prendre en compte
une analyse du taux de protéines ;
- tous les efforts engagés depuis 20 ans n'ont servi à
rien puisque tous les départements, qu'ils aient engagé ou non
des actions volontaires, seraient traités de la même façon.
Cette TGAP serait immanquablement perçue comme un droit à polluer
et un mépris total pour les actions engagées ;
- de telle taxes augmentent les distorsions de concurrence au niveau
communautaire et international. A-t-on pensé aux conséquences sur
l'emploi de telles charges supplémentaires ?
A l'occasion de la présentation du projet de loi de financement
de la sécurité sociale, le Premier Ministre a souhaité
établir une taxation à taux différenciés, en
fonction de la nocivité des phytosanitaires dès 2000. Le produit
de la taxe pourrait atteindre 250 à 300 millions de francs
.
En ce qui concerne les engrais azotés, ceux-ci devraient faire l'objet
d'une redevance à partir de 2002
afin que celle-ci s'intègre
dans " le toilettage " de l'ensemble du dispositif des redevances de
l'eau en 2002 (VIIIe programme).
Votre rapporteur pour avis se félicite de la décision du
Gouvernement sur les engrais azotés. Il ne peut néanmoins que
regretter la taxation généralisée des phytosanitaires
dès l'année prochaine : cette mesure pose effectivement un
problème de distorsion de concurrence, les principaux pays agricoles
européens n'ayant pas instauré de taxe équivalente.
Votre rapporteur pour avis ne peut s'empêcher de rappeler que, le
10 février dernier, M. Jean Glavany avait
déclaré à une émission de radio sur ce sujet :
"
les agriculteurs manifestent contre je ne sais quel projet de taxe
qui n'est même pas dans les cartons du Gouvernement
" ....
E. L'INVENTAIRE COMMUNAL
L'inventaire communal, effectué en 1998, est un
volet essentiel dans la constitution d'un dispositif d'informations
statistiques sur les zones rurales ainsi que les petites et moyennes
agglomérations.
Cette opération, quasi décennale, est
réalisée sur la base d'un partenariat entre l'INSEE, le SCEES, la
DGCL et avec le soutien financier de la DATAR.
L'objectif de l'inventaire est de mieux connaître le cadre de vie en
milieu rural en réalisant un recensement des commerces, des services et
des équipements en tout genre fréquentés par les
particuliers.
Au-delà d'un tel recensement qui permet de mesurer leur
densité d'implantation, il s'agit de dresser pour les bourgs et les
petites villes des cartes des attractions générées par
certains équipements. Si la cartographique en général
permet de mettre en évidence la localisation des équipements
visés par le questionnaire, c'est sans doute l'élaboration des
cartes dites " à oursins " qui offre l'outil spécifique
à ce type d'enquête. Il s'agit, en l'occurrence, pour un
équipement donné, de relier par un trait les communes
concernées. Ainsi, on voit le pôle, représenté par
un symbole, et son rayonnement qui peut d'ailleurs déborder le cadre
départemental ou se croiser avec celui d'une autre commune pour un autre
type d'équipement ou de service. Indépendamment des pôles
attractifs, on peut aussi repérer les communes plus isolées qui
possèdent tous les équipements mais n'attirent aucune commune de
manière prédominante. La lisibilité de ces cartes peut
ensuite être renforcée par des cartes de localisation qui, outre
la présence de tel ou tel équipement sur une commune, permettent
d'identifier leur nombre (le symbole est alors un rond dont la taille est
proportionnelle au nombre en question) et leur capacité lorsqu'il
s'agit, par exemple, d'évaluer la capacité en lits de certains
équipements touristiques.
C'est ainsi que l'inventaire communal de 1988 avait débouché sur
la définition de bassins de vie ou de zones de chalandise qui rendaient
visible l'organisation d'un territoire donné à partir
d'informations spécifiques sur la fréquentation des services
à la population. Une telle opération permettait non seulement de
percevoir la structure du territoire en question, mais aussi de discerner
l'échelon géographique pertinent pour l'élaboration des
politiques en matière de services, par exemple pour la mise en place de
structures intercommunales fédérant des équipements. Et
plus globalement, cela permettrait de se poser la question de l'avenir des
zones rurales isolées.
Ce découpage a été reconduit pour l'inventaire 1998,
et même généralisé à l'ensemble du territoire
afin que le regard de l'aménageur ne soit pas arrêté par
les limites administratives d'une région.
Votre rapporteur pour avis rappelle que l'intérêt de
l'opération concerne, au premier chef, le décideur politique et
administratif à l'échelon départemental ou
régional
. L'inventaire communal met en évidence les
évolutions en ce qui concerne l'aménagement qu'elles soient
positives ou non, et permet d'envisager le réequilibrage des services et
équipements par les organismes publics. A côté de villes
parfois suréquipées, certaines communes apparaissent en effet
sous-équipées.
Mais il intéresse également les
entrepreneurs privés, les artisans ou professions libérales qui
disposent ainsi d'un outil précieux pour connaître les
possibilités locales au moment d'envisager leur installation.
Un
médecin, un artisan du bâtiment ou un commerçant ont
évidemment tout intérêt à connaître la
densité d'implantation de leurs confrères et concurrents, ainsi
que les comportements des habitants, afin de choisir l'endroit le plus
approprié à leur future activité.
MÉTHODOLOGIE
Les
maires (seules les communes de moins de 30.000 habitants ont
été enquêtées) ont été informés
du lancement de cet inventaire communal par lettre circulaire du préfet,
suivie de l'envoi d'un questionnaire accompagné d'une notice
d'utilisation. L'enquête ne consiste pas en une simple description des
équipements ou services existant sur la commune, mais cherche à
analyser le comportement de la priorité des habitants face à
l'absence d'équipement : ainsi, la réunion d'un commission
communale a été nécessaire. Sa composition -cinq à
six membres- a été laissée à l'appréciation
du maire. L'enquête elle-même a ensuite été
réalisée au téléphone par des enquêteurs des
services de statistiques agricoles (SCEES). Les informations retenues par la
commission communale ont ainsi été portées sur le
questionnaire, enregistrées sur informatique et vérifiées
directement grâce au recoupement avec les données du
précédent inventaire ou de différents fichiers concernant,
par exemple, l'implantation des établissement scolaires, des
équipements sportifs ou des pharmacies. Le contrôle
réalisé au moment de la collecte s'est prolongé en bureaux
par les agents des services statistiques. Après réception des
réponses traitées, les maires ont alors pu donner leur accord.
Votre rapporteur pour avis estime que l'inventaire communal offre une vision
irremplaçable des évolutions en cours dans le monde rural et
périurbain. Il permet donc aux pouvoirs publics d'inscrire dans les
faits sa volonté d'assurer un équilibre dans l'aménagement
du territoire qui satisfasse aux exigences de l'égalité de droit.
A ce titre, c'est un outil du service public. C'est aussi un indicateur
privilégié pour mesurer les résultats de son
action
5(
*
)
.
II. L'IMPORTANCE DE LA POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT RURAL
Deux réformes importantes ont concerné le développement rural : il s'agit de celle de la PAC ainsi que celle des fonds structurels.
A. LE DÉVELOPPEMENT RURAL À TRAVERS LA RÉFORME DES FONDS STRUCTURELS
1. Les nouveaux objectifs
La
réforme des fonds structurels tend à réduire les objectifs
des fonds structurels et vise à une plus grande concentration des aides.
Aussi, les objectifs européens passent-ils de six à trois.
L'objectif 1
couvre toujours les régions les plus en
retard de développement. Ces régions avaient été
définies en fonction de leur niveau du PNB/habitant (pas plus de
75 % de la moyenne communautaire). La définition est maintenue,
mais elle devrait être appliquée de manière stricte sur la
moyenne des trois dernières années
6(
*
)
.
66 % des fonds structurels (soit 140 milliards d'écus)
seront consacrés à cet objectif.
L'objectif 2
change largement de contenu. Il passe d'une
couverture des zones industrielles en déclin à un contenu
fortement hétérogène qui couvre des zones à
handicap appelées " zones en reconversion économique et
sociale ". Il inclut les zones en déclin industriel, les zones
rurales (ex-zones de l'objectif 5b) ainsi que les zones urbaines. Les
zones de la pêche, où cette activité est importante, y
figurent de manière explicite, alors qu'elles faisaient partie
auparavant de l'objectif 5b.
La définition des zones en déclin industriel est maintenue
identique (taux de chômage, pourcentage de l'emploi industriel,
déclin de l'emploi). Ces indicateurs continuent à être les
plus importantes pour cet objectif.
Celle des zones rurales est modifiée d'une manière
significative ; trois critères sont pris en compte : tout
d'abord la densité de la population passe au premier plan. La
définition des zones rurales d'Eurostat (moins de 100 habitants au
km
2
) est appliquée ; puis, le poids de l'emploi agricole
n'est plus calculé par rapport à la moyenne communautaire, mais
par rapport au double de cette moyenne ; enfin un troisième
critère est introduit, celui du taux de chômage,
considéré supérieur à la moyenne.
Afin d'éviter qu'il y ait des zones rurales qui ne soient pas prises en
considération une appréciation plus qualitative est
ajoutée :
- pour les zones connaissant des problèmes économiques
graves " résultant du vieillissement de la population active
agricole " ;
- pour les zones confrontées à un taux de chômage
élevé, résultant d'une restructuration en cours ou
prévue d'un secteur économique important industriel ou agricole.
La nouvelle définition des zones rurales contribue, d'une certaine
manière, à réduire leur étendue
géographique
puisque seulement le double de l'emploi agricole est
pris en considération et qu'un taux de chômage plus
élevé que la moyenne est exigé -sachant que dans la
plupart des pays les zones rurales sont moins touchées par le
chômage que les zones urbaines-.
D'ailleurs, la Commission indique que les zones de l'objectif 2 devraient
couvrir en tout 18 % de la population communautaire, soit 10 % pour
les zones industrielles (alors qu'elles couvraient 16,8 % de la
population), 5 % pour les zones rurales (alors qu'elles atteignaient
9 % de la population), 2 % pour les zones urbaines et 1 % pour
les zones de la pêche.
Une diminution très importante est donc prévue pour les zones
rurales, puisqu'elles sont réduites de moitié. En
conséquence, une partie des régions rurales ne sera plus
susceptible d'être classée dans cet objectif et quatre ans sont
donnés à compter de 1999 pour leur permettre cette transition
(" phasing out ").
L'objectif 3
rassemble les interventions des anciens
objectifs 3 et 4. Il vise l'adaptation et la modernisation des politiques
et des systèmes d'éducation, de formation et d'emploi.
L'intervention concerne les zones hors objectifs 1 et 2 et continue
à être orientée vers les ressources humaines
(chômeurs de longue durée, jeunes au chômage,
requalification et formation professionnelle).
2. Les dispositions concernant le développement rural
a) Les dispositions générales
Outre
les zones rurales de l'objectif 2,
le règlement
spécifique concernant le soutien au développement rural regroupe
essentiellement les actuelles mesures de l'objectif 5a.
Toutes les mesures de développement rural, sauf celles inclues dans les
programmes de l'objectif 1, seront financées par le FEOGA-Garantie
au lieu du FEOGA-Orientation. Le nouveau règlement sur le
développement rural remplace celui du FEOGA-Orientation. Il
regroupe :
- les mesures de l'actuel objectif 5a ;
- les mesures d'accompagnement de la réforme de 1992 ;
- diverses mesures qualifiées de diversification des
activités, de maintien et de renforcement du tissu social, de
développement des activités économiques,
d'amélioration des conditions de vie, de suppression des
inégalités sociales, c'est-à-dire la possibilité de
financer des mesures concernant le développement des activités
non agricoles dans les zones rurales.
Sauf pour l'objectif 1 et les zones rurales de l'objectif 2, les
autres programmes de développement rural ne sont pas financés par
les autres fonds structurels, en particulier le FEDER et le FSE, mais
uniquement par le FEOGA-Garantie car, selon l'exposé des motifs du
Règlement communautaire, "
le développement rural doit
accompagner et compléter les autres instruments de la PAC
".
Ces mesures ont néanmoins un budget fixé par année dans
Agenda 2000 qui permet de gérer l'ensemble de ces mesures
structurelles existantes.
b) Les modalités d'intervention
Les modalités d'intervention n'ont pas subi de modifications importantes.
MESURES DE DEVELOPPEMENT RURAL |
||
Prime |
Modalités |
Montant en euros |
Investissement |
en fonction de l'investissement |
- |
Installation des jeunes |
prime unique |
*25 000 |
Préretraite |
plafond
par cédant et par an
|
15 000
|
Indemnités compensatoires |
plancher/hectare
|
**25
|
Mesures agri-environnementales |
cultures
annuelles/ha
|
600
|
Transformation/commerciali-
|
% vol. d'investissement |
- |
Boisement des terres |
par
exploitant et par hectare
|
725
|
Préservation des forêts |
plancher/hectare
|
40
|
* Sous
réserve du plafond total par cédant, l'aide peut être
complétée par une bonification d'intérêts d'un
montant équivalent à la prime.
|
Source
: N° 2714 -
Lundi 31 mai 1999 - AGRA Presse Hebdo
Pour les programmes de développement rural, un document unique de
programmation est prévu à un niveau régional
approprié,
qui contiendra toutes les mesures de la compétence
du FEOGA-Garantie.
Les principaux domaines d'intervention couvrant les
règlements existants sont
:
- les investissements sur les exploitations agricoles, y compris la
diversification des activités à la ferme ;
- l'installation des jeunes agriculteurs (moins de 40 ans) qui
consiste en une prime unique, augmentée à
25 000 écus et des bonifications d'intérêts pour
des prêts ;
- la préretraite à partir de 55 ans en vue de la
cessation de l'activité agricole par l'exploitant ou le travailleur
agricole ;
- l'indemnité compensatoire pour les zones
défavorisées accordée par hectare ou tête de
bétail, à condition que l'exploitation des terres agricoles
prenne en compte la protection de l'environnement et du paysage. Cette exigence
est nouvelle et conditionne la concession de la prime à des mesures
environnementales ;
- les mesures agri-environnementales sont destinées à
encourager les agriculteurs ; moyennant une compensation, ils doivent
diminuer l'intensité des cultures et de l'élevage et contribuer
à la protection des paysages ;
- l'aide à la transformation et à la commercialisation des
produits agricoles se poursuit en s'orientant plus sur les nouvelles
technologies et la qualité des produits ;
- les aides à la sylviculture couvrent la mise en valeur des
forêts, leur conservation, leur boisement, la transformation et la
commercialisation des produits. Elles consistent en une prime annuelle par
hectare boisé ou une prime pour compenser les pertes ;
- le soutien à la formation professionnelle se poursuit : une
orientation plus explicite est donnée afin de préparer les
agriculteurs à des produits de qualité et à des
méthodes de production compatibles avec l'environnement ;
- le reste des actions qui constitue actuellement plus de 40 % des
programmes de développement des zones rurales (objectif 5b) est
regroupé dans un chapitre intitulé " encouragement de
l'adaptation et du développement des zones rurales " incluant les
activités liées à l'agriculture ou à la
reconversion de celle-ci.
En ce qui concerne les modalités de mise en oeuvre, les programmes de
développement rural du FEOGA-Garantie suivent les mêmes
règles que les programmes des fonds structurels. Il en est de même
pour le suivi et l'évaluation.
c) Le financement du développement rural
La réforme augmente sensiblement le montant alloué aux fonds structurels. Celui-ci passe de 141 milliards d'écus (prix 1992) dont 96 milliards destinés à l'objectif 1 (68 % des crédits) à 213 milliards (prix 1997) dont environ 2/3 au titre de l'objectif 1.
ÉVOLUTION DES DÉPENSES AU TITRE DES ACTIONS
STRUCTURELLES
|
||||||||
Milliards d'écus |
||||||||
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Communauté à Quinze
|
31,4 |
31,3 |
32,1 |
31,3 |
30,3 |
29,2 |
28,2 |
27,3 |
Fonds de cohésion |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
Nouveaux Etats membres (*) |
- |
0,0 |
0,0 |
3,6 |
5,6 |
7,6 |
9,6 |
11,6 |
Aide pré-adhésion |
- |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
Total |
34,3 |
35,2 |
36,0 |
38,8 |
39,8 |
40,7 |
41,7 |
42,8 |
(*) Y
compris la participation au Fonds de cohésion.
Pour la France, l'objectif 1 concerne les quatre territoires d'Outre
mer. En outre, la France devrait recevoir 5,4 milliards d'euros au titre
de l'objectif 2 (pour une population de 18,77 millions de personnes)
et 4,5 milliards d'euros au titre de l'objectif 3, soit un total de
13,2 milliards d'euros.
FONDS
STRUCTURELS 2000-2006
Dotation française
(en millions d'euros)
Objectif 1 |
3 254 (+ 551 de phasing out) |
Objectif 2 |
5 437 (+ 613 de phasing out) |
Objectif 3 |
4 540 |
TOTAL |
14 395 (soit 94 425 millions de francs) |
Le budget prévu dans le FEOGA-Garantie pour les
mesures de développement rural est de 6,9 milliards pour la
période 2000-2006
(hors objectif 1 financé par le
FEOGA-Orientation), variant entre 1,9 et 2,1 milliards suivant les
années.
Votre rapporteur pour avis constate que, par rapport aux années
antérieures, le montant alloué annuellement prévu par la
réforme pour le développement rural hors objectif 1 est en
baisse réelle.
TABLEAU D'ENSEMBLE DU NOUVEAU CADRE FINANCIER 2000-2006
PRIX 1997 - CREDITS
POUR ENGAGEMENTS
En milliard d'Euros
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Agriculture (ligne directrice) |
43,33 |
44,1 |
45,0 |
46,1 |
47,0 |
48,0 |
49,0 |
50,0 |
Actions
structurelles
|
36,1
|
35,2 |
36,0 |
38,8 |
39,8 |
40,7 |
41,7 |
42,8 |
Politiques internes |
6,1 |
6,1 |
6,4 |
7,3 |
7,5 |
7,7 |
7,9 |
8,1 |
Actions extérieures |
6,6 |
6,6 |
6,8 |
7,0 |
7,1 |
7,3 |
7,5 |
7,6 |
Administration |
4,5 |
4,5 |
4,6 |
5,1 |
5,2 |
5,3 |
5,4 |
5,5 |
Réserves |
1,2 |
1,0 |
1,0 |
0,8 |
0,5 |
0,5 |
0,5 |
0,5 |
Total crédits pour engagements |
97,8 |
97,5 |
99,8 |
105,1 |
107,1 |
109,5 |
112,0 |
114,5 |
Total crédits pour paiements |
92,5 |
94,1 |
96,6 |
101,1 |
103,9 |
106,5 |
108,9 |
111,4 |
Crédits pour paiements
|
1,25% |
1,24% |
1,24% |
1,22% |
1,22% |
1,22% |
1,22% |
1,22% |
Marge |
0,02% |
0,03% |
0,03% |
0,05% |
0,05% |
0,05% |
0,05% |
0,05% |
Plafond des ressources propres |
1,27% |
1,27% |
1,27% |
1,27% |
1,27% |
1,27% |
1,27% |
1,27% |
Politiques internes si croissance identique au PNB total |
6,132 |
6,285 |
6,442 |
6,856 |
7,031 |
7,211 |
7,395 |
7,584 |
Actions extérieures si croissance identique au PNB total |
6,596 |
6,761 |
6,930 |
7,375 |
7,563 |
7,756 |
7,955 |
8,158 |
Administration si croissance identique au PNB total |
4,535 |
4,648 |
4,765 |
5,070 |
5,200 |
5,333 |
5,469 |
5,609 |
Politiques internes |
6,132 |
6,132 |
6,442 |
7,303 |
7,493 |
7,687 |
7,886 |
8,089 |
Actions extérieures |
6,596 |
6,596 |
6,796 |
6,955 |
7,119 |
7,287 |
7,461 |
7,640 |
Administration |
4,535 |
4,535 |
4,617 |
5,060 |
5,185 |
5,322 |
5,410 |
5,500 |
EVOLUTION DES DÉPENSES AGRICOLES - PRIX COURANTS
En milliards d'Euros
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Ligne directrice (prix courants) (*) |
45,0 |
46,7 |
48,5 |
50,6 |
52,6 |
54,7 |
56,9 |
59,2 |
Dépenses agricoles
|
- |
44,0 |
45,9 |
49,7 |
52,1 |
53,2 |
53,9 |
54,5 |
Communauté à Quinze
|
41,7 |
41,6 |
43,4 |
45,4 |
47,3 |
47,9 |
47,9 |
47,9 |
Nouvelles
mesures d'accompagnement rural et mesures
|
- |
1,9 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
2,1 |
2,1 |
Nouveaux Etats membres
|
- |
0,0 |
0,0 |
1,1 |
1,2 |
1,2 |
1,3 |
1,4 |
Mesures spécifiques d'accompagnement rural |
- |
0,0 |
0,0 |
0,6 |
1,0 |
1,5 |
2,0 |
2,5 |
Aide pré-adhésion (**) |
- |
0,5 |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
Marge |
- |
2,7 |
2,6 |
0,9 |
0,5 |
1,5 |
3,0 |
4,7 |
(*)
Hypothèse d'un déflateur de 2 % par an de 1999 à 2006.
(**) Soit 500 millions à prix constants de 1997.
La Commission européenne a décidé, le 8 septembre,
du montant indicatif des dotations financières des Etats membres pour la
totalité des mesures de développement rural pour la
période 2000-2006
. L'exécutif européen a prévu
d'octroyer aux Quinze un montant de 30,37 milliards d'euros (soit une
moyenne annuelle de 4,339 milliards d'euros), conformément à
ce qui avait été avalisé lors du Sommet européen de
Berlin. La Commission a précisé que "
l'investissement
total dans les mesures de développement rural dans l'Union
européenne sera substantiellement supérieur à ce niveau,
étant donné que certaines mesures concernant les régions
de l'objectif 1 seront financés à partir de la dotation
globale dans le cadre des Fonds structurels et du fait que les Etats membres
sont tenus de compléter les fonds communautaires par des contributions
nationales
".
Les Etats membres doivent, avant le
1
er
janvier 2000, présenter à la Commission
leurs projets de développement rural.
En prenant cette décision, la Commission a également
souligné qu'elle était disposée à faire usage des
dispositions du Règlement 1750/1999 qui lui permettent d'adapter les
dotations des Etats membres au cours de la période de programmation,
tout en restant dans les limites des ressources globales disponibles. Le
FEOGA-garantie cofinancera quatre mesures de développement rural
dans l'ensemble du territoire rural de l'Union européenne :
indemnités compensatoires pour les zones défavorisées,
régimes de retraite anticipée, programmes agro-environnementaux
et mesures forestières. Il financera cinq autres actions en dehors des
régions de l'objectif 1 : investissements dans les
exploitations, transformation et commercialisation, formation, installation de
jeunes agriculteurs, une série de mesures de diversification. Au sein
des régions de l'objectif 1, ces mêmes cinq actions
seront intégrées dans les programmes de l'objectif 1 et
financées par les Fonds structurels, y compris le FEOGA-orientation.
B. LE DÉVELOPPEMENT RURAL À TRAVERS LA RÉFORME DE LA PAC
1. La réforme de la PAC et le développement rural
La
réforme de la PAC a été entérinée au Conseil
de Berlin de mars dernier. Les grandes organisations communes de marché
(OMC) sur les céréales, les oléo-protéagineux, la
viande bovine et le lait ont substantiellement été
modifiées.
En ce qui concerne le développement rural, votre rapporteur pour avis a
détaillé ci-dessus le nouveau Règlement communautaire qui
regroupe dans un cadre unique les différentes actions en la
matières, apportant à toutes les zones rurales un soutien qui
revêt trois formes différentes :
- un renforcement du secteur agricole et forestier par la modernisation
des exploitations agricoles, la transformation et la commercialisation des
produits agricoles de qualité, l'établissement des jeunes
agriculteurs, la retraite anticipée... ;
- une amélioration de la compétitivité des zones
rurales par la diversification et la création de nouvelles
activités... ;
- la préservation de l'environnement et du patrimoine rural par les
mesures agri-environnementales, l'extension des paiements compensatoires
à des zones où l'agriculture est limitée du fait de
contraintes environnementales spécifiques.
2. La modulation des aides : outil de développement rural ou instrument de redistribution sociale ?
Hormis la réglementation spécifique sur le
développement rural,
M. Jean Glavany
, ministre de
l'agriculture et de la pêche,
a souligné l'importance que
revêt le règlement relatif à la modulation des aides
directes versées aux agriculteurs,
lors du Conseil Agriculture du
mois de juin dernier. Ce système, applicable à partir du
1
er
janvier 2000, permet de réduire les aides
directes afin de les réaffecter si possible vers le développement
rural.
La réduction des aides directes selon le ministre, conforte la position
commune de l'Union européenne lors du prochain cycle de
négociation à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en
novembre 1999 à Seattle.
La France paraît, sur ce point, suivie par les Britanniques, les
Portugais et les Autrichiens.
Selon le règlement communautaire, un Etat membre pourra, à partir
du 1
er
janvier, réduire les aides directes
versées aux exploitations qui ne respectent pas certains critères
et utiliser ces fonds épargnés pour des actions favorables au
développement rural et à la protection de l'environnement. Ces
dispositions sont applicables à tous les secteurs de l'agriculture. Un
Etat peut réduire dans la limite de 20% les aides directes dues aux
agriculteurs pour une année civile donnée dans le cas où
la main-d'oeuvre employée et la prospérité globale de
l'exploitation se situeraient en deçà de seuils
" qui
doivent encore être fixés "
, précise le
règlement sur la modulation des aides.
Le Ministre de l'agriculture a d'ailleurs le 28 juillet dernier
proposé cette modulation des aides.
Il avait été
décidé , initialement, de fixer un taux de modulation qui
atteindrait 20 % pour les exploitations de plus de
280 hectares : la modulation concernerait les agriculteurs qui
perçevaient plus de 250.000 francs d'aides directes (hors
critère de l'emploi), correspondant à des exploitations d'au
moins 100 hectares de céréales, oléagineux et
protéagineux. Le barème était progressif en fonction du
montant des aides directes.
Deux critères s'appliquaient dans le
calcul du taux de modulation : il s'agissait du total des aides et de
l'emploi. 30.000 exploitations, soit
4 % du total, devaient être
concernées par la mise en oeuvre de la modulation française des
aides européennes.
Selon les informations fournies par le ministère, 80 % des
exploitations auraient fait l'objet d'un prélèvement
inférieur à 6 % du montant total des aides directes, 1.400
subissant un prélèvement de 20 %.
Les réactions des OPA à cette politique de modulation des
aides européennes ont été majoritairement hostiles.
Votre rapporteur pour avis constate qu'avec l'entrée en vigueur du
principe de modulation des aides, la notion de compensation de prix est
fortement décrédibilisée :
en effet, les soutiens
compensatoires attribués aux différentes productions agricoles
deviennent en fait une " simple réserve financière "
dans laquelle le ministère de l'agriculture puise pour financer sa
politique de CTE à hauteur d'un milliard de francs.
Le Gouvernement invoque l'équité pour justifier cette modulation
et précise que seuls 4 % des exploitations sont
touchées : on retrouve ainsi la méthode employée
à de multiples reprises par le Gouvernement pendant la discussion de la
loi d'orientation agricole qui avait fait du thème " 80 % des
agriculteurs touchent 20 % des aides et 20 % des agriculteurs
perçoivent 80 % des aides " l'axe central de sa
réflexion.
Or, il est bien difficile d'établir une correspondance entre le
niveau des aides et le revenu net dégagé par l'exploitant. Ainsi,
le barème choisi en juillet dernier risquait de mettre en danger bon
nombre d'exploitations petites ou moyennes des zones dites
intermédiaires
. Expliquer que 30.000 exploitations seulement,
sur près de 700.000, sont concernées par la modulation
sous-entend que 95 % des exploitations agricoles se trouvent dans une
situation défavorable face aux aides européennes : la
réalité est tout autre, comme l'indiquait
M. Michel Collonge, dans l'hebdomadaire " La France
agricole " du 6 août 1999.
Par ailleurs, de nombreux secteurs n'ont pas besoin d'aides
;
ainsi, la production laitière a conservé provisoirement son OCM.
De nombreuses productions sous signe de qualité réussissent
parfaitement sans aide. De plus, les production hors sol souffrent-elles d'un
manque d'aides ?
Enfin,
l'instauration de la modulation incitera certains exploitants
-notamment du nord de la France-
à diversifier leur production
afin de compenser la perte de revenu : cette diversification passera par
la culture d'endives ... et de plusieurs productions qui vont entrer en
concurrence avec celles du sud de la Loire.
Votre rapporteur pour avis prend acte des nouvelles propositions du Premier
ministre à la suite de la Conférence agricole du 21
octobre : une meilleure prise en compte du critère de l'emploi et
l'intégration de la marge brute standard devraient atténuer les
effets pervers du dispositif initial.
Néanmoins, on a la désagréable impression qu'à
travers cette politique de modulation des aides, ce n'est pas le renforcement
de la politique de développement rural qui est visée mais une
soi-disant meilleure répartition des aides communautaires à des
fins sociales. Votre rapporteur pour avis ne conteste en rien la
nécessité d'aider les agriculteurs en difficulté : il
désapprouve néanmoins catégoriquement cette politique qui,
sous couvert d'équité, aura des conséquences
évidentes sur la compétitivité de l'agriculture
française à l'intérieur de l'Union européenne et
instaure une nouvelle forme de fiscalité spécifique à
l'agriculture.
C. LES CONSÉQUENCES DES RÉFORMES COMMUNAUTAIRES SUR LES ZONAGES FRANÇAIS
Votre rapporteur pour avis partage l'analyse faite par M. Jean Puech lors de la rencontre en octobre dernier des Présidents de Conseils généraux. Le Président de l'ADF s'est étonné du " raisonnement du Gouvernement qui consiste à dire ouvertement pour la PAT, et implicitement pour les zonages européens, que l'Etat ayant le pouvoir réglementaire, la consultation des élus locaux est une sorte de faveur qui leur est faite. Cette attitude ne peut plus durer à une époque où l'investissement civil en France est assuré à 75 % par les collectivités locales. "
1. La répartition de la prime d'aménagement du territoire
La prime
d'aménagement du territoire, destinée à faciliter
l'implantation d'entreprises, a été révisée
à la demande de Bruxelles qui a voulu ainsi accompagner la mise en
place, le 1
er
janvier 2000, des nouveaux fonds
structurels. La dernière version du zonage PAT datait de 1995.
La proposition française a été notifiée à
la Commission européenne le 21 juin dernier.
La contrainte a été double :
- d'une part, le
pourcentage de population éligible est
réduit de manière sensible puisqu'il passe de 40 % à
34 %,
ramenant la population éligible de 23,5 millions de
personnes à 20,4 millions de personnes ;
- d'autre part, les règles de délimitation du futur zonage
fixées par la Commission se sont notablement durcies puisqu'il s'agit de
définir l'éligibilité à partir d'un maximum de
5 critères statistiques choisis par l'Etat et appliqués de
manière homogène sur une seule unité statistique.
Le Gouvernement a choisi de privilégier la zone d'emploi comme
unité de base.
Dans une première sélection,
le Gouvernement a retenu, pour
les zones les plus fragiles, celles qui avaient soit un taux de chômage
1998 supérieur à la moyenne nationale, soit un déclin
démographique entre 1990 et 1995 supérieur à 1,2 %.
Ces deux critères -entérinés en mars dernier par le CNADT-
ont permis de prendre en compte 15,2 millions de personnes.
Dans une seconde sélection
, ont été retenues les
zones présentant des risques du point de vue industriel : les deux
critères énoncés ci-dessus ont permis de retenir de
manière additionnelle 3,9 millions de personnes.
Enfin, ont été retenues les zones perdant
l'éligibilité à l'objectif 1 des fonds structurels et
les espaces inférieurs au bassin d'emploi pour prendre en compte des
situations de restructuration minière ou énergétique
spécifiques
(Gardanne, bassin potassique d'Alsace et Creys-Malville)
ou de chômage particulièrement élevé
(supérieur à 13,9 %) dans les zones d'emploi de grandes
agglomérations. Il s'agit de Marseille, Toulon, Montpellier, Bordeaux,
Rouen, Amiens.
Cette nouvelle carte PAT devra être terminée, en tout
état de cause, avant la fin de l'année.
Rappelons, par ailleurs, que cette réforme entérine l'abaissement
des seuils d'éligibilité à la PAT, de 20 à
15 millions de francs pour l'investissement, de 20 à
15 emplois pour les créations d'entreprises, et de 50 à
30 emplois pour les extensions d'entreprises et l'élargissement de
l'éligibilité de la PAT dite " tertiaire " aux services
aux entreprises.
2. Le zonage français de l'objectif 2
La population française éligible au
futur
zonage de l'objectif 2 est passée de 41,3 % à
31,3 % lors de la réforme de mars 1999.
Parallèlement, on assiste à une diminution de l'enveloppe
territorialisée des fonds structurels de 1,5 milliard d'euros.
Les critères de délimitation du futur zonage objectif 2,
définis par le règlement général sur les fonds
structurels, sont de deux ordres : statistiques et qualitatifs.
La moitié au moins des populations couvertes devra se situer dans des
départements répondant à des critères statistiques
identifiant une fragilité de type industriel ou rural. Ces statistiques
définies par rapport à des moyennes communautaires ont
été arrêtées le 6 juillet par la Commission
après l'adoption du règlement par le Conseil Affaires
générales du 21 juin. L'élaboration de ce zonage
s'est établie au sein du CNADT au niveau national et au plan local. En
effet, la responsabilité du préfet de Région dans la mise
en oeuvre des programmes structurels, ainsi que le rôle majeur des
collectivités avec la Région, " tête de file ",
qui apporte une part importante des contreparties financières, font de
la consultation locale un point de passage indispensable.
Une circulaire a d'ailleurs été adressée aux
préfets de Région au lendemain du CIADT du 23 juillet,
reprenant les critères d'éligibilité et les seuils
définis par la Commission et définissant les contraintes en terme
de population éligible au plan régional ainsi que le mode de
consultation des acteurs locaux.
Trois options pour le zonage de l'objectif 2,
préparées par la DATAR, ont été proposées au
CNADT le 8 juillet dernier
. Ces options mettent en oeuvre des
critères choisis par la DATAR mais définis par le
règlement communautaire.
La modulation régionale
La modulation régionale de la restriction des populations
éligibles aux fonds structurels conduit à répartir une
diminution de l'ordre de 25 % des populations éligibles entre trois
groupes de régions : cette méthode présente de
multiples inconvénients :
- elle conserve comme base le zonage de 1994 ;
- elle aboutit à sous-estimer les différences
d'intensité des problèmes structurels entre les
régions ;
- elle traite de ce fait de la même manière des
régions qui sont dans des situations différentes ;
- enfin, la présence, parmi les neuf régions dont la
population éligible diminue le plus, des trois régions où
le potentiel fiscal par habitant est le plus faible et des trois régions
où la pression fiscale est la plus forte, conduit à douter de la
pertinence globale du système.
Le filet de sécurité et la combinaison de
critères
Cette option, sans ignorer le zonage de 1994, en limite la portée en
retenant, soit le quart, soit la moitié de la population actuellement
éligible dans chaque région ;
Les critères utilisés sont étroitement liés aux
objectifs des fonds structurels, qu'il s'agisse des zones urbaines sensibles ou
des zones de revitalisation rurale.
Le choix de retenir, comme " filet de sécurité ", un
quart seulement de la population actuellement éligible a
constitué pour le CNADT le meilleur équilibre entre la prise en
compte des données actuelles de l'aménagement du territoire et la
continuité avec la situation issue du zonage de 1994.
L'intensité des problèmes structurels
Cette simulation permet de ne plus retenir le zonage de 1994 et de se fonder
exclusivement sur les critères communautaires : admission à
100 % de la population des départements remplissant les conditions
d'éligibilité à l'objectif 1, admission à
75 % de celle des départements (ou des zones d'emploi) admissibles
à l'objectif 2 et admission à 25 % de celle des autres
territoires.
Cette option présente néanmoins plusieurs
difficultés :
- le zonage obtenu ne présente aucune cohérence avec les
tendances lourdes d'évolution des territoires ;
- les disparités dans l'évolution de la population
éligible par région sont considérables.
Le CNADT a souhaité, le 8 juillet dernier, que le quota de
population éligible par région soit déterminé sur
la base de l'option 2 -c'est-à-dire celle du filet de
sécurité et de la combinaison des critères-, dans la
variante garantissant dans chaque région un minimum égal à
un quart de la population précédemment éligible.
Le CNADT a de plus indiqué qu'en tout état de cause, les
modalités régionales d'élaboration des zonages soient
mises en cohérence avec les critères nationaux et
européens qui auront conduit à la répartition des
populations éligibles par région.
D. LES AUTRES POLITIQUES COMMUNAUTAIRES RELATIVES AU DÉVELOPPEMENT RURAL
1. Une insuffisante prise en compte de la montagne par la politique communautaire
Les
régions de montagne de l'Union européenne ont interpellé
récemment les instances européennes pour qu'elles reconnaissent
leur handicaps et leur octroient une aide structurelle spécifique au
cours de la prochaine période de programmation qui débutera en
l'an 2000. Les régions concernées -regroupées au sein
de l'Association européenne des élus de montagne (AEM)- se sont
réunies récemment à Strasbourg pour adopter une
stratégie commune à l'égard des réformes de
l'Agenda 2000.
Si l'association abonde dans le sens de l'Union européenne lorsqu'il
s'agit de simplifier la politique européenne d'aide régionale et
d'offrir un soutien aux pays candidats à l'adhésion à
l'Union européenne,
elle déplore
, en revanche,
que les
zones de montagne ne bénéficient pas de mesures spéciales
dans le cadre de la nouvelle politique structurelle à l'instar des
régions insulaires et périphériques.
" L'AEM
estime que la politique structurelle telle qu'elle a été
adoptée au Conseil européen de Berlin ne répond pas aux
besoins ni aux attentes des régions de montagne, de leurs populations et
de leurs représentants élus
"
. L'AEM souhaite
donc
7(
*
)
:
- la reconnaissance de la spécificité des régions de
montagne et la définition d'une politique globale de
développement équilibré et durable de la montagne ;
- l'amélioration de la connaissance des régions de montagne
-démographie, économie, société, culture,
environnement et ressources naturelles ;
- la prise en compte au sein de la politique agricole commune des
contraintes propres aux régions de montagne ;
- la mise en oeuvre d'un programme en faveur des régions de
montagne, notamment des projets de coopération interrégionaux.
2. Pour l'adoption d'une stratégie forestière communautaire
Le nouveau règlement communautaire relatif au
développement rural prend en compte la forêt
. Ainsi, les
dispositions communautaires s'adressent principalement aux particuliers,
à leurs associations, aux communes ou leurs associations,
indépendamment de la personne ou de l'organisme qui réalise
l'investissement.
Ce règlement distingue :
des aides au boisement de terres (non agricoles), aux investissements
(notamment ceux destinés à améliorer et rationaliser la
récolte), la transformation et la commercialisation des produits
sylvicoles), la création d'associations de sylviculteurs et les aides
liées aux incendies de forêt et catastrophes naturelles ;
les dispositions relatives au boisement des terres agricoles
instituées en 1992 : le règlement ne fait plus
néanmoins référence aux aides à
l'amélioration des surfaces boisées (aménagement de
brise-vent, points d'eau, chemins d'exploitation forestière...).
Par contre, il maintient :
-
les aides relatives aux coûts de plantation (montants
fixés ultérieurement ) ;
- la prime annuelle par hectare boisé (montants fixés
ultérieurement) destinée à couvrir les coûts
d'entretien (cinq ans maximum) ;
-
la prime annuelle par hectare destinée à compenser
pendant vingt ans maximum les pertes de revenus (725 euros par
hectare, soit 4.750F/ha, pour les agriculteurs ou leurs associations, et
185 euros par hectare pour toute autre personne de droit privé,
soit 1.200 F/ha) ;
un nouveau régime en faveur de deux actions d'intérêt
public afin de :
- préserver et améliorer la stabilité
écologique des forêts dans des zones ayant un rôle
protecteur et écologique d'intérêt public ;
- entretenir des coupe-feu par des mesures agricoles (" coupures
vertes ").
Les montants des paiements sont déterminés sur la base des
coûts réels des mesures mises en oeuvre, tels qu'ils ont
été fixés au préalable sur une base contractuelle,
et à l'intérieur d'une fourchette allant de 40 à
120 euros par hectare (260 à 7.800 F/ha).
Par ailleurs, la France soutient l'adoption d'une stratégie
forestière qui pourrait faciliter la mise en oeuvre et la reconnaissance
de la gestion durable des forêts. Elle contribue également au
projet d'une convention mondiale sur les forêts et participe aux
débats du forum intergouvernemental sur les forêts.
Les délégations des Etats membres de l'Union
européenne ainsi que la Commission européenne ont
participé du 3 au 14 mai 1999 à Genève à
la 3
ème
session du Forum Intergouvernemental sur les
Forêts de la Commission du Développement Durable des Nations
Unies.
Les Quinze se sont concertés de manière informelle sur
les divers dossiers, très techniques, et ont procédé
à une coordination sur place et au jour le jour pour arrêter leur
position.
Mis en place en 1995 par la Commission du Développement Durable (CDD)
des Nations Unies, le Groupe intergouvernemental sur les forêts
était chargé de passer en revue les instruments juridiques
actuels et futurs en vue de négocier un éventuel accord
international spécifique aux forêts. Pour être efficace un
tel accord devrait être un instrument juridiquement contraignant et se
présenter, par exemple, sous forme d'une Convention-cadre. Celle-ci
devrait être, estiment les experts :
- basée sur le droit souverain des Etats ;
- non discriminatoire ;
- fondée sur les principes du développement durable ;
- reposée sur des critères et indicateurs convenus de
gestion durable des forêts et sur des systèmes solides de suivi et
de retour d'informations ;
- liée aux instances internationales et ouverte à la
participation de la société civile ;
- complémentaire aux accords forestiers existants ;
- favorable à des initiatives partant de la base pour garantir un
développement dynamique et une mise en oeuvre active ;
- appuyée par des ressources financières appropriées.
Le Groupe n'étant pas parvenu à conclure les travaux en la
matière, la CDD a chargé, en 1997, le Forum intergouvernemental
sur les forêts (FIF), successeur du Groupe, de poursuivre les travaux.
Ceux-ci ont donné lieu à plusieurs textes de recommandations dont
les experts poursuivent actuellement l'examen. Les sujets discutés
à Genève concernent les ressources financières
jugées indispensables, les relations commerce
international/environnement, les causes de la déforestation, la
conservation et protection des zones forestières, les priorités
pour la recherche, la valorisation des produits et services forestiers, les
instruments économiques, y compris la politique fiscale et de gestion du
territoire, l'offre et la demande de produits du bois, de produits non ligneux
et de services de la forêt, la réhabilitation de la couverture
forestière
8(
*
)
.
E. LES CHANTIERS EN COURS AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE
1. Le débat sur le développement rural durable
La
Présidence allemande a proposé, en mai dernier, un document sur
le " développement rural durable " qui suggère de
transposer au développement rural le principe de la viabilité
à long terme.
Inscrites dans le Traité d'Amsterdam et rendues facultatives depuis
l'adoption de la nouvelle politique agricole commune, les mesures en faveur du
développement rural sont apparues progressivement comme un outil
efficace pour améliorer les conditions du milieu rural tout en
préconisant des pratiques agricoles plus écologiques.
La Présidence allemande a proposé de mener, au niveau
européen, une réflexion sur les questions suivantes :
- Quels sont les axes que les Etats membres privilégieront dans la
mise en oeuvre du règlement communautaire relatif au
développement rural ?
- Comment se conformeront-ils au principe de viabilité à
long terme ?
- Comment assurer au mieux la cohérence entre les mesures relevant
des différentes politiques sectorielles ?
- Que faire des surfaces agricoles qui ne présentent plus
d'intérêt économique ?
Votre rapporteur pour avis suivra avec attention l'évolution de ce
dossier.
2. La mise en oeuvre du SDEC
Les
quinze ministres responsables de l'aménagement du territoire dans les
Etats de l'Union européenne et la Commissaire chargée de l'action
régionale, réunis à Potsdam le 11 mai 1999, ont
adopté le schéma de développement de l'espace
communautaire (SDEC).
Ce schéma est l'aboutissement d'un travail de
concertation initié en 1994. Son objectif est de promouvoir
un
développement équilibré et durable du territoire de
l'Union
en s'inscrivant dans les principales orientations de la politique
européenne
9(
*
)
.
Ce document a l'ambition de servir de cadre de référence commun
aux actions de tous les acteurs concernés par le développement
spatial. Il peut ainsi aider à la coopération entre Etats et
entre régions, de façon à ce qu'ils soient en mesure de
traiter les questions territoriales qui dépassent les frontières
nationales. Cependant, le SDEC ne crée pas de compétence
communautaire nouvelle. Ce document, non contraignant sur le plan légal,
sera pris en compte par la Commission, les Etats et les autorités
régionales et locales, chacun dans leur domaine de compétence
respectif. Il examine l'impact des politiques communautaires et leur
contribution à un développement spatial équilibré
et durable, et formule des orientations : un développement spatial
polycentrique et une nouvelle relation ville campagne ; une parité
d'accès à l'infrastructure et à la connaissance ; une
gestion prudente et un développement du patrimoine naturel et culturel.
Le SDEC doit, maintenant, être appliqué. Si l'initiative
communautaire INTERREG est considérée comme un outil majeur de
mise en oeuvre, elle n'est pas le seul. La politique régionale et de
cohésion européenne prendra en compte les orientations du SDEC,
lors de la mise en application du nouveau règlement des fonds
structurels. De même, les politiques sectorielles poursuivies par la
Commission et les politiques nationales engagées par les Etats membres
devront intégrer les lignes directrices du schéma. Par ailleurs,
pour encourager les régions à réaliser les orientations du
SDEC dans leurs domaines de compétences respectifs, la présidence
allemande a proposé de mettre en place en 2001 un concours des
régions en vue de l'application du SDEC qui s'intitulerait
" Régions d'Europe vers l'avenir ". La
délégation française, elle, a proposé la mise en
place d'un concours destiné aux lycéens européens afin de
sensibiliser la nouvelle génération à la dimension
européenne.
Les ministres de la politique régionale de l'Union européenne
ont accepté, lors de leur réunion des 4 et 5 octobre à
Tampere, le plan d'action couvrant le Schéma de développement de
l'espace communautaire (SDEC).
Les douze propositions comprennent
l'intégration du développement de l'espace communautaire dans les
Fonds structurels et l'application du SDEC par le biais d'initiatives
communautaires.
Votre rapporteur pour avis est persuadé que le nouveau commissaire
européen chargé de l'action régionale, notre
collègue M. Michel Barnier, mènera à bien ces
différents projets.
CHAPITRE II -
LES CRÉDITS CONCOURANT
AU
DÉVELOPPEMENT RURAL
Comme
chaque année, votre commission ne limite pas son analyse aux seuls
crédits de développement rural inscrits au ministère de
l'Agriculture, mais prend également en compte les crédits
à " finalité " rurale inscrits au budget de
l'aménagement du territoire, ainsi que ceux des fonds d'infrastructure.
Votre rapporteur vous présentera cette année l'analyse des
crédits relatifs au développement rural libellés en francs
et en euros.
I. LES ACTIONS MENÉES PAR LE FNADT EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT RURAL
Le fonds
national pour le développement et l'aménagement du territoire
(FNADT), qui regroupe les crédits antérieurement consacrés
aux interventions pour l'aménagement du territoire, à la
restructuration des zones minières, à la délocalisation
des entreprises, à l'aide aux initiatives locales pour l'emploi, au
développement de la montagne et à l'aménagement rural, est
réparti entre sections générale et locale, et pour cette
dernière entre les régions.
Le ministère chargé de l'agriculture est consulté dans le
choix des décisions financières relatives au FNADT, tant au
niveau de la section locale que de la section générale.
Cependant, la fusion des problématiques au sein d'un même fonds
induit une dilution relative des préoccupations liées aux
compétences du ministère.
Par ailleurs, une réforme globale du fonds a été
décidée par le Gouvernement.
Le Comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire du 15 décembre 1998 a
demandé que la DATAR, sous l'autorité de Mme la ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement et après
concertation avec les autres ministères, soumette à M. le Premier
ministre un projet de circulaire modifiant les dispositions de la circulaire du
15 février 1995, précisant la doctrine d'emploi et les
conditions de gestion du FNADT.
En millions de francs
Budget du ministère de l'aménagement du territoire |
LFI 1999 |
PJLF 2000 |
FNADT - 44-10-10 |
295,37 (45,03) |
215 (32,75) |
FNADT - 65-00-10 |
CP :
1.083,7 (165,21)
|
CP :
580,32 (88,47)
|
Les chiffres entre parenthèses sont en millions d'euros.
II. LES CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT RURAL
A. LES CRÉDITS CONSACRÉS À L'ÉLECTRIFICATION À TRAVERS LE FACE
1. Généralités sur le FACE
Le
Fonds d'amortissement des Charges d'électrification, créé
par la loi de finances du 31 décembre 1936, a pour vocation de soutenir
l'effort d'investissement pour l'électrification des communes rurales en
contribuant au financement des travaux d'extension, de renforcement et, depuis
1992, d'intégration esthétique des réseaux de distribution
publique d'énergie électrique basse tension. Il n'apporte plus
que des subventions en capital, depuis l'ordonnance du
30 décembre 1958.
C'est un compte spécial d'EDF alimenté annuellement par une
contribution des distributeurs d'énergie électrique basse tension
selon les modalités suivantes pour 1998 :
- 2,2 % des recettes perçues dans les communes urbaines selon
l'INSEE - RGP 1990 ;
- 0,44 % des recettes perçues dans les communes rurales selon
l'INSEE - RGP 1990.
Ces taux ont, compte tenu de l'augmentation de consommation
d'électricité, régulièrement baissé depuis
plus de vingt ans. Ils sont fixés en fin d'année pour
l'année en cours, en fonction des dépenses prévisibles du
fonds, auxquelles ils sont ajustés, par un arrêté des
ministères chargés de l'industrie et du budget.
Le fonds est administré par un conseil composé de
représentants de l'Etat, des distributeurs et des collectivités.
Le programme du FACE est cogéré par le ministère de
l'agriculture et de la pêche et par celui chargé de l'industrie.
2. Les dotations du FACE
Le
schéma de financement des programmes de travaux aidés par le
fonds est le suivant depuis 1992 :
-
une tranche unique A/B
finançant les travaux à
70 % du montant TTC (en métropole) et répartie chaque
année en un programme principal (90 % environ de l'enveloppe) et un
programme spécial destiné à financer les renforcements
anticipés à effectuer suite à des intempéries et
des travaux dans les communes traversées par des lignes haute tension
(appelés travaux/DUP) ;
-
une tranche C
, dite " environnement ", dotation
spécifique pour une meilleure insertion des réseaux ruraux dans
l'environnement paysager (renforcement, mise en façade) qui finance
à 50 % du montant TTC les travaux correspondants.
En 1998 et 1999, les dotations se sont réparties comme suit :
MONTANT DE TRAVAUX AIDES TTC
en millions de francs
|
1998 |
1999 |
|
PROGRAMME ARRETE PAR LE CONSEIL |
PROGRAMME ARRETE PAR LE CONSEIL |
PROGRAMME PRINCIPAL |
2 200 (335,39) |
2 270 (346,06) |
PROGRAMMES SPECIAUX |
100 ENR/MDE - 75 DUP-Int |
75 ENR/MDE - 25 DUP-Int |
PROGRAMME ENVIRONNEMENT |
695 (105,95) |
700 (106,71) |
TOTAL |
3 070 (468,02) |
2 970 (452,77) |
Les chiffres entre parenthèses sont en millions d'euros.
3. Les besoins spécifiques des communes rurales
De
nombreux problèmes essentiellement qualitatifs, subsistent en
matière de tenue de tension et de continuité du service
. Les
résultats de l'inventaire du 1
er
janvier 1995 de
l'électrification rurale montrent ainsi une progression sensible des
besoins des départements, qui ont fait l'objet d'un inventaire
complémentaire en 1997. Cet inventaire complémentaire a permis de
mieux cibler les besoins exprimés afin de définir une
répartition des dotations entre les départements qui soit plus
juste et plus équitable.
Si, à la fin du précédent inventaire, en 1990, on
avait atteint l'objectif de réduction à 6 % du nombre
d'abonnés mal alimentés en zone rurale
(ceux qui subissent
des chutes de tension supérieure à 11 %), puisque ce pourcentage
n'était plus que de 4,83 %,
l'objectif de la période
1990-1994 de quasi-disparition de ceux-ci ne sera pas atteint
; il en
subsiste en moyenne entre 3 et 4 % et pour une dizaine de départements
ce taux dépassait encore 6 % au
1
er
janvier 1995
La population rurale et les agriculteurs, très dépendants de
la fourniture d'électricité sont particulièrement
sensibles aux coupures
, alors même qu'on dénombre encore en
zones rurales, en particulier en zones de montagne, de nombreux
kilomètres de réseaux aériens en fil nu,
particulièrement vulnérables aux aléas climatiques.
Le développement de l'équipement informatique, et à
l'avenir du télétravail dans ces zones suppose aussi une
fourniture d'électricité sans faille (ni coupures, ni
microcoupures).
Cette évolution justifie la pérennité du FACE et
l'adaptation de ses financements aux nouveaux besoins.
B. LES CRÉDITS CONSACRÉS À L'ALIMENTATION EN EAU POTABLE ET À L'ASSAINISSEMENT
1. Objectifs et ressources du fonds
Le Fonds
national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE) a
été créé par le décret du
1
er
octobre 1954. Il s'agit d'un compte spécial du
Trésor géré par le ministère chargé de
l'agriculture (compte 902-00).
Il a été conçu, dès son origine en 1954, comme un
instrument financier de solidarité nationale destiné à
aider les communes rurales à mettre en place leurs services publics de
distribution d'eau. Son domaine d'intervention a été
étendu à l'assainissement en 1979. En 1997, la compétence
du Fonds a été étendue, pour une période de
3 ans, à la lutte contre les pollutions d'origine agricole.
Prélevées sur l'ensemble de la population française,
les ressources du Fonds ne sont redistribuées qu'aux seules communes
rurales. Elles proviennent en 1998 :
- pour 52 % du produit d'une redevance sur les consommations d'eau
distribuée dans toutes les communes urbaines et rurales
bénéficiant d'une distribution publique d'eau potable, dont le
taux de base est actuellement fixé à 14 centimes par
mètre cube depuis le 1
er
janvier 1996 ;
- pour 48 % d'un prélèvement sur les sommes
engagées au Pari Mutuel Urbain.
2. Fonctionnement
Depuis
les lois de décentralisation, les aides du FNDAE sont réparties
par département sous forme de dotations affectées à l'eau
et à l'assainissement.
La répartition de ces enveloppes budgétaires entre les
départements est proposée au ministère chargé de
l'agriculture, par le Comité consultatif du Fonds, présidé
par un Conseiller d'Etat honoraire et composé de représentants du
Parlement, de l'APCG, de l'AMF, des agences de l'eau et des ministères
concernés.
Les départements règlent ensuite, sur la base des propositions
présentées par les collectivités locales
concernées, la répartition de ces aides entre les communes
rurales et leurs groupements qui réalisent des travaux d'eau potable et
d'assainissement. S'agissant de la dotation du Fonds réservée au
financement du programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole
(PMPOA), elle est répartie chaque année par les
départements, sur la base des propositions présentées par
les exploitants agricoles.
3. Les besoins des communes rurales
Les besoins de ces communes changent de nature, notamment en matière d'alimentation en eau potable, mais ils restent très importants avec des exigences de qualité et de fiabilité accrues.
a) En matière d'alimentation en eau potable
Le
taux global de desserte des communes rurales dépasse 98 % en 1995
au plan national
, mais des besoins nouveaux sont apparus à partir de
la fin des années 70, d'ordre plus qualitatif.
Les principales
préoccupations
sont :
- la qualité de l'eau distribuée, en application des
nouvelles normes européennes ;
- la fiabilité des équipements de production et de transport.
Sous ces deux aspects, la situation des collectivités rurales est
généralement plus préoccupante que celle des communes
urbaines et ce à plusieurs titres :
- les ressources en eau exploitées sont souvent
vulnérables ;
- le service public en milieu rural est dans l'ensemble fortement
fragmenté ;
- nombre de réseaux construits dans les années cinquante, et
avant, sont devenus obsolètes.
b) En matière de collecte et de traitement des eaux usées
Environ
29,7 millions d'habitants résidant en zone rurale (permanents ou
saisonniers) sont concernés en France par des équipements
d'assainissement collectifs. Les taux de raccordement à un réseau
d'assainissement et à une station d'épuration atteignent
actuellement respectivement 73,3 % et 66 % pour cette population.
Les objectifs majeurs sont les suivants :
- améliorer les taux de raccordement des usagers aux ouvrages ;
- accroître la capacité d'épuration des stations ;
- élever les niveaux de traitement de celles-ci.
c) Un effort d'investissement à pérenniser
L'inventaire des besoins d'investissement pour l'alimentation
en eau
potable et l'assainissement des communes rurales publié en
juillet 1997 chiffre à 8 milliards de francs (1,22 milliard
d'euros) par an l'investissement effectué entre 1990 et 1994 et à
11,5 milliards de francs (1,75 milliard d'euros) par an les besoins
prévisibles sur la période 1995-1999.
Les contraintes réglementaires résultant notamment de la
directive européenne du 21 mai 1991 relative au traitement des
eaux résiduaires urbaines et de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992,
expliquent la progression des besoins d'investissements dans les années
à venir.
Ces efforts sont et seront d'autant plus lourds que les communes rurales
supportent des surcoûts importants liés à la faible
densité et à la dispersion dans l'espace de la population
à desservir et à un afflux important de population
saisonnière à certaines périodes de l'année.
D'autres problèmes de financement plus aigus ont été mis
en lumière par la mise en oeuvre de l'instruction comptable et
budgétaire M49. Ils portent sur :
- l'équilibre financier du service, qui ne doit être
assuré que par les redevances des usagers ;
- l'ensemble du patrimoine, qui doit faire l'objet d'un amortissement
comptable permettant d'assurer son renouvellement ;
- l'interdiction faite aux collectivités, sauf situation
exceptionnelle, d'équilibrer les comptes par une subvention du budget
général.
Pour les raisons évoquées ci-dessus, les coûts de
réalisation et de gestion des réseaux par habitant et par
mètre cube distribué sont sensiblement plus élevés
à la campagne qu'à la ville.
4. Les actions du FNDAE et la répartition de des dotations
a) Les dotations Eau potable - Assainissement
En 1991,
des conventions pluriannuelles ont été mises en place avec des
départements afin de concentrer l'attribution des crédits publics
sur des axes prioritaires définis localement et souffrant de retards
spécifiques. Le but de ces conventions était également
d'améliorer la programmation des travaux ainsi que les délais
d'utilisation des crédits du FNDAE pour éviter les reports et de
faciliter la coordination des interventions de divers parlementaires (agences
de l'eau notamment). Les départements volontaires pour entrer dans cette
démarche ont obtenu une majoration importante de leur dotation FNDAE),
sous réserve d'un apport identique en valeur absolue du Conseil
général.
Le comité du fonds, après avoir analysé la première
phase de conventionnement 1991-1995 et constaté que cette forme de
contractualisation était jugée bénéfique, a
souhaité pouvoir renouvelé cette contractualisation en
assouplissant un certain nombre de règles.
Aussi, en 1996, le dispositif de conventionnement a été reconduit
pour cinq ans, en donnant la priorité aux départements
conventionnés précédemment. Il a donné lieu
à de nouvelles conventions permettant d'actualiser les thèmes
d'intervention. Cette nouvelle phase de conventionnement a été
mise à profit pour organiser une nouvelle clé de
répartition des dotations départementales. Cette clé tient
compte des prévisions d'investissement exprimées par les
collectivités rurales pour la période 1995-1999, dans le cadre de
l'inventaire 1995, traduisant ainsi la vocation du FNDAE à être un
fonds de péréquation et de solidarité nationale.
En 1998, on comptait 75 départements ayant conventionné. En
1999, compte tenu de la réduction de l'enveloppe, aucune nouvelle
demande de conventionnement n'a pu être honorée.
b) Les dotations Programme de maîtrise des Pollutions d'Origine Agricole
La loi
de finances pour 1997 a prévu le financement du programme de
maîtrise des pollutions d'origine agricole par le FNDAE, en lui
réservant une enveloppe de 150 MF s'ajoutant au financement de
l'Etat (Chap. 61-40).
Cette dotation complémentaire, prévue pour 3 ans
(1997-1998-1999), permet d'accélérer la mise en oeuvre du PMPOA.
Votre rapporteur pour avis s'interroge sur la pérennité de la
dotation du FNDAE en faveur du PMPOA pour l'année 2000.
c) Les autorisations de programmes 1997-1998-1999
Les autorisations de programme disponibles en 1997, 1998 et 1999 ont été réparties comme suit :
En milliards de francs
(MF) |
1997 |
1998 |
1999* |
Crédits disponibles |
|
|
Réduction de la LFI au niveau des recettes 1998 |
- Crédits votés en LFI |
975,0 |
966,0 |
970,0 (147,88) (1) |
- Réductions d'AP |
|
|
-27,363 (-4,17 (1) ) |
AP reportées année précédente |
41,449 |
40,291 |
14,697 (2,24 (1) ) |
Total disponible |
1 016,449 |
1 006,291 |
957,334 (145,94 (1) ) |
Affectation des crédits |
|
|
|
Dotation Eau Potable - Assainissement |
|
|
|
- Dotations départements non conventionnés |
134,200 |
118,5 |
107,90 (16,45 (1) ) |
- dotations départements conventionnés |
668,258 |
699,23 |
680,41 (103,73 (1) ) |
- grands ouvrages |
15,999 |
18,5 |
8,3 (1,27 (1) ) |
- intempéries |
2,789 |
2,56296 |
0 |
Total Dotation Eau potable - Assainissement |
821,246 |
838,79296 |
796,61 (121,44 (1) ) |
Dotation PMPOA |
|
|
|
Programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole |
|
|
|
Etat d'avancement |
|
|
|
Total réparti |
954,516 |
1 004,59496 |
844,75 (128,78 (1) ) |
Reste non réparti |
40,291 |
1,697 |
112,584 (17,16 (1 )) |
*
Situation au 29 juillet 1999 -
Seuls les chiffres pour 1999 sont convertis en euros. Chiffres en millions
d'euros
(1)
.
Avec une dotation annuelle comprise entre 0,9 et 1 milliard de francs
(140 et 150 millions d'euros), le FNDAE couvre un peu moins de
9 % des besoins des communes rurales.
La politique de conventionnement engagée en 1991 et renouvelée en
1996 permet au FNDAE de continuer à jouer un rôle essentiel, par
effet d'entraînement et de planification des investissements
(identification des thèmes prioritaires) dans l'équipement et
assainissement et en eau potable des communes rurales.
Néanmoins, comme le souligne M. Aymeri de Montesquiou dans sa
question n° 17.686 du 1
er
juillet 1999,
la
baisse des recettes du FNDAE n'est pas sans conséquence sur la charge
financière que représente les obligations des maires des communes
rurales en matière d'assainissement. Le maire est, en effet, responsable
de l'approvisionnement en eau, comme de l'épuration des eaux
usées de sa commune. La directive européenne du
21 mai 1991, reprise en droit français par la loi
n° 92-3 sur l'eau du 3 janvier 1992 et son décret
d'application du 3 juin 1994, prévoit une obligation
générale d'assainissement sur l'ensemble du territoire avant le
31 décembre 2005, avec des délais plus
rapprochés pour les plus grandes communes (2000) ou celles qui rejettent
leurs eaux dans des milieux sensibles aux risques d'eutrophisation (1998). Du
point de vue du financement, on peut s'inquiéter de la charge
budgétaire que représente un tel programme d'assainissement,
notamment pour les petites communes. Plus précisément, la baisse
des recettes du FNDAE enregistrée fin 1998 n'a pas permis de maintenir
le niveau moyen de dotation de l'année dernière.
Parallèlement, la programmation départementale ne peut compenser
cette baisse des crédits. En conséquence, moins de travaux
d'assainissement sont subventionnés, ce qui pénalise
financièrement les communes rurales. Le FNDAE étant
alimenté par un prélèvement sur les recettes du
" pari mutuel urbain " ainsi que par une redevance versée par
l'ensemble des usagers des services d'alimentation en eau potable, " on
peut se " demander les moyens " que le Gouvernement " entend
mettre en oeuvre pour s'assurer que ce fonds ne baisse pas, ce qui permettrait
à l'Etat, par le biais du FNDAE, d'assurer aux départements et,
par conséquence aux communes, les moyens nécessaires à
l'assainissement. Le maire a une obligation de résultats, et il lui
incombe de choisir les moyens adaptés. Il est responsable auprès
de ses administrés des sommes investies pour restaurer la qualité
des eaux. Le schéma d'assainissement, obligatoire pour les communes de
plus de 2.000 équivalents-habitants et fortement conseillé
pour les autres, est un outil de planification essentiel pour optimiser les
choix financiers
.
Par ailleurs, votre rapporteur pour avis considère essentiel que la
tutelle du FNDAE soit assurée par le ministère de l'agriculture
qui dispose de tous les moyens techniques pour suivre sur le terrain la mise en
oeuvre de ces crédits.
EVOLUTION
DES CREDITS INSCRITS EN LOI DE FINANCES
DISPONIBLES ET DELEGUES
En milliards de francs
Année |
LFI |
LFR |
AP non utilisées l'année précédente |
Réduction d'AP |
AP disponibles |
AP déléguées |
1982 |
644,000 |
|
|
|
644,000 |
644,000 |
1983 |
600,000 |
-134,000 |
|
|
466,000 |
466,000 |
1984 |
606,000 |
-106,000 |
|
|
500,000 |
499,966 |
1985 |
610,000 |
|
0,034 |
|
610,034 |
610,001 |
1986 |
630,200 |
|
0,033 |
|
630,233 |
630,232 |
1987 |
678,365 |
|
|
|
678,365 |
663,365 |
1988 |
678,166 |
|
15,000 |
|
693,166 |
693,166 |
1989 |
700,000 |
|
|
|
700,000 |
700,000 |
1990 |
735,000 |
24,758 |
|
|
759,758 |
759,250 |
1991 |
805,000 |
41,000 |
0,508 |
|
846,508 |
845,232 |
1992 |
867,000 |
27,600 |
1,276 |
5,000 |
900,876 |
900,590 |
1993 |
870,000 |
29,953 |
0,286 |
|
900,239 |
900,239 |
1994 |
960,000 |
|
|
0,306 |
960,306 |
934,851 |
1995 |
870,000 |
|
25,455 |
10,577 |
906,032 |
860,185 |
1996 |
921,000 |
|
45,847 |
|
966,847 |
843,675 |
1997 |
975,000 |
|
41,449 |
|
1 016,449 |
954,516 |
1998 |
966,000 |
|
40,291 |
|
1 006,291 |
1 004,595 |
1999 |
970,000
|
|
14,696 (2,24 (1) ) |
-27,363
|
957,334
|
784,960 (119,67 (1) (*) |
*
Situation au 29 juillet 1999.
Seuls les chiffres pour 1999 sont convertis en euros. Chiffres en millions
d'euros(1).
NB
: les autorisations de paiement non utilisées respectivement
en 1994 et 1995 correspondent éventuellement au gel nécessaire
pour permettre la reconstitution du fonds de roulement.
RECETTES DU FNDAE
Années |
Redevances |
PMU |
Divers, Prêts |
Total |
1982 |
212 130 000,00 |
310 640 000,00 |
3 170 000,00 |
525 940 000,00 |
1983 |
206 350 000,00 |
345 830 000,00 |
3 160 000,00 |
555 340 000,00 |
1984 |
228 080 000,00 |
373 870 000,00 |
3 160 000,00 |
605 110 000,00 |
1985 |
214 820 000,00 |
374 280 000,00 |
3 160 000,00 |
592 260 000,00 |
1986 |
237 820 000,00 |
379 700 000,00 |
3 160 000,00 |
620 680 000,00 |
1987 |
247 280 000,00 |
346 230 000,00 |
5 640 000,00 |
599 150 000,00 |
1988 |
257 729 698,00 |
412 598 088,00 |
690 488,00 |
671 018 274,00 |
1989 |
303 689 102,00 |
432 068 790,00 |
3 165 510,00 |
738 923 402,00 |
1990 |
336 669 286,00 |
462 350 491,00 |
2 474 638,00 |
801 494 415,00 |
1991 |
385 074 000,00 |
476 249 000,00 |
137 000,00 |
861 460 000,00 |
1992 |
408 970 000,00 |
488 120 000,00 |
20 000,00 |
897 110 000,00 |
1993 |
375 471 025,00 |
467 039 700,00 |
25 000,00 |
842 535 725,00 |
1994 |
415 915 663,00 |
456 393 048,00 |
164 162,00 |
872 472 873,00 |
1995 |
455 040 000,00 |
449 580 000,00 |
0,00 |
904 620 000,00 |
1996 |
474 636 000,00 |
456 830 000,00 |
0,00 |
931 466 000,00 |
1997 |
542 438 734,00 |
454 283 628,85 |
0,00 |
996 722 363,00 |
1998 |
501 376 000,00 |
457 830 000,00 |
0,00 |
959 206 000,00 |
C. LE RÔLE DE LA DGE EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT RURAL
Rappelons que la loi n° 82-213 du
2 mars 1982
relative aux droits et libertés des communs, des départements et
des régions a institué, par l'article 103,
une
dotation globale d'équipement
(DGE) qui se substitue aux
subventions spécifiques d'investissement de l'Etat. La DGE est
constituée par la globalisation des chapitres budgétaires
affectés aux dépenses d'équipement de chaque
ministère. Il a ainsi été créé, au budget de
l'Etat, deux chapitres concernant la DGE : la DGE des communes et la
DGE des départements.
La DGE des communes
regroupe, en 1983, les subventions d'investissement
de l'Etat aux communes et à leurs groupements pour la voirie communale
et pour l'aménagement des espaces verts et forestiers.
Les modalités de répartition et d'attribution de la DGE des
communes ont fait l'objet de plusieurs modifications.
Selon les
dernières modifications introduites au régime de la dotation par
la loi n° 96-241 du 26 mars 1996, sont désormais
éligibles à la DGE :
- les communes dont la population n'excède pas 2.000 habitants
en métropole ou 7.500 habitants dans les départements
d'outre mer (DOM) ;
- les communes dont la population est supérieure à
2.000 habitants et n'excède pas 20.000 habitants en
métropole, ou est supérieure à 7.500 habitants et
n'excède pas 35.000 habitants dans les DOM et dont le potentiel
fiscal par habitant est inférieur à 1,3 fois le potentiel
fiscal moyen par habitant de l'ensemble des communes de métropole dont
la population est supérieure à 2.000 habitants et
n'excède pas 20.000 habitants.
- les établissements publics de coopération intercommunale
dont la population n'excède pas 20.000 habitants dans les
départements de métropole et 35.000 habitants dans les DOM.
Pour 1999, la dotation globale d'équipement des communes
s'élève à 2.557,5 millions de francs (389,89 millions
d'euros), dont 38,9 millions de francs (5,93 millions d'euros) au titre de
la quote-part évoquée ci-avant (TOM, Wallis et Futuna, Mayotte).
Le bilan national de l'utilisation des crédits versés pour
l'année 1997
au tire de la DGE des communes de moins de
2.000 habitants fait apparaître une progression de 4 % des
investissements subventionnés (5.061 MF en 1997 contre
4.867 MF en 1996) et un taux moyen de subvention de 30,2 % (contre
29,81 % en 1995). Les évolutions des quatre principales
catégories d'opérations sont cependant contrastées :
- le
patrimoine bâti
voit le montant de ses investissements
augmenter de 7 % (2.048 MF contre 1.913 MF en 1996). Le taux
moyen de subvention atteint 31,4 % ;
- la
voirie
voit ses investissements augmenter de 4 %
(1.123 MF contre 1.079 MF en 1996). Le taux moyen de subvention est
comparable à celui de l'année précédente
(28 %) ;
- les
équipements scolaires
se stabilisent, passant de
780 MF à 799 MF. Le taux moyen de subvention est stable
(32 %) ;
- les opérations
d'eau, d'assainissement et d'énergie
sont stables, passant de 359 MF en 1996 à 360 MF en 1997. Le
taux moyen de subvention de ces opérations reste stable (28 %).
La DGE des départements
regroupe les subventions
d'investissement de l'Etat aux départements pour la réalisation
de leurs investissements au titre de la première part ainsi que les
subventions d'investissement de l'Etat pour le financement des travaux
d'équipement rural au titre de la deuxième part
(aménagements fonciers, travaux hydrauliques d'intérêt
local, bâtiments d'habitation, habitat autonome des jeunes agriculteurs,
aménagement d'accueil, d'animation de loisirs, création et
protection de jardins familiaux, études de plans d'aménagement
rural, électrification rurale).
Les montants de ces deux parts sont déterminés chaque
année par décret en Conseil d'Etat, pris après avis du
comité des finances locales.
- La première part de la DGE des départements est
fixée à 217,88 millions d'euros (1.429 millions de francs)
pour l'année 1999.
Elle comprend une
fraction principale
et une
fraction voirie
et
est répartie entre les départements.
- La seconde part de la DGE des départements est fixée
à 1.230 millions de francs (187,63 millions d'euros) pour 1999.
Elle est destinée à l'équipement rural et à
l'aménagement foncier
et comprend une fraction principale et deux
majorations.
Les données concernant la seconde part de la DGE des départements
sont les suivantes :
|
1997 |
1998 |
1999 |
Dotation globale |
1 138,84 |
1 194,39 |
1 230,8 (187,64) |
dont : |
|
|
|
- fraction principale |
867,79 |
910,13 |
937,88 (142,98) |
- majoration " aménagement foncier " |
105 |
110,12 |
113,48 (17,3) |
- majoration " insuffisance potentiel fiscal " |
166,04 |
174,14 |
179,45 (27,36) |
En
millions de francs avec, entre parenthèses, les chiffres en millions de
d'euros.
S'agissant de la fraction principale, le taux de concours appliqué
aux dépenses des départements atteint 16,68 % en 1999. Si l'on
tient compte des sommes versées au titre des deux autres composantes de
la DGE des départements, c'est au total 1.230,8 MF qui ont permis
de financer l'aménagement et l'équipement rural.
Il est difficile de mesurer l'effet réel de la DGE des communes ou des
départements sur l'aménagement de l'espace rural.
Le mode de
calcul et les modalités d'attribution impliquent une certaine
globalité des actions, qui ne permet pas une évaluation
sectorielle fine. En effet, la dotation vient abonder les capacités
financières d'un département qui, par ailleurs, arrêtera en
toute indépendance, sa politique d'aide au développement des
infrastructures et aux aménagements, qu'ils concernent le milieu urbain
ou rural. De plus, la DGE des départements reflète les
différentes politiques départementales et peut subir de fortes
variations d'une année à l'autre.
Cela étant, un rapport récent réalisé par le
Ministère de l'intérieur et faisant le point sur
l'évolution de la deuxième part de la DGE des départements
depuis 1991 montre une diminution régulière des investissements,
tels que recensés au titre de la DGE depuis 1993.
III. LES DOTATIONS INSCRITES AU BUDGET DE L'AGRICULTURE
A. LES CRÉDITS FIGURANT DANS LE " BLEU BUDGÉTAIRE "
1. Les crédits consacrés au développement rural proprement dit
Les
lignes budgétaires consacrées à l'aménagement rural
et au développement rural (hors crédits consacrés aux CTE)
sont les suivantes :
a)
La ligne 44.80/10
(ancien chapitre 43-23-30
consacré à l'animation rurale) est utilisée pour soutenir
l'action fédérative des associations têtes de réseau
qui interviennent en matière d'animation en espace rural :
elle
est reconduite pour 2000 de 18,04 millions de francs (2,75 millions
d'euros).
b)
La ligne 44.80/21
(amélioration du cadre de vie et
aménagement de l'espace rural) est, pour une part, utilisée pour
des actions de développement économique dans le cadre des
contrats de plan Etat-Région. C'est notamment le support financier des
analyses stratégiques des programmes de développement rural et
des actions plus spécialisées qui leur font suite dans les
domaines de la création d'activités, de la valorisation des
ressources locales, de la restructuration de services et de la valorisation du
tourisme rural.
Elle permet également, au niveau national, d'aider au financement de
recherches méthodologiques et de diffusion d'information sur ces
différents sujets (expériences pilotes) avec l'aide de bureaux
d'études ou d'associations spécialisées :
- la restructuration et la modernisation des réseaux de services
publics et privés ;
- l'attractivité des pôles urbains et la notion de
" bassins de vie " ;
- l'organisation et la commercialisation de produits touristiques
innovants ;
- la valorisation des productions agricoles, aquacoles, forestières
et cynégétiques ;
- la diffusion de nouvelles technologies de communication ;
- le soutien aux services d'accueil et d'installation des jeunes
actifs ;
- les actions " environnement ".
Les aides prennent la forme classique de subventions aux associations pour
qu'elles réalisent des études.
Cette ligne, en baisse de 2,17 % par rapport à l'année
précédente, se monte à 20,70 millions de francs (3,16
millions d'euros).
|
Loi de finances 1999 |
Projet de loi de finances 2000 |
Evolution (en %) |
44-80/10
|
18,04 (2,75)* |
18,04 (2,75)* |
- |
44-80/21
|
21,17 (3,23) |
20,70 (3,16) |
-2,17 |
44-80/60 SAFER |
43,7 (6,66) |
45 (6,86) |
+3 |
TOTAL |
82,91 (12,64) |
83,74 (12,77) |
+0,55 |
*Les
chiffres entre parenthèses sont en millions d'euros.
Votre rapporteur complétera cet examen par
l'étude des
crédits des SAFER
(société d'aménagement
foncier et d'établissement rural - chapitre 44-80, article 60)
qui sont en hausse pour 2000 puisqu'ils passent de 43,7 millions de francs
(6,66 millions d'euros) à 45 millions de francs (6,86 millions
d'euros).
2. Les crédits consacrés aux aménagements en milieu rural
L'article 61-44 regroupe 3 lignes qui concernent
directement les opérations d'aménagement rural.
Il s'agit
de :
la ligne 61-44-10 relative à l'aménagement foncier et
hydraulique
.
Votre rapporteur déplore, comme les années passées, que
cette dotation budgétaire soit considérée comme une
variable d'ajustement.
Son montant est en baisse
puisqu'elle passe de 108,93 millions de
francs (16,61 millions d'euros) à 102,11 millions de francs (15,57
millions d'euros) en autorisations de programme et de 114,6 millions de francs
(17,47 millions d'euros) à 93,24 millions de francs (14,21 millions
d'euros) en crédits de paiement.
La ligne 61-44-20
(amélioration du cadre de vie et
développement rural)
est aussi en baisse
puisqu'elle passe de
18,5 millions de francs (2,82 millions d'euros) à
17,1 millions de francs (2,61 millions d'euros) en autorisations de
programme et de 19,6 millions de francs (2,99 millions d'euros) à
16,35 millions de francs (2,49 millions d'euros) en crédits de
paiement.
Cette ligne regroupe plusieurs types de dépenses : une grande
partie, contractualisée (88,6 %), est destinée à
cofinancer des études de faisabilité
préopérationnelles et des investissements portant notamment
sur :
- les contrats locaux d'installation-reprise ;
- les actions de restructuration des services publics et
privés ;
- les contrats de stations touristiques en espace rural ;
- les actions menées par des stations expérimentales sur les
nouveaux systèmes ou les nouvelles techniques d'exploitation agricole.
Une autre série de dotations permet de cofinancer des opérations
menées en faveur de l'amélioration de la production
fourragère et de l'équipement des pâturages. Elles doivent
être conformes aux conditions imposées par l'article 20 du
règlement CEE n° 2328/91 modifié afin d'être
éligibles au remboursement par le FEOGA-O.
Enfin, la ligne 61-44-70
relative aux grands aménagements
régionaux
(ancienne ligne 61-84-10)
est en baisse
tant en
autorisations de programme (de 46,24 millions de francs, soit 7,05
millions d'euros en 1999) à (30 millions de francs, soit 4,57 millions
d'euros pour 2000) qu'en crédits de paiement (de 68 millions de francs,
soit 10,37 millions d'euros, en 1999 à 40 millions de francs, soit
6,1 millions d'euros pour 2000).
Partiellement contractualisée (45,5 %), cette ligne permet le
financement d'actions concentrées et coordonnées,
s'efforçant de remédier aux diverses causes de
déséquilibres constatées dans certaines régions.
La politique suivie consiste à confier à des outils
d'exécution spécifiques, les sociétés
d'aménagement régional, la réalisation d'interventions
destinées à accélérer la mise en valeur des atouts
dont disposent les régions concernées : 65 % des
crédits de ce chapitre sont utilisés pour l'hydraulique agricole
et 35 % pour l'aménagement rural. Les cinq sociétés
d'aménagement régional relevant de ces financements sont les
suivantes : Société du Canal de Provence, Compagnie
nationale d'aménagement du Bas-Rhône-Languedoc, Compagnie
d'Aménagement des Côteaux de Gascogne, Société pour
la mise en valeur des régions Auvergne et Limousin, Compagnie
d'Aménagement de la région Aquitaine.
|
Loi de finances 1999 |
Projet de loi de finances 2000 |
Evolution
(en %)
|
|||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
61-44/10 Aménagement foncier et hydraulique |
108,93 (16,61) |
114,6 (17,47) |
102,11 (15,57 () |
93,24 (14,21) |
-6,26 |
-18,63 |
61-44/20 Amélioration du cadre de vie et développement rural |
18,5 (2,82) |
19,6 (2,99) |
17,1 (2,61) |
16,35 (2,49) |
-7,56 |
-16,58 |
61-44/70 Grands aménagements régionaux (art. 61-84/10) |
46,24 (7,05) |
68 (10,37) |
30 (4,57) |
40 (6,10 ) |
-35,17 |
-41,18 |
TOTAL |
173,67 (26,48) |
202,2 (30,83) |
149,23 (22,75) |
149,55 (22,8) |
-14,08 |
-26,05 |
3. Les dépenses consacrées à la forêt
Votre
rapporteur pour avis se félicite de l'augmentation des dotations en
faveur de la forêt
. L'effort supplémentaire en faveur de cette
politique dépasse 540 millions de francs (82,32 millions
d'euros) :
- les taxes forestière et de défrichement, qui
représentaient un produit de 342 millions de francs par an
(52,14 millions d'euros) sont supprimées ;
- 200 millions de francs (30,49 millions d'euros) de crédits
supplémentaires sont dégagés, pour l'Office National des
Forêts, soit 79 millions de francs (+ 12,04millions d'euros au titre
du versement compensateur de l'Etat), la restauration des terrains en montagne
(+ 20 millions de francs), ainsi que pour les investissements et les
interventions en faveur de la forêt soit 100 millions de francs (+
15,24 millions d'euros), en particulier pour accompagner les efforts de
boisement qui permettent de lutter contre l'effet de serre et les moyens
destinés à la modernisation de la filière. Les
crédits destinés au Conservatoire de la forêt
méditerranéenne passent en outre à 63 millions de francs
(9,6 millions d'euros).
Le Fonds forestier national (FFN) est intégré au budget
général en raison de la suppression des taxes qui l'alimentaient.
Toutefois, les lignes budgétaires qui constituaient l'ancien FFN sont
individualisées dans le budget de l'agriculture. Le Gouvernement a pris
l'engagement que ces lignes ne feront pas l'objet de gel budgétaire ni
de diminution pendant trois ans. La concertation sur la politique
forestière entre l'Etat et les professionnels de la filière sera
maintenue.
Votre rapporteur pour avis souhaite que ces dotations supplémentaires
n'exonèrent pas le Gouvernement des adaptations fiscales qui devront
être insérées dans le projet de loi d'orientation et de
modernisation forestière.
|
LFI 1999 (en millions de francs) |
PJLF 2000 (en millions de francs) |
Recherche |
20,6 (3,14) |
29,5 (4,5) |
Développement forestier |
116,1 (17,7) |
138,3 (21,08) |
Inventaire forestier national |
42,4 (6,46) |
33,1 (5,05) |
Versement compensateur |
878 (133,85) |
957 (145,89) |
Protection (incendie, dunes...) |
316 (48,17) |
332,5 (50,69) |
Travaux |
237,9 (36,27) |
287,7 (43,86) |
Aval de la filière |
110,1 (16,78) |
135 (20,58) |
Fonctionnement spécifique |
10 (1,52) |
10 (1,52) |
Acquisitions |
5,5 (0,84) |
3,9 (0,59) |
TOTAL |
1.736,6 (264,74) |
1.927,2 (293,8) |
Source : Ministère de l'agriculture
( ) en millions d'euros
4. Les crédits destinés à la compensation de handicaps ou de contraintes spécifiques
L'approche traditionnelle de votre commission consiste à
prendre également en compte, au titre du développement rural, les
crédits de compensation de handicaps ou de contraintes
spécifiques.
Ces crédits comprennent, d'une part, les interventions spéciales
dans les zones agricoles défavorisées, et les actions
spécifiques en zones défavorisées, et les actions
spécifiques en zones défavorisées, d'autre part.
|
1998 |
1999 |
Evolution en % |
Interventions spéciales dans les zones agricoles
défavorisées
|
1 560,1 (237,84)* |
1 560 (237,82) |
|
Actions spécifiques en zone
défavorisée
|
5 (0,76) |
6 (0,91) |
+ 20 % |
Les
chiffres entre parenthèses sont en millions d'euros.
Votre commission, tout en regrettant l'absence de revalorisation des
crédits affectés aux interventions spéciales dans les
zones agricoles défavorisées, se félicite de la
légère revalorisation des actions spécifiques en zone
défavorisée.
Votre rapporteur ne peut néanmoins que regretter la baisse
régulière -sauf pour les ICHN- des crédits
consacrés à la montagne.
Notons que la ligne 44.80/50 (actions spécifiques en zone
défavorisée) presque entièrement contractualisée
(89,7 %) permet le financement d'actions portant sur :
- les projets collectifs agricoles contribuant à une meilleure
gestion de l'espace notamment en montagne ;
- le soutien aux races rustiques et aux organismes collectifs
d'élevage en montagne ;
- la promotion de produits montagnards de qualité ;
- le programme national d'expérimentation sur les systèmes
extensifs et la pluriactivité.
Ce sont ainsi environ plus de
1,5 milliard de francs
(230 millions
d'euros
) que le budget de l'agriculture consacrera à la compensation
de contraintes particulières
, auxquels il faudrait ajouter les
subventions accordées aux bâtiments d'exploitation et au
matériel en zone de montagne (chapitre 61.40, article 30) dont le
montant total est de 134 millions de francs (20,43 millions d'euros)
(+6,34 % par rapport à 1999).
Si l'on considère que ces différentes actions, en favorisant
l'extensification et le soutien des pratiques agricoles compatibles avec
l'environnement, en modifiant les conditions de consommation de l'espace, ont
un impact certain sur l'aménagement rural, c'est désormais
principalement par ce biais que le ministère intervient dans ce
domaine.
5. Les crédits alloués aux CTE
Doté de 300 millions de francs (45,73 millions
d'euros)
dans la loi de finances pour 1999,
le fonds de financement des contrats
territoriaux d'exploitation (44-84/10) s'élève à
950 millions de francs (144,83 millions d'euros) pour l'an 2000.
Votre rapporteur pour avis des crédits destinés à
l'agriculture a longuement analysé cette dotation spécifique.
Votre rapporteur pour avis des crédits consacrés au
développement rural approuve une telle augmentation, nécessaire
pour faire face au nombre croissant de CTE signés. Rappelons que
plusieurs aides transitant désormais par le CTE, l'agriculteur est
fortement incité à cocontracter avec l'Etat.
Votre rapporteur pour avis rappelle qu'il n'est hostile ni au CTE ni au
principe de la modulation des aides européennes, qui devrait doubler les
dotations budgétaires nationales affectées aux CTE.
Néanmoins, il ne peut que constater la complexité de ces deux
dispositifs
. Ainsi, en ce qui concerne la modulation des aides, la prise en
compte non du revenu de l'agriculteur mais du niveau d'aides communautaires
perçues se révèle particulièrement délicat
et met en péril de nombreuses exploitations moyennes situées en
zones intermédiaires.
B. L'APPROCHE SYNTHÉTIQUE DES CONCOURS PUBLICS À L'AGRICULTURE
Ces
dépenses recouvrent les financements de l'ensemble des actions
concernant le secteur agricole. Elles sont réparties en huit grands
domaines, chacun d'eux étant lui-même divisé en
" ensembles " d'actions concourant à une même
finalité.
La totalité des concours publics à
l'agriculture se sont élevés en 1998 à
170,6 milliards de francs (26,01 millions d'euros).
Deux ensembles (1.4 et 5.1) intéressent le développement rural.
1. Le domaine 1 " Activités agricoles productives "
Dans le
domaine 1 " Activités agricole productives ", l'ensemble 1-4
recense l'ensemble des crédits destinés à la
" compensation de handicaps ou de contraintes spécifiques ".
Cet ensemble augmente de 5 % (204 millions de francs - 31,10 millions
d'euros) principalement du fait des ICHN.
Le montant du financement national en faveur des compensations de handicaps ou
de contraintes spécifiques s'élève ainsi à
1,7 milliards de francs (0,26 millions d'euros), les aides
européennes étant de près de 3 milliards de francs
(0,46 millions d'euros).
|
1997 |
1998 |
Indemnités compensatrices de handicaps naturels |
2 161,3 (329,49) |
2 510,7 (382,75) |
Autres compensations de handicaps |
315,0 (48,02) |
408,9 (62,34) |
Aides agri-environnementales (dont prime à l'herbe) |
1 901,3 (289,85) |
1 661,6 (253,3) |
TOTAL |
4 377,5 (667,35) |
4 581,1 (698,38) |
Les chiffres entre parenthèses sont en millions
ENSEMBLE 1.4 - COMPENSATION DE HANDICAPS
OU DE
CONTRAINTES SPECIFIQUES
Dépenses contractées |
1997 |
1998 |
Financement national |
2 659,0 (405,36) |
1 729,6 (263,68) |
Financement européen |
1 718,5 (261,98) |
2 851,6 (434,72) |
dont FEOGA garantie |
1 120,4 (170,80) |
1 034,5 (157,71) |
FEOGA orientations ou autres |
598,1 (91,18) |
1 817,1 (277,02) |
TOTAL |
4 377,5 (667,35) |
4 581,1 (698,38) |
Les chiffres entre parenthèses sont en millions d'euros.
2. Le domaine 5 " Espace rural et forestier "
Au sein
du domaine 5 " Espace rural et forestier ", l'ensemble 5-1
rassemble
les crédits d'aménagement et de protection de
l'espace rural, c'est-à-dire ceux d'infrastructures
gérés ou cogérés par le ministère de
d'agriculture (le FNDAE), les dotations du fonds de gestion de l'espace, les
crédits des sociétés d'aménagement régional
(hors hydraulique), et les dotations du FIDAR et de l'ancienne AIIZR).
Dans ce domaine, la politique nationale en faveur de l'espace rural est
soutenue par les interventions du FEDER, du FSE et du FEOGA-orientation. Ces
fonds socio-structurels participent aux programmes 1994/1999 destinés
à aider d'une part les territoires qui connaissent des
difficultés particulières : zones en retard de
développement (objectif 1) -zones de reconversion industrielle
(objectif 2) et zones rurales en situation difficile (objectif 5b)-
et à aider d'autre part l'adaptation des structures agricoles
(objectif 5a). La sélection des zones est fondée sur les
critères inscrits dans les règlements européens
modifiés en 1993.
Le tableau suivant présente la situation d'avancement
consolidée des programmes régionaux au
31 mars 1999 :
|
Dépenses communautaires |
Dépenses publiques nationales |
Total |
Montant prévu |
14 740 (2247,71) |
19 170 (2922,45) |
33 910 (5169,55) |
Taux de
|
77 % |
98 % |
89 % |
Taux de paiement |
42 % |
72 % |
59 % |
Les
chiffres entre parenthèses sont en millions de francs.
Le versement de l'écart indiqué entre régions
relevé en 1998 s'est poursuivi.
Par rapport à l'année précédente, le rythme de mise
en oeuvre s'est accéléré et l'avancement est tel que la
presque totalité des crédits prévus devrait pouvoir
être engagée avant la date de la clôture de la
programmation, soit le 31 décembre de cette année.
La réalisation des projets devra être effective avant le
31 décembre 2001 pour qu'ils puissent être obtenir les
contributions communautaires prévues. Compte tenu du décalage
existant entre la programmation d'une opération et la justification de
sa réalisation, le taux de paiement de 59 % actuellement
constaté est satisfaisant.
La seconde phase de la mise en oeuvre des programmes s'ouvre le premier janvier
2000 pour se terminer le 31 décembre 2001. A cette date, tous les
projets engagés durant la première phase devront avoir abouti et
donné lieu à des dépenses effectives et justifiées
pour pouvoir obtenir les contributions communautaires prévues.
Depuis le début de l'année 1998, les procédures de
contrôle sur l'utilisation des fonds structurels ont été
renforcées, conformément aux dispositions prises par la
commission à la suite de à divers rapports de la cour des comptes
européenne.
Les décisions du Conseil de Berlin
Les négociations entamées avec la publication du document
Agenda 2000 par la Commission se sont achevées avec les
décisions prises au sommet de Berlin en mars 1999. Les nouveaux
règlements régissant l'utilisation des fonds communautaires ont
été publiées au JOCE du 26 juin 1999.
Les décisions prises concernent le cadre financier pour la
période 2000-2006, la modification dans l'intervention des fonds
structurels et d'un changement important dans le domaine respectif de chacune
des sections du FEOGA.
C'est ainsi que le développement rural relève à la fois
de la PAC, à travers la mise en oeuvre du règlement
développement rural financé pour une large part par le FEOGA
Garantie, et de la politique de cohésion économique et
sociale.
Pour ce qui concerne la mise en oeuvre des mesures de développement
rural, deux éléments sont à prendre en
considération : la nature des mesures et leurs zones d'application.
La nouveauté du règlement rural à mettre en oeuvre est
constituée par la nécessité d'établir une
programmation de l'ensemble des mesures de développement rural. Ainsi,
les Etats-membres doivent présenter l'ensemble de leur dispositif en
faveur du développement rural au travers des plans de
développement rural et des DOCUP. Les exigences sont différentes
selon qu'on se situe en objectif 1 ou sur le reste du territoire.
l'objectif 1
La plus grande partie des mesures de développement rural qui
s'appliquent dans les régions d'objectif 1 ou dans les ex zones de
l'objectif 1 (Corse et Hainaut) doivent être incluses dans la
programmation de l'utilisation de l'ensemble des fonds structurels
présentée au titre de cet objectif. Ces mesures sont
financées par le FEOGA section Orientation à l'exception des
quatre mesures d'accompagnement (pré-retraite, boisement des terres
agricoles, mesures agri-environnementales, ICHN) qui sont financées
comme sur tout le territoire communautaire par le FEOGA Garantie et qui, pour
cette raison, font l'objet d'une programmation séparée.
Sur le reste du territoire les mesures de développement rural sont
à programmer au niveau géographique approprié, retenu par
l'Etat-membre.
l'objectif 2
Pour ce qui concerne le nouvel objectif 2, mis à part les mesures
d'accompagnement de la PAC, les Etats-membres ont donc la possibilité
d'inscrire tout ou partie des mesures de développement rural dans la
programmation objectif 2.
Par ailleurs, il est précisé que l'Etat-membre peut faire
approuver des dispositions d'ordre général à
intégrer dans toutes les formes de programmation choisies.
Les échéanciers de présentation de ces divers documents
sont différents : la date limite pour les plans de
développement ruraux est le 3 janvier 2000 et pour les DOCUP
le 30 avril 2000, sauf ceux de l'objectif 1 pour lesquels
l'échéance est fixée au 1
er
novembre.
Les réflexions sur la mise en oeuvre de ce dispositif en France ont
été précisées dans la première partie du
rapport.
ENSEMBLE 5.1 - AMÉNAGEMENT ET PROTECTION DE L'ESPACE RURAL
Dépenses contractées |
1997 |
1998 |
Financement national |
649,6 (99,03) |
108,0 (16,46 |
Financement CEE |
1 488,4 (226,91) |
1 999,5 (304,82) |
TOTAL |
2 138,0 (325,94) |
2 108,0 (321,36) |
Les
chiffres entre parenthèses sont en millions d'euros.
Il faut également ajouter aux crédits de cet ensemble une
partie de ceux recensés dans l'ensemble 5-3
" autres
financements en faveur de l'aménagement et de la protection de l'espace
rural et forestier ".
*
* *
Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, compte tenu de la forte baisse des crédits sur les grandes opérations d'aménagement rural (surtout pour l'hydraulique) et des problèmes de mise en oeuvre des CTE qui se concilient difficilement avec le dispositif communautaire relatif au développement rural, la commission a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits de développement rural inscrits au budget du ministère de l'agriculture et de la pêche.
1
Revue de droit rural n° 261,
mars
1998.
2
Rapport n° 272 - Sénat (1998-1999)
présenté au nom de la commission spéciale chargée
d'examiner le projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement durable du territoire par MM. Larcher, Belot et Revet.
3
Bima, n° 1477 - février 1999.
4
Bima, n° 1480 - juillet/août 1999.
5
N° 1477 - Bima Février 1999.
6
Revue du Marché commun de l'Union européenne
n° 427 - avril 1999.
7
Le 8 juin 1999 - Europolitique - 477/20.1.
8
Europolitique - le 30 avril 1999.
9
DATAR - Eté 1999 - n° 166.