Projet de loi de finances pour 2000, TOME XXIII -VILLE
LARCHER (Gérard)
AVIS 91 - TOME XXIII (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 192 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE 1ER -
OÙ VA LA POLITIQUE DE LA VILLE ? -
CHAPITRE II -
BILAN D'APPLICATION DES DISPOSITIONS
D'ORDRE ÉCONOMIQUE
DU PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE -
CHAPITRE III -
LA POLITIQUE DE LA VILLE EN 1999 -
CHAPITRE IV -
LE CADRE CONTRACTUALISÉ
DE LA POLITIQUE DE LA VILLE -
ANNEXE N° 1 -
COMPTE RENDU DE LA VISITE EFFECTUÉE
PAR VOTRE RAPPORTEUR À ROUBAIX
EN COMPAGNIE DE M. ALAIN JOYANDET,
LE 28 OCTOBRE 1999 -
ANNEXE N° 2 -
PROGRAMME DE LA VISITE
DE MM. GÉRARD LARCHER ET ALAIN JOYANDET
A ROUBAIX, LE 23 OCTOBRE 1999
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XXIII
VILLE
Par M. Gérard LARCHER,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
20
)
(1999-2000).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le gouvernement présente cette année un budget qui affiche un
taux de croissance visible. Il se félicite, dans le fascicule
" jaune " de ce que les moyens budgétaires aient doublé
entre 1998 et 2000. Est-ce à dire que les résultats obtenus
soient deux fois meilleurs que par le passé ?
Comme l'ont relevé de nombreux observateurs, le gouvernement navigue
quelque peu " au jugé ". Il émet toujours des
réserves sur l'efficacité des ZFU et, pour étayer ses
préjugés, commande des rapports sur le bilan de ces zones.
Parallèlement, il multiplie les colloques et les actions de
communication en tous genres dont on mesure mal les résultats.
Certes, des initiatives positives ont été prises, à
commencer par la refonte de la carte des zones d'éducation prioritaires
ou la conclusion des contrats locaux de sécurité. En outre, le
Premier ministre n'est pas revenu sur "
l'aggiornamento
"
qu'il avait opéré en 1998 en réaffirmant la
nécessité de renforcer la sécurité. Encore
faudrait-il, sur ce point, que les actes suivent les déclarations, que
les effectifs soient réellement renforcés dans les quartiers en
difficulté et que la politique de sécurité soit
menée avec continuité et dans une coordination Police-Justice.
La politique de la ville s'inscrit dans la durée et devrait
être un objet de consensus
. Votre rapporteur souhaite que le
gouvernement s'emploie, dans les mois à venir, à préserver
les résultats positifs du Pacte de relance, quitte à en corriger
les imperfections. Le gouvernement doit prendre garde à ne pas
décourager les initiatives :
les maires -de droite comme de
gauche- qui ont parié sur le succès des zones franches sont les
premiers à demander que leur avenir soit assuré.
CHAPITRE 1ER -
OÙ VA LA POLITIQUE DE LA
VILLE ?
Depuis
son entrée en fonction, le Gouvernement présidé par
M. Lionel Jospin, a, à plusieurs reprises, critiqué la
politique de la ville menée par ses devanciers. Il a mis en cause la
logique de " discrimination positive " du Pacte de relance,
lancé en 1996 par MM. Alain Juppé et Jean-Claude Gaudin, ainsi
que les " zonages " qui en procèdent. En deux ans, cependant,
le Gouvernement actuel a davantage parlé qu'il n'a agi. Après
avoir commandé de nombreux rapports, organisé bien des colloques,
que n'a-t-il réformé les dispositifs existants s'ils ne donnent
pas satisfaction ?
Que d'encre et de salive se sont déversées depuis deux ans au
sujet de la politique de la ville ! Avec quels résultats ? Le
premier chapitre du présent rapport pour avis s'attachera à
apporter quelques éléments de réponse à cette
question, avant d'examiner les crédits affectés à cette
politique dans le projet de loi de finances 2000.
I. UNE POLITIQUE CONFUSE OSCILLANT ENTRE VÉLLÉITÉ ET IMMOBILISME
A défaut d'instituer des dispositifs réellement novateurs, le Gouvernement a commandé plusieurs rapports au cours de ces deux dernières années, et organisé divers colloques. Cependant, ces réflexions nombreuses et parfois approfondies n'ont pas débouché sur des innovations vraiment significatives.
A. ENTRE UN RAPPORT ET UN COLLOQUE
Quatre rapports en deux ans
Voici deux ans, Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité, demandait à M. Jean-Pierre Sueur de préparer
un rapport afin de montrer "
comment, en partant de l'existant, aller
vers des villes équilibrées, harmonieuses à dimension
humaine et qui seront aussi tournées vers le futur, l'innovation,
accueillantes aux formations, aux emplois et aux activités de
demain
"
1(
*
)
.
Répondant à cette demande, qui ne manquait pas d'ambition,
M. Jean-Pierre Sueur, remettait, le 13 février 1998, son rapport
intitulé
" Demain la ville ".
Dans celui-ci, il
formulait non moins de cinquante propositions reposant sur une
appréciation sévère du bilan de la politique d'aide aux
quartiers en difficulté conduite depuis vingt ans et, en
particulier, depuis 1995. La "
géographie
prioritaire
", qui avait inspiré le Pacte de relance pour la
ville de 1996 et la création des zones franches urbaines était,
selon lui, "
inflationniste
",
" complexe et
incohérente "
2(
*
)
.
Elle
provoquait une "
stigmatisation préjudiciable
" des
zones prioritaires.
Au-delà de ces appréciations, M. Jean-Pierre Sueur proposait des
modifications institutionnelles et, en particulier, un renforcement des
agglomérations. Il n'allait cependant pas jusqu'au bout de la logique
démocratique qui aurait voulu qu'il préconise, comme l'avait fait
votre rapporteur voici quelques années, l'élection au suffrage
universel d'une autorité d'agglomération. M. Sueur recommandait
également de renforcer l'implication des habitants dans la
décision par l'institutionnalisation de conseils de quartier
3(
*
)
.
Afin d'engager "
une mobilisation nationale de grande ampleur sur une
longue durée
", M. Jean-Pierre Sueur préconisait
l'adoption d'une
loi de programmation décennale
ainsi que la
conclusion de
contrats d'agglomération
fixant notamment les
objectifs de développement urbain, les opérations de
rénovation et/ou de réfection, en intégrant
également les orientations définies dans les schémas
directeurs, les plans de déplacement urbain, les chartes de
l'environnement et les programmes locaux de l'habitat.
S'agissant de
l'habitat
, il recommandait notamment de favoriser
l'immobilier de logements à usage locatif et l'immobilier commercial,
afin de "
mobiliser significativement les capacités
d'investissement privé qui font aujourd'hui défaut dans les
copropriétés dégradées et dans les centres
commerciaux à restructurer "
4(
*
)
,
grâce à l'octroi
d'avantages fiscaux.
En ce qui concerne la
sécurité
, M. Jean-Pierre Sueur
estimait que "
la police doit voir ses effectifs et ses moyens
adaptés aux réalités des espaces urbains "
,
notamment par la généralisation de l'îlotage, et qu'un
"
effort exceptionnel
" devrait permettre de porter le nombre
de maisons de justice à 200 en deux ans.
S'agissant enfin des
associations,
le rapport précité
recommandait de
pérenniser leur financement
en
développant les possibilités d'engagement
pluriannuel, en
raccourcissant les délais de paiement et en organisant des
systèmes d'avance de trésorerie.
Les rapports des inspections générales des Finances, de
l'Administration et des Affaires sociales
En
juillet 1998, le Gouvernement demandait aux inspections
générales des Finances, de l'Administration et des Affaires
sociales de réaliser, avant le 30 novembre 1998, un bilan des
dix-huit premiers mois d'application des zones franches urbaines (ZFU) et des
zones de redynamisation urbaines (ZRU),
créées par la loi du
4 novembre 1996 portant pacte de relance pour la ville. Ce bilan
devait notamment apprécier le coût et les effets de ces
dispositifs sur l'emploi, le développement économique et social
des zones et des agglomérations concernées.
Les inspections générales précitées remirent deux
rapports distincts, en décembre 1998.
Dans le premier, les inspections des Finances et l'Administration se
déclarent favorables à la suppression "
partielle et
aménagée "
des ZRU et au maintien des ZFU. Elles
envisagent en outre les modalités de sortie du dispositif ZFU
5(
*
)
.
Fort de ces conclusions, le Premier Ministre choisit de confier à deux
parlementaires un rapport pour faire suite aux rapports des inspections
générales : la mise en abîme administrative prenait le
relais de la décision politique.
En juin 1999,
Mme Chantal Robin-Rodrigo et M. Pierre Bourguignon,
députés, remettaient au Premier Ministre un nouveau rapport
intitulé
" Le territoire de la cité au service de
l'emploi ".
Ce document propose notamment de créer un
contrat de
développement local urbain
(CDLU) destiné à remplacer
le "
développement social urbain
" par le
"
développement local urbain
", associant l'Etat, les
collectivités locales et les entreprises. La mise en oeuvre de ce
" CDLU " pourrait être confiée au Plan local pour
l'insertion et l'emploi (PLIE) "
repositionné sur cette mission
d'ingénierie, et chargé de gérer les fonds et les
conventions [et] d'animer les partenariats et les
réseaux "
6(
*
)
.
[
sic
]
.
Le même rapport propose également de créer des
sociétés d'investissement régional (SIR), une
société financière pour le renouvellement urbain (SOFIRU)
et de voter une loi d'incitation à l'investissement urbain (LIRU). En
pratique, les SIR achèteraient des terrains pour aider au financement
d'investissements immobiliers, la SOFIRU pallierait l'absence d'investisseur,
avant que la LIRU ne favorise le montage d'opérations de promotion
immobilière.
Le même document suggère également de :
- renforcer les aides accordées aux projets (en donnant un statut
aux entrepreneurs, en prenant en charges les premiers frais d'installation et
en favorisant l'aide des banques) ;
- lutter contre le racisme à l'embauche ;
- faciliter l'accès des habitants des quartiers en
difficulté à un service public de l'emploi doté de moyens
renforcés ;
- valoriser le monde du travail aux yeux des jeunes.
On notera également que le Gouvernement a désigné, en
1999, deux "
missions nationales
" respectivement
consacrées :
- aux métiers de la ville et à la question des chefs de
projet ;
- à la transformation des organisations municipales, aux formes
nouvelles de concertation et de participation des habitants, à
"
l'amélioration de la territorialisation de l'action
publique
" [
sic
] et aux perspectives offertes par le
développement de l'intercommunalité, qui rendront leurs
conclusions avant le 1
er
mars 2000.
Votre Commission des Affaires économiques estime qu'il est temps de
traduire en actes les idées -parfois intéressantes- des rapports
élaborés au cours de ces dernières années, d'autant
que la multiplication des opérations médiatiques sur la politique
de la ville ne débouche, pour sa part, que sur de biens modestes
résultats.
Paroles... Paroles !
Ces derniers temps les rencontres relatives à la politique de la ville
organisés par le Gouvernement se sont multipliés. Citons, pour ne
retenir que les plus importants, les colloques nationaux intitulés :
Rencontres nationales des acteurs de la prévention de la
délinquance (mars1998) ;
Rencontres nationales des acteurs de l'éducation (mars 1998) ;
Rencontres nationales des acteurs de l'économie et de l'emploi
(jun1999). Ces dernières étaient, d'ailleurs, jugées
sévèrement dans la presse, le
Monde
estimant que :
"
En deux jours de débats confus, les rencontres de Nantes ont
esquivé les vraies questions, et le ministre
délégué à la ville n'a apporté aucune
réponse sur un sujet qui, selon lui, doit pourtant
"
impérativement
"
constituer un volet
"
essentiel
"
des futurs contrats de ville (2000-2006).
L'absence, lors des débats, des représentants du monde
économique et des chefs d'entreprise -mis à part quelques
promoteurs patentés du
"
mécénat
"
ou du
"
parrainage
"
- n'a troublé personne.
Enfin, la question pendante de
l'avenir des zones franches urbaines
défendues par de nombreux élus
et, au-delà, celle,
plus générale de
l'incitation à l'implantation
d'activités par des exonérations fiscales n'ont pas
été tranchées
. ".
7(
*
)
On n'omettra pas, en outre, de rappeler le " Premier festival
international de la ville " organisé par le ministère de la
ville et la commune de Créteil du 24 au 26 septembre dernier.
Au total, votre Commission des Affaires économiques regrette que le
Gouvernement n'ait pas déterminé de façon claire
l'orientation de sa politique, ni même suivi les recommandations des
auteurs des rapports qu'il avait commandés.
Votre rapporteur pour avis reviendra sur ce point, de façon
détaillée, dans les chapitres deux et trois du
présent rapport.
B. QUELLE POLITIQUE LE GOUVERNEMENT POURSUIT-IL ?
En 1997,
lors de la constitution du Gouvernement de M. Lionel Jospin, votre
Commission des Affaires économiques avait regretté que le
portefeuille de ministre de la ville ne soit pas individualisé dans
l'organigramme gouvernemental. Cette remarque était si fondée que
l'année suivante, le Premier Ministre désignait M. Claude
Bartolone pour occuper cette fonction.
Depuis lors, le Gouvernement a plus critiqué l'oeuvre de ses
prédécesseurs qu'il n'a proposé une alternative
réelle. Le rapport au Parlement sur le bilan des ZFU et des ZRU
publié en 1999, offre un intéressant exemple de cette attitude
qui manifeste des velléités réformatrices et pourtant
stériles. Le ministre délégué à la ville y
conclut, en effet, à la nécessité de "
moraliser
le dispositif des ZFU pour en limiter les effets d'aubaine
", tout en
soulignant qu' "
aucun scénario ne prévoit la suppression
pure et simple du dispositif, la gravité des problèmes d'emploi
dans les quartiers en difficulté justifiant le maintien et
l'accentuation des efforts de l'Etat "
8(
*
)
.
Les deux derniers comités interministériels des villes (CIV)
n'ont d'ailleurs pas apporté d'éclaircissements sur les
intentions réelles du Gouvernement, préférant s'en tenir
à des décisions purement techniques et administratives.
Le CIV du 2 décembre 1998 a fixé comme objectif de la
nouvelle génération des contrats de plan de :
-
" donner le temps aux acteurs locaux d'élaborer de
véritables projets de territoire, partenariaux et participatifs,
à l'échelle des quartiers, des villes et des
agglomérations " ;
- d'améliorer les outils financiers et de simplifier les
procédures.
Compte tenu de leur caractère général, qui ne saurait
être d'accord avec ces objectifs ?
Outre la répartition de l'enveloppe des contrats de ville, le CIV du
2 septembre 1999 a décidé :
- l'élaboration d'un guide des financements des contrats de ville
intégrant les simplifications financières déjà
engagées ;
- la modification de la réglementation nécessaire pour
adapter les GIP à la gestion partenariale de la politique de la
ville ;
- la définition du champ d'intervention de la politique de la ville
hors des contrats de ville ;
- la prise en compte des dispositions spécifiques à
l'outre-mer ;
- la création d'un groupe de travail interministériel
chargé de proposer des mesures concrètes de mise en oeuvre du
rapport Rodrigo-Bourguignon.
Votre Commission des Affaires économiques regrette que les CIV
n'aient pas débouché sur des mesures réellement
opérationnelles, alors même que, voici deux ans, Mme Martine Aubry
nous annonçait dans la presse son intention de "
repenser la
politique de la ville
".
Les observateurs ne se sont d'ailleurs pas trompés sur le bilan
gouvernemental qu'un grand journal du soir qualifiait de "
Rendez-vous
manqué de la politique de la ville
" :
"
Le Gouvernement promet depuis deux ans, une
"
vraie
"
relance de la politique de la ville, une
"
mobilisation générale
"
pour le
sauvetage des banlieues. Mais, tandis que des incidents, spectaculaires,
violents, continuent à émailler le quotidien des grands quartiers
d'habitat social, agissant comme autant de signaux d'alerte et d'appels
à la vigilance,
il semble réduit au ressassement des
mêmes discours sur
"
la
solidarité
"
, la
"
mixité
sociale
"
et le
"
renouvellement
urbain
"
.
Dix-huit mois se sont écoulés, un temps raisonnable pour
l'analyse, mais la stratégie ne s'est pas éclaircie. Le
"
changement de logique
"
,
présenté par Mme Martine Aubry comme un tournant
historique -du
"
ciblage
"
sur les quartiers à
une politique
"
globale
"
, du traitement des
"
handicaps
"
au
"
retour dans le droit
commun
"
-, n'est encore qu'une idée dont il n'est même
pas sûr qu'elle soit comprise sur le terrain. Pire,
le
"
travail
"
gouvernemental se perd dans
un fouillis d'initiatives ministérielles, concernant l'habitat, la
prévention de la délinquance, l'emploi des jeunes, prises en
ordre dispersé.
Il se dilue aussi dans un ensemble de lois et
de projets de loi -sur l'aménagement du territoire,
l'intercommunalité, l'habitat et l'urbanisme, les transports- dont
personne ne risque la synthèse ni n'assure la cohérence
[...]
Depuis deux ans, le Gouvernement multiplie les rendez-vous manqués,
s'empresse d'oublier les pistes tracées ou les ambitions
invoquées. "
9(
*
)
Si votre rapporteur pour avis avait porté un tel jugement sur la
politique gouvernementale, d'aucuns ne l'auraient-ils pas taxé de parti
pris ?
II. LES MOYENS FINANCIERS AFFECTÉS À LA POLITIQUE DE LA VILLE
Comme le montre le tableau ci-après, les moyens financiers affectés à la politique de la ville, tels qu'ils sont résumés dans le fascicule budgétaire " jaune ", sont de nature très hétérogène. L'importance de leur montant total, -35 milliards de francs, en hausse de 11% par rapport au budget 1999- ne doit pas masquer la fiabilité assez relative du document budgétaire soumis au Parlement.
PRÉSENTATION DES MOYENS FINANCIERS DESTINÉS
À LA POLITIQUE DE LA VILLE POUR 1999
(en millions de francs)
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
|
PLF 2000 |
|
Variation |
|
|
AP ou DO |
AP ou DO |
|
AP ou DO |
|
|
|
A-1 Crédits spécifiques ville |
1 389,16 |
1 672,73 |
|
1 749,71 |
|
5% |
|
A-2 Crédits contractualisés relevant de divers ministères |
950,93 |
919,49 |
|
442,00 |
|
-52% |
|
A-3 Crédits des autres ministères inscrits aux |
1 555,61 |
1 483,94 |
|
1 853,00 |
(1) |
25% |
|
programmes d'actions des contrats de ville |
|
|
|
|
|
|
|
A-4 Crédits relevant de divers ministères |
6 857,11 |
9 758,56 |
|
11 123,17 |
|
14% |
|
concourant à la politique de la ville |
|
|
|
|
|
|
|
A-5 Solidarité urbaine (loi du 13 mai 1991) |
2 991,15 |
4 023,28 |
|
4 773,28 |
|
19% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL A |
13 743,96 |
17 858,00 |
|
19 941,16 |
|
12% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
B- Dépenses fiscales et compensations |
3 089,60 |
3 364,00 |
|
3 357,00 |
(1) |
0% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL A + B |
16 833,56 |
21 222,00 |
|
23 298,16 |
|
10% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C- Fonds européens concourant à la |
1 046,00 |
1 075,00 |
(1) |
1 350,00 |
(1) |
26% |
|
politique de Développement Social Urbain |
|
|
|
|
|
|
|
D- Interventions de la CDC |
4 200,00 |
6 200,00 |
(1) |
6 700,00 |
(1) |
8% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL A+B+C+D |
22 079,56 |
28 497,00 |
|
31 348,16 |
|
10% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
E- Contributions des collectivités territoriales (1) |
2 500,00 |
3 100,00 |
(1) |
3 700,00 |
(1) |
19% |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL GENERAL |
24 579,56 |
31 597,00 |
|
35 048,16 |
|
11% |
|
(1) :
Estimation
|
Les
crédits budgétaires
inscrits dans le projet de loi de
finances pour 2000 s'élèvent à 19,9 milliards de
francs, en hausse de 12 %. Ils se répartissent en cinq masses
d'importance inégale :
- les
crédits spécifiques " ville "
qui
croissent de 5 % ;
- les
crédits contractualisés
relevant de divers
ministères, dont la baisse de moitié est compensée par le
fort accroissement du montant estimé des
crédits inscrits au
titre des contrats de ville
;
- les
crédits de divers ministères
concourant
à la politique de la ville qui connaissent une hausse
légèrement supérieure à la moyenne
générale (+ 14 % contre +11 %) ;
- enfin, la
dotation de solidarité urbaine
(DSU), dont le
montant atteint 4,7 milliards de francs, en hausse de 19 % .
Votre Commission des Affaires économiques s'interroge, au vu des
résultats obtenus par le Gouvernement, sur l'opportunité
d'accroître fortement le montant des crédits budgétaires.
Elle estime que l'augmentation des moyens -si élevés soient-ils-
ne saurait tenir lieu de politique.
Votre rapporteur pour avis s'interroge, en outre, sur la fiabilité des
estimations présentées chaque année par le Gouvernement
dans le " jaune " budgétaire.
Ce phénomène est particulièrement frappant en ce qui
concerne l'évolution des dépenses fiscales et sociales et des
compensations. En comparant les
estimations
réalisées
depuis les trois derniers budgets, on observe, en effet, que les
évaluations
sont entachées d'une très forte marge
d'incertitude.
On constate, à titre d'exemple, que l'estimation du
coût total de l'exonération de cotisations patronales pour les
cinquante premiers salariés en ZFU pour 1998 -la plus lourde des
dépenses fiscales et compensations- a été
révisée à la hausse, en moyenne de près de
60 %.
Même les corrections rétrospectives ne sont pas
cohérentes ! C'est ainsi que le coût total du dispositif ZFU
pour la seule année 1998 a été réestimé de
+ 63 % entre 1998 et 1999, et réévalué de 20 %
entre 1999 et 2000 !
Il est plus que jamais nécessaire d'établir un système de
suivi détaillé et rapide du coût des dispositions fiscales
et sociales. Le tableau ci-après reprend l'ensemble de ces
éléments :
Evolution des dépenses fiscales et sociales et des compensations |
1997 estimé en 1998 (1) |
1997 estimé en 1999 (2) |
2/1 |
1998 estimé en 1998 (3) |
1998 estimé en 1999 (4) |
4/3 |
1998 estimé en 2000 (5) |
5/4 |
1999 estimé en 1999 (6) |
1999 estimé en 2000 (7) |
7/6 |
Zone de redynamisation urbaine : |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Exo d'impôt sur les bénéfices |
850 |
340 |
-60% |
850 |
530 |
-38% |
780 |
47,17% |
530 |
880 |
66% |
Réduc des droits de mutation sur fonds de commerce |
150 |
150 |
0% |
150 |
150 |
0% |
150 |
0,00% |
150 |
150 |
0% |
Exo. TP compensées par l'Etat |
510,80 |
511,00 |
0% |
510,80 |
525,00 |
3% |
526,00 |
0,19% |
525,60 |
480,00 |
-9% |
Exo de charges patronales 50 premiers salariés |
175,00 |
21,40 |
-88% |
175,00 |
62,13 |
-64% |
78,70 |
26,67% |
115,00 |
91,00 |
-21% |
SOUS TOTAL |
1685,80 |
1022,40 |
-39% |
1685,80 |
1267,13 |
-25% |
1534,70 |
21,12% |
1320,60 |
1601,00 |
21% |
Zone franche urbaine : |
|
|
|
|
|
- |
|
|
|
|
|
Exo d'impôt sur les bénéfices |
180,00 |
180,00 |
0% |
180,00 |
350,00 |
94% |
320,00 |
-8,57% |
350,00 |
350,00 |
0% |
Exo. TP |
191,50 |
191,50 |
0% |
220,00 |
252,00 |
15% |
252,00 |
0,00% |
252,00 |
287,00 |
14% |
Exo taxe foncière pour les propriétés bâties |
40,80 |
50,00 |
23% |
40,80 |
50,00 |
23% |
50,00 |
0,00% |
50,00 |
58,00 |
16% |
Exo cotisations patronales 50 premiers emplois |
350,00 |
350,00 |
0% |
350,00 |
600,00 |
71% |
908,90 |
51,48% |
600,00 |
1043,00 |
74% |
Exo personnelle d'AM des artisans et commerçants |
- |
36,20 |
- |
- |
40,00 |
- |
24,00 |
-40,00% |
40,00 |
25,00 |
-38% |
SOUS TOTAL |
762,30 |
807,70 |
6% |
790,80 |
1292,00 |
63% |
1554,90 |
20,35% |
1292,00 |
1763,00 |
36% |
TOTAL GÉNÉRAL B |
2448,10 |
1830,10 |
-25% |
2476,60 |
2559,13 |
- |
3089,60 |
20,73% |
2612,60 |
3364,00 |
29% |
Source
: " jaunes budgétaires "
1998, 1999 et 2000
Les fonds européens
s'élèvent, quant à eux,
à 1,35 milliard de francs contre 1,075 milliard de francs dans
le projet de loi de finances pour 1999, hausse conforme aux prévisions.
Quant aux
enveloppes de
prêts de la Caisse des
dépôts et consignations,
elles atteignent 3,7 milliards
de francs, soit + 19%.
Comme chaque année, le Gouvernement intègre, afin de majorer de
façon purement optique le montant total figurant dans le
" jaune " budgétaire, les
contributions des
collectivités locales
à la politique de la ville. Celles-ci
atteignent 3,7 milliards de francs, soit près de 10 % du total
des moyens financiers budgétaires et non budgétaires
recensés dans le document soumis au Parlement.
CHAPITRE II -
BILAN D'APPLICATION DES
DISPOSITIONS
D'ORDRE ÉCONOMIQUE
DU PACTE DE RELANCE POUR LA
VILLE
Les lois
n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, et
n° 96-937 du 14 novembre 1996 relative à la mise en
oeuvre du pacte de relance pour la ville, ont institué un dispositif
d'exonérations fiscales et sociales dans les 44 zones franches
urbaines (ZFU) et les 350 zones de redynamisation urbaine (ZRU). Ces
exonérations de taxe professionnelle, de taxe foncière,
d'impôt sur les bénéfices et d'impôt sur le revenu se
combinent avec des allégements de charges sociales (applicables à
l'assurance maladie des commerçants et artisans et aux charges
patronales).
Conformément aux engagements pris en 1997, le Gouvernement a fait
procéder à une évaluation du " Pacte de
relance " dont il présente, cette année, les premiers
résultats.
Dans son rapport au Parlement sur le bilan des ZFU et des ZRU, le ministre
délégué à la ville établit un
sévère état des lieux, qui paraît quelque peu
teinté d'a priori. Il est révélateur que ce document
commence par juger les mesures d'exonérations "
puissantes mais
complexes et cumulables avec d'autres dispositifs, à l'origine d'effets
d'aubaine
"
10(
*
)
, avant même
d'évaluer leurs résultats quantifiés.
Votre rapporteur pour avis souhaite, tout au contraire, présenter les
résultats obtenus -et analyser les controverses auxquelles ils donnent
lieu- avant d'évoquer le coût des dispositifs existants -lequel
est d'ailleurs loin de faire l'unanimité-. Il évoquera enfin les
améliorations susceptibles d'y être apportées.
I. BILAN DES ZFU ET DES ZRU
L'appréciation des résultats obtenus grâce aux ZFU et aux ZRU est très variable selon que l'on retient les statistiques établies par l'Association des villes zones franches urbaines ou celles présentées par le Gouvernement dans son rapport au Parlement.
A. EFFETS SUR L'ACTIVITÉ ET L'EMPLOI
1. L'évaluation de l'association nationale des villes zones franches urbaines
Selon
une étude publiée par l'Association nationale des villes ZFU, en
octobre 1999, la création des zones précitées dans 44
quartiers extrêmement défavorisés
11(
*
)
a permis d'y accroître très sensiblement
l'activité :
le nombre d'entreprises y a augmenté de
70 % en trente mois, passant de 10.000 à 17.335 unités.
Au 1
er
juillet 1999, près de
33 % des
installations d'entreprises résultaient de créations et non de
transferts.
En outre, l'institution des ZFU a permis d'enrayer
l'hémorragie
chronique
des emplois qui a atteint ces quartiers depuis vingt ans :
les emplois salariés
y sont passés de
35.000 à
57.000 environ
. Cette observation est d'ailleurs parfaitement
corroborée par celle qu'a faite votre rapporteur lors d'une visite de la
ZFU de Roubaix où, pour la première fois depuis la crise, le taux
de chômage a diminué de 4,3 % en 1997-1998 par rapport au
maximum atteint antérieurement. Il s'en est suivi une
amélioration de l'image des quartiers,
au rebours de la
" stigmatisation " que M. Jean-Pierre Sueur disait craindre dans son
rapport précité.
Concrètement
, 26.700 emplois nouveaux ont été
créés
dans les 44 quartiers concernés dont
près de 52% résultent de créations nettes. Compte tenu du
fait que 35.000 emplois y existaient en 1996, la hausse du nombre
d'emplois est de 76 % en moyenne.
On constate, en outre, que la clause prévoyant l'embauche d'au moins
1/5
e
d'habitants des quartiers dans les entreprises situées
en ZFU est largement respectée et même dépassée
puisque ce pourcentage atteint en moyenne environ 30%.
Votre rapporteur
pour avis a d'ailleurs constaté qu'à Roubaix, 40 % des
emplois étaient occupés par des habitants de la ZFU, le double du
minimum légal, ce qui concorde avec les observations
réalisées au plan national.
La création de la ZFU a eu un rôle de catalyseur de la politique
de la ville, comme le montre l'exemple de Roubaix où la
combinaison
de plusieurs politiques
(grand projet urbain, zone franche, aides
européennes dites " PIC URBAN ") sous-tend la réussite
de la ZFU.
2. L'évaluation du Gouvernement
Dans son
bilan des ZFU et des ZRU pour l'année 1997, le Gouvernement dresse un
bilan beaucoup plus modeste et plus pessimiste de ce dispositif.
Il estime que son effet aurait été
" peu
perceptible "
dans les ZRU où le nombre d'établissements
créés ne s'est établi qu'à 1785 sur un total
initial de 25.885. En outre, le nombre d'emplois créés dans ces
zones ne se serait élevé qu'à 2.345 en 1997.
Quant à l'effet de la création des ZFU, le bilan
précité l'évalue entre + 10 et + 30 % en
termes de créations d'entreprises, indiquant que selon la plus fiable
des études réalisées grâce à l'UNEDIC, il
atteint 28 % pour les établissements employant des salariés.
Le même bilan note que "
la ventilation entre création
nette d'activités et implantations suite à un transfert
d'entreprise ou d'établissement reste difficile à vérifier
précisément
"
12(
*
)
. Selon
la même source, l'impact sur l'augmentation de l'emploi serait
"
limité
", la tendance à la hausse étant
modérée : 9.000 emplois auraient été
créés en 1997 contre 6.500 en 1996. En outre, il y avait eu
"
un dynamisme antérieur aux mesures d'incitation "
[
sic
]
dans certaines ZFU qui comprenaient une zone
d'activité économique.
Votre commission des Affaires économiques estime que
l'appréciation rétrospective du " dynamisme " -s'il est
possible d'utiliser ce terme pour les quartiers où ont été
créées des ZFU- existant en 1996 dans les futures ZFU est
abusive !
A l'occasion de l'examen du projet de loi relatif à la mise en oeuvre du
Pacte de relance pour la ville, en septembre 1996, la Commission
spéciale du Sénat, dont votre rapporteur pour avis était
également le rapporteur, avait procédé à plusieurs
auditions qui n'indiquaient nullement qu'à cette époque les
acteurs de terrains observaient une amélioration de la situation
économique.
Loin de là ! C'est ainsi que M. René Vandierendonck, le
maire de Roubaix, approuvait, devant la Commission spéciale
précitée, le 4 septembre 1996, la dimension
économique du projet de loi en indiquant qu'elle répondait
à une nécessité impérieuse et précisait
qu'en cinq ans, 20.000 mètres carrés de surfaces
commerciales avaient disparu
13(
*
)
dans sa
commune. Le même jour, M. Joël Hermange, président de
l'Association des commerçants de Garges-lès-Gonesse, indiquait
qu'entre 1985 et 1996 le nombre de commerces traditionnels y était
passé de 300 à 100, avant d'estimer que le projet de zone franche
apparaissait
" providentiel
" pour les commerçants
locaux encore en place qui ne pouvaient rembourser les arriérés
accumulés au titre des cotisations sociales, des impôts ou des
loyers.
Votre Commission des Affaires économiques regrette que le parti pris
paraisse avoir brouillé certains des rapports commandés par le
Gouvernement.
Enfin, le
nombre des emplois créés
ne dépasserait
pas 50% dans la meilleure des hypothèses pour l'année 1997 et la
part de l'emploi local varierait de 15 à 50%.
Votre Commission des Affaires économiques tient à exprimer son
scepticisme face aux conclusions présentées par le
Gouvernement.
Le bilan du Gouvernement note d'ailleurs que l'"
on peut faire
l'hypothèse que les effets en termes d'emplois vont se renforcer dans
l'avenir, de nombreuses collectivités locales ayant
réalisé des aménagements permettant d'attendre de
nouvelles activités et emplois
.
14(
*
)
B. EVALUATION DU COÛT DU DISPOSITIF
Selon le
Gouvernement, le coût des dispositifs d'exonération est
"
en moyenne relativement élevé, en particulier au regard
des implantations d'emplois dans les quartiers concernés, de l'ordre de
220.000 francs par emploi créé en ZRU et 200.000 francs
par emploi créé en ZFU. "
Le
coût budgétaire total des ZFU serait de 651 millions de
francs en 1997
et
1,424 milliard de francs en 1998.
Quant au
coût des ZRU, il se monterait à 517 millions de francs en 1997 et
639 millions en 1998. Les investissements réalisés devant
produire leur plein effet en 2000-2002, le coût global des ZFU serait
appelé à s'alourdir, tandis que celui des ZRU se stabiliserait
dans les années à venir. Enfin "
l'augmentation des
recettes fiscales des collectivités locales aujourd'hui compensée
par l'Etat pourrait également être prise en compte. On peut
considérer qu'une partie significative des implantations par
créations nettes d'entreprises se maintiendra en ZFU, y compris
après l'extinction du régime de faveur et sera source de recettes
fiscales supplémentaires durables pour les communes
concernées "
15(
*
)
.
Il apparaît, en outre, que la réussite des ZFU est fonction de
facteurs exogènes qui ont un rôle déterminant, à
commencer par :
- le dynamisme économique de l'agglomération et du bassin
d'emploi environnant ;
- l'existence d'un projet de développement du quartier et de la
ville ;
- l'existence de disponibilités foncières ;
- les capacités locales d'accueil des entreprises (création
d'un " guichet unique ", aide émanant d'associations ou
d'organismes consulaires notamment).
Votre commission des Affaires économiques considère, pour sa
part, que le coût des mesures contenues dans le Pacte de Relance doit
être rapporté à l'enjeu que représente la
dégradation subie par les plus pauvres des quartiers des grandes
agglomérations françaises. Elle estime que le coût
d'opportunité d'une aggravation de cette dégradation aurait
été sans commune mesure avec le coût réellement
observé du fait de l'application du Pacte de relance pour la ville.
II. PERSPECTIVES D'ÉVOLUTION DU RÉGIME DES ZFU ET ZRU
Plus que des querelles de chiffres stériles, l'avenir des ZFU constitue l'un des enjeux majeurs de la politique de la ville.
A. ORIENTATIONS DU GOUVERNEMENT
En se
fondant sur les conclusions de l'IGF, de l'IGA et de l'IGAS, le Gouvernement
dresse un triple constat :
- le dispositif ZFU-ZRU est porteur d'effets pervers tels que des
délocalisations ou l'apparition de comportements de " chasseurs de
prime " ;
- les ZFU et ZRU n'auraient eu qu'un impact limité sur
l'activité et l'emploi en 1997, le dispositif ZFU n'ayant que
"
légèrement accentué le dynamisme
préexistant dans les zones concernées "
16(
*
)
[
sic
]
et "
les habitants
n'ont profité qu'à la marge de ces emplois, la clause d'embauche
prévue de 20 % n'intervenant qu'à partir du 3
e
salarié, sans durée de travail hebdomadaire minimale et
n'étant pas facilement vérifiable
".
Enfin, les résultats les plus probants ont été obtenus
"
lorsque le dispositif est inscrit dans le contexte d'une politique de
la ville active au service d'un projet plus global articulant les dimensions
urbaine, sociale et économique. "
Se fondant sur ce constat, le
Gouvernement n'envisage pas de supprimer
purement et simplement le dispositif
:
" la gravité des
problèmes d'emploi dans les quartiers en difficulté justifiant le
maintien et l'accentuation des efforts de l'Etat
"
17(
*
)
. Il veut, par conséquent, seulement
"
limiter les effets pervers et renforcer l'efficacité
sociale
" et "
concevoir une batterie diversifiée
d'outils adaptés à la revitalisation économique et
à la lutte contre l'exclusion, par le travail, dans chacun des
territoires des futurs contrats de ville "
18(
*
)
.
C'est pourquoi, il se propose de :
- limiter les effets d'aubaine du dispositif ZFU (en renforçant les
contrôles et fixant des exigences de durée hebdomadaire applicable
aux contrats de travail ouvrant droit à l'exonération des charges
sociales) ;
- renforcer l'efficacité sociale en réservant les
exonérations aux entreprises qui contribuent à la revitalisation
du quartier et à l'emploi des habitants et en modulant, le cas
échéant, les exonérations de charges sociales selon que
les emplois sont délocalisés ou créés ;
- rechercher pour les contrats de ville couvrant la période
2000-2006 des outils adaptés aussi bien à la revitalisation
économique des quartiers qu'à leur insertion dans la dynamique
économique de la ville qu'à l'accès à l'emploi des
habitants des quartiers en difficulté.
B. APPRÉCIATION DE VOTRE COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES
Votre
Commission des Affaires économiques regrette les a priori dont le
Gouvernement a fait preuve dans l'analyse des résultats obtenus dans les
zones franches urbaines, tout en observant que le même Gouvernement ne
parvient pas à trouver une alternative et se résout, par
conséquent, à conserver le dispositif existant.
C'est clair, depuis l'été 1997, l'exécutif a
manifesté sa défiance vis-à-vis du Pacte de Relance. On se
souvient, en particulier, de l'annonce impromptue -et heureusement rapidement
démentie- d'une suppression des ZFU. Sans nul doute, cette attitude
réservée, voire même hostile, n'est pas pour rassurer les
entrepreneurs qui souhaitent investir. De ce fait même,
l'attitude du
Gouvernement est de nature à porter préjudice à la
réussite du Pacte de Relance pour la Ville.
En outre, ce que le rapport au Parlement sur les ZFU ne dit pas -et qui avait
cependant, si l'on en croit la presse, été souligné par le
rapport de l'Inspection des Finances-, c'est que l'important volet du Pacte de
relance pour la Ville tendant au
renforcement de la sécurité
n'a, pour l'essentiel, pas été mis en oeuvre.
Cette carence est d'autant plus inacceptable que le rapport Sueur de 1998 ou
le rapport IGF-IGA de 1999 ont, si l'on en croit la presse, insisté sur
l'importance de ces dispositions destinées à rétablir la
sécurité.
Cette carence n'est, malheureusement, pas une exception et votre rapporteur
pour avis reviendra, ci-après, sur les autres mesures prévues en
1996 qui n'ont pas vu le jour, à commencer par la création de
l'EPARECA qui n'a, -faute de volonté politique, s'agissant d'un
établissement public d'aménagement sous la tutelle de l'Etat-,
été suivie
d'aucun résultat
. Cette indolence n'est
pas à mettre au débit du Pacte de Relance, mais de ses
détracteurs.
En ce qui concerne les
délocalisations
, votre Commission des
Affaires économiques considère, comme le Gouvernement, qu'il faut
tout faire pour limiter les purs "
effets d'aubaine
".
Cependant, elle estime que les délocalisations ne sont pas en soi
nécessairement néfastes : ne seraient-elles pas susceptibles
d'intervenir tout autant si l'on crée une " PAT ville ", comme
le souhaite le Gouvernement ? L'essentiel est de savoir si l'on entend ou
non favoriser le retour de l'activité vers les secteurs
défavorisés dans un esprit d'aménagement du territoire. A
l'heure où le Gouvernement s'attache à mettre en oeuvre le
" partage du travail " en instaurant les 35 heures, on voit mal
comment il peut critiquer le " partage des richesses " dont s'inspire
le Pacte de relance !
La création d'une " prime d'aménagement du territoire
" (PAT) ville ", destinée à favoriser l'implantation
d'entreprises à effectifs importants pose, quant à elle, un
double problème. En premier lieu, l'installation de grosses structures
industrielles est susceptible de susciter des difficultés lorsque la ZFU
est dotée d'une faible surface : qui a visité un quartier en
difficulté peut légitimement s'interroger sur
l'opportunité d'y implanter des " boîtes à
chaussures " au pied des barres d'immeubles, elles mêmes
situées à proximité des rocades et des bretelles
d'autoroute qui ceinturent les grandes villes ! En second lieu, la
PAT-ville devrait être versée sans préjudice de la taille
de l'entreprise, faute de quoi on n'apporterait plus d'aides aux petites
structures qui, rappelons-le, ont connu le plus grand développement
depuis 1996.
L'expérience a prouvé, en zone rurale, que la PAT était
inadaptée aux besoins des petites entreprises. Prenons donc garde
à ne pas créer un dispositif analogue en ville ! Faute de
cela, le Gouvernement serait en contradiction avec les conclusions de Mme
Robin-Rodrigo et de M. Bourguignon selon lesquels il faut
"
définir le territoire d'intervention pour soutenir la
création d'activité par les habitants des quartiers
" et
"
adopter une démarche active pour dépister les porteurs
de projets
" et notamment pour aider les projets conduits par les
femmes
19(
*
)
.
Enfin, le Gouvernement pourrait se trouver pris dans une contradiction s'il
entend modifier le régime d'exonérations sociales applicables au
personnel non sédentaire en ZFU. En effet, le rapport parlementaire
précité lui recommande, tout au contraire, de "
s'appuyer
sur les entreprises de travail temporaire
[
qui peuvent
]
permettre
de franchir par étapes les barrières à l'emploi
[...]
"
20(
*
)
.
Comme elle l'a souligné en 1998, votre Commission des Affaires
économiques estime également que des efforts doivent être
poursuivis afin
d'améliorer l'employabilité des chômeurs
qui résident dans les quartiers en difficulté. En effet,
selon plusieurs sources, même si -contrairement à ce qu'affirme le
Gouvernement- les entreprises respectent et dépassent bien souvent la
norme de 20% fixée par le Pacte de relance pour la ville, l'institution
de normes plus strictes n'est envisageable que si le secteur productif peut
entrer en contact avec la main d'oeuvre dont il a besoin.
Au total, le principal problème qui se pose aujourd'hui n'est pas
celui de l'amélioration du dispositif envisagée par le
Gouvernement, mais celui de l'avenir des ZFU.
III. QUEL AVENIR POUR LES ZFU ET ZRU ?
Selon le
rapport du Gouvernement sur le bilan d'application du Pacte de relance pour la
ville, les inspections générales ont présenté des
propositions spécifiques, pour les ZRU d'une part et pour les ZFU, de
l'autre.
Une suppression partielle et aménagée des ZRU
Il est proposé de supprimer les ZRU pour l'avenir, les entreprises
entrées dans le dispositif bénéficiant des
exonérations pour les cinq ans prévus initialement.
Le maintien des ZFU dans un régime aménagé
L'IGAS, l'IGF et l'IGA proposent de
:
- respecter strictement le critère de localisation de
l'activité dans la zone ;
- d'uniformiser les principes et les conditions d'application du seuil de
50 salariés ;
- d'instaurer un dispositif de déclaration à l'URSSAF pour
suivre les effets du dispositif.
L'IGAS recommande
, quant à elle, plus spécifiquement :
- la suppression des exonérations d'impôt sur les
bénéfices et le revenu accordée aux professions
libérales ;
- le renforcement des obligations des entreprises en matière
d'emploi et/ou l'instauration d'un lien entre aides accordées et
créations d'emplois.
Enfin,
l'IGF et l'IGA suggèrent
notamment :
- un élargissement du dispositif fiscal à l'investissement
locatif pour l'immobilier d'entreprises ou de commerces ;
- le maintien des périmètres existants.
Modalités de sortie du dispositif
S'agissant des
alternatives de sortie du dispositif ZFU
, l'IGF et l'IGA
proposent de
créer une prime d'aménagement du territoire
" ville "
qui présenterait, selon elles, une plus grande
efficacité pour un moindre coût.
Quant à l'IGAS, elle estime envisageable :
- soit la suppression des ZFU pour l'avenir et le redéploiement de
l'enveloppe budgétaire correspondante au bénéfice des
collectivités locales ;
- soit de donner aux collectivités concernées la
faculté d'exercer un droit d'option entre le dispositif initialement
prévu et une sortie anticipée ouvrant droit aux nouveaux
dispositifs.
Votre Commission des Affaires économiques considère qu'il est
indispensable d'envisager, dès à présent, les
modalités de sortie du dispositif ZFU. En effet, les chefs d'entreprises
ont avant tout besoin de politiques claires et de dispositifs dont la
pérennité et la prévisibilité soient
assurées.
CHAPITRE III -
LA POLITIQUE DE LA VILLE EN
1999
La politique de la ville a un caractère foncièrement interministériel puisqu'elle touche aussi bien aux problèmes de sécurité et de justice qu'aux questions foncières et urbanistiques et à l'éducation.
I. LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE ET L'INSÉCURITÉ
Tous les observateurs s'accordent à le penser, aussi bien en France qu'à l'étranger : la lutte contre le sentiment d'insécurité qui résulte de la violence et de la multiplication des incivilités est un pré-requis pour la réussite de la politique de la ville. Dans cette perspective, le Gouvernement a, à juste titre, mis en oeuvre un dispositif tendant à renforcer l'implication des collectivités locales grâce à la conclusion de contrats locaux de sécurité. Beaucoup reste cependant à faire, notamment afin de lutter contre la violence des mineurs, qui semble se développer de façon inexorable.
A. L'ACTION DE LA POLICE
Les
contrats locaux de sécurité
signés à la
suite de la publication de la circulaire interministérielle du
28 octobre 1997 tendent, grâce à une action de
proximité, à renforcer l'efficacité et la
visibilité de l'action quotidienne de la police. En août 1999, 289
CLS étaient signés.
Sur ce total, 89 contrats avaient une portée intercommunale, et 8
étaient consacrés, de façon spécifique, aux
questions de sécurité dans les transports urbains. Les CLS
tendent notamment à :
- accroître les effectifs d'îlotiers ;
- améliorer l'accueil du public ;
- créer des permanences juridiques et sociales dans les services de
police ;
- délivrer une meilleure information aux plaignants sur la suite
judiciaire donnée à leur plainte pour lutter contre le sentiment
d'immunité souvent ressenti par les coupables du fait de la carence de
la justice ;
- renforcer la nécessaire action de la justice.
Afin de
lutter contre les violences urbaines
, sept brigades
anti-criminalité départementales sont actuellement en
activité. Elles regroupent 429 agents. S'y ajoutent
310 brigades anti-criminalités locales dont l'effectif total est de
34.000 fonctionnaires environ.
La
réforme de la carte des services de police et de gendarmerie n'est
toujours pas achevée
. A la suite du rapport Carrez-Hyest, il a
été envisagé de transférer 94 circonscriptions
de sécurité publique à la gendarmerie et de faire passer
38 communes relevant de la gendarmerie en zone de police d'Etat. En 1998,
les préfets ont été chargés de mettre en oeuvre une
phase de concertation avec les élus pour envisager les modalités
pratiques de ces transferts. Un membre du Conseil d'Etat a
présenté, le 31 décembre 1998, un rapport
destiné à approfondir la consultation des élus et des
autorités locales. A la suite d'une décision du Premier Ministre
du 19 janvier 1999, "
un examen au cas par cas de chacun des
dossiers de transfert de compétences est substitué à la
démarche de gestion globale du dispositif ".
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que le
renforcement des effectifs de police dans les communes situées en zone
urbaine sensible se double d'une pérennisation du volume des effectifs
qui s'y trouve affecté. Elle considère que les créations
d'emplois dans la police récemment annoncées par le Premier
ministre relèvent davantage de l'effet d'annonce que d'une politique de
longue haleine, puisque le gouvernement ne s'est pas avéré
capable de conserver le cap de la politique de renforcement des effectifs
lancée en 1996.
B. LE RÔLE DE LA JUSTICE
Le
développement du nombre de
maisons de justice et du droit se
poursuit lentement
. 15 d'entre elles existaient en 1997, 23 ont
été créées en 1998 et 14 en 1999.
Leur nombre
s'élève donc désormais à 52.
A ce rythme, il
faudra entre huit et dix ans pour ouvrir les deux cents maisons de justice que
le rapport Sueur proposait de créer en deux ans !
Selon les
informations communiquées à votre rapporteur pour avis, une
soixantaine d'autres créations seraient en cours d'examen dont une
dizaine pourrait intervenir d'ici à la fin 1999.
Votre Commission des affaires économiques souhaite que le nombre des
maisons de justice soit rapidement accru.
Les maisons de justice traitent de petits litiges civils et de
délinquance, viennent en aide aux victimes, facilitent l'accès au
droit et concourent à la prévention de la délinquance.
Votre rapporteur pour avis souhaite que les moyens matériels
destinés aux maisons de justice soient renforcés afin que nos
concitoyens n'aient pas l'image d'une " justice du pauvre " en s'y
rendant. Encore que nombre de tribunaux d'instance pourraient accueillir cette
activité.
Votre rapporteur pour avis estime, en outre, indispensable de
sanctionner
les délits
qui, même s'ils sont en apparence de faible
gravité,
ont une incidence certaine dans le développement du
sentiment d'insécurité
tels que les injures publiques ou non
publiques, tapages, jets d'immondices sur la voie publique.
Il souhaite que les services du ministère de l'Intérieur soient
davantage sensibilisés à la nécessité d'opposer une
" tolérance zéro " à ces comportements.
Rien
n'interdit, en effet, aux commissaires de polices de tenir plus souvent le
siège du procureur de la République devant le tribunal de police
afin de réclamer la sanction des comportements faisant l'objet des
contraventions de la première à la quatrième classe qui
visent l'ensemble des " incivilités "
précitées.
C. LA LUTTE CONTRE LA DÉLINQUANCE DES MINEURS
Souligné par de nombreuses études,
l'accroissement de
la délinquance des mineurs constitue un phénomène
particulièrement préoccupant. Selon le groupe d'études et
de réflexion interrégional, 30 % des faits de
délinquance de proximité (coups et blessures, vols avec violence,
destructions et dégradations) impliquent des mineurs.
Face à
cette question, le Gouvernement a pris plusieurs décisions pragmatiques
et utiles qu'approuve votre rapporteur pour avis.
Parallèlement aux actions de prévention menées par les
services de la protection judiciaire de la jeunesse, une circulaire de
politique pénale du 15 juillet 1998 indique que
tout fait
délictueux sera signalé aux parquets
afin de faire l'objet
d'un avertissement, d'une convocation pour rappel à la loi ou d'un
classement sous conditions et, enfin, d'une mesure de réparation.
Le Premier ministre a également décidé, lors du Conseil de
sécurité du 27 janvier 1999, de
créer
15 centres de placement immédiat
au cours de cette année
et d'accroître leur nombre total à 35 unités en 2001.
Il est également prévu d'ouvrir
dix centres éducatifs
renforcés
pour les mineurs fortement engagés dans la
délinquance. Compte tenu du fait que la capacité d'accueil de
chacun de ces centres serait de quatre à cinq places, votre Commission
des Affaires économiques souhaiterait connaître le nombre de ces
institutions que le Gouvernement entend créer à terme.
L'ouverture d'une centaine de
classes relais
destinées à
accueillir les élèves en voie de marginalisation scolaire, exclus
des établissements d'enseignement en raison de troubles de comportement
est également encouragée par votre Commission des Affaires
économiques. A terme, l'objectif du Gouvernement serait d'ouvrir 250 de
ces classes.
Votre Commission des affaires économiques souhaite que le
Gouvernement persévère dans sa politique de lutte contre la
délinquance des mineurs.
D. L'APPLICATION DE LA LOI DU 6 JANVIER 1999 RELATIVE AUX ANIMAUX DANGEREUX ET ERRANTS
Devant
la multiplication du nombre des chiens de type " molossoïde " et
la part prise par certains de leurs propriétaires à des
activités illicites, le Parlement a adopté la loi n°99-5 du
6 janvier 1999 relative aux animaux dangereux et errants et à
la protection des animaux, dont notre collègue Dominique Braye fut le
rapporteur devant le Sénat.
Ce texte classe les chiens en deux catégories respectivement
composées des chiens d'attaque, d'une part, et des chiens de garde et de
défense, d'autre part. Il interdit notamment aux mineurs la
détention de chiens potentiellement dangereux, et soumet les
détenteurs de ces chiens à diverses formalités et, en
particulier, à l'obligation de déclarer leur animal.
Il prohibe l'accès des chiens dangereux aux transports en commun et
régit les modalités de dressage de ces animaux. Il prévoit
enfin la stérilisation des chiens d'attaque qui devrait conduire,
à terme, à leur extinction.
La mise en oeuvre de la loi est urgente car on a pu noter, au cours de ces
derniers mois, des vols sous la menace d'un chien, des combats de chiens avec
pari voire même le transport de drogue sous des pansements portés
par des chiens. Dans de nombreux quartiers en difficulté, la
préparation, la discussion et l'adoption de la loi ont suscité un
réel intérêt de la part des citoyens qui réclamaient
que des mesures soient prises pour limiter la recrudescence des chiens tels que
les pittbulls, les american staffordshire terriers, les rottweilers ou les
beaucerons. Au quartier de la Grande Borne, à Grigny, où vivent
12.000 personnes, on estime le nombre de chiens entre 250 et 280 !
Concrètement, la police ne dispose pas des moyens de déterminer
la catégorie à laquelle appartiennent les chiens que ses agents
sont amenés à contrôler, pas plus que des
compétences techniques pour contrôler la stérilisation des
animaux. Il convient donc de préciser rapidement, par le moyen de
décrets d'application, dont la publication n'a que trop tardé,
les modalités de mise en oeuvre de la loi n° 99-5
précitée. En effet, jusqu'à présent, seul
l'arrêté du 27 avril 1999 pris pour l'application de
l'article L-211-1 du code rural qui dresse la liste des types de chiens
susceptibles d'être dangereux a été publié.
Votre commission des Affaires économiques souhaite que le
Gouvernement procède rapidement à l'édiction des
dispositions réglementaires nécessaires à l'entrée
en vigueur de la loi.
II. LE TRAITEMENT DES PROBLÈMES FONCIERS, D'URBANISME ET DE LOGEMENT
Depuis le milieu des années 1970, la France n'a plus de politique foncière. Les moyens qui y étaient naguère consacrés ont été progressivement divisés par dix ! Or, la résolution des problèmes fonciers constitue l'un des éléments essentiels de la politique de la ville puisqu'elle conditionne aussi bien la restructuration des espaces urbanisés que la réalisation d'équipements collectifs et de logement.
A. AMBITIONS ET MOYENS
Lors de la rencontre nationale des élus de la politique de la ville, le 6 mai 1999, M. Claude Bartolone affirmait sa volonté d'engager un " grand programme de renouvellement urbain " prenant la forme de " Grands projets de ville ". Cette ambition, qu'approuve votre Commission des Affaires économiques, repose cependant sur la mise en oeuvre de moyens financiers importants.
1. Les financements accordés par la Caisse des Dépôts
La
Caisse des Dépôts et des Consignations contribue au financement de
la politique de la ville en octroyant des prêts projets urbains (PPU) et
des prêts-démolition-reconstruction.
Les
PPU
sont destinés au financement d'investissements
nécessaires au développement économique et social des
zones urbaines sensibles (à l'exclusion du logement) tels que :
- la restructuration de centres commerciaux, l'implantation de commerces
ou de services de proximité en pied d'immeubles ;
- les équipements publics de proximité (antennes de CCAS,
équipements sportifs, ou scolaires) ;
- les infrastructures de transport, de réseau ou les acquisitions
foncières.
Leur taux a été ramené de 5 % en 1997 à 3,5%
en 1999. Le montant total de prêts versé s'élevait à
2,9 milliards de francs en 1998, comme en 1997, contre 2,1 milliards
en 1996.
Les
prêts démolition-reconstruction
ont été
créés à la suite d'une décision du CIV du
30 juin 1998
. L'enveloppe de ces prêts est de 10 milliards
de francs, et leur taux fixé à 3,8 %.
On notera qu'en
août 1999, seuls 388 millions de francs avaient été
engagés au titre de ces prêts, montant qui, selon les informations
transmises à votre rapporteur pour avis, pourrait croître
rapidement du fait de l'application progressive de la circulaire du
2 mars 1999 relative à l'utilisation de ces prêts.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que le
Gouvernement mette en oeuvre un ambitieux programme de
reconstruction-démolition, dont la réussite repose sur la
connaissance des besoins et l'établissement d'un
échéancier des travaux à réaliser sur le territoire
national.
2. Préoccupations résultant de la budgétisation du FARIF
Créé par la loi de finances pour 1990 et
alimenté par une taxe sur les bureaux, le compte d'affectation
spéciale intitulé " fonds d'aménagement pour la
région Ile-de-France (FARIF) a apporté une contribution
importante à la politique de la ville. Ses chapitres 9 et 10 recevaient
chaque année environ 120 millions de francs de crédits
d'investissement et 80 millions de francs de crédits de
fonctionnement.
Or, la loi de finances pour 2000 prévoit une
budgétisation de ce compte qui n'est pas sans danger.
Votre Commission des Affaires économiques craint que la disparition du
FARIF n'ait des effets néfastes sur la capacité de l'Etat
à mener une politique foncière active en Ile-de-France.
En effet, le régime du compte d'affectation spéciale (CAS)
permettait d'obtenir une grande souplesse dans la gestion des crédits,
en vertu de l'application du principe selon lequel pour les CAS les
autorisations de programme sont égales aux crédits de paiement.
En d'autres termes, les crédits du FARIF pouvaient être
mobilisés très rapidement pour réaliser des achats
à l'amiable. Ceux-ci sont particulièrement souhaitables en amont
des grandes opérations d'urbanisme (construction de gares de RER ou de
métro par exemple) qui ont pour effet de renchérir la valeur des
terrains avoisinant les infrastructures.
Le risque est grand de voir les moyens naguère affectés au FARIF
-qui sont très modestes si on les rapporte aux grandes masses du budget
du ministère de l'Equipement- " noyés " dans celui-ci
et progressivement rognés sous l'effet de régulations
budgétaires successives.
Votre rapporteur pour avis estime, en outre, que le Gouvernement doit
prendre l'engagement solennel d'affecter le produit des cessions de biens
acquis par le passé, soit grâce au fonds national
d'aménagement foncier et urbain (FNAFU), soit grâce au FARIF
à des investissements fonciers de même nature.
Faute de cela, la budgétisation du FARIF n'aurait qu'un seul
intérêt : abonder la trésorerie de l'Etat.
B. BILAN DES GRANDS PROJETS URBAINS
Lancés à l'initiative de M. Michel Delabarre,
alors
ministre chargé de la ville, les grands projets urbains (GPU) ont pour
objet la restructuration profonde de grands ensembles. Entamée en 1994,
celle-ci se déroulera sur dix, voire quinze ans, dans le cadre
d'une étroite coopération entre l'Etat et les
collectivités locales (sous des formes variables : groupement
d'intérêt public, établissement public ou
société d'économie mixte).
Aux quatorze sites choisis initialement pour accueillir un GPU, le CIV du
30 juin 1998 a ajouté la commune de
Chanteloup-lès-Vignes. Le tableau suivant présente quelques
exemples des opérations réalisées grâce aux GPU
auxquels ont été consacrés une enveloppe pluriannuelle de
605 millions de francs à compter de 1994, ainsi que
2,25 milliards de francs de crédits au titre des contrats de plan
qui viennent à échéance en 1999. S'y sont ajoutés
880 millions de francs provenant du budget consacré à la
politique de la ville entre 1994 et 1998.
BILAN SOMMAIRE DES GPU (1994-1998)
Clichy-sous-Bois, Montfermeil |
Mise en sécurité de la tour Utrillo, restructuration commerciale du Chêne pointu, création de locaux d'activité. |
Argenteuil |
Restructuration de l'espace central de la dalle, restructuration des commerces. |
Epinay-sur-Seine |
Achèvement des travaux de transformation de la RN14 en
boulevard urbain dans la traversée du centre-ville ;
|
Mantois |
Projet
" habitat " du Val Fourré autour de l'ancien centre commercial
Mantes 2 en voie d'achèvement ;
|
Marseille |
Premières opérations prenant place dans le
projet de
l'Estaque ;
|
Grigny/Viry-Chatillon |
Création d'équipements publics de
proximité,
aménagement de voies permettant le désenclavement et
l'amélioration des flux au sein des quartiers de la Grande Borne et de
Grigny.
|
Meaux |
Amélioration de l'éclairage public, résidentialisation des espaces des immeubles d'habitat social, construction d'un équipement public de proximité, requalification d'un boulevard structurant |
Vaulx-en-Velin |
Restructuration du centre-ville ;
|
Vénissieux |
Aménagement envisagé des voies et
réalisation
du maillage du réseau viaire principal aux Minguettes ;
|
Gennevilliers |
Développement économique d'insertion et d'emploi
dans
le cadre d'un plan local d'insertion par l'économique qui met en
cohérence des outils de l'insertion ;
|
Aulnay-sous-Bois |
L'aménagement des espaces extérieurs des résidences de l'Europe et des Merisiers se poursuivent en 1999 sur le grand ensemble de " La rose des vents " dans le quartier de la Brise. |
Le CIV
du 30 juin 1988 a décidé que les villes bénéficiant
d'un GPU seraient également signataires d'un contrat de ville couvrant
la période 2000-2006.
Votre rapporteur pour avis souhaite que l'action entreprise dans le cadre
des GPU soit poursuivie sur le long terme. En effet, bien que l'action
entamée en 1994 par M. Delebarre, ait pu être qualifiée par
certains de " semi-échec " causé par le fait que
"
l'Etat ne s'est pas vraiment engagé
"
et que
"
les investissements étaient souvent trop importants pour des
communes en difficulté "
21(
*
)
,
les GPU sont, avec les ZFU, l'un des piliers de la politique de la ville.
Compte tenu des difficultés spécifiques rencontrées par
les communes confrontées au problème des " grands
ensembles " l'Etat doit continuer à leur apporter son soutien dans
la durée.
C. L'EPARECA : DE LA GESTATION PROLONGÉE À LA NAISSANCE TARDIVE ?
Créé par les articles 25 à 28 de la loi du
14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du Pacte de Relance
pour la ville, l'Etablissement public d'aménagement et de
restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA) a pour objet de
faciliter le remembrement des espaces commerciaux et artisanaux dans les sites
urbains en difficulté.
Il a été doté de 130 millions de francs de budget en
1998, grâce à un prélèvement opéré sur
le produit de la taxe additionnelle sur les grandes surfaces et peut recourir
à l'emprunt dans la limite de sa dotation initiale. Sa " force de
frappe " financière totale aurait donc pu avoisiner
230 millions de francs par an... Si sa création n'avait pas tant
tardé !
Depuis trois ans, la création de l'EPARECA traîne en
longueur.
Selon les informations communiquées à votre
rapporteur pour avis, l'équipe de cet établissement public
-composée d'une dizaine de personnes- n'a été
constituée qu'entre le courant 1998 et le début 1999.
L'EPARECA a reçu 90 dossiers. Sur ce total, 22 "
n'ont pas
été considérés comme devant relever de
[sa]
compétence ".
Sur les 68 dossiers restant, six seulement sont en phase
opérationnelle. Ils concernent :
- le Val d'Argent (Argenteuil) ;
- les Gibjoncs (Bourges) ;
- le Palais (Créteil) ;
- Les Belles portes (Hérouville-Saint-Clair) ;
- le Pôle des Nations (Mulhouse) ;
- La Rafale (Reims)
Enfin, 31 autres dossiers seraient au "
stade d'études
approfondies ".
Votre rapporteur pour avis regrette que deux ans après sa
création, l'EPARECA n'ait pas élaboré de rapport annuel.
Il souhaite connaître les raisons pour lesquelles l'Etat, autorité
de tutelle de cet établissement public, s'est avéré si peu
capable de mettre effectivement en oeuvre un instrument important
créé par le Pacte de relance pour la ville.
III. L'ÉDUCATION
Dans les
zones urbaines sensibles, l'éducation est un service public essentiel
dont les agents sont soumis à des sujétions particulières.
Comme le déclarait un spécialiste de ces questions dans un grand
quotidien, l'enseignement revêt désormais l'aspect "
d'une
lourde tâche pour qui n'a pas une âme
d'apôtre
"
22(
*
)
.
L'Etat met également en oeuvre des actions spécifiques en
direction des jeunes qui contribuent à améliorer la
cohésion sociale des quartiers en difficulté.
A. LA RÉFORME DES ZEP
Les
zones d'éducation prioritaire (ZEP) ont été
créées en 1981 afin de renforcer les moyens de l'éducation
nationale dans les quartiers difficiles. Depuis lors, leur délimitation
était périodiquement critiquée. Le Gouvernement en a
modifié le régime en 1998 et 1999 en publiant trois circulaires
relatives à la relance de l'éducation prioritaire, aux
réseaux d'éducation prioritaire et aux contrats de
réussite.
La superficie du territoire couvert par les ZEP s'est accrue de 40 %
entre 1997 et 1999. Elle concerne désormais 7.000 écoles,
1.000 collèges et 100 lycées.
Les moyens dont bénéficient les classes situées en ZEP
sont renforcés : le nombre moyen d'élèves s'y
établit à 23,5 élèves dans les écoles
maternelles et 21,8 dans les écoles élémentaires. Le
nombre de postes d'enseignants qui y sont affectés a été
substantiellement renforcé, de près de 4.000 en 1998 et de 4.600
personnes en 1999. Les crédits pédagogiques y ont
également été majorés de 84 millions en 1998
et de près de 100 millions de francs en 1999.
Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit également de
créer 1.000 nouveaux emplois de maîtres d'internat et
surveillants d'externat et de recruter 5.000 aides-éducateurs qui
exerceront prioritairement en ZEP. Du fait de l'extension du
périmètre des ZEP, le nombre des enseignants qui y enseignent est
passé de 81.000 à 97.000 environ. Ces fonctionnaires
reçoivent une indemnité de sujétion de 6.900 francs
par an.
Les principaux et les principaux-adjoints des établissements
concernés bénéficient, quant à eux, du
surclassement de leur établissement qui a un effet positif en termes
indiciaires. Enfin, les personnels administratifs, ouvriers et de service qui
accomplissent tout leur service en ZEP et les assistantes sociales dont le
secteur comprend au moins un établissement classé en ZEP,
perçoivent une bonification indiciaire.
Votre commission des Affaires économiques approuve les
réformes opérées dans les zones d'éducation
prioritaire.
B. LES AUTRES ACTIONS EN DIRECTION DE LA JEUNESSE
L'opération école ouverte
Menée depuis 1991 sous l'égide des ministères de
l'éducation nationale et de l'emploi et de la solidarité, cette
opération permet notamment d'accueillir les jeunes pendant les vacances
dans les établissements scolaires afin qu'ils se livrent à des
activités éducatives. Le nombre d'établissements qu'elle
concerne continue de croître, passant de 341 en 1998 à 427 en
1999. Le coût de cette opération est de 39 millions de francs.
Les classes relais
Les 250 classes relais qui devraient fonctionner en l'an 2000 permettront
d'accueillir de 4 à 5.000 jeunes en voie de marginalisation
scolaire. S'y ajoutent des internats relais destinés à recevoir
des enfants qui subissent des difficultés sociales ou familiales
susceptibles de les conduire à abandonner l'école ou à
manifester des comportement violents.
L'affectation d'appelés du contingent en établissement
scolaire
Depuis 1992, des appelés du contingent volontaires effectuent leur
service national dans des établissements scolaires. Leur nombre s'est
élevé à 280 pour l'année scolaire 1998-1999. Ils
ont été affectés dans les six académies
concernées par le plan de lutte contre la violence à
l'école et dans les DOM-TOM.
L'effectif total des jeunes gens concernés par le service national ville
dans l'éducation nationale ne s'élevait, quant à lui,
qu'à 690 en 1998, en hausse par rapport à 1997, mais en forte
baisse par rapport à 1995-1996.
Votre commission des Affaires économiques se déclare
particulièrement préoccupée par la diminution des postes
occupés par des appelés au titre du service national ville,
liée à la fin du service national obligatoire. Elle souhaite que
le projet de loi relatif aux volontariats civils déposé sur le
Bureau du Sénat soit rapidement examiné par le Parlement, afin de
pallier la disparition du service national ville et de renforcer l'encadrement
dans les établissements scolaires.
CHAPITRE IV -
LE CADRE CONTRACTUALISÉ
DE
LA POLITIQUE DE LA VILLE
Conduite dans la longue durée, la politique de la ville est financée pour une large part grâce à des crédits contractualisés, qu'il s'agisse de crédits européens ou de crédits inscrits au titre des contrats de plan Etat-région dans le cadre de " contrats de ville ".
I. LA CONTRIBUTION DES CRÉDITS COMMUNAUTAIRES
A. L'ACHÈVEMENT DES PROGRAMMES EN COURS
Cinq
programmes communautaires contribuent au financement de la politique de la
ville, pour un montant qui a atteint 1,75 milliard de francs en 1999.
Ce montant total se décompose comme suit :
RÉPARTITION DES CRÉDITS EUROPÉENS
AU
TITRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE
Nature et désignation |
Montant |
Zones en retard de développement (objectif 1) |
240 |
Zones touchées par des reconversions industrielles (objectif 2) |
530 |
Lutte contre l'exclusion et le chômage de longue durée (objectif 3) |
150 |
Ville (PIC urban) |
125 |
Emploi (PIC REGIS) |
30 |
B. LA NOUVELLE GÉNÉRATION DE FONDS STRUCTURELS
La
réforme des fonds structurels plus connue sous le nom
"
d'Agenda 2000 "
tend à inclure la
problématique des zones urbaines en difficulté dans la politique
communautaire de cohésion économique et sociale, aussi bien par
le biais des fonds structurels que grâce aux programmes d'initiative
communautaire (PIC).
Les
départements d'outre-mer
et les territoires qui
bénéficieront du
dispositif de sortie de l'ancien
objectif
1
au cours de la période 2000-2004 pourront
obtenir des crédits du nouvel objectif 1 consacré aux
régions en retard de développement.
Les
zones urbaines en difficulté
recevront, quant à elles,
des crédits au titre du nouvel objectif 2, de même que les
territoires éligibles au
dispositif de sortie de l'actuel objectif
2.
L'objectif 3 sera consacré à la mise en oeuvre du
plan
national d'action pour l'emploi
(PNAE) au bénéfice des
personnes qui rencontrent des
difficultés d'insertion
, dont une
forte proportion réside dans les zones urbaines sensibles.
Trois programmes d'initiative communautaire (PIC) seront susceptibles de
soutenir la politique de la ville :
- URBAN (qui concernera les villes petites ou moyennes et d'importants
quartiers situés dans des agglomérations qui rencontrent des
difficultés) :
- INTERREG, (programme régional transfrontalier) ;
- EQUAL, (destiné à pallier les difficultés
d'insertion des personnes résidant dans les quartiers en
difficulté).
Les services compétents ne sont, actuellement, pas en mesure de donner
une évaluation chiffrée des crédits dont disposeront
chacun de ces programmes. Ils estiment cependant que "
la part
croissante donnée à l'urbain dans les orientations politiques,
tant au niveau national que communautaire, devrait se traduire par un
accroissement important des financements européens sur la politique de
la ville. "
En se rendant à Valenciennes en 1998 et à Roubaix en 1999,
votre rapporteur pour avis a mesuré l'importance des fonds structurels
européens pour certaines régions françaises,
spécialement lorsqu'elles sont touchées par des reconversions
industrielles qui mettent en cause l'équilibre social et urbain. Aussi,
tient-il à recommander un renforcement de ces aides dans les
années à venir.
II. L'ÉLABORATION DES CONTRATS DE VILLE DANS LE CADRE DES CPER
Le
comité interministériel des villes (CIV) du 2 septembre 1999 a
arrêté la répartition des enveloppes de crédits
contractualisés pour la période 2000-2006 pour un montant total
de 8,6 milliards de francs.
La première de ces enveloppes concerne les
crédits
spécifiques " ville " figurant aux contrats de plan
Etat-région (CPER). Elle s'élève à 8 milliards
de francs.
La seconde correspond à des
crédits contractualisés au
titre de la politique de la ville hors CPER.
On retiendra, à titre d'exemple, que les régions Ile-de-France,
Rhône-Alpes, PACA et Nord-Pas-de-Calais recevront respectivement
2,15 ; 0,755 ; 0,755 et 1,076 milliard de francs qui se
répartiront comme suit :
RÉPARTITION DES CRÉDITS CONTRACTUALISÉS 2000-2006
en millions de francs
Régions |
Nature des crédits |
TOTAL |
|
|
CPER |
Hors CPER |
|
Ile-de-Fance |
2 000 |
150 |
2 150 |
Rhône-Alpes |
755 |
0 |
755 |
PACA |
655 |
100 |
755 |
Nord-Pas-de-Calais |
1 076 |
0 |
1 076 |
Source : DIV
III. BILAN ET PERSPECTIVES DES CONTRATS DE VILLE
A. LES CONTRATS DE VILLE 1994-1999
Conclus
en 1994, dans le cadre des contrats de plan Etat-région couvrant la
période 1994-1998, 214 contrats de ville ont été
signés :
- en France métropolitaine (199 d'entre eux concernant
750 communes) ;
- dans les DOM-TOM (où l'on a conclu 15 d'entre eux auxquels
s'ajoutent 26 sites touchés par des reconversions industrielles qui ont
bénéficié d'un programme d'aménagement
concerté du territoire).
Selon le Gouvernement, ces contrats qui ont permis d'obtenir des
avancées importantes dans la vie quotidienne des habitants, se sont
heurtés à plusieurs obstacles :
- faute de réelle intercommunalité, certaines communes ont
été confrontées, seules, à leurs propres
difficultés ;
- plusieurs conseils généraux ne se sont pas
mobilisés, pour les politiques relevant de leur compétence, aux
communes signataires ;
- les services de l'Etat ont parfois poursuivi leur action de façon trop
cloisonnée à cause de difficultés de coordination
interne ;
- la réhabilitation des équipements et des espaces publics
n'a parfois pas apporté tous les effets attendus par manque de
coordination avec d'autres politiques.
C'est pourquoi le Premier Ministre a décidé qu'à l'issue
de la prorogation des contrats de ville existants, de nouveaux contrats
seraient signés.
B. LA PRÉPARATION DES CONTRATS DE VILLE 2000-2006
Avant de
signer les contrats de ville, fin 1999 ou début 2000, les services de
l'Etat et les collectivités locales sont invités à
établir un " diagnostic partagé " des forces et des
faiblesses des sites concernés.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
l'Etat ne soumet pas la conclusion des contrats à l'existence de
structures intercommunales juridiquement sanctionnées, mais il entend
cependant que les contrats de ville reposent sur une
" intercommunalité de projet ".
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que l'Etat accorde
un soutien particulièrement fort aux villes situées dans des
régions qui ne bénéficieront plus des financements
européens.
*
* *
Suivant les conclusions de son rapporteur, la Commission des Affaires économiques a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits de la ville inscrits dans le projet de loi de finances 2000.
ANNEXE N° 1 -
COMPTE RENDU DE LA VISITE
EFFECTUÉE
PAR VOTRE RAPPORTEUR À ROUBAIX
EN COMPAGNIE DE
M. ALAIN JOYANDET,
LE 28 OCTOBRE 1999
Voici
trois ans, à la fin de l'été 1996, votre rapporteur
pour avis avait, en sa qualité de rapporteur de la Commission
spéciale du Sénat sur le projet de loi relatif à la mise
en oeuvre du Pacte de relance pour la ville, eu des échanges avec M.
André Diligent, sénateur et ancien maire de Roubaix et
René Vandierendonck, le maire de cette commune, à l'occasion
d'une audition.
Répondant à l'invitation de notre collègue André
Diligent, votre rapporteur pour avis s'est rendu, le
28 octobre dernier, à Roubaix afin de prendre l'exacte mesure
des résultats obtenus grâce à la création de la zone
franche urbaine qui couvre les quartiers de l'Epeule, l'Alma, la
Fosse-aux-Chênes, le Cul de four, le centre-ville, et de Sainte
Elizabeth, soit 40 % du territoire de la commune.
1. Situation en 1996-1997
Comme
l'indiquait M. René Vandierendonck, devant la Commission spéciale
du Sénat
23(
*
)
, le mercredi
4 septembre 1996, Roubaix a constitué un
" laboratoire " pour la politique de la ville : deux tiers de la
cité étant classés en zone urbaine sensible, la
moitié en zone de redynamisation urbaine et 40 % en zone franche
urbaine.
Frappée de plein fouet par la crise du textile, car 40% des emplois
roubaisiens dépendaient initialement de ce secteur, la ville a
également subi une forte hémorragie commerciale,
30.000 mètres carrés de surfaces commerciales ayant disparu
entre 1991 et 1996, alors même que les grandes surfaces
prospéraient en périphérie !
M. Vandierendonck soulignait à cette époque :
- la nécessité de mener une politique de l'habitat au niveau
de l'ensemble de l'agglomération, afin de recréer une
mixité urbaine ;
- les problèmes posés par le renforcement des effectifs de
police par redéploiement des effectifs existants et non pas par
accroissement net de l'effectif total ;
- la nécessité d'attribuer à la communauté
urbaine des compétences en matière de plan local de l'habitat
afin de raisonner à l'échelle d'un bassin d'habitation.
Le maire de Roubaix reconnaissait également l'intérêt de la
discrimination positive dans les ZFU, afin de maintenir les entreprises
existantes et éventuellement d'en attirer d'autres.
En trois ans, la municipalité de Roubaix a su utiliser de façon
particulièrement efficace l'ensemble des dispositifs existants, et
notamment le
grand projet urbain
(GPU) de la métropole lilloise
(qui comprend 700.000 habitants) mis en place en janvier 1997. Il concerne
l'agglomération de Roubaix-Tourcoing, Wattrelos et Croix et, en
particulier, les quartiers de Saint-Pierre, l'Epeule, Fresnoy, Blanc Seau,
l'Alma, le Cul-de-Four et, enfin, le quartier de l'Hommelet, situés au
Nord de Roubaix.
Le GPU tend notamment à réaliser :
- des équipements (espaces sportifs, équipements
scolaires) ;
- des espaces publics (parkings, squares) ;
- des opérations d'habitat (études de réalisation
d'opérations programmées d'amélioration de
l'habitat) ;
- des travaux de voirie.
De grands équipements de transport destinés à renforcer
l'attractivité des quatre villes précitées sont
réalisés ou prévus : la construction de la
ligne 2 du métro (financée par la CDUL), le prolongement de
la voie rapide urbaine dans Roubaix et le lancement de la " route de la
laine " qui prolonge la voie rapide urbaine vers la Belgique
(financés par l'Etat).
Ce GPU est piloté par un groupement d'intérêt public qui
réunit l'Etat, la Communauté urbaine, les quatre
municipalités, la CDUL et la Compagnie métropolitaine de
l'habitat. Sa durée prévisionnelle est de quinze ans
environ, soit trois contrats de plan. Le GPU est alternativement
présidé par le représentant de l'Etat et par un
représentant des collectivités locales.
2. La réalisation de la zone franche et la reconquête du centre-ville
La
zone franche urbaine
La création de la zone franche de Roubaix s'inscrit dans un projet
cohérent de développement urbain qui repose également sur
le GPU précité et sur le projet de reconquête du
centre-ville. La stratégie des promoteurs de cette zone repose sur une
forte implication de la commune qui cherche à :
- attirer les entreprises en réalisant des investissements
(création d'hôtels d'entreprises) ;
- créer un dispositif d'insertion et de mise en relation des offres
et des demandes d'emploi (création du " Pas pour l'emploi " et
collaboration avec l'ANPE) ;
- mener une politique de filières afin de renforcer la masse
critique dans le domaine des services à la grande distribution et de la
vente par correspondance, d'une part, et du textile-habillement, d'autre
part ;
- soutenir les initiatives des entrepreneurs (grâce à la
plate-forme d'initiatives locales qui assure un suivi personnalité et
à l'octroi de prêts sans garantie de 10.000 à
50.000 francs) ;
- redynamiser le commerce local par la conclusion de " contrats de
rue " qui permettent de rénover les cellules commerciales vacantes
dans une rue, au cours d'une brève période, afin de rendre le
projet visible aux yeux des habitants et des entrepreneurs et d'assurer, de ce
fait, sa réussite.
Un certain nombre d'informations montrent que l'EPARECA s'intéresse
enfin à Roubaix.
Le projet de reconquête du centre-ville
Roubaix constitue un cas d'école s'agissant des dommages
occasionnés par une urbanisation inspirée de la " charte
d'Athènes ", qui prônait un urbanisme fonctionnaliste peu
soucieux de l'équilibre urbain. La création du centre commercial
" Roubaix 2000 ", en 1965, sous la forme d'un cube de
béton placé au coeur de la cité, dans l'axe de la rue de
Lannoy, artère irriguant le centre-ville, a eu un effet négatif
sur la situation de l'hyper-centre de la commune. Les pouvoirs publics se sont,
en conséquence, employés à rendre à la rue de
Lannoy son cours historique, débouchant sur une station de métro
et de tramway qui constitue un noeud de transport essentiel de
l'agglomération lilloise.
La commune y a facilité l'installation d'un centre de boutiques de
fabricants, sous l'égide de la société Mc Arthur Glen. Ce
centre, doté de 15.000 m2 de surfaces commerciales est situé au
coeur d'une zone de chalandise de 11 millions de personnes. Il est
destiné à rendre une réelle attractivité au
centre-ville et à y drainer des acheteurs venus de tout le nord de la
France et de Belgique.
Sa construction a nécessité un important investissement
privé, estimé à 160.000 millions de francs, outre les
investissements publics.
La commune souhaite également créer un second pôle
commercial à la place de l'ancien hôtel des ventes, destiné
à accueillir une grande surface de 8.300 m2 de superficie de vente sous
l'enseigne " Géant ", ainsi qu'une galerie marchande de 12.000
m2. Le montant total de l'investissement sous-tendant cette opération
est d'environ 250 millions de francs, et son ouverture prévue pour
2001.
Le réaménagement du centre-ville passe également par des
investissements lourds destinés à changer l'image de celui-ci.
Ils consistent en :
- l'aménagement de la Grand Place située face à
l'hôtel de ville ;
- la réalisation de stations de métro en centre-ville
(Jean-Lebas ; Grand Place et Eurotéléport) ;
- la réouverture d'un musée dans le bâtiment d'une
ancienne piscine de style Art déco (le précédent
musée ayant été détruit voici 60 ans, les
collections n'étant plus exposées depuis lors).
Le succès de la zone franche de Roubaix réside, à n'en pas
douter, dans la combinaison de ces actions volontaristes qui ont, non seulement
modifié l'image de la ville, mais aussi créé de
l'activité et des emplois.
3. Le programme nouveaux emplois, nouveaux services
Le
nombre total des postes destinés à des nouveaux services à
la population gérés par la commune et les employeurs
privés s'établit à 788 au
1
er
septembre 1999.
La commune et les associations emploient les deux-tiers de l'effectif total
dont 77 % des postes sont pourvus.
Les emplois créés par la commune à ce titre
concernent :
- l'action sociale et éducative ;
- le sport ;
- la culture et les nouvelles technologies de la communication.
Soixante cinq pour cent des emplois créés ont été
attribués à des jeunes habitant Roubaix, soit 500 personnes,
dont la moitié a un niveau équivalent au CAP ou au BEP.
La commune de Roubaix s'est fortement impliquée dans ce dispositif,
puisqu'elle a créé 233 postes, et participe au financement
des salaires et charges de 120 d'entre eux.
Dans le secteur du sport et de l'éducation, ces emplois ont souvent
permis d'intégrer des jeunes dotés de très bonnes
qualités relationnelles, mais qui n'avaient pas le niveau scolaire
requis pour passer un brevet d'Etat, obligatoire pour assurer l'encadrement de
jeunes et d'enfants.
4. Les résultats obtenus
L'emploi
Depuis le début des années 1970, le
taux de chômage
a connu une dégradation constante culminant à
31 % en
1997
.
Entre juin 1997 et juin 1999, le taux de chômage
a
baissé de 4,5 %
. Sur une population active totale de
38.200 personnes, on comptait 10.452 demandeurs d'emploi en juin
1999. Ce mouvement global masque cependant des disparités : alors
que le chômage des jeunes (qui sont nombreux) baisse de 7,8 %, celui
des plus de 50 ans s'accroît de 22,2 %.
La population roubaisienne subit un handicap en termes de qualification :
le niveau de formation des chômeurs est de classe Vbis ou VI pour 45 %
d'entre eux. Ce phénomène touche, quoique dans une moindre
proportion, également les jeunes qui sont, en moyenne, moins
qualifiés que ceux de l'ensemble de la région.
Cette situation explique la création d'un
dispositif d'insertion
spécifique
qui, grâce à trente structures
différentes, permet d'utiliser 800 postes de travail. Entre 1996 et
1999, 4.500 personnes ont effectué ce parcours d'insertion et 2.000
d'entre elles ont trouvé un emploi. Les pouvoirs publics ont
créé des structures destinées à mettre en contact
les 400 entreprises qui rechercheront de la main d'oeuvre et les
demandeurs d'emploi. Deux cellules spécifiquement consacrées
à cette fin ont été constituées, l'une pour
l'ensemble de la ZFU, l'autre en partenariat avec la société Mac
Arthur Glenn qui gère le centre de boutiques de fabricants situé
en centre ville.
Cette politique a été menée de façon
particulièrement volontariste, toute entreprise s'installant à
Roubaix étant contactée, de façon systématique.
Les résultats de la ZFU sont remarquables en termes de création
d'emplois : au
30 juin 1999, l'effectif salarié y a
crû de 2.625 postes équivalent temps plein (+68 %) par
rapport à 1997
.
Sur ce total :
-
5 emplois sur 6 sont des emplois créés
;
-
40 % des emplois créés sont occupés par des
Roubaisiens
, soit plus du double de l'obligation fixée par la loi de
1996 ;
-
86 % des contrats souscrits sont des CDI ou des CDD de plus de
12 mois
.
On notera, en outre, que les autorités communales ont lutté
activement contre les discriminations à l'embauche.
5. Une politique multiforme qui doit être poursuivie
Au
total, selon l'expression d'un des interlocuteurs rencontrés par votre
rapporteur pour avis, la ZFU a eu un effet
"
d'accélérateur des politiques
".
Les autorités locales ont su mettre en oeuvre toute la palette des
moyens à leur disposition : GPU, ZFU et financements
communautaires, dans le cadre du programme URBAN et du FEDER objectif 2
dont le taux de consommation des crédits est l'un des meilleurs de
France.
Le principal problème posé désormais est l'avenir de la
zone franche, dont le Conseil municipal de Roubaix, réuni le
4 février 1999, a souhaité le maintien jusqu'à
son terme. De l'avis unanime, les chefs d'entreprises sont vivement
préoccupés par l'avenir de la ZFU.
Les interlocuteurs de votre rapporteur pour avis se sont accordés pour
reconnaître que l'installation de certaines professions libérales
en ZFU était probablement motivée par le souci de
bénéficier d'avantages fiscaux et qu'elle était
susceptible de prendre fin dès la fin de ceux-ci, tout en observant que
l'on ne pouvait pas annoncer la " moralisation " du dispositif ZFU
sans préciser les modalités d'évolution de ces zones et le
régime dont elles bénéficieront dans l'avenir.
6. La question du logement
Des
progrès méritent également d'être accomplis dans la
gestion du parc de " logement social de fait ", qui abrite les plus
pauvres des habitants, ceux qui ne disposent pas de revenus suffisants ou d'une
situation juridique assez claire pour occuper un logement situé dans une
HLM. Le maire de Roubaix déplore d'ailleurs la persistance des
" marchands de sommeil " qui louent des logements vétustes
à des prix usuraires à des personnes qui
bénéficient de l'aide personnalisée au logement.
Sans doute serait-il nécessaire que le contrôle de
l'habitabilité des logements soit plus poussé lors de
l'attribution de cette aide. En outre, certaines opérations de
" requalification " par les propriétaires qui
" bricolent " par eux-mêmes sont, paradoxalement,
" déqualifiantes " pour les quartiers où elles sont
réalisées. Effectuées dans des conditions très
sommaires, elles n'ont d'autres but que de louer ces logements à des
personnes en situation de précarité.
Il est donc nécessaire d'envisager dès à présent
les modalités d'intervention de la puissance publique sur le parc
privé qui a le caractère de " parc social de fait ".
ANNEXE N° 2 -
PROGRAMME DE LA
VISITE
DE MM. GÉRARD LARCHER ET ALAIN JOYANDET
A ROUBAIX, LE 23
OCTOBRE 1999
8 heures |
Visite du centre ville
|
9 heures |
Mairie de Roubaix : économie, emploi,
formation
|
11 heures |
Salle
du cabinet du Maire : Projet urbain
|
12 heures 30 |
Déjeuner avec des dirigeants d'entreprises
|
1
Selon les termes de la lettre de mission
adressée à M. Jean-Pierre Sueur.
2
" Demain, la ville ", rapport de M. Jean-Pierre Sueur,
Paris, la Documentation française, 1998, pages 106 et 108.
3
Rapport précité pages 153 et 176.
4
Rapport précité page 199.
5
Rapport au Parlement relatif au bilan des ZFU et des ZRU, page 23.
6
" Le territoire de la cité au service de
l'emploi ", rapport précité, page 109.
7
Christine Garin, " Le rendez-vous manque de la politique de
la ville ",
dans
Le Monde, 21 juillet 1999. Les passages
en gras sont soulignés par votre rapporteur.
8
Rapport précité page 25.
9
Le Monde, 21 juillet 1999. Les passages en gras sont
soulignés par votre rapporteur.
10
Page 7.
11
Les quartiers susceptibles d'être classés en ZFU en
1996, étaient caractérisés par un revenu net fiscal
annuel par habitant de moins de 3.200 francs, un taux de non
diplômés supérieur à 25 % de la moyenne
nationale, une population plus jeune et un taux de chômage
supérieur à la moyenne nationale.
12
Page 16.
13
Bulletin des commission du Sénat, page 5008.
14
Page 18.
15
Bilan précité, page 19.
16
Rapport précité page 24.
17
Idem.
18
Page 25.
19
Rapport Rodrigo-Robin-Bourguignon précité page 110.
20
Idem.
21
Cf. Le Monde du 3 mars 1999, " Le Gouvernement
peine à relancer les GPU lancés en 1991 ".
22
Cité par Le Figaro du 4 mars 1999.
23
Cf. Bulletin des commissions, pages 5007-5009.