E. SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON : VERS UN CERTAIN REDRESSEMENT
1. La normalisation progressive des rapports franco-canadiens en matière de pêche
L'accord de pêche franco-canadien du 2 décembre 1994, signé
pour dix ans, prévoit notamment que Saint-Pierre-et-Miquelon
bénéficie de quotas de pêche de morue et de
pétoncles fixés, non pas de manière arbitraire par les
autorités canadiennes, mais par des pourcentages de TAC (Total
admissible de captures), déterminés chaque année de
manière conjointe et concertée.
Après la mise en place difficile de ce dispositif de concertation
-caractérisée notamment en 1998 par le retard de la partie
canadienne à publier le TAC sur la morue et le plan de récolte et
son refus de délivrer les licences de pêche pour les navires
artisans immatriculés à Saint-Pierre-et-Miquelon-,
il semble
que les termes de l'accord soient désormais respectés.
Lors de la cinquième réunion du conseil consultatif
franco-canadien à Ottawa les 8 et 9 décembre 1998, et compte
tenu de l'état précaire du gisement de pétoncles d'Islande
constaté grâce à une évaluation scientifique de la
ressource, les Parties se sont entendues pour autoriser une pêche d'un
tonnage maximum de 100 tonnes en vue d'assurer le suivi de
l'évolution de la ressource et de ne pas fixer de TAC pour 1999. Pour
permettre une appréciation plus scientifique des ressources, le cycle
annuel de gestion a été modifié et débute le
1
er
avril. S'agissant de la morue, en l'absence des données
scientifiques nécessaires, un quota transitoire a été
prévu pour le premier semestre 1999. A la suite d'un échange de
notes franco-canadien, l'archipel a obtenu un quota total de 5.616 tonnes
de morue pour la période du 1
er
janvier 1999 au
31 mars 2000, en forte augmentation par rapport aux 3.120 tonnes
obtenues en 1998. Le prochain conseil consultatif devrait se tenir en France au
cours du premier semestre 2000.
L'adhésion de la France à l'Organisation des Pêches de
l'Atlantique du Nord-Ouest (OPANO) en juillet 1996, en qualité d'Etat
riverain au titre de Saint-Pierre-et-Miquelon, a permis de formuler à
celle-ci des demandes d'allocation de quotas dans les zones de haute-mer
couvertes par l'OPANO.
Lors de la dernière conférence de cette structure
en septembre 1999 à Dartmouth, la France a obtenu un droit de
pêche portant sur 1.725 tonnes de flétan, 100 jours de
pêche à la crevette et 453 tonnes de calamar qui pourraient
être portés à 1.000 tonnes si une amélioration
du stock était constatée.
2. Une certaine reprise de l'activité économique dans le secteur de la pêche
La
transformation de la pêche industrielle, bénéficiant
d'aides des pouvoirs publics, est en progression avec 3.008 tonnes
d'apports de poissons pêchés en 1998, ce qui a permis de produire
1.145 tonnes de filets de poissons (contre 535 tonnes en 1997).
Néanmoins, la pêche industrielle reste limitée depuis
l'épuisement du gisement de pétoncles. Le seul chalutier
français présent dans les zone est le Saint-Pierre, navire de la
société Interpêche. Dans le cadre de l'accord
franco-canadien, des chalutiers canadiens pêchent une partie des quotas
français de morue. Ceux-ci sont en totalité
débarqués à Saint-Pierre et traités dans l'usine
d'Archipel S.A.
Après le moratoire canadien de 1992 et l'interdiction totale de la
pêche à la morue, on assiste à une reprise progressive de
l'activité de pêche depuis quelques années. La pêche
artisanale emploie environ 50 marins pour une flotille locale d'une
vingtaine de bateaux. Cette pêche concentrée d'avril à
septembre, porte principalement sur la lompe, le crabe des neiges, et depuis
1997 sur la morue. Le volume des prises a été multiplié
par 3 depuis 1996.
Ceci se répercute sur l'industrie locale avec la reprise des Nouvelles
Pêcheries et la croissance de l'activité d'un atelier de
traitement des oeufs de lompe à Miquelon.
Enfin, l'inscription, en février 1999, de Saint-Pierre-et-Miquelon
sur la liste des PTOM autorisés à exporter vers l'Union
européenne peut également ouvrir de nouveaux
débouchés, et encourager la valorisation locale des produits de
la pêche.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics a connu une forte
activité en 1998
avec la poursuite de grands travaux, en particulier
la construction du nouvel aéroport et l'extension du port de Miquelon.
Devenu le principal moteur de l'économe de l'archipel, ce secteur a
continué sa progression et bénéficie d'une demande
soutenue. De grands chantiers en cours, tels que l'extension de
l'hôpital, les travaux d'adduction d'eau et d'assainissement, permettent
au secteur de maintenir un certain niveau d'activité.
Après une année 1996 décevante, la saison touristique a
retrouvé en 1997 et 1998 un niveau habituel d'environ
10.000 touristes accueillis. Ce secteur, qui représente un certain
potentiel de développement pour l'archipel, se maintient sans
connaître de réelle progression. La capacité
hôtelière de l'archipel s'élève à
190 chambres et le tourisme représente environ 150 emplois
répartis dans 40 entreprises et 10 associations.
Compte tenu de la sensible augmentation des exportations, notamment vers le
Canada, des produits de la pêche (+ 40 % sur un an),
le
déficit commercial se réduit et le taux de couverture des
importations par les exportations s'établit à 10,6 % contre
7,7 % en 1997.
BALANCE COMMERCIALE
(millions de francs)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Variation
|
Importations |
413 |
371 |
371 |
384 |
359 |
- 7 % |
Exportations |
83 |
56 |
21 |
29 |
38 |
+ 29 % |
Balance commerciale |
- 330 |
- 315 |
- 350 |
- 355 |
- 321 |
- 10 % |
Taux de couverture (importations/exportations) |
20 % |
15 % |
6 % |
7,7 % |
10,6 % |
|
Source
: Service des douanes
(1)
Chiffres rectifiés