Projet de loi de finances pour 2000, TOME XIX - Aviation civile
LE GRAND (Jean-François)
AVIS 91-TOME XIX (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
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- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE IER -
LES MOYENS FINANCIERS DE L'AVIATION CIVILE
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XIX
AVIATION CIVILE
Par M. Jean-François LE GRAND,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
25
)
(1999-2000).
Lois de finances. |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs
La discussion budgétaire de l'automne dernier s'ouvrait sous de bien
mauvais auspices pour les acteurs français de l'aviation civile et du
transport aérien. Outre une réforme de dernière minute du
financement du budget annexe de l'aviation civile -qui s'avérait en
outre, dans sa première version, très pénalisante pour les
petites plates-formes aéroportuaires- notre pays était tenu
à l'écart des processus de rapprochements et d'alliances
internationaux à l'oeuvre, tant pour les compagnies que dans la
construction aéronautique. Nos champions nationaux, encore dans le giron
de la sphère publique, étaient dangereusement exclus des grandes
manoeuvres qui allaient dessiner l'avenir de ces secteurs pour les
années à venir. Votre commission pour avis s'était
d'ailleurs vivement inquiétée de cette marginalisation
française.
Un an après, la situation a, fort heureusement, bien
évolué. La privatisation partielle d'Air France et
d'Aérospatiale a été le prélude à une
intégration de ces deux entreprises au sein d'alliances
stratégiques -plus ou moins poussées selon le cas- qui leur
permettent de participer activement à la nouvelle structuration de ces
secteurs d'activité.
S'agissant
des plates-formes aéroportuaires
, pour les plus
grandes d'entre elles, deux défis de taille restent à
relever : celui de l'ouverture à la concurrence de l'assistance en
escale et de la disparition des ventes hors taxes intra-communautaires. En
matière
d'environnement aéroportuaire
, votre commission
pour avis souhaite la mise en place rapide de l'Autorité de
contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (ACNUSA),
conformément à la volonté du législateur.
Après avoir présenté les principales évolutions des
crédits budgétaires de l'aviation civile et du transport
aérien pour 2000, votre rapporteur pour avis vous propose une analyse
des tendances les plus récentes des trois secteurs d'activité
soumis à l'examen de la commission : le transport aérien,
les infrastructures aéroportuaires et la construction
aéronautique.
CHAPITRE IER -
LES MOYENS FINANCIERS DE L'AVIATION
CIVILE
Sans
s'étendre par trop longuement sur un sujet abordé de façon
très complète par le rapport spécial de la Commission des
finances, votre rapporteur pour avis souhaite toutefois indiquer les grandes
évolutions prévues par le projet de loi de finances pour 2000 en
matière de crédits destinés à l'aviation civile et
au transport aérien.
Ces crédits sont répartis entre :
-
le budget annexe de l'aviation civile,
créé
à compter du 1
er
janvier 1992, qui retrace
" l'ensemble des opérations financières des services de
l'aviation civile relatives à l'organisation, au contrôle et
à la mise en oeuvre du transport aérien et aux équipements
aéroportuaires "
;
-
un agrégat " transport aérien et
météorologie "
du fascicule transport du budget du
ministère de l'équipement, des transports et du logement, qui
concerne en réalité, s'agissant du transport aérien, les
crédits budgétaires de soutien à la construction
aéronautique ;
-
le fonds d'intervention pour les aéroports et le transport
aérien (FIATA)
, compte d'affectation spéciale, qui recouvre,
outre les crédits anciennement dévolus au Fonds de
péréquation des transports aériens (FPTA), les
dépenses de sûreté et celles relatives aux services de
sécurité-incendie-sauvetage.
I. LE BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE (BAAC)
A. LES CRÉDITS
Rappel sur la présentation du BAAC
Le projet de budget annexe de l'aviation civile pour 2000 présente les
caractéristiques de tout budget annexe, à savoir :
-
des ressources propres
, tirées du produit de taxes et
redevances affectées, ainsi que d'une subvention du budget
général, complétées par des recours à
l'emprunt ;
-
une présentation
différente du budget
général puisqu'elle répond aux normes du plan comptable
général et comporte deux sections : une section pour
l'exploitation et une section pour les opérations en capital, toutes
deux équilibrées.
Les
tableaux
suivants indiquent les montants demandés par le
projet de loi de finances pour 2000, sachant que la réforme, l'an
passé, du financement du budget annexe rend difficile les comparaisons
entre 1999 et 2000.
BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
(en millions de francs)
DÉPENSES |
RECETTES |
|||||||||
INTITULÉ |
Loi de finances 1999 |
Projet de loi de finances 2000 |
Evolution |
|
INTITULÉ |
Loi de finances 1999 |
Projet de loi de finances 2000 |
Evolution |
EXPLOITATION
Dépenses d'exploitation |
0 847,1 |
0 805,8 |
- 0 4,9 % |
|
Redevance de route |
4 985,0 |
4 908,0 |
- 1,5 % |
Subventions aéroports |
0 079,0 |
0 |
- 100,0 % |
|
RSTCA Métropole |
1 024,0 |
1 059,0 |
3,4 % |
Impôts et taxes |
0 026,9 |
0 029,6 |
0 10,2 % |
|
RSTCA Outre-Mer |
0 104,0 |
0 107,0 |
2,9 % |
Frais judiciaires |
0 047,8 |
0 040,0 |
- 16,3 % |
|
Taxe aviation civile |
1 279,5 |
1 258,4 |
- 1,7 % |
Charges personnel |
4 198,8 |
4 361,1 |
0 3,9 % |
|
Autres produits |
0 125,8 |
0 106,8 |
- 15,2 % |
Organismes extérieurs |
1 111,6 |
1 148,9 |
0 3,4 % |
|
Produits financiers |
0 006,51 |
0 007,0 |
8,1 % |
Charges financières |
0 234,0 |
0 190,0 |
- 18,8 % |
|
|
|
|
|
Autres charges de gestion courante |
0 17,3 (1) |
0 021,9 |
26,8 % |
|
|
|
|
|
Dotations aux provisions |
0 21,9 (1) |
0 035,8 |
63,4 % |
|
Reprises sur provisions |
0 17,3 (1) |
0 221,9 |
1 182,8 % |
Autofinancement |
1 172,8 |
1 244,9 |
0 6,2 % |
|
Subvention |
0 215,0 |
0 210,0 |
- 2,3 % |
TOTAL Exploitation |
7 757,2 |
7 878,1 |
0 1,6 % |
|
TOTAL Recettes |
7 757,9 |
7 878,1 |
1,6 % |
CAPITAL
Remboursements d'emprunts |
0 446,2 |
0 541,9 |
21,5 % |
|
Autofinancement |
1 172,8 |
1 244,9 |
6,2 % |
Investissements |
1 683,6 |
1 542,7 |
- 8,4 % |
|
Autres recettes |
0 127,0 |
0 009,7 |
- 92,4 % |
|
|
|
|
|
Emprunt |
0 830,0 |
0 830,0 |
0,0 % |
TOTAL Capital |
2 129,8 |
2 084,6 |
- 2,1 % |
|
TOTAL Recettes |
2 129,8 |
2 084,6 |
- 2,1 % |
TOTAL BRUT |
9 886,9 |
9 962,6 |
,8 % |
|
TOTAL BRUT |
9 986,9 |
9 962,6 |
0,8 % |
à
déduire :
|
- 1172,8 |
- 1 244,9 |
|
|
|
- 1 172,8 |
- 1 244,9 |
|
TOTAL NET |
8 714,2 |
8 717,7 |
0,04 % |
|
TOTAL NET |
8 714,2 |
8 717,7 |
0,04 % |
(1)
Créances douteuses et
irrécouvrables
et mécanisme correcteur " Route " 1998
.
Au total, les fonds inscrits au budget annexe de l'aviation civile
s'élèvent à
8.717 millions de francs pour 2000, en
hausse de 0,04 %
par rapport à la loi de finances initiale pour
1999.
B. PRINCIPALES ÉVOLUTIONS
1. L'évolution des recettes
Les
tarifs de redevances de navigation aérienne.
Par rapport aux taux appliqués au 1
er
janvier 1999, il
est prévu une baisse en francs courants des taux unitaires des
redevances de navigation aérienne en métropole (de l'ordre de
-5,13 % pour la redevance de route et de -0,89 % pour la redevance
pour services terminaux à la circulation aérienne (RSTCA)). Le
produit attendu des redevances est donc en diminution de 39 millions de
francs par rapport à l'année 1999. Cette donnée
résulte du jeu du mécanisme correcteur. Un excédent de
recette, résultant d'un trafic supérieur aux prévisions
retenues lors de l'élaboration de la loi de finances, a
été constaté lors de l'exercice 1998. En 2000, l'assiette
des redevances a en conséquence été diminuée d'un
montant égal.
La taxe de l'aviation civile.
Concurremment avec la subvention reçue du budget général
de l'Etat, le produit de la taxe de l'aviation civile (TAC) doit financer les
dépenses non couvertes par les redevances qui ont pour objet d'assurer
la sécurité du transport aérien et de participer, en
particulier, au développement des infrastructures aéroportuaires.
Les taux unitaires de la TAC sont maintenus à leur niveau de 1999 (soit
22,90 francs par passager embarqué à destination d'un Etat
membre de l'Union européenne, 38,90 francs par passager
embarqué vers d'autres destinations et 6 francs par tonne de fret
ou de courrier), le produit attendu
1(
*
)
de la TAC
affectée au BAAC pour 2000 s'élève à
1,259 milliards de francs, soit 77,7 % du produit de cette taxe (le
solde, soit 22,3 % étant affecté au fonds d'intervention
pour les aéroports et le transport aérien (FIATA)).
La subvention du budget général.
Le montant prévu pour la subvention du budget général
à l'aviation civile (215 millions de francs) est stabilisé
par rapport à 1997, 1998 et 1999 (les montants budgétés
pour 1998 et 1999 n'ont pas fait l'objet de mesures de régulation). Ce
montant se répartit en 210 millions de francs pour le BAAC et
5 millions de francs pour le financement de l'autorité de
contrôle des nuisances sonores aéroportuaires dont les
crédits sont retracés sur la section services communs du
Ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement.
Autofinancement et emprunts sont les autres ressources du budget annexe
Rappelons que le Gouvernement avait proposé, l'an passé, une
validation législative de la perception de certaines redevances, que
votre Haute Assemblée avait acceptée " du bout des
lèvres ".
Or, par lettre du 26 mai 1999, le Conseil d'Etat a indiqué à
M. le ministre chargé des transports que, conformément
à l'article 55 de la Constitution
2(
*
)
,
les lois de validation doivent être
compatibles avec le droit
de toute personne, affirmé par
l'article 6-1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits
de l'homme et des libertés fondamentales,
à un procès
équitable
.
Le texte de validation ne serait pas, aux yeux du Conseil d'Etat, compatible
avec ces dispositions, ce qui empêcherait le Gouvernement de pouvoir
refuser aux intéressés qui le solliciteraient, en dépit de
la loi de validation, le remboursement des sommes indûment mises à
la charge des compagnies aériennes.
Compte tenu des difficultés croissantes rencontrées par le
BAAC et du sentiment parfois ressenti par les compagnies aériennes d'un
certain " totalitarisme " de la part de l'administration
concernée, votre rapporteur pour avis se demande s'il n'est pas temps
d'envisager une autre organisation, tant budgétaire qu'administrative,
pour l'exercice des missions de l'Etat en matière de transport
aérien. Ne serait-il pas souhaitable, par exemple, de créer deux
structures indépendantes afin de séparer les fonctions de
régulateur de celles d'opérateur ?
2. Les dépenses
Fonctionnement des services
Faisant suite à une hausse de 1,9 % en 1999, les moyens des
services sont stabilisés en francs courants et à
périmètre constant (BAAC + FIATA).
Les moyens mis à la disposition des organismes extérieurs
augmentent de 3,3 %. Cette hausse résulte principalement de la
participation de la France à l'agence Eurocontrol et des coûts des
services rendus par Aéroports de Paris et Météo
France.
Budget d'équipement
Les dépenses d'investissement s'accroissent, hors construction du
nouveau siège et hors dépenses de sûreté
transférées sur le FIATA, de 6,5 % en autorisations de
programme (+ 90,85 millions de francs) et de 4 % en crédits de
paiement (+ 57,85 millions de francs).
Dépenses de personnel
Les dépenses de personnel évoluent globalement de
3,9 %
par rapport à 1999.
Une partie de cette
augmentation (1,1 %) résulte des effets mécaniques des
engagements pris dans le passé : incidence de la revalorisation en
année pleine du point " Fonction publique ", participation aux
charges de pension, application de l'accord salarial fonction publique...
Le projet de budget 2000 traduit également la prise en compte des effets
du protocole du 3 novembre 1997 signé entre la DGAC et les
organisations syndicales. L'enveloppe du projet de budget 2000 comporte en
particulier la création de
180 emplois, majoritairement
techniques
, qui permettent de poursuivre les recrutements afin de pallier
les départs massifs à la retraite à partir de l'an 2000,
en tenant compte des délais de formation préalable.
II. LE FONDS D'INTERVENTION POUR LES AÉROPORTS ET LE TRANSPORT AÉRIEN (FIATA)
A. BILAN DU SOUTIEN DES DESSERTES AÉRIENNES D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
La loi
n° 94-1162 du 29 décembre 1994, portant loi de
finances pour 1995, puis la loi n° 95-115 du
4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire ont instauré un
fonds de
péréquation des transports aériens,
transformé
par la loi de finances pour 1999 en Fonds d'intervention pour les
aéroports et le transport aérien (FIATA), consacré non
seulement aux dessertes aériennes d'aménagement du territoire
mais aussi aux dépenses de sécurité des aéroports.
Pour sa partie " dessertes aériennes ", ce fonds est
destiné à
subventionner des entreprises de transport
aérien en vue d'assurer l'équilibre des dessertes
aériennes réalisées dans l'intérêt de
l'aménagement du territoire
, tout en respectant les exigences
posées par la réglementation communautaire.
Votre commission pour avis est particulièrement attachée
à ces missions, c'est donc avec la plus grande attention qu'elle examine
chaque année l'évolution des crédits qui leur sont
dévolus.
1. Les liaisons aidées
Les
liaisons aériennes pour lesquelles les collectivités
territoriales ou les personnes publiques concernées sollicitent une
compensation financière du FIATA font l'objet d'un examen par le
Comité de Gestion du fonds, qui examine l'éligibilité des
dossiers qui lui sont présentés.
Le FIATA peut prendre en charge
jusqu'à 80 % de la compensation
financière demandée par un transporteur pour l'exploitation d'une
liaison aérienne
en fonction, notamment, du fait que les obligations
de service public relatives à cette liaison incluent, ou non, des
obligations tarifaires. Le
complément du financement
est
obligatoirement pris en charge par les collectivités territoriales et
autres personnes publiques intéressées. Le service aérien
correspondant fait l'objet d'une
convention de délégation de
service public
signée par l'Etat, les collectivités
territoriales et autres personnes publiques intéressées, et le
transporteur sélectionné.
Ce sont au total une
vingtaine de liaisons
qui sont aidées en
métropole
3(
*
)
, qu'il s'agisse de liaisons
radiales (Agen-Orly ; Aurillac-Orly ; Bergerac-Orly ;
Cherbourg-Orly ; Epinal-Orly ; Le Puy-Orly ;
Périgueux-Orly ; St Brieuc-Orly...) ou transversales
(Brest-Ouessant ; Castres-Lyon ; Lorient-Lyon ; St
Etienne-Bordeaux, etc...).
2. Bilan financier
Le taux
de consommation de crédits a été faible pendant les trois
premières années du fonds. Cela s'explique essentiellement par la
non consommation de crédits en 1995 : alors que la taxe de
péréquation était perçue dès le
15 janvier 1995, les premières conventions n'ont pu être
signées qu'en avril 1996. Néanmoins, le paiement du
régime transitoire et l'abaissement de la taxe à 3 francs en
1996, puis à 1 franc en 1997 et 1998, ont conduit à une
augmentation du taux de consommation des crédits et à une
diminution corrélative du solde du compte d'affectation spéciale,
reporté chaque année sur la gestion de l'exercice suivant.
Le taux de consommation des crédits estimé pour l'ensemble de la
période du 1
er
janvier 1995 au
31 décembre 1999 est de 72 %.
Depuis le début de 1999, avec la transformation du Fonds de
péréquation des transports aériens en Fonds d'intervention
pour les aéroports et le transport aérien, la suppression de la
taxe de péréquation et la création de la taxe de
l'aviation civile, l'alimentation de la section " transport
aérien " du fonds se fait sur la base
d'environ 1 franc par
passager
, ce qui va permettre de poursuivre la diminution de son solde en
fin d'exercice ; ainsi, à la fin 1999, celui-ci est estimé
à environ 120 millions de francs.
Les dépenses prévisibles pour 2000 au titre du soutien des
dessertes aériennes sont résumées dans le tableau
ci-dessous :
SOUTIEN DES DESSERTES AÉRIENNES D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
Dépenses prévues pour les conventions en vigueur |
46 millions de francs |
Dépenses estimées pour les conventions en cours de renouvellement |
20 millions de francs |
Dépenses estimées pour d'autres conventions (hypothèses) |
10 millions de francs |
Dépenses estimées pour l'année 2000 |
76 millions de francs |
B. L'ÉLARGISSEMENT DES CRITÈRES D'ÉLIGIBILITÉ APRÈS LE RAPPORT MARTRE
Début 1998, le ministre de l'aménagement du
territoire
et de l'environnement et le ministre de l'équipement, des transports et
du logement, ont demandé à M. Henri Martre d'établir un
bilan des trois premières années de fonctionnement de ce fonds.
Au vu du rapport de M. Martre, remis en juin 1998, il est apparu que le
dispositif était globalement satisfaisant, mais qu'il était
souhaitable de procéder à certaines adaptations par une
modification du décret n° 95-698 du 9 mai 1995
relatif à son fonctionnement.
Les modifications retenues ont pour but, outre d'apporter des
améliorations techniques,
d'augmenter les possibilités
d'accès au fonds, d'accroître les marges d'appréciation du
Comité de gestion
du fonds et de mieux moduler les
taux
d'intervention
respectifs du fonds et des partenaires locaux.
Sans entrer dans le détail de la réforme opérée par
le décret n° 99-830 du 17 septembre 1999, votre
rapporteur pour avis tient toutefois à en souligner deux traits
saillants.
L'élargissement des critères d'éligibilité
au fonds
Des cinq critères d'éligibilité au fonds, quatre ont
été modifiés parfois dans le sens d'un assouplissement, ce
dont
votre commission pour avis se félicite vivement.
Ainsi, par exemple, le seuil de trafic de 10.000 à
150.000 passagers par an pour obtenir l'intervention du fonds
peut
être abaissé, sans pouvoir être inférieur à
5.000 passagers par an, lorsque la liaison présente un
caractère vital pour le désenclavement des régions qu'elle
relie
, en tenant compte des possibilités alternatives d'acheminement
offertes par voie de surface, et des perspectives de développement
suffisantes pour atteindre un trafic de
10.000 passagers à
l'issue de trois ans d'exploitation
.
La modulation du " ticket modérateur " à la
charge des collectivités locales en fonction de leur richesse fiscale
Le taux d'intervention du fonds sera désormais modulé en fonction
de la richesse fiscale des collectivités locales acquittant le reliquat
d'aide, par création de deux plages autour des taux d'intervention
initiaux du fonds, à savoir 60 à 70 % lorsqu'une obligation
tarifaire a été imposée et 70 à 80 % dans le
cas contraire.
III. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET GÉNÉRAL DE L'ÉTAT AU FASCICULE " TRANSPORTS "
Les
crédits relatifs à la
construction aéronautique
civile
expriment l'importance que l'Etat attache à ce secteur
industriel fondamental au regard de l'emploi, de l'équilibre du
territoire et du commerce extérieur, et déterminant pour l'avenir
technologique de notre pays et sa place en Europe et dans le monde.
Ils manifestent la volonté de soutenir, dans le respect des obligations
découlant des accords internationaux, les industriels de ce secteur afin
que ceux-ci disposent des moyens d'assurer leur développement.
La politique d'aide à la construction aéronautique civile prend
principalement la forme
de soutiens à des opérations de
recherche de base
, ainsi que celle
d'avances remboursables
pour le
développement de produits nouveaux.
Les crédits de soutien à la recherche
atteindront en
2000 750 millions de francs en autorisations de programmes et
480 millions de francs en crédits de paiement, en augmentation par
rapport aux années précédentes.
Les industriels pourront ainsi lancer les actions de recherche leur permettant
de disposer des bases technologiques nécessaires pour préparer
l'avenir, ce que votre commission pour avis considère comme
particulièrement stratégique, notamment dans la perspective du
lancement du futur gros porteur A3XX et de son moteur.
Cette dotation n'est pas préaffectée : elle sera
attribuée aux différentes entreprises du secteur en fonction de
la qualité de leurs projets de recherche.
Les avances remboursables
se verront affecter en 2000, au total
996 millions de francs en autorisations de programmes et 912 millions
de francs en crédits de paiement. Le Gouvernement considère en
effet que ce mécanisme de soutien, qui a permis le développement
de l'industrie aéronautique française et européenne, est
bien adapté aux spécificités du secteur
aéronautique.
Des dotations sont ainsi ouvertes pour le programme
" hélicoptère EC165 " bimoteur de moyen tonnage et pour
le programme " Airbus A340, 500 et 600 " deux nouvelles versions de
l'A340 qu'Airbus a lancées afin de concurrencer efficacement les
nouveaux Boeing B 777. En outre, des provisions sont prévues pour
permettre le soutien de nouveaux moteurs dont le développement sera
assuré en partenariat avec la SNECMA et le lancement par Airbus, dans
les toutes prochaines années, d'un nouvel avion très gros porteur
(A3XX). La poursuite du soutien accordé pour les équipements de
bord, domaine qui connaît une évolution technologique importante
et où les industriels français font preuve d'un grand dynamisme,
est également prévue.
En plus des crédits de soutien à la recherche amont et
des avances remboursables
, 24 millions de francs en autorisations de
programmes et crédits de paiement bénéficieront aux
équipements des organismes de recherche
4(
*
)
, ainsi qu'aux projets relatifs à l'aviation
d'affaire et légère.
Au total, les crédits du budget pour 2000 prévus en faveur de la
construction aéronautique civile atteindront donc 1.770 millions de
francs en autorisations de programmes et 1.416 millions de francs en
crédits de paiement, les situant ainsi à un niveau comparable
à celui de 1999.
Le tableau suivant récapitule les dotations demandées en 1999 et
2000 :
CRÉDITS DEMANDÉS POUR SOUTENIR LA CONSTRUCTION AÉRONAUTIQUE CIVILE
|
Autorisations de programme
|
Crédits de paiement
|
||
|
1999 |
2000 |
1999 |
2000 |
1. Soutien à la recherche |
720 |
750 |
473 |
480 |
2. Avances remboursables |
|
|
|
|
Airbus A330-200 |
- |
- |
10 |
- |
Airbus A340-500/600 |
735 |
363 |
644 |
457 |
Nouveaux programmes (A3XX)... |
20 |
240 |
10 |
180 |
Nouveaux moteurs SNECMA |
20 |
103 |
10 |
75 |
Hélicoptères EC 165 |
81 |
40 |
86 |
55 |
Equipements de bord |
250 |
250 |
170 |
145 |
3. Divers |
|
|
|
|
Aviation légère |
4 |
4 |
4 |
4 |
Subventions |
20 |
20 |
20 |
20 |
TOTAL |
1 850 |
1 770 |
1 427 |
1 416 |
Au-delà de la satisfaction de voir ces crédits
maintenus en 2000,
votre commission pour avis tient à formuler
deux observations :
- le soutien français et européen à ce secteur
d'activité est bien inférieur aux pratiques américaines en
la matière (voir chapitre IV du présent avis) ;
- les avances remboursables, utilisés en France, sont en
réalité moins favorables pour les industriels que les
subventions, majoritairement utilisées dans le système
américain.
1
Ces prévisions se fondent sur une
hausse du trafic passagers en 2000 de 4,5 % pour les vols à
destination de l'Union européenne et de 5 % pour les vols
extra-communautaires.
2
Conférant aux traités et accords internationaux
régulièrement ratifiés une valeur supérieure
à celle des lois.
3
Le FIATA intervient aussi dans les DOM.
4
L'ONERA et la soufflerie européenne ETW pour
l'essentiel.