CHAPITRE IER -
BILAN D'ACTIVITÉ DU COMMISSARIAT
GÉNÉRAL
DU PLAN ET DES ORGANISMES
RATTACHÉS
Depuis sa création, par le décret du 3 janvier 1946, le Commissariat général du Plan constitue un lieu d'échange entre les partenaires sociaux et un outil d'analyse et de prospective sur l'évolution de l'économie et de la société française. Sa mission, précisée voici un an par le Premier ministre, est menée à bien grâce à des moyens financiers et humains dont le premier chapitre du présent rapport pour avis évoquera les principales caractéristiques, avant d'examiner le bilan d'activité pour 1999 du Commissariat et des organismes qui lui sont rattachés.
I. LE COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN
A. UNE MISSION : " FAVORISER UNE RÉFLEXION COLLECTIVE " POUR DÉFINIR " UNE STRATÉGIE NATIONALE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL "
Dans une
lettre adressée au Commissaire au Plan le 31 mars 1998, le
chef du Gouvernement a défini les trois orientations assignées
aux travaux du Commissariat général du plan : le
développement de l'économie française dans le cadre de la
mondialisation et de l'intégration européenne ; le
renforcement de la cohésion sociale et, enfin, la modernisation des
instruments de l'action publique.
Compte tenu des propositions que lui a remises le Commissaire, le Premier
ministre a chargé celui-ci, en novembre 1998, de réaliser un
rapport sur
" les perspectives de la France "
" conçu en amont des décisions publiques et visant
à déboucher sur l'action ".
Ce document, qui sera achevé au cours du premier semestre 2000,
tendra à :
- éclairer les perspectives à moyen et long terme pour
l'ensemble des citoyens ;
- décrire les possibilités de développement et de
mise en oeuvre des projets des acteurs économiques, sociaux et
territoriaux ;
- explorer les stratégies économiques et sociales possibles
et souhaitables dans le nouvel environnement créé par
l'euro ;
- aider à définir enfin les choix à moyen terme des
autorités publiques.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
ce texte sera
" soumis pour avis au Conseil économique et
social, puis aux Assemblées parlementaires, accompagné d'une
lettre du Premier ministre indiquant les principaux enseignements que le
Gouvernement entend en tirer pour son action "
.
Votre Commission des affaires économiques souhaite que le Parlement
soit pleinement associé à l'élaboration de cet exercice de
prospective et non pas seulement informé des conclusions auxquelles
aboutira le Commissariat au Plan.
Rappelons par ailleurs la création du groupe de prospective
créé au Sénat, en 1999, à l'initiative de notre
collègue René Trégouët.
B. LES MOYENS DU COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN
1. Les agrégats " Plan " et " Recherche "
Le total
des crédits inscrits au titre des Services du Premier ministre dans le
" bleu budgétaire " intitulé " Plan "
s'élève à 159,79 millions de francs.
Il se décompose en deux masses d'importance inégale,
respectivement retracées par les agrégats " plan " et
" recherche ".
L'agrégat " plan ", dont le montant s'élève
à 101,44 millions de francs dans le budget 2000, croît de
+ 6 %.
Il comprend les crédits alloués :
- au Commissariat général du Plan (CGP) ;
- au Conseil national de l'évaluation (CNE) ;
- au Fonds national de développement de l'évaluation
(FNDE) ;
- à l'évaluation des contrats de plan Etat-Région
(CPER) ;
- au Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts
(CSERC).
Il regroupe :
- les crédits de personnel ;
- les crédits de fonctionnement relatifs aux activités du
CGP, du FNDE, du CNE, du CSERC, et ceux consacrés à
l'évaluation des CPER ;
- les subventions allouées à l'Observatoire français
des conjonctures économiques (OFCE) et à l'Institut de recherches
économiques et sociales (IRES).
La hausse des crédits observée en 1999 n'est pas imputable aux
frais de personnel, qui enregistrent une légère baisse, mais
à l'augmentation des crédits de fonctionnement consacrés
aux études du fonds national de développement de
l'évaluation pour la réalisation du programme de travail du
Conseil national de l'évaluation.
Votre Commission des Affaires économiques approuve l'accroissement
des crédits destinés aux activités d'évaluation des
politiques publiques.
Les crédits retracés dans l'agrégat
" recherche " s'élèvent quant à eux à
58,3 millions de francs, en hausse de 2,5 % par rapport à
1999.
Cet agrégat correspond à la somme des crédits
consacrés à des activités de recherche par les organismes
rattachés au Commissariat au plan et par le Centre d'études
prospectives et d'informations internationales.
2. Les moyens humains
Les
moyens humains affectés au Commissariat au Plan, au CEPII et au CSERC
restent stables. Ils s'élèvent respectivement à :
- 136 emplois budgétaires pour le CGP, dont 78 titulaires et
58 contractuels, soit une réduction de deux unités ;
- 46 emplois budgétaires pour le CEPII, dont 13 titulaires et
33 contractuels ;
- 12 emplois budgétaires pour le CSERC, dont 5 emplois titulaires
et 7 contractuels ;
- 10 emplois budgétaires au titre de la recherche en
socio-économie ;
- 4 emplois budgétaires de contractuels pour le CNE.
Au total,
les effectifs totaux passeront donc de 210 à
208 emplois budgétaires
entre 1999 et l'an 2000.
C. BILAN D'ACTIVITÉ DU CGP
Le
Commissariat général du Plan est composé de six services
dont l'activité en 1999 se résume comme suit :
Le service économique, financier et international
Ce service a élaboré plusieurs rapports notamment
consacrés à :
- l'élargissement de l'Union européenne à l'Est de
l'Europe (pour la délégation de l'Union européenne de
l'Assemblée nationale) ;
- la situation et les perspectives de l'assurance française (pour
la Commission des finances du Sénat) ;
- aux institutions nouvelles qui favoriseront le développement des
entreprises.
Il travaille, en outre, actuellement au rapport précité sur les
perspectives ouvertes à la France commandé par le Premier
ministre.
Ce service a également participé à la
délégation française au comité de politique
économique qui se réunit à Bruxelles.
Le service de l'évaluation et de la modernisation de l'Etat
Il assure le suivi des travaux d'évaluation en cours, dans le cadre de
la gestion du fonds national de développement de l'évaluation
(FNDE). Il publiera deux rapports d'évaluation d'ici à la fin
1999 : l'un concerne la politique de la montagne, l'autre les
résultats obtenus grâce à la loi relative à la lutte
contre l'alcoolisme et le tabagisme.
Cinq nouveaux projets d'évaluation ont, en outre, été
sélectionnés en 1999 et vont faire l'objet d'une étude
dans les mois à venir.
Ils concernent :
- la lutte contre le sida ;
- le logement social dans les départements d'outre-mer ;
- les aides à l'emploi dans le secteur non marchand ;
- le programme " nouveaux services emploi-jeunes " mis en oeuvre
par le ministère de la jeunesse et des sports ;
- la préservation des ressources destinées à la
production d'eau potable.
Le service de l'évaluation et de la modernisation de l'Etat anime
également des groupes de travail sur :
- la gestion de l'emploi public ;
- la prospective méditerranéenne ;
- l'évolution du rôle de l'Etat face aux mutations
technologiques dans le secteur des médias.
Le service des affaires sociales
Ce service a effectué des travaux qui concernent :
- la prospective des métiers et des qualifications ;
- la réduction du temps de travail ;
- les jeunes et les politiques publiques ;
- le vieillissement ;
- les minimas sociaux, les revenus d'activité et la
précarité.
Le service énergie environnement, agriculture et tertiaire
Le service a mis en place des groupes de travail et organisé des
séminaires intéressant les trois thèmes principaux qui
relèvent de ses compétences :
- la régulation des services publics en réseau ;
- les instruments de la politique de l'environnement ;
- la maîtrise des technologies de l'information.
Le service du développement technologique et industriel
Les travaux de ce service concernent trois champs d'investigation
principaux :
- la nouvelle nationalité de l'entreprise dans la
mondialisation ;
- l'intégration européenne et les systèmes productifs
nationaux ;
- la place et la stratégie de la France dans la compétition
mondiale en matière de recherche et d'innovation.
Le service des études et de la recherche
Dans le cadre de plusieurs appels d'offres, ce service finance des recherches
sur quatre thèmes principaux :
- la place de l'industrie française dans l'économie
mondiale ;
- les revenus d'activité et minima sociaux ;
- le gouvernement d'entreprise ;
- les négociations multilatérales et les politiques
commerciales.
II. L'ACTIVITÉ DES ORGANISMES D'ÉTUDE ET DE RECHERCHE
Le
financement de six organismes d'études de recherche relève
également du budget du Plan. Les deux premiers d'entre eux, le Centre
d'études prospectives et d'information internationales (CEPII) et le
Conseil supérieur de l'emploi et des coûts (CSERC) sont
directement rattachés au Commissariat général. C'est
pourquoi leurs crédits sont individualisés dans le
" bleu " budgétaire qui lui est consacré.
Les quatre autres en reçoivent des subventions. Il s'agit :
- du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des
conditions de vie (CREDOC) ;
- du centre d'études prospectives et mathématiques
appliquées à la planification (CEPREMAP) ;
- de l'Institut de recherche économique et sociale (IRES) ;
- de l'Observatoire français des conjonctures économiques
(OFCE).
Le montant des crédits, globalement stables, accordés à
ces organismes s'élève à 82 millions de francs et se
décompose comme suit :
MONTANT DES RESSOURCES AFFECTEES AUX ORGANISMES RATTACHES
ET
AUX ORGANISMES SUBVENTIONNES PAR LE CGP
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
CEPII |
21,708 |
21,90 |
CSERC |
6,37 |
6,41 |
CREDOC |
5,5 |
5,54 |
CEPREMAP |
7,64 |
7,71 |
OFCE |
20,48 |
20,53 |
IRES |
20,16 |
20,22 |
|
81,85 |
82,31 |
Source : Commissariat général du plan
A. LES ORGANISMES RATTACHÉS
1. Le CEPII
Créé en 1978, le CEPII réalise des
études sur l'économie internationale, les échanges
internationaux et les économies étrangères.
Il poursuit ses recherches autour de trois pôles principaux :
La macro-économie internationale
A ce titre, il a élaboré en 1999, un nouveau modèle
macro-économique dénommé " Marmotte ". Il a
également réalisé des études sur :
- l'instabilité et les mutations du système monétaire
et financier international, en collaboration avec l'
Institute for
International Economies
de Washington (ces travaux concernent notamment le
rôle du prêteur en dernier ressort face à la globalisation
financière, les régimes de change dans les pays émergents,
la stabilité d'un système monétaire bipolaire) ;
- les transferts d'épargne internationaux, les investisseurs
institutionnels et les régimes de croissance.
Le commerce international
Outre un important travail de mise à jour de la base de données
CHELEM, diverses études ont été réalisées
sur :
- les analyses de la compétitivité ;
- l'évaluation des barrières tarifaires et non
tarifaires ;
- le marché du travail aux Pays-Bas.
Les économies émergentes et en transition
Le CEPII a réalisé plusieurs études notamment
consacrées à :
- la crise observée sur les marchés émergents en
1997-1998, notamment en Thaïlande et en Corée ;
- la place de la Russie dans la mondialisation ;
- et enfin aux conditions de sortie de crise en Asie ;
Le CEPII édite la Revue trimestrielle
Economie internationale
,
ainsi que la
Lettre du CEPII
qui paraît également en
anglais sous le titre : "
The CEPII News letter
". Il
publie également des
Documents de travail
ainsi que divers
ouvrages intéressant l'économie internationale.
2. Le CSERC
Créé par la loi quinquennale
n° 93-1313 du
20 décembre 1993 sur l'emploi et la formation professionnelle,
le CSERC contribue à la connaissance des revenus, des coûts de
production et des liens entre l'emploi et les revenus. A ce titre, il formule
des recommandations de nature à favoriser l'emploi.
Le Conseil bénéficie de treize emplois budgétaires.
Il a remis, le 12 avril 1999, au Premier ministre, aux
Présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat et
transmis au Conseil économique et social, son rapport intitulé
"
Le SMIC, salaire minimum de croissance
" et a assuré
une large diffusion à ce travail en organisant des rencontres et des
réunions de présentation dans toute la France.
A l'occasion de l'examen du projet de loi d'orientation relatif à la
lutte contre les exclusions, à l'automne 1998, l'Assemblée
nationale avait, par un amendement adopté en nouvelle lecture
après l'échec de la commission mixte paritaire (CMP), voulu
transformer le " CSERC " en " Conseil de l'emploi, des revenu et
des coûts " (CERC). Cette mesure avait été
déclarée non conforme à la Constitution par le Conseil
constitutionnel au motif -purement procédural- que cette adjonction ne
pouvait être apportée au texte soumis à la
délibération de la CMP.
Depuis lors, l'Assemblée nationale a adopté, le
14 octobre 1999, une proposition de loi n° 1516
rectifiée tendant à la création du CERC.
Aux termes de l'article premier de ce texte, le CERC, composé d'un
Président et de six membres nommés par décret, serait
"
chargé de contribuer à la connaissance des revenus, des
inégalités sociales et des liens entre l'emploi, les revenus et
la cohésion sociale
".
Ses rapports seraient transmis au Premier ministre, aux présidents de
l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique
et social.
Dans son avis sur le projet de loi de finances pour 1999, votre Commission des
Affaires économiques constatait que le mandat des membres du CSERC
était parvenu à expiration sans que ceux-ci aient
été remplacés.
Sans préjuger des compétences dévolues au futur CERC,
elle regrette les lenteurs qui empêchent toute réforme de cette
institution et nuisent à l'accomplissement de sa mission.
B. LES ORGANISMES SUBVENTIONNÉS
1. L'OFCE
Créé en 1981 par une convention conclue entre
l'Etat
et la Fondation nationale des sciences politiques, l'OFCE a pour mission
d'étudier scientifiquement et en toute indépendance la
conjoncture de l'économie française.
L'OFCE est composé de deux départements, l'un consacré
à l'analyse et à la prévision et l'autre aux études.
En 1999, le
département analyse et prévision
a
réalisé trois principaux types d'études relatives
à l'économie française et en particulier :
- des prévisions, en collaboration avec des partenaires
privés ;
- un rapport sur les perspectives économiques en Europe, en
collaboration avec des instituts de recherche allemands, italiens et
néerlandais ;
- une étude sur les politiques de l'emploi et la flexibilité
du travail dans les principaux pays industrialisés (pour le Conseil
d'analyse économique).
Plusieurs autres études ont également été
entreprises au cours du second semestre 1999. Elles portent notamment sur les
35 heures, les retraites, les dépenses de santé et le
chômage structurel.
Quant au
département des études
, il réalise des
travaux sur :
- l'état de l'Union européenne ;
- la concurrence fiscale en Europe (à la demande de la Commission
des finances du Sénat) ;
- la macro-économie de l'intégration européenne ;
- l'épargne, l'investissement et les balances courantes dans le
monde.
2. Le CREDOC
Association chargée de réaliser des
études sur
les conditions de vie de la population et de promouvoir les recherches en
statistique, économie, sociologie ou psychologie, le CREDOC dispose d'un
personnel composé de 49 cadres et 13 employés.
Au cours de l'année 1998-1999, il a réalisé près de
95 études sur des sujets très divers tels que les conditions
de vie et les aspiration des Français, les intentions d'achat de
voitures, l'évaluation du dispositif RMI dans un département ou
l'évaluation de la politique d'aide aux scieries.
Près de soixante-dix autres études intéressant des sujets
tout aussi variés sont également en cours.
3. Le CEPREMAP
Egalement constitué sous la forme d'une association, le
Centre d'études prospectives d'économie mathématique
appliquée à la planification a publié vingt-neuf articles
dans des revues internationales, vingt-quatre autres dans des revues
nationales ; ainsi que des contributions à
vingt-et-un ouvrages.
Le champ des investigations que couvrent les activités du CEPREMAP
concerne notamment :
- l'organisation des marchés ;
- les fondements micro-économiques de la
macro-économie ;
- la modélisation économétrique et
macro-économique ;
- le marché du travail et les politiques de l'emploi.
Les travaux du Centre ont été élaborés par vingt
neuf chercheurs qui y travaillent à temps complet ou partiel,
auxquels se sont associés vingt-deux doctorants et contractuels et
une dizaine de chercheurs étrangers.
4. L'IRES
A la fin
de l'année 1999, l'Institut de recherches économiques et sociales
devrait avoir achevé son deuxième programme scientifique à
moyen terme et élaborera son troisième programme.
L'objet des travaux qui y sont conduits est la comparaison internationale des
transformations du rapport salarial.
A ce titre, il poursuit des recherches dans le cadre de
programmes
spécifiques
consacrés au revenu salarial, à l'emploi
et au chômage, aux revenus des salariés. A ceux-ci s'ajoutent des
programmes transversaux
qui s'intéressent aux conséquences
de la mondialisation financière sur la gestion du rapport salarial en
France, à la réduction et à la réorganisation du
temps de travail, au travail, au syndicalisme et aux relations professionnelles.
L'IRES a signé diverses conventions d'études et de recherche avec
des institutions publiques (Ministère des affaires sociales,
ministère des affaires européennes, Caisse des
dépôts et consignations).
Il contribue également à l'élaboration de thèses de
doctorat et publie, outre de nombreux articles scientifiques, une
lettre
mensuelle.