Projet de loi de finances pour 2000
CESAR (Gérard)
AVIS 91-TOME I (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 503 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
LE CONTEXTE DU PROJET DE BUDGET :
DE FORTES CONTRADICTIONS-
I. LA SITUATION DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN
1998
- A. UNE HAUSSE DU REVENU AGRICOLE A RELATIVISER
- B. LE MAINTIEN D'ÉCARTS CONSIDÉRABLES
- C. LE CADRE SOCIÉTAIRE
- D. LES ACTIFS AGRICOLES
- E. LE COMPTE SOCIAL DE L'AGRICULTURE POUR 1998
-
II. L'ACTION DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE AGRICOLE
EN 1998 ET 1999
- A. LES CHANTIERS LÉGISLATIFS
- B. LES POUVOIRS PUBLICS FACE AUX CRISES AGRICOLES
- C. LES CRISES ALIMENTAIRES
- D. LE PROBLÈME DE L'INTÉGRATION
- E. AGRICULTURE, ENVIRONNEMENT ET SANTÉ : LA NOUVELLE DONNE DES ANNÉES 90
- F. LES AGRICULTEURS FACE AU " BOGUE " DE L'AN 2000
-
III. UN ENVIRONNEMENT COMMUNAUTAIRE ET INTERNATIONAL
INCERTAIN
-
A. 1999 : L'ANNÉE DES RÉFORMES
COMMUNAUTAIRES
- 1. La réforme de la Politique Agricole Commune
- 2. La réforme de la politique structurelle
- 3. Le cadre financier de la PAC et de la politique de développement rural
-
4. Bilan des autres réformes européennes
dans le secteur agricole
- a) Une réforme à réformer : l'OCM fruits et légumes
- b) Un accord sur le renforcement des normes de protection des poules pondeuses
- c) L'accompagnement des producteurs pour le passage à l'OCM tabac
- d) La valorisation de l'agriculture biologique au niveau européen
- e) La mise en place de mesures de sauvegarde pour préserver l'OCM sucre
- 5. Les perspectives d'élargissement de l'Union européenne
- B. AU NIVEAU INTERNATIONAL
-
A. 1999 : L'ANNÉE DES RÉFORMES
COMMUNAUTAIRES
-
I. LA SITUATION DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN
1998
-
CHAPITRE II -
LES CRÉDITS POUR 2000- I. L'ORIENTATION GÉNÉRALE
- II. LE FINANCEMENT DES ACTIONS CONSIDÉRÉES COMME PRIORITAIRES
-
III. LES AUTRES DOTATIONS
- A. LE SOUTIEN À L'ÉLEVAGE ET AUX ZONES DÉFAVORISÉES
- B. LA MAÎTRISE DES POLLUTIONS EN ÉLEVAGE (PMPOA)
- C. LES CRÉDITS CONSACRÉS À L'AMÉNAGEMENT DE L'ESPACE RURAL ET AUX ACTIVITÉS HIPPIQUES
- D. LE FONDS NATIONAL DE GARANTIE CONTRE LES CALAMITÉS AGRICOLES
- E. L'ACTION INTERNATIONALE DE LA FRANCE EN MATIÈRE AGRO-ALIMENTAIRE ET LE COMMERCE EXTÉRIEUR
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME I
AGRICULTURE
Par M. Gérard CÉSAR,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
3
)
(1999-2000).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Si l'année 1999 n'est pas " celle de tous les changements ",
elle n'en est pas moins exceptionnelle en raison des multiples
échéances qui l'ont rythmée :
Janvier 1999 : mise en place de l'Euro ;
Mars 1999 : Réformes de la Politique agricole commune et de la
politique des fonds structurels ;
Juillet 1999 : promulgation de la loi d'orientation agricole ;
Novembre 1999 : Ouverture à Seattle des négociations dans le
cadre de l'OMC.
Mais au-delà de ces dates importantes qui sont autant de défis
pour l'agriculture du troisième millénaire, ce sont les
contradictions -évidentes- entre les différentes politiques qui
frappent l'esprit.
En effet, les récents travaux de l'OCDE en matière agricole, la
réforme de la PAC et de nombreux Etats membres de l'OMC prônent un
alignement du marché agricole européen sur le marché
mondial, au détriment à la fois des hommes par une
restructuration excessive des exploitations et des territoires par une
concentration de la production. Or, la nécessaire préservation
d'une agriculture à la fois performante, responsable, gérant
l'espace et répondant aux attentes des consommateurs exige une
régulation des marchés.
Dans ce contexte, l'examen des crédits inscrits au budget du
ministère de l'agriculture revêt une importance toute
particulière. Traditionnellement, l'avis de votre commission sur ces
crédits est l'occasion non seulement de mesurer l'attention
portée, budgétairement, à ce secteur, mais aussi de
retracer les principaux événements au cours de l'année
écoulée et du premier semestre de l'année en cours.
Au niveau communautaire, votre rapporteur analysera de manière
détaillée les réformes de la PAC et des fonds structurels
issues du Conseil de Berlin de mars dernier.
Au niveau national, les rapports successifs de notre collègue
M. Michel Souplet, rapporteur du projet de loi d'orientation
agricole, permettent de suivre l'évolution de ce texte depuis son
dépôt sur le bureau de l'Assemblée nationale en juin 1998.
Votre rapporteur se limitera ainsi à une brève synthèse de
la loi promulguée en juillet dernier et aux apports spécifiques
du Sénat.
Le cadre d'action pour l'agriculture française que constitue la loi
d'orientation agricole pour les dix années à venir et la position
commune des quinze Etats membres sur la PAC doivent permettre à la
France et à l'Europe, d'une part, d'affronter leurs partenaires
internationaux lors des négociations du millénaire au sein de
l'OMC et, d'autre part, d'intégrer les pays d'Europe centrale et
orientale. La multiplication des conflits avec les Etats-Unis, notamment sur la
banane et la viande aux hormones, présagent des difficultés que
l'Europe va rencontrer en matière agricole dans ce nouveau cycle de
négociations, qui devrait s'étendre sur trois années.
Si l'on s'en tient au chiffre présenté par le ministère,
le budget 2000 augmente de 3 % puisque les crédits
s'élèvent -hors subvention BAPSA- à 29.197,03 millions de
francs (4.425,93 millions d'euros) en 1999.
Néanmoins, à périmètre comparable (c'est à
dire hors Fonds forestier national et rémunération
d'ingénierie publique comptabilisés dans le budget cette
année), ce même budget baisse de - 0,5 % puisqu'il
s'élève à 28.056,04 millions de francs (4.277,12 millions
d'euros).
Votre rapporteur pour avis ajoute, dans un souci de transparence, que la baisse
des taux d'intérêts entraîne une légère baisse
automatique du budget en raison de la chute des dépenses de bonification
des prêts (- 900 millions de francs / - 137,20 millions
d'euros). En outre, le budget pour 2000 ne comptabilise plus la subvention au
BAPSA qui était en baisse, en raison de l'amélioration des
ressources propres de ce BAPSA.
Comme le souligne la présentation du budget par le ministère
de l'agriculture et de la pêche, ce projet privilégie quatre
grandes orientations : t
out d'abord le financement des contrats
territoriaux d'exploitation dont la dotation devrait atteindre 950 millions de
francs (144,83 millions d'euros) ; ensuite, la qualité et la
sécurité sanitaires des aliments, dont l'enveloppe globale est en
hausse de plus de 921 millions de francs (140,41 millions d'euros). Par
ailleurs, la promotion des actions en faveur de la forêt est
encouragée. Enfin, la formation et l'enseignement voient leurs
crédits augmenter globalement de 4 %. Sur ce dernier point, votre
commission des Affaires économiques s'en remet à l'analyse de
notre collègue M. Albert Vecten, rapporteur pour avis de la
commission des Affaires culturelles.
Votre rapporteur pour avis prend acte de ces priorités.
Il
souhaite, néanmoins, porter à votre connaissance un certain
nombre d'éléments qui tendent à relativiser l'enthousiasme
du Ministre de l'agriculture qui, lors de la présentation de son budget,
a considéré qu'un tel budget " permettra de satisfaire
toutes les priorités de la nouvelle loi d'orientation agricole ".
Il ne s'agit pas ici de mettre en cause un manque de crédits :
la rigueur dans la gestion de la dépense publique est aujourd'hui un
impératif
, impératif qui, soit dit en passant, n'est
guère pris en compte au niveau global des dépenses de l'Etat pour
l'année 2000.
On observe, en revanche, que l'augmentation des crédits en faveur de la
qualité et de la sécurité sanitaires ainsi que la
revalorisation des retraites est antérieure à 1997 : pour
les retraites, le mouvement de revalorisation a débuté dès
1994 ; en ce qui concerne les dépenses en faveur de la
qualité et de la sécurité alimentaires,
M. Philippe Vasseur en avait fait l'une des priorités de son
ministère.
Ensuite, votre rapporteur pour avis s'inquiète quelque peu de la
priorité affichée par le Gouvernement en matière
forestière. Un projet de loi d'orientation et de modernisation
forestière est en préparation. Or, en intégrant le fonds
forestier national au budget de l'Etat et en majorant les dépenses de
l'Etat en faveur de la forêt pour 2000, ce dont votre rapporteur pour
avis ne peut que se féliciter, le Gouvernement ne se prémunit-il
pas de l'ardente obligation d'insérer dans le futur projet de loi les
dispositions, notamment fiscales, nécessaires pour ce secteur
d'activité ?
Par ailleurs, votre rapporteur pour avis a cherché en vain, dans le
projet de loi de finances, les dispositions fiscales promises par le
Gouvernement dans le domaine agricole lors de la discussion de loi
d'orientation agricole. Or, depuis juin 1997, le Gouvernement aurait eu le
temps de mettre en oeuvre les dispositions fiscales nécessaires
à notre agriculture. Sans doute le Ministre nous répondra-t-il
qu'il faut attendre les conclusions du rapport sur la fiscalité
agricole : soit, mais souhaitons que cette attente sur la fiscalité
agricole n'emprunte pas le chemin sinueux tracé par le Gouvernement pour
l'avenir des retraites : réflexion, rapport, études,
concertation et, de nouveau, rapport...
Néanmoins, dans l'attente de dispositions fiscales, les agriculteurs
devront se contenter de l'extension de la taxe générale sur les
activités polluantes (TGAP) aux produits phytosanitaires affectée
au budget de la sécurité sociale dans le cadre de la
réduction du temps de travail. Votre rapporteur pour avis
considère la TGAP sur les phytosanitaires comme un impôt injuste
et inefficace et s'étonne d'une telle affectation.
De plus, votre rapporteur pour avis juge avec une certaine
sévérité le système mis en place pour le
financement des CTE soit, pour deux raisons principales : en premier lieu,
c'est à nouveau un redéploiement de crédits qui alimentera
ce fonds : ainsi on ampute des dotations telles que le fonds pour
l'installation de 145 millions de francs et la dotation aux jeunes
agriculteurs de 155 millions de francs alors que de nombreuses
opérations avaient été initiées sur ces fondements
budgétaires. Seront-elles maintenues ? L'année
passée, il s'agissait des opérations groupées
d'aménagement foncier ; à l'heure où l'installation
est tombée à des seuils critiques, un tel redéploiement
n'est guère raisonnable.
En second lieu, 950 millions de francs -soit l'équivalent du FCTE-
devraient provenir de la modulation des aides provenant de la PAC. Si votre
rapporteur pour avis n'est pas systématiquement contre ce principe de
modulation, il constate qu'une fois de plus le Gouvernement de la
majorité plurielle met en place " une usine à gaz ".
D'ailleurs, à peine ce mécanisme a-t-il été
annoncé que le Gouvernement faisait marche arrière, en
précisant, lors de la Conférence agricole du 21 octobre dernier,
qu'il en corrigeait les effets pervers. Il est vrai qu'entre temps, plusieurs
études avaient montré que l'application de la modulation voulue
par le Ministre risquait d'entraîner à moyen terme la disparition
de plusieurs centaines d'exploitations agricoles situées en zones
intermédiaires. Votre rapporteur regrette l'annonce hâtive et
démagogique effectuée par le ministre de l'agriculture le 28
juillet dernier sur la modulation des aides.
Votre commission des Affaires économiques sera très vigilante sur
l'évolution de ce dossier.
CHAPITRE IER -
LE CONTEXTE DU PROJET DE
BUDGET :
DE FORTES CONTRADICTIONS
I. LA SITUATION DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN 1998
A. UNE HAUSSE DU REVENU AGRICOLE A RELATIVISER
Selon les comptes de l'agriculture 1( * ) , le résultat agricole par actif en termes réels progresse de 3,1 % en 1998, soit une hausse pour la quatrième année consécutive. Néanmoins, le résultat agricole global en termes réels, c'est-à-dire " déflaté " par l'évolution du prix du PIB, est stable.
DÉFINITIONS
- Le résultat agricole global représente la
valeur ajoutée nette à laquelle sont ajoutées les
subventions d'exploitation et dont sont retranchés les impôts
fonciers sur la production ;
- Le résultat agricole par actif est obtenu à partir du
résultat agricole global en le divisant par le nombre d'unités de
travail annuel (UTA) totales ;
- Le revenu d'entreprise agricole global, solde du compte de revenu de
l'entreprise, se déduit du résultat agricole global en en
retranchant les charges salariales, les intérêts et les charges
locatives nettes ;
- Le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié est obtenu
à partir du revenu d'entreprise agricole global, en le divisant par le
nombre d'UTA des non salariés.
Si l'on prend en compte le revenu d'entreprise agricole global en termes
réels, on constate une diminution de -0,9 % par rapport à
1997 en raison de la stabilité du revenu net d'entreprise et de la
hausse de + 0,9 % du prix du PIB. Par ailleurs, le revenu d'entreprise
agricole par actif non salarié progresse de + 2,9 % en termes
réels par rapport à 1997.
Votre rapporteur pour avis a souhaité, afin de permettre un
véritable suivi par rapport aux années antérieures,
retenir comme indicateur le revenu d'entreprise agricole par actif non
salarié.
Comme l'année passée,
cette augmentation du revenu par
entreprise en France est à comparer avec une diminution, en termes
réels, de 3,9 % dans l'Union européenne
-selon Eurostat,
l'office statistique européen-.
Il est important de souligner que l'INSEE, comme l'ensemble des pays
européens, a substitué depuis le 18 mai dernier, à la base
" 80 ", la nouvelle base " 95 " pour la présentation
et le calcul des comptes nationaux.
Un changement de base est une opération lourde. Le langage même
des statisticiens est trompeur : ils associent le nom d'un changement de
base à l'année des prix constants (ainsi la base " 80 "
correspondait-elle à des prix constants de l'année 1980, la
nouvelle base " 95 " à des prix constants de l'année
1995). Dès lors, on pourrait croire que la principale modification
consiste dans ce nouveau cru de prix constants. Il n'en est rien. Un changement
de base, c'est en effet
au minimum trois améliorations
substantielles
: d'abord, une adaptation de la couverture et des
définitions des comptes aux réalités économiques
nouvelles et aux besoins d'information nouveaux ; ensuite, une
réévaluation des niveaux des grands agrégats par la
mobilisation de sources statistiques non exploitables tous les ans ;
enfin, une mise à jour de l'année de référence des
prix constants
2(
*
)
.
Pour la nouvelle base " 95 ", le premier type d'amélioration,
l'adaptation aux réalités économiques nouvelles, tient
essentiellement à trois innovations :
- la mise en oeuvre des améliorations apportées par un
nouveau système comptable totalement harmonisé au niveau
européen
. Cet objectif est en train de se réaliser
concrètement avec la publication conjointe, en avril-mai 1999, de
nouveaux comptes nationaux dans tous les pays membres de l'Union
européenne ;
-
l'extension de l'investissement à une partie de
l'immatériel, et en particulier les logiciels
. Longtemps attendue,
cette extension pourra décevoir ceux des économistes qui
préconisaient une extension, plus large encore, à la
recherche-développement notamment. Mais c'est déjà un pas
dans le bon sens ;
-
un changement de nomenclature
. Coiffant la très importante
mise en place d'une nomenclature européenne dans toutes les statistiques
des pays membres, les comptes nationaux sont maintenant établis en
conformité avec la NAF française, elle-même
cohérente avec la NACE européenne. Ce changement de nomenclature
permet aujourd'hui d'avoir une nomenclature plus comparable au plan
international, des regroupements plus adaptés aux activités
d'aujourd'hui, et surtout, une décomposition plus fine des services,
réclamée avec raison depuis longtemps pour améliorer
l'analyse de ce secteur.
Il faut y ajouter
l'intégration des DOM dans les comptes
nationaux
français, qui a été réalisable
dès lors que le système statistique des départements
d'outre-mer s'était enrichi et intégré dans les
statistiques macro-économiques françaises. L'indice des prix
à la consommation et les comptes nationaux ont fait cette
intégration la même année.
Les modifications du compte de l'agriculture sont de différentes
natures. Certaines ont un impact direct sur l'évolution du revenu
agricole, tant en niveau qu'en évolution. D'autres induisent des
corrections sur les montants de certains agrégats et soldes comptables,
sans toutefois affecter in fine la détermination du revenu.
1. Une croissance relative de la valeur ajoutée
Pour
la deuxième année consécutive, la valeur ajoutée
brute de l'agriculture au prix de base s'accroît de 2 % en 1998.
Cependant, en termes réels, on constate une hausse de seulement
1,1 %.
Sont désormais pris en compte, non les livraisons de produits agricoles,
mais les volumes de la production agricole, ce qui mesure mieux le produit de
l'activité de l'année.
a) Stabilité de la production et baisse des consommations intermédiaires
La
quasi stabilité de la production
En 1998, la production agricole est restée globalement stable par
rapport à 1997. Si les volumes s'accroissent légèrement
(+1,8 %), l'évolution du prix s'inscrit dans le mouvement de baisse
tendancielle (-1,4 %).
La production agricole française s'est accrue de 1,8 % en
1998 en volume, alors qu'en Europe, l'augmentation se limite à
1,5 %.
-
Pour les céréales
, le principal fait marquant est
constitué par le niveau exceptionnel du rendement : ainsi le
rendement de blé tendre atteint près de 78 quintaux par hectare.
Si la situation est analogue pour l'orge, elle s'avère différente
pour le maïs, le rendement 98 étant inférieur à ceux
de 1996 et 1997.
La production de céréales s'est accrue d'environ 9,5 % en
volume.
- Contrairement aux céréales,
le volume de la production
des oléagineux
stagne et celui des
betteraves
diminue de
7,6 %.
Pour les oléagineux, la forte baisse des quantités
commercialisées de tournesol (-23 %) a neutralisé la
croissance de près de 7 % du colza due à l'augmentation des
superficies.
Pour les betteraves, la baisse des superficies et des rendements explique la
nette réduction du volume de la production de betteraves industrielles
(-7,6 %).
La situation de la production des betteraves est à l'opposé de
celle des
protéagineux,
dont le volume croit de 5,7 % en
raison d'une hausse des superficies et des rendements.
- En ce qui concerne les
fruits
, le volume de la production
enregistre une forte baisse (-16 %) sur la plupart des produits à
l'exception des melons, des raisins et des prunes. La forte chute des
livraisons des fruits d'été est la conséquence des
gelées de printemps. Au contraire, le volume des livraisons de
légumes frais augmente légèrement (+1,5 %) avec de
fortes disparités selon les produits.
- Après une augmentation de 8 % en 1997, le volume de
la
production de vins
poursuit sa croissance, même si celle-ci n'est que
d'environ 4,3% en 1998. Cette évolution résulte de deux facteurs
contradictoires : augmentation en volume de 7,2 % de la production de
vins d'appellation d'origine -les vins calmes de champagne s'accroissant de
plus de 31 %- et en même temps baisse de 18,3 % du volume de
production des autres vins, dont -23,6 % pour les vins de distillation de
cognac.
-
Pour le bétail
, le volume de la production est très
inégal en fonction des marchés : ainsi, le marché
porcin a subi les conséquences des conditions très
particulières de l'année précédente
-épidémie de peste porcine- : le volume de la production a
donc cru de +3,7 %. Au contraire, le volume de la production de gros
bovins et de veaux diminue respectivement de - 4,4 % et
- 1 ,4 %.
- Le volume de
la production avicole
augmente de 2,5 %, la
production de volaille s'accroissant de 2,8 % et celle de l'oeuf de +
1,7 %
- Enfin, le volume de la production
des produits animaux
connaît une certaine stabilité en 1998 (-0,1 %). Avec des
fluctuations importantes au cours de l'année, le volume de la production
de lait
a légèrement progressé (0,1 %).
1998 a suivi la baisse tendancielle des prix agricoles amorcée
depuis plus de quinze ans avec une baisse de -1,4 %.
- Le prix de la production de
céréales
s'est
réduit de -10,8 % en 1998 en raison de la forte chute des cours de
blé tendre et d'orge. Cette détérioration résulte
essentiellement de la forte augmentation des disponibilités.
- En outre, alors que les prix de la production de
protéagineux
et
oléagineux
baissent respectivement
de - 16,9 % et - 5,9 %, et ceux des
betteraves
s'accroissent
de 0,5 %.
- Par ailleurs, les évolutions des prix pour les
productions de
fruits et légumes
ont suivi des mouvements contrastées selon
les produits : en moyenne, le prix de la production de fruits a
progressé de 10,7 % et 7,9 % pour les légumes.
- En ce qui concerne
les vins
, le prix de la production a cru
globalement de + 5,7 %, avec +5,6 % pour les vins d'appellation et
+6 % pour les autres vins.
- Le prix de
la production du bétail
est très
variable : alors qu'on enregistre une très forte baisse des prix
dans le secteur porcin (-25,8 %) -l'offre s'étant
développée à un niveau très élevé-,
le prix de la production des gros bovins s'est consolidé en 1998 comme
en 1997 avec +5,5 %. De même, les prix de la production d'ovins
caprins a cru de + 5,1 %.
- Le prix des
produits avicoles
a, au contraire, diminué
fortement : - 2,7 % pour les volailles et - 9,3 % pour
les oeufs : cette dernière baisse est révélatrice du
déséquilibre persistant de l'offre et de la demande dans ce
secteur.
- Enfin, le prix de la
production de lait
a cru de 1,3 % en
1998, cette reprise résultant de l'application de l'accord
interprofessionnel de novembre 1997, indexant en partie l'évolution du
prix du lait payé aux producteurs agricoles sur celui des produits
laitiers transformés.
Dans l'ensemble, la valeur de la production agricole a donc connu une
relative stabilité.
PRODUCTION AGRICOLE
|
Evolution 1998/1997 |
Valeur
1998
|
||
|
Volume |
Prix |
Valeur |
|
Production de produits végétaux |
+1,6 |
-1,1 |
+0,2 |
244,7 |
Céréales |
+9,5 |
-10,8 |
-2,3 |
65,9 |
Fruits et légumes |
-3,5 |
+15,7 |
+11,7 |
44,8 |
plantes industrielles 1 |
-1,1 |
-5,5 |
-6,6 |
29,9 |
vins |
+4,3 |
+5,7 |
+10,3 |
58,9 |
produits végétaux divers 2 |
+1,6 |
-4,5 |
-2,9 |
45,2 |
Production animale |
+1,4 |
-8,9 |
-7,5 |
156,3 |
porcins |
+3,7 |
-25,8 |
-23,0 |
17,2 |
autre bétail 3 |
-3,8 |
+5,4 |
+1,4 |
56,5 |
produits avicoles 4 |
+2,5 |
-4,3 |
-1,9 |
27,3 |
autres produits animaux 5 |
-0,1 |
+1,3 |
+1,2 |
55,3 |
Production " au prix de base " |
+1,8 |
-1,4 |
+0,3 |
417,9 |
1. Plantes industrielles : betteraves industrielles, oléagineux, tabac, etc. |
||||
2. Produits végétaux divers : plantes fourragères, plantes et fleurs. |
||||
3. Autre bétail : gros bovins, veaux, ovins et caprins, équidés. |
||||
4. Produits avicoles : volailles, oeufs. |
||||
5. Autres produits animaux : lait et produits laitiers, etc. |
Source
: Synthèses n° 27 - Les
comptes de l'agriculture française en 1998.
La diminution des consommations intermédiaires
Après deux années de fortes augmentations des consommations
intermédiaires (+4,4% en valeur en 1996 et +3,4% en valeur en 1997), on
constate
une légère diminution (-2,2%) en termes réels
des consommations intermédiaires de la branche agriculture
. Ce
phénomène provient d'une forte baisse des prix (-3,9 %) qui
neutralisent l'augmentation du volume de ces consommations
intermédiaires (+1,7%).
La consommation d'
aliments des animaux
, principale consommation
intermédiaire de la branche agriculture, progresse selon un rythme
relativement moins rapide en volume (+0,6 %) que les années
passées. Le dynamisme des secteurs des porcins et des volailles a ainsi
été freiné par la baisse d'achats d'aliments pour les
bovins qui diminuent sensiblement, sous l'effet de la réduction du
cheptel des vaches laitières et allaitantes. Le prix de cette
consommation intermédiaire se réduit considérablement
(-9 % par rapport à 1997). Cette baisse, d'une ampleur
exceptionnelle, est la conséquence directe de l'effondrement du prix des
tourteaux de soja (-22 %) et du net recul du prix des
céréales à partir de l'été.
La consommation intermédiaire en
engrais
diminue de 3,5 % en
valeur (-1,7 % en volume et -1,9 % en prix). La baisse du volume sur
l'ensemble de l'année 1998 provient du net recul des achats du second
semestre, destinés à être utilisés pour la
récolte de 1999 ; une partie importante des achats d'engrais aurait
été reportée au début de l'année prochaine.
Par ailleurs, la consommation intermédiaire
de produits de protection
des cultures
continue à progresser selon un rythme relativement
élevé en volume (+7 %). Les prix, dont les évolutions
sont de faible ampleur depuis quelques années, sont stables par rapport
à 1997.
ÉVOLUTION 1998/1997
(en %)
|
Volume |
Prix |
Valeur |
Ensemble |
+ 1,7 |
- 3,9 |
- 2,2 |
dont
Aliments pour animaux (22 %)
|
+ 0,6
|
- 6,9
|
- 2,2
|
Source : Synthèses n° 27 - Les comptes de l'agriculture française de 1998.
b) La poursuite modérée de la croissance de la valeur ajoutée
Après une croissance particulièrement nette en
1997
(+5 %), la valeur ajoutée brute au prix de base connaît en
1998 une croissance moins forte (+2 %) en raison de la
légère augmentation de la valeur de la production (+0,3 %)
et du repli (-2,2 %) des consommations intermédiaires.
En termes
réels, la valeur ajoutée a augmenté de 1,1 %.
Cette croissance de la valeur ajoutée brute représente en valeur
1998, 209,5 milliards de francs.
Afin de calculer la valeur ajoute nette, il s'avère nécessaire de
déduire la consommation de capital fixe de la valeur ajoutée
brute. En 1998, la valeur ajoutée nette évolue globalement au
même rythme que la valeur ajoutée brute.
2. L'évolution du revenu agricole
a) Le niveau du revenu agricole en 1998 en France
L'indicateur de revenu habituellement retenu par votre
rapporteur
pour avis était, jusqu'à l'année passée, le revenu
brut agricole (RBA) en optique " livraisons ". Son évolution
était mesurée en moyenne par exploitation et en termes
réels. Le " déflateur " utilisé pour ce calcul
est le prix du produit intérieur brut.
Ainsi, en 1997, le RBA avait augmenté de 6 %.
La nouvelle approche statistique adoptée pour 1999 propose quatre
indicateurs de revenu : le résultat agricole global, le résultat
agricole par actif, le revenu d'entreprise agricole global et le revenu
d'entreprise agricole par actif non salarié.
Afin d'intégrer cette réforme statistique tout en permettant
le maximum de comparaisons par rapport aux années
précédentes, votre rapporteur pour avis vous propose de retenir
comme indicateur le revenu d'entreprise agricole par actif non
salarié : cet indicateur lui paraît en effet le mieux
correspondre à la photographie du revenu des agriculteurs puisqu'il
correspond au solde du compte de revenu d'entreprise, c'est-à-dire de
l'ensemble des ressources de l'actif non salarié, duquel a
été retranchée l'intégralité des charges.
EVOLUTION
DU REVENU D'ENTREPRISE AGRICOLE PAR ACTIF NON SALARIÉ
MESURÉ EN TERMES RÉELS
Pour
1998, le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié augmente de
2,9 % en termes réels par rapport à 1997.
La détermination du résultat agricole français en
1999
Le résultat agricole global de la branche est déterminée
à partir de la valeur ajoutée nette, augmentée des
subventions d'exploitation, mais diminuée des différentes charges
supportées, telles que les impôts fonciers et les autres
impôts sur la production. Il est ainsi égal à la somme des
revenus des facteurs de production (travail et capital).
En 1998, le montant des subventions versées en 1998 a baissé
de un milliard, pour s'élever à 9,6 milliards
. Cette
baisse est due à la forte réduction des subventions
versées aux éleveurs au titre de la crise de la vache folle,
atténuée par une nette revalorisation de l'indemnité
spéciale montagne et par une augmentation considérable des
indemnités au titre des calamités agricoles.
SUBVENTIONS D'EXPLOITATION RECUES PAR LA BRANCHE
" AGRICULTURE "
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Indemnités spéciales montagne et piémont |
2081 |
2106 |
2690 |
2161 |
2512 |
Prime à l'herbe |
1201 |
1371 |
1363 |
1420 |
1245 |
Indemnités au titre des calamités agricoles |
460 |
358 |
287 |
416 |
957 |
Aide au " gel " des terres |
4494 |
3714 |
2961 |
1887 |
1822 |
Compensations pour retrait de fruits et légumes |
596 |
249 |
407 |
293 |
115 |
Aides diverses aux producteurs de fruits et légumes |
160 |
637 |
500 |
525 |
416 |
Aides diverses aux éleveurs |
254 |
553 |
1134 |
1608 |
540 |
Aides " agriculteurs en difficulté " |
186 |
227 |
116 |
53 |
23 |
Aide à l'enrichissement des vins |
229 |
187 |
186 |
253 |
269 |
Aide au stockage privé des vins et moûts |
56 |
50 |
51 |
76 |
68 |
Aide au retrait pluri-annuel des terres |
534 |
438 |
210 |
83 |
57 |
Subvention de l'office national de la chasse |
83 |
100 |
138 |
118 |
120 |
Aides agri-environnementales |
102 |
140 |
338 |
662 |
755 |
Prises en charge d'intérêts |
159 |
191 |
122 |
482 |
100 |
Subventions des collectivités locales |
250 |
234 |
240 |
345 |
368 |
Autres aides |
235 |
172 |
261 |
179 |
189 |
TOTAL Métropole |
11080 |
10727 |
11004 |
10561 |
9556 |
Subventions dans les DOM |
114 |
175 |
103 |
86 |
86 |
TOTAL |
11194 |
10902 |
11107 |
10647 |
9642 |
Unité : millions de francs
Source
: ministère de l'agriculture, offices agricoles
Notes : - les montants présentés dans ce tableau ne
comprennent pas les subventions sur les produits, qui sont incluses dans la
valeur de la production.
- les montants sont enregistrés selon la règle des droits
et obligations, ce qui peut entraîner des différences avec ceux
présentés dans le rapport sur les concours publics à
l'agriculture.
Contrairement aux années précédentes, les montants des
subventions sur les produits sont inclus dans la valeur de la production
valorisée au prix de base : ils ne sont donc pas
intégrés dans le poste " subventions d'exploitation ".
Afin d'établir le résultat agricole global, les
impôts fonciers et ceux sur la production doivent être
retranchés de la valeur ajoutée nette :
- les impôts fonciers sur les terres agricoles, nets des
dégrèvements accordés par l'Etat, ont été
fortement réduits de 1992 à 1997 (- 24,5 %) en raison
du démantèlement des parts régionales et
départementales de la taxe sur le foncier non bâti. En 1998, leurs
montants progressent de 2 % ;
- les autres impôts sur la production concernent essentiellement la
sous compensation de la TVA sur les achats de biens et semences par les
unités agricoles. Entre 1990 et 1998, la sous-compensation a
diminué de 33 %, ce qui représente une baisse d'environ
5 % par an en moyenne. Cette forte baisse est due à la forte
réduction de la part des agriculteurs non redevables dans l'ensemble des
agriculteurs et du rythme relativement modéré de
l'évolution des achats de biens et services.
Ainsi, le résultat agricole global augmente en 1998 de
1,3 % : en termes réels, cet indicateur connaît une
relative stabilité par rapport à 1997. En raison de la baisse
importante de l'emploi agricole, le résultat agricole par actif
progresse de + 3 % en termes réels par rapport à 1997.
Du résultat agricole au revenu d'entreprise agricole par actif non
salarié
Le revenu d'entreprise agricole global se déduit du résultat
agricole global en en retranchant les charges salariales, les
intérêts et les charges locatives nettes.
En 1998, cet
indicateur est stable en raison de la reprise de la progression de l'ensemble
des salaires, des intérêts et des charges locales et de
l'évolution modérée du résultat agricole global. Il
baisse néanmoins de - 0,9 % en termes réels.
Les charges locatives nettes
correspondent à la
rémunération nette du propriétaire des terres,
c'est-à-dire aux charges locatives brutes desquelles sont déduits
les impôts fonciers sur les terres de fermage. En 1998, elles progressent
de 5,8 % en raison de la baisse des impôts fonciers.
En ce qui concerne
l'encours total des prêts à
l'agriculture
, on constate une augmentation en raison d'un recours accru
à des emprunts à court terme et pour l'acquisition
d'équipements. Ainsi, le montant des intérêts versés
par la branche agricole augmente de 2,8 % en 1998.
En prenant en compte la baisse du volume de - 3,7 % de l'emploi non
salarié, le revenu d'entreprise agricole par actif non salarié
progresse de + 2,9 % en termes réels.
PRINCIPAUX POSTES DU COMPTE DE LA BRANCHE AGRICULTURE 1997/1998
|
Valeur
1997
|
Valeur
1998
|
Evolution en % |
Production |
416,5 |
417,92 |
+ 0,34 |
Consommation Interne |
211,11 |
208,38 |
- 1,29 |
Valeur ajoutée brute |
205,39 |
209,53 |
+ 2,01 |
Consommation Capital fixe |
48 |
49,09 |
- |
Valeur ajoutée nette |
157,36 |
160,43 |
+ 1,95 |
Subvention d'exploitation |
10,64 |
9,64 |
- 9,39 |
Impôts fonciers |
5,35 |
5,45 |
+ 1,86 |
Autres impôts sur la production |
2,45 |
2,36 |
- 3,67 |
Revenu agricole global |
160,2 |
162,26 |
+ 1,28 |
Salaires |
24,73 |
25,44 |
+ 2,87 |
Cotisations sociales |
6,34 |
6,59 |
+ 3,94 |
Intérêts |
12,16 |
12,51 |
+ 2,87 |
Charges locatives |
12,26 |
12,97 |
+ 5,79 |
Revenu d'entreprise agricole global |
104,68 |
104,73 |
+ 0,04 |
b) Le revenu agricole en Europe
Le
revenu agricole sur le plan européen baisse d'environ 4 % en termes
réels après un repli de 2,7 % l'an dernier.
La baisse intervenue l'an dernier est attribuable, pour une large part,
à la diminution des subventions (-6,4%) et à la forte
dégradation des prix à la production. Le niveau moyen des prix
réels de la production agricole finale a reculé de 5,3 % en
raison essentiellement de la baisse de 13,2 % des prix réels des
animaux (-27,1 % pour le secteur porcin).
Plusieurs facteurs ont néanmoins en partie atténué la
baisse du niveau du revenu de l'activité agricole. Il s'agit de la
légère augmentation du volume de la production finale (1,6 %
pour le secteur végétal et 1,4 % pour le secteur
animal) ; de la baisse de 5,2 % de la valeur réelle des
consommations intermédiaires ; de la diminution de 0,4 % de la
valeur réelle des amortissements et de la poursuite de la baisse du
volume de la main d'oeuvre agricole.
COMPTES FRANÇAIS ET COMPTES EUROPÉENS : LA REFORME DE 1999
Le
revenu agricole peut se mesurer selon deux optiques :
l'optique
livraisons
et
l'optique production.
En
optique livraisons,
le calcul d'indicateur de revenu peut être assimilé au revenu
effectivement perçu dans l'année et tiré de la seule
activité productive agricole. Le même indicateur, établi
cette fois
en optique production
, mesure le revenu potentiel
dégagé par la production, même si celle-ci n'a pas encore
été vendue. Sur le moyen terme, les évolutions des
livraisons et de la production sont très proches ; il en est donc de
même des indicateurs de revenu liés.
Dans les comptes français jusqu'en 1999, le revenu brut agricole par
exploitation en termes réels présenté à la
Commission des comptes de l'agriculture de la nation est mesuré en
optique livraisons. En revanche, dans les comptes européens, les
indicateurs sont calculés en optique production.
Les différences méthodologiques entre comptes français et
comptes européens rappelées ci-dessus n'existent plus
désormais dans les comptes du nouveau système de la base 95,
présentés à partir du printemps 1999. Les comptes de
l'agriculture française reposent alors sur une méthodologie
harmonisée avec celle d'Eurostat, avec une primauté de l'optique
production.
EVOLUTION DE L'INDICATEUR EUROPÉEN DU REVENU
AGRICOLE
DANS LES DIFFÉRENTS PAYS EUROPÉENS ENTRE 1997 ET 1998
Ce
graphique présente le taux de croissance entre 1996 et 1997 de la valeur
ajoutée nette agricole au coût des facteurs en termes réels
par unité de travail (indicateur de revenu des comptes européens).
Source
: Eurostat.
3. L'évolution de l'investissement agricole
Après avoir connu une chute très importante au début des années 90, puis s'être redressé jusqu'en 1997, le volume des investissements de la branche agriculture se stabilise en 1998 (- 0,2 %).
FORMATION BRUTE DE CAPITAL FIXE DE LA BRANCHE AGRICULTURE
(en milliards de francs)
|
Valeurs à prix courants |
|
|
1998 |
98/97 en % |
FBCF en
biens non agricoles (1)
|
53,5
|
+ 1,2
|
FBCF de la branche agriculture (1) + (2) |
58,9 |
+ 0,5* |
*
soit comme taux de croissance à prix constants - 0,2 %.
La formation brute de capital fixe (FBCF) de la branche agriculture retrace
quatre types de dépenses d'investissement se rapportant, d'une part,
à des biens non agricoles, les matériels et les bâtiments,
d'autre part à des biens produits par la branche agricole
elle-même, le bétail et les plantations. Les achats de
matériels en constituent la principale composante, bien qu'ils soient
passés de près de 80 % du total de la FBCF en 1970 à
66 % en 1997.
B. LE MAINTIEN D'ÉCARTS CONSIDÉRABLES
1. L'évolution sectorielle et géographique
a) L'évolution selon l'orientation des exploitations
D'années en années, l'examen
détaillé du
revenu agricole -quel que soit l'indicateur retenu- révèle
des disparités de plus en plus prononcées selon les secteurs.
Pour 1999, le résultat agricole global des exploitations
métropolitaines atteint 154 milliards de francs, soit une hausse
d'un peu plus de 1,4 % en valeur courante par rapport à 1997.
Le nombre global d'exploitations agricoles poursuivant sa baisse tendancielle
et le prix du PIB augmentant de 0,9%, le résultat agricole par actif est
en hausse de 3,1 % en termes réels par rapport à celui de
1997.
Néanmoins, cette hausse recouvre une large dispersion selon les
grandes orientations de la production
, la moitié seulement des
exploitations à temps complet connaissant des hausses de revenu,
très variables au demeurant ; l'autre moitié connaît
des baisses relativement limitées, à l'exception de
l'élevage hors sol et en particulier de l'élevage porcin.
Le tableau ci-après illustre la disparité des
évolutions selon les orientations.
ÉVOLUTION DU RÉSULTAT AGRICOLE PAR ACTIF
EN TERMES RÉELS (en % annuel) EN 1998
CATÉGORIE |
1997/1996 |
1998/1997 |
Exploitations professionnelles |
2,8 |
2,7 |
Céréales - Oléoprotéagineux |
3,5 |
- 9,5 |
Autres grandes cultures |
1,9 |
5 |
Maraîchage et fleurs |
- 6,4 |
17,4 |
Viticulture
|
-
|
15
|
Arboriculture fruitière |
0,2 |
7,3 |
Bovins
|
7,2
|
|
Ovins et
autres herbivores
|
0
|
8,2
|
Hors sol |
3,3 |
- 30,2 |
Polyculture |
0,5 |
7,8 |
Autres orientations mixtes |
- 0,4 |
- 2,5 |
Exploitations non professionnelles |
- 3,5 |
0,3 |
Ensemble des exploitations |
3,1 |
3,1 |
Source
: SCEES, Comptes de l'agriculture.
Une exploitation professionnelle compte plus de 12 hectares équivalent
blé et occupe plus de 0,75 équivalent temps plein.
Ainsi, peut-on constater :
Un résultat en baisse pour les céréales
oléo-protéagineuses, en hausse pour les autres grandes
cultures
Les exploitations de grandes cultures enregistrent en 1998 une baisse de
revenu.
Cette évolution négative s'explique essentiellement par les
baisses de prix qui ont affecté les céréales et les
protéagineux. Toutefois, certains produits comme les
céréales à paille ont bénéficié de
rendements très élevés, de telle sorte que la croissance
en volume de la production a plus que compensé les baisses de prix. De
même, le volume de la récolte de colza a été
supérieur à celle de 1997 avec des prix plutôt soutenus. En
revanche, le maïs et le tournesol subissent une baisse des volumes
produits, ainsi pour le premier qu'une forte baisse des prix.
La baisse moyenne du revenu en grandes cultures recouvre de fortes
disparités entre le nord et le sud de la France. Le nord, plus
spécialisé en céréales à paille ou en colza,
a enregistré des résultats positifs par rapport à 1997,
malgré les baisses de volume des récoltes de betteraves et de
pommes de terre. A l'inverse, les baisses de revenu sont plus fortes que la
moyenne dans le sud du pays, notamment dans les zones de production de
maïs et de tournesol.
Une forte progression du revenu pour la viticulture d'appellation mais des
résultats très négatifs pour le cognac
Le revenu agricole par actif des exploitations viticoles, toutes
catégories de producteurs confondus, est en progression en termes
réels. Cette forte augmentation est exclusivement à mettre au
compte de la viticulture d'appellation.
La conjoncture des vins d'appellation a été très favorable
tout au long de l'année 1998, avec une demande soutenue provoquant
à la fois une augmentation des volumes sortis des chais et des prix. La
situation des vins de champagne est également très favorable avec
une croissance de 40 % en valeur. Cette forte augmentation concerne toutes
les zones de production. Au total, le résultat des exploitations
spécialisées en viticulture d'appellation augmente de 18,2 %
en 1998.
Bien que la conjoncture des prix des vins autres que d'appellation ait
également été favorable, la baisse des volumes
commercialisés a joué de façon négative sur le
résultat des exploitations viticoles hors appellation. Celui-ci est
seulement stable par rapport à 1997. Cette stabilité recouvre
toutefois des situations très différentes entre les zones de
production de vins de table et la zone de production de cognac.
Le retour à la croissance
pour l'arboriculture
fruitière
Même si 1998 apparaît comme une année globalement
satisfaisante, la situation des différentes espèces
fruitières est très contrastée. De fortes baisses de
récolte ont affecté les cerises et les abricots, avec en
contrepartie des évolutions de prix très positives. Il en a
été de même, mais dans une moindre mesure, pour la
pêche. Pour ces produits, les évolutions de prix ont en grande
partie compensé les baisses de volume, limitant ainsi les effets
négatifs sur la recette des producteurs. Le marché a
été plutôt favorable pour la poire. Pour la pomme, la
petite baisse de récolte a été compensée par la
fermeté des prix.
Compte tenu de ces éléments, le résultat des exploitations
spécialisées en arboriculture fruitière s'accroît de
4,5 % en 1998.
La poursuite de l'amélioration du revenu de l'horticulture
malgré des difficultés pour certaines espèces
Globalement, au niveau national, la recette en légumes frais et en
fleurs augmente de 5,5 % par rapport à 1997. La hausse atteint
9,5 % pour les légumes frais.
L'amélioration du revenu dans l'horticulture se poursuit depuis 1993,
mais cette amélioration fait suite à une baisse de 54 %
entre 1981 et 1992 et le résultat de cette orientation reste
inférieur de plus de 10 % à celui de l'ensemble des
exploitations à temps complet.
Un revenu en hausse pour les bovins
Tous types d'exploitations confondus, le revenu des élevages bovins
progresse en 1998. Cette évolution s'explique par une conjoncture des
prix relativement favorable pour la viande bovine (+5 %) comme pour le
lait (+1 %).
Les exploitations laitières spécialisées
bénéficient d'une hausse de résultat de 4,5 %. Au
niveau national, la recette laitière ne progresse que
légèrement (+1 %). En revanche, la baisse du coût de
l'alimentation animale, en volume, mais surtout en prix, a un effet positif sur
l'évolution du résultat.
L'élevage de bovins à viande profite également de la bonne
conjoncture de prix de la production bovine et de la réduction des
coûts de production liés à l'alimentation animale. En
revanche, la baisse du volume de la production de gros bovins et de 1 % de
celle de veaux de boucherie atténue les effets positifs sur le
résultat.
La baisse du revenu limitée pour l'élevage ovin
En 1998, les prix des ovins diminue en moyenne de 8 %, malgré une
baisse de 4 % du volume de la production. Cet effet négatif est
toutefois compensé par l'augmentation des subventions d'exploitation
versées au cours de l'année, due à la revalorisation de la
prime compensatrice ovine (+30 %), ainsi qu'au niveau des versements au
titre des indemnités compensatrices de handicaps naturels. Au total, le
résultat des exploitations spécialisées dans
l'élevage ovin augmente de près de 10 %.
Une forte baisse de revenu liée à la conjoncture porcine pour
l'élevage hors sol
L'élevage hors sol regroupe les exploitations spécialisées
en élevage porcin et avicole. En 1998, cette catégorie
d'exploitations a été fortement affectée par la chute des
cours des porcs (-25 %) et dans une moindre mesure de ceux des oeufs
(-10 %) et des volailles (-3 %). Seul élément favorable
compte tenu de son poids dans les charges de ce type d'élevage, les prix
de l'alimentation animale ont diminué de 6 %. Au total, le revenu
par exploitation de l'orientation hors sol diminue de 30 % en 1998.
b) L'évolution géographique
Les
derniers résultats publiés par le services des statistiques du
ministère de l'agriculture (SCEES) confirment le recul des
régions céréalières et productrices
d'oléoprotéagineux, mais aussi des zones où le hors-sol
prédomine.
En Poitou-Charentes, les départements de la
Charente (-16,4 %) et de Charente-Maritime (-16,8%) ont vu le
résultat de leurs exploitations reculer. Il en va de même en
Midi-Pyrénées où le Tarn-et-Garonne enregistre une chute
de 6,6 % et la Haute-Garonne de 4,5 %.
Les hausses de résultat les plus fortes concernent les
départements producteurs de vins d'appellation -à l'exception du
Bordelais et des départements qui sont par ailleurs producteurs de
fruits et légumes-.
En productions animales hors-sol, la Bretagne est de loin la région la
plus touchée, avec une baisse de 14,5 % du résultat de ses
agriculteurs : -22 % dans les Côtes-d'Armor, -16 % en
Finistère et -11,8 % dans le Morbihan. Dans les départements
spécialisés en production laitière, on constate
globalement une hausse du résultat.
EVOLUTION DU RÉSULTAT AGRICOLE PAR ACTIF
(résultat agricole par secteur total en valeur réelle)
Régions et départements |
Evolution
annuelle
|
Niveau relatif (indice " 1997 " France Métropolitaine = 100 |
Régions et départements |
Evolution
annuelle
|
Niveau relatif (indice " 1997 " France Métropolitaine = 100 |
||
|
1998/1997 |
1997/1994 |
|
|
1998/1997 |
1997/94 |
|
Seine-et-Marne |
-3,1 |
2,6 |
214 |
Ille et Vilaine |
-6,0 |
5,2 |
75 |
Yvelines |
0,1 |
-4,7 |
130 |
Morbihan |
-11,8 |
6,6 |
71 |
Essonne |
-10,6 |
0,6 |
173 |
BRETAGNE |
-14,5 |
4,8 |
83 |
Petite couronne |
-10,8 |
1,3 |
108 |
|
|
|
|
Val d'Oise |
-2,2 |
-5,3 |
166 |
Charente |
-16,4 |
-2,4 |
92 |
ILE DE FRANCE |
-4,1 |
0,8 |
177 |
Charente-Maritime |
-16,8 |
-5,5 |
83 |
|
|
|
|
Deux-Sèvres |
-6,2 |
3,1 |
82 |
Ardennes |
-4,8 |
7,1 |
119 |
Vienne |
-1,3 |
-0,7 |
89 |
Aube |
16,2 |
4,1 |
191 |
POITOU-CHARENTES |
-11,1 |
-1,7 |
86 |
Marne |
34,3 |
5,1 |
262 |
|
|
|
|
Haute-Marne |
-6,1 |
15,9 |
100 |
Dordogne |
-1,5 |
-3,7 |
30 |
CHAMPAGNE-ARDENNES |
24,6 |
5,7 |
209 |
Gironde |
-4,4 |
8,8 |
219 |
|
|
|
|
Landes |
1,8 |
-3,0 |
90 |
Aisne |
9,2 |
4,9 |
158 |
Lot et Garonne |
5,8 |
3,4 |
67 |
Oise |
-6,9 |
6,4 |
141 |
Pyrénées Atlantiques |
-13,2 |
4,7 |
43 |
Somme |
8,3 |
4,7 |
167 |
AQUITAINE |
-3,1 |
6,4 |
110 |
PICARDIE |
5,2 |
5,2 |
157 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Ariège |
-0,9 |
2,6 |
45 |
Eure |
1,3 |
7,8 |
139 |
Aveyron |
1,4 |
6,6 |
56 |
Seine-Maritime |
-0,5 |
5,4 |
115 |
Haute-Garonne |
-4,5 |
-0,6 |
63 |
HAUTE-NORMANDIE |
0,2 |
6,4 |
125 |
Gers |
-3,4 |
4,4 |
101 |
|
|
|
|
Lot |
0,1 |
3,5 |
51 |
Cher |
-7,4 |
7,2 |
144 |
Hautes-Pyrénées |
-9,8 |
3,5 |
51 |
Eure-et-Loir |
-6,9 |
3,7 |
174 |
Tarn |
2,1 |
0,0 |
54 |
Indre |
-7,9 |
1,8 |
83 |
Tarn-et-Garonne |
-6,6 |
3,7 |
76 |
Indre-et-Loire |
7,9 |
6,7 |
123 |
MIDI PYRENEES |
-2,6 |
3,4 |
66 |
Loir-et-Cher |
0,7 |
3,3 |
101 |
|
|
|
|
Loiret |
0,7 |
1,8 |
130 |
Corrèze |
-10,7 |
-5,6 |
37 |
CENTRE |
-1,9 |
4,2 |
124 |
Creuse |
-7,4 |
7,9 |
49 |
|
|
|
|
Haute Vienne |
-10,0 |
-2,5 |
52 |
Calvados |
2,7 |
1,6 |
89 |
LIMOUSIN |
-9,3 |
-0,7 |
45 |
Manche |
2,7 |
4,3 |
76 |
|
|
|
|
Orne |
-1,0 |
1,9 |
81 |
Ain |
-3,2 |
4,6 |
76 |
BASSE-NORMANDIE |
1,8 |
2,9 |
81 |
Ardèche |
18,6 |
-1,4 |
32 |
|
|
|
|
Drôme |
24,5 |
0,2 |
66 |
Côte d'Or |
16,4 |
12,2 |
210 |
Isère |
-9,1 |
-6,0 |
42 |
Nièvre |
8,5 |
5,1 |
120 |
Loire |
5,6 |
7,1 |
58 |
Saône-et-Loire |
12,8 |
7,7 |
119 |
Rhône |
27,3 |
3,1 |
112 |
Yonne |
2,7 |
2,5 |
184 |
Savoie |
4,9 |
0,9 |
60 |
BOURGOGNE |
11,2 |
7,5 |
157 |
Haute-Savoie |
10,9 |
3,6 |
83 |
|
|
|
|
Puy de Dôme |
3,1 |
0,4 |
55 |
Nord |
15,3 |
6,2 |
134 |
AUVERGNE |
1,4 |
1,5 |
63 |
Pas-de-Calais |
12,4 |
11,3 |
130 |
|
|
|
|
NORD-PAS-DE-CALAIS |
13,9 |
8,7 |
132 |
Aude |
-22,1 |
1,4 |
79 |
|
|
|
|
Gard |
22,2 |
2,3 |
100 |
Meurthe-et-Moselle |
-1,1 |
2,6 |
115 |
Hérault |
8,9 |
6,0 |
68 |
Meuse |
-1,9 |
2,8 |
136 |
Lozère |
8,9 |
13,1 |
50 |
Moselle |
-0,2 |
2,7 |
82 |
Pyrénées-Orientales |
-31,4 |
-5,2 |
74 |
Vosges |
7,0 |
5,3 |
62 |
LANGUEDOC ROUSSILLON |
-1,7 |
1,7 |
77 |
LORRAINE |
0,4 |
3,3 |
96 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Alpes-de-Haute-Provence |
13,8 |
-2,3 |
53 |
Bas-Rhin |
1,4 |
3,0 |
88 |
Hautes-Alpes |
63,4 |
-0,3 |
42 |
Haut-Rhin |
4,0 |
4,6 |
128 |
Alpes-Maritimes |
11,4 |
-1,3 |
65 |
ALSACE |
2,9 |
3,9 |
106 |
Bouches-du-Rhône |
42,5 |
5,0 |
130 |
|
|
|
|
Var |
7,0 |
-1,0 |
124 |
Doubs |
6,1 |
2,5 |
83 |
Vaucluse |
33,8 |
5,1 |
118 |
Jura |
30,3 |
6,7 |
108 |
PROVENCE-ALPES-CÔTE d'AZUR |
27,7 |
2,7 |
109 |
Haute-Saône |
-3,1 |
-2,2 |
75 |
|
|
|
|
Territoire de Belfort |
5,2 |
8,2 |
51 |
Corse du Sud |
-1,8 |
0,9 |
76 |
FRANCHE COMTE |
11,8 |
2,8 |
87 |
Haute-Corse |
11,6 |
1,3 |
82 |
|
|
|
|
CORSE |
7,3 |
1,2 |
80 |
Loire-Atlantique |
6,6 |
1,4 |
91 |
|
|
|
|
Maine-et-Loire |
-12,3 |
-0,9 |
92 |
FRANCE METROPOLITAINE |
3,1 |
3,8 |
100 |
Mayenne |
-2,6 |
2,7 |
95 |
Guadeloupe |
-14,0 |
-0,3 |
46 |
Sarthe |
-7,1 |
-1,3 |
93 |
Martinique |
0,8 |
8,4 |
64 |
Vendée |
-2,8 |
1,9 |
116 |
Guyane |
12,6 |
2,2 |
65 |
PAYS DE LA LOIRE |
-4,7 |
0,7 |
97 |
Réunion |
-1,3 |
4,9 |
64 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Côtes d'Armor |
-22,0 |
5,5 |
85 |
DOM |
-2,2 |
4,3 |
59 |
Finistère |
-16,0 |
2,3 |
98 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Total France |
3,0 |
3,8 |
98 |
Source : Agreste - Comptes départementaux
2. Les exploitations agricoles : un nombre en réduction, une taille en augmentation
a) Le lent déclin du nombre d'exploitations agricoles
Comme
chaque année, la diminution du nombre d'exploitations permet de majorer
l'évolution du revenu par rapport à l'évolution
observée dans l'ensemble de la branche : un nombre toujours plus
réduit d'exploitations se partage un revenu global.
En 1998, le nombre d'exploitations agricoles a, de nouveau, baissé
puisqu'il est passé de 679.800 fin 1997 à environ 650.000,
soit une baisse de 3,7 %.
EVOLUTION
DU NOMBRE D'EXPLOITATIONS AGRICOLES
Si le nombre d'exploitations diminue dans toutes les orientations techniques, l'ampleur de la baisse n'est pas uniforme. Ainsi, en dix ans, le nombre d'exploitations laitières a été divisé par deux.
b) La croissance régulière de la surface moyenne exploitée
En 1998, la surface agricole utilisée moyenne a continué à croître, passant de 41,7 hectares à 42,5 hectares. Elle a ainsi doublé en 25 ans. Pour mémoire, la surface agricole utile a continuer à baiser légèrement en 1998.
EVOLUTION
DE LA SURFACE AGRICOLE MOYENNE D'UNE EXPLOITATION
Actuellement, un peu plus d'une exploitation sur deux dispose
d'au
moins 100 hectares de SAU. Ces grandes exploitations concentrent 43 %
de la SAU totale.
Inversement, 36 % des exploitations disposent de moins de
10 hectares, et ne détiennent que 3 % de la SAU.
NOMBRE D'EXPLOITATIONS
Source : Agreste - Enquête agriculture - 1999.
c) Le prix du foncier
En 27
ans, le prix moyen, en francs courants, des terres agricoles est passé
de 7.200 francs par hectare en 1970 à 20.400 francs en 1998.
La hausse de 1997 à 1998 s'établit à 4 %.
La conjonction d'un certain nombre de facteurs explique l'augmentation
générale du prix des terres, notamment :
- la baisse très importante des taux d'intérêts des
emprunts à long terme ;
- la diminution des droits de mutation, qui offre une marge de
négociation plus large ;
- l'augmentation globale des revenus agricoles observée depuis
quelques années, qui a renforcé les capacités
d'investissement des agriculteurs ;
- le niveau très faible des prix en francs constants,
équivalent à celui observé en 1956 après avoir
été plus de 2 fois et demie supérieur dans les
années 1970 ;
- la raréfaction de l'offre dans les prochaines
années : moins de 20 % de la SAU totale française est
détenue par des exploitants de plus de 55 ans ;
- les perspectives économiques : les exploitants agricoles
cherchent à anticiper les conséquences de la réforme de la
PAC (baisse de revenus à l'hectare) en agrandissant leurs exploitations.
EVOLUTION DU PRIX DES TERRES AGRICOLES EN FRANCE
|
1970 |
1980 |
1990 |
1996 |
1997 |
Terres labourables |
7 700 |
22 300 |
22 100 |
20 700 |
21 100 |
Prairies naturelles |
6 800 |
18 800 |
16 100 |
14 500 |
14 600 |
Ensemble |
7 200 |
21 400 |
19 900 |
18 400 |
18 800 |
|
|
|
|
|
|
Vergers |
|
45 700 |
58 500 |
54 700 |
53 700 |
Vignes non AOC |
|
37 800 |
69 800 |
68 600 |
64 800 |
Vignes à AOC |
|
111 200 |
239 500 |
270 900 |
286 300 |
En francs par hectare.
Ensemble terres labourables et prairies naturelles |
|
Indice base 100 = 1970 |
|
||
Prix courant |
100 |
286 |
275 |
255 |
260 |
Prix réel |
100 |
112 |
58 |
48 |
48 |
Source
: Agreste - Enquête annuelle sur la
valeur vénale des terres agricoles
.
Rappelons pour mémoire la structure du marché de l'espace
rural
3(
*
)
en 1998 :
Marché de l'espace en vue de son artificialisation
20 000 transactions
24 900 hectares
4 779 millions de F
Autres
16 000 transactions
15 100 hectares
4 095 millions de F
Collectivités
4 000 transactions
9 800 hectares
683 millions de F
Marché de l'espace résidentiel et de loisirs
67 000 transactions
42 300 hectares
17 271 millions de F
Marché des maisons à la campagne
28 000 transactions
27 000 hectares
16 023 millions de F
Marché de l'espace rural
Espaces
de loisirs
39 000 transactions
15 300 hectares
1 248 millions de F
Marché des landes, friches et étangs
3 000 transactions
12 600 hectares
622 millions de F
196 000
transactions
556 800 hectares
Marché forestier notifié
8 000 transactions
56 900 hectares
1 386 millions de F
39 153 millions de F
Marché agricole
98 000 transactions
420 200 hectares
15 096 millions de F
Marché des terres et des prés
71 000 transactions
299 000 hectares
8 230 millions de F
Marché des vignes
9 000 transactions
13 600 hectares
2 428 millions de F
Marché des autres biens agricoles
18 000 transactions
107 600 hectares
4 438 millions de F
C. LE CADRE SOCIÉTAIRE
Le
nombre d'exploitations agricoles en société a progressé de
plus de 55 % en dix ans pour dépasser en 1998 les 100.000.
Ces sociétés exploitent près de 40 % de la SAU
totale. Les groupements agricoles d'exploitations en commun (GAEC), qui
représentent un peu moins de la moitié des sociétés
(47.000) progressent aujourd'hui moins rapidement que l'exploitation agricole
à responsabilité limitée (EARL). En effet, le nombre
d'EARL a augmenté de +42,4 % en deux ans pour atteindre 48.000,
55 % de ces EARL résultant de la transformation d'exploitations
individuelles et 38 % de GAEC.
Une étude menée par le Laboratoire d'études et de
recherches économiques de l'INRA de Nantes, présentée le
27 novembre 1998 lors d'un colloque organisé conjointement par
l'INRA et l'Université de Nantes révèle qu'à
dimension économique équivalente, les formes sociétaires
ne sont pas forcément plus performantes économiquement que les
exploitants individuelles
4(
*
)
.
En outre, dans certaines tranches, les formes sociétaires peuvent
même avoir un résultat courant par Unité de travail
agricole inférieur aux exploitations individuelles. Dans la classe de 20
à 40 UDE (Unité de développement économique),
les sociétés dans leur ensemble totalisent une moyenne de
141.000 francs contre 160.000 francs pour les exploitations
individuelles. A plus de 80 UDE, les sociétés affichent
237.000 francs contre 295.000 francs pour les exploitations
individuelles. Et, parmi les sociétés, dans certains cas, les
GAEC se classent derrière les autres types de sociétés.
Par ailleurs, l'étude mentionne
" un phénomène
nouveau "
, les formes sociétaires multiples.
" On peut
trouver, par exemple, une Earl céréalière et une Earl sur
la production hors sol. Séparer les activités, permet de limiter
les risques techniques et économiques "
tout en facilitant la
transmission du capital.
RÉPARTITION DES EXPLOITATIONS SELON LEUR STATUT ET LEUR PERFORMANCE ÉCONOMIQUE EN 1994
FRANCE |
CLASSES DE PERFORMANCE ÉCONOMIQUE |
TOTAL |
||||
1994 |
Très faible (1) |
Faible (2) |
Moyenne (3) |
Elevée (4) |
Très élevée (5) |
|
Individuelle |
15 % |
25 % |
26 % |
21 % |
14 % |
100 % |
GAEC |
8 % |
19 % |
22 % |
28 % |
23 % |
100 % |
EARL |
10 % |
22 % |
23 % |
22 % |
23 % |
100 % |
Autres |
6 % |
26 % |
21 % |
29 % |
18 % |
100 % |
Ensemble |
14 % |
24 % |
25 % |
22 % |
15 % |
100 % |
Source : RICA 1994 d'après le Laboratoire d'études et de recherches économiques (CERECO) : INRA.
RÉSULTAT COURANT PAR UTA (UNITÉ DE TRAVAIL AGRICOLE) FAMILIALE PAR CLASSE DE DIMENSION ÉCONOMIQUE ET SELON LE STATUT JURIDIQUE
(en francs) |
Exploitations individuelles |
Ensemble des sociétés |
Sociétés |
Ensemble |
||
|
|
|
GAEC |
EARL |
Autres |
|
Moins de 20 UDE |
56 000 |
83 000 |
72 000 |
65 000 |
139 000 |
57 000 |
20 à 40 UDE |
95 000 |
99 000 |
91 000 |
83 000 |
154 000 |
95 000 |
40 à 80 UDE |
160 000 |
141 000 |
126 000 |
157 000 |
178 000 |
152 000 |
Plus de 80 UDE |
295 000 |
237 000 |
214 000 |
274 000 |
273 000 |
255 000 |
Ensemble |
116 000 |
169 000 |
156 000 |
178 000 |
208 000 |
129 000 |
UDE : Unité et dimension économique
Source
: RICA 1996/INRA Nantes
D. LES ACTIFS AGRICOLES
La
population agricole active comprend les actifs permanents (actifs familiaux et
salariés permanents) ainsi que les salariés saisonniers et la
main-d'oeuvre fournie par les entreprises de travail agricole et les
coopératives d'utilisation du matériel agricole.
Jusqu'en 1988, le nombre d'actifs permanents a diminué plus vite que
celui des exploitations, les deux variations s'équilibrant par la suite.
En 1998, le poids des actifs agricoles a baissé de 2,5 % et
celui des actifs agricoles non salariés de 3,7 %.
On relève deux phénomènes intéressants :
En premier lieu, la lente reprise des effectifs des salariés
permanents, qui s'accroissent depuis 1996, après une stabilisation en
1995.
NOMBRE DE
SALARIÉS AGRICOLES PERMANENTS
Cette
augmentation résulte de deux flux opposés :
29.000 créations d'emploi et 25.000 suppressions.
Toutefois, près des deux tiers des nouveaux emplois crées sont
à temps partiel. En outre, les exploitations créatrices d'emplois
ont une dimension économique importante et sont souvent
gérées sous forme sociétaire. Les horticulteurs et les
éleveurs de granivores arrivent au premier rang des créateurs
d'emploi
5(
*
)
.
LES SALARIÉS AGRICOLES PERMANENTS
Les
salariés agricoles permanents sont étrangers à la famille
des chefs d'exploitation et occupés à des activités
agricoles régulièrement tout au long de l'année, à
temps plein ou partiel. Ainsi, le champ de l'étude exclut d'une part les
chefs d'exploitation, les coexploitants dans les exploitations en
société et les autres actifs familiaux salariés de
l'exploitation, d'autre part les salariés saisonniers ou occasionnels.
Enfin, il exclut les salariés permanents qui exercent exclusivement une
activité para-agricole sur les exploitations (3.700 en 1997).
Il est à noter que six régions (l'Aquitaine, les Pays de Loire,
la Provence-Alpes-Côte-d'Azur, la Champagne-Ardenne, le
Languedoc-Roussillon et le Centre) sont à l'origine de 47 % de ces
emplois, tout en participant à 44 % aux suppressions d'emplois.
On rappellera qu'en matière d'emploi, un protocole d'accord national
tripartite pour la promotion de l'emploi en agriculture a été
conclu le 3 mars 1999
entre le Ministre de l'agriculture et de la
pêche, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants
agricoles ruraux et forestiers, la Fédération nationale des
coopératives d'utilisation de matériel agricole, les cinq
organisations syndicales de salariés, les organismes acteurs de l'emploi
dans le secteur agricole tels, l'assemblée permanente des chambres
d'agriculture, la caisse de mutualité sociale agricole, les fonds de
formation des salariés et des exploitants agricoles, l'association pour
l'emploi des cadres ingénieurs et techniciens de l'agriculture et
l'agro-alimentaire ainsi que l'Agence nationale pour l'emploi.
L'accord, inspiré par de nombreuses initiatives locales, vise à
faire émerger et concrétiser
" les gisements d'emplois
potentiels du secteur agricole "
. Les signataires s'engagent aux
côtés des pouvoirs publics pour une durée de trois ans,
dans une démarche partenariale de développement d'actions locales
impulsées et coordonnées au plan national visant quatre objectifs
de promotion et de valorisation de l'emploi salarié, et en particulier
de l'emploi permanent. Il a été demandé d'établir
un diagnostic préalable à l'élaboration d'un programme
d'actions à proposer aux partenaires locaux, les données
statistiques étant fournies par le ministère de l'agriculture et
de la pêche et la caisse centrale de mutualité sociale agricole.
Le protocole a fait l'objet d'une diffusion auprès d'autres
ministères concernés afin d'assurer localement le succès
de l'opération par un relais de leurs propres services
déconcentrés. La première réunion du comité
de pilotage national le 5 mai 1999, a permis de faire le point sur les mesures
prises par chaque partenaire pour mobiliser ses structures et de mettre en
place des groupes thématiques.
En second lieu, l'attraction que suscite la France en Europe : la
France est le premier pays d'accueil d'agriculteurs européens. Chaque
année, 250 européens décident de quitter leur pays
pour devenir agriculteurs sur le sol français.
Ces agriculteurs viennent surtout du Royaume-Uni, des Pays-Bas, d'Allemagne, de
Belgique et de Suisse. Les raisons de leur migration et du choix de la France
différent selon leur nationalité et leur installation
obéit à une géographie particulière : dans le
Nord on trouve principalement des Belges et quelques Néerlandais. A
l'Est, ce sont essentiellement des Allemands et des Suisses. Le Sud voit
s'installer des Anglais. Le Sud-Ouest, plutôt des Anglais et des
Néerlandais, ainsi que des Suisses.
Globalement, les Hollandais se consacrent plutôt de l'élevage
laitier, les Allemands et les Belges aux céréales. Les Suisses se
tournent vers le lait et la viande, certains étant viticulteurs.
E. LE COMPTE SOCIAL DE L'AGRICULTURE POUR 1998
Le
compte social provisoire des exploitants
fait apparaître, en 1998,
une augmentation de 1,2 % en francs courants des prestations sociales
versées aux exploitants actifs et inactifs. Les dépenses
d'assurance vieillesse enregistrent une progression de 1,5 %, les
remboursements maladie une augmentation de 1,6 %, et les prestations
familiales, une baisse de 5,3 %.
Les cotisations payées par les exploitants actifs diminuent de
0,2 %. L'année 1998 est marquée par la substitution, pour
les actifs, de 4,1 points de CSG à 5,5 points de cotisations
AMEXA, et pour les retraités, de 2,8 points de CSG à
2,8 points de cotisations maladie.
Dans le compte social des salariés agricoles
6(
*
)
,
les prestations augmentent au même rythme
que celui de l'année 1997 (+ 1,2 %). Les dépenses de
santé connaissent une très légère augmentation, les
prestations vieillesse une augmentation de 1,5 % et les prestations
familiales de 0,3 %.
La baisse de 2,7% des cotisations sociales à la charge des
salariés est principalement due au nouveau transfert, à compter
du 1er janvier 98, de 4,75 points de cotisations d'assurance
maladie vers 4,1 points de CSG. L'augmentation des cotisations à la
charge des employeurs de main d'oeuvre (+ 4,8 %) résulte de
l'aménagement du dispositif d'exonération sur les bas salaires,
légèrement moins favorable que l'année
précédente.
Ces éléments ont conduit à retenir, dans le compte
provisoire de l'agriculture pour 1998, une augmentation de 3 % de la masse
salariale versée, ainsi qu'une augmentation de 4,3 % du total des
cotisations sociales à la charge des employeurs de main d'oeuvre
après exonérations.
Ce volet social est développé de manière plus
détaillée par votre Commission des Affaires sociales.
II. L'ACTION DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE AGRICOLE EN 1998 ET 1999
A. LES CHANTIERS LÉGISLATIFS
1. L'adoption de la loi d'orientation agricole et son suivi
a) L'adoption de la loi
Déposé sur le Bureau de l'Assemblée
nationale,
le projet de loi d'orientation agricole a fait l'objet d'une lecture à
l'Assemblée nationale en octobre 1998 et au Sénat en
février 1999. Le Gouvernement ayant frappé ce texte d'urgence, la
commission mixte paritaire s'est réunie au mois de mars. Après
l'échec de la CMP et une nouvelle lecture dans chaque assemblée,
le texte a été définitivement adopté le 26 mai
1999. Il a été publié le 9 juillet 1999 en
raison de la saisine du Conseil constitutionnel sur l'article 131 du texte
relatif à l'enseignement agricole.
Votre rapporteur ne reviendra pas en détail sur cette loi qui a
été analysé par notre collègue M. Michel Souplet,
rapporteur du projet de loi, en décembre 1998 et mai 1999. Il souhaite
seulement rappeler les orientations du Sénat lors de l'examen de ce
projet de loi et l'apport de la Haute Assemblée dans le texte
définitif.
Ce cadre législatif, proposé aux agriculteurs, est
centré autour de deux idées : le principe de
multifonctionnalité de l'agriculture et la notion de
développement durable. L'élément principal proposé
par le Gouvernement, permettant de respecter ces deux notions, consiste
à mettre en place un contrat entre l'Etat et l'agriculteur, le Contrat
Territorial d'Exploitation (CTE).
Dans les deux chambres, se sont confrontées deux visions
différentes du rôle de l'agriculture dans notre
société. Nul ne conteste l'impact économique de
l'agriculture en termes de moteur de l'excédent de la balance
commerciale et en termes d'emplois (directs ou indirects) ;
néanmoins, les moyens proposés par les uns et les autres pour que
le monde agricole français conserve sa première place dans
l'Union européenne et qu'il devienne un modèle pour les autres
Etats membres sont bien différents.
Pour M. Michel Souplet, rapporteur du texte au Sénat, les propositions
du Gouvernement et de l'Assemblée nationale manquaient
singulièrement de souffle.
Ainsi, quatre critiques principales ont
été formulées à l'encontre de ce projet de loi
:
le manque d'ambition des propositions du Gouvernement, le flou des
dispositions relatives au CTE et à son financement, le renforcement
excessif du contrôle des structures et le manque de dimension
stratégique dans un contexte international et communautaire en mutation.
Lors de la première lecture au sénat, la Commission des Affaires
économiques a ouvert trois dossiers négligés par le
Gouvernement (" entreprise ", " fiscalité " et
" sécurité sanitaire des produits "), a proposé
des modifications importantes sur le CTE et le volet qualité..., ainsi
que des compléments nécessaires au texte.
Les trois dossiers ouverts par le Sénat ont été :
- le volet " entreprise " : le texte ne fait pas
référence à la notion d'entreprise agricole, alors
même que la nouvelle nomenclature statistique nationale mise en oeuvre en
1999 consacre cette notion. Ce texte aurait dû tenir compte de
l'évolution des marchés et en même temps préserver
une fonction territoriale, sociale et environnementale de notre
agriculture ;
- le volet " fiscal " : le Sénat a souhaité
inscrire dans le texte quelques dispositions en faveur de l'installation, ainsi
qu'une étude visant à comparer les charges fiscales et sociales
entre les différents acteurs du monde rural ;
- le Sénat a tenu à renforcer le volet
" sécurité sanitaire des produits ", en proposant des
dispositifs relatifs aux produits phyto-sanitaires, aux produits
anti-parasitaires à usage agricole et aux matières fertilisantes.
Les principaux points du texte adoptés sont les suivants :
Article 1
er
(définition de la politique agricole). Parmi ses
objectifs, il y a l'installation des jeunes, l'aménagement du
territoire, la revalorisation des retraites, le renforcement de l'organisation
économique des marchés.
Article 3 (retraites). Le Gouvernement déposera un rapport sur
l'évolution des retraites agricoles jusqu'au 30 juin 2002.
Article 4 (CTE). L'emploi doit figurer au nombre des engagements pris dans le
cadre des CTE, ceux-ci devant concerner un projet économique global et
s'inscrire dans le cadre des cahiers des charges définies au plan local.
Article 5 (financement des CTE). Les crédits alloués au fond de
financement des CTE seront fixés par la loi de finances.
Article 7 (aides de l'Etat). Elles seront modulées sur la base de
critères économiques de l'exploitation, du nombre d'actifs, des
facteurs environnementaux et d'aménagement du territoire.
Article 8 (CDOA). Sa composition sera fixée par décret et devra
inclure des représentants des propriétaires et
fermiers-métayers.
Article 9 (registre de l'agriculture). Il sera accessible au public.
Article 19 (unité de référence). Elle sera fixée
après avis de la CDOA.
Article 22 (contrôle des structures). Le seuil de l'autorisation
préalable pour les installations, les agrandissements ou les fusions
d'exploitations est fixé entre 0,5 et 1,5 fois l'unité de
référence (au lieu de 0,8 et 1,5) ; il est fixé entre
le tiers (au lieu de la moitié) et une fois l'unité de
référence s'il y a suppression de l'exploitation.
Article 26 (conjoint). Les dispositions relatives au conjoint du chef d'une
exploitation sont étendues au conjoint de l'associé.
Article 28 à 30 (rachat de points de retraite). Possibilité
étendue aux périodes antérieures au 1
er
janvier
1999 (au lieu de 1998).
Article 35 (droit de créance du conjoint survivant ayant
travaillé au moins 10 ans sans rémunération). Il est
fixé à trois fois le Smic annuel dans la limite de 25 % de
l'actif successoral.
Article 38 (titre d'emploi simplifié agricole). Disposition
étendue aux coopératives agricoles employant moins de onze
salariés permanents.
Articles 47 à 58 (mutualité sociale agricole). Un nouveau titre
relatif au fonctionnement des organismes de MSA est introduit. Ces articles
précisent notamment que le ministre de l'agriculture est
représenté auprès de la caisse centrale de MSA et qu'en
cas d'irrégularités graves, de mauvaise gestion et de carence du
conseil d'administration d'un organisme de MSA, celui-ci peut être
suspendu ou dissous par arrêté ministériel.
Article 59 (organisation de producteurs). Définition d'un statut des
organisations de producteurs reconnues.
Article 71 (contrats entre organisations de producteurs et organisations de
distribution). Ils devront être notifiés au ministre de
l'agriculture.
Articles 73 et 74 (exportations). Création d'un conseil supérieur
des exportations agricoles et alimentaires chargé de formuler des
recommandations sur les politiques d'appui à l'exportation et de veiller
à la cohérence de leur mise en oeuvre.
Article 75 (qualité). Redéfinition de la politique de
qualité de produits.
Article 77 (labels). Création d'une commission nationale des labels et
des certifications des produits agricoles et alimentaires.
Article 80 (INAO). Il devient établissement public administratif
jouissant de la personnalité civile ; il proposera les contingents
nécessaires à l'accroissement du potentiel de production.
Article 83 (appellations d'origine). Institution d'un logo AOC.
Article 87 (appellations montagne). Suppression de l'exigence du
conditionnement en zone de montagne.
Article 88 (communication). Création d'un fonds de valorisation et de
communication.
Article 89 (cotisation à l'INAO). Elle est fixée à
5 francs par hectolitre pour les boissons alcoolisées autres que le
vin, à 50 centimes par kilogramme pour les autres produits
agro-alimentaires.
Articles 91 à 95 (surveillance biologique). Mise en place d'une
surveillance biologique du territoire. L'usage et la commercialisation de
produits antiparasitaires autorisés dans d'autres Etats de la CEE mais
non reconnus en France est sanctionné. Le contrôle des
fertilisants est renforcé.
Article 97 (registre d'élevage). Création d'un registre
d'élevage concernant les animaux destinés à la
consommation.
Article 114 (SAFER). Possibilité ouverte aux SAFER d'acquérir des
parts de sociétés agricoles.
Article 124 (enseignement). Les lycées d'enseignement
général et technique agricoles et les lycées
professionnels agricoles fusionneront dans un délai de 5 ans.
Article 141 (fiscalité). Dépôt par le Gouvernement, avant
le 1
er
avril 2000, d'un rapport sur les adaptations à
apporter à la fiscalité des exploitants agricoles et au mode de
calcul de leurs cotisations sociales.
Sur les 143 articles composant le texte final, 35 articles sont
issus du Sénat et non des moindres
: il s'agit notamment des
articles 6, 8, 10, 31, 32, 37, 40, 45, 49, 52, 54, 56, 58, 66, 67, 78 et 79,
81, 92 à 94, 102 et 103, 113, 116, 119 et 120 et 123. En outre, le
Sénat a apporté des modifications substantielles sur une
quarantaine d'articles, notamment sur les volets " social " et
" enseignement ".
b) Le suivi de la loi d'orientation.
Les organisations professionnelles ont donné
leur
accord au Conseil supérieur d'orientation du 16 juin sur une
recommandation relative au CTE,
après avoir émis de fortes
réserves sur les orientations proposées lors du CSO du 20 mai
dernier. Cette recommandation du 16 juin dernier est articulée
autour de plusieurs points :
- le CTE peut assurer la reconnaissance de l'existant (une démarche
d'exploitation ) sous certaines conditions ;
- les agriculteurs, qui ne respectent pas la réglementation en
vigueur, ne peuvent pas prétendre au CTE mais celui-ci peut financer une
mise en conformité dans " une approche dynamique " ;
- le CTE doit à terme intégrer la majorité des aides
versées à l'agriculture, dès lors qu'elles ne sont pas
liées à la production ni versées en contrepartie des
contraintes naturelles. Ainsi, la DJA, l'ICHN et l'aide PMPOA ne sont pas
subordonnées à la conclusion d'un CTE ;
- les agriculteurs à titre secondaire peuvent prétendre au
CTE ;
- les projets s'inscrivant dans une démarche collective sont
à privilégier, mais un projet individuel est éligible sous
certaines conditions (innovation...) ;
- le CTE n'est pas un contrat " clés en main ", car
l'articulation entre contrat-type et mesures types permet un minimum de
souplesse ;
- pour 1999, le fonds de financement des contrats territoriaux
d'exploitation (FFCTE) sera réparti à hauteur de 50 % entre
les régions sur la base du nombre d'exploitations. Les 50 % du
fonds restant seront affectés en tenant compte des " dynamiques
locales et régionales ainsi que des projets proposés ". A
partir de 2001, la procédure sera déconcentrée et les
fonds répartis selon des critères à définir ;
- le CTE qui repose sur un projet global d'exploitation comporte un volet
environnement et territorial et un volet socio-économique ; la
répartition des soutiens entre les deux volets doit donc être
cohérent ;
- l'élaboration des dossiers CTE revient aux ADASEA dans le cadre
d'une convention départementale (ADASEA-DDAF) signée avec le
projet. L'agriculteur dépose son dossier à la DDAF qui est
examiné à la CDOA. Le paiement est réalisé par le
CNASEA.
Dix mille contrats devraient être conclus durant le dernier trimestre 99
et 30 à 40.000 en année pleine.
Votre commission des Affaires économiques suivra avec attention la
mise en place des CTE.
Votre rapporteur pour avis considère qu'il est aujourd'hui
prématuré de porter un jugement sur la mise en oeuvre de cette
loi, notamment en matière de textes d'application. Tout au plus
souhaite-t-il préciser qu'une centaine de textes réglementaires
est prévue par la loi d'orientation. Certains, comme celui sur la
composition de la CDOA, sont déjà parus.
2. Les autres chantiers législatifs
a) La mise en oeuvre des 35 heures dans le secteur agricole
La loi
n° 98-461 du 13 juin 1998 d'orientation et d'incitation
relative à la réduction du temps de travail, dite " loi
Aubry ", a fixé la durée légale du travail à
35 heures par semaine à compter du
1
er
janvier 2000 pour les entreprises (y compris les
entreprises agricoles) dont l'effectif est supérieur à vingt
salariés.
Dans les autres établissements, ainsi que dans ceux qui atteindront
l'effectif de vingt salariés entre le
1
er
janvier 2000 et le 31 décembre 2001,
la date d'entrée en vigueur de la nouvelle durée légale du
travail est fixée au 1
er
janvier 2002.
La loi invite les partenaires sociaux à négocier, avant ces
échéances, les modalités de réduction effective de
la durée du travail adaptées aux situations des branches et des
entreprises. Elle prévoit l'attribution d'aides financières aux
entreprises qui anticipent la mise en application des 35 heures et qui
procèdent, en contrepartie, à des embauches ou qui
préservent des emplois.
Dans le secteur agricole, les premiers accords de réduction du temps
de travail ont été signés le 8 juillet 1998.
Ces accords, qui prennent parfois la forme d'avenants aux conventions
collectives de branche, concernent :
- le secteur coopératif : coopératives
laitières, conserveries coopératives et SICA
(Sociétés d'intérêt collectif agricole),
coopératives " cinq branches ", coopératives de fleurs,
fruits et légumes et de pommes de terre, coopératives et SICA
" bétail et viandes ", coopératives de teillage du
lin ;
- le secteur " production " ;
- les entreprises artisanales du bâtiment ;
- les artisans mécaniciens ruraux ;
- les organismes de contrôle laitier ;
- les centres d'économie rurale (CER) ;
- la Mutualité sociale agricole (MSA).
Ils représentent 400.000 salariés en équivalents
temps plein. S'ajoutent les deux accords conclus dans le secteur du
bâtiment, qui concernent également les entreprises artisanales du
bâtiment relevant du régime agricole et l'accord conclu dans le
cadre de la convention collective des artisans ruraux pratiquant le commerce,
la location et la réparation de tracteurs, machines et matériels
agricoles.
Soulignons que les dispositions de l'avenant du 3 février 1999
à l'accord du 23/12/81 sur la durée du temps de travail dans les
exploitations et les entreprises agricoles ont été
étendues, l'accord national étant applicable à compter du
1
er
mai 1999.
Des négociations relatives à la mise en oeuvre de la
réduction du temps de travail ont été poursuivies en 1999
dans le secteur agricole dans les branches suivantes débouchant sur des
accords :
- les coopératives vinicoles
: le dispositif concerne un
dispositif directement applicable au sein des coopératives de moins de
10 salariés, 1.200 entreprises et 8.400 salariés ETP
(Equivalent temps plein) sont concernés ;
- les distilleries coopératives,
qui représentent
32 entreprises et 700 salariés ETP ;
- le crédit agricole
et dans les 211 établissements
de cet organisme. Cet accord concerne 70.700 salariés ;
- l'enseignement agricole privé catholique
qui regroupe
215 établissements et 2.500 salariés ETP de droit
privé (accord du 11 mars 1999) ;
Enfin, des accords sont prévus dans les
centres d'insémination
artificielle, les centres équestres, les parcs zoologiques
privés,
les
centres d'entraînement de chevaux de courses au
galop
et les
centres d'entraînement de chevaux de courses au
trot
7(
*
)
.
Deux syndicats de salariés agricoles sur cinq ont signé un accord
sur l'application des 35 heures au début de l'année.
Le bilan de l'application de la première loi sur les 35 heures
apparaît donc mitigé dans le secteur agricole. Votre rapporteur
pour avis souhaite exprimer ses plus vives réserves sur les
modalités du second volet législatif des 35 heures : il
estime qu'un tel carcan législatif et réglementaire ne peut,
d'une part, qu'aller à l'encontre de l'initiative individuelle et de la
volonté d'entreprendre primordiales dans le domaine agricole et, d'autre
part, renforcer à nouveau les procédure administratives.
b) La loi sur la couverture maladie universelle
Votre
rapporteur pour avis ne souhaite pas examiner en détail ce texte.
L'excellent rapport de nos collègues MM. Charles Descours et
Claude Huriet permet de faire le point sur la question et propose une
autre solution, plus équitable, que le Gouvernement n'a pas
souhaité retenir.
Votre rapporteur pour avis souhaite néanmoins rappeler ses fortes
réserves sur l'architecture du dispositif CMU, qui prend insuffisamment
en compte les spécificités et les potentialités du
régime agricole.
En effet, si le texte admet que les actuels assurés personnels
gérés par la MSA pour le compte du régime
général resteront après l'entrée en vigueur de la
loi auprès de ce régime, la MSA perd la capacité de
prendre en charge de nouveaux entrants, pour lesquels seules les caisses
primaires d'assurance maladie sont compétentes.
En outre,
sur le volet complémentaire de la CMU, votre rapporteur
pour avis souhaite que la MSA soit en mesure de continuer à jouer
pleinement son rôle.
Il faut rappeler à cet égard que
le maintien ou la création de ces sections a répondu au souci,
pour les caisses concernées, de proposer une assurance
complémentaire sociale, accessible aux faibles revenus. Il serait donc
paradoxal que ces dispositifs soient exclus d'emblée de la gestion de la
CMU.
Votre rapporteur pour avis s'inquiète, par ailleurs, des risques de
déstabilisation de l'organisation du régime agricole
engendrés par :
- les effets de seuil des ressources compte tenu des règles
applicables aux ressortissants agricoles ;
- les conséquences de la suppression de l'assiette minimum ;
- et la dégradation du recouvrement.
3. Le bilan de la loi littoral
L'article 41 de la loi du 3 janvier 1986 a prévu le
dépôt annuel d'un rapport du Gouvernement
devant le Parlement
relatif au bilan de la loi " littoral ". Jusqu'à
présent,
ce rapport n'avait jamais été
effectué
. Le 1
er
avril 1998, le Comité
Interministériel de la mer a demandé au Ministre de l'Equipement,
du logement et des transports de préparer le rapport sur l'application
de la loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en
valeur du littoral.
Ce rapport, paru en février dernier, selon ses termes,
" n'a pas
pour but de faire un bilan exhaustif de la loi ni de présenter une
étude globale de la gestion intégrée du littoral. Il
devait cependant permettre, après douze ans, de faire le point sur la
situation et d'engager l'avenir par des propositions visant à
améliorer le dispositif d'ensemble ".
Ce document est décomposé en deux parties : après
le bilan sur les objectifs de la loi, le rôle des acteurs dans la mise en
oeuvre de la loi est abordé.
A la page 27 de ce rapport figure un " 2 " relatif au maintien et au
développement des activités économiques. Il est
constaté que la pression foncière s'est exercée
principalement au détriment de l'activité agricole :
" les superficies agricoles ont diminué en 20 ans de
50 % environ et l'activité s'est recentrée sur des cultures
spécialisées à forte valeur ajoutée et de potentiel
polluant souvent élevé "
.
Malgré les phénomènes de concurrence spatiale dont elle
fait l'objet, l'agriculture demeure cependant la première forme
d'utilisation de l'espace littoral. Sur l'ensemble des communes littorales, la
répartition s'effectue de la façon suivante :
- agriculture |
723 000 ha |
soit 45 % de l'espace littoral |
- forêt |
400 000 ha |
soit 25% de l'espace rural |
- friches |
100 000 ha |
soit 6 % de l'espace rural |
- étangs |
100 000 ha |
soit 6 % de l'espace littoral |
- espaces minéralisés |
300 000 ha |
soit 18% de l'espace littoral |
Aussi,
l'agriculture joue-t-elle un rôle essentiel dans la mise en valeur des
façades maritimes. La mise en place d'espaces protégés par
l'article L.146-6 du code de l'urbanisme peut rendre difficile le maintien
des activités agricoles et ne règle pas le problème de la
gestion de ces espaces.
En tout état de cause,
il s'avère que le recul des
" terres nécessaires au maintien ou au développement des
activités agricoles, pastorales, forestières et
maritimes "
(L.146-2) n'a pas été significativement
ralenti au cours de ces dernières années. La protection des
terres agricoles qu'affiche la loi " littoral " reste donc une
nécessité. L'article 47 du projet de loi d'orientation
agricole ouvre d'ailleurs la possibilité de créer des zones
agricoles protégées afin d'ailleurs de mieux maîtriser les
changements d'affectation du sol, notamment dans les zones périurbaines
et dans les communes littorales.
Selon le rapport,
" la diversification des activités agricoles,
notamment " agritouristiques ", se trouve limité voire
impossible sur l'ensemble des territoires soumis aux dispositions de
l'article L.146-6, alors que bon nombre de départements littoraux
ont une vocation touristique forte. L'agritourisme correspond aux
activités d'accueil à la ferme (hébergement,
restauration...) que des agriculteurs peuvent développer, dans une
perspective de diversification économique, dans le prolongement de leur
activité de production agricole et dans les cadres civils, sociaux et
fiscaux qui délimitent ces activités. Le maintien ou le
développement de formules d'agritourisme en zone littorale et
rétrolittorale contribue à y maintenir la fréquentation
touristique ".
L'agritourisme présente un certain nombre
d'avantages pour les territoires littoraux :
- il permet de valoriser un patrimoine bâti, tout en limitant le
besoin de grandes infrastructures touristiques ;
- il participe à l'identité des territoires concernés
en leur apportant une image d'" authenticité " en relation
avec la proximité d'activités et de produits traditionnels et de
" terroir " ;
- il permet d'élargir la période de fréquentation
touristique du littoral au-delà de la saison balnéaire ;
- il permet, de par sa relation fréquente à
l'arrière-pays, d'aller vers des dynamiques de développement ne
se limitant pas à la seule bande littorale.
Mais le maintien de l'agritourisme dépend de la pérennité
des exploitations agricoles dans ces zones.
En définitive, les dispositions de la loi " littoral "
n'ont pas apporté d'améliorations significatives quant au recul
des terres agricoles ; les activités annexes, alliant agriculture
et tourisme, peuvent se développer sur le littoral (avec cependant des
contraintes possibles dans les espaces remarquables) et surtout en
arrière du littoral, favorisant ainsi sa mise en valeur et la diminution
de la pression humaine sur la côte.
B. LES POUVOIRS PUBLICS FACE AUX CRISES AGRICOLES
1. La question ovine
a) Les difficultés rencontrées par les éleveurs ovins sur les marchés
La
situation du marché ovin connaît depuis plusieurs mois des
difficultés, aggravées par les conséquences
négatives de la crise russe, notamment sur les ventes des peaux d'ovins.
Le repli des prix à la production a ainsi affecté la plupart des
Etats membres, en particulier britannique et irlandais. En outre, en
dépit de la mauvaise conjoncture de l'année qui vient de
s'écouler, la Commission européenne a décidé
d'abaisser le coefficient technique qui détermine le poids de viande
d'agneau compensée par brebis.
Votre rapporteur pour avis se félicite que la France se soit
vigoureusement opposée à cette décision
qui,
ajoutée au passage à l'Euro dès le 1
er
janvier
1999, limitait la revalorisation de la prime compensatrice ovine (PCO). Il n'en
reste pas moins que cette prime s'est vue revalorisée de 47 % alors
que la cotation nationale avait enregistré un recul inférieur
à 10 %. Afin de compenser la baisse des aides directes liées
à l'abandon du taux de conversion agricole et du passage à
l'Euro, une aide compensatoire agrimonétaire a été
instaurée en décembre 1998.
Par ailleurs, votre rapporteur pour avis estime que c'est avec une attention
toute particulière que le ministère de l'agriculture et de la
pêche doit surveiller l'évolution
des importations en
provenance des pays tiers et notamment de la Nouvelle-Zélande
afin que soient strictement respectés les contingents d'importation.
Certes, les autorités françaises ont sensibilisé la
Commission européenne aux difficultés que susciterait un
dérapage des importations de viandes réfrigérées.
Néanmoins, en attendant la révision des conditions d'importation
en provenance des pays tiers,
il est clair que la meilleure défense
de la production ovine passe par la traçabilité, l'information
des consommateurs et la segmentation du marché.
En outre, si le projet de réforme de la politique agricole commune ne
concerne pas l'organisation commune de marché dans le secteur ovin,
votre rapporteur pour avis estime nécessaire d'être prudent avant
d'envisager toute révision de cette OCM dont la plupart des
modalités restent globalement favorables aux spécificités
de l'élevage ovin français. Selon le Ministère, une
révision des conditions d'attribution de la PCO ou de la prime monde
rural (dont bénéficient 85 % des producteurs
français) aurait certainement pour conséquence une diminution du
taux de retour de la France. De la même façon, intégrer la
production ovine dans les mesures d'extensification amènerait à
revoir l'OCM ovine. De ce point de vue, il serait préférable de
préserver le système dans sa configuration actuelle.
Si des
évolutions s'avèrent souhaitables, les solutions sont donc sans
doute à rechercher d'abord en dehors de l'OCM
. C'est ainsi que le
rôle fondamental que joue l'élevage ovin dans la gestion de
l'espace lui confère des atouts qu'il convient de faire valoir dans les
futures mesures structurelles européennes et pourrait s'inscrire dans
l'esprit du projet de loi d'orientation agricole.
Selon les informations fournies à votre rapporteur par le
Ministère de l'agriculture, l'élevage ovin devrait d'ailleurs
trouver toute sa place dans le cadre des contrats territoriaux d'exploitation
prévus par la loi d'orientation agricole
. En effet, les CTE
comportent un ensemble d'engagements portant sur les orientations de la
production de l'exploitation, l'emploi, la contribution de l'activité de
l'exploitation à la préservation des ressources naturelles et
à l'occupation de l'espace, qui sont autant de caractéristiques
propres à l'élevage ovin.
Face aux difficultés rencontrées par les moutonniers, votre
rapporteur pour avis estime important :
- tout d'abord, de segmenter les marchés, notamment par la
valorisation de l'agneau français. Un accord interprofessionnel sur
l'étiquetage des viandes ovines a été signé en
octobre 1998. Il permet d'identifier en tant que française toute viande
issue d'un animal né, élevé et abattu en France.
Néanmoins, cet accord n'a toujours pas été étendu
par les pouvoirs publics et n'est donc pas applicable en raison des
difficultés posées par la Commission européenne ;
- ensuite, une suppression du stabilisateur de la prime compensatrice
ovine : à la suite des décisions prises dans le cadre de
l'agenda 2000, les producteurs de moutons craignent de voir le prix de la
viande ovine entraîné à la baisse, à la fois par les
viandes blanches (qui vont bénéficier de la baisse du prix des
céréales) et par la viande bovine, dont les prix vont
baissé de 20 % en trois ans. Or, la prime compensatoire ovine, qui
présente l'avantage de varier en fonction de l'évolution des
prix, ne compense pas intégralement les baisses de prix, surtout lorsque
la Commission européenne ajuste arbitrairement ses paramètres de
calcul au désavantage des éleveurs. Les éleveurs craignent
également un abandon du troupeau ovin dans les troupeaux mixtes
ovins-bovins, dans l'objectif de bénéficier du complément
extensification bovin revalorisé ;
- enfin, votre rapporteur pour avis souhaite, via les futurs contrats de
plan, conforter l'amélioration technique afin de consolider et
moderniser les élevages, améliorer les conditions de travail et
permettre une reprise future des exploitations. En effet, si les demandes des
OPA autour des compensations et de la défense générale de
la production est essentiel, l'évolution du système de production
peut aussi permettre une amélioration du revenu et éviter le
déclin de la production.
Le rapport " Thomas-Launay " a été remis à la
fin du mois d'octobre au Ministre de l'agriculture. Ce document, que votre
rapporteur n'a pas eu la possibilité de consulter jusqu'à
présent, devrait dresser un bilan précis des atouts et des
handicaps de l'élevage ovin français, des différents
soutiens dont il a pu bénéficier et des actions prioritaires
à mener.
b) " Le mouton et le loup "
Votre
rapporteur pour avis souligne l'importance de l'élevage ovin pour le
maintien de petites exploitations, l'équilibre et l'entretien des zones
rurales difficiles.
Or, cet élevage rencontre des difficultés liées à
la présence du loup, prédateur envahissant le pastoralisme. Les
événements de l'été dernier en sont un nouveau
témoignage.
Le rapport de M. Pierre Bracque, inspecteur général de
l'agriculture, sur le loup est paru au début de
l'année 1999.
Ce rapport
, s'il affirme que le " loup ne
peut s'installer partout "
reprend un projet ancien de zonage en trois
catégories qui suscite l'opposition de la grande majorité des
professionnels
: des zones jugées inaptes pour les loups, des
zones refuges et des zones favorables au loup.
Les professionnels préféreraient la mise en place de deux
types de zones
8(
*
)
: les zones où
le loup doit être strictement interdit parce qu'il s'agit de zones pour
l'élevage et les zones refuges du loup où il n'est pas
prévu d'exercer le pastoralisme. Les professionnels refusent de faire
cohabiter le prédateur et la victime : " Le loup et l'agneau
sont incompatibles ".
Par ailleurs, le rapport " Bracque " propose
" la mise en
oeuvre d'un système d'assurances couvrant le risque naturel grands
prédateurs "
.
M. Pierre Bracque explique que
" les primes devraient être prises
en charge, pour partie, par l'Etat selon les modalités définies
dans le passé pour le risque grêle ".
Le ministère de l'environnement souhaite en effet trouver les moyens
nécessaires pour faire face à l'explosion prévisible des
dégâts à indemniser si le loup continue librement sa
colonisation des massifs forestiers.
Aujourd'hui, la compensation des dommages est payée par l'Europe via le
programme " Life ". Mais les sommes demandées par la France
restent insuffisantes. Rappelons que pour 1998, quelque 1620 disparitions
de moutons dévorés par les loups ont donné lieu à
indemnisation. En outre, les programmes Life financent des phases
expérimentales et non la gestion quotidienne.
Les professionnels sont très réticents sur cette proposition
d'assurance
: d'abord, parce qu'après quelques années de
participation, l'Etat voudra se désengager en laissant l'essentiel du
coût supplémentaire assumé par l'éleveur ; de
plus, l'opposition des OPA tient au principe même de l'assurance qui fait
peser la prévention sur l'éleveur, décharge l'Etat de ses
responsabilités et " privatise " un dossier qui reste avant
tout une question de société.
Une autre proposition du rapport " Bracque " vise à renforcer
la protection juridique du loup. Son auteur estime que la directive
européenne du 21 mai 1992 sur la conservation des habitats
naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvage, prévoit une
protection stricte pour le loup, Canis lupus.
Or, les textes en vigueur modulent la portée de cette protection stricte.
LA PROTECTION JURIDIQUE POUR LE LOUP
- l'article L.227-9 du code rural autorise tout
propriétaire ou fermier à repousser ou détruire,
même avec des armes à feu, mais à l'exclusion du collet et
de la fosse, les bêtes fauves qui porteraient dommage à leur
propriétaire ;
- l'article L.227-6 du code rural autorise toujours le préfet,
chaque fois qu'il est nécessaire et après avis du directeur
départemental de l'Agriculture et de la forêt, à ordonner
des battues ou des chasses générales ou particulières aux
loups, renards, blaireaux et autres animaux nuisibles.
En vertu de ses pouvoirs de police, le maire d'une commune peut, au titre de
l'article L.122-19-9 du code des communes, prendre toutes mesures utiles
à la destruction des animaux nuisibles ainsi que les loups et sangliers
remis sur le territoire. Sous le contrôle du conseil municipal et du
Préfet, il peut donc organiser des battues.
Le rapport " Bracque " propose d'abroger des dispositions du code
rural et du code des communes, qu'il estime en contradiction avec la stricte
protection accordée au loup.
Les professionnels sont totalement opposées à cette proposition.
Ils font notamment valoir que le loup ne peut être un animal intouchable
et que l'article 16 de la directive prévoit des exceptions à
cette protection
" pour prévenir des dommages importants aux
cultures, à l'élevage, aux forêts, aux pêcheries, aux
eaux et à d'autres formes de propriété ".
Lors de la réunion du comité national du loup du 30
mars 1999, le ministère de l'environnement a créé
trois sous-groupes sur la " prévention ",
" l'indemnisation " et " le zonage du loup ".
En ce qui concerne la prévention, seront vraisemblablement
évoqués, les aides pastorales, les chiens de protection, les
filets et parcs. Pour l'indemnisation, le groupe de travail étudiera la
proposition de M. Bracque d'une décentralisation des versements des
indemnités au travers d'un fonds géré dans un
système tripartite associant élus, administrations et
organisations professionnelles agricoles. Les propositions d'assurances seront
aussi évoquées, de même qu'une unité de traitement
dans l'indemnisation de tous les prédateurs : grand lynx, ours et
loup.
Le grand absent de toutes ces discussions risque d'être une fois de
plus le pastoralisme
. Au-delà des grandes déclarations
d'intention sur son rôle économique, sa place dans
l'aménagement du territoire, le maintien de l'emploi, les actions
concrètes en faveur du développement du pastoralisme ne font pas
l'objet d'un des sous-groupes mis en place par les deux ministères.
Votre rapporteur pour avis regrette que les éleveurs aient encore, ainsi
que l'exprime M. Bracque
" le sentiment que l'accompagnement de
l'expansion du loup sur le massif alpin est, ici encore, la
priorité ".
Votre commission des Affaires économiques approuve sans
réserve les conclusions du rapport de la mission parlementaire de
l'Assemblée nationale
sur le loup qui refuse de faire du
prédateur un " élément du patrimoine naturel ".
Votre rapporteur pour avis note que ces orientations sont en totale
contradiction avec celles présentées par le Gouvernement, le 7
octobre dernier, devant le Sénat
.
2. Les perturbations de la filière avicole
Alors
que le secteur de la volaille avait su profiter de la crise de l'ESB, les
producteurs avicoles sont confrontés depuis l'automne 1998 à
d'importantes difficultés dues notamment au contexte
international : les répercussions des crises russe et asiatique ont
été fortes sur ce secteur de production : ces deux
marchés totalisent en effet 60 % des importations de volailles dans
le monde et la France y exporte 40 % de sa production.
Par ailleurs, le marché intra-communautaire s'avère
difficile : la France, premier fournisseur de l'Union européenne, a
enregistré un recul de plus de 10 % de ses livraisons. Or, la
concurrence est courante notamment du fait du marasme des pays tiers, de la
hausse des importations en provenance de certains Etats comme les Etats-Unis ou
le Brésil et de la moindre progression de la consommation. Le
marché intra-communautaire est en effet saturé de marchandises
d'origine anglaise, danoise, néerlandaise et française.
De plus, les contraintes du GATT sont à prendre en compte : depuis
le 1
er
juillet 1995, les exportations intra-communautaires
sont strictement réglementées : en 1998, seulement 45 %
des exportations communautaires auraient bénéficié d'aides
contre 90 % en 1994.
Votre rapporteur pour avis juge inquiétante cette situation, qui a
été aggravée par les événements sanitaires
survenus au mois de juin dernier.
Il tient à souligner qu'en 1987/1997, et alors que le marché
avicole était en pleine expansion, la production américaine a
augmenté de +21 % alors que la production française n'a
augmenté que d'environ 8,6 %.
LES
PREMIERS GROUPES INDUSTRIELS ET FINANCIERS
|
|||||
(Estimations sur la base des comptes 1997 et la structure à fin 1998) |
|||||
|
CA TOTAL |
Dont volaille produite en France |
Dont vente en France |
Exportation |
|
|
Millions de F |
Millions d'euros |
Millions de F |
Millions de F |
Millions de F |
1. Doux (1) |
10 016 |
1 518 |
7 133 |
3 532 |
3 615 |
2. BSA (2) |
5 431 |
823 |
4 831 |
2 392 |
2 439 |
3. LDC (3) |
4 780 |
724 |
4 315 |
3 881 |
434 |
4. Unicopa (4) |
2 039 |
309 |
2 040 |
1 243 |
797 |
5. Synavi |
1 900 |
288 |
1 500 |
1 158 |
342 |
6. Arrive |
1 700 |
258 |
1 475 |
1 305 |
170 |
Total du secteur |
|
|
36 700 |
27 450 |
9 250 |
(1) CA
total : Doux + Frangosul + Soprat/production française=estimation
sur la base 1996 + Soprat/vente en France et export : Doux
consolidé + Soprat
|
Deux
événements récents sont à signaler dans ce secteur
de production.
En premier lieu, le
rapport " Perrin
" remis au ministre de
l'agriculture en juillet dernier. Si les organisations professionnelles
approuvent le constat dressé dans ce document sur la filière
avicole, elles s'opposent néanmoins aux moyens préconisés
pour sortir de cette crise : ainsi, M. Daniel Perrin suggère
la suppression d'un million de mètres carrés de poulaillers pour
faire face à la crise structurelle que connaît ce secteur. Si les
professionnels sont d'accord pour des démarches individuelles et
volontaires d'abandon d'activités, ils refusent une fermeture
automatique d'ateliers, surtout avec une indemnité fixée à
50 francs/m².
Les professionnels proposent au contraire de réduire la densité
en élevage pendant un an : ainsi la diminution de
0,5 animal/m² dans les dindonniers sur l'ensemble du territoire, en
respectant les durées de vides sanitaires, pourrait permettre de
réduire la surface en production de 300.000 m².
En second lieu,
la cellule de crise " oeufs " qui s'est
réunie le 31 août dernier
a décidé de
confier un rapport sur les perspectives à moyens et longs termes de la
filière à M. Jean-Luc Evette, membre du conseil
général du Génie rural des eaux et forêts.
3. Chronique de la crise porcine
a) Une chute sans précédent des cours
Depuis
l'été 1998 et jusqu'au début de 1999, les cours du porc
ont connu des mouvements de baisse sans précédent.
Il est vrai que le marché du porc est cyclique et que ce secteur a
déjà connu de nombreuses crises : 83-84, 87-89, 93-94...
Or, cette fois-ci, la particularité vient du cumul entre une
surproduction communautaire et un contexte international difficile.
Les cours du porc ont été particulièrement
élevés en 1996 en raison de la crise bovine et, d'autre part, de
la peste porcine aux Pays-Bas en 1997. L'année 1997 a, en effet,
été caractérisée par l'absence des Hollandais sur
le marché européen. Ces derniers ont dû abattre 20 %
de leur cheptel, ce qui correspond à 4,5% de la production porcine
européenne. Les autres pays européens en ont profité pour
augmenter leur production, ce qui a conduit à une stabilité de la
production européenne en 1997 par rapport à 1996. En 1998, on a
assisté à la fois, à la poursuite de la croissance de la
production dans l'ensemble des pays européens (notamment en Espagne, au
Danemark et en Allemagne +4 % environ ; +2 % en France) et
à la quasi remise en place du potentiel de production hollandais.
En août 1998, la population porcine européenne a atteint un record
historique de 126 millions de têtes. La croissance de la production
européenne s'est poursuivie jusqu'au troisième trimestre 1999, ce
qui a prolongé les difficultés du secteur.
L'Union européenne est de loin le premier pays exportateur de porcs dans
le monde avec 1,1 million de tonnes en 1997. Elle n'a d'ailleurs
cessé d'augmenter ses exportations (elles ont doublé depuis 1992)
et cela, malgré l'introduction en 1994, dans la cadre des accords du
GATT, des contingents d'exportations subventionnées.
Actuellement, le Canada et les Etats-Unis, respectivement deuxième et
troisième exportateurs mondiaux de viande porcine se livrent à
une concurrence acharnée à l'exportation. Les Etats-Unis se
trouvent en effet dans une situation de crise similaire à celle de
l'Union européenne, avec des prix à 4,50 francs par kilo,
inférieurs aux coûts de production.
Les prévisions de l'USDA et de l'OCDE indiquent respectivement que les
exportations américaines de viande porcine devraient progresser de
40 % ou 58 % entre 1997 et 2003, tandis que les exportations
européennes devraient régresser entre 4 % et 11 % sur
la même période.
Quant aux pays importateurs, le Japon (20 % des exportations
européennes en 1997) et la Corée ont fortement réduit
leurs importations du fait de la crise asiatique, tandis que le marché
russe (32 % des exportations européennes) est fermé depuis
la fin du mois d'août 1998.
Les éleveurs vivent de plus en plus difficilement ces crises à
répétition comme les conséquences qui en déroulent,
notamment le rachat par des intégrateurs des ateliers les plus
vulnérables. On estime entre 15 % et 20 % le pourcentage
d'éleveurs menacés de disparaître.
b) Les décisions prises par les pouvoirs publics
Face
à l'évolution du marché du porc
9(
*
)
, la Commission européenne a
décidé de rétablir des restitutions à l'exportation
pour la viande porcine le 13 mai 1998. Depuis cette date, le montant des
restitutions a été majoré à cinq reprises (le
3 août, le 15 octobre, le 23 novembre, le
9 décembre et le 15 février) pour atteindre
jusqu'à 70 euros/100 kilogrammes à destination de la
Russie. Dans le même temps, les types de viande porcine concernée
ont été élargis.
Parallèlement, si la Communauté a suspendu en septembre dernier
le régime d'aide au stockage privé mis en place au plus fort de
la crise, elle a annoncé son intention de modifier certaines
dispositions sur l'exportation afin d'offrir plus de sécurité aux
opérateurs lorsque ceux-ci retirent des certificats.
Une opération spéciale d'aide alimentaire de l'Union
européenne vers la Russie a, en outre, été
décidée. Elle porte, au total, sur 100 000 tonnes de
viande porcines.
En outre, les réflexions sur la maîtrise porcine se sont
engagées au niveau européen dès le
3 novembre 1998 dans le cadre d'un comité de gestion
spécial. La délégation française a
présenté un document de travail sur les mesures conjoncturelles
de réduction de l'offre, notamment la réduction des poids
à l'abattage et celle du cheptel d'engraissement. Un deuxième
comité de gestion spécial s'est réuni le
10 février 1999, pour approfondir les discussions
engagées sur les possibilités de maîtrise communautaire de
l'offre porcine.
La délégation française a
proposé un document de travail qui décrit les différents
instruments de nature à maîtriser la production, dans le cadre
d'une réforme de l'organisation commune du marché de la viande
porcine
. Ce document évoque également la possibilité
de mettre en place des outils destinés à limiter les fluctuations
brutales du revenu des producteurs et invite la Commission à
réfléchir à une harmonisation européenne des
règles environnementales ainsi qu'aux possibilités d'encadrement
et de contrôle des structures de production. L'examen de certaines
propositions a cependant rencontré des oppositions marquées de la
part de certains Etats membres. Il s'agit, notamment, de l'introduction d'un
système de références nationales.
Face au refus d'un grand nombre d'Etats européens pour la mise en place
de quota,
votre rapporteur pour avis souhaite la mise en place rapide
d'instruments de maîtrise conjoncturelle de l'offre et d'outils
statistiques plus performants, de nature à anticiper les situations de
crise, l'harmonisation des règles environnementales au niveau
européen et, enfin, la mise en place d'une caisse de solidarité
pour limiter les fluctuations brutales du revenu des éleveurs.
Au plan national,
le ministre de l'agriculture et de la pêche a
arrêté un ensemble de mesures destinées aux producteurs les
plus fragiles
. Il s'agit d'éviter la fermeture de ces
élevages ou leur reprise par des ateliers de plus grande taille. Tout
d'abord, un système d'avances remboursables, dit
" Stabiporc ", a été réactivé. Stabiporc
fonctionne sous la forme de prêts, d'une durée maximale de quatre
ans, portant intérêt annuel à la charge de
l'éleveur. Ce dispositif est de nature privée. Il repose sur une
gestion assurée par les représentants de la production porcine et
les groupements de producteurs. Néanmoins, l'Etat, par
l'intermédiaire de l'Office national interprofessionnel des viandes, de
l'élevage et de l'aviculture (OFIVAL), intervient comme prêteur,
aux côtés d'un tour de table bancaire. Le montant des avances
versées est dégressif : 50 francs par porc pour les
750 premiers porcs livrés, trente francs au-delà, dans la
limite de 1.500 porcs. Cette différenciation a permis aux
éleveurs les plus modestes, qui sont souvent les plus fragiles,
d'obtenir un montant de prêt plus élevé que celui auquel
ils auraient pu prétendre si les conditions de fonctionnement de
Stabiporc avaient été simplement reconduites.
Par ailleurs, le 11 septembre 1998,
une enveloppe a
été débloquée en faveur des éleveurs en
difficulté
. Face à l'aggravation de la crise, une enveloppe
supplémentaire a été mobilisée le
3 novembre 1998 afin de compléter le dispositif d'aide en
faveur des éleveurs en difficulté. Les modalités
d'utilisation de cette enveloppe supplémentaire renforcent le soutien
apporté par les pouvoirs publics aux structures familiales de production
les plus fragilisées. En outre, un effort significatif est
réalisé pour soutenir l'élevage dans les zones à
faible densité porcine.
En ce qui concerne les cotisations sociales, le ministre de l'agriculture et de
la pêche a débloqué, en février 1999,
des
crédits à l'échelonnement ou à la prise en charge
des cotisations des éleveurs de porcs
. A la différence d'un
report généralisé des cotisations, cette mesure permet de
cibler l'aide sur les élevages les plus en difficulté.
Plus récemment,
le ministre de l'agriculture et de la pêche a
annoncé une nouvelle série de mesures en faveur des exploitations
porcines
. Une attention particulière a été
portée au soutien du modèle familial des exploitations
situées en zone de faible densité porcine. En effet, dans le
cadre de l'aide complémentaire destinée aux récents
investisseurs, les éleveurs en zone de montagne ou de faible
densité porcine bénéficieront d'un traitement
adéquat. De plus, un soutien spécifique à la promotion des
produits porcins de montagne a été apporté. Par ailleurs,
les dotations au fonds d'allégement des charges (FAC) vont être
débloquées (140 millions de francs) et réparties de
manière à bénéficier aux éleveurs de porcs
les plus touchés, ce qui correspond à des allégements des
charges.
Malgré l'ensemble de ces mesures, un certain nombre d'éleveurs se
trouvent en extrême difficulté. C'est pourquoi, il est
prévu de mettre en place un dispositif pour ces éleveurs en
faillite, afin qu'ils sortent honorablement de ce secteur.
Parallèlement à ces diverses mesures, dont votre rapporteur
pour avis se félicite, le projet de constitution d'interprofession
porcine a été relancé
. Une première
réunion a eu lieu le 11 mai dernier dans les locaux de l'OFIVAL
où ont été énoncés les dix principes
fondateurs de l'interprofession
10(
*
)
:
- L'interprofession a vocation à rassembler, autour d'un domaine de
compétence limité aux sujets techniques d'intérêt
commun, l'ensemble des familles nationales reconnues représentatives, de
la filière porcine ;
- Toutes les familles professionnelles, membres de l'interprofession,
seront à stricte égalité de pouvoir dans la
structure ;
- Toutes les décisions importantes, ne relevant pas de la gestion
courante (et à l'exception des conditions de désignation ou de
censure des dirigeants) ne pourront être prises qu'à
l'unanimité de tous les membres ;
- Une instance de conciliation et d'arbitrage, constituée
statutairement, ainsi que le prévoit la loi de 1975 sera chargé
d'aider à la résolution des éventuelles situations de
blocage et de conflits internes à la filière ;
- Le système de cotisation financière sera conçu de
telle façon qu'aucune famille ne puisse se prévaloir de
contribuer plus qu'une autre ;
La représentation des structures professionnelles régionales
seront donc répercutée en cascade jusqu'au consommateur avec
stricte transparence financière pour les opérateurs depuis le
producteur jusqu'au distributeur ;
- La représentation des structures interprofessionnelles
régionales sera assurée par la constitution d'une instance
nationale rassemblant l'ensemble de ces structures, qui sera
intégrée comme membre associé de l'interprofession ;
- Il sera institué, statutairement, des groupes de travail ou
comités spécialisés, avec une composition variant en
fonction des sujets à traiter, et présidés par une des
familles membres, auxquels pourront être associés tous experts ou
instances susceptibles d'apporter une contribution.
Ces groupes seront chargés d'établir des recommandations et de
préparer les décisions interprofessionnelles ;
- Le bureau sera désigné par le conseil d'administration
à la majorité qualifiée en l'absence d'unanimité.
De la même façon, une procédure de censure du bureau sera
prévue dans les statuts ;
- Il sera adopté le principe de la présidence
alternée entre les familles représentant l'amont de la
filière et celles représentant l'aval, sauf autre accord entre
les membres sur une représentant de n'importe lequel des membres ;
- Afin de permettre aux membres d'assurer un contrôle de la gestion
et de la structure, les statuts délimiteront les pouvoirs respectifs du
bureau, du conseil d'administration et de l'assemblée
générale, notamment sur le plan de leur incidence
financière.
Votre rapporteur pour avis regrette que ce projet d'interprofession soit
aujourd'hui abandonné. En juillet dernier, le président de la
fédération nationale porcine, M. Jacques Lemaître, s'est
déclaré " amer et extrêmement
déçu " par l'échec de la réflexion sur la mise
en place de l'interprofession nationale porcine.
4. La récente crise dans le secteur des fruits et légumes
La
campagne de commercialisation des fruits et légumes de
l'été 1999 s'est avérée désastreuse
pour certaines productions comme la pêche, la prune et plus
récemment la pomme... Le déroulement de cette campagne a
montré une nouvelle fois le paradoxe entre les prix payés aux
producteurs, ces derniers étant rémunérés à
des tarifs en-deçà des coûts de production, et les prix de
vente aux consommateurs.
Les relations commerciales entre les producteurs et les distributeurs sont
à nouveau à l'ordre du jour.
a) Les mesures prises par le Gouvernement
Le
Gouvernement a pris cet été
quatre arrêtés
,
sur la base de la loi d'orientation agricole,
afin d'obliger tous les
distributeurs à pratiquer un double affichage
(prix net payé
aux producteurs et prix de vente) pour neuf productions dont les pommes,
les poires, les raisins de table, les pêches, les nectarines, les
abricots, les melons, les tomates et les concombres. Ces mesures pourraient
s'appliquer pour une période de un à trois mois.
Ce système a été mis en place très progressivement.
Votre rapporteur pour avis est conscient des difficultés
rencontrées par certains producteurs. Il n'est pas, néanmoins,
persuadé que la règle du double affichage des prix
puisse
résoudre une telle crise conjoncturelle. La complexité du
système retenu, la lenteur d'application du dispositif, ainsi que les
pratiques de certains commerçants qui affichent un triple prix (prix
payé au producteur, prix payé aux grossistes et prix de vente),
risquent de rendre inopérant ce mécanisme.
Le Gouvernement a présenté le 23 septembre dernier aux
professionnels un plan de secours aux agriculteurs victimes de la crise des
fruits et légumes : les estimations portent sur 34 millions de
francs destinés à renforcer l'organisation des producteurs,
500 millions de francs pour la consolidation des prêts,
74 millions de francs pour des soutiens de marché dont
30 millions de francs déjà prévus pour les pommes.
Enfin, des aides structurelles directes aux producteurs devraient être
accordées. Pour l'essentiel il s'agit surtout de mesures de reports de
charges financières (consolidation des prêts) ou sociales, qu'il
faudra rembourser un jour.
Tous ces budgets seront réservés aux agriculteurs
adhérents d'un groupement ou s'engageant à le devenir. De plus,
le plan du ministère prévoit de plafonner les aides à
30.000 F par UTH (Unité de travail-homme) et 120.000 F par
exploitation.
Votre rapporteur pour avis rappelle que le véritable objectif du
dialogue interprofessionnel doit être d'augmenter les ventes de fruits et
légumes en accroissant la diversification, la valeur ajoutée et
la satisfaction des clients. C'est pourquoi il encourage à nouveau les
producteurs à s'organiser afin de renforcer leur position
vis-à-vis des acteurs de la filière. La fusion entre Carrefour et
Promodès rend encore plus urgente une telle organisation de l'amont.
b) Les relations entre production et grande distribution
Le
Premier ministre a annoncé, après les tables rondes de septembre
dernier, la
tenue d'Assises de la distribution
sur la valeur
ajoutée. En outre,
l'élaboration d'un code de bonne conduite
entre agriculteurs et distributeurs
-comme l'a proposé le Ministre
de l'Agriculture-
pourrait permettre de relancer les discussions entre les
différents acteurs.
Votre rapporteur pour avis s'interroge sur l'utilité de nouvelles
mesures législatives : celles-ci ont, jusqu'à
présent, été peu concluantes. La mise en place d'un
véritable partenariat entre le monde agricole. Les IAA et la
distribution, à l'instar de ce qui se passe dans certains pays d'Europe
du Nord, ne peut pas de décréter. Il constitue pourtant la seule
issue à ces relations par trop conflictuelles.
C. LES CRISES ALIMENTAIRES
Ces
derniers mois ont été ponctués de plusieurs crises
survenant dans l'alimentation : problèmes décelés
dans certains fromages au lait cru, poulets dans lesquels des traces de
à la dioxine ont été décelées, affaire
" Coca-Cola ", suspicion d'incorporation de sang de bovin dans
certains vins...
Votre rapporteur pour avis ne souhaite pas développer ces
différents aspects, la commission des affaires économiques ayant
mis en place dès le 5 mai dernier un groupe de travail sur les
industries agro-alimentaires qui a remis ses conclusions ce mois-ci. Par
ailleurs, il est nécessaire de laisser à l'AFSSA le temps de se
mettre en place et à la vingtaine d'articles de la loi d'orientation
agricole, adoptée en juillet dernier, relatifs à la
sécurité sanitaire des élevages et des produits
d'être mis en application.
Par ailleurs, le rapport pour avis de notre collègue
Mme Odette Terrade sur les crédits de la consommation dans le
projet de loi de finances pour 2000 retrace sommairement l'historique de ces
crises.
On rappellera, au demeurant, que si l'application du principe de
précaution est une nécessité, ses corollaires doivent
être les principes de proportionnalité et de compensation.
D. LE PROBLÈME DE L'INTÉGRATION
Les
différentes crises survenues dans les secteurs de la volaille, du veau
et du porc ont soulevé le problème de l'intégration. On
intègre aujourd'hui par l'amont (fournisseurs d'intrants), par l'aval
(abatteurs, distributeurs) mais aussi " de façon rampante, à
l'horizontale " c'est-à-dire tout simplement entre éleveurs.
Ce mouvement s'effectue pour répondre à une attente, à un
besoin de sécurité des producteurs mais, aussi lors des crises,
par expansionnisme. Il est en général provoqué par le choc
entre la lourdeur des investissements et la variabilité des cours.
Or, la loi -notamment celle de 1964- est aujourd'hui impuissante face à
ces nouvelles formes d'intégration et ne réglemente plus les
rapports contractuels entre intégrateurs et intégrés.
Cette intégration est néfaste pour les producteurs qui perdent
leur pouvoir économique, et conduit, en outre, à l'absence de
choix pour le consommateur à moyen terme.
1. La diversité des modes d'intégration
Selon
qu'elle se situe vers l'aval ou l'amont, l'intégration répond
à des réalités économiques différentes. En
aval, l'intégration anticipe et se substitue aux mécanismes de
soutien des marchés en cas du surabondance de l'offre par rapport
à la demande. C'est en effet, dans ce schéma précis, le
transformateur ou le négociant qui est le mieux armé pour
affronter le marché et entre autres déceler ce qui peut
être vendu de ce qui ne l'est pas
11(
*
)
.
L'intégration peut, et dans certains cas doit, orienter la production.
C'est ce qui donne à cette forme d'intégration aval une pleine
justification, du moins économique.
A l'opposé, l'intégration amont c'est-à-dire aux mains des
détenteurs des moyens de production se justifie économiquement en
cas de pénurie de l'offre. Elle stimule et incite à la production
sur un marché dont les besoins restent à satisfaire. Elle
s'explique aussi par les difficultés financières
rencontrées par les élevages.
Il y aurait donc, selon les époques et selon les contextes, une bonne
et une mauvaise intégration
. La volonté même
d'intégration de la filière a expliqué le
développement de la coopération, les agriculteurs désirant
contrôler soit leurs débouchés soit leur approvisionnement,
là où le capital privé faisait défaut.
2. Les difficultés posées par l'absence de solution face au développement de l'intégration
Face
aux développements des différentes formes d'intégration,
la question d'actualité réside dans la définition
même du terme d'intégration. Où commence-t-elle et
où finit-elle ? L'article 17.1 de la loi du
6 juillet 1964 qualifie de contrats d'intégration
" tous contrats, accords ou conventions conclus entre un producteur
agricole ou un groupe de producteurs et une ou plusieurs entreprises
industrielles ou commerciales comportant obligation réciproque de
fournitures de produits ou de services "... " Dans le domaine de
l'élevage, sont réputés contrats d'intégration les
contrats par lesquels le producteur s'engage envers une ou plusieurs
entreprises à élever ou à engraisser des animaux ou
à produire des denrées d'origine animale, et à se
conformer à des règles concernant la conduite de
l'élevage, l'approvisionnement en moyen de production ou
l'écoulement des produits finis "...
En développement depuis le début des années cinquante
et d'origine américaine, les contrats d'intégration ont, au fil
des années amené le législateur à
légiférer et la jurisprudence à prendre position :
- Une première fois avec la loi du 6 juillet 1964 (loi
n° 64-678) qui tend
" à définir les principes
et les modalités du régime contractuel en agriculture "
.
- Une deuxième fois avec la loi d'orientation agricole de 1980 pour
donner une base juridique aux contrats-type dans l'aviculture et
l'élevage des veaux de boucherie, filières historiques de
l'intégration (le contrat à façon pour la production de
poulets de chair a été totalement remanié en 1983). Ce
dispositif
" n'a constitué en rien une novation mais plus
modestement, a formalisé une jurisprudence constante de la cour de
cassation depuis 1976 ".
- Une troisième fois avec une jurisprudence de la Cour de Cassation
qui, depuis 1982, a pris une position diamétralement opposée,
élargissant dans ses attendus la notion d'intégration. Il suffit
ainsi que l'agriculteur soit lié à l'approvisionnement ou
à la revente et qu'il soit tenu à l'exclusivité ou
conditionné par des contraintes techniques pour qu'il y ait
intégration. Cette jurisprudence explique la position des industriels de
l'alimentation animale : leurs relations avec les éleveurs sont
souvent considérées par le juge comme de l'intégration,
alors que ce n'est pas réellement le cas sur le plan économique.
Malgré -ou à cause de- son évolution, cette
législation s'avère aujourd'hui dépassée et ne
répond pas à de nombreux problèmes liés à la
modification des structures et du marché. L'inadaptation de ce texte
tient dans son article 17 qui stipule que l'un des partenaires doit
être une entreprise commerciale ou industrielle. Ceci
" a pour
effet d'exclure d'office les coopératives, les groupements de
producteurs et les agriculteurs eux-mêmes du champ d'intervention de la
loi "
.
Toutes les conséquences de la récente crise du porc ne sont pas
encore connues, mais de réelles inquiétudes se font jour. Un
questionnaire mis au point par le SCEES (Service central des enquêtes et
des études statistiques) et adressé régulièrement
aux éleveurs porcins incluait dans sa mouture de novembre 1998 ces
deux nouvelles questions : y-a-t-il des porcs dont vous n'êtes pas
propriétaire ? ; y-a-t-il des porcs qui vous appartiennent
mais qui sont confiés à d'autres éleveurs ?
Une nouvelle forme d'intégration horizontale s'opère donc
entre éleveurs
qui, pour pouvoir développer leur production,
passent des contrats de façon avec d'autres éleveurs en
difficulté. Dans l'Ouest, lorsqu'un éleveur veut s'agrandir,
compte tenu des volumes de production et des normes de quantité d'azote
à l'hectare, il est obligé de passer par l'intégration
horizontale d'autres éleveurs.
Des éleveurs de l'Ouest de la France intègrent aujourd'hui jusque
dans le Maine-et-Loire ou en Mayenne. Avec un statut qualifié de
" salarié déguisé " ne bénéficiant
d'aucune protection
" cette nouvelle forme d'intégration
mettrait l'intégré dans une situation de dépendance totale
vis-à-vis d'un autre éleveur tout en échappant à la
loi de 1964 ".
Régulièrement taxés d'intégration
déguisée, les coopératives et les groupements de
producteurs sont eux aussi en dehors du champ d'application de la loi de 1964,
limitative, dans son article 17 aux firmes privées. Chacun en
convient :
" le producteur étant sociétaire d'une
coopérative ou membre d'un groupement ne peut, par définition
être intégré lui-même ".
3. La solution préconisée par la loi d'orientation agricole
Notre
collègue, M. Michel Souplet, rapporteur de la loi d'orientation
agricole, avait été à l'initiative d'un amendement
adopté par le Sénat prévoyant que
" dans un
délai d'un an à compter de la promulgation de la présente
loi, le Gouvernement présentera un rapport sur les adaptations
législatives ou
réglementaires nécessaires afin
d'encadrer le phénomène de l'intégration et de renforcer
le pouvoir économique des producteurs ".
Cet article a été inséré finalement au sein de
l'article 141 relatif au rapport global que doit remettre le Gouvernement.
Votre commission des affaires économiques suivra avec attention
l'évolution de ce dossier.
E. AGRICULTURE, ENVIRONNEMENT ET SANTÉ : LA NOUVELLE DONNE DES ANNÉES 90
La
double fonction de l'agriculture, économique et territoriale, s'est
trouvée confrontée, à la fin des années 80,
à la formulation d'exigences nouvelles de la société
à l'égard de la gestion de l'environnement.
Face à cette nouvelle demande, les politiques publiques, au niveau
international avec l'émergence du concept de développement
durable, au niveau européen avec l'élaboration d'une politique
environnementale communautaire, et au niveau national avec des dispositions
législatives et réglementaires multiples, intègrent
progressivement cette dimension.
Mais l'agriculture a la double caractéristique :
-
de supporter l'impact environnemental
de l'urbanisation et du
développement d'autres activités (imperméabilisation des
sols, pollution de l'air en particulier par la dioxine, etc.) ;
-
d'apporter une contribution positive à l'environnement
,
que ce soit face à l'effet de serre -par sa capacité à
recycler le gaz carbonique et à fournir de l'oxygène par la
photosynthèse- ou que ce soit à travers le recyclage de
déchets urbains et industriels par l'épandage des boues et
sous-produits sur les sols agricoles.
Conscients de ces nouvelles exigences, d'autant que la pérennité
de leur activité en dépend, les agriculteurs se sont
mobilisés pour faire évoluer leurs pratiques et nouer de
nouvelles relations avec le milieu rural
12(
*
)
.
1. Le rapport de la cellule " Prospective et Stratégie " du ministère de l'environnement
Votre
rapporteur pour avis a lu avec intérêt le rapport intitulé
" Agriculture, monde rural et environnement : qualité
oblige ", remis à Mme Dominique Voynet, Ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement, par la cellule
" Prospective et stratégie " du ministère de
l'Environnement. Initié à la demande de Mme Corinne Lepage fin
1995, ce rapport fait un bilan des atteintes environnementales des
activités agricoles et appelle à un " contrat " durable
entre l'agriculture, le monde rural et la société
13(
*
)
.
Les rapporteurs font un tour exhaustif des difficultés
générées par une agriculture portant
" l'héritage d'une mission productiviste très
forte "
et suscitant des problèmes
" parfois
inquiétants vis-à-vis du développement durable, mais pas
irrémédiables s'ils sont traités
rapidement
" : métaux dans les nappes et les sols, impact
des phytosanitaires sur la santé humaine, diffusion des
résistances aux antibiotiques, fossilisation des sols, appauvrissement
génétique... Le rapport indique que les conséquences
économiques et sociales de cette agriculture sont peu
" durables "
au regard des dommages causés par
certaines pratiques intensives qui perturbent d'autres activités
économiques dépendant des mêmes ressources naturelles
(tourisme,...).
Dans le même temps, le rapport affirme que des pratiques agricoles
peuvent favoriser une bonne gestion de l'eau ou le développement de la
biodiversité, voire contribuer à atténuer d'autres
problèmes environnementaux (production de biomasse
énergétique...).
Trois grands axes se dégagent des 160 recommandations
exprimées :
- Le premier concerne la reconnaissance et la prévention des
risques via notamment l'indépendance totale des structures de
contrôle vis-à-vis des acteurs économiques, l'admission des
associations de consommateurs et de protection de l'environnement dans les
institutions telles que les Chambres d'agriculture, l'ANDA, les contrats de
pays, les CDOA ;
- Le deuxième axe envisage une modernisation du cadre
socio-économique de l'agriculture prévoyant une clarification de
ses missions fondamentales (objectifs d'exportation,
multifonctionnalité...). Au nom d'une cohérence avec les demandes
sociales, le rapport recommande entre autres l'instauration d'une
" taxe élevée "
sur les intrants
prélevée au niveau des producteurs ; un prix
"
réel "
de l'usage de l'eau qui
" clarifie les
diverses situations de rentabilité ou non-rentabilité collective
de l'irrigation "
; des performances mesurées
d'après les rendements rapportés aux intrants utilisés et
non sur les productions brutes ; des systèmes
d'assurance-aléas prévoyant un bonus-malus selon la
qualité des pratiques ;
- Enfin, le rapport préconise une évolution de la recherche,
de la formation et des pratiques. La formation des agriculteurs doit
" s'adapter à la puissance des technologies qui leur sont
proposées
".
2. Une meilleure gestion de l'eau, des milieux et des déchets
a) Vers une meilleure gestion de l'eau
Les
agriculteurs sont aujourd'hui conscients de la nécessité d'une
gestion équilibrée et partenariale de l'eau
. La
priorité a été donnée à des
opérations de grande envergure, dont les effets ne sont toutefois pas
toujours immédiats.
La maîtrise des nitrates
a fait l'objet d'une
mobilisation
importante dans de nombreuses régions dès le milieu des
années 80
. Elle s'est structurée au début des
années 90 avec les opérations Ferti-Mieux, auxquelles se sont
ajoutées diverses opérations locales, en particulier sur des
bassins versants et des périmètres de captage. Ces
opérations ont servi de laboratoires, lorsqu'en 1997 a été
arrêtée, au niveau communautaire, la directive
" Nitrates ". Plutôt que d'imposer des normes nationales, des
programmes d'actions prenant en compte les spécificités
agronomiques de chaque région ont été
élaborés par zone. Ces programmes couvrent 10 millions
d'hectares dans soixante-dix départements, soit le tiers de la SAU.
Dès à présent, les achats en volume d'engrais
minéraux azotés ont diminué de 2 % depuis 1990, alors
que le volume des productions végétales a augmenté de
3 % durant la même période.
La maîtrise des effluents d'élevage
, dans le cadre du
Programme de Maîtrise des Pollutions d'Origine Agricole, à partir
de 1993, a conduit à une forte adhésion des éleveurs pour
assurer une bonne récupération des effluents d'élevage et
de l'épandage de leurs effluents. Dans le même temps, les travaux
sur l'alimentation animale permettent de réduire les rejets
azotés et phosphates de 20 à 30 % dans les élevages
de porcs et de volailles qui utilisent une alimentation multiphase. A l'issue
du programme en cours, à l'horizon 2000, plus de la moitié
des effluents d'élevage devraient être intégrés dans
le programme de maîtrise. Ceci représentera un investissement de
plus de 15 milliards de francs dont plus du tiers financé par les
éleveurs eux-mêmes. Les effets sur l'eau de la maîtrise des
nitrates et des effluents d'élevage ne peuvent se mesurer que sur
plusieurs années.
Les opérations de couverture des terres nues en hiver se sont
multipliées et, dans plusieurs bassins, les teneurs en nitrate des eaux
ont été stabilisées ou sont en baisse. Néanmoins,
les excédents d'azote d'origine agricole se sont accrus de 1995 à
1997 : cette hausse de l'azote total (minéral et organique) est due
à l'augmentation des surfaces fertilisables et au choix des cultures qui
demandent le plus d'azote minéral. Cette tendance est inversée
pour les engrais organiques dont l'apport a diminué de 2 % sur la
même période.
Votre rapporteur pour avis a pris connaissance des différents articles
de presse sur ce sujet -n'ayant pas eu la possibilité de se faire
communiquer le rapport de l'Inspection générale des finances -
relatives au coût et à l'inefficacité du PMPOA.
Il
souhaite néanmoins que le volet élevage du programme soit
mené à terme, considérant qu'il est " difficile de
changer les règles du jeu en cours de partie ".
La maîtrise des produits phytosanitaires
fait l'objet
d'un
investissement plus récent
. Des opérations de
récupération des produits périmés et de diagnostics
de pulvérisateurs sont engagées dans plus de la moitié des
départements. De 1990 à 1998, 1400 tonnes de produits ont
été ainsi éliminés, soit dix fois plus qu'au cours
de la décennie précédente. En 1998, l'ensemble de la
filière phytosanitaire et agricole s'est engagée dans
l'opération Phyto-Mieux, visant à mobiliser les agriculteurs sur
les bonnes pratiques phytosanitaires, par rapport à la production
agricole. Au contraire, entre 1970 et 1990, leur utilisation avait
augmenté deux fois plus rapidement que la production.
La maîtrise quantitative et qualitative de l'utilisation de l'eau
est devenue une préoccupation majeure.
La priorité est
donnée à la gestion de l'eau au niveau des bassins versants, qui
accorde une place importante à la négociation entre les acteurs.
Les irriguants, favorables à la transparence des volumes d'eau
prélevés, sont engagés dans la mise en oeuvre d'outils
volontaires de gestion et d'économie d'eau adaptés aux situations
locales. Ils sont, d'ores et déjà, des partenaires actifs dans la
définition et le suivi des plans de gestion des cours d'eau
réalimentés, dans la mise en oeuvre de la gestion
volumétrique des prélèvements en nappes et en cours d'eau
et dans la réflexion sur les schémas hydrauliques locaux et
départementaux.
La création d'Irri-Mieux par la profession agricole, au niveau national,
vient renforcer cette orientation en soutenant des projets locaux exemplaires,
qui visent la promotion d'une gestion globale et équilibrée de la
ressource en eau et qui concilient le respect de l'environnement et une
agriculture économique viable.
LE PROGRAMME IRRI-MIEUX - " QUI FAIT QUOI ? "
Selon un
schéma assez classique, Irri-Mieux se découpe en deux niveaux de
gestion des dossiers :
Au niveau local
:
- Le Comité de pilotage local (CPL) : lieu de
négociation et d'écoute, il est ouvert à différents
types d'usagers et de gestionnaires de l'eau. Il est le garant de la
concertation et de l'engagement des partenaires du projet. C'est lui qui
définit les orientations du projet, les priorités et les moyens.
- L'équipe technique : elle vient en appui du comité de
pilotage local sur des questions techniques et scientifiques.
- L'animateur : il assure la cohérence globale du projet et
mobilise les compétences nécessaires.
- Le maître d'ouvrage : il rassemble les crédits et les
gère.
Au niveau national
:
- Le Comité de pilotage national (CPN) : il oriente les
réflexions et les travaux et décide de l'agrément des
projets locaux. Il se compose de représentants professionnels et
institutionnels. Un responsable professionnel agricole le préside.
- Le Comité scientifique et technique (CST) : il joue un
rôle d'expert auprès du Comité de pilotage national. Il se
compose de personnes nommées à titre personnel et reconnues pour
leurs compétences. Un scientifique le préside.
- Le Comité scientifique et technique s'appuie sur des groupes de
travail temporaires, auxquels il commande un certain nombre d'études de
synthèse ou prospectives comme sur une cellule technique, relais entre
les instances nationales de décision et les projets locaux.
Un projet agréé par le Comité de pilotage national
bénéficie d'une incitation financière d'un montant total
de 100.000 francs provenant à parité de l'ANDA et des
ministères chargés de l'Agriculture et de
l'Environnement
14(
*
)
.
b) La gestion des milieux
L'agriculteur doit de plus en plus intégrer à
son
projet la prise en compte des milieux. Il s'agit, d'une part, de réduire
la pression qu'exerce l'agriculture dans certaines zones fragiles et, d'autre
part, de valoriser l'activité agricole, facteur de prévention de
certains risques naturels dans d'autres.
Cette démarche est multiforme :
La mise en place de programmes de lutte contre la déprise de certains
territoires
(débroussaillage, conduite de troupeaux...), de
préservation de zones humides (bandes enherbées, décalage
de date de fauche...), de mise en valeur des paysages locaux (restauration de
haies, mares...), d'aménagement de zones naturelles ou d'insertion
paysagère de bâtiments,
se traduit pour les agriculteurs par
l'adoption de pratiques permettant la valorisation de productions locales, la
préservation du cadre de vie et le maintien des
écosystèmes
.
Pour prévenir les risques naturels
, de
multiples actions
adaptées aux problématiques locales sont
engagées
:
- la lutte contre l'érosion est un enjeu pour les agriculteurs, eu
égard aux pertes de potentiel de récoltes que celle-ci engendre.
Ainsi, ils modifient leurs pratiques et aménagent leurs parcelles ;
- la lutte contre les incendies de forêt mobilise agriculteurs,
forestiers et associations, pour élaborer des programmes d'intervention
qui passent par l'amélioration de techniques pastorales, la
création de coupures vertes ;
- la lutte contre les inondations a amené les agriculteurs à
adapter leurs techniques culturales, à participer à l'entretien
des berges et des digues.
La préservation de la biodiversité animale et
végétale
a conduit, plus récemment, à
la
réalisation de cahiers des charges
permettant de concilier
protection et gestion.
c) La gestion des déchets
Des
quantités considérables et croissantes de déchets,
générés par les milieux urbain et industriel, doivent
être recyclées
: 6 à 7.000 tonnes de boues de
station d'épuration, autant d'effluents industriels, et 1 million
de tonnes de compost d'ordures ménagères et de déchets
verts.
Le recyclage agricole est souvent privilégié par rapport à
la mise en décharge ou à l'incinération :
60 % des boues sont en effet épandues sur les sols
agricoles
. Pour garantir la qualité du recyclage et éliminer
les risques de transfert de pollution, les opérations d'épandage
doivent être conduites avec une très grande rigueur. Ainsi,
l'épandage agricole des boues et déchets des collectivités
et industries a fait l'objet d'une réglementation plus stricte.
Mais
la multiplication des restrictions commerciales et les exigences des
consommateurs impliquent une clarification de la part des pouvoirs publics sur
ce mode de recyclage, qui apparaît plus économique et
écologique que l'incinération et constitue un service que rendent
les agriculteurs à la société.
Ce problème d'épandage des boues de stations d'épuration
est d'actualité.
Plusieurs organisations professionnelles ont présenté le
11 juin dernier, au sein du Comité national sur l'épandage
des boues d'épuration, leur projet relatif au fonds de garantie qu'elles
souhaitent établir pour faire face aux risques engendrés par ces
matériaux.
En outre, les organisations professionnelles ont indiqué que
" devant l'impossibilité d'obtenir des garanties sur
l'innocuité des boues de station d'épuration proposées aux
agriculteurs, face à l'inertie étonnante des pouvoirs publics qui
refusent de répondre aux demandes répétées de la
profession, elles décident de suspendre tout épandage de ces
boues "
15(
*
)
.
Parallèlement,
le projet de système assurantiel
présenté le 27 avril par le ministère des Finances
préconise l'établissement d'un contrat souscrit par le producteur
de boue, couvrant l'exploitant agricole et le propriétaire foncier
.
Ce contrat, négocié au cas par cas au niveau de chaque commune,
couvrirait les pertes de récolte et de revenu liés à un
incident. Le système prévoit également un lien entre le
montant de la prime d'assurance et la qualité de la boue.
Réticents à un tel projet, les professionnels défendent
la mise en place d'un fonds de garantie qui soit rapide, unifié,
obligatoire et garant d'un traitement égal pour tous.
Les OPA veulent avant tout, en cas d'incident, un système à
même de traiter rapidement les demandes d'indemnisation sans attendre la
fin des procédures judiciaires. Le mécanisme du fonds se
retournerait contre les intervenants de la filière en cause, une fois
l'expertise réalisée et le lien entre le dommage et les boues
établi. Le fonds de garantie serait financé grâce à
une taxe à la tonne de boue brute épandue à hauteur de
10 francs et répercutée sur le prix de l'eau. Les OPA
désirent, d'autre part, la couverture, au sens large, des risques de
développement qui ne se limite pas à 10 ans, ni à la
seule notion de rendement qui semblerait être la seule retenue dans le
projet de Bercy. Elles regrettent que la qualité des sols,
l'environnement et la valeur patrimoniale des terres ne soit pas inclus dans le
système proposé par le Gouvernement.
REPÈRES :
11.000
stations d'épuration produisent 850.000 tonnes de matière
sèche de boues par an (1,3 million prévues en 2005).
Destination des boues : Epandage en agriculture : 60 % ;
Mise en décharge : 20 à 25 % ;
Incinération : 10 à 15%.
Source
: APCA
Au mois d'août dernier, l'association UFC-Que Choisir a saisi la justice
du dossier des boues d'épuration incorporées dans les farines
animales.
3. Le développement de nouveaux types d'agriculture
a) La notion d'agriculture raisonnée
La
gestion de l'environnement pour un agriculteur passe avant tout par la gestion
de l'espace et des flux de matière
. L'agriculture raisonnée
consiste dans le fait de produire -en travaillant sur une exploitation
économiquement viable-, tout en utilisant des méthodes
respectueuses de l'environnement. Il s'agit donc d'un processus
spécifique de production adopté par l'exploitant.
Cette pratique d'agriculture raisonnée passe, par exemple, dans une
exploitation, par le diagnostic des risques environnement sur le parcellaire,
la mise en place d'aménagements permettant de limiter ces risques -par
un outil de suivi agronomique personnalisé- ainsi que la gestion de la
protection des cultures et de la fertilisation sur l'exploitation.
Votre rapporteur pour avis prendra le volet vert d'Agri Confiance
comme exemple d'agriculture raisonnée.
Lancé par la CFCA en 1992, le programme Agri Confiance a permis
d'élaborer et de développer un système d'Assurance
Qualité centré sur la production agricole, spécifique aux
entreprises coopératives agricoles. Il a pour objectif de redonner
pleinement confiance aux clients des coopératives quant à la
régularité, la conformité et la sûreté des
productions agricoles dans le respect des contraintes environnementales. Agri
Confiance certifie la qualité des flux de produits, d'informations ou de
services échangés au sein de l'interface
adhérents-producteurs/salariés des coopératives
16(
*
)
.
Dans un contexte où désormais les consommateurs exigent non
seulement des denrées alimentaires saines et de qualité mais
aussi la garantie qu'elles ont été produites dans le respect de
l'environnement le secteur de la coopération agricole a souhaité
renforcer le champ d'application d'Agri Confiance aux aspects environnementaux.
Ainsi, ce volet environnemental -volet vert- d'Agri Confiance a pour
objectif d'assurer le respect de l'environnement dès le premier maillon
de la chaîne agro-alimentaire
, la production agricole : ce
nouveau volet recouvre la connaissance, la maîtrise et la
prévention des risques de pollutions accidentelles et diffuses sur
l'exploitation agricole. Il implique la formation des agriculteurs par les
conseillers des coopératives, la collecte des données agricoles
relative au respect de l'environnement, la connaissance et la pratique des
outils de l'agriculture raisonnée choisis par l'entreprise
coopérative pour son efficacité. Il viendra prolonger les
systèmes de management environnemental mis en oeuvre en aval sur les
sites industriels des entreprises coopératives.
Cette opération a le soutien de l'ANDA, de l'ADEME et des
ministères de l'agriculture et de l'industrie.
A l'instar, du volet qualité d'Agri Confiance, qui s'est appuyé
sur les normes ISO 9002, le référentiel expérimental du
volet environnemental du programme est inspiré de la norme ISO 14001. Il
reprend les grandes lignes directrices de la norme industrielle, à
savoir l'élaboration d'une politique environnementale, la
détermination d'objectifs relatifs aux activités de la
coopérative avec ses adhérents et la mise en place d'actions pour
réaliser ces objectifs.
Ce référentiel mixte, Qualité et Environnement, a fait
l'objet dès mai 1999 d'une expérimentation auprès
d'une vingtaine d'entreprises coopératives, sur une durée de 18
mois
. Les sites pilotes ont été sélectionnés
pour leur représentativité en matière de filières,
de régions, d'engagement dans la démarche qualité Agri
Confiance ou dans une autre démarche de politique environnementale.
L'expérimentation comprend trois étapes
: un
diagnostic préalable réalisé par des auditeurs
spécialisés, la détermination et la mise en place d'un
plan d'action pour se mettre en conformité avec le
référentiel (estimation 12 à 14 mois) et un audit final (2
mois) qui aura pour but de mesurer la faisabilité du
référentiel et les points de blocages éventuels.
Cette expérimentation a pour objectif la remontée d'informations
de terrain relatives à la faisabilité technique, politique et
organisationnelle du " volet vert ", afin de valider le
référentiel.
L'objectif est de proposer un référentiel définitif pour
la fin de l'an 2000, avec mise en application dès 2001. Les
entreprises déjà certifiées Agri Confiance auront alors au
plus 3 ans pour se mettre en conformité avec le nouveau
référentiel mixte Agri Confiance sous le nom de :
" Management de la Qualité et de l'Environnement des organisations
de production agricole ".
b) La forte progression de l'agriculture biologique
En
1998, la France comptait plus de 6.200 agriculteurs et près de
3.500 entreprises de transformation engagés dans l'agriculture
biologique.
Face au développement de ce type d'agriculture, votre rapporteur
pour avis se félicite que le ministère de l'agriculture ait
accru, en 1999, son effort financier par :
- la prise en charge du contrôle de l'usage de la marque collective
de certification " AB " par les organismes certificateurs,
- la poursuite des aides à la recherche de solutions alternatives
pour la lutte contre les parasites pour l'élaboration de guides
d'utilisation des intrants,
- la poursuite du financement d'un observatoire national de l'agriculture
biologique,
- la participation au financement des instances nationales partenaires
dans la réalisation du plan pluriannuel de développement de
l'agriculture biologique,
- la forte augmentation des aides financières à la
conversion en agriculture biologique dans le cadre du règlement CEE
n° 2078/92 du Conseil du 30 juin 1992 concernant les mesures
agri-environnementales (15 millions de francs en 1997, 60 en 1998,
90 millions de francs en 1999),
- et la promotion et protection du logo " agriculture
biologique " utilisable sur des produits contenant au moins 95 %
d'ingrédients d'origine agricoles issus de l'agriculture biologique
produits, contrôlés et certifiés selon les
réglementations nationale et communautaire.
Par ailleurs, le Plan pluriannuel de développement de l'agriculture
biologique (1998-2002), annoncé le 12 décembre 1997 par le
Ministre de l'agriculture et de la pêche, est, selon les informations
fournies par le ministère, en cours de réalisation avec :
- l'accompagnement des agriculteurs qui choisissent la voie de
l'agriculture biologique en leur apportant des aides
réévaluées à la conversion et à
l'adaptation. Les 60 millions de francs mobilisés dès 1998
(90 millions de francs en 1999), ont permis de passer de 600 à
1.400 conversions par an et les surfaces en agriculture biologique et en
conversion sont passées de 165.400 ha en 1997 à
218.800 en 1998 et devraient dépasser 270.000 ha en 1999.
Dès la fin de 1999, les mesures d'aide à la conversion devraient
s'insérer dans les nouveaux contrats territoriaux d'exploitation
(CTE) ;
- les audits pour la réalisation de plans d'action régionaux
concertés sur des projets agriculture biologique dans le cadre des
contrats de plan Etat-région ;
- la mobilisation des offices interprofessionnels pour la sensibilisation
des producteurs et l'aide à la structuration des filières
(8 millions de francs en 1998, 30 à 35 millions de francs en
1999) ;
- la mobilisation des organismes de recherche, de formation,
d'enseignement et de développement (instituts techniques,
établissements d'enseignement, association nationale de
développement agricole,...) ;
- la valorisation des outils disponibles : marque collective de
certification " AB ", observatoire national de l'agriculture
biologique... ;
- l'élaboration au niveau régional de plans d'actions
régionaux concertés, en concertation avec le ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement (4 millions de
francs) ;
- la mise en place et fonctionnement du Comité d'orientation, de
suivi et d'évaluation du plan associant les principaux partenaires
administratifs et professionnels concernés par la mise en place du Plan
ainsi que la nomination d'un chargé de mission agriculture biologique
chargé notamment de la faisabilité et de la constitution d'un
groupement d'intérêt publique (GIP) concernant l'agriculture
biologique -GIP rendu possible par la nouvelle loi d'orientation agricole-. La
loi ouvre également la possibilité de création d'une
interprofession spécifique à compétence nationale pour les
produits issus de l'agriculture biologique.
Parallèlement aux actions menées par les pouvoirs publics, la
Confédération française de la coopération agricole
(CFCA) et la Fédération des entreprises du Commerce et de la
Distribution (FCD) ont signé, le 29 juin dernier, un protocole de
collaboration sur l'agriculture biologique.
L'objectif est de promouvoir et de développer la production agricole
biologique française dans le cadre de filières organisées.
Convaincus qu'une offre structurée en parfaite adéquation avec
les besoins identifiés du marché le permettra, les deux
partenaires ont décidé de s'engager sur trois actions
particulières :
- enrichir la connaissance des marchés : un comité
de liaison FCD-C.F.C.A. recensera les opérateurs et analysera
l'évolution de la production et de la demande des consommateurs ;
- réaliser des partenariats
coopératives-distributeurs : un annuaire-contact des
opérateurs coopératifs sera diffusé auprès des
enseignes ; des sessions d'information seront organisées et les
démarches contractuelles seront encouragées ;
- améliorer la qualité et la traçabilité des
produits : l'accent sera mis sur les démarches d'assurance
qualité (Agri-Confiance)n afin de maintenir un positionnement
" qualité " rigoureux des produits sous logo AB.
Votre rapporteur pour avis note que des directives internationales pour la
production, la transformation, l'étiquetage et la commercialisation des
aliments issus de l'agriculture biologique ont été
approuvées le 3 juillet à Rome par la commission du Codex
Alimentarius de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
En outre, la Commission du Codex a mis sur pied un équipe
intergouvernementale spéciale pour accélérer
l'élaboration de normes sur les aliments dérivés des
biotechnologies. Selon la définition adoptée par le Codex
Alimentarius, "
l'agriculture biologique est un système de
gestion holistique de la production qui favorise la santé de
l'écosystème, y compris la biodiversité, les cycles
biologiques et l'activité biologique des sols
". Pour le CODEX,
l'agriculture biologique repose ainsi sur les principes suivants :
utiliser le moins possible d'apports extérieurs et éviter
l'emploi d'engrais et pesticides de synthèse.
F. LES AGRICULTEURS FACE AU " BOGUE " DE L'AN 2000
Si le
système informatique propre au ministère de l'agriculture est
confronté au passage à l'an 2000 comme toutes les institutions et
entreprises, les exploitations agricoles doivent aussi s'y préparer
puisque sont concernés les automatismes, les équipements de
sécurité, l'approvisionnement, ainsi que les opérations de
gestion.
Plusieurs risques sont envisageables
: arrêts de
production, dysfonctionnement d'un système de traite automatique, du
système d'arrosage, déclenchement intempestif d'un système
de ventilation après perturbation de l'alarme, perte de données
informatiques...
Le ministère de l'agriculture a réalisé un " guide
pratique " et une opération de sensibilisation à Rennes du
14 au 17 septembre. Les actions de sensibilisation seront menées
conjointement avec les Chambres d'agriculture et leurs centres de
formalités des entreprises ainsi que les DDAF.
Il est important de préciser que les risques liés au passage
de l'an 2000 sont prévisibles -il ne s'agit pas d'une
événement aléatoire- et ne sont donc pas
assurables
. Mais plusieurs assureurs font de la prévention avec la
réalisation, par exemple, d'un miniguide " Votre exploitation
agricole passera-t-elle l'an 2000 ? " et l'envoi d'un questionnaire
aux principaux fournisseurs d'équipements et de matériel
informatique et électronique, afin de recenser les principaux risques.
Les réponses ont donné lieu à des recommandations courant
septembre.
Votre rapporteur pour avis se félicite de ces différentes
initiatives.
III. UN ENVIRONNEMENT COMMUNAUTAIRE ET INTERNATIONAL INCERTAIN
A. 1999 : L'ANNÉE DES RÉFORMES COMMUNAUTAIRES
1. La réforme de la Politique Agricole Commune
a) Les principes de la réforme de mars 1999
Les
principes de la réforme de la PAC peuvent être ainsi
résumés :
- poursuite de l'alignement du marché intérieur sur le
marché mondial, par la baisse des prix d'intervention et
l'affaiblissement des mécanismes d'intervention ;
- généralisation des aides directes ne compensant que
partiellement la baisse des prix ;
- plus grande subsidiarité laissée aux Etats pour prendre en
compte les réalités agricoles, mettre en oeuvre
l'éco-conditionnalité et éventuellement moduler les
aides.
b) Les mesures prises pour les différentes organisations communes de marché
Pour l'OCM Grandes cultures
, les décisions
sont
les suivantes :
- la fixation du taux de gel à 10 % ;
- l'alignement progressif des aides oléagineux sur les
céréales ;
- une baisse des prix d'intervention de 15 % en deux étapes,
le niveau des prix pour la campagne 2002-2003 étant arrêté
sur la base de l'évolution des prix ;
- des paiements à la surface accrus, mais ne couvrant que 50 %
de la baisse des prix ;
- le maintien d'une aide spécifique pour les protéagineux,
mais en diminution de 7,5 % ;
- le versement des aides décalé d'un mois (à partir
du 16 novembre). Soulignons que la spécificité
" maïs " et l'herbe ensilage ont été prises en
compte. En outre, le mécanisme des majorations mensuelles a
été prorogé.
En ce qui concerne l'OCM lait
, les mesures consistent en :
- une baisse des prix du beurre et de la poudre de lait de 15 % et de
17 % du prix indicatif du lait, partiellement compensée ;
- une hausse de 2,4 % en deux étapes du quota
communautaire ;
- des enveloppes nationales de crédits communautaires
créées à partir de 2005 pour financer soit un
supplément de prix, soit une aide à l'hectare de pâturage
permanent.
Il a été annoncée, en outre, une sortie à moyen
terme du régime des quotas.
Pour l'OCM " viande bovine ",
l'accord repose sur :
- une baisse des prix de 20 % en trois campagnes ;
- une revalorisation de la prime à la vache allaitante de
262 F, dont 131 F au titre du complément national ;
- la mise en place d'un stockage privé et le déclenchement
du stockage public, si le prix descend en dessous de 10 % du prix de base,
soit 11 francs/kg ;
- une augmentation de la prime spéciale pour les jeunes bovins de
55,5 % et de 38 % pour celle des gros bovins ;
- l'instauration d'une prime à l'abattage pour les animaux adultes
et pour les veaux ;
- enfin, comme pour l'élevage laitier, des enveloppes nationales de
crédits communautaires.
L'OCM vin
L'objectif de la réforme de l'OCM viti-vinicole est de permettre
à une production européenne de qualité de
développer ses performances dans un contexte économique
globalement favorable à ce secteur. Cette réforme se traduit
par :
- une simplification importante de la réglementation communautaire
dans la mesure où le nouveau règlement unique remplace les
vingt-trois règlements actuellement en vigueur ;
- des droits de plantations nouvelles, représentant
51.000 hectares au niveau européen, dont 13.565 ha pour la
France. En outre, une réserve communautaire de droits
supplémentaires de 17.000 ha a été mise en place et
sera répartie en fonction des besoins des régions de production.
De plus, une certaine flexibilité a été introduite dans le
gestion des droits de replantation ;
Etats membres |
Droits nouveaux (hectares) |
Allemagne |
1 534 |
Autriche |
722 |
Espagne |
17 355 |
France |
13 565 |
Grèce |
1 098 |
Italie |
12 933 |
Luxembourg |
18 |
Portugal |
3 760 |
TOTAL |
51 000 |
Réserve |
17 000 |
- un soutien en faveur de la restructuration et de la
reconversion du vignoble, en vue d'adapter la production aux besoins du
marché. Ce soutien est limité à une certaine superficie
pour chaque Etat membre ;
- une nouvelle réglementation concernant les pratiques
oenologiques, reposant notamment sur le statu quo en matière
d'enrichissement des vins (chaptalisation ou moût concentré). Par
ailleurs, contrairement à la proposition de la Commission, la
vinification des moûts importés et le coupage des vins
communautaires avec des vins importés sont interdits ;
- une modification du régime de la distillation : la gestion
du marché repose désormais uniquement sur la distillation en cas
de crise (suppression des distillations obligatoire, volontaire et de soutien)
et la distillation des alcools de bouche, dont le prix d'intervention sera
fonction de l'état des marchés viti-vinicoles
communautaires ;
- une reconnaissance des organisations de producteurs et des
interprofessions dans la réglementation communautaire.
Votre Commission des Affaires économiques a suivi avec attention
l'évolution des négociations. La décision prise à
Berlin sur l'OCM viti-vinicole prend en compte d'ailleurs certaines demandes
formulées par le Sénat en février 1999
17(
*
)
.
c) L'encadrement des aides
L'Agenda 2000 introduit deux nouveautés :
d'une part,
l'écoconditionnalité des aides :
dans le but de mieux articuler les soutiens octroyés dans le cadre
des organisations de marché avec les préoccupations
environnementales, les Etats membres doivent prendre des mesures
consistant :
- à subordonner les aides à des actions
agro-environnementales,
- à élaborer des prescriptions environnementales
spécifiques constituant une condition d'octroi des aides.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, a
décidé cette année de réserver le versement des
aides majorées aux agriculteurs dont les cultures irriguées
respectent la police de l'eau et disposent d'une autorisation de
prélèvement. Pour la campagne suivante, le versement des aides
sera subordonné à la présence de compteurs, afin de
favoriser une bonne gestion de la ressource en eau.
D'autre part, la modulation des aides
: les Etats membres ont
la possibilité de réduire les aides versées aux
agriculteurs dans une limite de 20 %, sur la base de trois
critères :
- l'emploi, dans le cas où la main-d'oeuvre sur l'exploitation est
inférieure à un seuil défini par l'Etat ;
- la prospérité globale des exploitations, dans le cas
où la marge brute de l'exploitation est supérieure à un
seuil fixé par l'Etat-membre ;
- le montant total des aides, dans le cas où celui-ci excède
un seul fixé également par l'Etat membre.
Le produit de la modulation ainsi que les réductions d'aides
liées à l'écoconditionnalité sont conservés
par les Etats membres, qui peuvent l'utiliser au titre du règlement
" développement rural ".
Le plafonnement des aides,
initialement envisagé par la Commission, a été
abandonné
. La dégressivité des aides demandée
par la France, avec le double objectif de réduire la dépense
agricole et de consolider le développement rural, n'a pas fait le
consensus au niveau des Quinze.
Le ministre de l'agriculture a annoncé, le mercredi 28 juillet
dernier, la mise en oeuvre de la modulation des aides directes, qui devra
permettre d'assurer le financement des CTE, pierre angulaire de la loi
d'orientation agricole.
La modulation des aides directes était
fondée initialement sur deux critères : le montant total des
aides et l'emploi.
Dans le dispositif par le ministre de l'agriculture le 28 juillet
dernier
, les agriculteurs concernés par la modulation étaient
ceux qui percevaient plus de 250.000 francs d'aides directes,
correspondant à des exploitations d'au moins 100 hectares de
céréales, oléagineux et protéagineux. Un
barème progressif en fonction du montant des aides directes devait fixer
le taux de modulation, qui aurait atteint 20 % pour les exploitations qui
bénéficiaient de plus de 700.000 francs d'aides directes,
soit les exploitations de plus de 280 hectares de céréales,
oléagineux, protéagineux.
La prise en compte de l'emploi s'effectuait de la manière
suivante :
- pour les groupements agricoles d'exploitation en commun (GAEC), et pour
les associés actifs des exploitations agricoles à
responsabilité limitée (EARL), le principe de transparence aurait
été appliqué : le montant des aides aurait
été divisé par le nombre d'associés actifs sur
l'exploitation avant de déterminer le taux de prélèvement
applicable sur l'ensemble des aides directes de l'exploitation ;
- pour tenir compte de l'emploi salarié, une réduction
forfaitaire de 15.000 francs aurait été effectuée
pour chaque emploi à temps plein sur le montant du
prélèvement ;
- pour tenir compte de la main d'oeuvre familiale travaillant
effectivement sur l'exploitation, une réduction forfaitaire de 5/12 des
charges sociales plafonnée à 15.000 francs aurait
été effectuée sur chaque co-exploitant sur le montant du
prélèvement.
Compte tenu de l'ensemble de ces choix, 30.000 exploitations sur le
s680.000 exploitations françaises auraient été
concernées par la modulation des aides, soit environ 4 % d'entre
elles.
Cette modulation des aides doit abonder les crédits destinés
à la politique de développement rural analysée par mon
collègue Henri Revol, rapporteur pour avis des crédits relatifs
au développement rural.
Ce dispositif a été fortement critiqué par les OPA. Le
ministre de l'agriculture, lors de la conférence agricole du 21 octobre
dernier, a annoncé une modification de ce mécanisme avec une
meilleure prise en compte du critère de l'emploi et l'intégration
de la marge brute standard (MBS).
Votre rapporteur se félicite de cet infléchissement politique. Il
ne comprend pas, néanmoins, les raisons de l'empressement de
M. Jean Glavany, au mois de juillet dernier, à prendre une
décision hâtive et démagogique.
Votre rapporteur pour avis considère, malgré les
nouvelles propositions ministérielles, cette mesure comme
:
-
dangereuse
dans la mesure où elle consacre l'agriculture
duale, une agriculture devant en aider une autre. En effet, cette
décision risque de fissurer à terme tout le système
mutualiste, coopératif et syndical ;
-
techniquement absurde
puisque le choix des modalités
d'application entraînait initialement la mise en place d'une logique
difficilement compréhensible : pour bon nombre d'exploitations
agricoles situées en zones intermédiaires, 20% de modulation
provoquait 40 % de revenu en moins. Si la prise en compte de la MBS permet
de réduire quelques injustices, elle ne règle pas tous les
problèmes ;
-
démagogique
puisque seront pénalisées les
entreprises agricoles économiquement viables. Conjuguée avec le
passage obligatoire aux 35 heures, l'application de la modulation pourrait
provoquer "
une augmentation de la puissance des matériels
entraînant ainsi une baisse des temps de travail, donc des salaires et
jusqu'à la baisse du nombre d'employés
18(
*
)
;
-
injuste et discriminatoire
puisqu'elle touche presque
exclusivement les exploitations consacrées aux céréales et
aux oléoprotéagineux. On peut, en outre, s'étonner que,
contrairement aux EARL et aux GAEC, le principe de transparence ne soit pas
appliqué aux sociétés civiles d'exploitations agricoles.
d) Brève analyse de la réforme communautaire
Votre
rapporteur pour avis s'interroge sur certains points de la réforme
communautaire :
- tout d'abord,
les perspectives de développement de la sole
oléagineuse paraissent compromises
en raison de l'évolution
des prix et de l'équilibre du marché du blé : en
outre, l'indépendance de l'Union européenne pour son
approvisionnement en protéines végétales est à
nouveau fragilisée ;
- ensuite, le
marché de la viande bovine est
déstabilisé
compte tenu de l'abandon de la prime
" Hérode ", de la limitation de l'exportation
subventionnée et du manque d'efficacité des mécanismes de
gestion ;
-
l'augmentation du quota communautaire, le niveau des prix et
l'annonce de la sorte des quotas pourraient déséquilibrer
à moyen terme les marchés laitiers ;
- enfin,
plusieurs interrogations demeurent
sur les
modalités de la conditionnalité environnementale
:
s'agit-il d'un simple respect des réglementations existantes ou d'un
encouragement à certaines pratiques ? Quel est le lien entre les
réglementations et la production aidée, quel sera le niveau de la
sanction ?
Soulignons que cinq groupes de travail ont été
installés le 20 mai dernier au sein du Conseil supérieur
d'orientation, sur plusieurs thèmes tels que : le bilan des accords
de Berlin, la mise en oeuvre de la modulation des aides, le plan de
régionalisation des rendements et le contrôle et
l'approvisionnement des aides communautaires.
L'ensemble des règlements sur la mise en oeuvre de la PAC ont
été adoptés sans débat le 17 mai à
Bruxelles par les ministres de l'Agriculture de l'Union européenne.
Votre rapporteur pour avis s'inquiète des conséquences de
cette réforme sur l'évolution du revenu des agriculteurs. Une
étude menée par
l'INRA de Nantes prévoit une baisse
d'environ 7 % en moyenne du revenu net de l'ensemble des exploitations.
2. La réforme de la politique structurelle
La
politique de cohésion économique et sociale que l'Union
européenne conduit à travers les fonds structurels (FEDER - FSE -
FEOGA) a été également réformée avec un
maintien de l'effort financier de l'Union européenne, soit un tiers du
budget européen. Quatre principes sont mis en avant : l'adaptation
aux différentes mutations de la société (industrielles,
sociales...), la concentration de l'intervention dans des domaines
prioritaires, la simplification et le partenariat dans le cadre d'une plus
grande subsidiarité.
Ces principes se traduisent :
par
une diminution du nombre d'objectifs prioritaires.
Désormais, les fonds structurels poursuivront
trois
objectifs :
- le développement et l'ajustement structurel des régions en
retard de développement. Pour la France, cet objectif concerne les
DOM ;
- le soutien de la reconversion économique et sociale des zones en
difficulté structurelle, que ce soit pour les zones industrielles, les
zones rurales, les zones urbaines et celles dépendantes de la
pêche. Pour la France, cet objectif prend le relais de l'ancien objectif
5b ;
- le développement des
ressources humaines en modernisant
les politiques d'éducation, de formation et d'emploi.
par une concentration géographique des interventions,
qui se
traduira par une réduction des zones actuellement
éligibles
.
L'adoption du rapport pour avis sur les crédits réservés
au développement rural sera l'occasion d'examiner les propositions
françaises et l'accueil qui leur a été fait à
Bruxelles.
par le regroupement d'une série de mesures de développement
rural existantes
(pré-retraite, agri-environnement, sylviculture,
zones défavorisées, installation...) dans un cadre unique, avec
une reconduction de l'enveloppe. Les principaux changements résident
dans la prise en compte de la dimension environnementale et de
l'élargissement du concept de zones défavorisées à
des zones soumises à des contraintes environnementales.
Cette politique rurale constitue un enjeu majeur pour la France
, qui, au
cours de la période passée, a été la
première bénéficiaire de la politique structurelle
(installation, investissements...), avec 30 % de l'enveloppe et de la
politique de développement des zones rurales avec 32 % de
l'enveloppe.
3. Le cadre financier de la PAC et de la politique de développement rural
Le
sommet de Berlin a permis de dégager
un cadre financier pour la
période 2000-2006
. Le cadre retenu pour la période 2000-2006
prévoit, pour la première fois, que l'Union s'engage dans une
politique d'économies
en stabilisant les dépenses de
toutes ses politiques communes
. Il s'agit d'une nécessité
pour respecter la discipline budgétaire imposée par l'euro tout
en préparant l'élargissement aux pays d'Europe centrale et
orientale.
Le système de calcul des " ressources propres " qui
alimentent le budget de l'Union européenne a été
modifié
. La part des recettes de TVA va diminuer pour être
ramenée à 0,75 % en 2004 mais il n'est pas question de la
supprimer complètement, comme cela avait été
envisagé, en raison de l'opposition de l'Italie et de la Belgique.
Parallèlement, la ressource proportionnelle au produit national brut va
augmenter.
Les Quinze n'ont finalement pas modifié substantiellement la
compensation octroyée depuis 1984 à la Grande-Bretagne. Le
mécanisme qui a été alors mis en place consiste à
réduire des deux tiers le solde budgétaire négatif du
Royaume-Uni. Le principe et le calcul de cette compensation sont maintenus. En
revanche, Londres devra contribuer aux dépenses des futurs
élargissements et, en attendant, à celles des
pré-adhésions. Selon les experts, l'impact général
de ces modifications devrait réduire de 220 millions d'euros (1,4
milliard de francs) au total le chèque britannique -qui atteignait 3,2
milliards d'euros (21 milliards de francs) en 1998 et 2,5 milliards
(16,4 milliards) en moyenne sur la période 1997-1998-.
Par ailleurs, les contributions à la charge de l'Allemagne, de
l'Autriche, des Pays-Bas et de la Suède ont été
réduites à Berlin pour ne pas représenter plus de
25 % du total à partir de 2002. L'essentiel de la différence
sera payé par la France, l'Italie, la Belgique et le Danemark, les
négociateurs français estimant que cette contribution
supplémentaire représentera environ 200 à 250 millions
d'euros supplémentaires chaque année.
Les dépenses agricoles et de développement rural ont
été stabilisées pour la même période.
L'enveloppe annuelle ne devra pas dépasser 40,5 milliards d'euros
(265,7 milliards de francs), ce qui porte le montant global des dépenses
sur l'ensemble de la période, compte tenu de l'inflation, à
310 milliards d'euros (2.033 milliards de francs).
La part de la PAC (50,6 %) dans l'ensemble du budget communautaire va
donc encore baisser au cours des années à venir
. Les
économies réalisées par rapport au dernier projet de
compromis sont obtenues par deux mesures : d'une part, un report de deux
ans supplémentaires, c'est-à-dire jusqu'en 2005, de la
réforme du lait, qui était jugée inutile et
coûteuse : d'ici là, il n'y aura pas de baisse des prix de
référence ni d'augmentation des quotas : l'économie
réalisée est de l'ordre de 3 milliards d'euros sur l'ensemble de
la période 2000-2006. D'autre part, la baisse du prix d'intervention des
céréales a été ramenée à 15 %
pour l'ensemble de la période au lieu des 20 % souhaités par
les divers projets de compromis. Cette correction permet d'économiser,
sur sept ans, 4,2 milliards d'euros sur les aides directes compensatoires.
L'initiative du Gouvernement français consistant à
rééquilibrer les aides en en prélevant une partie sur les
producteurs de céréales et de viande au profit du
développement rural, des petites exploitations, de la qualité,
n'a pas été retenue
. Cette mesure avait, pour certains
experts, l'avantage de réduire les aides " couplées ",
c'est-à-dire celles qui ont tendance à encourager la production,
et d'accroître les aides découplées.
Cette distinction
pourrait prendre toute son importance lorsque les négociations sur la
libéralisation de l'agriculture vont reprendre dans le cadre de
l'OMC
.
La section garantie du Fonds agricole européen (FEOGA) financera les
dispositions prévues par les organisations communes de marché,
les restitutions à l'exportation, les actions de développement
rural en dehors de l'objectif 1 (régions en retard de
développement) -à l'exception de l'initiative communautaire
Leader-, la contribution communautaire à des actions
vétérinaires et phytosanitaires et les actions d'information sur
la PAC. La section orientation du FEOGA finance le développement rural
dans les régions de l'objectif 1 et le programme Leader.
DÉPENSES AGRICOLES 2000-2006
Millions d'euros,
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Total |
|
Total future PAC, dont : |
40.920 |
42.800 |
43.900 |
43.770 |
42.760 |
41.930 |
41.660 |
297.740 |
|
- marchés (2) |
36.620 |
38.480 |
39.570 |
39.430 |
38.410 |
37.570 |
37.290 |
267.370 |
|
- développement rural (3) |
4.300 |
4.320 |
4.330 |
4.340 |
4.350 |
4.360 |
4.370 |
30.370 |
|
1 - Pour
le calcul des montants aux prix courants, un déflateur de 2 % sera
utilisé.
|
4. Bilan des autres réformes européennes dans le secteur agricole
a) Une réforme à réformer : l'OCM fruits et légumes
La
nouvelle OCM " fruits et légumes " est entrée en
vigueur en 1997. Depuis la majorité des organisations professionnelles
demandent la clarification et la simplification de cette réglementation.
Votre rapporteur pour avis souhaite insister, d'une part, sur la difficile
application de certaines règles communautaires et, d'autre part, sur les
problèmes posés par la modification des circulaires
françaises d'application du règlement CEE 2200/96 :
les
responsables d'un grand nombre d'organisations de producteurs contestent
l'esprit de ces circulaires, qui opèrent une rupture brutale des
règles du jeu, remettant en cause la logique d'adaptation progressive de
leurs structures à la nouvelle OCM.
Le règlement du Conseil n° 2200/96, daté du 28 octobre
1996, définit un nouveau mécanisme de financement du secteur des
fruits et légumes par les fonds communautaires (articles 15 et 16 du
règlement), en créant des " fonds
opérationnels " co-financés à parité par les
producteurs et le Fond européen d'Orientation et de Garantie agricole
(FEOGA), section Garantie. Ainsi les aides communautaires sont accordées
à condition que les organisations de producteurs établissent des
" programmes opérationnels " pluriannuels nécessaires
au développement économique et commercial. L'aide communautaire
est limitée de trois manières :
- L'Union européenne finance à 50 % les fonds
opérationnels ;
- La dotation communautaire maximale théorique pour le cofinancement de
ces fonds opérationnels est égale, pour chaque organisation de
producteurs, à 4,5 % du chiffre d'affaires (valeur de la production
commercialisée ou VPC) de l'organisation de producteurs ;
- le principe du cofinancement est assorti d'un plafond d'intervention
communautaire fixé à 2,5 % du chiffre d'affaires de
l'ensemble des organisations de producteurs de l'Union européenne.
Dans les perspectives financières prévues par l'Agenda 2000, la
limite budgétaire annuelle pour le secteur des fruits et légumes
(bananes y compris) est de 1,9 milliard d'euros.
Conscients de ces difficultés d'application au niveau tant
communautaire que national, la
Commission européenne a proposé
certaines adaptations qui ont été approuvées par le
Parlement européen en avril dernier.
Par ailleurs,
la France, l'Espagne et l'Italie, les plus grands producteurs
de fruits et légumes de l'Union européenne, ont remis un
mémorandum à la Commission
. Ces Etats craignent la
concurrence des pays tiers (où les coûts de production et de main
d'oeuvre sont inférieurs) dans un marché soumis à la
globalisation des échanges. "
Dans un contexte de diminution des
dotations communautaires consacrées au secteur (...), il paraît
nécessaire, dans la limite des dépenses prévues au titre
de l'Agenda 2000 (1,9 milliard d'euros), d'adopter les mesures permettant
une meilleure mobilisation des crédits existants
",
suggère le document des délégations espagnole,
française et italienne.
En conséquence, les délégations proposent un taux
d'intervention communautaire fixe, sous forme d'un plafond unique égal
à 4,5 % du chiffre d'affaires par organisation de producteurs.
" Il ne convient pas que soient fixées d'autres limitations ne
permettant pas aux organisations de producteurs de bénéficier
d'un cofinancement communautaire à 50 % de leur fonds
opérationnels. Cela revient à supprimer le plafond de 2,5 %
du chiffre d'affaires global de l'ensemble des organisations de producteurs,
qui permettrait pourtant à la Communauté d'éviter tout
dérapage budgétaire ",
souligne le document commun.
Les délégations espagnole, française et italienne ne
manquent pas de faire remarquer le niveau marginal de contribution des
organisations de producteurs (OP) à la production annuelle de fruits et
légumes dans l'Union européenne (78 millions de tonnes durant la
période 95-97, dont 1,6 million de tonnes destinées à
l'exportation).
" En 1997, seulement 30 % de la production a
été commercialisée par l'intermédiaire des
organisations de producteurs ",
rapporte le mémorandum, tout en
remarquant que les OP
" doivent participer plus sensiblement
à l'équilibre de l'offre et de la demande dans un
marché toujours plus compétitif
". Cette pression est
d'autant plus importante que dans le cadre des accords négociés
par l'Union européenne en vue de la constitution de zones de
libre-échange, les fruits et légumes font l'objet de concessions
tarifaires préférentielles conséquentes.
Votre rapporteur pour avis souligne, en marge de cette réforme, que
la cinquième session du comité mixte franco-espagnol des fruits
et légumes s'est déroulée dans un climat
particulièrement constructif
. Au delà des bonnes relations
entre administrations et professionnels des deux pays, il convient de souligner
la volonté, de part et d'autre, d'élaborer des projets en commun
au profit mutuel de la France et de l'Espagne. Le programme de promotion de la
fraise en est une excellente illustration.
Peu de sujets se sont avérés véritablement conflictuels,
les Espagnols s'étant montrés beaucoup plus conciliants sur le
thème des importations de tomates marocaines que lors du groupe de
contact de Perpignan. L'intensification des relations entre professionnels au
cours des périodes de " télescopage " des productions
française et espagnole est un point particulièrement positif. Il
permettra, à tout le moins, d'éviter que ne se propagent
certaines rumeurs qui peuvent s'avérer particulièrement
néfastes pour l'ensemble des producteurs.
Votre rapporteur pour avis tient à féliciter le groupe de
travail dirigé par MM. Huchon, Legrand et Minetti qui ont, en
permanence, favorisé une relance du dialogue franco-espagnol dans ce
secteur.
b) Un accord sur le renforcement des normes de protection des poules pondeuses
Le
11 mars 1998, la Commission européenne a adopté une proposition
de directive du Commissaire européen à l'agriculture,
M. Franz Fischler, visant à améliorer les conditions
minimales de logement des poules pondeuses.
Le protocole sur le
bien-être des animaux, annexé au traité de Maastricht et
dont l'adoption est prévue dans le Traité d'Amsterdam, oblige la
Commission à présenter des propositions en ce sens. De plus, les
Etats membres de l'Union européenne ont tous ratifié la
convention du Conseil de l'Europe sur la protection des animaux de ferme.
Le projet de directive vise à augmenter l'espace des poules dans les
nouvelles cages tout en fixant des règles concernant l'environnement des
oiseaux (température, éclairage, nourriture et eau disponible).
La présidence autrichienne (fin 1998) puis la présidence
allemande (le 30 mars 1999) ont élaboré deux nouvelles moutures
des propositions initiales. De manière générale,
l'évolution de ces dispositions va dans le sens d'une plus longue
période transitoire en faveur des éleveurs, mais avec des
garanties plus étendues pour le bien-être des poules.
Les ministres de l'agriculture de l'Union européenne ont
décidé le 15 juin dernier à Luxembourg de renforcer
sensiblement et de manière progressive les conditions minimales de
logement des poules pondeuses dans l'Union européenne à partir du
1
er
janvier 2002
. Le recours aux cages en batterie, qui
représentent 93 % des élevages communautaires, sera
totalement interdit à partir de 2012.
A compter du 1
er
janvier 2002, les élevages nouvellement
créés ou transformés devront mettre en place, soit les
dispositions applicables à l'élevage alternatif (densité
de 9 poules par m
2
de surface, etc.), soit opter pour des cages
aménagées (espace minimal par poule de 750 cm²). En ce
qui concerne les cages en batterie actuelles -interdites en 2012- une
première contrainte interviendra à compter du 1
er
janvier 2003, puisque l'espace minimal requis par poule devra être
porté de 450 cm2 à 550 cm2. La directive communautaire
prévoit une exemption pour les établissements de moins de 350
poules et pour les élevages de poules reproductrices.
La Commission européenne soumettra aux Quinze, au plus tard le
1
er
janvier 2005, un rapport, assorti de propositions
appropriées, sur les différents systèmes d'élevage
des poules pondeuses utilisés, en tenant compte notamment de leurs
implications économiques et commerciales. Le Conseil et la Commission
soulignent que la prise en compte, sur le plan international, des règles
concernant le bien-être animal doit constituer "
un des points
fermes du mandat pour le prochain round de négociations de
l'OMC
".
Les équipements prévus à compter du 1
er
janvier
2002 pour les systèmes alternatifs sont les suivants : mangeoires
longitudinales de moins de 10 cm de longueur par poule ou circulaires offrant 1
cm de longueur par animal ; abreuvoirs continus de 2,5 cm de longueur par
animal ou circulaires (1 cm) ; un nid pour 7 poules et 1m
2
pour
120 poules pour les nids collectifs ; perchoirs sans arête et
offrant au moins 15 cm par animal ; litière d'au moins 250
cm
2
par poule, la litière occupant au moins un tiers de la
surface au sol.
Diverses dispositions sont également prévues pour les
systèmes d'élevage qui permettent aux animaux de se
déplacer librement entre les différents niveaux et lorsque les
poules ont accès à des espaces extérieurs. La
densité animale des élevages alternatifs ne doit pas comporter
plus de 9 poules par m² de surface utilisable. Toutefois, lorsque la
surface utilisable correspond à la surface au sol disponible, les Etats
membres peuvent autoriser jusqu'au 31 décembre 2011 une
densité animale de 12 poules par m².
Les dispositions prévues pour les cages aménagées,
à partir du 1
er
janvier 2002, sont les suivantes :
superficie d'au moins 750 cm² par poule dont 600 cm² de surface
utilisable, nid, litière permettant le picotage et le grattage,
perchoirs offrant au moins 15 cm par poule, mangeoire d'au moins
12 cm par poule
19(
*
)
.
Selon la France,
le
passage d'un espace minimum
par poule de
450 cm², comme le prévoit la réglementation
communautaire, à 550 cm² à compter de 2003,
se traduira
par des augmentations des coûts de production de 8 à 12 % par
oeuf produit, selon la taille des cages
. La hausse serait due à
l'augmentation des charges fixes par poule, à la
détérioration probable de l'indice de consommation et à
l'augmentation du nombre d'oeufs cassés. En outre, le
différentiel des coûts de production, qui s'accroît
très sensiblement lorsque les normes de surface passent à 550
cm² par poule, "
conduira inévitablement les
opérateurs à importer des ovoproduits à meilleur
coût depuis les pays tiers
". Les pouvoirs publics et les
professionnels redoutent en particulier des importations massives d'oeufs et
d'ovoproduits à bas prix en provenance des Etats-Unis, où la
norme est de 310 cm² par poule.
Compte tenu de la nécessité d'assurer des conditions de
concurrence équivalente entre les producteurs de l'Union
européenne et ceux des pays tiers,
votre rapporteur pour avis se
félicite que les instances européennes aient estimé que la
prise en compte, au niveau international, des règles concernant le
bien-être animal doive constituer un des points fermes du mandat de
négociation pour le " Cycle du Millénaire " à
l'OMC.
c) L'accompagnement des producteurs pour le passage à l'OCM tabac
La
nouvelle OCM met en place une modulation de prime en fonction de la
qualité de la production et, pour les tabaculteurs qui ne pourraient
obtenir une production de qualité et seraient mis en difficulté,
un mécanisme de rachat des quotas leur permettant de quitter ce secteur.
Selon le profession, cette réforme induit une valorisation des quotas
très dissuasive pour l'installation des jeunes exploitants et
pénalisante pour l'intensification des ateliers existants.
Désireux que le passage à la nouvelle OCM soit le moins difficile
possible pour les planteurs français,
votre rapporteur pour avis
estime nécessaire la finalisation rapide des directives nationales
d'application et regrette que les professionnels ignorent toujours les
mécanismes concrets de cette OCM.
Se pose, en outre, la question
relative aux nouveaux accompagnements financiers qui pourraient prendre la
forme d'une augmentation des enveloppes aux investissements individuels.
Selon le ministère de l'agriculture, une nouvelle saisine de la
Commission européenne pour une adoption de l'OCM n'est envisageable
qu'une fois les points de blocage définis. Sur le problème des
aides aux investissements, les crédits ont été
augmenté en 1998 de 25 %. Les crédits de l'enveloppe
nationale " Burley " (aide technique) pour la récolte 1997
sont versés par l'Oniflhor.
Par ailleurs, le Ministre a précisé que la tabaculture devrait
jouer tout son rôle dans les contrats territoriaux d'exploitation (CTE).
LA TABACULTURE FRANÇAISE
6.500
producteurs regroupés sur 64 départements
:
37 % de la production en Aquitaine
19 % en Alsace et Nord
17 % en Midi-Pyrénées
15 % en Poitou Val de Loire
12 % en Rhône-Alpes
9.067 hectares plantés en 1998
:
3.435 de Virginie
2.636 de Burley
2.996 de tabac brun
La production française s'élève à quelque
26.000 tonnes et un chiffre d'affaires de 740 millions de francs dont
45 % à l'exportation.
Sur des exploitations d'une taille moyenne de 55 hectares de SAU,
orientées soit sur les céréales, soit sur l'élevage
ou la polyculture, le tabac, avec 1,50 hectare de moyenne nationale (1 ha
en brun et Burley -2,5 en Virginie) utilise moins de 5 % de la surface,
mobilise 55 % du travail des permanents et dégage plus de 40% du
revenu (données RESOTAB).
d) La valorisation de l'agriculture biologique au niveau européen
Les
ministres de l'agriculture sont parvenus à un accord politique à
l'unanimité, en juin dernier,
sur une modification du
règlement 2092/91 complétant pour les productions animales les
règles concernant le mode de production biologique des produits
agricoles végétaux
.
Cette modification, qui s'appliquera dans les douze mois après sa
publication au Journal officiel des Communautés
européennes -à l'exception de l'interdiction d'utiliser des
organismes génétiquement modifiés qui entrera en vigueur
avec effet immédiat-
établit des règles
harmonisées dans ce secteur. Le futur règlement prévoit
notamment un label " bio " européen
, que pourront apposer
les éleveurs respectant un certain nombre de conditions. Parmi celle-ci,
citons l'interdiction de donner aux animaux des produits issus d'organismes
génétiquement modifiés, ainsi que des antibiotiques
à titre préventif ou des accélérateurs de
croissance. L'incorporation dans la ration alimentaire d'aliments de conversion
est autorisée à concurrence de 30 % de la formule
alimentaire de conversion. Lorsque ces aliments proviennent d'une unité
de l'exploitation même, ce chiffre peut être porté à
60 %.
La France, qui possède une réglementation déjà
avancée en matière de production biologique animale, a
estimé que ce règlement souffrait encore de nombreuses
insuffisances, notamment en ce qui concerne les dérogations
accordées aux Etats membres
. Soutenue par la Belgique, l'Espagne, la
Grèce et le Portugal, elle n'a donné son accord au texte du
règlement que moyennant la publication d'une déclaration qui,
tout en reconnaissant que des améliorations avaient été
apportées au texte du règlement, estime cependant que
"
cette réglementation est encore insuffisante pour permettre
à l'agriculture biologique européenne, en particulier au secteur
des productions animales, d'atteindre un niveau qualitatif
différencié par rapport à l'agriculture conventionnelle.
Ces insuffisances résident notamment dans le nombre encore important de
dérogations et dans la durée excessive des périodes
dérogatoires. La France fonde l'espoir que les autorités ou les
organismes de contrôle des Etats membres ne recourront que
modérément à ces dérogations afin de garder une
bonne crédibilité à l'agriculture biologique. Le compromis
de la Présidence allemande constitue une première étape
dans l'amélioration qualitative des normes pour l'agriculture biologique
européenne. La France demande que ce processus soit poursuivi, notamment
au vu des résultats des évaluations que la Commission doit mener
lors des différentes échéances prévues par le
règlement ".
Votre rapporteur pour avis, s'il reconnaît le progrès que
constitue cette réglementation, considère que celle-ci est
notoirement insuffisante, 46 dérogations étant
déjà prévues dans ce règlement.
Votre rapporteur pour avis rappelle que l'agriculture européenne est
passée, de 1993 à 1997, de 889.919 hectares à
2.209.866 hectares.
SUPERFICIE AGRICOLE CERTIFIÉE BIOLOGIQUE ET/OU EN RECONVERSION PAR ETAT MEMBRE
Union européenne |
Superficie agricole certifiée biologique ou/et en reconversion en 1993 (ha) |
Superficie agricole certifiée biologique et/et en reconversion en 1996 (ha) |
Pourcentage de la surface agricole utilisée (SAU) totale en 1996 |
Allemagne |
202 379 |
310 484 |
1,81 |
Autriche |
84 000 |
249 662 |
7,18 |
Belgique |
1 600 |
5 000 |
0,35 |
Danemark |
10 090 |
42 184 |
1,54 |
Espagne |
11 675 |
28 130 |
0,09 |
Finlande |
15 859 |
44 732 |
1,94 |
France |
87 829 |
98 000 |
0,32 |
Grèce |
500 |
4 500 |
0,09 |
Irlande |
5 101 |
11 104 |
0,25 |
Italie |
30 000 |
204 238 |
1,22 |
Luxembourg |
500 |
625 |
0,49 |
Pays-Bas |
10 053 |
130486 |
0,68 |
Portugal |
2 000 |
10 192 |
0,26 |
Suède |
46 390 |
105 000 |
3,37 |
Royaume-Uni |
35 000 |
47 901 |
0,28 |
TOTAL |
552 976 |
1 175 238 |
0,84 |
Source : Eurostat
e) La mise en place de mesures de sauvegarde pour préserver l'OCM sucre
Dans une
communication de la Commission européenne de juin dernier,
celle-ci relève que le sucre importé en masse des pays et
territoires d'outre-mer, à des prix très faibles, vers la
Communauté suscite de vives inquiétudes chez les Etats membres
producteurs et met en péril le fonctionnement de l'organisation commune
de marché (OCM) dans ce secteur
. Pour y faire face, la Commission a
décidé d'appliquer la clause de sauvegarde relative à
l'importation dans la Communauté de produits du secteur du sucre, en
l'état (sucre de canne ou de betterave et saccharose chimiquement pur)
et sous forme de produits à forte concentration du sucre (mélange
de sucre et de cacao), originaires d'Aruba (territoire
néerlandais
20(
*
)
).
Votre rapporteur pour avis rappelle que la procédure de mesures de
sauvegarde est inscrite à l'article 109 de la décision 97/803,
laquelle prévoit un régime des échanges pour les produits
agricoles et industriels entre les pays d'outre-mer et les pays tiers, les pays
ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) et la Communauté. Cette
décision reconnaît le principe de l'accès dans le
territoire douanier de la Communauté en exonération des droits
à l'importation ou de taxes d'effet équivalent des produits
originaires des pays d'outre-mer.
L'organisation commune de marché dans le secteur du sucre est
régie par le Règlement n° 1785/81 qui se caractérise
par un régime des prix, un régime des quotas reconduit en 1995
jusqu'à la campagne 2000/2001, un régime d'échanges avec
les pays tiers et un système d'autofinancement. Le soutien communautaire
a lieu par le truchement de prix d'intervention auquel les organismes
d'intervention achètent tout le sucre qui leur est offert par les
producteurs communautaires. Parallèlement, il existe un prix minimal
pour les betteraves, que les fabricants de sucre doivent payer aux agriculteurs
communautaires. Le système d'autofinancement est un des traits
caractéristiques de cette OCM : pour assurer la neutralité
budgétaire du système, les frais d'écoulement des
excédents de sucre produit dans la Communauté sont
supportés par les producteurs de betteraves et les fabricants de sucre
communautaires, qui payent une cotisation instituée à cette
effet. Ainsi, les coûts de conservation du sucre sont remboursés
par un système d'avance sur les coûts de stockage privé. En
revanche, le stockage public est peu utilisé, du fait de l'exportation
des excédents.
5. Les perspectives d'élargissement de l'Union européenne
Les
premières adhésions prévues à partir de 2003 pour
les six Etats retenus dans la première vague
(Estonie, Hongrie,
Pologne, République Tchèque, Slovénie et Chypre)
pourraient être reportées à 2006 ou 2007.
Depuis avril 1998, date à laquelle les négociations
d'adhésion ont été entamées, quatorze chapitres de
"
l'acquis communautaire
" ont été
traités. A peine plus de la moitié de ces chapitres peuvent
être considérés comme " provisoirement conclu ".
A cet égard, les Quinze s'apprêteraient à refuser un
certain nombre de demandes de dérogation à la législation
communautaire, jugées incompatibles avec la politique commerciale
commune, l'application du tarif douanier commun et la PAC.
L'agriculture et l'agro-alimentaire constituent en effet un épineux
problème pour les candidats à l'adhésion.
Les questions essentielles que devront trancher les pays candidats porteront
sur leur volonté et leur capacité à aligner leur
agriculture nationale sur les normes communautaires et sur l'opportunité
de mettre en place des périodes transitoires pour certaines parties de
l'acquis communautaire. Toute une série d'autres questions se poseront,
de la réforme agraire à l'emploi et au développement
rural, en passant par les contrôles douaniers
21(
*
)
.
Dans la plupart des pays candidats, le prix d'un grand nombre de produits
agricoles est encore inférieur à celui pratiqué dans
l'Union européenne. De même, les investissements en capitaux ainsi
que la réorganisation indispensable pour rendre les exploitations
agricoles compétitives, surtout dans le secteur du bétail, n'ont
pas encore produit de véritable impact. La transformation en aval dans
le secteur agro-alimentaire accuse un retard important par rapport à
l'UE. Les PECO semblent donc encore loin d'avoir atteint le stade où ils
pourront faire face au choc de la hausse des prix et à la concurrence
des fournisseurs de l'Union européenne.
La Commission européenne a suggéré en octobre dernier de
traiter l'élargissement de l'Union à l'Est selon une approche
globale. Si de nouvelles possibilités seraient ainsi offertes aux pays
candidats, dans la mesure où les négociations d'adhésion
seraient rendues accessibles à tous ceux qui satisfont aux
critères politiques, ce nouveau système permet à
l'exécutif européen d'exclure tout pays qui ne se conformerait
pas aux exigences communautaires.
B. AU NIVEAU INTERNATIONAL
1. La politique de l'Union européenne vis-à vis des pays tiers
a) Un motif de satisfaction : la signature de l'accord d'équivalence vétérinaire avec les Etats-Unis.
Après cinq ans de négociations
, l'Union
européenne et les Etats-Unis ont signé, le 20 juillet
à Bruxelles, un accord d'équivalence vétérinaire et
sanitaire.
Le dernier obstacle a pu être levé après que
Washington ait reconnu le principe de régionalisation, appliqué
par l'Union européenne en cas d'épizootie du type de la peste
porcine.
En prévoyant une reconnaissance réciproque des normes
vétérinaires et sanitaires en vigueur de part et d'autre,
cet
accord devrait permettre d'éviter les doubles contrôles et
faciliter les échanges commerciaux des produits agricoles et de leurs
dérivés.
Il prévoit l'application du principe de régionalisation pour les
principales maladies animales, ce qui signifie que l'éruption
éventuelle d'une épizootie dans une région communautaire
bien définie n'entraînera plus un embargo global sur le ou les
Etats membres concernés.
Les produits pour lesquels l'équivalence est reconnue sont
mentionnés dans l'accord. Pour les autres produits, les
négociations sur la reconnaissance mutuelle seront poursuivies, un
régime transitoire devant être appliqué dans l'intervalle.
En outre, des clauses de consultation, d'échange des informations, de
notification des incidents vétérinaires et de vérification
et d'audit sont également prévues dans le but de promouvoir la
coopération et éviter les restrictions au commerce
22(
*
)
.
Près de 1.500 millions de dollars de produits européens et
américains devraient être couverts par cet accord chaque
année. Les produits laitiers (600 millions de dollars), les
produits de la pêche (170 millions), ainsi que les viandes
fraîches (122 millions dont 120 millions pour le porc) et leurs
produits dérivés (122 millions) sont les principales
exportations européennes concernées. En ce qui concerne les
Etats-Unis, l'accord concernera avant tout les produits de la pêche
(350 millions de dollars), l'alimentation pour les animaux domestiques
(150 millions de dollars) et les viandes fraîches de cheval, de
bovins et de volailles (150 millions). Rappelons que des accords
similaires ont déjà été conclu par l'Union
européenne avec la Nouvelle-Zélande, la République
tchèque, et, en décembre dernier, avec le Canada. D'autres sont
en négociation avec l'Australie, l'Argentine, l'Uruguay et le Chili.
b) Les différents partenariats menés par l'Union européenne
Les
difficiles négociations avec les pays ACP
Partant du constat que la Convention de Lomé IV, qui régit depuis
neuf ans les relations entre les deux entités, n'a pas réussi
à intégrer les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
(ACP) à l'économie mondiale
, l'Union européenne
voudrait donner à la future convention,
qui entrera en vigueur l'an
prochain,
une dimension plus politique et plus libérale
, en
dépit des préférences commerciales dont
bénéficient les produits des 71 pays ACP sur le
marché des Quinze.
Soulignons que le niveau des importations de ces pays en Europe n'a fait que
diminuer au fil des années, passant de 6,7 % en 1976 à
3,4 % en 1997.
Les 8 et 9 février dernier à Dakar, les ministres des Affaires
étrangères et de la Coopération des Quinze ont fait le
point avec leurs homologues du Sud des négociations pour le
renouvellement de Lomé IV, entamées il y a quatre mois. Ils ont
insisté sur la nécessité pour les pays ACP de mettre fin
à certaines pratiques dans la gestion de l'argent public et de l'aide
européenne.
Les participants n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la
période transitoire à instaurer pour que ceux-ci puissent adapter
leurs économies à l'économie mondiale et aux règles
de l'OMC. L'Union européenne propose cinq ans, les ACP en
réclament dix. Pour permettre aux ACP de faire face à la
mondialisation, les Quinze souhaitent remplacer progressivement les
préférences commerciales par des accords de libre-échange
entre l'Europe et des zones de coopération régionale au sein des
ACP.
La conclusion de l'accord Union européenne - Afrique du Sud
Après trois ans et demi de négociations, les Quinze sont parvenus
à l'unanimité
, à l'occasion du sommet européen
de Berlin le 24 mars,
à la conclusion de l'accord de commerce et de
coopération entre l'Union européenne et l'Afrique du Sud.
D'importantes concessions ont été faites par la Communauté
dans le secteur agricole.
Cet accord devrait permettre la libéralisation de 91% des
échanges bilatéraux d'ici 10 à 12 ans. Près de 61%
des produits agricoles sud-africains pourront ainsi entrer librement sur le
marché européen et 13% bénéficieront de conditions
d'accès préférentielles. En revanche, quelque
300 produits dits " sensibles " tels que les fruits et les jus
de fruits sont exclus de l'accord. C'est la première fois que l'Union
européenne signe un accord de libre échange dans le domaine de
l'agriculture.
Un compromis avait été trouvé, en début
d'année, sur la question des échanges de vins et spiritueux, qui
constituait l'un des principaux obstacles à la conclusion des
négociations. L'Afrique du Sud et l'Union européenne
décideront conjointement de nouvelles dénominations pour les vins
sud-africains de Porto et Xérès, l'Afrique du Sud devant renoncer
à utiliser ces appellations au terme de période de transition de
respectivement, cinq ans sur les principaux marchés non-européens
(essentiellement Etats-Unis et Australie), huit ans pour ses pays voisins
(Mozambique, Botswana, etc...) et douze ans sur son marché
intérieur. Les Sud-Africains ont, par ailleurs, fait des concessions
dans le secteur des fruits transformés, acceptant notamment de renoncer
à une réduction des taxes douanières sur les exportations
de fraises surgelées vers l'Union européenne, en échange
d'une augmentation de leur contingent.
L'accord, qui représente un volume de près de 300 pages, a
été approuvé en mai après finalisation des derniers
détails techniques par les experts
23(
*
)
.
Le récent accord Erwin-Nielson du mois dernier repousse à la fin
de l'année la date limite des négociations relatives aux
appellations et ouvre la voie à l'application, à partir du
1
er
janvier 2000, de l'accord approuvé au printemps dernier.
Votre rapporteur pour avis estime, néanmoins, que l'attitude
sud-africaine actuelle consistant à repousser l'application de l'accord
sur les vins et spiritueux est de nature à remette en cause la mise en
place au début 2000 de l'Accord général de libre
échange.
L'ouverture des négociations avec le Mercosur
Le Conseil des ministres des Affaires étrangères du
21 juin dernier a confié un mandat à la Commission
européenne pour négocier des accords d'association avec le
Mercosur
(Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) et le Chili, alors
que les 28 et 29 juin se tenait à Rio de Janeiro le premier sommet des
chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, des pays
d'Amérique latine et des Caraïbes.
L'accord politique intervenu entre les Quinze prévoit que le processus
de négociation avec le Mercosur et le Chili sur les réductions
tarifaires et les services s'engagera le 1
er
juillet 2001,
qu'il sera conduit en tenant dûment compte des résultats du
prochain cycle de pourparlers de l'Organisation mondiale du commerce et du
calendrier prévu pour la zone de libre-échange des
Amériques et qu'il sera conclu après les discussions de l'OMC.
Le Conseil des ministres de l'Union européenne et ses instances
compétentes devraient être régulièrement tenus
informés de l'évolution de la concertation et des pourparlers
avec le Mercosur et le Chili, en particulier dans le domaine agricole.
L'objectif de ces discussions est une libéralisation progressive et
réciproque de l'ensemble des échanges de biens et de services,
dans l'optique d'instituer le libre-échange.
Rappelons que l'ouverture de ces négociations avait donné lieu
à un différend au sein de l'Union européenne : la
présidence allemande avait prévu d'inscrire la date du
1
er
décembre 2000, alors que la France
considérait que les pourparlers sur cette libéralisation des
échanges ne pourraient pas débuter avant juillet 2003, une
fois les prochaines négociations de l'Organisation mondiale du commerce
largement engagées.
La poursuite des négociations avec le Mexique
Le septième round de négociations pour un accord de
libre-échange entre l'Union européenne et le Mexique
, qui
s'est déroulé à Bruxelles dans la semaine du 19 juillet,
a permis de trouver un compromis dans quatre nouveaux domaines
:
règlement des différends, mesures de sauvegarde, règles
sanitaires et phytosanitaires (création d'un sous-comité
chargé de ces questions) et coopération douanière.
Dans le domaine agricole, l'Union européenne et le Mexique ont
échangé leurs listes d'" intérêt
offensif ", c'est-à-dire les produits qu'ils souhaitent, chacun de
leur côté, voir exemptés de droits tarifaires, sans
toutefois apporter à ce stade de réponse aux demandes de l'autre
partie. Les discussions devraient se poursuivre à l'automne.
2. L'Union européenne au sein de l'OMC
a) La multiplication des différends dans le domaine agricole
La
nouvelle réforme de l'OCM " banane ".
Mise en place en juillet 1993,
l'Organisation commune du marché
de la banane (OCMB) est au coeur d'un conflit commercial qui oppose l'Union
européenne aux Etats-Unis et quatre pays exportateurs de bananes
d'Amérique latine
(Equateur, Honduras, Mexique et Guatemala).
Votre rapporteur pour avis ne reviendra pas sur les détails de ce
conflit fort bien analysé par notre collègue M. Jean Huchon
dans son rapport de février 1998 sur la modification de l'OCMB. Le
présent tableau permet de comprendre le fonctionnement de l'OCMB
appliqué en 1997
24(
*
)
.
FONCTIONNEMENT DE L'OCMB APPLIQUÉ EN 1997
Sources d'approvisionnement |
Limites quantitatives |
Protection tarifaire |
Bananes communautaires bénéficiant de l'aide compensatoire |
854.000 tonnes |
Aucune |
Bananes ACP traditionnelles |
857.700 tonnes réparties en quantités de référence individuelles par pays ACP TRADITIONNELS |
Aucune |
Bananes tiers et ACP non traditionnelles |
Contingent tarifaire de 2,553millions de tonnes pour l'UE
à
15, réparti en parts spécifiques :
|
Aucune
|
A la suite des accords de l'Uruguay Round (1994), les droits de douane appliqués au-delà du contingent tarifaire doivent être réduits de 20 % sur six ans (communication personnelle, Commission des communautés européennes, DG VI). |
Source
: d'après les règlements
communautaires n° 404/93, 1443/93, 3224/94 et 3290/94.
Le 25 septembre 1997, l'Organe de règlement des
différends a, d'une part, confirmé les conclusions du panel du
22 mai 1997
affirmant que le régime d'importation de
bananes de l'Union européenne, et en particulier les procédures
d'allocation des licences d'importation, est incompatible avec le GATT,
l'accord sur les licences, l'accord TRIMS et le GATS et,
d'autre part,
renversé le résultat du panel selon lequel
l'incompatibilité à l'article XIII du GATT est couverte par les
accords de Lomé.
En août 1998, la Commission européenne a publié les
nouvelles modalités d'importation de bananes dans l'Union
européenne ; les niveaux des contingents tarifaires étant
maintenus, seule la répartition des licences d'importation a
été modifiée.
Cette réforme étant jugée insuffisante par les pays
plaignants, les Etats-Unis ont publié, le 21 décembre 1998
une liste de produits européens pouvant être frappés de
droits de douane de 100%, à partir du 3 mars 1999, en
l'absence d'un accord sur le régime communautaire d'importation de
bananes.
RÉCAPITULATIF DES DIFFÉRENTS ÉVÉNEMENTS
1997 |
L'union européenne (UE) avec son organisation commune du marché de la banane (OCMB) est condamnée par l'Organisation mondiale du commerce -OCM). L'UE fait appel. |
1998 |
|
8 janvier |
Le médiateur de l'OMC donne à l'UE jusqu'au 1 er janvier 1999 pour se conformer aux conditions du jugement de l'OMC |
5 février |
Un premier plan de l'UE est jugé négativement par les Etats-Unis, le Honduras, le Mexique, l'Equateur, le Guatemala et la Panama |
20 mai |
Les Etats-Unis demandent des modifications du plan européen ; l'UE rejette la demande |
26 juin |
Le Conseil européen de l'agriculture adopte finalement le plan qui modifie l'OCMB ; l'UE se déclare ainsi conforme au règlement de l'OMC. |
25 septembre |
Les pays plaignants considèrent que l'UE ne satisfait toujours pas au jugement de l'OMC |
21 octobre |
L'UE conteste. |
21 décembre |
Les Etats-Unis publient une liste de produits européens susceptibles de subir des mesures de rétorsions. |
1999 |
|
1 er janvier |
L'UE met en place une version révisée de l'OCMB, dont les changements ne vont toujours pas suffisamment loin pour les Américains. Ainsi, fin janvier, un panel (commission d'arbitrage à l'OMC) est mis en place. |
février |
L'UE fait appel auprès de l'OMC après la menace de sanctions américaines. |
3 mars |
Les Etats-Unis -en anticipant la proposition du panel d'arbitrage- décident de " punir " l'UE qui refuse d'ouvrir davantage son marché aux " bananes dollars " et imposent une augmentation des taxes de 100 % sur une série de produits européens (notamment les plastiques, les pulls cashmere, les sacs à main, etc). |
19 avril |
Le panel de l'OMC rend sa décision finale et suit largement l'argumentation américaine selon laquelle le nouveau règlement de l'UE pénalise toujours les exportateurs américains. L'OMC engage l'UE à réviser de nouveau l'OCMB (notamment le système de licences pour l'importation de bananes dollars) et accorde aux Etats-Unis le droit d'appliquer des mesures de rétorsions d'un volume de 191,4 millions de dollars (les Etats-Unis avaient chiffré leurs pertes à un montant de 520 millions de dollars) Il semblerait que l'Europe accepte finalement la décision de l'OMC. |
Condamnés officiellement le 6 mai par l'OMC, les
Quinze ont décidé de modifier à nouveau leur
système d'importations de bananes plutôt que d'utiliser leur
possibilité d'appel.
Cette " réforme " bis doit néanmoins prendre un certain
temps
puisqu'il exige de renégocier le protocole
" bananes " annexé à la Convention de Lomé.
La Commission européenne a d'ailleurs proposé, dès le
26 mai, trois options :
-
l'option " tariff only
" envisage la suppression des
contingents et la fixation d'un seul droit de douane à un niveau
supérieur à 75 euros/tonne ; l'Association
européenne des producteurs de bananes est opposée à cette
option ;
-
l'option mixte
propose le maintien de deux contingents tarifaires
(2.200.000 tonnes et 353.000 tonnes) et octroie aux pays ACP une
préférence tarifaire ou un droit nul pour un volume
illimité. Cette solution nécessiterait une dérogation de
l'OMC couvrant la préférence tarifaire en faveur des bananes ACP,
ainsi qu'un système de licences ;
-
l'option " tout quota "
préconise l'introduction
d'un nouveau contingent tarifaire (s'ajoutant au contingent actuel de
2.553.000 tonnes) d'un volume supérieur aux exportations actuelles
des ACP et sur lequel serait appliqué un droit de douane variant entre
75 euros/tonne (niveau pour les bananes Etats-tiers) et 737 euros-tonne
(niveau pour les bananes hors contingent des Etats tiers).
En juillet dernier, une délégation centraméricaine est
venue remettre à Bruxelles une position commune sur cette réforme
et a précisé qu'aucune de ces trois options ne lui convenait
.
Néanmoins, à défaut d'avoir pu concilier les
intérêts des différentes parties concernées par la
réforme du dispositif actuel (combinant quotas, droits de douane et
mécanisme complexe d'attribution des licences d'importation),
la
Commission européenne semble explorer la voie d'une solution tarifaire,
la plus à même d'être acceptée par l'OMC.
Un droit de douane unique serait ainsi fixé pour les pays producteurs
latino-américains, à un " niveau approprié "
vraisemblablement supérieur au tarif actuel de 75 euros par tonne.
La commission note que cette hausse devra être négociée
avec les pays producteurs, tout en soulignant qu'un niveau de taxation
insuffisant serait de toute façon contraire aux engagements de l'Union
européenne envers les ACP au titre de la Convention de Lomé et
impliquerait une charge budgétaire supplémentaire pour la
Communauté, sous forme d'aides compensatoires à ses producteurs.
Pour leur part, les pays ACP devraient bien entendu continuer à
bénéficier d'un accès à droit nul , avec
quelques réserves : il sera probablement nécessaire à
un certain moment de faire une différenciation tarifaire au sein
même du groupe ACP et ce d'autant plus que la dérogation du GATT
sur les préférences ACP expire en 2000 et devra être
renégociée.
Votre rapporteur pour avis rappelle qu'outre les ACP, les producteurs des
Canaries et des départements d'outre-mer, soutenus par la France,
l'Espagne, le Portugal et dans une moindre mesure l'Irlande, ont jusqu'à
présent toujours rejeté une telle option.
De son côté, l'Union européenne, au début de
l'année, a demandé à l'OMC de condamner la mise en vigueur
de mesures unilatérales de rétorsion conformément à
la législation américaine
(section 301). Les Etats-Unis
avaient, en effet, souhaité appliquer des sanctions à hauteur de
plus de 500 millions d'euros.
L'OMC a d'ailleurs constitué le 16 juin une commission d'arbitrage
chargée de définir la date d'imposition des sanctions
commerciales d'une valeur de 178 millions d'euros que les Etats-Unis
comptent infliger à l'Union européenne.
Si l'Union européenne ne conteste pas les sanctions
elles-mêmes, elle met en cause la décision américaine
d'appliquer ces sanctions avant que l'OMC ne les ait approuvées.
Le conflit de " la viande aux hormones "
Le comité scientifique européen pour les mesures
vétérinaires liées à la santé publique a
considéré que les hormones de croissance utilisées dans
l'élevage, surtout l'oestradial, constituaient un risque pour la
santé humaine, même celui-ci n'est pas quantifiable
.
Cet
avis
, fondé sur les résultats préliminaires de
dix-sept études commandées par Bruxelles à la fin 1998,
ne constitue pas néanmoins la preuve scientifique exigée par
l'OMC
dans le conflit de la viande aux hormones.
A la suite de la décision de l'OMC de 1997, qui condamnait l'embargo
européen, l'Union européenne avait jusqu'au 13 mai 1999
pour démontrer scientifiquement la nocivité des hormones en
cause. En l'absence de preuves scientifiquement démontrées,
l'Union européenne avait jusqu'au 2 juin pour négocier des
compensations avec les Etats-Unis et le Canada. Or, si les Etats-Unis ont
estimé leur préjudice à 202 millions de dollars,
l'Union européenne a considéré que ce chiffre ne pouvait
dépasser 100 millions de dollars. En l'absence de compromis, les
Etats-Unis ont demandé d'appliquer à l'Union européenne
des droits de douane de 100%.
L'OMC s'est prononcée favorablement le
26 juillet dernier pour une taxation à hauteur de 128,1 millions de
dollars
(815 millions de francs), dont 116,8 millions de dollars
pour les Etats-Unis et 11,3 millions de dollars pour le Canada.
Votre rapporteur pour avis ne remet pas en cause le fondement juridique de
ces sanctions : il constate néanmoins que les Etats-Unis,
favorables au développement du commerce international, emploient des
procédés qui, au contraire, le restreignent
. Ainsi, pour le
bien du commerce international, les Etats-Unis auraient dû accepter les
propositions européennes de " compensations " avec
l'augmentation des quotas ou la diminution de droits de douane pour certains
produits américains sur le marché communautaire.
On peut noter avec une certaine ironie la présence parmi les produits
visés par les sanctions, de produits dérivés du porc,
directement concurrents des équivalents américains
.
En outre, votre rapporteur pour avis s'interroge sur le lien entre le
problème de la viande aux hormones et les sanctions qui frappent le
roquefort, les échalotes, la moutarde, le foie gras...
Enfin, il paraît quelque peu choquant de subir des surtaxes à
l'occasion d'un différend intéressant la santé des
consommateurs.
Par ailleurs, le 28 avril dernier, le Comité
vétérinaire s'est prononcé pour le maintien de
l'interdiction d'importer sur le territoire communautaire la viande de boeuf
américaine certifiée sans hormones
, après qu'une
étude scientifique ait révélé la présence de
résidus de produits anabolisants dans certains échantillons
prélevés sur ces livraisons. En conséquence, la Commission
a reporté du 15 juin au 15 décembre, la date à laquelle
elle pourrait interdire l'importation dans l'Union européenne de viande
bovine américaine certifiée sans hormones.
Votre rapporteur pour avis souhaite que l'Europe maintienne l'embargo sur
les importations de viande américaine aux hormones dans l'attente des
résultats scientifiquement sûrs.
La querelle du beurre néo-zélandais
Un panel d'experts de l'OMC a récemment considéré que les
restrictions tarifaires imposées par l'Union européenne aux
importations de beurre à tartiner de provenance
néo-zélandaise portaient atteinte aux règles du commerce
international
. Ce panel s'est plus particulièrement
intéressé à la transformation du beurre à tartiner
d'origine néo-zélandaise que la Commission européenne a
considéré comme " trop élaboré " pour
répondre aux critères du règlement sur les importations de
ce produit. En conséquence la Commission a refusé d'inclure ce
produit spécifique dans les contingents tarifaires
préférentiels institués par l'Union européenne sur
le beurre.
Le beurre à tartiner est fabriqué selon un procédé
spécial qui permet de l'étendre facilement, à peine sorti
du réfrigérateur. Cependant, pour tomber sous le coup du
contingent spécial de l'Union européenne, le beurre doit
répondre à certains critères de transformation, et
être directement " dérivé " du lait ou de la
crème. Or, selon la Commission, les produits néo-zélandais
reposent sur des méthodes de fabrication à ce point complexes
qu'ils ne constituent plus du " beurre " au sens strict du
règlement. La Nouvelle-Zélande estime, elle, que ses produits
sont compatibles avec ledit règlement.
La Nouvelle-Zélande s'est étonnée que l'Union
européenne ait décidé seulement récemment de
bloquer les importations, alors qu'elle exporte son beurre à tartiner
vers l'Europe depuis 1991. Les Européens n'ont en effet réagi
qu'en 1996, période à laquelle ils ont précisé que
le beurre n'était pas fabriqué directement à partir du
lait ou de la crème, tel que défini dans l'accord sur
l'accès préférentiel de la Nouvelle-Zélande.
L'Union européenne a imposé un droit de douane d'environ
3.500 euros/tonne sur le beurre tartinable néo-zélandais
assorti d'un quota annuel spécial de 76.000 tonnes. Les ventes de
beurre à tartiner atteignaient 5.000 tonnes par an lorsque la
Commission a pris cette décision et ont doublé en l'espace de
trois ans selon les estimations.
Le principal marché du beurre tartinable en Europe est le
Royaume-Uni ; les services douaniers britanniques ont été
conviés à ne pas inclure ce type de beurre dans le quota
préférentiel. Le beurre à tartiner accapare de plus en
plus de parts de marché et pourrait remplacer à terme le beurre
traditionnel.
La Nouvelle-Zélande a signé une déclaration politique
avec l'Union européenne, en mai dernier, qui fixe une série
d'objectifs communs sur ce sujet.
Le document énumère
également les domaines de coopération politique et
économique entre les deux partenaires commerciaux.
Les exportations de l'Union européenne vers la Nouvelle-Zélande
ont totalisé 1,96 milliard d'euros en 1997, et les importations
originaires de ce pays près de 2,06 milliards d'euros. L'UE est le
troisième partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande ;
elle absorbe plus de 16 % des exportations néo-zélandais,
derrière l'Australie (20 %) et le Japon (17%). En revanche, la
Nouvelle-Zélande n'est que le 43
ème
importateur de
produits originaires de l'UE, derrière des pays comme l'Iran et la
Syrie. L'Union européenne est de loin le principal consommateur de
produits néo-zélandais tels que la viande ovine, le beurre, les
pommes, les kiwis, la venaison et le vin
25(
*
)
.
La baisse régulière du contingent d'importation de gluten de
blé
Pour la deuxième année consécutive, les autorités
américaines ont réduit de 5.402 tonnes le quota
alloué à l'Union européenne pour la période du
1
er
juin 1999 au 31 mai 2000 en matière
de gluten de blé
. Cette mesure,
discriminatoire,
imposée unilatéralement, ne touche pas les autres pays tiers
fournisseurs.
Selon la Commission, le dépassement du quota -qui est de
5.204 tonnes alors que la réduction du quota imposé par les
Américains est de 5.402- est dû à
"
l'incapacité des autorités douanières
américaines à enregistrer les volumes importés dans le
cadre du contingent
".
L'année passée, les Etats-Unis avaient décidé
d'imposer pendant trois ans un quota annuel de 25.983 tonnes sur les
importations de gluten de blé d'origine européenne pour
protéger leur industrie. Les Américains avaient justifié
cette mesure par le fait que les Européens, grâce aux subventions
de l'Union, parvenaient à vendre leurs excédents de gluten sur le
marché américain à des prix de dumping.
La Commission estime que les problèmes du gluten de blé
américain ne sont en rien imputables à l'Union européenne.
Ils sont dus, selon elle, à l'incapacité de l'industrie de
l'amidon de blé à faire face à la concurrence de
l'industrie de l'amidon de maïs, bien plus efficace outre-Atlantique.
Le régime fiscal consenti aux exportateurs américains
Un panel de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), constitué
à la demande de l'Union européenne, a condamné, le
26 juillet dernier, dans un rapport intérimaire le
système fiscal américain qui donne aux entreprises exportatrices
-notamment dans les secteurs des céréales et du soja- des
avantages contraires aux règles de la concurrence, assimilables à
des subventions.
L'Union européenne avait demandé la constitution d'une instance
d'arbitrage sur ces pratiques, considérées comme contraires aux
règles du commerce international. Selon la Commission européenne,
ces pratiques fiscales déloyales rapportent chaque année une aide
directe de 2 milliards de dollars aux exportateurs américains.
Les sociétés exportatrices américaines peuvent utiliser le
système des " Foreign Sales Corporation " (FSC) pour
créer des filiales dans les paradis fiscaux comme les Iles Vierges ou la
Barbade, qui échappent en grande partie aux taxes américaines.
Selon les experts européens, 64 % de ces FSC échappent
totalement à l'impôt et les bénéfices
ristournés par ces sociétés à leur
compagnie-mère ne sont pas non plus taxables. Un grand nombre de grands
groupes américains, dont Boeing, Microsoft, General Motors, Chrysler,
Motorola et Kodak bénéficient de ce système qui porte sur
un chiffre d'affaires global de 150 milliards de dollars. Les principaux
secteurs concernés sont les transports, les produits
électroniques, les produits chimiques, les céréales et le
soja.
En 1976, un système analogue de subventions déguisées aux
entreprises exportatrices américaines, le " Domestic International
Sales Corporation ", avait été déclaré
illégal par le GATT.
Les Etat-Unis ont fait appel de la décision finale.
b) L'agriculture au coeur des négociations du millénaire de l'OMC
La
conférence ministérielle de Seattle doit définir le
calendrier et le contenu de la future négociation
. L'article 20 de
l'accord de Marrakech, dont l'objectif est la poursuite du processus de
réforme, fournit d'ores et déjà le cadre de la prochain
négociation agricole.
Les priorités des Etats-Unis pour les futures négociations
à l'OMC en matière agricole sont l'élimination des
subventions à l'exportation, le démantèlement des
monopoles d'Etat, la diminution des aides publiques, la réduction des
tarifs douaniers, une plus grande discipline en matière de quotas
tarifaires et une plus grande ouverture sur les biotechnologies
. Les
Etats-Unis souhaitent, de plus, une réforme des institutions de l'OMC,
et plus précisément du mode de règlement des
différends. Cette procédure doit, pour les Américains,
devenir plus transparente, notamment à travers une ouverture au public
des auditions et une publication plus rapide des rapports.
Dès à présent, chaque camp cherche ses
alliés.
La Commission européenne a approuvé, le 8 juillet, et transmis
au Conseil des ministres, ses propositions en vue de la réunion
ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Celles-ci
détaillent les chapitres de négociation dont la Commission
souhaite l'ouverture avec l'aval de ses partenaires commerciaux.
La communication de la Commission s'inspire fortement du document de Berlin,
mais demande un mandat du Conseil des ministres de l'Union européenne
pour la poursuite des négociations
. Ce document est comparable
à celui du Conseil qui a fixé ses propres exigences visant
à mettre les investissements, la concurrence et l'environnement à
l'ordre du jour des négociations multilatérales, à
intégrer davantage les pays en développement dans le
système commercial mondial, ainsi qu'à promouvoir le dialogue
avec la société civile dans le but de sensibiliser davantage
l'opinion aux bienfaits du système multilatéral.
Lors des négociations internationales, la politique agricole commune
(PAC) de l'Union européenne sera attaquée fortement par les
Etats-Unis et le groupe de Cairns, opposés aux subventions. La
Commission européenne défendra, quant à elle, la PAC,
d'une part en arguant des réformes déjà adoptées
dans le cadre de l'Agenda 2000, et d'autre part en contestant les
crédits à l'exportation - d'un montant allant jusqu'à
5,5 milliards d'euros- accordés chaque année aux
agriculteurs américains.
Votre rapporteur pour avis souhaite que l'Union européenne marque sa
détermination dans les négociations multilatérales, en
faisant reconnaître par ses partenaires la spécificité de
ses choix alimentaires. L'Union européenne doit ainsi :
- faire valoir ses intérêts dans tous les aspects de la
négociation ;
- préserver la nécessaire cohérence entre sa
politique agricole et l'exercice de libéralisation des marchés.
Le choix politique de la Politique Agricole Commune (PAC) a été
reconduit par l'adoption de l'Agenda 2000, qui offre des garanties au secteur
agricole en matière de prix et de revenu. Cette situation implique de
facto la nécessité de préserver les mécanismes
correspondants de compensation des écarts de prix à la
frontière -droits de douane et restitutions à l'exportation
efficaces- ;
- rechercher, dans le cadre multilatéral, à établir
des règles équitables et transparentes pour le commerce des
produits agricoles de base et transformés.
Compte tenu des exigences légitimes des citoyens européens en
matière sociale et environnementale, il est impératif, pour
élaborer des règles de commerce plus équitables,
d'intégrer les normes sociales et environnementales dans les
négociations, oubliées par l'Uruguay round alors que ces
critères modifient la compétitivité et les termes de
l'échange.
Enfin, l'exercice multilatéral ne doit pas être affaibli par la
multiplication de concessions bilatérales accordées en vertu de
considérations politiques.
A la réunion informelle de Tampere (Finlande), en septembre dernier,
les ministres européens de l'agriculture sont apparus
" relativement unanimes " sur les priorités de l'Union
européenne dans les négociations de l'OMC, et notamment la prise
en compte de la multifonctionnalité de l'agriculture, le maintien des
subventions dites de la " boite bleue "...
Certaines nuances -notamment du groupe de Londres- sont néanmoins
apparus sur l'attitude que devait adopter la Communauté durant la
négociation et la question du bien être animal. Le document
signé au Conseil agricole du 27-28 septembre dernier a
été adopté à l'unanimité.
Votre rapporteur pour avis approuve sans réserves la proposition de
résolution adoptée par la Commission des Affaires
économiques, il y a quelques jours, sur les prochaines
négociations internationale qui s'ouvriront à la fin du mois
à Seattle.
|
De Tampere à Seattle
Conseil
agricole, élaboration de conclusions qui seront transmises aux ministres
des affaires étrangères.
|
Votre
rapporteur pour avis se félicite de ce que la France ait entamé,
il y a quelques mois, les premières discussions avec les professionnels
en vue de préparer les négociations de l'OMC.
Il juge essentiel que la Commission des Affaires économiques suive
avec la plus grande vigilance l'évolution de ce dossier.
c) L'avenir de l'OMC
Quatre ans après sa fondation au lendemain de
l'Uruguay Round, l'OMC a de plus en plus de difficultés à remplir
son mandat d'arbitre dans le domaine des échanges internationaux
.
Alors qu'elle devait incarner le principe du " multilatéralisme
ouvert ", l'OMC se trouve souvent paralysée par d'âpres
conflits commerciaux entre les Etats-Unis et l'Union européenne (banane,
boeuf aux hormones, OGM) et la lutte entre l'Asie et les Etats-Unis pour la
succession du poste de directeur général à la tête
de l'institution. L'effritement du consensus fragile qui s'était
établi depuis des années en faveur du multilatérisme dans
la gestion des relations commerciales mondiales laisse planer un doute sur
l'avenir de l'OMC à l'aube du " round du millénaire ".
Autrefois, les rivalités entre les trois grands ensembles commerciaux de
la planète (Etats-Unis, Union européenne et Asie) étaient
aplanies à la fois par la guerre froide et par le formidable essor du
commerce international dans les premières années de la
mondialisation (1985-1995).
Aujourd'hui, deux problèmes de fond se posent :
- l'inadéquation entre la logique économique et commerciale
proprement dite et les logiques des autres sphères de la
société (sociale, écologique, biologique...) ;
- la tension entre le souveraineté des Etats et le principe du
multilatéralisme dans la gestion de la société
internationale
27(
*
)
: le duel entre MM.
Supachaï et Moore pour la direction générale de l'OMC ne
doit pas ainsi faire oublier que l'affrontement a pour arrière plan les
délicates négociations sur la candidature de la Chine à
l'OMC : les Américains estiment que l'entrée de la Chine
compliquerait considérablement la gestion institutionnelle de
l'organisation.
Ces crises, à la veille du sommet de Seattle sont
révélatrices des questions déjà pendantes
dès l'ouverture de ces négociations ;
- qu'adviendra-t-il de la " clause de paix " des accords du GATT
relative aux aides contenues dans la boîte bleue dont l'expiration est
prévue en 2003 ? Si aucun accord n'est signé avant cette
date, toutes règles particulières liées à
l'agriculture seront supprimées et les marchés agricoles soumis
aux accords généraux des subventions établis par le
GATT ;
- si tous les participants souhaitent un nouveau cycle de
négociations d'une durée de trois ans, les européens
veulent que ce cycle soit un tout faisant l'objet d'un engagement unique, sans
exclure pour autant de parvenir à des résultats partiels au cours
de la négociation. Les Américains sont, au contraire, favorables
à la possibilité d'aboutir à des accords sectoriels -
notamment dans le domaine agricole- avant la fin de ce prochain cycle de
pourparlers ;
- Européens et Américains sont favorables à
l'inclusion de l'environnement dans la session de négociations
commerciales multilatérales. Mais comme dans d'autres domaines, les
intérêts de l'Union européenne et des Etats-Unis
apparaissent divergents, Bruxelles prônant la définition de normes
internationales tandis que Washington insiste sur la réduction des
subventions qui " nuisent à l'environnement " ;
- si l'on constate un certain nombre d'avancées sur les
règles vétérinaires internationales dans le cadre de
l'Office international des épizooties en 1999, les normes sanitaires et
techniques s'avèrent un enjeu déterminant dans le commerce
international et notamment lors du round du millénaire : les
Etats-Unis et l'Europe affichent en la matière de réelles
divergences. Ainsi, les Etats-Unis ont récemment mis en garde les
Européens contre une interdiction
" irréfléchie " des antibiotiques dans
l'élevage. Les réglementations sanitaires et techniques sont
devenues la principale source d'entrave aux échanges et deviennent des
outils de protectionnisme. Le Codex alimentarius, organisme international dont
la mission est de "
guider et promouvoir l'élaboration et
l'harmonisation de définitions relatives aux produits
alimentaires
" se trouve ainsi au centre d'un nouvel enjeu.
3. L'enjeu agricole pour les Etats-Unis d'Amérique
a) La question du déficit commercial américain
Alors
que le taux de croissance du produit intérieur en rythme annuel brut
américain a augmenté de près de 4 % en 1998, le
déficit commercial des Etats-Unis ne cesse de se creuser
et a
atteint 260 milliards de dollars l'année dernière.
Dans
le domaine agro-alimentaire, l'excédent commercial américain
recule depuis deux ans
28(
*
)
.
En effet, l'évolution du commerce extérieur américain,
depuis le milieu de la décennie 70, montre une réelle et
constante dégradation. De 1993 à 1998, le déficit
commercial non agricole est passé de 180 milliards de dollars
à 276 en 1998.
Les prévisions pour 1999 ne sont guère optimistes puisque l'USDA
s'attend à une nouvelle dégradation des comptes extérieurs
-environ 290 à 300 milliards de déficit-.
Parallèlement, l'excédent agro-alimentaire a été de
près de 17 milliards de dollars en 1998.
Dans un tel contexte, on comprend aisément, que, depuis la signature des
accords de Marrakech, les Etats-Unis n'aient jamais relâché leur
pression sur les Européens, en particulier dans le domaine agricole
.
Outre le fait que l'excédent agricole et alimentaire compense
partiellement le déficit touchant les biens non agricoles, il convient
de rappeler que l'économie américaine est dotée de forts
avantages comparatifs sur l'agro-alimentaire et que les Américains
entendent bien consolider et accroître ces avantages. Toutefois, la crise
des économies asiatiques a provoqué, depuis deux années,
une contraction des exportations américaines de produits agricoles et
alimentaires, amputant l'excédent de plusieurs milliers de dollars.
Dans ce contexte, l'agressivité des autorités
américaines en matière de flux commerciaux est de plus en plus
tournée vers l'Union européenne
, d'autant que les
exportations américaines de produits agricoles et alimentaires se
heurtent à la contrainte de débouchés constitutive de la
crise asiatique. L'excédent agricole pour l'année 1998 a, en
effet, chuté de six milliards de dollars par rapport à 1997,
s'établissant à 16,6 milliards de dollars, soit un recul de
29 %. Le record de l'année 1995, plus de 27 milliards de
dollars, est loin.
Par ailleurs, on assiste à un arrêt de la croissance des
exportations américaines vers l'ALENA. La bonne tenue des
récoltes mexicaines et la baisse de la production américaine de
coton sont à l'origine de ces médiocres résultats.
EXPORTATIONS AGRICOLES AMÉRICAINES PAR PRODUIT
(EN MILLIARDS DE DOLLARS)
Année fiscale
|
1996 |
1998 |
1999
|
Grains et aliments du bétail |
21,5 |
14,1 |
13,9 |
Oléagineux et produits dérivés |
9,7 |
11,1 |
9,3 |
Viandes :
|
6,7
|
6,4
|
6,3
|
Produits laitiers |
0,7 |
0,9 |
0,9 |
Tabacs bruts |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
Cotons et linters |
3,0 |
2,5 |
1,6 |
Semences |
0,7 |
0,8 |
0,9 |
Produits horticoles |
10,0 |
10,3 |
10,1 |
Autres produits |
6,0 |
6,0 |
6,1 |
Total |
59,8 |
53,6 |
50,5 |
Source
: Agri US Analyse, d'après USDA.
Les grains et aliments du bétail, les oléagineux, la viande
volaille, le coton, enregistrent les plus fortes baisses. Il est
intéressant de noter que, pour la première fois depuis 1990, les
exportations de viande de volaille sont en baisse, en raison de la chute des
achats russes (-27 % en 97/98 en volume).
La décroissance des exportations américaines constitue un signe
préoccupant pour les Européens, qui vont être une cible
privilégiée pour les négociations américaines
à la fin de cette année.
Votre rapporteur pour avis tient à souligner qu'en l'absence de la
procédure dite de " fast track " accordée par le
Congrès à l'administration américaine, il est
impératif que l'Union européenne se montre très prudente
lors des négociations de l'OMC.
b) L'évolution de la politique agricole américaine
Alors que les Etats-Unis avaient annoncé en
1996 la
mise en place, avec le Fair Act, d'une politique agricole libérale
ayant pour ambition la réduction des aides à l'agriculture,
on
peut s'étonner du fait que les " chantres du
libéralisme " aient autant de mal à résister à
une poussée protectionniste grandissante.
L'instauration, en 1998, d'une enveloppe de près de 6 milliards de
dollars pour soutenir l'agriculture est un indice particulièrement
fort
de cette nouvelle tendance outre-Atlantique. Faut-il, d'ailleurs,
parler en l'espèce de nouvelle tendance ?
En 1999, un nouveau plan d'aides aux agriculteurs d'un montant d'un milliard
de dollars
consistant en prêts à des aides destinées
à surmonter les périodes de crise a été
décidé par le Gouvernement. De plus, des mesures de report
d'impôt pour les agriculteurs les plus en difficulté ont
été mis en place.
M. Dan Glickman, secrétaire d'Etat à l'agriculture, a
constaté que si la réforme de 1996 était bien
adaptée à une période faste, elle se
révélait catastrophique lorsque la crise survenait. Il a
indiqué que
" l'une des priorités allait être de
concevoir un filet de sécurité efficace pour les
agriculteurs
". Une série de mesures a été
décidée. Tout d'abord, le délai pour demander à
bénéficier de l'aide d'urgence de 1998 a été
reporté du 12 mars au 9 avril ; de plus, un programme de
200 millions de dollars destiné aux producteurs de lait a
été annoncé ; en ce qui concerne les prêts
d'urgence, les volumes attribués sont supérieurs de deux tiers
à ceux qui avaient été accordés à la
même époque en 1998 ; les crédits pour l'exportation
porteront sur 10 millions de tonnes cette année contre
3 millions l'an dernier ; en outre, le programme d'aide rurale est
augmenté de 800 millions de dollars ; le Gouvernement a,
enfin, dépensé 50 millions de dollars pour dégager le
marché porcin.
Au total, les aides devraient représenter 18 milliards de
dollars en 1999, soit la somme la plus élevée accordé
depuis dix ans, selon les dires même de M. Dan Glickman.
Par ailleurs, l'assurance-récolte connaît d'importantes
difficultés aux Etats-Unis
. Depuis qu'elle n'est plus obligatoire,
force est de reconnaître que son succès est plus limité.
Environ la moitié des surfaces assurables sont aujourd'hui couvertes.
Quant à l'assurance revenu, elle en est encore au stade de
l'expérimentation.
Ce constat n'est pas celui d'un expert européen mais celui de
M. Sam Coleman Dunlap, spécialiste des assurances agricoles
auprès de l'USDA. Selon lui, le système d'assurance des
récoltes et des revenus agricoles doit être réformé.
Compte tenu des aides exceptionnelles distribuées par le Congrès,
les " farmers " ne sont pas motivés pour s'assurer.
Pour l'heure, il existe un système d'assurance couvrant près de
quatre-vingt-dix productions, un fonds de garantie qui rembourse une part des
dommages dus pour catastrophes naturelles, dont beaucoup d'agriculteurs se
contentent et un dernier fonds pour les cultures non assurables.
4. Les prévisions de l'OCDE
Le 20
avril dernier, l'OCDE a rendu public son rapport sur les perspectives agricoles
pour les cinq prochaines années (1999-2004).
Ce rapport examine certains éléments de la stratégie de
réforme des échanges dans le cadre du prochain cycle de
négociations multilatérales sur l'agriculture.
L'OCDE
prévoit
:
-
la reprise des échanges à partir de 2000
: la
plus forte croissance est prévue pour la viande (porc et volaille) ;
-
la
poursuite de la réduction progressive des obstacles
commerciaux, pourrait avoir, après 2000, un impact positif sur les
marchés des produits bénéficiant de subventions à
l'exportation
. Par contre, un abaissement des droits de douane selon les
modalités en vigueur n'auront qu'un effet limité sur les
échanges et les prix ;
- actuellement au plus bas,
les prix des denrées alimentaires
comme le blé, le maïs, les produits laitiers, la viande de porc et
les oléagineux devraient augmenter après 2000.
Les prix des
céréales devraient chuter à un niveau historique en 1999,
en raison de l'augmentation de l'offre globale et de la faible demande due
à la crise asiatique. Les prix mondiaux du maïs et du blé
devraient remonter respectivement à 112,7 à 143,7 euros la tonne
d'ici 2004, en léger retrait par rapport aux moyennes observées
sur la période 1993-1997. Par ailleurs, la production mondiale de
céréales devrait croître de 11 % entre 1998 et 2004.
Après un fléchissement en liaison avec la chute des prix, la
production devrait augmenter, après 2000, en moyenne de 15 millions de
tonnes par an. La part de l'OCDE dans la production mondiale de
céréales devrait rester stable autour de 40 % ;
-
le montant des subventions versées à l'agriculture des
29 pays de l'OCDE a été en hausse en 1998
; en effet,
les subventions à l'agriculture sont passées de 331 milliards de
dollars en 1997 à 362 milliards (+9,4 %) en 1998 dans les pays
membres de l'OCDE. Les montants alloués aux exploitants
représentaient en 1998 1,4 % du produit national brut (PNB) de
l'OCDE, contre 1,3 % en 1997. L'an dernier, le niveau de soutien aux
producteurs, qui a augmenté dans tous les pays, sauf en Corée et
en Nouvelle-Zélande, est passé de 32 à 37 % de la
valeur des recettes agricoles brutes. Très variables, les niveaux de
soutien vont de moins 1.000 dollars à plus de 35.000 dollars par
exploitant selon les pays, la moyenne de l'OCDE tournant autour de 11.000
dollars.
Cette hausse des soutiens est
" essentiellement imputable à la
baisse des prix mondiaux, qui n'a pas été suivie d'un recul
similaire des prix nationaux
" en raison des droits de douane.
" Pour de nombreux pays, les droits de douane continuent à
empêcher les variations de prix mondiaux de se répercuter
pleinement sur les économies nationales ",
note l'Organisation.
L'augmentation des subventions à l'agriculture reste dans les limites
permises par les règles internationales du commerce, reconnaît
l'OCDE, qui pointe néanmoins du doigt la distorsion entre les droits de
douane imposés aux produits agricoles, qui culminent à un
" haut niveau ", et ceux appliqués aux produits
manufacturés, qui sont plus " modestes ". Les droits de douane
agricoles peuvent dépasser les 40 % tandis que ceux des produits
manufacturés sont compris entre 5 et 10 % , selon l'OCDE.
Malgré la poussée des subventions, les revenus nets des
exploitants agricoles ont décliné " dans la plupart des pays
de l'OCDE ". Ils ont reculé de 4 % dans l'Union
européenne en 1997-98, de 16 % aux Etats-Unis et de 21 % en
Australie.
Sur le long terme, les subventions agricoles marquent cependant une tendance
à la baisse : sur les dix dernières années, elles
sont ainsi passées de 2,1 % du PNB de l'OCDE en 1986-88 à
1,3 % en 1996-98.
CHAPITRE II -
LES CRÉDITS POUR 2000
I. L'ORIENTATION GÉNÉRALE
Votre rapporteur pour avis a choisi de présenter cette année les crédits du ministère de l'agriculture en francs et en euros.
A. LES CRÉDITS DU MINISTÈRE
Avant
d'analyser le projet de budget pour 2000 du ministère de l'agriculture
et de la pêche,
votre rapporteur pour avis souhaite préciser,
par souci de transparence, trois points essentiels pour la bonne
compréhension des crédits consacrés à l'agriculture
dans le projet de loi de finances pour l'année 2000
:
- la subvention d'équilibre au budget annexe des prestations
sociales agricoles (BAPSA) d'un montant de 3,9 milliards de francs
(0,59 milliards d'euros) est transférée au budget des
charges communes, le ministre de l'agriculture en conservant la
responsabilité ;
- deux catégories de dépenses, précédemment
financées sur des comptes, hors budget, sont intégrées
dans le projet de budget pour 2000 : il s'agit des
rémunérations d'ingénierie publique et du Fonds forestier
national (957 millions de francs ; 145,89 millions
d'euros) ;
- enfin, le budget enregistre une baisse mécanique en raison de la
chute des dépenses de bonification des prêts (-900 millions
de francs ; -137,2 millions d'euros), liée à la baisse
des taux d'intérêt observée ces dernières
années.
Ainsi, à structure constante par rapport à 1999, le projet de
budget de l'agriculture et de la pêche baisse de -0,5 % pour
s'établir à 28,048 milliards de francs (4,27 milliards
d'euros).
Sur ce volume, plus de 190 millions de francs (28,96 millions
d'euros) sont destinés aux secteurs de la pêche maritime et des
cultures marines.
Enfin, ce chiffre ne prend pas en compte les retours agricoles de la France
provenant du budget communautaire, estimés à plus de
64 milliards de francs (9,76 milliards d'euros).
1. Par type de dépenses
Le tableau figurant ci-après présente les grandes évolutions contenues dans le projet de budget du ministère de l'agriculture et de la pêche pour 2000.
(en milliards de francs et (...) en milliards d'euros)
|
Loi de finances 1999 |
Projet de loi de finances 2000 |
2000/1999 en pourcentage |
Dépenses ordinaires |
|
|
|
Titre III - Moyens des services |
|
|
|
Personnel |
8
526,49
|
9
111,73
|
+6,86 |
Fonctionnement |
1
704,14
|
2
056,4
|
+20,67 |
Total Titre III |
10.230,64
|
11.168,14
|
+9,16 |
Titre IV - Interventions publiques |
|
|
|
Action éducative |
3.466,35
|
3.566,38
|
+2,88 |
Action économique |
13.528,09
|
13.100,83
|
-3,15 |
Action sociale (hors BAPSA/AAH) |
46,12
|
95,12
|
+106,24 |
Total titre IV hors BAPSA/AAH |
17.041,16
|
16.762,33
|
-1,63 |
Total dépenses ordinaires |
27.271,8
|
27.930,47
|
+2,41 |
Total dépenses en capital (AP) |
980,3
|
1.262,14
|
+28,70 |
Total dépenses en capital (CP) |
925,22
|
1.101,72
|
+19,04 |
Total budget (DO + CP) hors BAPSA/AAH |
28
197,03
|
29
032,2
|
+3 |
Total budget à structure constante (hors crédits fonds forestier national et ingénierie) |
28
197,03
|
28
048
|
-0,5 |
Source
: Ministère de l'agriculture, de
la
pêche et de l'alimentation.
* La subvention au BAPSA a
été intégrée au budget général dans
le projet de loi de finances pour 2000.
2. Les dépenses ordinaires
Le
montant des dotations ordinaires est en hausse de 2,41 %. Il passe, en
effet, de 27 271,8 millions de francs (4.157,56 milliards d'euros)
pour 1999 à 27 930,47 millions de francs (4.257,97 milliards
d'euros) pour 2000.
Néanmoins, votre rapporteur constate que cette hausse est exclusivement
due à une augmentation des moyens des services qui croissent de
+9,16 % alors que, parallèlement, les crédits
affectés à l'action économique baissent de 3,15 %.
Parmi les plus fortes hausses
, votre rapporteur pour avis
relève :
- l'identification des animaux (44-70-60) avec +27,6 % ;
- la Prime à la vache allaitante (44-55-30) avec 21,5 % ;
- la sélection végétale (44-70-70) avec
+115,3 % ;
- les actions en actions spécifiques en zones
défavorisées (44-80-50) avec +20 % ;
- les Contrats territoriaux d'exploitation (44-84-10) avec
+216,7 % ;
- le fonds social lycéen (43-21-50) avec +20 %.
Parmi les plus fortes baisses
, votre rapporteur pour avis note :
- la Dotation jeunes agriculteurs (44-41-21) avec -24 %, 155 MF
étant affectés aux CTE ;
- les charges de bonification (44-42-10) dont la baisse revêt un
caractère automatique (-37,4 %) ;
- les subventions pour les fermetures d'abattoirs communaux (44-53-50)
avec -88,5 %.
3. Les dépenses en capital
Les dépenses en capital augmentent de + 28 % en autorisations de programme pour s'élever de 980,3 millions de francs pour 1999 (149,45 millions d'euros) à 1.262,14 millions de francs (192,41 millions d'euros) pour 2000 et de 19,07 % en crédits de paiement, soit 925,22 millions de francs en 1999 (141,05 millions d'euros) à 1.101,72 millions de francs (167,96 millions d'euros) en 2000.
B. L'ENSEMBLE DES DÉPENSES EN FAVEUR DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORÊT : L'ÉVOLUTION DES CONCOURS PUBLICS
Traditionnellement, la présentation du budget du
ministère de l'agriculture s'accompagne de celle de l'ensemble des
dépenses publiques en faveur de ce secteur. Son évolution permet
ainsi de nuancer l'appréciation susceptible d'être portée
sur l'évolution des seuls crédits du ministère de
l'Agriculture et de la Pêche.
L'évolution de cet agrégat fait apparaître pour 2000 une
augmentation de 0,76 %.
DÉPENSES BÉNÉFICIANT À L'AGRICULTURE ET À LA FORÊT
|
LFI 1999 |
PJL 2000 (2) |
2000/1999 (%) |
Ministère de l'agriculture et de la pêche (1) |
102.091 (15.563,67) |
101.780 (15.516,26) |
-0,3 |
Budget général (hors pêche) (1) |
27.998 (4.268,27)) |
28 841,63 (4.396,88) |
+3 |
Comptes spéciaux du Trésor |
2.282 (347,89) |
1 683,3 (256,62) |
-26,2 |
Autres ministères |
4.197 (639,83) |
4 270,81 (651,08) |
+1,8 |
Recherche : INRA, CEMAGREF |
3.747 (571,23) |
3.814 (581,44) |
+1,8 |
Intérieur : décentralisation de l'enseignement |
366 (55,8) |
372 (56,71) |
+1,6 |
Travail |
85 (12,96) |
85 (12,96) |
+0,6 |
Estimation des dépenses agricoles de l'Union européenne bénéficiant à la France |
66.812 (10.185,42) |
64 394 (9.816,8) |
-3,6 |
Total |
173.100 (26.388,92) |
170 444,81 (25.984,14) |
-1,5 |
(1)
La subvention du BAPSA est intégrée au budget
général.
(2) Le projet de budget 2000 inclut les recettes du FFN et ceux
d'ingénierie publique
C. LES DÉPENSES CONCERNANT L'AGRICULTURE PRODUCTIVE
Une approche moins extensive consiste à mesurer les crédits concernant la seule agriculture productive, que ce soit dans le budget du ministère ou dans l'ensemble des dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la forêt.
1. Dans le projet de budget du ministère
Dans la présentation des crédits du ministère, l'ensemble des dépenses destinées à l'agriculture productive sont rassemblées au sein d'un agrégat spécifique (agrégat 01 : activités agricoles productives). Ces dépenses devraient représenter 10,863 millions de francs (1.656,05 millions d'euros) en 2000.
2. Dans l'ensemble des dépenses
Le
document relatif aux concours publics à l'agriculture budgétaire
permet de mesurer, au sein de l'ensemble des dépenses en faveur de
l'agriculture, celles qui vont aux activités agricoles productives.
Le
domaine I
regroupe ainsi tous les concours budgétaires
affectés directement aux activités et aux produits agricoles. Il
s'agit donc d'actions économiques, d'encouragements et d'interventions
financières en faveur du secteur agricole, qui figurent principalement
au titre IV, ainsi que des financements communautaires qui viennent
compléter ces lignes budgétaires, ou qui sont directement mis en
oeuvre par les offices par les offices par produits.
Les dépenses y sont regroupées en huit ensembles, allant des
actions les plus directes en faveur de la production (telles les aides à
l'installation des jeunes agriculteurs) jusqu'aux moins directes comme la
formation continue.
Ainsi, sur plus de 170,6 milliards de francs (26,01 milliards
d'euros) de concours nets, 73,706 milliards de francs
(11,24 milliards d'euros) -soit 43 % des dépenses
totales- vont aux activités agricoles productives en 1998, soit une
augmentation de 831 millions de francs par rapport à 1997
(126,68 millions d'euros).
Sur ces 73,8 milliards de francs, 65,4 milliards (9,97 milliards
d'euros) sont d'origine européenne et 8,4 milliards
(1,28 milliard d'euros) des financements nationaux.
Trois domaines sont déterminants pour expliquer cette augmentation des
concours publics. Il s'agit de la hausse des dépenses de soutien de
marché et d'orientation des productions (plus de 80 % des aides
à l'agriculture productive), de celles destinées à
l'enseignement et à la recherche ainsi qu'aux services
généraux. Les autres secteurs enregistrent des variations de plus
faible ampleur. Parmi les concours à l'agriculture productive, les
financements liés à la modernisation des exploitations et
à l'installation diminuent de 16 % en 1998, du fait de
l'arrêt des aides aux producteurs bovins fragilisés par la maladie
de la vache folle.
II. LE FINANCEMENT DES ACTIONS CONSIDÉRÉES COMME PRIORITAIRES
Selon le Ministère de l'agriculture, le budget pour 2000 doit permettre de financer quatre grandes priorités : le financement des contrats territoriaux d'exploitation, la formation et l'enseignement, la sécurité et la qualité de l'alimentation et enfin la promotion des actions en faveur de la forêt.
A. LE FINANCEMENT DU CONTRAT TERRITORIAL D'EXPLOITATION
Le
chapitre 44-84-10 du projet de loi de finances pour 2000 est
crédité à hauteur de 950 millions de francs
(144,83 millions d'euros) alors que 300 millions de francs (45,73
millions d'euros) étaient inscrits en 1999.
Ces 950 millions de francs proviennent
en partie de la DJA à
hauteur de 155 millions de francs (23,63 millions d'euros) et des
subventions affectées au Fonds d'installation en agriculture
(145 millions de francs ; 22,11 millions d'euros) qui sont
désormais affectées au contrats territoriaux d'exploitation.
Votre rapporteur pour avis s'interroge sur l'opportunité d'abaisser
fortement les crédits destinés à l'installation -et
ce même si les crédits du CTE pourront être utilisés
pour des installations-. En effet, alors que l'on constate un
fléchissement de 7 % du nombre des installations aidées, en
1998, par rapport à 1997, il ne paraît guère opportun
d'amputer les crédits du FIA, et ce même de manière
symbolique.
Compte tenu des financements communautaires attendus, d'un montant égal
à la part nationale, le ministre estime que près de
2 milliards de francs (0,30 milliards d'euros) devraient pouvoir
être mobilisés en 2000, afin de financer près de
50.000 CTE.
L'objectif de ce fonds est de financer la mise en service des CTE.
Votre rapporteur pour avis rappelle qu'il a, lors du débat du projet de
loi de finances pour 1999, émis quelques réserves sur le principe
du CTE et a surtout regretté que des crédits budgétaires
soient affectés à un outil qui constituait l'armature de la loi
d'orientation agricole sur lequel le Sénat ne s'était pas encore
prononcé.
Il rappelle son opposition au redéploiement massif en faveur du CTE
au détriment d'opérations qui fonctionnent de façon
satisfaisante.
Enfin, il désapprouve, pour les raisons susmentionnées, non le
principe de modulation des aides communautaires qui financent la
moitié
(près d'un milliard de francs)
des CTE
mais ses
modalités d'application qui s'avèrent, chaque jour, plus
contraignantes, injustes et discriminatoires.
Il constate, en outre, que le décret n° 99-874 en date du
13 octobre 1999 relatif aux CTE est révélateur de
l'esprit dans lequel agit le Gouvernement de la majorité
plurielle : en effet, ce texte, d'une infinie complexité, risque de
se révéler difficilement applicable sauf si l'administration
passe d'une logique contractuelle à une logique bureaucratique ... ce
à quoi elle risque de céder.
B. LES CRÉDITS CONSACRÉS À LA SÉCURITÉ ET À LA QUALITÉ DE L'ALIMENTATION
Pour
attaché qu'il soit à la rigueur budgétaire, votre
rapporteur pour avis approuve l'augmentation de ces crédits, qui sont en
hausse de près de 6 % avec 921 millions de francs
(140,41 millions d'euros).
Le chapitre 44-70, consacré aux actions de promotion et de
contrôle de la qualité voit ses crédits augmenter
en
2000 de 2 % (de 357,47 millions de francs (54,50 millions
d'euros) en 1999 à 364,48 (55,56 millions d'euros) pour 2000).
Ne doivent pas être comptabilisés dans ce chapitre les
crédits des articles 50, 60 et 70 qui sont relatifs à la
sélection animale et végétale.
Les deux principales lignes de ce chapitre sont :
- les actions de lutte contre les maladies des animaux, essentiellement
pour la santé publique (actions de dépistage, vaccinations,
indemnisation des éleveurs), qui voient leurs moyens reconduits ;
- de la même façon, les dotations de la protection et du
contrôle sanitaire des végétaux, qui sont augmentés
de 13 % pour 2000, à hauteur de 60,46 millions de francs
(9,22 millions d'euros) (chapitre 44-70, article 10). Il s'agit
là aussi d'actions essentielles. Les moyens en personnels des services
déconcentrés de la protection des végétaux sont,
par ailleurs, accrus avec la création de cinq emplois
d'ingénieurs des travaux agricoles.
Les moyens destinés aux actions de contrôle et d'expertise dans le
domaine des signes de qualité et à la maîtrise de la
qualité des produits sont eux aussi, en reconduction
(chapitre 44-70, article 30 : 19,02 millions de
francs ; 2,90 millions d'euros).
La subvention de l'Agence française de sécurité
sanitaire des aliments,
créée par la loi du
1
er
juillet 1998, qui intègre le CNEVA, voit sa
dotation augmenter de plus de 9,5 millions de francs
(1,45 million d'euros) : en effet, les chapitres 36-22/13,
36-22/16 et 36-22/22 sont tous en augmentation.
La dotation à l'INAO
(chapitre 36-22, article 43)
passe de 76 millions de francs (11,59 millions d'euros) à
76,3 millions de francs (11,63 millions d'euros).
Les crédits de sélection végétale
(chapitre
44-70, article 70) qui visent à une création
variétale plus diversifiée,
sont fortement augmentés de
115 % pour atteindre 14 millions de francs (2,3 millions
d'euros).
Enfin, les actions visant à la sélection animale
(chapitre 44-70, article 50) sont maintenus à 95 millions
de francs (14,48 millions d'euros)
, alors que les crédits
destinés au dispositif d'identification permanente
généralisée du bétail avec 37 millions de
francs (5,64 millions d'euros) (chapitre 44-70, article 60)
augmentent de 27,5 %.
C. LA FORMATION ET L'ENSEIGNEMENT
Les crédits globaux de l'enseignement agricole, tous niveaux confondus, de la formation et de la recherche, sont en hausse de 4% hors personnel. Votre rapporteur pour avis s'en remet, sur cette question, à l'analyse de votre commission des affaires culturelles.
D. LA PROMOTION DES ACTIONS EN FAVEUR DE LA FORÊT
Le
Gouvernement a annoncé que, dans le prolongement du rapport Bianco,
le secteur de la forestier allait bénéficier dès
l'année 2000 d'un supplément budgétaire qui dépasse
540 millions de francs (82,32 millions d'euros).
Ainsi, l'office national des forêts voit la contribution de l'Etat
(44-92/70) augmenter de + 79 millions de francs (+12,04 millions
d'euros) pour s'établir à 957 millions de francs
145,89 millions d'euros), soit une augmentation de 9 %.
En outre, le Fonds forestier national (FFN) est intégré au budget
général en raison de la suppression des taxes qui l'alimentaient.
Votre rapporteur pour avis approuve cette progression
. Il souhaite,
néanmoins, qu'elle n'entraîne pas un renoncement aux mesures
fiscales nécessaires à la filière forestière, qui
devront être prises en compte par le futur projet de loi de modernisation
et d'orientation forestière.
E. LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX RETRAITES
A ces
quatre priorités, le Gouvernement en a ajouté une
cinquième : il s'agit de la revalorisation des retraites agricoles.
Le budget 2000 prévoit en fait la poursuite de la revalorisation
des retraites agricoles entamée non en 1997 comme le prétendent
à tort les documents du ministère de l'agriculture mais
dès 1994, et ce dans une proportion comparable
.
La mesure proposée par le Gouvernement pour l'année 2000
prévoit de porter le minimum mensuel de pension grâce à une
augmentation de 200 francs à :
- 3.200 francs (487,84 euros) pour les chefs d'entreprise ;
-3.000 francs (457,35 euros) pour les personnes veuves ;
- 2.700 francs (411,61 euros) pour les aides familiaux ;
-2.400 francs (365,88 euros) pour les conjoints.
III. LES AUTRES DOTATIONS
A. LE SOUTIEN À L'ÉLEVAGE ET AUX ZONES DÉFAVORISÉES
1. L'indemnité compensatoire de handicaps naturels
Les
crédits affectés au chapitre 44-80, article 30 diminuent
légèrement de 100.000 francs pour s'élever à
1.560,1 millions de francs (237,83 millions d'euros).
Selon les informations fournies à votre rapporteur, l'apport des
crédits communautaires du FEOGA devrait permettre une revalorisation de
ces primes de 1,5 %.
2. La prime au maintien de l'élevage extensif
Les
crédits consacrés à cette prime -avec ceux relatifs
au programme agri-environnemental- sont regroupés au sein du
chapitre 44-41, article 22, pour un montant stable de 819 millions de
francs(124,85 millions d'euros).
La dotation consacrée à la prime à l'herbe
s'élève à 680 millions de francs. Votre rapporteur
souligne que le montant unitaire (300 francs par hectare) de cette prime
n'a pas varié depuis de nombreuses années.
3. La prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA)
Avec
plus de 4,1 millions de têtes, le cheptel français de vaches
allaitantes représente environ 37 % du cheptel de l'Union
européenne.
En France, près de 50 % des vaches se trouvent dans le grand bassin
de la production allaitante : le Limousin, l'Auvergne et les
départements limitrophes de Bourgogne et Midi-Pyrénées
notamment. 15 % des vaches se trouvent dans l'autre grande zone
d'élevage allaitant Pays de Loire et Deux-Sèvres. Ce sont
près de 70 % des vaches allaitantes françaises qui sont
élevées dans des zones défavorisées.
La dotation budgétaire correspondante (chapitre 44-55 article 30) est
en forte augmentation pour 2000. Elle est de 790 millions de francs
(120,43 millions d'euros), soit une augmentation de + 21 %.
La prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA) sera
revalorisée (+ 140 millions de francs) : cette hausse
constitue la première tranche d'un programme qui portera la prime
nationale de 30 à 50 euros en trois ans, dans la continuité
des accords de Berlin et des concessions obtenues par le ministre de
l'Agriculture et de la Pêche en mars dernier.
B. LA MAÎTRISE DES POLLUTIONS EN ÉLEVAGE (PMPOA)
La part
qui a été inscrite pour cette action dans le cadre des contrats
Etat-Régions, pour le XIe plan, est égale à
553 millions de francs pour l'Etat et au moins autant pour les
collectivités territoriales. Les contrats de plan ont été
honorés : 558 millions de francs ont été
apportés par l'Etat sur la ligne budgétaire correspondante, pour
les cinq premières années, de 1994 à 1998. Depuis 1997, et
jusqu'à la fin de cette année, les crédits du FNDAE
s'ajoutent pour financer les dépenses supplémentaires par rapport
aux prévisions initiales.
En 2000, la dotation budgétaire pour le PMPOA est en hausse de
6,3 % et s'élève à 134 millions de francs
(20,43 millions d'euros). Dès l'année 2000, le PMPOA ne
bénéficiera plus de ce financement.
Cette revalorisation intervient dans un moment où le PMPOA est soumis
à de fortes critiques.
Un rapport de l'Inspection générale des Finances, tenu secret,
fixerait à 5 milliards de francs la dépense engagée
depuis 1993 sur ce programme, sans que la qualité de l'eau se soit
améliorée. Si ce programme est mené à son terme en
2003, 9 milliards supplémentaires seront à déployer.
Par ailleurs, l'application du PMPOA aux petits élevages
élèverait son coût à près de
40 milliards de francs. De plus, ce rapport considérerait le
montant des aides accordées aux agriculteurs pour se mettre aux normes
excessif par rapport à ce qu'autorise la politique de Bruxelles. Votre
rapporteur pour avis prend acte des déclarations des ministres de
l'agriculture et de l'environnement, qui estiment que, d'une part s'agissant
d'une mission d'intérêt général, ce programme ne
tombe pas sous le coup du Traité de Rome et que, d'autre part, le
règlement européen du 27 mai 1999 sur le
développement rural autorise jusqu'à 75 % de subventions
dans le cas d'investissements liés à la protection de
l'environnement. En outre, le rapport jugerait insuffisant la contribution des
agriculteurs aux agences de l'eau : votre rapporteur pour avis rappelle
qu'un moratoire de cinq ans avait été décidé,
reportant le paiement des redevances à 1999.
Votre rapporteur pour avis souhaite que ce rapport soit publié
rapidement afin qu'une analyse détaillée puisse être
menée.
C. LES CRÉDITS CONSACRÉS À L'AMÉNAGEMENT DE L'ESPACE RURAL ET AUX ACTIVITÉS HIPPIQUES
1. L'animation et le développement des territoires ruraux : une reconduction
On
constate une stabilisation des crédits budgétaires
concernant :
- les crédits en faveur des interventions pour l'aménagement
rural (chapitre 44-80, article 21) sont en baisse de 2,24 %, à
hauteur de 20,70 millions de francs (3,15 millions d'euros) ;
- les actions de formation et les actions éducatives en milieu
rural (chapitres 43-23, articles 20, 40 et 50 et chapitres 44-80-10) sont
reconduites à hauteur de 78,65 millions de francs
(11,99 millions d'euros) ;
- les subventions à l'amélioration du cadre de vie et au
développement rural baissent de 7,56 %, de 17,1 millions de
francs (2,61 millions d'euros) en autorisations de programmes et passent
de 19,6 millions de francs (2,99 millions d'euros), à
16,35 millions de francs (2,49 millions d'euros) en crédit de
paiement
Les crédits relatifs au développement rural sont analysés
plus longuement dans le rapport pour avis de notre collègue Henri
Revol.
2. Les crédits aux activités hippiques
Votre
rapporteur pour avis se félicite de la création du nouvel
établissement public " Les Haras nationaux " qui devrait
pouvoir conduire une politique globale et cohérente du cheval.
Cette création s'accompagne d'une nouvelle ligne budgétaire de
subvention à cet établissement auquel les dotations et les moyens
sont transférés.
Le chapitre 36-22 article 45 est ainsi doté de 131,67 millions de
francs (20,07 millions d'euros).
D. LE FONDS NATIONAL DE GARANTIE CONTRE LES CALAMITÉS AGRICOLES
La loi
du 10 juillet 1964 organisant un régime de garantie contre les
calamités agricoles prévoit, en son article 3-1, que " les
ressources du Fonds national de garantie des calamités agricoles
affectées aux indemnisations sont les suivantes :
a) Une contribution additionnelle aux primes ou cotisations afférentes
aux conventions d'assurance couvrant à titre exclusif ou principal les
dommages aux biens.
b) Une subvention inscrite au budget de l'Etat et dont le montant sera au moins
égal au produit de la contribution professionnelle.
Les termes utilisés par le législateur sont dépourvus de
la moindre ambiguïté. Ils imposent l'obligation à l'Etat
d'affecter chaque année au Fonds des calamités agricoles une
somme déterminée égale à la contribution de la
Profession.
Après une absence de crédits inscrits au chapitre 46-33 relatif
à la participation de l'Etat à la garantie contre les
calamités agricoles pour l'année 1999, votre rapporteur pour avis
prend acte des 50 millions de francs (7,62 millions d'euros) qui sont
affectés au Fonds national de garantie.
La faiblesse de cette dotation confirme la remise en cause des principes
régissant le fonds et augure mal de la volonté des pouvoirs
publics de mettre en place dans l'avenir une assurance récolte comme le
prévoit la loi d'orientation agricole.
E. L'ACTION INTERNATIONALE DE LA FRANCE EN MATIÈRE AGRO-ALIMENTAIRE ET LE COMMERCE EXTÉRIEUR
1. Une baisse de l'aide alimentaire
Le
ministère de l'agriculture avait, l'année passée,
organisé une forte publicité autour de l'augmentation de la ligne
" aide alimentaire et coopération technique " (chapitre 44-43).
Le budget de l'aide alimentaire avait cru de 33,75 % de 205 millions
de francs (31,25 millions d'euros) à 274 millions de francs
(41,77 millions d'euros). Cette augmentation devait permettre de
couvrir, pour une grande partie au moins, le retard accumulé au cours de
ces trois dernières années.
Votre rapporteur pour avis s'était félicité de cette
très forte augmentation. Il constate, cette année, une baisse de
près de 7 %, ces crédits se montant à
255 millions de francs (38,87 millions d'euros).
2. La promotion des produits agricoles et alimentaires
La
promotion des produits agricoles et alimentaires par le biais des organismes
d'appui au commerce extérieur français (SOPEXA, CFCE, ADEPTA,
CEP) reste essentielle dans le contexte de concurrence accrue entre grands pays
exportateurs.
Votre rapporteur s'était félicité l'année
passée de la légère augmentation (10 millions de
francs -1,52 million d'euros) du chapitre 44-53 article 30. Cette
augmentation était intervenue après une forte baisse
(- 20 % des crédits) pour l'année 1998. A cette
époque, le ministère de l'agriculture avait justifié cette
" remise à plat " par le lancement d'un audit de la Sopexa par
l'Inspection générale des Finances. A la suite du résultat
de cet audit, l'augmentation du chapitre pour 1999 était de bon augure.
Constatons avec regret qu'à nouveau ce chapitre budgétaire est en
baisse de 3 % ; il s'étonne de tels mouvements erratiques et
ce pour plusieurs raisons :
- la politique européenne piétine dans la mise en place d'un
véritable budget pour assurer la promotion des produits
agro-alimentaires ;
- nos concurrents directs, et notamment l'Allemagne et les Etats-Unis, ne
manquent pas, de leur côté, de consacrer des subventions
importantes à ces opérations de promotion ;
- il est regrettable que ces crédits soient si faibles, alors
qu'ils sont inclus dans la boîte verte des Accords de Marrakech.
*
* *
Compte tenu des observations relatives au redéploiement des crédits en faveur des CTE et au détriment de la politique de l'installation, des tergiversations du Gouvernement sur la modulation des aides, de l'absence de volonté politique sur les mécanismes d'assurance récolte, des modalités de mise en oeuvre de la TGAP sur les produits phytosanitaires et suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la Commission des affaires économiques a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits du ministère de l'agriculture et de la pêche consacrés à l'agriculture dans le projet de loi de finances pour 2000.
1
Synthèses n° 27 - Les
comptes de l'agriculture française de 1998.
2
La Correspondance économique - Lundi 3 mai 1999.
3
Source : SCAFR, d'après Safer.
4
N° 2689. Lundi 7 décembre 1998 - Agra Presse
Hebdo.
5
Sources : Agreste. Enquête structure 1995 et 1997.
6
Les Comptes de l'Agriculutre en 1998 - Synthèses n° 27.
7
Bulletin 249 - 1
er
mars 1999 - Dictionnaire
permanent social agricole.
8
L'information agricole - n° 722 - Mai 1999.
9
Réponse ministérielle du 24 mai 1999 à la
question n° 27706 du 29 mars 1999 de M J.L. Warsmann.
10
N° 2712 - Lundi 17 mai 1999 - Agra Presse Hebdo.
11
N° 2693 - Lundi 4 janvier 1999 - AGRA Presse Hebdo.
12
L'opinion agricole - APCA - Hors Série - Juin 1999.
13
AGRA Presse Hebdo n° 2703 Lundi 15 mars 1999
14
L'information agricole - n° 720 - Mars 1999.
15
AGRA Presse Hebdo - n° 2716 - Lundi 14 juin 1999.
16
Documentation de la CFCA - Juin 1999.
17
Rapport n° 206 (1998-1999) présenté par
M. Gérard César, fait au nom de la Commission des Affaires
économiques sur la proposition de règlement du Conseil portant
organisation commune du marché vitivinicole.
18
Les agriculteurs de France n° 122 - septembre 1999.
19
Agra Presse Hebdo n° 2717 du lundi 21 juin 1999.
20
Europolitique du 28 juin 1999.
21
Europolitique 509/21.11 - Le 15 juin 1999.
22
N° 2722 - Lundi 26 juillet 1999 - AGRA Presse Hebdo.
23
N° 2705 - lundi 29 mars 1999- AGRA Presse Hebdo.
24
Problèmes économiques n°2916 du 12 mai 1999.
25
Europolitique - 8 juin 1999.
26
Agra Presse Hebdo n° 2727 - Lundi
20 septembre 1999.
27
Nord-Sud-Export - 29 mai 1999.
28
Chambres d'agriculture n° 877-878 mai-juin
1999.